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Uchronie du Trône de Fer de George R.R. Martin. Venez incarner un riche Lord, un noble chevalier, un seigneur ruiné ou un roturier dans le Royaume des Sept Couronnes !
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[Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys)

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MessageSujet: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime12.05.14 21:57

COLLISION ENTRE DEUX ESPRITS
~ Année 298 – Lune 12 – Semaine 3 – Jour 6 ~


[Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) 894970gotgameofthrones34419697500519

Joffrey était assis, penché sur un livre d'une épaisseur plus que conséquente. Le cuir du codex était d'un brun foncé, usé et les pages avaient perdus leur blancheur natale. Une odeur de vieux parchemin entourait le livre, identique à celui qu'on pouvait sentir dans les grandes bibliothèques remplis de vieux livres. L'ouvrage était posé sur une table de travail en bois de chêne dont les pieds étaient sculptés en forme de cerfs.

Un autre bouquin gisait près de la table d'étude, au sol et ouvert. Il y avait été visiblement projeté avec violence. En lettres argentées, on pouvait lire sur le dos le titre suivant « Poésie au temps de Baelor le Bienheureux». Le tuteur de Joffrey avait tenté de convaincre le prince de s'intéresser à cette littérature mais des que le vieillard avait quitté la pièce, Joffrey n'avait pas hésité de jeter le livre. A quoi bon devoir s'adonner à cette lecture difficile et sans aucun intérêt ? Ce n'était pas la première fois qu'il faisait le coup. A la fin, il finissait toujours par devoir étudier ces textes. Le tuteur, fin psychologue, alla se plaindre auprès sa mère, ce qui eut pour conséquence que Joffrey avait le droit à un sermon maternel. Il se plia alors nolens volens à l'étude. C'était malheureusement un remède temporaire. Au mieux, cette discipline dura quelques semaines.

Mais cette fois, il avait la ferme intention de ne pas lire ce recueil de poésie. Il en avait un effroi certain pour cet art, comme pour la plus part entre eux. Il avait chez Joffrey un ascétisme pour les plaisirs intellectuels certain, le rendant sur ce point proche de son beau-père, l'amour à l'alcool et les femmes en moins. Sans aucune hésitation, Joffrey avait sortit un autre livre de sa bibliothèque intitulé « Batailles et sièges à Westeros depuis les temps héroïques » qui désormais était posé sur la table de travail. C'était son ouvrage préféré. Un des rares livres qu'il ouvrait avec plaisir et parcourait avec attention. Il avait déjà dû lire le bouquin entier quatre fois, se délectant des descriptions militaires et des récits de combat. Ses yeux en parcourant les lignes calligraphiés illuminaient son esprit de splendide combats de sang, de douleur et de prestige.

Le temps passa et Joffrey finit par se lasser de la lecture. Il releva la tête et frotta ses yeux irrités par la fumé émise par la bougie qu'il avait allumé. Comme la table de travail se trouvait loin de la fenêtre, il préféra allumer une bougie pour pouvoir admirer les illustrations et représentations des batailles dans toute leur splendeur. Forcement, la fumée s'insinuait par petite quantité dans les yeux. Temps de prendre un peu d'air, pensa le prince.

Joffrey quitta sa chambre et descendit les escaliers en collimateur en direction des jardins. Le donjon rouge avait surtout été pensé comme une forteresse et pas comme une demeure royale. Les couloirs était donc étroits, les escaliers serrés et les accès à l'extérieur peu nombreux. Tout était fait pour empêcher un ennemi de prendre le bastion de la forteresse. Des fois le prince se demandait pourquoi les rois n'avait pas déménagé vers un lieu plus agréable, laissant la forteresse armé mais pour les périodes de troubles. Néanmoins pas tout le donjon rouge avait été bâtit dans l'esprit de repousser un ennemi. Les parties les plus récentes s'avéraient être plus spacieux et ouvert. Des fois, il fallait rénover une tour ou un secteur et là les souverains pouvait profiter pour donner un aspect moins militarisée à la forteresse.

Avant d'arriver aux jardins, Joffrey passa par une galerie ouverte donnant la vue sur Port royal. Il s'arrêta un moment et jeta un regard sur la ville. On pouvait voir la cité avec sa mer de maisons et au loin le Grand Sept de Baelor qui trônait sur la colline de Daenerys. Un demi million d'habitants, voilà ce que prétendait certains sur elle. Joffrey n'avait pas le sens des chiffres et donc il ne pouvait pas s'imaginer ce que ca pouvait bien impliquer. Pour lui, cette cité polluait de pauvres et misérables, une masse dangereuse et sauvage pour laquelle il n'avait aucun amour. Par tous les dieux, comment avait-on pu laisser cette ville arriver à cet état de délabrement, pensa Joffrey ? Les ruelles étaient étroites, mal faites et l'odeur était insoutenable même à l'extérieur de l'enceinte urbaine.

Il détourna son regard de la ville. Le jour ou il sera roi, il allait faire des sérieux changement pour cette cloaque à ciel ouvert. Il avait déjà quelques idées. Mais il se garda de les dire. De toute façon ce n'était pas son père qui allait changer quoi ce soit. Il préférait boire, boire et forniquer entre deux coupes de vin. Continuant sa route, il finit par arriver aux jardins. Le mot jardin était une exagération si on les comparait avec ceux de Hautjardin. C'était plus un amas de verdure, arbres et quelques chemins sablés. Des fois on pouvait trouver des haies mais comment pouvoir concurrencer les merveilles verdoyantes de la cité des Jardiniers ? Mais pour un prince qui avait vu peu du monde, ces jardins étaient plus que satisfaisants.

Il entama de marcher en suivant le chemin en sable. Il n'avait pas de destination précise. Il voulait surtout respirer un peu l'air et se débarrasser de l'odeur de livre qui le hantait. Si sa dernière lecture fut agréable, il ne pouvait pas s'habituer à devoir subir la présence des livres. Même les plus violents entre eux était des compagnons fort peu agréable sur le long terme. Peut être qu'il devrait envisager un jour d'engager un serviteur pour lui faire des lectures...mais ceci signifierait qu'il aurait à supporter la présence prolongée d'un de ses gueux dans sa chambre. Peut être que le parchemin et le cuir étaient largement préférables à la vision de voir une autre personne auprès de lui.

Il continua sa marche. Il oublia ce qui l'entourait. Cette promenade avait quelque chose d'une méditation. Il remarqua surtout que c'était une après-midi plutôt fraîche. Ceci changeait des midis ou la chaleur pouvait se montrer écrasante. Il avait une légère humidité dans l'air, comme si un orage était entra d'arriver. Mais ça devait être à nouveau une fausse alerte. Le climat dans les terres de la couronne était trompeur. Il suffisait d'un peu de vent venant du Détroit pour faire croire à un peu de pluie. On n'était pas au Bief ou la pluie généreuse faisait la richesse des Tyrells. On n'était plus proche des terres de l'Ouest avec leur promesse d'aridité sans néanmoins tomber dans l'extrême du Dorne qui était balayé par des vents aspirant l'eau des desserts et laissant peu de place à l'agriculture.

C'est alors qu'une colombe se posa sur le chemin du prince. Il s'arrêta tout net. Encore un de ces rats volants ! Mais ils étaient partout ces bestioles, s'exclama le prince en son fort intérieur ! Il tenta d'écraser la bête avec son pied mais l'oiseau s'envola sur le coup, perdant à peine quelques plumes dans l'opération. Trop lent, beaucoup trop lent, pensa Joffrey. Si seulement il aurait avec lui son arbalète. La colombe se posa sur le sommet d'un arbuste. L'animal semblait narguer le prince héritier depuis ces hauteurs mais Joffrey perdit vite l'intérêt pour cet animal. Il continua son chemin comme si rien n'était, vêtu d'une ombre de regret d'avoir raté l'animal.
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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime15.05.14 9:25

Pouvait-on croire au hasard?
Pas véritablement. Tout n'était qu'une histoire de choix. Un nombre impressionnant de réseaux, de personnes ayant pris des décisions, le tout se répercutant à une échelle grandiose. A quelques moments, les choix décidés se retrouvaient quelque part, alors que rien ne les prédisposait à l'origine à se rejoindre. C'était cela qu'on nommait bêtement le hasard, mais qui n'était qu'une vaste entreprise digne des plus grands horlogers. Autrement dit, créer le hasard était autant possible que maîtriser une grande horloge, le tout étant de savoir quelques cordes à tirer pour faire fonctionner les bons rouages. Celui qui arrivait à créer ces hasards parvenait à duper une nouvelle fois bon nombre de crédules, qui pensaient encore qu'un Destin, qu'une Fortune ou que tout autre chose qui les dépassât fût possible et même probable. Il y avait une certaine forme de de pragmatisme lorsqu'on envisageait le hasard, une vision concrète des choses qui n'étaient pas toujours accessible à tous. Aussi, même s'il était tout à fait possible pour quelques uns de considérer le hasard comme autant faisable qu'une miche de pain, cela relevait de l'intervention divine pour d'autres. En cela, le hasard devenait avant tout un objet d'interprétation et de réception, s'émancipant d'un pouvoir de création qui échapperait à ceux qui le vivraient. Tout n'était qu'une histoire de vision, ne dépendant plus que des subjectivités le percevant, et non d'une instance à l'origine de tout, qui contrôlerait tout, et qui ne laisserait comprendre rien.

