[Flashback] May the odds be ever in your favor. [PV Lynce]

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May the odds be ever in your favor.

Raydrick Serrett | Lynce Hightower

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An 289

Les deux cavaliers partirent au galop, chacun fonçant sur l'autre sans faillir, les lances brandies et prêtes à faire leur oeuvre. Les deux montures remontèrent la lice en quelques instants à peine, et le craquement du bois sur les boucliers fut semblable à un coup de tonerre. L'un des cavaliers chuta, tombant de son cheval sans la moindre once de grâce, et finissant sur le dos, le souffle coupé, alors que son destrier continuait sur encore quelques mètres, avant de s'arrêter une fois qu'il eut réalisé que son maitre n'était plus sur sa selle. L'autre jouteur fit le tour de la lice sous les acclamations de la foule, alors que le perdant se remettait tant bien que mal de sa défaite. Une fois que les deux jouteurs eurent débarassé le plancher, deux autres se préparèrent à entrer en piste.
Raydrick n'était pas de ceux-çi. Et en toute honnêteté, il ne les enviait pas plus que ça. Il avait bien assez combattu lors de la Rébellion des Greyjoy. Avec les troupes qu'il avait réussi à faire embarquer sur la flotte de Stannis Baratheon, il avait prit d'assaut Salfalaise, laissant à d'autres récolter les honneurs d'être le premier à poser le pied à Pyk. Si Raydrick ne participait pas au tournoi organisé par les Lannister pour fêter la victoire - et qui était à la hauteur des moyens de ces derniers - , c'était tout simplement parce qu'il avait été blessé. Le jeune homme avait reçu une flèche dans son bras d'épée. La blessure, loin de le priver de son bras, était toutefois assez gênante pour le forcer à rester dans les gradins. Mais cela ne l'empêchait nullement de profiter du tournoi pour fêter la victoire comme il se devait. Ou plutôt, comme un homme marié, père et respectueux de ses voeux se devait d'agir. Mais il connaissait plus d'un seigneur sans scrupules qui devaient profiter de l'évènement pour aller voir si l'herbe était plus verte dans le pré d'à-côté.
Reportant son attention sur les chevaliers, il les regarda en détail pendant qu'on les présentait au Roi. L'un d'eux, il avait entendu son nom sur plus d'une paire de lèvres depuis la fin des combats. Le nordien, de quelques années plus vieux que lui, avait été fait chevalier en récompense de sa bravoure lors du siège de Pyk, car il avait été l'un des premiers à prendre d'assaut les murailles du château. Et ce Jorah Mormont portait à présent les couleurs de la Maison Hightower en plus des siennes. Il avait du s'enticher d'une des filles de Lord Leyton, mais Raydrick n'aurait su dire laquelle. Et c'est le chevalier qui lui offit lui-même la réponse à cette question. Il jeta un coup d'oeil dans les gradins, en direction d'une jeune femme d'une vingtaine d'années. Visiblement, ce nordien avait l'oeil pour les belles choses. Même Raydrick ne pouvait que remarquer sa beauté. Mais il se demandait pourquoi la jeune femme avait accepté que le Mormont porte les couleurs de sa Maison. Et le paon n'aimait pas rester sans réponses. Surtout qu'il ne lui coutait rien d'aller demander à l'intéressée.
Se rendre jusqu'au gradin ou siégeait la jeune femme lui prit plus de temps que prévu, la foule étant dense, et il fut contraint de faire un détour pour éviter la zone ou les jouteurs se préparaient pour leur moment de triomphe. Ou de honte. Le sire de Silverhall arriva près de la jeune Hightower au moment ou Mormont envoyait son adversaire s'écraser lourdement au sol. Se trouvant une place sur le banc juste au-dessus de celui de la demoiselle, Raydrick se pencha, avant de dire avec amabilité:

- Loin de moi l'idée de vous importuner noble dame, mais je tenais à vous féliciter. Vous avez trouvé un champion des plus valeureux pour défendre vos couleurs.

Sur ces mots, il pointa le nordien avec son index, tout en s'autorisant un sourire. Il allait laisser à la jeune dame tout le loisir de deviner comment il avait compris qu'elle était une Hightower, alors que rien ne le laissait paraitre au premier abord. Avec de la chance, le chevalier avait trouvé une perle, en tombant amoureux d'une femme à la tête aussi pleine que bien faite...

