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[Port-Réal] Apprends-moi à vivre. |Haelgara|

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[Port-Réal] Apprends-moi à vivre. |Haelgara| Empty
MessageSujet: [Port-Réal] Apprends-moi à vivre. |Haelgara| [Port-Réal] Apprends-moi à vivre. |Haelgara| Icon_minitime15.06.14 20:12

An 298 - Lune 13 - Semaine 2


J'avais perdu la notion du temps, en arrivant à Port-Réal.
Je savais que j'avais mis environ deux bons mois, à pied, avant d'arriver jusqu'à la Capitale. Elle était mon objectif. J'avais la conviction farouche que, dès lors que j'aurais posé le pied sur les dalles de la ville, j'allais trouver un monde meilleur. Quelque chose de nouveau, de plus intéressant pour moi. De l'argent. Des nobles à piéger. Des bourses à vider par ce moyen si simple que dire la bonne aventure. Je me disais que j'allais me remplir les poches, puis que je repartirais. Avec l'argent, je pourrais m'acheter un cheval et partir un peu plus loin, pour une autre ville, dans une autre quête de richesse et de noblesse. Je poursuivais mes chimères. Inlassablement. En me disant que peut-être, la vie ne serait pas si mal ailleurs. Pourquoi n'étais-je satisfaite de rien ?

Parce que rien dans ce monde n'était à ma mesure.

Au lieu de trouver cette ville fabuleuse qu'était Port-Réal, j'avais atterri là où vont tous les culs-terreux ; à Culpucier. Ce quartier de la ville puait la pauvreté, la saleté, la maladie. Avec une de mes maigres pièces, j'avais acheté de quoi manger, mais la provenance de cette viande m'était inconnue. Si Mara grignota sa nourriture, ce fut du bout des lèvres seulement ; et elle m'adressa un miaulement de désapprobation alors que je poussais un soupir contrarié. Si Mara ne voulait pas de cette viande, ce n'était pas très bon signe ; j'allais finir par attraper une dysenterie, à vouloir ne pas faire attention à ce que je mangeais. Mais quand on est affamé, on ne se soucie pas vraiment de ce qu'on dévore. On se remplit l'estomac. Peu importe de savoir si c'est un boeuf braisé aux carottes, ou un chat tué sur la place le matin-même. J'avais vite appris qu'à Culpucier, on ne crachait jamais sur ce genre de principes. J'aurais pu me comparer à ces gens sales et maigres, me dire que j'étais comme eux. Mais j'étais bien trop orgueilleuse pour songer un seul instant que cet univers était le mien. Non, c'était autre chose. Je devais vivre dans autre chose, j'en faisais comme un devoir personnel.

Il fallait que je me sorte de là.

En attendant, j'étais coincée ici. Assise, tranquillement, en train de manger ce qui semblait être un vieux chat crasseux qui avait fini dans une marmite. Je savais le royaume un peu endetté d'après les discussions des soldats, mais au point de ne pas nourrir la population de la capitale ? Cela je l'ignorais. Peu importe. Je me faisais violence et avalais tout sans rechigner. Mes effets (arc, flèches et coutelas) se trouvaient bien cachés dans un coin des égouts, là où, je l'espérais, personne ne viendrait les chercher. Hors de question qu'on me vole le peu de choses qui m'appartenaient. Il en dépendait de ma vie.

Alors que je terminais ce repas frugal, j'entendis une voix s'élever au-dessus de moi. Une voix grave. Une vois alcoolisée.

- Hé, ma mignonne, ce s'rait pas de l'argent qu't'as là ?


Sur le coup, je fouillais dans mes poches, mais non ; pas de trace de bourse. J'avais dépensé ma seule pièce pour me nourrir. Alors de...
Oh non.

Je ne l'avais pas remarqué, mais mon collier avait décidé de faire une subtile apparition alors que je me penchais pour caresser Mara. Je ne m'en étais pas rendue compte. Du moins jusqu'à ce que cette créature me le dise. Je me mis debout, campée sur mes deux pattes, et croisais les bras avec défi. L'homme qui se tenait en face de moi n'avait rien à m'envier, et inversement. Nous étions deux personnes crasseuses. Dégoûtantes. Les déchets d'une société qui nous aurait volontiers vus ailleurs qu'ici. Dans un trou, au fond d'une fosse par exemple. Il répéta sa question.

- Alors, c'est d'l'argent ?

- Me touche pas.
- ça répond pas à ma question, mignonne.

Il avança d'un pas. Je reculais de deux. Voilà le désavantage. Je n'avais pas mes armes, j'étais impuissante. Je ne savais pas me battre à mains nues.
Et déjà, un autre s'approchait.

- Il tombe à pic c'te collier. J'avais plus rien à bec'ter depuis deux jours.

- Me touchez pas, répétais-je avec un peu moins de conviction.
- Et sinan, tu f'ras quoi ?

Alors que le premier s'avançait, mon poing s'abattit avec violence contre son plexus solaire. L'homme tomba sans un bruit, le souffle subitement coupé par le choc. Je savais taper au bon endroit, au moins, c'était déjà cela. Mais comment faire pour me débarasser des... Trois autres hommes qui intéressés par le bruit, s'apprêtaient à se jeter sur moi ?
Rien. Je ne pouvais rien faire. De défi, je crachais sur l'homme à terre, avant de me retourner pour affronter les autres. Mais déjà l'un d'eux m'avait ceinturée par derrière et trainée en direction d'une ruelle. Je me débattis, me mis à hurler. Mara prit peur et se réfugia derechef dans mon sac de toile, comme elle avait l'habitude de le faire. Mes cris semblaient n'avoir aucun effet sur le population alentour. J'entendais déjà ces trois hommes se gausser de leur victoire, et j'en connaissais l'issue ; ils allaient me frapper, d'abord, me voler mon collier. Puis me violer, et enfin me laisser pour morte, là. Que pouvais-je faire ? Mettre des coups de pied dans le vide ne me servit à rien. Pourtant j'essayais, encore et encore. Il ne fallait pas qu'il m'aient. J'avais juré de ne plus jamais servir de proie. Comment pouvais-je encore me regarder en face si c'était le cas ?