Ce que Varys arrivait à faire était à la portée de tous. Mais ce qui est à la portée de tous n'est pas obligatoirement toujours perçu, ainsi encore moins pris. De cette manière, l'eunuque jouait avec la facilité qu'avaient les hommes de se détourner de l'effort, et faisait alors le choix lui-même de faire cet effort. Il se démarquait, de fait, de la majorité des hommes qui l'entouraient, n'étant guère différent de sa condition originelle. Au final, il était surtout un résidu humain qui ne s'était pas fait avoir par ses propres défauts, et qui disposait d'un contrôle total de lui-même si bien qu'il arrivait toujours à surprendre et à avoir un pas d'avance sur la majorité des individus lambda.
Enfin, tout son art qui lui permettait de siéger à la fois au Conseil Restreint, d'y disposer d'un pouvoir non futile ni éphémère et d'être le Maître des Chuchoteurs ne tenait pas du hasard, encore moins de la chance. Ceux qui pensaient encore que réussir ne dépendait que de la bonne fortune se trompaient à la fois lourdement sur ceux qui réussissaient et sur eux-même. Si l'Araignée était arrivé à un tel stade pouvoir et de puissance, ce n'était pas parce qu'il était né sous une bonne étoile ou plus intelligent qu'un autre. Il avait travaillé à sa réussite. Lentement, patiemment, avec parfois une douleur telle et une incertitude sur l'avenir que seule la mort semble être un échappatoire digne de ce nom. Varys n'avait pas perdu foi en sa vengeance sur le monde, il avait décidé d'être l'esclave qui devient le maître car c'est lui qui fabrique le monde. Dans cette dialectique, où le maître est dépendant des travaux, des réalisations techniques et du service des esclaves, il était l'être oublié mais qui travaillait la terre, qui savait le monde et qui avait le dessus sur lui. Au final, il était le maître de l'ombre, l'esclave dans la lumière. Il avait tant travaillé à se faire un réseau d'espions, il avait tant travaillé à s'assurer une survie au gré de n'importe quel imprévu qu'il était impossible de l'attaquer de plein front. Et cela ne venait pas d'hier, ou d'avant-hier, pas plus qu'un don des Dieux un beau matin d'été. Non, l'art de Varys tenait du travail, de la rigueur, de la réflexion et d'une patiente telle que peu d'homme peuvent se targuer d'en avoir fait l'usage. Des choses à la portée de tous, si tant est qu'un être se donnât la peine de l'attraper.

L'eunuque marchait dans les jardins du Donjon-Rouge. Mains jointes sur le devant, laissant tomber les immenses manches de sa robe rouge et jaune, se dandinant avec légèreté et insouciance tout en fredonnant une petite chanson, il semblait ne s'occuper de rien. Son ventre et son visage gras, la poudre sur son crâne chauve, l'odeur de citron, tout respirait le Varys à l'état pur. Rien, ainsi, ne laissait la possibilité de se tromper sur l'identité de ce marcheur itinérant.
Le croiser était parfois source d'illusions. Qui aurait pu croire qu'une telle personne siégeât au Conseil Restreint, croisant régulièrement le Roi des Sept Couronnes sinon son frère ou sa Main, Lord Stark? Avec une telle désinvolture enfantine, Varys paraissait être un excentrique des Cités Libres venu quelque jours à la Cour du Roi, dont on pouvait excusé la frivolité si elle n'était là que pour moins d'une semaine. Mais ce n'était pas le cas. Bientôt vingt années qu'il déambulait dans les couloirs du palais Royal. Bien avant qu'un Baratheon soit sur le trône, bien avant que Cersei Lannister donne naissance à son premier fils. Somme toute, contrairement à nombre d'apparences, l'Araignée tissait sa toile depuis bien longtemps, battant avec Pycelle et Jaime la longévité d'existence dans la Cour de Port-Réal.

La vue de Joffrey coupa net les chants sans airs ni rythme de l'eunuque. Dans un mouvement de soieries digne des plus grands acteurs, il s'arrêta devant le Prince Héritier en s'armant d'une moue aussi étonnée que dubitative. « Messire Prince » fut son seul premier mot prononcé avec autant d'étonnement qu'une petite belette se trouvant devant un prédateur, le tout avec un cri flûté qui lui ressemblait tant.
A écouter la réaction du Maître des Chuchoteurs, c'était des plus grands hasards qu'il croisait le fils de Cersei et de Jaime dans les jardins du Château. Le hasard, sur lequel nous avons déjà précédemment disserté et dont il est inutile d'en réécrire les tenants et aboutissants.
Varys avait rapidement su pour les deux enfants Lannister incestueux, à défaut de bon nombre de personnes dont le gros Robert que pensait encore que ces trois mioches blonds étaient le fruit d'une nuit d'amour aussi torride qu'une litanie de Pycelle. Et à en voir les occupations favorites du plus grand des trois blonds, notamment celles de tuer des chatons à l’arbalète en prétendant les nourrir de délicieux lait, la mort de Robert sonnerait l'avènement d'un Roi encore plus fou que le Fou, ne laissant guère de chance à un avenir heureux.

« C'est un tel, tel bonheur de vous voir si belle mine et si vigoureux. J'ai eu vent ce qu'il s'était passé sur le chemin de retour de Winterfel. Sachez que je fus le premier à prier pour votre rétablissement le plus prompt et le plus assuré. Et... quel courage que d'affronter un monstre pareil avec lesquels traînassent les enfants Stark ! Vraiment Messire, votre entrée dans les livres d'Histoire s'est faite avec du sang, mais non sans bravoure ni hardiesse. L'eunuque y alla d'un sourire le plus mielleux et doux possible, observant avec douceur le jeune prince. Et vous semblez vous être ardemment remis de cette lâche attaque. »

Varys posa ses doigts poudré sur le jeune et frêle bras du prince. Celui où il n'avait pas été attaqué, évidemment. Une preuve de plus, sans-doutes, d'un être en connaissance de tous les détails du moindre événement que lui murmuraient ses petits oiseaux.
L'eunuque se rapprocha se Joffrey, plaçant sa pépiante bouche à quelques centimètre du Prince, sans toutefois en être suffisamment proche pour seulement lui murmurer des choses à l'oreille.

« Cher sire, je suis dans une position fort dérangeante. Voyez-vous, à votre gauche, le jeune chevalier qui semble faire la Cour à une femme qui, il y a quelques jours, lavait les parterres de sa Seigneurie la Main et qui se trouve à ce jour mieux parée que la Princesse votre soeur? Varys fit un signe du regard tout sauf discret vers le couple, mais qui ne parut guère interloquer Joffrey. Je le confesse à mon grand chagrin, j'ai fort à croire qu'il s'agit d'un mouchard de Lord Baelish, ordonné à cette fonction par Lord Stark. Je ne doute pas que ces deux Seigneurs ont tous été amis de la Couronne, mais je ne place guère de doute sur l'office de ces deux tourtereaux. Ils sont là pour vous espionner. »

Varys reprit sa position initiale, observant avec douceur le Prince.
En quelques mots, il avait tout remis en question. Le hasard de sa rencontre avec Joffrey, la possibilité que Stark espionne Joffrey, la possibilité que Baelish soit de son côté. Quelques secondes seulement, et l'eunuque utilisait à merveille l’instinct paranoïaque et psychotique du Prince. Le Maître des Chuchoteurs ne mentait pas. Il était certain de l'identité de ces deux là, et il était aussi certain de leur mission. Le tout n'était pas là, et la question à se poser véritablement dépassait la logique de Joffrey. Pour quel raison lui avait-il révélé cela?
Seuls les Dieux le savaient, et Varys lui-même évidemment, mais Joffrey n'irait pas se poser cette question. La révélation de l'Araignée était bien trop croustillante et inquiétante à la fois, révoltante sur les bords, pour que le fils de Cersei s'en démarque et prenne le pied sur Varys.

Le regard du chauve gras se posa sur le Prince. Il semblait tout aussi mielleusement étonné que Joffrey, attendant une explication de ce dernier.
Peut-être ce dernier avait-il une raison de se sentir espionné, ces derniers temps. Pour Varys, il était certain que Stark jouait à un jeu qu'il ne comprenait pas. Chose d'apparence d'autant plus incompréhensible que le Jeune avait rendu visite à Sansa Stark quelques jours auparavant, laissant apparaître manières et mots courtois à l'intention de sa promise.
Puis les yeux de Varys fixèrent quelques secondes une colombe à un arbre, observant la scène de son regard d'oiseau bien en place. Des oiseaux, il y en avait des milliers dans ces jardins. Et cette créature frêle et inoffensive était bien la dernière à être d'une quelconque utilité dans ce vaste espace. Il y en avait bien d'autres, de bien plus dangereux et voraces qui observaient la scène tout autrement que sur une branche.
Le temps de quelques secondes cependant, puisque les yeux doucereux de l'eunuque se reposèrent juste après sur le Prince.
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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime15.05.14 14:30

La maîtrise du hasard peut être considéré comme un art. Néanmoins Fortuna est une déesse impittoyable, marchant aujourd'hui à côté de Varys, doucement et sans dire un mot, mais pouvant à tout moment se chercher un autre amant. C'est une déesse légère dont la robe flotte dans l'air du changement permanent. Maîtriser le hasard c'est se doter d'une alliée puissante mais est-ce que cette maîtrise peut vraiment être permanente? Peut un seul homme enchainer Fortuna? Varys semblait répondre à la question par l'affirmatif. A côté de Joffrey se tenait aussi une déesse, néamoins bien différente de Fortuna. Violentia était là, fière et vêtu du manteau de la fureur et du sacrifice.Dans ses mains griffées, elle tient un livre au titre fameux et craint „De Principate“, le livre qui rempli d'effroi le coeur des Anglais au point de les faire surnommer le diable The Old Nick. Deux méthodes et modèles qui se rencontrent dans un jardin. Une collision d'esprit dont l'aboutissement était ignoré par tous, même les dieux eux-mêmes.

Varys voyait en Joffrey l'ombre d'Aerys II, d'autres pourrait reconnaître les traits du Prince de Niccolo Machiavelli. C'était l'éternelle lutte entre ceux qui pensaient pouvoir poser les valeurs de l'humanité comme la source unique de l'action politique et ceux qui criaient que l'homme ne saurait être dominé autrement que par la manipulation, la peur et la violence. L'homme aime être trompé, l'homme respecte que la force, clama Machiavelli, suscitant l'effroi public et l'admiration secrète. Pour Joffrey, un royaume ne pouvait pas être dirigé par la bonté. Les Sept Couronnes avait besoin d'une main ferme inspirant peur aux plus téméraires et respect aux plus pauvres. Ah quoi bon un Baelor admiré par tous mais ruinant le royaume par son zèle religieux? Que dire contre un Aegon conquérant par le feu Westeros pour mettre fin aux guerres intestines? Il fallait à Westeros deux choses pour que la paix du roi soit respecté et que chacun puisse vivre sous le signe de la prospérité.