Lynce s’extasiait devant les chevaliers se fonçant l’un sur l’autre à toute allure, mais chaque fois que les lances se brisaient elle se détournait et fermait les yeux avec un petit couinement, de peur de voir d’horribles choses. Elle était parfaitement consciente des risques que les jouteurs prenaient et bien que le sport l’exalte dans ce qu’il avait de beau et de chevaleresque, elle n’en appréciait que peu la violence extrême. Elle détestait quand il y avait des blessés ou des morts, elle allait les visiter et prier avec eux en leur tenant la main, essayant de le réconforter de ces caresses et de ses chansons, de son regard de velours. Elle avait 17 ans et elle était la plus belle des jouvencelles, magnifiquement naïve et ingénue, magnifiquement douce et sensuelle, trop, peut-être… Car elle n’était plus vierge depuis un moment…

La brune avait donc entendu la chute et faisait de nouveau face au vainqueur sans un regard pour le vaincu. Elle applaudissait avec un sourire franc mais aussi une certaine retenue dans ses gestes. En bonne noble éduquée qu’elle était, elle ne pouvait décemment faire comme toutes ces vulgaires roturières à acclamer le chevalier comme si leur vie en dépendait, toutes poitrines dehors à hurler comme des poissonniers. Quelle vulgarité !
Elle en revanche, était tout sauf vulgaire, elle portait une robe de soie verte avec de larges manches fendues à partir de ses frêles épaules, des émeraudes aux oreilles, à un doigt et autour du cou attaché à une fine chaîne d’or blanc. Ces longs cheveux bruns étaient coiffés en un chignon complexe puis descendaient dans son dos presque jusqu’à ses fesses et ils étaient ornés de rubans assortis et de petits anneaux d’argent ciselé.

La flotte du Bief avait pris une grande part dans la victoire que l’on célébrait ce jour par ce tournoi, mais la jeune fille n’avait dieux que pour les beaux chevaliers qui défilaient sur la lice, elle n’avait que faire de la guerre. Elle en avait quelque peu souffert, car à grand tour quand les hommes étaient en mer, il régnait une ambiance maussade, plus de musique et plus de rires, plus de cavalcades. Mère passait des heures sur les remparts à attendre le retour de ses hommes et Lynce s’ennuyait à mourir. Plus vite cette guerre serait oubliée, plus vite la brunette pourrait retourner à sa vie insouciante, et c’était pour le mieux, car la guerre, vraiment ça n’était pas drôle. Son père lui avait manqué, et ses frères n’en parlons pas, et les autres hommes de Gran-Tour aussi. Même si elle ne les guettait pas depuis le haut des remparts de la citadelle, elle n’en était pas moins affectée. Plus personne à qui faire du charme, plus personne à embrasser au détour d’un couloir, plus personne pour la complimenter sur sa tenue, à vanter sa beauté, à lui demander de chanter avec les yeux pleins d’émerveillement. Trop de femmes dans une même maison et les tensions éclataient au grand jour, cette fois, ses sœurs s’étaient révélées encore plus insupportables que d’habitude, elle en avait parlé à père mais il lui avait semblé distant. C’était probablement le contrecoup de la bataille, il reviendrait vers elle, al prendrait dans ses bras, l’embrasserait et irait ordonner aux autres de cesser de médire et de la laisser jouer avec elles.

A l’arrivée de Ser Jorah, Lynce mit sa main sur le cœur et sourit de plus belle en faisant un petit signe de tête à l’intéressé qui avait tenu à porter ses couleurs. Pas qu’elle l’aime vraiment, il était grand, pas vraiment laid mais plutôt vieux, un peu bourru, mais cela le rendait attachant. Cependant, elle était très fière que le vainqueur de Pyk porte ses couleurs et puis elle aimait trop qu’on l’aime pour garder ses distances, elle aimait son regard sur elle, ses attentions et ses gentillesses à son égard. Elle adorait plus que tout le voir sombrer dans un amour qu’elle ne ressentait pas mais qui redonnait vie à sa beauté et à sa grâce, jouer avec son petit cœur battant. Elle se délectait de la folie passionnelle qui s’emparait de sa chair chaque secondes un peu plus. Comme il est bon de se sentir aimée, admirée, adorée, de savoir qu’un homme, les hommes, sont prêts à tout pour vous, prêts à gagner pour un regarde de votre part, prêt à mourir pour obtenir votre amour.

La jeune femme ne l’aimait pas, mais elle aimait qu’on l’aime et comme elle n voyait plus l’amour dans les yeux de son père, elle se raccrochait à ce sentiment qu’un autre père l’aimait, même s’il ne l’aimait pas comme un père. Cette fois, elle se força à ne pas détourner le regard, s’il perdait, elle voulait le voir s’écraser par terre et s’il gagnait elle voulait pouvoir exulter intérieurement. Heureusement il remporta la joute et elle serra discrètement les poings en signe de victoire avant d’applaudir avec un peu plus d’enthousiasme que d’habitude et le plus doux des sourire pour son champion. Et alors qu’il la dévorait des yeux avant de quitter la piste, un homme se pencha vers elle pour lui parler.

