Depuis qu’Alyss avait annoncé son départ, j’étais quelque peut contrarier. Pourquoi est-ce que tous les membres de ma famille partent un par un ?! Mon père, Arya, Sansa, peut-être Mère.. Et Jon. Et maintenant Alyss. Heureusement, il me restait Robb. Si lui aussi partait à son tour, je ne pense pas m’en remettre … mais ne pensons pas au pire. Cependant ma cousine allait prendre la direction du mur, pour annoncer à Jon son départ et lui faire ses adieux. C’est vrai que les deux Snow ont toujours été proches, les plus aptes à se comprendre. Voila donc deux jours où je passais la journée à harceler Robb pour accompagner Alyss voir Jon. Mon frère ainé était contre. A cause de mon infirmité, il ne voulait pas prendre le risque de me mettre en danger, et vu ce qu’il s’était passé dans la forêt, il n’avait pas totalement tort. Mais j’avais BESOIN de voir Jon. J’avais donc donné à Hodor la mission de suivre Robb de partout, avec moi sur son dos, évidemment ! Pendant ses repas « Je veux voir Jon ! », pendant ses entrainements « Je veux voir Jon », pendant des réunions « Je veux voir Jon », pendant qu’il s’amuse avec Vent Gris «Je veux voir Jon », pendant qu’il se lave « Je veux voir Jon », pendant qu’il dort « Je veux voir Jon », dès qu’il se lève « Je veux voir Jon ».

Si bien qu’il avait fini par céder. Est-ce que sa volonté de fer avait faibli face à mon entêtement ? Ou alors, il avait tout simplement changé d’avis en comprenant que j’en avais vraiment besoin ? Je ne saurais sans doute jamais la réponse, mais peu m’importe du moment que je sois parvenu à mes fins. Il n’en restait pas moins soucieux, même si j’essaye de le rassurer.

« Je serais sage, c’est promis. »

Robb me fit monter sur mon cheval sans répondre, me couvrant bien, me chouchoutant peut-être un peu trop, mais ce n’était pas pour me déplaire. Evidemment, une fois prêt, j’avais le droit au discours. Oui oui, rester prêt d’Alyss, obéir aux doigts et à l’œil, ne pas m’éloigner de l’escorte, ne pas faire de geste brusque, bien contrôler mon cheval, oui Robb, stop, chut ! Rien de plus stressant.

« Ne t’inquiète pas, j’irais juste à proximité d’une falaise. »

En voyant son regard, je m’empressais de rajouter « C’était une blague ». Effectivement les Stark ne sont pas connus pour leur sens de l’humour. Alyss promit à mon frère de prendre soin de moi, puis accompagné par l’escorte désigné par Robb, nous voila sur la route.

Le voyage c’était passé sans problèmes. En remerciement envers Robb pour m’avoir laissé partir, comme promis, je me tiens tranquille. En arrivant devant le mur, j’étais un peu impressionné. Je n’oubliais pas que les gardes n’étaient autres que des personnes ayant commis des crimes, peut-être que certains ont même été envoyé par Père. Jon avait-il vraiment sa place la bas ? A vrai dire, je ne le comprenais pas. Pourquoi partir ? Il n’est pas bien avec nous ? Est-ce qu’il m’en voulait pour quelque chose.

Alyss me souleva du cheval pour me posé sur ses épaules. Je voyais tout en grand, c’était assez amusant, la vue n’était pas la même que lorsque j’étais sur la terre ferme, puisque j’étais bien petit. La petite blonde avait plus de force qu’il n’y paraissait. En équilibre sur ses épaules, j’avais l’impression de retrouver la sensation que je pouvais avoir autrefois lorsque je grimpais et courait sur les toits de Winterfell. L’écureuil comme m’appelait Père.

