Année 298, Lune 13, semaine 2, jour 2.
Temps que mets le corbeaux entre les deux villes : 4 jours.

Daenerys s'installa devant la table avec une plume et de l'encre. Elle entama l'écriture de la lettre les mains tremblantes se demandant sans cesse si les mots qu'elle employait était les bons et si elle pouvait vraiment faire confiance à "ce cousin éloigné". La princesse espérait de tout cœur une réponse car se serait pour elle, un petit signe que la lignée des dragons pouvait se montrer forte et unie. Peu importe la réponse, elle n'avait de toute façon pas jeter toutes ses cartes dans cette première lettre.



Elle alla ensuite porter la lettre au mestre, lui demandant d'utiliser le corbeau qui relié Lys à Tyrosh. Le regard de son instructeur était soupçonneux mais elle commençait enfin à se comporter comme une princesse.

Mestre Oteh, à qui revenait la charge, le dressage, le soin et la gestion des corbeaux de la Compagnie Dorée avait apporté la missive le matin-même, en même temps que plusieurs autres documents dont il voulait montrer et faire valider le contenu au Dragon-Noir.
Il avait néanmoins pris soin de mettre l’intrigant pli sur le dessus de la pile des parchemins qu’il lui avait amenés, bien en évidence par rapport aux autres. Il était rare que les plis cachetés ne portent pas un sceau distinctif visible avant ouverture du vélin.

Et qu’elle n’avait alors pas été la surprise de Baeron lorsqu’il s’était plongé dans la lecture de l’intrigante missive !

L’auteure n’était autre que Daenerys Targaryen, la fille d’Aerys II le Fol, celle que presque tout le monde croyait morte enfant.

Il relu la lettre plusieurs fois, aussi stupéfait qu’intrigué, et finit par conclure qu’il ne voyait pas où cette petite cruche voulait en venir… Elle était certes comme une cousine éloignée mais… Oubliait-elle tout le mal que les Targaryen avaient fait aux Feunoyr ? Oh ! Il n’était pas dupe ! Il savait bien que les Feunoyr n’avaient pas été en reste et que les deux camps rivaux issus de la même lignée étaient aussi fautifs l’un que l’autre mais… Tout de même !

– La peste emporte cette petite idiote !, avait-il tout d’abord lancé en froissant le vélin et le jetant au sol sous les yeux écarquillés du vieux mestre.

Et ce ne fut qu’après de longues heures de discussions acharnées durant lesquelles le vieil érudit avait du faire feu de tous bois pour convaincre le Feunoyr, que Baeron consentit finalement à relire la missive pour y apporter une réponse. Elle serait celle qu’il voudrait mais il fallait qu’il y réponde. Et si la Targaryen devait s’offusquer de son contenu, et bien libre à elle de s’offusquer ! Après tout, elle avait plus besoin de lui que le contraire ! Du moins ainsi l’entendait-il…




Baeron cacheta la missive. Non de son sceau personnel, le dragon tricéphale Feunoyr, mais d’un crâne inquiétant qui vint faire crisser la cire dorée sur le vélin.
Il préférait débuter cette intrigante correspondance dans l’anonymat que lui avait toujours offert la Compagnie Dorée. Lui qui était un peu paranoïaque et qui voulait toujours tout contrôler de peur de se faire prendre en traître par des opposants aux dragons se trouvait finalement assez contrarié que cette cousine éloignée qu’il ne connaissait pas ait pu si facilement découvrir son existence et son identité véritable.

Mais il ne pouvait plus rien y faire.

Année 298, Lune 13, semaine 3, jour 2.
Temps que mets le corbeaux entre les deux villes : 4 jours.

