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Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm]

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MessageSujet: Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Icon_minitime25.08.13 15:45

Tip. Tap. Tip. Tap. Tip. Tap...

Quel bruit insupportable peuvent-elle faire, ces ladies, avec leurs chassures si bien agrémentées qu'elles martélent le sol à chaque pas ! Un bruit sourd, un bruit régulier, un bruit insupportable...

Mais surtout un bruit bien reconnaissable.

Un bruit qui trahit.

Heureusement les pieds d'Aurore ne sont pas parés de ces atours. Avec ses semelles plates, de simples chausses à lacets noires, elle pose un pied après l'autre dans un silence presque complet. * C'est tout de même bien pratique * se dit-elle, alors qu'elle tourne le coin d'un couloir. Avec de tels grelots aux pieds, il n'y a aucun doute qu'elle serait repérée à peine aurait-elle quittée la chambre de la reine. A-t-on idée de s'infliger pareil attirail ? Malgré l'envie qu'avait Aurore d'un jour ressembler à l'une de ces ladies qu'il lui arrivait de mépriser, certains aspects de leur vie – ou de leur habillement – lui échappait totalement. La rebutait, même. Avec ses chassures discrètes, elle pouvait errer dans le château sans but apparent. Apparent, aux yeux des nobles, car en réalité Aurore avait bel et bien un but.

Ecouter. Telle était sa mission. Et également son gagne-pain, il fallait bien l'avouer. Le salaire qu'elle obtenait en tant que femme de chambre de la reine étant à peine suffisant pour subvenir aux besoins de sa mère, Aurore avait besoin de cet or supplémentaire. Pourquoi ? Pour en mettre de côté. Pour entretenir cette illusion si agréable que l'or conquiert la noblesse. Pour caresser l'espoir de s'élever. Lentement mais sûrement.

Ecouter. Voilà à quoi Aurore passait bon nombre des heures de sa journée. Voilà à quoi elle était présentement occupée. Ayant aperçu quelques nobles qui se promenaient dans le jardin, elle s'était lentement approchée. Se faufilant entre les badauds qui passaient par là, n'oubliant pas d'esquisser une révérence à la rencontre de têtes connues et ennoblies, elle se trouvait à présent à quelques mètres du petit groupe qu'elle avait en ligne de mire. Mais l'un d'eux lui jetant un regard insistant, Aurore s'empressa de bifurquer, pour se retrouver dans un passage fort étroit peu connu mais dont elle avait retenu l'existence. Elle comptait mentalement les secondes nécessaires avant d'oser jeter un nouveau regard quand un bruissement de tissus derrière la fit sursauter, puis se retourner promptement.
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MessageSujet: Re: Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Icon_minitime25.08.13 19:29

La petite fête était terminée depuis deux jours déjà et pourtant, le troubadour avait trouvé un moyen de rester dans les parages de la capitale. Et puis, il n'avait pas non plus de mal à se faufiler dans le palais, après tout, c'était l'un des avantages à être musicien de cour : on allait là où on le voulait tant que ça restait dans la mesure du raisonnable des hôtes.
D'ailleurs, en parlant d'hôtes, Ryan repensa à la fête qui avait eut lieu tantôt et il ne put s'empêcher de sourire joyeusement en se remémorant la reine. Il n'était pas peu fier d'avoir réussit à attirer son attention, même si ce ne fut qu'un instant et qu'elle ne se souviendrait sans doute plus de lui dans quelques jours. C'était ce qu'il devait cependant éviter. Il devait faire en sorte que cette grande dame se rappelle de lui, de quelques manières que ce fut. Le souvenir était le début de tout relation après tout. Et puis, il ne comptait pas laisser filer le gros poisson qu'elle représentait à ses yeux. Sans compter que rester ainsi à Port-Réal représentait pour lui un autre avantage majeur, en plus de s'amuser à tenter d'obtenir les faveurs de la dame : ça le faisait connaitre! Musicalement parlant, bien entendu. Et ça, c'était bon pour les affaires! Bon nombre de petits lord péteux se mettraient à réclamer de ses services lorsqu'il aura joué quelques fois, avec succès, à la cour royale et ainsi, ça fera monter ses affaires de manière non négligeable. Et oui, si l'ancien chevalier était au service de Renly Baratheon, il laissait tout de même une place importante à sa chère et tendre musique ainsi qu'à son métier-couverture de troubadour.
C'est presque à se demander à quoi le jeune homme est-il le plus loyal : la musique ou le Baratheon ?  