Notre arrivé avait surement été annoncé, car bientôt je vis Jon arriver. La dernière fois qu’il avait du me voir, j’étais dans un profond coma. Maintenant j’étais éveillé, mais le cœur meurtrit par la perte de l’usage de mes jambes. Alors que mon cœur se serrait, l’émotion s’emparait de moi en voyant mon frère. Alors qu’il se rapprochait, je restais figé sur les épaules d’Alyss, d’ailleurs mon regard se voilait, sans que je m’en aperçoive, des larmes coulaient doucement sur mon visage.

« Jon !!! »

Subitement, je me laissais tomber des épaules d’Alyss pour atterrir sur mon frère. Je passais mes bras autour de son cou et le serra fort, comme si j’avais peur qu’il s’envole.

« Dit Jon, tu es parti parce que tu es en colère contre moi ? Je suis désolé, alors s’il te plait, reviens. Ne me laisse pas. Reviens. »

Bon au moins, je ne tournais pas autour du pot.

A L’arrivée des Lannister et de la famille royale, il y avait eu un banquet. Jon et moi avons été à une table à part sous la demande de Lady Stark qui ne voulait pas que notre présence soit une offense pour les Lannister. Etant donné que je m’entendais plutôt bien avec ma tante Catelyn, je me doutais que cette phrase était bien entendu destinée à Jon qu’elle ne pouvait supporter. J’avais donc rejoint mon cousin, quelle solidarité ! Et accessoirement, je n’avais pas non plus le choix. Au bout d’un moment, un homme vint nous rejoindre à notre table et je faillis avaler de travers. Mon père ! Benjen Stark. Immédiatement un malaise s’installa à notre table que s’empressa de combler en discutant avec son oncle. Je cru comprendre qu’il voulait aller au mur avec lui, sentant que sa place était là bas.

Sur le coup, je fus un peu vexée. Jon prenait le même chemin que mon père, donc je n’allais presque plus le voir. D’ailleurs ce soir là, sans doute entrainée par la musique, la voix trop portante de Robert Baratheon, les hommes qui riaient et buvaient trop, je bondis de ma chaise, provoquant la surprise de mon cousin et de mon père. Je foudroyais Jon du regard avant lui jeter le contenu de mon verre à la figure. Heureusement que ce n’était que de l’eau. Furieuse, j’avais quitté le banquet. Avec du recul, j’admettais que ma réaction était des plus excessive. Mais il ne fallait pas me prendre au dépourvu comme ça. Qu’est-ce que j’allais devenir sans Jon ?

Restant non loin du banquet, dix minutes plus tard, c’est la voix de Jon qui s’élevait suite à une petite dispute avec Benjen qui lui disait que le mur n’était pas fait pour lui. Finalement, à son tour, il quitta le banquait, disparaissant dans les rues de Winterfell. J’aurais très bien pu lui courir après pour le consoler, mais j’étais à ce moment là, trop en colère. Bon je le regrettais dès le lendemain, mais passons.

Mon père me rejoint à son tour, il voulait qu’on parle. Il m’expliquait les raisons du départ de Jon. Il avait besoin de trouver un but dans sa vie, ne pas rester simplement le bâtard de Ned Stark. Je lançais un regard noir à mon père, lui rappelant que moi aussi je n’étais qu’une bâtarde. Et que par conséquence, je pouvais rejoindre Jon au mur, jamais on ne se séparera ! Ce à quoi mon père avait rit, me disant que la place d’une jeune femme n’était certainement pas au mur. Bon il n’avait pas totalement tort. Si j’allais au mur avec Jon, je ne donnais pas cher de ma peau, c’était le cas de le dire.