Lynce se tourna vers lui et malgré tous ses efforts, ne parvint à mettre un nom sur ce visage tout plein de poils, dommage, elle n’aimait pas ignorer comment appeler les gens, elle se contenta donc de sourire et de lui faire une signe de tête en remerciement. D’une voix suave elle dit alors :

__ Je vous remercie, c’est vrai que j’ai bien fait de parier sur Ser Jorah, rien ne l’arrête aujourd’hui. » Tendant une main gracieuse vers le nouveau venu elle reprit. « Lady Lynce Hightower, mais vous le saviez déjà puisque vous avec reconnu les couleurs de Villevieille sur mon champion. En revanche, aucun chevalier ne porte les vôtres, qu’elles sont-elles ? »

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Raydrick Serrett | Lynce Hightower

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La jeune femme se retourna, avant de lui adresser un sourire suivit d'un signe de tête. Puis elle lui confirma ses soupçons, à savoir qu'elle était bien une fille de Lord Leyton, tout en lui tendant une main, Raydrick effectuant un baisemain dans les règles de l'art. Autrement dit, sans que ses lèvres ne touchent la main de la jeune Lynce. Lorsqu'elle lui demanda quelles étaient ses couleurs, lui faisant remarquer au passage qu'aucun chevalier ne les portait, le jeune seigneur sourit, avant de reporter brièvement son attention sur la lice, ou deux autres chevaliers se préparaient à entrer en piste.

- Non, il est vrai qu'aucun chevalier ne porte mes couleurs. Je suis Lord Raydrick Serrett, Sire de Silverhall.

Jetant un regard sur la lice, ou les deux chevaliers se préparaient à jouter, il aperçut sur l'un d'eux le blason des Frey. Retenant un soupir, le paon le regarda s'emparer de la lance et du bouclier tendus pas un écuyer. Difficile de dire ou ce Frey se situait dans l'arbre généalogique du vieillard à moitié sénile qu'était Walder Frey. Si les souvenirs de Raydrick étaient corrects, le Tardif en était déjà à sa septième épouse. Et il avait plus de marmots n'importe quel autre seigneur de Westeros, le Roi Robert y compris, qui avait pourtant la réputation de semer des bâtards partout ou il allait. De toute façon, Raydrick n'aimait guère les Frey. Surtout depuis que le seigneur des Jumeaux avait d'arranger un mariage entre une de ses filles et le fils ainé de Raydrick, Edwin. Et malgré toute sa bonne volonté, Raydrick n'avait pu que refuser, surtout quand il avait apprit que la fille en question était en réalité une bâtarde. Et il était hors de question qu'il arrange un mariage pour son fils alors qu'il n'avait que six ans. Refus qui avait bien évidemment mit le vieux Frey dans une colère noire, ayant proféré tout un chapelet d'injures que le messager de Raydrick avait prit un malin plaisir à lui rapporter. Détournant le regard, il reporta toute son attention sur la jeune Lynce, avant de dire avec amabilité.

- Loin de moi l'idée d'être indiscret et impoli mais...pourquoi avoir laissé ce Mormont porter vos couleurs? Pourtant, il y a des chevaliers bien plus séduisants et bien plus capables que lui. Et je suis certain que les chevaliers qui rêvent de vous avoir dans leur lit sont nombreux.

Sur la lice, les deux chevaliers s'élancèrent, talonnant leurs montures. Les lances se brisèrent en heurtant les boucliers, et Raydrick ne put retenir une brève exclamation de joie lorsqu'il vit le Frey tomber de tout son long, finissant cul par dessus tête dans un impressionnant fracas d'armure. Laissant échapper un ricanement, il regarda le Frey se relever péniblement, avant de s'exclamer:

- Mes excuses, mais j'ai eu quelques légers différends avec Walder Frey récemment. Depuis...voir un rejeton du Tardif tourné en ridicule me procure une grande satisfaction. Mais pour en revenir à ce que nous disions, les prétendants ne manquent pas. Par exemple, de l'autre côté de la lice, au troisième rang, légèrement à votre gauche. Le chevalier avec un pourpoint vert n'a pas cessé de vous dévorer des yeux depuis mon arrivée. Et probablement bien avant...

