De toutes les Cités Libres, Joqo avait toujours prétendu que Pentos était la moins bien défendue et la plus à même de fournir des cadeaux aux Dothrakis. Ce pourquoi elle était visitée presque tous les mois par une nouvelle horde, même parmi les moins importantes. Maeri ne pouvait pas donner tort à son mari : Braavos, Lorath, Lys et Tyrosh étaient toutes quatre entourées d'eau salées et il était impossible des les atteindre. Volantis était trop bien défendue pour craindre une petite troupe comme la sienne. Norvos se situaient un peu trop au Nord aux yeux de nombreux Dothraki et le plus souvent le voyage ne valait pas ce qu'on y gagnait. Il ne restait donc que Pentos, Qohor et Myr. Maeri était passé par Qohor après avoir traversé toute la Mer Dothrak et on le l'avait pas aussi bien traité qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait espéré que Pentos – conformément à ce que prétendait son mari – se comporterait mieux.

Elle n'avait pas été déçue. Apparemment habituée aux visites du peuple nomade, les princes de Pentos l'avaient même invités à l'intérieur de la ville pour négocier quelques esclaves supplémentaires qui s'ajoutaient à ceux qu'on lui avait donné pour qu'elle épargne la ville et ses environs. Si la vente privée n'avait guère été intéressante aux yeux de Maeri – les esclaves étaient magnifiques et sans doute très douées mais bien trop cher pour elle – elle lui avait surtout permis d'entrer en contact avec un pirate qui avait déjà fait affaire avec Joqo. Celui-ci avait d'autres esclaves à vendre et, comme les princes n'en voulaient pas et qu'ils ne pouvaient les vendre dans l'enceinte de la ville, il tenta de les vendre en dehors, aux Dothrakis. La Khaleesi se souvenait à peine du bonhomme et de son équipage, mais il avait précisé qu'il ne serait pas présent de toute façon et que ce serait sa fille qui s'occuperait des négociations.

Un campement provisoire fut installé dans les Basses Landes, là où les autorités de Pentos ne pourraient – et ne voudrait – rien faire. Maeri était venue accompagné de son esclave favorite et de Ko Lhasso ainsi que de sept autres guerriers qui avaient tous fait leurs preuves. Quatre sentinelles étaient postés autour du camp, montés sur leurs chevaux pour surveiller l'horizon d'encore plus haut. C'est celle de l'Est qui lui signala l'arrivée des esclaves et Maeri sortit de sa tente pour l’accueillir. Comme elle avait passé du temps à Pentos, elle portait une tenue de cuir un peu plus ouvragée que sa tenue de combat, une bande d'or finement ciselée lui barrait le torse de la hanche à l'épaule, recouvrant un sein dont la courbe était soulignée par un soleil d'argent. Sa ceinture était cependant toujours la zone la plus décorée, de plusieurs cercles d'or figurant différentes scènes empruntés manifestement à différentes cultures. Son pantalon était fin et précieux mais surmonté de deux lattes de cuir sur les hanches. Hanches sur lesquelles battaient toujours l'arakh qu'elle portait à la ceinture et qui n'était qu'un avertissement pour les pirates : tous les Dothraki étaient armés et certains avaient même dégainés leurs armes en prévisions.

La jeune pirate lui évoquait quelque chose mais elle mit du temps à se rappeler qu'elle l'avait déjà vu, alors que son père traitait avec Joqo. Elle l’accueillit avec un sourire et lui répondit en Dothraki, puisque Scarlett avait utilisé son langage. Heureusement, son esclave sortit de la tente quelques secondes plus tard, revêtue d'une longue robe blanche légère, presque transparente en fait, la blonde vint se poster aux côtés de la Khaleesi pour faire la traduction en valyrien de Pentos, puis en Langue Commune.

- Salutations, vous vous adressez à la Khaleesi Maeri, fille de Khal Torro et veuve de Khal Joqo. Je traduirais vos paroles et les siennes, nous pouvons employer la langue de la Cité Libre de votre choix ou la Langue Commune. Dites-moi simplement ce que vous préférez. Si vous doutez de moi, vous pouvez faire appel à un de vos traducteurs. La Khaleesi va maintenant examiner votre marchandise.

Pendant qu'elle traduisait, la Dothraki s'était déjà détourné vers les esclaves et se penchait sur eux un à un. Elle commença par les enfants et en écarta deux – en silence – qu'elle jugeait trop faible et trop jeune, ils ne survivraient pas au train du khalasar et elle ne voulait pas les payer s'ils mourraient trop vite. Les femmes étaient en bonne santé, pour la plupart. De-ci, de-là, la Khaleesi s'arrêtait pour tâter une poitrine, un ventre ou tirer les cheveux d'une esclave pour s'assurer de l'état de son cou, mais elle semblait satisfaite dans l'ensemble. Enfin elle s'arrêta sur la plus âgée du lot et la dévisagea d'un regard froid. Après avoir tourné autour un moment, elle s'adressa directement à Scarlett, toujours en Dothraki et Imeah fit la traduction.

- La Khaleesi souhaiterait savoir si cette esclave n'est pas trop vieille et si elle n'a pas été maltraitée. Elle aimerait aussi connaître ses talents, si vous avez jugez utile de l'amener ici.