Comme pour appuyer ses dires précédents, le musicien se baladait tranquillement dans les immenses jardins du palais, se plaisant à se perdre dans ces océans de verdure. Le petit rossignol quand à lui, s'amusait joyeusement à voler d'arbre en arbre, chantant de concert avec ses confrères à plumes.
La cape de voyage brunâtre du bâtard pendait dans son dos, dissimulant ses deux instruments qu'il portait, ne laissant voir d'eux que le bout du manche de sa mandoline ainsi qu'un petit morceau de sa lyre. Son chapeau à larges bords empêchait ses cheveux de voler dans tous les sens et son apparence de globe-trotteur dégingandé-mais-pratique-et-élégant contrastait fortement avec les belles parures des nobles environnants. Si certains le regardait avec mépris, le jeune homme n'en avait que faire ; après tout, il aimait par dessus tout rester lui-même tout en pouvant s'amuser à déranger la faune présente.
Un petit chant de son fidèle ami ailé sortit Ryan de ses pensées diverses et variées. Regardant autour de lui, le jeune homme se rendit compte qu'il s'était éloigné du chemin principal et qu'il avait tout bonnement réussit à se perdre dans les petits dédales étroits et tortueux de verdure des jardins.

Avançant de manière discrète, il se mit à se mouvoir sans bruit, plus par réflexe qu'autre chose, la seule chose pouvant le trahir étant les bruissements légers de ses vêtements. Après de longues minutes de marche sans croiser personne, le brun finit par voir, au bout d'une allée étroite, une silhouette féminine. Tout en avançant vers cette inconnue, il décrypta du regard les vêtements de celle-ci. De toutes évidences, ce n'était clairement pas une noble au vu de sa manière de se vétir... Ryan aurait plus penché vers une servante ou quelque chose comme ça. Mais c'était étrange de voir une de ces filles ici, sans maître ni maîtresse... Qui plus est, elle semblait se cacher de quelque chose, ou plutôt, elle semblait observer en cachette quelqu'un. Peut être était l'une de ses filles sous le charme d'un beau chevalier qu'elle se plaisait à épier en douce. Ou bien était-ce l'un de ses petits oiseaux au service d'une certaine araignée ; au quel cas, elle était quelque peu maladroite pour le coup... Quoiqu'il en était, cela lui était bien égal, les intrigues de la cour ne concernant pas. Tout du moins, pas pour l'instant...
Tout en s'approchant, alors qu'il allait ouvrir la bouche pour parler, la demoiselle se retourna en sursautant, ce qui ne manqua pas de faire sursauter le jeune homme a son tour. Voyant le visage surpris de la jolie inconnue, Ryan ne put s'empêcher de sourire de son air charmeur tout autant que désolé avant de prendre la parole de sa voix douce et mélodieuse, faisant une petite révérence humble au passage.

- Veuillez m'excuser ma Dame, je ne souhaitais point vous faire peur! En vérité, je me suis perdu et je dois avouer que je n'ai aucune idée d'où je me trouve... Ni où aller non plus d'ailleurs!
Puis-je faire quelque chose pour me faire pardonner votre sursaut?
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MessageSujet: Re: Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Icon_minitime25.08.13 22:50

Un pépiement parmi tant d'autres. Aurore leva les yeux, son regard s'attardant alors sur un petit rossignol posé non loin de là. Son plumage était plaisant à regarder et son chant, quoique aigu, fit naître un sourire sur le visage de la jeune femme. Sourire qui s'effaca aussitôt lorsqu'elle reposa les yeux sur lui.