Il laissa le temps à Lynce de vérifier ses dires, profitant de ce bref instant pour jeter un coup d’œil en direction du sud. Là ou se trouvait son foyer. Sa famille lui manquait terriblement. En particulier sa fille, qui n'avait que quatre ans, mais qui ressemblait déjà tant à sa mère. Son fils aussi lui manquait. Raydrick se souvenait parfaitement de la réaction de son fils lorsqu'il lui avait offert une épée en bois. Sa femme aussi lui manquait, comme à chaque fois qu'il était obligé de partir loin de chez lui. Mais le paon noir gardait à l'esprit qu'une fois ce tournoi terminé, il pourrait de nouveau les revoir...

Oui, cela lui rappelait bel et bien quelque chose, elle fouilla dans sa mémoire de brillante et studieuse jeune fille.

__ Silverhall, Silverhall… un paon rouant sur champ crème si je me souviens bien de mes leçons un vassal de Castral Roc. » Elle sourit et reprit de sa voix aussi suave que son regard enjoué. « Je suis ravie de faire votre connaissance Messire Raydrick Serrett. Les occasions de rencontrer des habitants d’autres régions que le Bief sont trop rares pour être négligées. Avez-vous déjà visité Villevieille ? »

Reportant à son tour son regard sur la lice, elle aperçut elle aussi el Frey et murmura avec un sourire et pour autant sans prendre plus de précaution que cela pour ne pas qu’on l’entende. Que pouvait prétendre un Frey face à une Hightower ?

__ Le problème avec les Frey, c’est qu’on ne sait jamais s’ils sont des fils, des petits fils ou des bâtards… »

Un grand mépris pour ses arrivistes du Conflans se percevait dans le ton employé et elle ne s’en cachait pas, elle n’avait aucune considération sur ces gens qui, aussi fortunés soient-ils étaient pour elle à peine nobles. Les Hightower étaient issus d’une Maison millénaire qui avait été des siècles à la tête du Royaume de Villevieille jusqu’à ce que celui-ci soit rattaché pacifiquement au Bief. Elle posa un regard plein d’espièglerie sur le fameux Lord tout plein de poils et de cheveux. Elle n’était pas franchement habituée à voir des nobles ressemblant plus à des ours, mais elle ne s’en offusquait pas car il y avait dans les rues et le Port de sa ville natale des choses bien plus étranges encore que des Lords qui ressemblent à des sauvageons. De plus, s’il leur ressemblait, il n’en était pas un et ne se comportait pas comme tel, bien au contraire. La perfection de son baise main et la courtoisie de ses paroles allié à la gentillesse dont il faisait preuve faisait de lui une compagnie des plus agréable.

Indiscret, il l’était, mais surtout discourtois contrairement à ce qu’elle pensait un instant plus tôt. Parler ainsi de lit et du désir des hommes à une jouvencelle. Certes la brune n’était plus vierge depuis quelques années déjà, mais c’était un secret bien gardé et ceux qui avaient le malheur de le lui rappeler en des termes méprisants finissaient mal. Elle resta de marbre et, se tournant vers Lord Serrett en plongeant son regard de braise dans le sien, elle répondit avec assurance.

__ Nombreux sont ceux qui voudraient porter mes couleurs, plus nombreux encore sont ceux qui me voudraient dans leur lit comme vous dites, mais un seul d’entre eux aura l’honneur de m’épouser Messire. J’ignore encore lequel, mais j’espère qu’il m’en fera la demande comme Ser Jorah m’a demandé de porter mes rubans. Car dans ces yeux, il n’y avait pas le désir de m’exhiber à son bras et de faire de moi sa chose, comme j’ai eu trop souvent l’occasion de le voir dans le regard que les hommes posent sur moi. Dans ses yeux il y avait le véritable amour, le véritable désir, la dévotion et la passion, l’admiration et la seule ambition de me satisfaire. Je préfère qu’on chante l’amour que me porte mon époux plutôt que les bâtards qu’il sème dans les Sept Couronnes, et c’est mieux encore si on chante sa victoire, car quoi que vous en pensiez, il a été capable d’être parmi les premiers sur les remparts de Pyk. »

Contrairement aux apparences, se réplique ne faisait pas allusion à la Reine et à Robert, mais il est vrai que, son cœur naïf d’enfant gâté était encore éloigné de toute considérations pécuniaires. Elle ne voyait en Jorah qu’un homme parmi tant d’autre à qui donner ses rubans et si elle ne faisait jamais portée ses couleurs à plus d’un homme à la fois, il y en avait eu d’autres, peut-être plus séduisants, plus jeunes, et plus riches, mais aucun qui n’avait eu son regard. De plus, cet homme était de celui dont on chantait les louanges de Villevieille à Castral Roc grâce à sa victoire sur les Îles de Fer, c’était bien suffisant pour une enfant de 17 ans. Sans compter que, pas un seul instant, elle n’imaginait que le Mormont irait gagner le Tournoi, demander sa main et encore moins que Leyton la lui accorderait. Peut-être que si elle avait pu voir l’avenir dans les flammes crépitantes du banquet de la veille, elle n’aurait point cédé à la demande pleine d’admiration du chevalier tout juste adoubé du Nord.