Il fallait l'usage de la religion et l'abondance du pain pour maintenir le peuple sous contrôle, voilà une des convictions de Joffrey. La première chose dissuada la masse populaire de remettre en question l'ordre établi et la justice. Le pain assura que le peuple ne soit pas suffisamment désespéré pour pouvoir perdre la peur de la punition divine. La religion procurait un faux espoir qui assurait la paix pendant que le pain évitait que le désespoir puisse régner en maître dans les cœurs des petits. Ces prémisses politiques lui avaient été inculqués quand il avait vu au banquet royal ce qui arrivait quand les petits se déchaînaient. Il n'aurait jamais eu cette conclusion si ce n'aurait pas été pour l'horreur de ce banquet.

Mais ceci permettait uniquement de tenir le peuple sous contrôle. Les nobles étaient bien différents des petits. Ils étaient athéistes et gros. Ils n'avaient rien à faire du sermon d'un septon ou que le prix du pain monte. Ils pensaient sans pitié à leur propre pouvoir au détriment de la paix du roi si nécessaire. Contre eux, il pouvait avoir uniquement une solution : la peur et le respect. Les plus faibles devaient respecter l'autorité royale par sa puissance culturelle, politique et militaire ; les plus puissants devaient craindre les conséquences d'une défaite militaire face à la couronne. Tant que cette peur était supérieure à leur ambition, la paix était garantie. Un souverain faible et qui n'inspirait pas la peur était donc le plus susceptible de permettre aux nobles de procéder dans leurs infâmes projet. Un souverain violent pouvait ainsi être la plus grande bénédiction pour un pays.

Mais la violence est une puissance sauvage qui demande à être canalisée et c'était là ou résida le défi quand Joffrey montera sur le trône. Qui allait canaliser et contrôler un souverain qui pouvait user les armes nécessaires à maintenir la paix du roi ? Comment assurer que sa nature violente soit poussée vers la construction d'un Westeros plus stable et prospère et non vers la destruction du système féodale ? Qui sera le Niccolo Machiaveli dans l'ombre du prince de sang ?

Joffrey fut arraché de ses réflexions quand il sentit une odeur de citron se répandre dans ses narines. Du citron ? Voila une odeur qu'on sentait que rarement à Port royal. Des fois Sansa en était imbibé en raison de sa faiblesse pour les gâteaux au citron, une sucrerie venue du Dorne. Quelle ironie qu'une fille venue de si loin au Nord puisse tomber amoureux d'un désert si profondément austral et lointain de sa patrie. C'était encore un de ces mystères que Joffrey ne tenta pas d'éclairer. C'est alors qu'il voyait un homme rondelet et vêtu dans des vêtements exotiques s'approcher. Il avait au Donjon rouge qu'une seule personne pouvant si tranquillement et aisément se promener ainsi. C'était Varys, le Maître des Chuchoteurs. C'était un monument politique, immuable de ce lieu comme les colonnes de la salle de trône, et aussi incompréhensible comme les poèmes de l'Ancienne Valyria. Il était probable qu'il survivrait à tout le monde. Quel âge avait-il au fond ? Impossible à dire. Tout était secret chez cet homme et voilà une chose que Joffrey avait de la peine à apprécier.

Varys avait ce regard qui pénétrait les âmes. Quand on avait des choses à cacher, on avait toujours l'impression d'être scruté et jugé par cet homme. Il aurait fait un Grand Septon terrifiant, dommage qu'il s'est contenté d'espionner tout Westeros et Essos. Jamais la confession aurait été si abondante dans le Grand Sept de Baelor avec lui en charge. Mais il ne l'était pas et peut être que les Dieux avaient des bonnes raisons de pas le prendre comme leur porte-parole. Eux seuls savaient tous les secrets que détenait cet homme.

Joffrey était animé par une certaine admiration pour la puissance de cet homme mais aussi d'effroi. La réputation du Maître des Chuchoteurs était entré dans le domaine du légendaire. Il était une folie de ne pas ressentir de peur, et encore plus fol de pas admirer un homme s'étant construit un empire basé sur les vents et les sifflements. Malheureusement le prince n'avait pas moyen de faire demi-tour et donc la rencontre avec Varys était inévitable. Il avait donc qu'une seule solution : l'affrontement. Si vous ne pouvez pas contourner un ennui, affrontez-le. Les demi-solutions n'ont pas de place, au moins dans la vision qu'avait Joffrey du monde. Quand le Maître s'adressa au prince, celui-ci lui répondit, osant de la hardiesse face à cet homme presque omniscient.

« Maître Varys. Mais je pense que vous pouvez directement l'appeler Joffrey, ne me connaissez-vous pas mieux que moi-même ? »

Il observa le maître quelques instants et lui répliqua alors.

« Je suis heureux que ma belle mine puisse vous provoquer autant de bonheur. Sachez que votre présence anime mon âme de sentiments uniques et forts, devrais je dire digne de l'amitié ? Je vous remercie pour vos prières. J'espère que ce ne fut pas trop serré dans le Sept au vu du nombre de gens disant avoir priés pour moi ? Pour la combat singulier avec le monstre, je crains que vous faire le récit serait vous répéter inutilement ce que vous savez probablement déjà.

J'espère tout simplement que ceci ne soit pas l'unique haut fait me faisant entrer dans les livres d'Histoire, surtout que vous devez être le premier à savoir que les mensonges trouvent trop aisément leur chemin dans les livres. Ne ferions-nous pas mieux de faire oublier certains mensonges, même s'ils sont nécessaires à la politique ? »


Joffrey sourit à son tour envers Varys. Il avait dans ce sourire presque un sous-entendu du genre : avons-nous vraiment besoin de faire ce jeu ? Nous savons tous les deux quelle est la vérité. C'était presque amusant d'écouter Varys entra de le louer pour le combat contre le Direwolf alors que lui et Joffrey savait bien que c'était qu'un mensonge monté de toute pièce.

C'est alors que Varys posa ses doigts sur le bras du prince. C'était un geste qui en temps normaux aurait été outrageant. Qu'un commun touche un aristocrate revenait à une violation grave des principes sociaux bougeant la société féodale. Mais entre les deux hommes, complice du mensonge princier, il avait plus vraiment de gouffre social. Le mensonge partagé était quelque chose qui brisait tous les barrières sociales. Joffrey n'agissait pas. Il savait que Varys était un homme incapable à la violence physique. C'était ce qui le rendait prévisible et en matière de violence, Joffrey était un expert. La tête du Maître s'approcha de lui et lui insuffla les paroles comme Dieu anima Adam. Joffrey eut le sentiment d'avoir un serpent, agrippé à lui, lui narrant le récit provoquant la chute des premiers hommes. Mais il l'écouta, si cet homme avait des richesses à partager, c'était le contenu de son esprit. C'était une fontaine de savoir de laquelle on ne savait jamais avec certitude si l'eau été empoisonnée ou celle de la jouvence. Il écouta les parole de Varys et jeta un regard vers le couple. Il ne les avait pas remarqué, visiblement une erreur de sa part. L'inquiétude envahit son esprit. Pourquoi et comment ? Mais un esprit soumis à la méfiance du genre humain n'est pas une chose linéaire et si facilement calculable. Il est soumis aux merveilles de la pensée quantique, cette pensée ou les choses pouvait être et pas être en un seul instant et ou chaque action pouvait provoquait trois résultats possibles aux probabilités différentes. Joffrey se posa alors la question interdite. Son esprit tourna sa méfiance vers les Stark, certes, mais un esprit aussi méfiant ne pouvait pas épargner la source du doute.

« Intéressant et qui me dit que vous prononcez la vérité ? Et aussi, pourquoi me dire une telle chose ? Il ne m'est jamais venu à l'oreille que vous seriez un homme amoureux de la gratuité ? »

Que pensait Joffrey sur Varys ? Qu'il tentait de le manipuler ? Pas réellement. C'était la question d'un esprit naturellement méfiant. Le prince se demanda si Varys lui offrait avec ceci une proposition d'alliance en le révélant l'espionnage des Starks ? L'information était sans aucun doute croustillante. Il avait jusqu'à toujours crus les Starks comme des barbares décervelés, Une alliance avec Baelish, ce rat d'égout, était une mauvaise nouvelle et qu'on l'espionnait, revelait que les Starks avait vite prit goût à l'atmosphère empoisonné de la capitale.
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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime28.05.14 16:37

Qu'est-ce que l'eunuque Varys avait à craindre chez le prince Joffrey Baratheon, futur Roi de Westeros? Beaucoup pour certain, le néant pour quelques autres. L'eunuque, lui, voyait l'animal avec un regard à la fois amusé et méfiant. Il était un mélange dangereux de l'impulsivité de sa mère et de l'orgueil de son père. Le vrai, évidemment. Pas celui écrit sur le papier. Mais le mélange était dangereux, car Joffrey ne connaissait ni le compromis, ni la frustration, encore moins la pauvreté. Il n'avait aucune notion de ce que pouvait être l'évolution, la montée, le fait de sortir d'une condition pour entrer dans une autre. Le fait, en somme, d'avoir un passé différent du présent. Il était naît dans la luxure, la richesse et l'abondance et finirait dans ce même milieu. Varys avait un certain dégoût facilement transformable en pitié pour ces êtres. Sa haine des Seigneurs qui entouraient la table du Conseil Restreint n'atteignait pas le fils de Cersei. Non. L'eunuque avait presque de la compassion, une forme de calme qui se préparait déjà à accepter tout du petit prince qui deviendrait Roi.
Ceux qui se plaignaient de Robert ne savaient pas encore ce qu'il adviendrait avec Joffrey. L'immense défaut de l'actuel Roi deviendrait une brindille chez son prétendu fils tant son comportement ne serait placé que dans l'excès. Voué à la folie, ce gamin avait pourtant tout pour plaire. Mais cette beauté dérangeante, cette intelligence à la limite de l'humain faisaient de lui un être plus que dangereux. Au delà de tout, Varys avait compris que tenter de le contrôler ne servirait à rien. Gloire à celui qui abattrait le lionceau enragé dans sa course folle vers le néant. Lui, pour le moment, avait fait le choix de ne pas jouer sur ce terrain là. Joffrey tomberait sûrement très tôt, d'autres jeux l'attendait. De plus malins ou plus dangereux se chargeraient du jeune-homme, enlevant presque à Varys une larme de culpabilité.