Lui. Lui qui venait interrompre sa marche dans les jardins – ou plutôt, son errance aux intentions bien précises. Elle le détailla du regard, tandis que ses oreilles prêtait une attention limitée à ce que disait sa bouche. Avec le temps, Aurore avait appris à faire davantage confiance à ce que pouvait lui révéler ce qu'elle voyait – l'apparence et les expressions de quelqu'un – plutôt qu'à ce que la personne en question proférait. Il portait une cape d'une couleur dépassée et Aurore entrevit parmi ses pans deux étranges formes dont elle croyait savoir être des instruments de musique. Elle n'était pas très au su de ces choses-là, les tavernes regorgeant davantage de chansons braillardes que d'orchestres. Puis ses yeux se posèrent sur l'étrange chapeau que portait le jeune homme. D'une envergure plutôt démesurée, il laissait échapper quelques mèches de cheveux bruns qui encadraient le visage du malotru. Bien que ses paroles ne semblaient montrer aucun signe d'hostilité, Aurore restait sur ses gardes, ne sachant que trop bien les retors pouvant se cacher sous des traits fins et délicats – que le jeune homme possédait, par ailleurs. Vigilance, donc.

Mais vigilance n'excluait pas politesse. Elle l'entraînait même d'autant plus, un trop-plein de méfiance étant plus que certainement enclin à attiser des soupçons. Un sourire, timide, étira les lèvres d'Aurore, tandis que sa nature de rêveuse semblait prendre un peu le dessus. La cape que portait le jeune homme était sans nulle doute une cape de voyage. Où avait-il pu donc voyager ? Avait-il visité le Nord, ou l'Ouest ? Pour Aurore, qui n'avait jamais quitté Port-Réal, les moindres signes d'une aventure dans les Sept Royaumes sonnaient comme une douce mélodie. Mélodie que semblait d'ailleurs chanter le rossignol susmentionné, toujours posé non loin de là. Regardant de nouveau l'animal ailé, Aurore répondit alors :

« Que souhaitiez-vous donc alors ? »

Malgré la pique sous-jacente dans son interrogation, le ton d'Aurore n'était pas belliqueux, et elle reposa son regard azuréen sur le musicien. Notant au passage son regard charmeur et désolé tout autant que son expression d'égaré, elle sourit de nouveau – toujours de façon modeste – et ajouta :


« Si vous retournez sur vos pas et que vous prenez deux fois à gauche, vous retrouverez le chemin principal. Quant à votre pardon éventuel... Vous pourriez m'expliquer ce qu'est ceci ? »

Elle accompagna ses paroles d'un geste de la main qui désignait la lyre. Il semblait à Aurore qu'elle avait déjà vu et entendu jouer de l'autre instrument – mais que les dieux la condamnent, elle ne pouvait se rappeler de son nom. Elle n'avait toutefois jamais vu l'autre objet, et c'était par pure et simple analogie qu'elle en avait déduit qu'il s'agissait d'un instrument de musique. N'oubliant pas sa mission pour les instruments d'un ménestrel, elle jeta un rapide coup d'oeil dans l'allée qu'elle arpentait précédemment. Le groupe de nobles s'était éloigné, l'occasion avait filé. Aurore se maudit de son manque d'adresse, se promettant d'être plus prudente à l'avenir. La conversation avec le musicien se devrait d'être bonne, lui ayant coûté des informations – sous-entendu des pièces d'or.
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MessageSujet: Re: Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Icon_minitime26.08.13 0:07

