« La danse des poignards »

On lui avait donné une adresse, préciser qu’elle ne devrait pas voyer seule, qu’elle ne devrait même pas accepter ce contrat mais la curiosité de Kashina avait été piqué à vif lorsqu’on lui conta cette étrange transaction, la façon de faire, elle n’avait pas l’impression de voir de la dangerosité dans les gestes qu’on lui décrivait mais plutôt de la peur ou peut-être une certaine forme de honte ? Tant et si bien que malgré les recommandations, elle acceptait de voir ce nouveau client, elle ne voyagea pas seule, aucune courtisane le faisait, bien trop précieuse aux yeux de Braavos, des hommes braves étaient toujours prêt à les servir et les protéger. Sa surprise ne fut pas des moindres lorsqu’ils posèrent les yeux sur l’habitation, à l’écart, elle n’inspirait pas la confiance mais la courtisane posa un pied à terre. Aujourd’hui, elle avait emmené que peu d’affaire, une lyre accroché au fin ceinturon qui maintenant les étoffes de soie qui couvrait son corps en une robe légère, du thé enfermée dans une petite sacoche qui pendait au niveau de ses hanches. Les deux hommes présents précisèrent à la jeune femme que si elle le souhaitait, ils pouvaient toujours faire demi-tour mais elle s’y refusa poliment, suivant alors la courtisane vers l’habitation, elle les congédia à l’entrée, ils s’éloignèrent mais la nature étrange de cette soirée les inquiétait assez pour qu’ils gardent malgré eux un œil sur la jeune femme.

Elle frappa de trois coups lents et successifs sur la porte, patientant quelque seconde devant celle-ci avant qu’elle ne soit ouverte. Visiblement cette personne tenait à préserver l’anonymat aussi longtemps que cela lui était possible. Le visage légèrement baissé, elle pénétra dans la demeure avec lenteur.

« Bonsoir… »

Esquissant un mince sourire, elle se présenta :

« Je m'appelle Kashina… »

Ce n’est que lorsqu’elle eut terminé de se présenter qu’elle releva le visage, dévoilant ses yeux d’eau et le délicat sourire bienveillant de sa bouche. La surprise aurait pu se lire dans ses yeux si elle n’avait pas été entraînée à n’avoir aucune autre réaction que la gentillesse lorsqu’elle découvrait le visage d’un nouveau client. Ainsi, elle resta la même en se rendant compte qu’elle avait une femme sous ses yeux. La première parmi ses clients, elle était d’une beauté naturelle, beaucoup plus jeune qu’elle et pourtant le temps et l’expérience semblait peser dans son regard. Elle s’avança doucement, refermant derrière elle la porte.

« Quel est votre nom ? »

Demanda-t-elle doucement, si elle était plus jeune, elle méritait comme n’importe qui d’autre tout le respect. L’âge n’avait pas d’importance, seul le bien être de la jeune fille lui importait. Observant sa robe, son sourire se fit plus intense, visiblement touchée qu’elle se soit mise sur son trente et un pour elle. Les rôles lui auraient presque semblé inversés. Et alors qu’elle l’observait, jugeant d’un coup d’œil l’âge que cette demoiselle devait avoir, elle ne put s’empêcher de penser à sa propre fille. Comment allait-elle ? Kashina s’était toujours refusé à la retrouver, cette enfant serait toujours beaucoup plus heureuse loin d’elle.
Troublée, elle n’en montrait pourtant rien, elle n’était pas ici pour se ressasser les fantômes du passés.

« J’ai apporté avec moi quelque plante à infusé, peut-être souhaiteriez-vous y goutter ? »

Le sourire presque imperceptible était toujours aussi délicatement dessiner sur ses lèvres teintés de rose pâle.

« La danse des poignards »

Illyria…Elle se répéta ce prénom alors qu’elle observait la jeune fille. Elle n’oubliait jamais un visage, encore moins un prénom, c’était quelque chose d’important dans son métier, considéré chaque personne comme quelqu’un d’unique et c’était réellement le cas pour elle. Si elle était incapable d’apprécier toute les facettes de son métier, elle était capable de voir les quelques détails qui faisait qu’au fond, la vie n’était pas si difficile et parmi eux, il y avait ces nouvelles rencontres. Ses instants où elle apprenait à connaître une personne, parfois son histoire, son vécu, ses blessures, s’apprivoisant l’un et l’autre.
Apprenant bien plus de la vie au travers des expériences des autres. Elle espérant au fond qu’elle laissait toujours un enseignement, un souvenir, quelque chose d’indélébile…Et si possible, quelque chose d’agréable. Prenant véritablement à cœur le bien être de chacun, connaissant que trop bien le malheur et le désir d’être heureux.
Acquiesçant à sa demande :

« Rien de ce que vous diriez ne quittera ses murs, je vous en donne ma parole »

Les hommes et visiblement les femmes payaient cher pour pouvoir simplement être en compagnie d’une courtisane, la moindre des choses étaient de leur offrir le secret, la confiance. Alors qu’elle lui proposait du thé, la demoiselle accepta, s’attelant à faire chauffer de l’eau. S’avançant près du feu à son tour, elle attrapa délicatement une main après qu’elle ait posé la bouilloire.