A n'en pas douter, Joffrey était intelligent. Mais il était trop jeune, n'avait pas assez d'expérience, et était de toute évidence que trop impulsif pour être un animal politique. Il était un des futurs tyrans qui tiennent leur peuple par le sang et la menace, mais qui ne dirigent guère beaucoup de temps. Cette façon de gouvernement n'était pas de la politique. Ce n'était que mettre le sang dans la balance, et menacer de mort quiconque ferait un pas de travers. Mais il ne pourrait pas tout contrôler. Aussi y aurait-il de plus en plus de pas de travers, et de plus en plus de pas travers non contrôlés. Ce serait à ce moment précis que le sens politique viendrait et que Joffrey prouverait qu'il n'en avait aucun. Pas plus que sa mère, d'ailleurs. Le seul Lanniste qui vaille dans toute cette histoire restait Tywin, à qui le trône de Fer fut ravis en quelques secondes sans qu'il n'eut le temps de se retourner sur ses talons. Le véritable animal politique des Lannister, celui dont se méfiait le plus Varys. Jaime était bien trop belliqueux pour tenter de s'attaquer à quelqu'un autrement que par l'épée. Cersei trop certaine d'elle-même, se servant de tout sauf de ses atouts.
Mais il en restait un, qui pour le moment s'était fait bien discret mais qui trouverait un jour le moyen d'y tirer la bonne paille. Tyrion Lannister. Le Monstre. Le Lutin. Le rejeté, celui qui avait causé la mort de la Dame Lannister. Un être qui causait bien des torts au nom des Lions, mais qui se trouvait être un fin analyste des situations politiques de Westeros.

Mais Joffrey, lui, n'était que le futur Roi. Sauf si la mort le rattrapait d'ici là, ce qui serait sûrement le pur fruit du hasard. Qui aurait à trouver bonheur en tuant le Prince héritier? Joffre était insignifiant, pour le moment. Il n'était rien, vivant dans l'ombre des robes de sa mère. Il arrivait parfois qu'on repère sa bouche dans quelques ombres vacillantes de fin de soirée tandis que le gros Robert se roulait par terre tant l'alcool avait fini par l'imbibé entièrement. Telle une faille dans un visage de cire, l'orifice buccal du Prince ne montrait guère de sympathie profonde pour ce monde qui l'entourait. C'était à croire que le blond était revenu de tout, qu'il en avait tant vu que le mépris était devenue sa philosophie de vie. Et pourtant, un monstre sommeillait en lui, il n'y avait rien de plus certain. Avec une mère telle que Cersei et un prétendu père comme Robert, il n'y avait guère à espérer de celui qui deviendrait Roi.

Lorsque le blond répondit aux premiers mots de l'eunuque, ce dernier eut un regard surpris. Varys, même lorsque ses manipulations était ouvertement montrées jouait toujours le plus surpris. Sauf, de toute évidence, en compagnie de grandes personnes de la politique qui ne jouaient pas à ce jeu là. Joffrey n'en faisant guère partie, Varys mima un étonnement proche du ridicule. Une moue, cependant, qui avait de quoi mettre en doute les plus profonds propos. Comment pouvait-on douter de ses propos? Lui le Conseiller le plus serviable et le plus attaché à la protection de la Couronne?
L'Araignée fit mine de ne pas comprendre. Pour la simple et bonne raison que le Prince jouait à un jeu qu'il ne contrôlait pas, et que le Maître des Chuchoteurs n'avait pour le moment aucun dessein de manipulation voire d'attentat contre celui-ci. Varys était surprenant simplement parce qu'il dissimulait beaucoup. Il ne simulait guère, ce n'était pas dans ses habitudes. Il ne mentait pas. Il ne disait pas toute la vérité, ce qui n'était pas exactement la même chose. Aussi, lorsqu'il faisait l'étonné, il ne simulait pas quelque chose. Il ne faisait qu'une partie du travail, ne montrant qu'une étape de celui qu'il était. C'était de fait pour cette raison que le détruire voire même le comprendre était entreprise bien trop complexe. Peu avaient compris que Varys était un des plus honnêtes hommes de Port-Réal, mais qu'il jouait avec les illusions de cette honnêteté pour garder ses ennemis dans le trouble. Joffrey n'était pas un ennemi, mais il aurait été bien déloyal d'entrer dans un jeu qu'il croyait contrôler. Car il n'était pas un politique, il ne connaissait pas les non-limites d'une telle pratique quotidienne. Les choses pouvaient aller loin, palefrenier ou Prince, qu'importait. Il n'y restait plus que l'audace, la finesse d'esprit et la capacité à gérer les imprévus. Des qualités qui arrivaient avec le temps et l'expérience, et qu'il fallait savoir attendre avec le plus de patience possible.

Varys observait Joffrey, le temps que ce dernier termine de parler. Il prit la décision de ne pas relever la phrase du Prince, comme pour marque le maître qui trouve la phrase de son élève bien piètre et inutile. Il ne fallait pas y voir du mépris ou de l’effronterie. Joffrey ne maîtrisait pas ce qu'il disait, continuait sur ce chemin les mènerait tous les deux vers une pente que Varys n'avait ni le temps ni l'énergie de prendre pour le moment.
Cependant, les propos du jeune homme sur la vérité et ce qu'il pensait des mots de Varys fut source d'un plaisir d'informations psychologiques assez grand pour l'eunuque. Toujours chez ceux qu'il rencontrait, et donc chez ses futures potentielles victimes de manipulation, il observait les failles. Les changements dans le ton de voix, dans le regard, dans les mouvements de la bouche, les tressaillements de pommettes, en somme, tout ce qui méritait analyse était richesse pour le Maître des Chuchoteurs. De toute évidence, le changement de voix de l'adolescent trahissait ses mots. Il y croyait, à ce que racontait Varys, tout bêtement parce qu'il avait envie d'y croire. Et que si, par le plus grand des hasards, ce dernier se mettait à avouer s'être trompé, Joffrey se retrouverait en proie avec une grande déception qui pourrait devenir dangereuse avec le temps. Temps plus ou moins lointain, d'ailleurs.

« Mon Prince, je vois et j'entends, et je dis au Conseil Restreint ce que je vois et ce que j'entends. Mon humble tâche s'arrête ici. Je vous ai confié loyalement ce que j'ai vu, je ne peux qu'en être dédommagé par ma fonction au Conseil Restreint. Mes services sont dévoués à la Couronne, comme vous l'avez toujours su. Regard mielleux, moue affectée, suite. Je suis autant dans l'embarras que vous quant à cette affaire, j'aurais mieux aimé ne pas constater cet acte, mais s'eût été sans-doutes fellonerie sinon manquement à mes ministères que de ne pas vous confier ce que je sais. Surtout lorsque cela vous concerne. »

Les deux yeux de l'Araignée s'arrêtèrent quelques secondes à peine sur un groupe de marcheurs courtisans qui se dirigeaient vers les deux dignitaires du Royaume. Il tourna des talons, fit un sourire mielleux à son interlocuteur, avant d'avancer sur le chemin. Joffrey, à l'évidence, n'avait pas vu les courtisans qui se trouvèrent soudainement semés par les deux interlocuteurs marchant tranquillement dans les chemins de poussière chaude du Sud de Westeros. « Marcher sème toujours les soucis les plus opportuns aux moments où nous n'en avons guère besoin » lança-t-il sans spécifier de quoi ou de qui il parlait.
Les sans cesse doubles sens de l'eunuque avaient de quoi énerver le vieux Pycelle, mais le faisaient jubiler quand on participait au mystère général. Qu'importait cependant, le Maître des Chuchoteurs avait quelque chose à faire dire par Joffrey.

On avait toujours tendance à croire que croiser Varys tenait à la fois du plus grand hasard comme de la plus grande des manipulations. En vérité, il y avait un peu des deux. Personne ne pouvait véritablement statuer sur ce qu'il faisait, toujours était-il qu'il se trouvait toujours au bon endroit au bon moment. Les peu de fois où il s'était trompé de conjonctures lui avaient de peu coûté la vie. Mais depuis, il avait appris de ses défaites personnes pour être l'Araignée qu'il était actuellement.
Car Varys avait bien quelque chose en tête en parlant à Joffrey. Une chose dont son esprit avait besoin pour rassembler logiquement plusieurs murmures et en faire une "trace" comme il avait bien à les appeler. C'était l'une de ses méthodes de travail. L'étude de la trace. Car un être, une chose, un animal, toute partie de ce monde qui le compose laisse toujours une trace. Disséquer les relations, écouter les murmures, repérer les endroits traversés, laboratoires de recherches où une trace se recompose. Peu à peu l'itinéraire d'un homme se refaisait. On apprenait à mieux le connaître, à apprivoiser ses futures réactions. Le tableau de chasse de Varys était immense, présent dans son cerveau. Un génie? Oui, sûrement. Bien intelligent, cachant son jeu avec brio. Mais il faisait le tout avec des choses très simples, et vivait parfois avec un pragmatisme à affoler les moins spirituels. En entrant dans l'intime des relations humaines, Varys liait les hommes entre eux, comprenait des accords, des subtilités, des intimités. Il apprenait l'esprit humain, de manière à être le mieux informé d'eux. Afin de pouvoir au mieux les devancer dans leurs entreprises. Une véritable machine d'information qu'un simple eunuque étranger tenait entre ses mains comme jadis un sorcier avait tenu sa virilité.

« La vérité, Messire Prince, n'est que le produit de la peur ou de l'envie des êtres. Nous croyons vérité ce que vous avons peur de voir vérité, ou ce que nous voulons voir vérité. Mais au final, qu'est-elle? Moi, mon cher Messire, je n'avance aucunes vérités. J'avance ce que j'entends et je vois, rien de plus. Je ne suis qu'un... qu'une personne amoureuse de la Couronne. Léger ricanement mielleux, reprise des mots doux et calmes. Mais vous avez raison de vous méfier ! Les temps sont si terriblement troubles... Nous ne saurions nous passer de nos gardes. »

La vérité, Varys la mettait de côté. Il la contrôlait comme il contrôlait l'information. Il disait ce que voulaient entendre les personnes, distillant goute par goutte ce qu'il savait de manière à toujours avoir de côté des informations de secours tout en tenant l'animal par une blessure béante qu'est celle de la curiosité. Le talent de l'eunuque tenait pour beaucoup de la faiblesse humaine toujours attirée par la malsaine envie de savoir tout de l'autre, de l'ennemi, de l'inconnu, de l'étranger.