Au début, le regard de la jeune femme s'était arrêté sur tout autre chose que sur celui du troubadour. N'ayant pas à tourner la tête, écoutant juste le chant caractéristique de son compagnon chanteur, l'ancien chevalier su aussitôt qu'elle avait les yeux posés sur le rossignol. Souriant intérieurement, il se surprit à penser que c'était la première fois qu'il se faisait prendre de court par son oiseau. Cette simple pensée l'amusa sans qu'il n'en montre cependant quoique ce fut, conservant son sourire doux et joyeux.
Prenant le temps de la détailler du regard d'une manière discrète, le bâtard ne put s'empêcher de se dire que son interlocutrice était franchement plus jolie à regarder que toutes ces vielles nobles poudrées qui avait tendance à lui faire de l’œil, à son plus grand dégoût d'ailleurs. A un âge, il fallait savoir s’arrêter après tout! Mais là n'est pas la question et revenons à nos moutons. En la voyant de plus près mais surtout, de face, sa manière de se tenir et l'état de ses mains ne firent qu'accentuer ce que le jeune homme avait pensé un peu plus tôt. Et maintenant, il en était sur : cette fille ne pouvait qu'être une femme de chambre. Possédant un petit quelque chose de charmant, la demoiselle aurait également put être l'un de des filles de ce drôlement nommé Littelfinger cependant, ses vêtements ne correspondaient en aucun cas.

Revenant sur le joli visage fin de l'inconnue, le troubadour ne put s’empêcher de s'étonner des superbes cheveux de cette demoiselle. Rare était les gentes dames à avoir de tels cheveux alors que cette simple petite domestique les possédait : longs, brillants et naturellement beaux. Le poète aurait put continuer à s'extasier des heures durant devant cette beauté capillaire, cependant, il revint rapidement sur terre. Écoutant la phrase de la jeune femme, il sourit légèrement d'un petit air mi-doux, mi-goguenard, plongeant avec douceur ses yeux bleu dans ces prunelles si semblables aux siennes. Puis, en un souffle doux que l'eut aisément prit pour un murmure, il lui répondit juste :

- Je souhaite bien des choses que vous ne seriez en mesure de me donner, ma dame...


Le plaisir de sous-entendre sans rien dévoiler : son jeu et sport personnel. De cette phrase il faisait ainsi signifier qu'il ne ferait absolument rien à l’inconnue et que, de manière plus large, elle ne l’intéressait pas.
En un sens, c'était vrai, il ne lui voulait aucun mal et ne lui ferait absolument rien de néfaste. Mais, d'un autre côté, le fait de dire qu'elle ne l'intéressait pas était quelque peu faux : bien évidement qu'elle l'intéressait! Après tout, aucune femme ne l'intéressait pas. Chacune avait ce petit quelque chose qui faisait qu'elle était unique et donc, diablement intéressante et désirable. Dis ainsi, le troubadour pouvait aisément passer pour un pervers notoire, mais il n'en était rien. Il aimait les femmes, certes, et ne s'en cachait nullement, cependant, il les aime comme un poète aime sa muse, comme un collectionneur aime sa pièce la plus importante, comme un enfant aime son petit chaton. Pour lui, elles ont quelque chose de magique et d'unique qui fait qu'elles seront toujours à la foi les plus doux êtres, comme les plus grandes persécutrices des hommes. Et, en cela, elles fascinaient le musicien.
Et cette jeune enfant ne faisait pas exception à la règle.

Le sourire qui naquit sur les lèvres de celle-ci ne fit qu'accentuer cette petite admiration qu'il portait à la gente féminine.
Se re-concentrant cependant vite sur les indications que l'inconnue lui fournissait, il allait la remercier vivement lorsqu'elle attira son attention sur sa lyre. Visiblement, elle n'avait jamais vu cet instrument, chose que le musicien ne pouvait que comprendre, surtout lorsque l'on savait d'où il était originaire.

- Un grand merci pour vos indications, ma Dame ; grâce à vous, je suis sauvé!
Quand à ceci...


Tout en parlant, le bâtard sortit de son dos la lyre, la présentant à la jeune femme sans cependant la lâcher ; il y tenait bien trop pour cela. Tout en laissant la jeune fille la regarder, il continua sa phrase.

- C'est une lyre. Un objet que l'on dit tantôt originaire d'une ancienne ville d'Essos, tantôt de Dorne mais, en somme, on ne sait pas vraiment d'où elle vient... Voudriez-vous en entendre quelques notes?