Mais comme à son habitude, Lynce se détourna du fracas de bois et de cavalier, cette fois en posant ses mains sur l’épaule de Raydrick et en se cachant derrière lui tant le choc fut brutal et les fracas de l’armure du Frey difficiles à supporter pour elle.

__ Pardonnez-moi, Messire. » S’excusa-t-elle en le lâchant et en se redressant, posant sur lui des yeux de biche honteuse.

Après tout, c’était maladroit, mais sa phrase de tout à l’heure, c’était bien des avances non ? C’était en tout cas ce qu’elle pensait et elle adorait ça.

__ Je ne vous en voudrais pas de les haïr, je ne les porte pas moi-même dans mon cœur, les Frey sont des arrivistes tout justes sortis de la boue dans laquelle ils sont nés. Ils n’ont pas besoin de tomber pour être ridicules, mais c’est toujours plaisant de voir les gens retourner à leur place. »

Lynce observa et remarqua avec plaisir qu’il avait raison, cela dit-elle en avait déjà remarqué d’autres avant.

__ Il me dévore des yeux, mais il n’est pas venu me parler, que ferais-je d’un homme qui me regarde mais n’agit pas ? »

Elle sourit à Raydrick qui paressait perdu dans ses pensées.

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Raydrick Serrett | Lynce Hightower

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Retournant au moment présent, Raydrick sourit derrière sa barbe. Décidément, cette Lynce était une jeune femme des plus intéressantes. Elle était intelligente, et n'avait pas la langue dans sa poche. Or, la franchise était une qualité que le seigneur de Silverhall appréciait, même quand c'était pour qu'on lui dise ses quatre vérités. Certes, se faire envoyer ses défauts à la figure ne faisait jamais plaisir à personne, mais il fallait quand même des tripes pour être franc. Et aussi une tête bien pleine. Parce qu'être franc avec n'importe qui pouvait se révéler fatal.
En tout cas, la jeune Hightower aimait les Frey autant que Raydrick. Pour des raisons certes très différentes, mais le résultat était le même. Et intérieurement, il se félicita de ne pas être d'une Maison qui avait suivit le même chemin que les habitants des Jumeaux. Sinon, l'accueil de Lynce n'aurait peut-être pas été aussi...amical. Et oui, cette jeune femme ne mâchait décidément pas ses mots, surtout à propos de son prétendant.

- Oh, vous savez, il pense peut-être que je suis un autre de vos...soupirants, et que sa chance vient de lui filer sous le nez. Mais qu'il se rassure. Je suis marié, père de famille, et je n'ai aucunement l'envie de semer des bâtards au quatre coins de Westeros.

Au moins, en cela il se différenciait de la moitié des nobles venus assister à ce tournoi. Qui allaient très certainement profiter de l'absence de leurs dames pour aller écumer la moitié des bordels de Port-Lannis, laissant l'autre moitié à leurs hommes. Et puis au moins, sa remarque permettrait à la jeune femme qu'il n'était pas venu la voir dans le but de la séduire, si jamais elle avait eue de telles pensées.

- Mais concernant votre prétendant un peu...timide, envoyez-le paitre, c'est le meilleur conseil que je puisse vous donner. Un homme qui n'est pas prêt à se battre pour ce qu'il aime, et dans notre cas, celle qu'il aime, ferait mieux de retourner d’où il vient et de continuer à dilapider sa fortune en filles de joie.

Jetant un nouveau coup d’œil au tournoi, il eut la satisfaction de voir Jaime Lannister se présenter devant le Roi, dans son armure d'un blanc éclatant. L'un des plus jeunes, et l'un des plus talentueux membres de la Garde Royale. Mais dont le nom était aussi associé à une triste réputation. Raydrick avait vu de ses propres yeux le cadavre d'Aerys Targaryen dans la salle du Trône, et Jaime assis sur ce dernier. Ce jour-là, la foi indéfectible de Raydrick envers les Lannister s'était brisée à jamais. Mais cela ne l'empêchait pas de respecter ses suzerains malgré tout...