Le mal humain est encore plus dangereux lorsqu'il est habillement manipulé par les pattes d'une Araignée simplement désireuse de dévorer sa proie.
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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime29.05.14 12:17

Qu'est-ce que Joffrey avait à craindre chez l'eunuque Varys ? C'était une question qui n'était pas sans importance. La nature entre ces deux hommes était complètement opposée voir même risquait de finir dans une collision d'une ampleur telle, que ses dégâts politiques pourrait secouer tout le royaume. Chacun des deux était une puissance en soi. Joffrey avait la puissance de l'héritage et la tradition de son côté. Il était destiné à devenir roi et donc d'être assis au sommet de la pyramide féodale, soumis aux vents les plus violents de la politique mais aussi doter d'un pouvoir que peu de hommes et femmes pouvait rêver d'avoir. Mais son principal ennemi ne venait pas des vassaux mais de lui-même. Au sommet de la pyramide, une nature impulsive, colérique et arbitraire pouvait semer la dévastation et faire tomber cette structure civilisationnel qu'était la féodalité. Le seul espoir résidait soit dans la mort soit dans le contrôle par une puissance plus grande et forte, une puissance qu'inévitablement serait féminine ou ne serait pas.

Varys de son côté possédait la puissance des hommes qui se construisent par leur propre force et érigent des systèmes qui leur servent et uniquement eux. Il avait aussi compris une leçon importante : les secrets sont des biens qui, contrôlés et connus, devenaient des armes avec une puissance terrible. Tout le monde avait des secrets et personne voulait les voir être révélés à la lumière du jour. Les hommes et femmes étaient prêts à beaucoup pour empêcher que ceci arrive. Ils pouvaient offrir n'importe quoi et faire aussi tout ce qui leur était possible. Jouer avec les secrets des gens revenait donc à se jeter dans une arène remplis de lions. A un moment donné, des gens tenteront de détruire ce qui semble menacer l'anonymat de leurs secrets. Il fallait se doter d'une intelligence extraordinaire pour éviter d'être détruit. Varys, durant toute sa vie, avait réussit cette prouesse forçant à mettre en équilibre la quête du secret avec sa survie politique et biologique.

Que savait-on de Varys ? Les histoires étaient nombreuses et se contre-disaient pas rarement. Joffrey savait qu'on disait qu'il venait de Lys ou de Myr, chacun défendait un autre avis. Mais est-ce que ceci avait beaucoup d'importance ? Le fait était qu'il venait d’au-delà du Détroit était finalement tous ce qu'on avait besoin de savoir. Des gens comme Barristan Selmy  avait plus qu'amplement dénoncé l'arrivé de gens d'Essos à la cour mais hélas, la valeur et efficacité de Varys n'était pas à mettre en doute. Le fait qu'il ait survécu la chute d'Aerys II était la preuve de ceci. On savait très peu sur l'enfance de Varys ou ce qu'on croyait savoir, était une myriade d'histoires les unes plus louffoques que les autres. Le mieux semblait peut être de partir du principe qu'on savait rien sur sa jeunesse. C'était probablement la meilleure chose à faire. Joffrey pour sa part n'avait pas perdu du temps à faire une enquête. C'était quelque chose qui l'intéressait que moyennement.

Ce qu'on savait en revanche, c'est que Varys avait été très impliqué à Pentos dans l'ascension politique d'un certain Illyrio Mopatis, étrange personnage aujourd'hui devenu presque légendaire. Ensembles, ils aurait bâtit un empire de lutte contre le crime à Pentos rendant Mopatis richissime et l'ouvrant la voie vers la Magistrature de la cité et par là vers le pouvoir. Mopatis était un personnage-clé à Essos et probablement que son rôle dans la politique de Westeros, restait ignoré et dangereusement sous-estimé. Mais c'était quelque chose que Joffrey ignorait. Il connaissait le nom de Mopatis mais il disait rien. Un sauvage de plus à l'Est, pouvait-il vraiment en donner de l'importance ?

Joffrey n'avait aucun respect pour l'ascension fulgurante de Varys. Certes, il était un homme aux ressources redoutables et d'une utilité incontestable mais il restait un parvenu. Il n'avait aucun nom de famille, aucune dynastie pour l'appuyer. Il avait donc au mieux le rang d'un outil que tout le monde appréciait mais qu'on lâcherait à la première occasion se présentant. Dans un monde ou le nom de famille est tout, ou les ancêtres sont les avocats des vivants, Varys n'avait pas d'illusion à se faire. Son talent était la seule chose qui le gardait au Donjon rouge. La colère d'un roi, un homme plus talentueux était des menaces éternelles. Néanmoins il était probable que Varys survivrait bien à de règnes. L'homme providentiel capable de le supplanter ce n'était pas encore présenté et la colère royale se tournait contre tout le monde sauf vers l'Araignée.
Joffrey se disait que le jour ou il serait roi, il n'hésiterait pas, si l'occasion se présente, de remplacer Varys. Il ne supportait pas ce personnage mais hélas, comme son père, il devait reconnaître que ses talents le rendait pour le moment irremplaçable. Pourrait-il bien être que Varys fut un génie se présentant qu'une fois tous les mille ans ? Possible. Mais comme tous les génies, il n'était pas la personne la plus confortable à vivre, au moins aux yeux du prince héritier.

La conversation entre les deux hommes pouvait être qualifié d'intéressante voir même de joute entre deux natures qui n'avaient rien en commun. Joffrey termina ses réponses et écouta les répliques à l'Araignée. Il ne remarqua pas que Varys ignora certaines de ses questions, les laissant couler comme l'eau d'un ruisseau. Le maître des chuchoteurs répondit plutôt à la question sur les deux espions présents dans les jardins. Joffrey fut trop focalisé sur ceci pour se rendre compte comment Varys jouait avec lui.

Et c'était repartie, pensa Joffrey en écoutant l'Araignée. Encore une litanie sur le serviteur féal et dont le bonheur provenait uniquement du fait de servir. Combien de fois Joffrey avait dû entendre ceci ? Probablement une centaine de fois et il n'était pas plus convaincu qu'au premier jour de ces mots. Menteurs, tous des menteurs à la cour. On pouvait décidément croire personne. Discuter avec Varys, rendait soudainement Sansa tellement plus attrayantes. Au moins elle, ne se perdait pas dans ces mensonges devenus presque risibles. Elle se comportait de manière sotte mais sa sottise était un soulagement à la cour. Il se contenta de répondre comme il le faisait habituellement dans la situation.

« Nous sommes tellement contents de savoir un homme si dévoué à la Couronne être au Conseil Restreint. Votre loyauté est légendaire. »

Il avait probablement dans sa réponse assez de hypocrisie pour faire couler un navire de surcharge. Pour Joffrey, un homme qui avait survécu à la chute d'Aerys II pouvait qu'être un traître des plus efficaces. Mais hélas, son Robert l’appréciait ou disant qu'il rendait des fiers services. Mais pour combien de temps ? Le prince ignora la phrase de Varys sur la marche. Incompréhensible comme bien de phrases que ce philosophe de dernière génération lançait. C'était ce qui irritait le plus chez Joffrey de la part de Varys. Toujours amoureux de ces phrases sybilliques avec lesquelles on pouvait rien faire ou mieux dit qui dépassait le prince héritier. Il était du genre à approuver le projet de noyer tous les philosophes de la capitale et le considérer comme une action de salut public. Mais il n'avait pas le pouvoir de le faire et il était probable que même roi, ce serait une tâche trop ardue et suscitant trop d'opposition. Il était en revanche certains qu'une telle action resterait dans les annales, probablement au grand damne du roi exécuteur.

Joffrey écouta alors Varys philosopher sur la vérité. A vrai dire il ne comprenait que la moitie de ce qu'il disait. Pour lui, la vérité c'était la vérité. Rien à voir avec la peur ou l'envie. Il avait les choses vraies et ensuite les choses fausses. C'était une vision bien manichéenne du monde mais pour un esprit comme celui de Joffrey, penser autrement était impossible. Il avait les gens loyaux et les traîtres, les gens utiles et ceux qui ne l'étaient pas. Il laissa alors Varys ricaner avec sa voix mielleuse. Il haïssait se ricanement qui lui inspirait rien de bon. Il laissa alors passer un peu de temps avant de lui répondre.

« Je vous laisse le privilège de méditer sur la nature de la vérité. », ce qui chez Joffrey voulait dire qu'on lui laisse en paix avec ces réflexions sur ce sujet. « En ce qui me concerne, je préfère m'attacher aux faits que vous et d'autres transmettez. Les faits ont cette belle qualité de ne pas être sujet à la réflexion philosophique. Ceci les rend particulièrement sympathiques. »

Le prince était en accord avec Varys sur la question des temps incertains. Néanmoins un mot réveilla la suspicion chez Joffrey. Pourquoi soulignait-il si profondément le mot terriblement ? Savait-il quelque chose de nouveau ? Est-ce qu'une menace planait à l'horizon. Sa curiosité voir sa méfiance naturelle était piquée au vif. L'animal sauvage dormant en lui était réveillé. Varys semblait savoir quelque chose, quelque chose de menaçant. Ou est-ce qu'il se faisait des idées. Cet homme aimait jouer sur les mots. Le faisait-il maintenant ou est-ce qu'il lui offrait quelques informations vitales ? Tiraillé entre sa méfiance presque paranoïaque et son mépris pour Varys, il finit par céder à la première pulsion.