« Laissez-moi m’en occupez, ce soir votre devoir sera de simplement savourez un moment sans contrainte »

Lui souriant, elle avait du mal à garder un certain recul sur la jeune fille, sa jeunesse lui rappelait beaucoup trop de chose et sa curiosité la rendait attachante. Elle se posa, non loin du feu, invitant alors Illyria à la rejoindre, elles seraient mieux toute les deux. Kashina prit quelque seconde pour réfléchir, faisant alors la liste de ses capacités :

« Je peux chanter, danser, jouer, peindre, écouter ou parler »

Sortant les herbes enfermer dans un tissus fin, elle prit soin de vérifier que ceux-ci était parfaitement attacher, l’eau était frémissante et c’était l’instant parfait pour y laisser le thé infusé. Elle observa  la demoiselle.

« Ou pourrais-je trouvé votre vaisselle ? »

Elle attendit d’avoir une réponse de la jeune fille avant de se lever. Il n’était pas question pour elle de s’inviter chez Illyria mais elle souhaitait malgré tout évité que la demoiselle s’occupe d’elle. C’était à Kashina de détendre la jeune fille et non l’inverse. Elle était curieuse d’en savoir plus, d’apprendre à la connaître, de comprendre les raisons qui l’avaient poussé à dépenser tant d’argent pour la présence d’une courtisane. Elle était si  jeune, comment avait-elle pu concentrer autant d’argent ?

« La danse des poignards »

« On m’a appris beaucoup de chose… »

Dit-elle un sourire mutin sur les lèvres alors qu’elle se levait, se dirigeant d’un pas léger vers la commode que la jeune fille avait désigné. Elle y trouva la vaisselle qu’elle recherchait, la maniant avec précaution et la ramenant auprès d’Illyria. S’agenouillant à nouveau en face d’elle, elle prit doucement le récipient contenant eau et plante, versant l’infusion. Les vapeurs qui s’en dégageaient laissait doucement son parfum fleurie et sucré embaumer la pièce, une légère pointe épicée venant parfaire cette odeur. Les gestes semblait presque calculer, relevant légèrement sa manche pour en versé le thé, elle découvrait simplement son poignet. Un geste qui semblait anodin mais cela offrait au client la découverte d’une autre parcelle de sa peau, délicate. La raison de son succès venait en partie de la couleur laiteuse de sa peau, sur les terres d’Essos, les peaux se coloraient avec une telle facilités qu’observer une telle blancheur était devenue assez rare pour être admirer.

Reposant la théière à l’eau côté, elle patienta, attendant qu’Illyria soit la première à gouter au breuvage encore fumant. Lorsque cela fut fait, elle l’imita, soufflant sur la surface du thé chaud, elle but une gorgée qui vint lui réchauffer les lèvres et la gorge. Elle ne pouvait s’empêcher d’observer la demoiselle, d’essayer de comprendre, de cerner cette jeune fille. Avoir une cliente était quelque chose d’assez peu ordinaire pour attiser la curiosité mais il s’agissait ici d’une jeune demoiselle.

« Puis-je vous posez une question indiscrète ? »

Buvant une seconde gorgée en attendant sa réponse, Kashina ne pouvait s’empêcher d’interroger sa cliente.

« La danse des poignards »

Elle l’y autorisait et pourtant Kashina hésita malgré tout à donner des mots à ses pensées. Son attention n’était pas de mettre la demoiselle mal à l’aise et encore moins de la faire fuir. Déposant sa tasse devant elle après y avoir bu une gorgée, elle souhaitait avant tout mettre Illyria en confiance. Elle était là pour elle et non pour assouvir sa curiosité mais ce métier demandait aussi d’en apprendre d’avantage sur les personnes que l’on rencontrait.

« J’ai une fille…Qui doit probablement avoir votre âge. »

C’était la première fois qu’elle le confiait à une personne extérieure, c’était un secret au sein de la communauté des courtisane, enfanté était indigne dans de ce métier surtout lorsqu’il existait des moyens d’éviter de telle bêtises. Elle baissa légèrement les yeux sur sa tasse, observant le thé, ses doigts enserrant celle-ci pour garder le contact chaud et rassurant de celle-ci. C’était une chose qu’elle n’aurait confié à personne en temps normal mais peut-être était-ce dut au fait qu’elle soit si jeune et qu’elle le lui rappelle, en elle, elle avait confiance. Elle semblait être plus effrayée à l’idée que leur entrevue filtre en dehors de ses murs que Kashina.

Le regard dans le vide, il n’était pas compliqué de comprendre qu’elle n’avait plus vu son enfant depuis tellement d’année. Pourtant, elle avait employé le présent en parlant d’elle, ce qui ôtait l’hypothèse que l’enfant soit morte. Ne laissant que la seconde hypothèse émergée dans les esprits : elle l’avait abandonné.
Ce souvenir, beaucoup trop douloureux pour qu’elle le laisse sortir de sa bouche, elle but une gorgée en imaginant peut-être que cela enfoncerait assez loin ces mots dans sa gorge. Esquissant un sourire en observant la jeune fille.

« Il m’est déjà arrivée de tenir compagnie à des femmes mais tu es la première à être aussi jeune. »

Reposant sa tasse doucement.

« Qu’attendez-vous de moi ? »

En d’autre terme, elle souhaitait savoir pourquoi la jeune fille avait dépensé autant d’argent pour pouvoir obtenir une soirée avec une courtisane. On sollicitait la présence d’une courtisane pour pouvoir se montrer avec, elles n’étaient que des bijoux, une façon d’affirmer sa richesse et son pouvoir. Certain s’offrait leur présence parce qu’elles étaient légendaire mais il s’agissait souvent d’homme beaucoup plus âgé que cette demoiselle. Tous avaient pourtant un point commun ils cherchaient à fuir une partie de leur quotidien.