HRP:

En apprenant que Raydrick était marié, père de famille et surtout qu’il semblait fidèle, en tout cas c’est ce qu’il prétendait, Lynce fut extrêmement désappointée. Jamais encore un homme n’avait prétendu lui résister et son idée première fut qu’il la mettait au défi de lui faire oublier épouse et descendance. Elle le pouvait sans aucun doute, mais méritait-il qu’elle relève le défi, elle n’en était en cet instant pas certaine. Elle le fixa un bon moment en réfléchissant. S’il ne la désirait pas, pourquoi était-il venu la voir. Par simple curiosité envers les couleurs que portaient Jorah Mormont ? Par curiosité pour elle ? Pour rendre le rougissant chevalier jaloux ? Pouvait-il avoir un fils de son âge ? Quel âge avait-il lui-même d’ailleurs ? Elle n’en savait rien et c’était difficile à définir avec tout ce poil. Il était possible qu’il ait un fils d’une grosse quinzaine d’années, et que rêver de mieux pour lui que la plus belle des Dames de Grantour. Elle préféra donc attendre d’en savoir plus sur ses intentions plutôt que de tenter l’Etranger à vouloir aller trop vite en besogne et tirer la moindre conclusion de cette conversation.

__ Je suis ravie pour vous, Messire. J’imagine que votre épouse est à la hauteur de votre dévouement, vous êtes l’un de ceux qui respecte ses serments et je ne peux qu’applaudir. »

Dit Lynce avec un doux sourire en se demandant si elle devait le croire ou non. Tant d’hommes mentent, surtout pour une femme, surtout pour avoir ce qu’ils ne peuvent avoir, ce qu’ils ne devraient pas même penser à obtenir. Elle n’en était pas à sa première observation de ce dont certains hommes étaient capable pour une femme, et ce sans même en revenir à la rébellion de Robert qui n’avait eu pour seule cause que l’incapacité de Lyanna de s’en tenir à un seul fiancé. Heureusement cette dernière était morte et elle ne lui faisait plus d’ombre, si tant elle qu’elle aurait pu lui en faire. Dire qu’elle avait eu le cœur du Prince, cette… femme. Elle méritait son sort, en revanche, elle avait mis le royaume à feu et à sang et avait précipité la chute de la dynastie Targaryen, cela la brune se demandait si elle l’avait payé assez cher. Oh, probablement oui, elle avait dû s’en mordre les doigts en apprenant que son frère et son père avaient brûle vif et que le pays s’embrasait. Elle avait dû s’en vouloir jusqu’à son dernier souffle la catin de Raeghar, et pleurer toutes les larmes de son corps en voyant la défaite de son amant et la victoire de son promis, mais aussi tout ce que cela avait couté à tous… Pauvre Elia, elle, elle était une femme bien, elle ne méritait pas son sort et pourtant elle aussi avait payé cher la tromperie de son époux, plus cher que nulle autre.

__ Je n’aurais probablement pas même besoin de m‘envoyer sur les roses. S’il avait dû venir me parler, il l’aurait déjà fait, et s’il ne vient pas me parler, il ira encore moins parler à mon père. Ce dernier n’est pas toujours d’un abord facile et il hait les couards, plus encore que les idiots. »

La jeune femme regardait la lice avec un œil perçant, bien d’accord avec Raydrick sur le fait qu’un homme qui n’était pas prêt à se battre pour elle ne la méritait aucunement. Elle se tourna ensuite vers le Sire de Silverhall et reprit :

__ Mais, je me demande une chose. La plupart des hommes qui viennent me parler, ne viennent pas pour me dire qu’ils sont mariés et me parler des autres hommes. Ils viennent pour me conter leurs exploits, leurs richesses et leur amour pour moi, pour me dire qu’ils en ont oublié tout sens commun, qu’ils ont oublié leur famille et leur femme, et jusqu’à leurs maîtresses en m’apercevant. Or, si ce n’est pas votre cas, pourquoi me parlez-vous ? Je ne puis croire que vous vous êtes frayé un chemin jusqu’ici uniquement pour me prodiguer ce conseil. Ne le prenez pas mal, votre présence m’est des plus agréable, cela m’évite bien des désagréments d’être accompagnée d’un homme capable de me prémunir contre les avances des autres sans m’en faire lui-même. Mais si vous continuez à me rendre service sans rien demander en retour, un simple merci ne sera plus suffisant… »

Jaime entra alors en lice après que les chevaliers précédents se soient départagés.