« Hélas les gardes ne semblent pas suffire contre toutes les menaces. Certaines sont d'une nature à rendre les armes sans utilité. Mais je vois mal en quoi ces temps serait plus troubles que d'autres. Sauriez-vous entra de sous-entendre que des nouvelles menaces planent sur la Couronne ? »

Joffrey n'avait pas le temps pour se perdre dans des subtilités. Sa question était donc directe comme la trajectoire d'une flèche d'arbalète. A quoi bon faire des détours quand on avait les moyens de poser une question sans craindre les conséquences ? Il voulait une réponse et il était déterminé à l'avoir. On pouvait donc dire que Varys avait réussit à susciter l'intérêt du prince. Néanmoins il n'était pas sûr que la nature impulsive du prince n'allait pas s’avérer dangereuse dans cette situation. Et est-ce que Varys avait prévu d'attirer le prince sur cette voie ? Voila une question qui méritait une réponse.
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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime30.05.14 10:20

Varys avait fait de l'information sa première force. C'était une loi de vie, ancrée dans son corps comme une brûlure dont on garde la cicatrice à vie. Il avait été obligé de se sortir de l'horreur, de la mort et de la misère par l'information. Des plus petits secrets aux grandes informations d'Etat, il avait fait un commerce du dit et du non-dit particulièrement efficace. De quoi, évidemment, lui assurer une ribambelle d'ennemi en tout genre, mais également une réputation qui avait intéressé le Roi Fou. Cette façon de sortir de la misère, du manque d'hygiène et de cette vie basse dans les rues pauvres des villes était désormais sa manière de vivre. L'information, la façon de la gérer et de la manipuler étaient devenues une seconde peau de l'eunuque, une manière comme une autre de survivre. Sa vie était entourée de l'information, comme l'argent entourait Littlefinger. Il est des choses qui ne s'apprennent pas en quelques années. Il pouvait y avoir d'excellents espions, de potentiels successeurs à Varys très bons dans leur domaine, mais le passif de l'Araignée lui était totalement exclusif.

Ce que le Maître des Chuchoteurs recevait en informations par jour tenait du prodige. Il avait parfois de quoi renverser des empires, notamment en matière de ce qu'il savait de la naissance de Joffrey, Tommen et Myrcella. Une somme de savoirs, une somme de secrets, une totalité de dits qu'il possédait et dont il pouvait se servir à n'importe quel moment.
Venait alors le moment de choix. Celui où il fallait choisir laquelle des informations était la mieux à un moment précis. C'était sûrement le moment le plus complexe dans le travail quotidien de Varys. Avoir à son service des milliers de mouchards ne relevait pas d'un exercice surhumain. Recueillir les informations à la bonne occasion ne demandait pas des compétences extraordinaire. Mais reconnaître ce qu'il était nécessaire de dire, sélectionner parmi la masse énorme de savoirs ceux qui resteraient de côté pour faire appui, et ceux même qui ne servaient à rien pour le moment. Autant d'exercices intellectuels qui faisaient jouer Varys avec le pouvoir en place. Des parties d'un quotidien que beaucoup ignoraient mais que la plupart tentaient d'imiter. Combien étaient ceux, dont Cersei ou Baelish, à tenter de se créer un réseau d'espion aussi grand que celui de Varys? Beaucoup. Mais le dépasser était peine perdue. C'était comme tenter d'être de seconds Varys à la place du Varys déjà connu et en place. C'était lui voler son identité. Et cette identité, il se l'était déjà assez faite voler.

Les deux espions Stark avaient été piètres. Eddard n'avait pas fait preuve d'une grande imagination en les débauchant. Cela faisait désormais plusieurs jours que Varys les faisait suivre tous les deux, dès le moment où ils avaient rencontré la nouvelle Main du Roi. Le Seigneur du Nord était l'exemple parfait de celles et ceux qui s'improvisent chef espions et qui ne sont même pas capables de tenir le rôle plus de trois minutes. C'était d'un pitoyable dont Varys se moquait sarcastiquement.
Dans ce parc, toutefois, il y en avait bien d'autres des espions. La plupart à lui, d'ailleurs. Certains jouaient le jeu d'avoir deux patrons, bien que leur allégeance allait de toute évidence vers le Maître des Chuchoteurs. Ceux-là, il préférait encore les surveiller. Et au vu des conversations entre Joffrey et sa mère, il était bien plus pertinent de titiller la haine et la crainte qu'avait l'héritier du Trône de Fer vis à vis de ses congénères du Nord. Un exercice parfait de la sélection de l'eunuque. D'autres choses étaient à dire à Joffrey, mais il avait fait le choix de ne dire que cela. Pour le moment. De toute évidence.

Des menaces?
Oh, il y en avait toujours. Il était du devoir de Varys que de les éliminer quand c'était possible à son échelle. Un léger coup de couteau derrière le dos, pointe fine et discrète, le temps d'une bousculade bénigne dans une auberge. Puis il y avait les menaces qui demandaient l'intervention d'autre chose que des services secrets de la Couronne. Auquel cas, certains étaient encore tus pour la Couronne. Comme si le Roi et le Conseil Restreint n'avaient que cela à faire. Puis il y en avait d'autres, plus grandes. Dont on parlait, sur lesquelles tout le monde dissertait en pensant qu'elles sont les seules qui ont lieu dans le Royaume. Sans s'imaginer une seule seconde de l'immense travail fait en amont et dans l'ombre que Varys faisait afin de ne pas affoler trop vite celles et ceux qui voyaient ce monde un peu trop rose.

Joffrey se serait sans-doutes passer une épée à travers le ventre s'il savait tout ce que savait Varys. S'il avait connaissance de toutes les menaces quotidiennes qu'il fallait régler, sa paranoïa serait telle que le Roi Fou ne serait qu'un piètre animal à côté de lui. Mais Joffrey en redemandait, toujours et encore. C'était à croire qu'il recherchait la menace, qu'il recherchait la folie. Il était de ces êtres dangereux qui se complaisent dans le chaos car désirent se voir comme les seuls capables d'en faire sortir le Royaume. Il voulait être le seul, l'unique. Celui capable de dégager l'ennemi du sol et d'en sortir comme étant le plus fort.
Le temps donnerait raison ou tort à ses espoirs à peine cachés.

Varys était intelligent. Il s'était pris beaucoup de coups dans la figure, de manière à en sortir une quasi sagesse sur certaines choses. Une sagesse pas toujours perceptible par ceux qui ont toujours connu une vie simple, douce et monotone. Des personnes comme Joffrey ne pouvaient donc pas comprendre ce que Varys disait de la vérité. Le hasard, la vérité, des notions abstraites qui étaient pourtant tellement concrètes. Elles étaient le quotidien de l'Araignée, il avait tout à fait le droit et le devoir de philosopher dessus. Il les contrôlait, faisait d'elles ce qu'il voulait, de manière à en faire ressortir ce qu'il voulait voir.

Varys restait dangereux pour ceux qui le sous-estimaient. Mépriser l'intelligence, mépriser la réflexion, c'était évidemment sous-estimer tout le pouvoir qu'elles contenaient. C'était mettre de côté la menace réelle et bien là des mots, du savoir et de l'ingéniosité. Joffrey ne semblait pas encore le comprendre. Mais une fois Roi, il était désormais une certitude qu'il en ferait les frais.

« Je ne parlais guère de ces gardes là, Messire Prince. Mais bien de nos gardes personnelles, celle qui nous protègent au-delà des armes. J'ai la plus grande et dévouée confiance en nos services armés. Une Cité qui n'a pas confiance en ceux qui la protègent est une Cité vouée à la destruction... J'en ai connu tellement... »

Le regard vitreux de l'eunuque sembla percer celui de Joffrey. Le visage de Varys n'était que douceur et calme face à ce que semblait être le Prince Héritier. Comme chuchotés, ses mots mielleux et suaves caressaient l'esprit déjà bien aiguisé en matière de menace et d'armes du fils de Cersei.
Il n'aimait pas la guerre. Il n'aimait pas ces moments d'incertitude qu'il ne contrôlait pas. Ces instants où l'information ne sert à rien. Où il faut simplement et purement sauver sa peau. Il se souvenait encore de ces terribles nuits de sac de Port-Réal, quand le Roi Fou avait ouvert les portes à Lannister et sa suite. Il se souvenait des couloirs sombres quelques minutes avant le saccage des appartements. Il se souvenait des cris, tandis que personne n'avait jamais réussi à le retrouver. Il était réapparu quelques jours après, prêt à se soumettre à Robert Baratheon. Il revoyait les magnifiques suites détruites, l'or disparu, les tissus brodés déchirés, les objets personnels de chacun devenus des essuies-pieds. Le temps de création, le soin et l'ardeur mis à l'exercice de composition, tout avait été détruit par quelques débiles mentaux prêts à tout pour foutre leur entrejambe dans un sexe féminin tout sauf d'accord pour l'accueillir.

Non, il haïssait la guerre. Il haïssait les hommes qui la faisaient. Il les méprisait. Idiots, bêtes, sans honneur ni loi. Ils étaient des Jaime Lannister en puissance, avec moins de pouvoir et de force, mais tout autant d'idiotie et de bêtise. Il les méprisait au vu de ce qu'ils étaient capables de faire à la vie humaine. Elle était bien trop précieuse.
Et pourtant, face à autant de répugnance, il faisait en sorte de créer certaines guerres. Il valait mieux que certaines maisons se retrouvent confrontées à d'autres qu'à lui-même. Il devait se rendre utile. Et quand les étrangers sont-ils les moins craints, les plus utilisés et utiles? En temps de guerre.

« Les menaces sont si nombreuses. Certaines d'entre elles relèvent de la légende. Je n'ai pas le pouvoir ni l'autorité de dire le vrai du faux dans tout ce qui m'est murmuré. Il y a tellement de choses. Varys se rapprocha, avec un air sincèrement affecté. Et je crains que ces choses là ne se disent que dans le cadre du Conseil Restreint, et que je ne sois pas autorisé à les révéler en dehors de cet étatique cadre. »

Une manière de faire attendre le Prince. Encore un peu plus, un peu plus longtemps. Un jour, on lui dirait.
Varys était membre du Conseil Restreint, ce qui n'était pas rien vis-à-vis de la couverture qu'il fallait qu'il garde. Il ne pouvait pas tout révéler à n'importe qui. Joffrey, aussi soit-il n'était que Prince. Il n'était pas Roi, pas plus membre du Conseil Restreint. Et l'eunuque n'était pas Pycelle, parlant plus que de raison de manière à se faire bien voir par ceux qui lui posaient des questions. Au risque même de dire des bêtises dépassant la logique tel que c'en était parfois risible.