Ce fut avec surprise que Daenerys vit le mestre venir lui apporter une lettre. Elle discuta longuement avec lui pour savoir comment répondre à l'homme. Bien que le dornien ne lui donna aucune réponse, il la conseillait et la rassurait. Après tout, elle ne risquait rien à Lys pour le moment. Personne ne savait qu'elle était Daenerys Targaryen. On la connaissait sous le nom d'Ella.
Elle répondit donc au Capitaine de la Compagnie Dorée. Elle fit de nombreux essais avant d'être à peu près satisfaite. Puis elle confia sa lettre au mestre pour qu'il puisse l'envoyé.

La Compagnie Dorée préparait déjà son départ prochain de Tyrosh vers Lys lorsque Mestre Qhorin vint apporter une nouvelle missive cachetée du sceau Targaryen…
Baeron l'avait ouverte avec empressement. Bien qu'au départ il avait été surpris et soupçonneux à l'égard de cette prise de contact inattendue, il était à présent plus intrigué que réfractaire à l'idée d'une rencontre entre gens du même sang. Car c'était bien de cela qu'il s'agissait : une relation épistolaire entre jeunes gens d'une ancestrale et prestigieuse lignée qui, si elle avait -par le passé et au moment de son hégémonie- eu la sottise de s’entre déchirer, comprenait à présent par la grâce de deux de ces enfants la nécessité de mettre en commun ses forces et de conjuguer ses efforts. Ils étaient si nombreux à vouloir s'offrir la tête de dragons ! Il fallait être fort et habile pour ne pas se laisser piéger et risquer de succomber comme ses aïeux !

Aussi le Feunoyr avait-il pris le parti d'accepter de rencontrer la Targaryen et de voir directement avec elle, c'était bien plus sûr que par écrit, ce qui pourrait éventuellement faire rejoindre leurs objectifs respectifs. Il ignorait totalement ce qu'elle voulait faire de son existence mais lui pas. Et s'il savait disposer, grâce à la Compagnie Dorée, de milliers de combattants prêts à le suivre sans sourciller, sa cousine lui avait parlé d'objets inestimables en sa possession…
Son appétit de gloire et de reconnaissance n'en était pas amoindri, bien au contraire.

Il avait donc pris quelques minutes afin de rédiger une nouvelle missive à destination de Lys.
Celle-ci se voulait bien plus attentive que les précédentes et le Dragon Noir veilla même à mettre les formes quant aux mots choisis et aux formules de politesse (ce qui n'était pas si commun venant de lui).





Il cacheta sa missive d'un nouveau crâne doré symbole de sa Compagnie de mercenaires. Mais la devise qu'il avait apposée au bas de sa missive était sans équivoque pour qui la connaissait.
C'était bien deux dragons qui correspondaient de la sorte. Il avait fait exprès de ne rien dire de la véritable nature des projets qui allaient le mener à Lys. Personne ne devait savoir. Pas même une Targaryen.

Année 298, Lune 13, semaine 4, jour 3.
Temps que mets le corbeaux entre les deux villes : 4 jours.

Daenerys prit sa plume et écrivit sa réponse. A vrai dire, elle ne pensait pas rencontrée le Feunoyr tout de suite, mais si c'était le désir de l'homme, la jeune princesse n'y voyait aucun inconvénient.

Au Capitaine Général Fraakhen,

Mon ambition va surement au delà de ce que je suis capable et surtout que d'un certain point de vue, cela n'est entièrement pas légitime. Mais le passé nous a que trop fait souffrir, et je souhaite ardemment que cela cesse, tout comme les querelles du passé qui ont opposé nos deux familles.

Si vous faites voile vers Lys, je serais heureuse de vous y rencontrez pour que nous puissions discuter de vive voix dans un lieu dans où normalement ne réside nul ennemi ou espion. J'en parlerai à mon entourage pour prendre les mesures nécessaires à notre rencontre.

Je vous souhaite bon voyage vers Lys.

Le typhon née

Daenerys reposa sa plume. Elle allait rencontrer son cousin, issu de la famille qui avt été ennemi de la sienne durant de nombreuses années. La jeune princesse espérait que la hâche de guerre pourrait être enterré.