En revanche, Père avait autre chose à m’annoncer, il me demanda de m’assoir à côté de lui. Je le regardais perplexe, son attitude était étrange. Il me raconta que durant la précédente guerre où Ned avait aidé le roi actuel, Robert, à prendre le trône, lui devait rester à Winterfell. Mais un jour Ned l’avait envoyé en mission dans les cités libres, pour chercher une personne qui allait pouvoir aider Robert, un noble. Oui et ? Pourquoi me raconter cette histoire ? Je n’avais pas pour habitude de partager les souvenirs d’une vie avec mon père. Où est-ce qu’il venait en venir ? Silencieuse, je le laissais poursuivre son histoire. La bas, il avait rencontré une fille de mon âge, dans un club, ils avaient passé la nuit ensemble et …

« Stop !! Vous êtes en train de me dire que ma mère n’est rien d’autres qu’une fille de joie ?! »

Benjen me regardait, peiné avant de me reprendre, d’une voix calme.

« Pas une fille de joie, ma fille. Une courtisane avec beaucoup de principe. Son but n’était pas d’avoir du plaisir charnel avec un homme, mais plutôt de lui tenir compagnie. Une femme respectable, crois moi. Mais une chose en entrainant une autre … »
Je fermais les yeux pour digérer l’information. Père m’apprit que cette femme à l’époque était à Bravoos, et qu’elle n’avait pas pu me garder, sa situation de vie ne lui permettant pas. Mais que si je voulais un autre destin, tout comme Jon, je pouvais quitter Winterfell pour me rendre dans les cités libres à la recherche de cette mère inconnue.

J’avais mis plusieurs semaines avant de prendre ma décision. Qu’est-ce que cette mère avait à m’apporter ? Mais d’un autre côté, Oncle Ned avait déjà fait beaucoup pour moi, il ne pourrait pas me garder indéfiniment, il fallait bien que je construise ma vie. De plus Lady Stark ne voulait pas que Jon reste, même si à moi elle ne m’avait rien dit, je ne me voyais pas rester non plus. Ned et Jon n’étant plus à Winterfell, la n’était plus ma place également.

Lorsque ma décision fut prise, Jon était déjà au mur, avec Père. Bran venait de se réveiller de son coma. J’expliquais donc à Robb, Rickon et Bran mon choix. Je partirais pour les Cités Libres pour retrouver ma mère. Peut-être qu’elle m’apportera un peu d’espoir pour construire une vie. Bien sur, je vis très nettement la rancœur dans les yeux de Bran. Je le comprenais. Le pauvre petit voyait sa famille partir un par un alors qu’il avait besoin de soutient. Bran était trop jeune pour comprendre … mais il s’y fera.

Bien sur, hors de question que je parte sans avoir fait mes adieux à Luna et Jon bien entendu. Et accessoirement Père. Sachant que j’allais rendre visite une dernière fois au mur, Bran avait harcelé son frère pendant deux jours pour venir avec moi. Il voulait voir Jon, quoi de plus normal. Finalement Robb fini par céder mais me fit promettre de bien veiller sur lui.

La route fut longue. Un voyage pendant lequel tous mes sens étaient en alerte, dirigé vers Bran, guettant le moindre de ses geste. J’avais promis à Robb que je ne laisserais rien arriver à son frère.

Enfin, nous arrivons à destination. Je descendis de mon cheval, avant de soulever Bran tant bien que mal pour le mettre sur mes épaules. Oui pas sur mon dos mais sur mes épaules, je savais que plus il serait en hauteur, plus il serait content. C’est malheureusement la seule chose que je pouvais faire pour lui.

Jon fini par arriver. Bran fit pression sur mes épaules, m’obligeant à me pencher en avant, alors qu’il se laissa tomber sur son frère, l’émotion prenant le dessus sur lui. Le gamin lui demanda immédiatement de revenir avec lui. Je secouais la tête en soupirant, j’avais dis et redis à Bran que contrairement à ce qu’il pensait, Jon n’était pas fâché contre lui, mais rien à faire, l’enfant était trop têtu.

J’adressais un grand sourire rayonnant à Jon. Ce sourire remplie de joie et de sincérité que juste Luna et Jon avaient le droit de recevoir.

« Je me suis dis que tu ne pouvais pas te passer de moi, alors, me voila ! »