Non ! Non, il en était hors de question !
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MessageSujet: Re: [Port-Réal] Apprends-moi à vivre. |Haelgara| [Port-Réal] Apprends-moi à vivre. |Haelgara| Icon_minitime19.06.14 15:28

La puanteur saisit violemment les narines d'Haelgara alors qu'elle traversait les ruelles sombres et décrépies de Culpucier. L'odeur ramenait en elle les souvenirs des quartiers pauvres des cités libres, elle avait en commun ce mélange de pourriture, de déjections humaines et d'égoûts auquel venait s'ajouter des odeurs plus agréables de pains en train de cuire et de viandes que l'on grillait au feu de bois. La différence avec les Cités Libres était l'absence d'odeurs épicés, rendant la capitale ouestrienne bien moins agréable que les villes d'Essos où la sauvageonne avait fait les quatre cents coup. Cela faisait plusieurs jours qu'elle et Aiyana avait élu domicile un peu à l'extérieur de la ville dans une auberge fort peu recommandable mais très discrète.
L'ancienne mercenaire avait passé son temps à prendre le pouls de la ville, vêtu de son équipement complet elle arpentait les rues tel un fantôme, avec sa cape et sa capuche noir qui cachait tout à l'exception du bas de son visage, pour connaître le champ de bataille. Parfois c'était sous le déguisement d'une mendiante borgne, d'une septa voire même tout simplement en robe et les cheveux teints qu'elle explorait les abords et les intérieurs des lieux de pouvoir. Ses ennemis avait de l'avance sur elle, ils connaissaient déjà cet endroit là où la sauvageonne le découvrait. Déjà elle avait commencé à secrètement recruter quelques mercenaires sans emploi, avec l'argent d'Ashara mais sans jamais mentionner son nom. Haelgara savait que les appeler signifierait que la situation était grave mais elle préférait agir par excès de prudence que par manque.
Ce jour-là, c'était sans la capuche sur le visage que la sauvageonne déambulait dans Culpucier. Elle revenait d'une énième exploration des rues autour du Donjon Rouge, elle avait laissée traîner ses oreilles et entendu plein de choses, intéressantes ou non. Elle avait aussi cherchée un moyen d'accéder aux sous-sols via les égoûts, sans succès pour le moment. Dans le brouhaha des marchands hélant les clients et des conversations elle entendit toutefois distinctement les bruits d'une lutte et surtout des hurlements de femme. Elle quitta la rue principale et se dirigea vers la source des cris pour tomber sur une femme sale et en haillons aux prises avec cinq hommes. Il ne fallait pas être Grand Mestre pour comprendre que leurs intentions étaient loin d'être louables. Le sang d'Haelgara ne fit qu'un tour, elle avait été dans cette situation à plusieurs reprises et la rage s'empara d'elle. La sauvageonne siffla pour attirer l'attention des violeurs :

- 5 mecs contre 1 fille...ça c'est du courage, elle serra les poings, dégagez, premier et dernier avertissement
- hey ptê'tre qu'ell'veut s'part la roussette !

L'homme tendit la main vers Haelgara pour lui caresser les seins, elle lui saisit le poignet et frappa avec son coude sur la gorge de son adversaire. En même temps elle le mit à genoux d'un coup de pied et finit sa prise en brisant l'épaule de son adversaire qui tomba sol en hurlant de douleur. Deux des violeurs l'attaquèrent, son poing de maille vint frapper avec violence la pomme d'Adam du plus proche. Cela lui donna le temps nécessaire pour parer le coup du second et lui briser le coude avant de lui exploser le nez avec son genou. Elle se prit un coup de poing en plein visage et recula en grognant de douleur. Les trois hommes restants se placèrent en cercle, exhibant fièrement leur couteau rouillé et de mauvaise facture. Le combat fut bref mais violent, Haelgara tordit le poignet du premier avant d'utiliser son bras pour parer le coup de couteau de son second adversaire. Le poing de la sauvageonne trouva tout seul le nez et elle mit à terre le dernier avec une prise lui bloquant la jambe. Un craquement sonore et un cri de douleur signala la fracture de la hanche, Haelgara se releva et lui explosa la mâchoire d'un coup de pied. Ils partirent sans demander leur reste pendant qu'Haelgara s’approchait de la jeune fille, elle lui adressa un sourire rassurant :

- Je crois qu'ils vont te laisser tranquille maintenant, allez viens on va manger quelque chose...viens je te ferai rien promis, je t'ai pas sauvé de ces types pour te piquer tes affaires après.

Elle tendit alors la main, ignorant pour le moment l'odeur méphitique qui émanait de la vagabonde. Si Haelgara voulait l'aider c'était parce qu'elle s'était retrouvée à plusieurs reprises à la place de cette jeune fille. Alors qu'elle était au fond du trou, soit quelqu'un lui avait donnée sa chance mais bien plus souvent elle aurait bien aimée que ce soit le cas. Il était peut-être temps de faire ce qu'elle aurait voulu il y a des années...
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