Faisant glisser ses doigts sur les cordes de l'instrument, il l'invita, sans attendre la réponse de son interlocutrice, à le suivre d'un geste élégant et mesuré. Passant devant elle en sortant ainsi de l'allée étroite et étouffante. Se dirigeant vers un banc placé à quelques mètres de là, il invita la jeune fille à s’asseoir à côté de lui avant d'en faire de même. A ce moment là, le petit rossignol s'envola de sa branche et vint se poser sur le chapeau du musicien, chantant joyeusement. Effleurant de nouveau les cordes en une douce mélodie courte, le troubadour plongea de nouveau les yeux dans ceux de la domestique, souriant de son air éternellement doux avant de lui poser une simple question.

- Y a-t-il une musique qui vous ferait plaisir?


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MessageSujet: Re: Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Au hasard d'une écoute. [PV Ryan Storm] Icon_minitime26.08.13 10:24

C'était donc un joueur. Un joueur habile, un joueur sans doute chevronné, un joueur malin. Et pas seulement un joueur de musique.

Aurore arqua un sourcil lorsqu'elle entendit la réponse du jeune homme au sujet de ses souhaits. La phrase disait une chose ; je ne vous veux aucun mal, plus même, vous ne m'intéressez guère. Malgré sa condition de femme de chambre, Aurore se sentit alors piquée au vif. Il était rare qu'un homme lui fasse ce genre de déclarations. Elle n'était qu'une servante, et en tant que telle elle savait toujours rester à la place qui était dévolue aux gens de son espèce. Jamais elle ne se hasardait à requérir de l'attention que son absence de rangs ne lui permettait de toute façon pas d'obtenir. Cependant, il n'était pas rare qu'elle obtienne l'attention qu'elle ne requérait pas. Surtout de la part des hommes. Ceux-ci, lorsqu'ils étaient nobles, l'abreuvaient de paroles sur leurs combats éventuels ou leurs terres soit-disant innombrables. Lorsqu'ils n'étaient que de simples roturiers, la situation pouvait venir à empirer. Quand la jeune femme ne répondait pas à leurs paroles – souvent aussi délicates que la course d'un cheval est silencieuse – ils en prenaient instantanément ombrage et Aurore se retrouvait alors dans de beaux draps. Enfin, façon de parler... Tout ça pour dire – car nous nous éloignons du sujet qui nous intéresse aujourd'hui – que la jeune femme était plus que surprise de la réponse que lui avait fourni le jeune musicien. Tout en lui donnant des indications sur la manière de retrouver son chemin, elle détailla l'homme qui se tenait devant elle. Là où ses paroles avaient dit une chose, son physique et son attitude en disaient une autre. Bien loin de la regarder avec mépris, dégoût ou désintérêt, le jeune homme semblait la détailler avec attention. Un sourire étirait même ses lèvres. Tout dans son comportement contrastait avec les paroles qu'il venait de prononcer. Aurore souleva un autre sourcil, amusée et intriguée qu'elle l'était de ce jeu subtil auquel le ménestrel semblait jouer. Il semblait ignorer qu'il n'était pas le seul à savoir jouer cette mélodie. Aurore n'ignorait rien de ces instruments-là.

S'agissant d'instruments, le jeune homme venait justement d'extirper l'étrange objet qui se cachait sous sa cape. Il l'appela « lire ». Revenant une nouvelle fois à ses travers de rêveuse acharnée, Aurore regarda l'instrument, écoutant les paroles du musicien. Elle se laissa bercer par ce qu'il disait, les noms qu'il énonçait sonnant comme étrangers aux oreilles de la jeune femme ou comme venant d'un ancien temps. N'ayant pas suivi une éducation qui aurait pu lui prodiguer ces enseignements, Aurore connaissait mal la géographie des Sept Royaumes, toutefois les noms que prononça le jeune homme firent écho dans sa mémoire. Elle devait les avoir lu quelque part. Elle tentait de se rappeler où lorsque le musicien fit quelques pas, l'invitant à la suivre. Aurore fronça les sourcils, tentant avec difficulté d'émerger de ses songes. Il la mena hors de l'allée exiguë où ils se trouvaient et la dirigea vers un banc installé non loin de là.  Avec précautions il l'invita à prendre place sur ledit banc. Aurore, n'ayant pas l'habitude de tant de prévenance, marqua un temps d'arrêt avant de maladroitement esquisser une révérence avant de s'asseoir. On ne savait jamais, des quartiers de noblesse se cachaient peut être sous cette cape rapiécée.