__ Si vous faites partie de l’Ost des Lannister, vous deviez être présent au Sac de Port-Real. Était-ce aussi terrible que ce que l’on rapporte ? J’ai, voyez-vous, du mal à croire que Ser Jaime ait agit ainsi quand je le vois si fier sur son destrier et prêt à vaincre quiconque entrera en lice contre lui… Moi qui ait toujours tenu les Lannister en haute estime, je ne sais pas si je dois être déçue, dégoûtée ou si je ferais mieux de ne pas croire tout ce qu'on dit. »

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Raydrick Serrett | Lynce Hightower

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Lynce se tourna vers lui, avant de demander à Raydrick la raison de sa venue. Elle avait raison quand elle disait qu'il n'était pas venu ici dans le but de lui prodigue quelques conseils. Même si elle avouait volontiers qu'elle appréciait sa compagnie, elle restait tout de même intriguée par sa venue. Le jeune seigneur ne s'en offusqua pas plus que ça. Il était normal qu'une telle visite puisse au mieux l'intriguer, et au pire la déconcerter. C'était assez rare qu'un homme aborde une femme pour le simple fait de lui parler, et donc d'assouvir sa curiosité. Mais au moins, lui n'avait pas besoin de mentir et de trouver une quelconque raison à sa présence, plutôt que d'avouer qu'il était là pour des raisons bien moins nobles.

- Hé bien...j'étais curieux. Je me demandais quelle genre de femme vous étiez. Je me demandais quel genre de femme avait pu faire chavirer le cœur de Ser Mormont. Autant vous dire que notre petite conversation m'a permit d'avoir quelques réponses. Et je n'ai jamais rien demandé pour pouvoir vous parler, vous n'avez donc pas besoin de m'offrir quelque-chose en compensation.

Lorsqu'elle lui parla du Sac de Port-Réal, Raydrick se rembrunit, se forçant à rester le plus calme possible. On lui avait dit que ça avait été terrible? Elle n'avait pas idée à quel point. Ce jour-là, Raydrick avait découvert avec une horreur à peine voilée que les Hommes pouvaient se révéler être bien pire que des bêtes sauvages, reniant volontiers tous leurs beaux principes pour la simple satisfaction de s'amuser avec des pauvres femmes innocentes, qui pleuraient toutes les larmes de leur corps en priant pour qu'on les égorge. Le Sac avait été une boucherie sans nom, et Raydrick avait fait son possible pour que ses hommes se conduisent avec honneur. Même tant d'années après, il lui arrivait toujours de voir son sommeil agité par une quelconque horreur dont il avait été témoin ce jour-là.
Et concernant Ser Jaime...Raydrick n'avait jamais vraiment su quoi en penser. Tout ce qu'on savait, c'était qu'il avait planté son épée dans la bedaine de son Roi, avant de s'asseoir sur le Trône de Fer. Pour ce qu'il en savait, le Lannister s'était toujours conduit avec honneur. Il devait bien y avoir une raison pour qu'il agisse ainsi. Mais le seul à savoir quelle était cette raison était Jaime lui-même.

- Ce qu'il s'est passé dans le Donjon Rouge ce jour-là a toujours été relativement méconnu. Tous savent que Ser Jaime est responsable de la mort du Roi Fou. Mais nous ne savons pas pourquoi. Ne croyez pas toutes les rumeurs qu'on raconte sur lui. Peut-être a-t-il agi pour une bonne raison. Et sans son acte, la guerre aurait pu se continuer encore longtemps.

Laissant un bref silence s'installer, il passa une main dans sa barbe, avant d'ajouter:

- Et le Sac de Port-Réal...est un évènement dont je n'aime pas parler. Une tâche sur mon honneur que j'essaye d'effacer depuis des années...

Puis il se força à sourire, afin de ne pas se laisser submerger par la colère et la honte qu'il éprouvait à chaque fois qu'il repensait à cet évènement. Alors qu'il voyait du coin de l'œil Ser Jaime mettre à terre son ennemi avec brio, comme à son habitude, il se pencha, avant de dire d'une voix qui se voulait chaleureuse:

- Et sinon, comment trouvez-vous l'Ouest? Mon dernier voyage dans le sud du Bief remontant à quelques années, je ne sais plus trop à quoi ça ressemble.