« Sachez seulement, Mon Prince, que le monde n'est pas aussi calme qui semble l'être entre ces murs rouges. Tout ce que vous pouvez faire, pour le moment, c'est vous préparer humblement à les affronter. Je suis indubitablement certain de vos capacités à faire front avec les horreurs des Sept Couronnes. »

Il fit un regard suggestif à Joffrey sur les deux espions qui se promenaient juste derrière eux, faisant mime de converser amoureusement.
Sourire mielleux, voix doucereuse et suave, et marche toujours en cours.

Il ne révélait pas tout ce qu'il savait à n'importe qui. Pas n'importe quand non plus.
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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime30.05.14 19:12

Joffrey écouta la remarque de Varys sur les gardes. A nouveau, le maître des Chuchoteurs continua à parler en énigmes. Une chose que le prince trouvait insupportable au plus haut point. Il décida donc de ne plus se retenir au sujet de l'Araignée. Il avait bien l'intention de ne pas gober tous les histoires de Varys. De toute façon, la discussion jusqu'à là avait bien révélé qu'il n'avait pour le moment rien à attendre de lui. Il ne répondait à aucune de ces questions ou se perdait dans des discours tellement énigmatiques, que le prince perdit tout intérêt à vouloir les déchiffrer.

« Étrangement, il me semblait que c'était la confiance aveugle dans les gardes qui était la source de bien de misère. Peut être que le roi fou n'aurait pas été assassiné, s'il s'était méfié de certains de ses gardes et surtout de ceux qui venaient en apparence à l'aide de la Couronne. N'êtes pas de cet avis, vous qui avez vécu les événements ? »

Ce commentaire était d'une violence presque inouïe envers son oncle mais la vérité était, que Joffrey n'avait aucune compassion pour Jaime. Il avait trahis un roi et il était convaincu qu'il était capable de le faire une nouvelle fois. Pourquoi seulement son père avait gardé cet homme à son service ? Ca restait un énigme pour lui. Au sujet de la trahison de son grand-père, il en était bien plus clément. A la fin, Tywin avait rendu un fier service à tout le monde. Il avait bien agis, même si ce n'était pas moralement soutenable mais c'était la guerre. Tywin au moins n'avait pas brisé de serment fait à son souverain, bien au contraire, il avait mille raisons de vouloir se retourner contre le roi. Mais le prince n'avait pas finit de donner son avis.

« Je peux qu'admirer votre foi dans nos gardes. Pour ma part je me permettrais l’inouïe luxe de jamais faire entièrement confiance à ceux qui sont sensés me protéger. Une épée à portée de main est toujours une bonne façon de prolonger sa vie aux moments critiques. La confiance dans les autres a ses limites. Ou pensez-vous qu'on puisse faire aveuglement confiance à certaines personnes ? »

Joffrey était convaincu que le commentaire de Varys servait surtout à vouloir renforcer sa propre position. En somme, il fallait lui faire entière confiance ? Si l'Araignée demandait ceci, alors c'était certainement une raison de ne pas le faire. Le prince savait que sa mère avait jadis fait entièrement confiance à Varys pour ensuite s'en distancer de ce personnage. Elle lui avait déjà avertis sur ce serviteur. Un homme qui survit à son premier maître, ne peut jamais jouir d'une confiance entière et inconditionnelle.

Le prince ne put pas s'empêcher de sourire légèrement. Toi, pensa-t-il, je ferais jamais confiance. Jamais de ma vie. Trop d'énigmes autour de ce personnage et dont les ambitions étaient trop inconnues. S'il lui aurait dit qu'il aspirait à une seigneurie, la gloire et le pouvoir, il l'aurait certainement cru sur parole mais son discours sur le loyal serviteur ne pouvait que rendre sa méfiance plus forte. Mais bon, il n'était pas certain qu'il devrait entretenir Varys quand il serait roi. Le maître des chuchoteurs devait déjà avoir un certain âge et il était tout à fait possible que son père, dans un accès de colère ou de stupidité, le renvoi.

Il continua à écouter Varys. Sa prochaine réponse était comme à son habitude, une réponse qui n'en était pas une. Il parlait sur les menaces si nombreuses. Il se contenta alors de lui répondre avec la même efficacité.

« Je suis convaincu que vous ne devez pas manquer de travail. Des légendes ? Vous n'allez pas me dire que vous prenez les légendes qui circulent au Nord au sérieux une seule seconde? Mais dites-moi, si vous n'arrivez ps à trier le vrai du faux, à quoi bon pouvez vous servir ? N'est-il pas aussi dans votre fonction de faire ce tri ? Ou laissez-vous mon père faire ce travail bien délicat ? »

Quand le maître des chuchoteurs s'approcha, Joffrey fit un pas en arrière. Il n'avait vraiment pas envie de devoir supporter son parfum oriental. Mais il recula aussi pour une autre raison. Il n'avait aucune envie de laisser cet homme s'approcher trop de lui. Il l'avait déjà laisser lui toucher le bras, au-délà ca n'irait pas ou si oui, alors avec pour conséquence que Varys allait un jour très fortement regretter le geste.

On racontait des histoires assez intéressantes au sujet de Varys. Apparemment les hommes qui avaient des rapports fort peu....convenable avec les enfants se voyait soumis à la punition de l’émasculation. Est-ce que c'était le cas de Varys ? Fort probable. Joffrey le verrait bien comme un ancien pédophile. Peut être qu'un jour il devrait enquêter sur ceci...sans faire appel à Varys. Ceci pouvait s’avérer une bonne chose à savoir à son sujet. Même Varys devait avoir des secrets qu'il aimait voir gardé. Il lui répondit alors sur le ton de la conversation.

Joffrey prit note, très minutieusement du commentaire concernant le Conseil Restreint. Le message était des plus clairs qui pouvait être pour le prince. Varys n'avait pas la plus minime intention de lui confier une réponse digne de ce nom. L'histoire du Conseil Restreint était très certainement une excuse. Le prince soupira mentalement. Désespérant. Vraiment désespérant ce maître des chuchoteurs. Il aurait peut être plus de chance d'avoir des informations concrètes en allant au marché écouter les commères. Il se contenta alors de répliquer.

« Je suis convaincu que vous avez des nombreux secrets à protéger des personnes en dehors du Conseil Restreint. Soyez assuré, que je le considérais comme une question de honneur, de protèger à mon tour, le jour venu, le Conseil Restreint des dangers étrangers à lui. »

Le dernier commentaire de Varys fit rager Joffrey intérieurement. Il le prenait vraiment pour un imbécile qui savait rien du monde. Quel personnage détestable ce maître des chuchoteurs dans ses tissus orientaux et avec son air mielleux. Peut être que le jour ou il décidait de se séparer de Varys, il devrait le faire noyer dans un tonneau rempli de miel. Au moins ainsi on pourrait être sûr que l'odeur de putréfaction serait bien couverte. Joffrey répondit alors, dans un ton du plus neutre qu'il était capable de faire dans une telle situation.

« Vous semblez me prendre pour plus ignorant que je suis. Mais comment vous en vouloir. Face à vous, je dois paraître comme le plus jeune des enfants. De toute façon, je pense avoir largement du temps. Père vivra bien encore une à deux décennies et ceci me permettra de parfaitement m'armer contre vos « horreurs » que vous semblez voir partout. Mais dites-moi, à quels horreurs devrais-je m'attendre ? Je suis curieux de ce qu'il y a bien de si terrible alors que depuis dix-sept ans c'est la paix. Je vous laisse bien évidemment la liberté de ne pas me donner de détails pour conserver le secret pour le Conseil Restreint. »

Joffrey ne se faisait aucune illusion sur la réponse. Il allait sans aucun doute lui répondre par énigmes et formulations mystérieuses mais bon, au moins il aurait quoi estimer ou il fallait creuser. Plus Varys lui refusait de révéler des informations, plus il pouvait partir du principe qu'il avait des choses cachés et qui donc méritaient une enquête. Il commençait à se dire que peut être il ferait bien de trouver ses sources à lui. Il n'avait aucune intention de se créer un réseau comme Varys. Ce serait trop coûteux et peu rentable. Lui, il désirait éclaircir quelques questions très précises, il lui suffisait alors d'avoir un ou deux espions moyens pour mettre la lumière sur un ou deux trous d'obscurité. Et interroger Varys pouvait être une façon de savoir ou il avait des choses à trouver.

Un peu fatigué par cette discussion qui tournait en rond, Joffrey eut une petite idée. Oui, pourquoi pas, pensa-t-il. Comme on ne pouvait rien découvrir en lui posant directement les questions, autant tenter le coup autrement. Et il avait envie de jouer un peu avec le vieux Varys. Il lui posa alors une question qu'il ne lui aurait probablement jamais posé si cette discussion n'aurait pas été aussi infructueuse.

« Je voudrais savoir une chose, vous qui servez la Couronne depuis si longtemps et loyalement, vous n'avez jamais pensé à réclamer une récompense ? Pour ma part je suis convaincu que quelqu'un comme vous mérite certainement une forme d'assurance pour le jour ou vous voudrez prendre un repos largement mérité. Pourquoi ne pas envisager de vous conférer une seigneurie ? Vous jouirez alors d'un titre et des revenus digne de ce nom jusqu'à votre mort, même si vous devriez cesser de servir la Couronne à la cour. »

La proposition pouvait surprendre mais Joffrey était parfaitement sérieux. Il pensait même que Varys pourrait être un avantage géopolitique. Son incapacité de procréer empêcherait la fondation d'une dynastie, ce qui aurait pour conséquence qu'à sa mort, son fief reviendrait à la Couronne. On pourrait donc aisément remplacer un seigneur inconfortable avec Varys pour ensuite voir le dit fief entrer dans le domaine royal. En plus, fieffé, Varys serait moins tenté de retourner à Essos et plus facile à garder sous contrôle. Joffrey se méfiait tellement de l'Araignée, qu'il désirait s'assurer qu'elle reste le plus proche de Port royal que possible.

Il était probable que Varys refuse l'offre. La tactique de Joffrey était trop prévisible ou mieux dit, elle avait un arrière-goût de tentative de corrompre le maître des chuchoteurs voir pire, ouvrir la voie à son expulsion de la cour. Après, qu'un esprit comme celui de Joffrey, pouvait réellement envisager d'offrir un fief à un eunuque. L'offre avait quelque chose de fondamentalement ridicule dans une société basée sur la création de dynasties.