Se maudissant pour sa gaucherie qui traduisait une nouvelle fois – s'il en était besoin – toute sa condition de roturière, Aurore posa son regard sur le rossignol, qui était désormais posé sur le chapeau du musicien. Voilà qui était peu commun. Et qui avait un petit côté charmant, il fallait bien l'avouer. N'en continuant pas moins de porter son masque de timidité, Aurore sourit intérieurement. Le jeune homme semblait connaître mille et une façons de charmer son monde. Combien de Dames de la Cour se pâmeraient en apercevant l'oiseau manifestement apprivoisé ? Aurore se contenta de le regarder une nouvelle fois, ses yeux bleus océan alors levés vers le ciel. L'air frais qui soufflait ce jour-là avait rosi ses joues. La couleur sur son visage démontrait une fois de plus sa condition, ces Dames de la Cour usant de mille artifices afin que leurs visages restent uniformément blancs, d'une teinte noble et sans aspérités.

Se réveillant soudainement de ses songes où elle se disait tout l'intérêt qu'il pouvait y avoir à être un oiseau, Aurore se pinça les lèvres. Si la Reine la voyait, elle passerait certainement de femme de chambre à pensionnaire chez Littlefinger. Son rôle n'était pas de s'asseoir sur les bancs du jardin royal à écouter des mélodies venues d'on-ne-sait où ! Le coeur d'Aurore commença à s'emballer quelque peu. Puis, empêchant ses peurs de prendre le pas sur la raison, la jeune femme s'efforça de se calmer. Elle n'avait pas de raisons de s'inquiéter. La reine s'entretenait actuellement avec quelques uns de ses informateurs et devait après aller rejoindre son fils. Il n'y avait aucune raison – quelle qu'elle soit – pour qu'elle s'aventure dans les jardins. Sa raison ayant réussi à prendre le pas sur ses appréhensions, Aurore s'efforça de reprendre une respiration calme et apaisée. S'apercevant que le musicien lui avait posé une question qui restait en suspens, elle décida qu'il était temps pour elle de prendre les armes également. Si le jeune homme avait sa lyre comme « arme » dans ce jeu incongru, la jeune femme n'était pas en reste. Ramenant sa chevelure sur son épaule droite, elle la fit ainsi cascader le long de sa robe. Ses cheveux étaient si longs qu'ils lui arrivaient jusqu'à la taille. Disposés de telle façon, ils cachaient les atouts féminins de la jeune femme. Mais tout un chacun sait que la dissimulation, ne faisant qu'entretenir le mystère, était bien plus efficace que l'exhibition franche. Il aurait été bon que quelques dames de la Cour s'en souviennent, par ailleurs... Un sourire étirant ses lèvres, Aurore dit alors :

« Je ne connais pas de 'musique' que vous soyiez susceptible d'avoir déjà entendu, messire. Peut-être pourriez-vous me jouer une musique de l'endroit où vous venez ? »

Poli, astucieux et habile. Rappelant au jeune homme sa condition de femme de chambre sans intérêt, Aurore avait ensuite demandé au musicien une mélodie de sa contrée natale. Un observateur averti en aurait tout de suite déduit qu'elle ferait ensuite le lien entre la musique en question et la région concernée, s'obtenant ainsi des informations non-dites par le jeune homme. Mais Aurore ignorant tout des musiques des Sept Royaumes, cela était impossible... Ou l'était-ce réellement ?
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