La simple curiosité, Lynce avait du mal à y croire, mais elle était encore jeune et malgré son éducation et son intelligence elle restait relativement naïve, elle se contenta donc de cette réponse tout en étant persuadée qu’il venait surtout pour pouvoir l’admirer de plus près. Naïve et très narcissique…
Après tout être un homme marié n’empêchait pas d’apprécier les belles choses, surtout quand cette belle chose était dotée d’un cerveau pour parfaire le tableau. Qu’il ne trompe pas son épouse, ou même qu’il la trompe même, si cela lui chantait, avec qui il voudrait, peu importait, tant que, dans son esprit, le souvenir indélébile de Lynce Hightower, la beauté de Gran-Tour. On admire bien les œuvres d’art, et ce sans les toucher, de loin, comme on regarde le ciel ou l’horizon, en se demandant toujours ce qu’il recèle de secrets et de mystères. La brune se considérant comme une œuvre d’art façonnée à la fois par la nature et pas la culture, probablement l’une des plus réussies de ce temps, elle n’avait aucun problème à imaginer qu’on vienne se perdre dans sa contemplation. Elle fut néanmoins déroutée d’entendre que Raydrik en avait tant appris sur elle lors de cette entretient, elle sen voulut de n’avoir pas été plus finaude et de s’être ainsi découverte, il fallait qu’elle fasse plus attention.

En guise de réponse, elle sourit comme si de rien n’était, comme si elle le croyait, comme si elle-même n’avait tiré de cette conversation aucun enseignement, mais maintenant, c’était son tour de jouer.
Et en voyant sa mine s’assombrir à la simple évocation du Sac de Port-Real, elle sut, sans vraiment en prendre la pleine mesure du fait de son âge. Elle sut l’horreur que cela avait été, elle sut le dégout et la honte que cela suscitait chez le Sire de Serrett. Elle sut qu’à la guerre, les hommes sont des bêtes fauves avides de mort, de sang et d’innocence lâchées parmi les vivants. Elle sut que ce qu’on racontait était vrai et probablement édulcoré quand on en parlait à une jouvencelle de haute naissance comme elle. Elle comprit combien elle avait été chanceuse de n’être point au Donjon Rouge ce jour-là, combien elle était chanceuse de n’être point à la place d’Elia Martell. Elle el compris si bien rien qu’en regardant les yeux de cet homme qu’elle eut un haut le cœur de terreur et les larmes aux yeux. La peur qu’avait dû ressentir la Princesse s’empara d’elle et elle resta figé plusieurs secondes les yeux dans ceux de Raydrick sans rien pouvoir répondre. Elle avait toujours voulut être Reine et elle était persuadée qu’elle le serait un jour, jamais elle ne laisserait cela arriver lorsqu’elle le saurait, mais il était aisé de se mettre à la place de la pauvre femme.
Elle voulait juste jouer…

Elle finit tout de même par se reprendre et baissa brusquement les yeux puis répondit en lissant sa robe :

__ Il est vrai que par ce simple geste, Ser Jaime a mis fin à la guerre en remplaçant le Roi Fou par un Roi… nouveau. »

De toute façon, les Targaryens sont désormais trop dégénérés par les mariages incestueux pour régner et le Baratheon ne vaut pas un clou dès lors qu’il a le cul vissé sur un trône et non sur un cheval. Les Feunoyr auraient dus gagner cette foutue guerre, cela nous aurait évité bien des problèmes et des morts. Pensa-t-elle avec un doux sourire dessiné d’une main de maitre sur ses lèvres pleines sans dire un mot de ce qu’elle pensait vraiment depuis toujours.

Quant à son jeu, il était beaucoup moins amusant que prévu, Raydrick n’était pas homme à cacher ses sentiments sur le Sac de port-Real, le simple fait qu’il avoue ne pas aimer en parler en disait long. Lynce aurait pu être déçue, mais en réalité elle était ravie, cela lui prouvait que tous les hommes n’étaient pas, finalement, de sombres rustres assoiffés de sang, pas tous, pas lui. Peut-être qu’il restait un espoir. Aussi fragile et lointain soit-il, il était là, dans le cœur du Sire de Serrett, dans le sien, dans celui de son père et peut-être de quelques autres comme Jorah. L’amour et la passion, la bonté et la douceur, tout cela plutôt que la guerre, mais tôt ou tard elle reviendrait, car le monde était ainsi fait et que pour que le Roi change, il fallait d’abord qu’il tombe…

__ Vous êtes déjà venu à Villevieille ? Vous avez vu Gran-Tour ? » Répondit elle avec un sourire tant elle aimait a ville et la forteresse millénaire de la grande Maison Hightower. « Castral Roc a un charme certain, un sorte de force s’en dégage indéniablement, cependant, sans vouloir vous faire offense, je crains préférer le Bief. Les montagnes ne vaudront jamais à mes yeux ses champs verdoyants, ses fleurs et leur parfum qui au petit matin embaume la campagne. Mais je ne doute pas que vous aimez vos terres aussi fort que j’aime les miennes… »

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