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MessageSujet: Re: [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) [Port Réal] Collision entre deux esprits (Pv Varys) Icon_minitime02.06.14 11:11

Il n'était pas rare que les personnes pensent Varys finalement moins compétent que les rumeurs le prédisaient. D'une part, tout simplement parce que les dits allaient plus vite que la réalité, d'autre part parce que l'intéressé faisait en sorte de décevoir. Il en savait toujours bien plus qu'il ne le laissait entendre, s'arrangeant à chaque fois pour que les autres ne savent pas se placer entre ce qu'on disait et ce qui se voyait.

Ici, Joffrey était de toute évidence déçu. Mais il faisait parti des idiotes personnes qui pensent que, puisque Varys en savait beaucoup sur beaucoup de choses, il en disait tout autant. Avoir l'oreille ouverte ne va pas toujours avec la bouche. S'il était resté vingt ans à la même fonction dans la Cour de Port-Réal, c'était justement parce qu'il s'était arrangé pour jouer avec la peur de ce qu'il pouvait savoir. En somme, il ne révélait que deux dixième de ce qu'il avait en connaissance, laissant aux autres le soin de s'imaginer quels étaient les huit dixième d'informations restant. Cela créait des choses tout aussi loufoques qu'inimaginables, allant de piètres informations à des secrets d'Etat que Varys en personne n'avait jamais pensé découvrir un jour. C'était donc un jeu constant, où contrairement à ce qu'il laissait voir, il en était le maître. Il manipulait ses pions délicatement, avec ses multiples pattes, les plaçant là où lui étaient le plus utiles à des moments donnés. Joffrey était l'un de ces pions, qu'il le veuille ou non. Et le gamin, âgé rappelons-le d'à peine douze ans, n'était pas en capacité de s'en rendre compte.
Il fallait toutefois l'admettre, le prince héritier n'avait guère contrasté avec la plupart des gens que Varys rencontrait. Dis-moi ce que tu sais, ou ça veut dire que tu sais rien. Piètre bonhomme.
Il avait été bien plus intéressant le soir où il avait massacré cette pauvre servante, dans sa chambre.

A l'évidence, Joffrey s'était complètement trompé sur le mot "gardes". C'était une piètre performance que celle du Prince. L'Araignée ne releva cependant pas la mésaventure lexicale du fils de Cersei, qui persistait à voir dans ce mot les forces armées de Port-Réal. Etroit esprit qui n'avait pas eu la jugeote de se questionner sur la formule "rester sur ses gardes". Varys avait-il eu, une seule fois dans sa vie, des forces armées pour le défendre? Non. C'était là la preuve de la totale méconnaissance de Joffrey sur la personne avec qui il se trouvait. Il avait su protéger sa vie, parfois même de façons qui l'étonnaient lui-même. Il avait déjoué des complots, s'était sorti de situations plus dangereuses et mortelles sans une seule arme ou armure. Mais cela n'importait que peu, car Joffrey n'avait pas bloqué seulement sur ce mot.
Engluant le prince d'un sourire mielleux à souhait, il n'exprima rien quand ce dernier cacha vulgairement de prétendues menaces. Une fois roi, Joffrey aurait besoin de Varys. Non parce que l'eunuque était immodeste. Jamais il n'avait pensé valoir plus qu'un autre. Il avait fait en sorte de l'être le plus longtemps possible. Mais face à toutes les menaces qui entoureraient le jeune homme, Varys deviendrait plus une valeur sûre qu'un danger.

Une Seigneurie? On était au fond du gouffre là. A l'évidence, il redoublait d'ingéniosité ce gamin morbide et débile. Avec l'argent que s'était fait le Maître des Chuchoteurs, il aurait pu devenir un puissant marchand des Cités Libres, se passant bien des méfaits d'une Seigneurie à gérer. Il n'en n'avait que faire, d'une Seigneurie. En vingt ans, il aurait déjà fait en sorte d'en avoir une si cela avait été son objectif. Les mots du Prince transpiraient la méconnaissance, laissant à penser que la conversation s'enlisait dans la bêtise.
Varys ne lâcha guère son sourire mielleux. Il eut un petit ricanement fluet, et laissa entendre délicatement « Mon cher Sire, je vous prie, pensez bien qu'une Seigneurie ne saurait survivre à mes piètres compétences. Je ne suis bon qu'à entendre ce que me chuchotent mes petits oiseaux. Le reste... Bah ! Quelle pernicieuse aventure cela ferait. ».

On l'appelait Lord sans qu'il ne sût jamais pourquoi. Ces gens qui le croisaient dans les couloirs, qui baissaient la tête à son passage tout en sachant qu'il avait appris la vieille avec qui ils avaient passé la nuit, persévéraient à le considérer comme un Seigneur alors qu'il n'était qu'un étranger. C'était presque à croire qu'ils le faisaient pour se rassurer, pour se protéger de quelque chose. Comment l'humble Lord Varys leur voudrait-il quelque chose, lui Seigneur du Conseil Restreint?
C'était une façon d'élever l'eunuque si haut qu'il en disparaissait des petites histoires, des rumeurs de basses fosse. De cette manière, on s'assurait le tenir éloigné de soi, de ses propres histoires intimes et privées. Mais lui il n'entendait guère être un Lord. Il n'entendait pas devoir assurer une famille, une Seigneurie. Il n'entendait pas devenir un modèle. Il ne voulait pas avoir les scrupules des Seigneurs. Il voulait rester qui il était, sans scrupules ni domaines à gérer. Il voulait être Varys, sans jamais cesser de créer l'illusion sur ses intentions.

Joffrey était entré dans les non-menaces en l'espace de quelques secondes. Le garçon n'était tout simplement pas intelligent. Que cela soit au niveau de la culture comme au niveau de ses relations humaines. Il laissait dire ce qu'il entendait. Il répétait ce qu'il voyait chez sa mère. Les mêmes mots, les mêmes postures, avec une masculinité affirmée trop tôt.
Les choses évoluaient sans cesse. Peut-être que l'eunuque viendrait à le considérer différemment. Roi, il serait un peu plus dangereux que Prince. Mais il ne valait pas Baelish ou Pycelle, bien que le second fût bien plus idiot que le premier. Par dessus tout, il n'avait rien de son grand-père ou de son oncle. Le vrai, évidemment, pas son oncle-père de Garde au manteau blanc. Bien Tyrion Lannister, le Lutin bien plus intelligent que les autres ne le supposaient. Au final, bien que Baratheon, Joffrey n'avait gagné ni du charisme de son père, ni de la finesse de sa mère. La seconde n'était pas brillante en matière politique, mais elle était foutrement maligne. Joffrey n'en n'était rien. Il mettait en branle, par les mots, des pensées superficielles et habituelles; pas de quoi renverser une armée.

« Il est étrange, vous remarquerez, de voir combien ceux qui ne savent pas se courroucent de l'incompétence de ceux qui savent. Je crois me souvenir de ce conte que l'on raconte aux enfants de Vivesaigues. Vous le connaissez peut-être, Messire. L'histoire de ce Roi qui redoutait terriblement l'annonce de la mort de son fils le plus cher de tous. Il mit à mort tous ceux qui risquaient de lui apprendre, si bien qu'il en oublia la nouvelle. Un beau jour, il quémanda de porte en porte à qui voulait bien l'entendre pour quelle raison personne ne voulait rien lui dégoiser. Une servante, n'ayant point connaissance de qui posait cette question à travers une porte de bois lui répondit "Mon bon m'sieur, sachez que si vous saviez que'qu'chose, vous ne seriez pas là à d'mander à c'qu'on vous parle !" »

Varys rit de bon coeur à l'histoire qu'il racontait. Toujours cette légèreté mielleuse et poudrée qui avait de quoi en irriter plus d'un.

L'eunuque aimait ces petites histoires racontées dans quelques auberges. Il aimait à prendre les mots et l'accent de quelques paysans, faisant un bon raconteur de bonnes histoires en fin de soirées. Mais la certitude qui se cachait derrière ces apologues restait que l'Araignée dispensait quelques enseignements. Il se permettait, sous couvert de la fiction, des choses que certains Seigneurs n'auraient jamais imaginé dire à la famille royale ou au Prince lui-même. Mais ce qu'il y avait de plus étrange, c'était qu'ils en redemandaient. Si Varys dérangeait concrètement, on l'aurait débarqué depuis longtemps. Il disait ce que personne n'osait dire, mais son importance dans les affaires politiques faisait qu'on ne lui tenait guère rigueur du message. Contrairement au précepte qui veut que le messager est toujours coupable du message qu'il transmet.

« Savoir quelque chose, Mon Seigneur, c'est prendre le risque qui entoure ce savoir. Je ne suis qu'un humble étranger. Qui me pleurera s'il m'arrive malheur? Hélas personne. Mais vous, cher Prince, que ferions-nous si ceux qui ont des secrets à préserver s'en prennent à votre personne? L'information est un danger, Messire. Je ne saurais souffrir de vous mettre en danger en vous révélant des secrets. J'escompte que vous ne m'en tiendrez point rigueur. »

Varys fit une mielleuse moue affectée et lança au Prince un regard plus que perçant.
En effet, il y avait certaines choses qui se trouvaient mieux cachées. Il risquait beaucoup en les apprenant, mais il avait également les moyens de se protéger. Mais au-delà de tout, les secrets que l'eunuque connaissait dépassaient quelques normes du commun. Dépassaient les hiérarchies, les pouvoirs, les Etats.

« Je me dirigeais d'un pas non moins investi vers les appartements de sa Majesté votre Père. J'ai en effet à m'entretenir avec lui. Veuillez donc m'excuser. Je vous laisse à la liberté de votre cher temps. »

Varys fit une révérence presque outrancière tant elle était zélée. Sourire mielleux de nouveau, puis il s’éclipsa dans un mouvement de robes et de citron qui avait de quoi donner le tournis.
Mains jointes devant son ventre gras, manches soyeuses pendantes, il disparut en quelques secondes des champs de vision.


    « Presque tous les hommes, frappés par l'attrait d'un faux bien ou d'une vaine gloire, se laissent séduire, volontairement ou par ignorance, à l'éclat trompeur de ceux qui méritent le mépris plutôt que la louange. » ♦ N. Machiavel
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