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Uchronie du Trône de Fer de George R.R. Martin. Venez incarner un riche Lord, un noble chevalier, un seigneur ruiné ou un roturier dans le Royaume des Sept Couronnes !
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[-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin]

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Hermine




Personnage
Age du personnage: 14 ans
Surnom: La Rouquine
Métier/Titre(s): Acrobate, danseuse, chanteuse, actrice, lavandière...

Hermine
« Fille de l'Eau, Fille de Rien »

Copyright : Luna & tumblr
Citation : Nous voulons de la vie au théâtre, et du théâtre dans la vie
Pseudo : Jul'
Corbeaux : 159
à Westeros depuis : 24/03/2013
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MessageSujet: [-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin] [-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin] Icon_minitime07.04.14 1:49



La Chanson de la
Glace et du Sang


Lubin ♫ Hermine
298 - 13e lune - Semaine 3 - jour 1


Neuf jours de chevauchée à travers les bois, évitant les chemins pour éviter de tomber malencontreusement sur des corbeaux en patrouille ou d’autres sauvageons. En effet, Lachlan, l’homme qui l’accompagnait et l’avait sauvée du Marcheur Blanc et d’Azahel transformée en mort-vivant, craignait ce qu’ils pourraient lui faire. Il ne lui avait rien dit pour ne pas l’effrayer d’avantage, déjà qu’elle peinait à dormir depuis la mésaventure avec la créature. Ils étaient enfin arrivés en vue du Mur. Et comme c’était la première fois qu’Hermine le voyait, puisque la première fois elle était dans un sac et que la fois d’après, elle était bien trop faible pour regarder quoi que ce soit, elle fut abasourdie par l’immensité de l’édifice. Plus haut encore qu’Harrenhall, plus grand que le Donjon Rouge se dit-elle sans plus parvenir à fermer la bouche n à cligner des yeux. Dans l’air glacial de la mi-journée, ses yeux se mirent à pleurer et à lui piquer, alors elle dut les fermer et attendre un peu avant de relever la tête. Ils étaient encore à couvert sous les bois, mais désormais à quelques dizaines de mètres devant eux s’étendaient une partie déboisée jusqu’au mur. Heureusement à priori, les Frères Jurés de la Garde de Nuit n’avaient pas le temps de faire très bien ce travail, il restait des arbres qui permettaient d’avancer jusqu’au Mur presque sans se mettre à découvert. Mais ensuite ?

Lachlan était peut-être un Sauvageon, mais il avait été un Corbeau, et il avait entendu parler d’une légende. Franchement, il n’y croyait pas une seconde, si c’était si simple ça se saurait et c’est d’ailleurs pourquoi il n’en avait jamais parlé à Mance ni à personne d’autre, il ne l’avait même pas expliqué à Hermine. Mais il fallait tenter, car les autres solutions étaient pire encore que le minuscule espoir que cette histoire à dormir debout soit vraie. Plus il voyait Hermine, plus il lui semblait évidant qu’elle était totalement incapable d’escalader le Mur. Donc, si la porte magique n’existait pas, il faudrait qu’il la reconduise assez près de Château Noir pour qu’elle tente de s’approcher du Mur seule sans se faire tuer et d’expliquer la situation pour qu’on la ramène à ce Jon en qui elle semblait avoir confiance. Lui, le sauvageon ex corbeau ne pouvait pas faire confiance à un de ces anciens frères, s’ils le voyaient ils le tueraient. Mais elle, peut-être, peut-être qu’elle avait une chance et en tout cas elle avait toujours plus de chance qu’en escaladant le Mur.

Fort Nox. C’était ici qu’elle se trouvait…

__ Descends. » Fit il avant d’arriver à découvert.

Malgré les couches successives de laine et de fourrures qui la couvraient, Hermine sauta avec habileté au bas du gros cheval gris hirsute et sourit. Lachlan lui était grave, concentré, beaucoup trop près du Mur pour se relâcher. Il mit pied à terre à son tour et dit :

__ Pas un bruit inutile, pas de feu, nous nous approcherons pendant la nuit, en attendant, cherchons de l’eau et de quoi manger pour ce soir. En silence. »

Il insistait car il savait Hermine bavarde et surtout imprudente. Elle ne se rendait hélas pas compte du danger. Pour elle, le vrai danger ici était les Marcheurs Blancs, et elle n’avait pas tort sur ce point, mais pour lui, les Corbeaux aussi en étaient et ils pourraient s’avérer mortels pour elle aussi. D’ailleurs celui qui l’avait enlevée et relâchée à moitié morte de faim et à moitié nue au nord du Mur avait aussi failli la tuer, mais elle avait eu de la chance, trouvée par Azahel, puis confiée à Lachlan. Sûr elle avait eu de la chance, car elle n’aurait pas survécu une nuit ici sans eux. De ça elle était parfaitement consciente en revanche, d’ailleurs, en échange, elle s’occupait au mieux de Lachlan avec sa blessure qui cicatrisait bien. De plus, de fil en aiguille, comme ils se tenaient chaud la nuit, il avait fini par se glisser en elle, et elle, comme à son habitude, elle n’avait rien dit. Elle ne disait jamais rien, même quand ceux qui faisaient ça lui faisaient mal, même quand ils ne lui avaient pas sauvé la vie. Or le sauvageon lui, ne lui avait pas fait mal et il lui avait sauvé la vie, alors elle l’avait laissé faire et le lendemain, elle lui avait préparé le petit déjeuner comme chaque matin et avait étalé l’onguent en souriant comme si de rien n’était.

Après plusieurs minutes de marche dans la neige en essayant de faire le moins de bruit possible, ce qui n’était pas simple, Lachlan trouva un ruisseau et ils burent. Hermine à quatre pattes et les fesses en l’air aspirant l’eau, le cheval pareil, mais sa longue encolure lui permettait d’avoir une position moins ridicule et Lachlan… Lachlan resta debout et alerte, il lui semblait avoir entendu un bruit et il se tourna en tous sens et sortit son épée en murmurant.

__ Reste couchée, ne bouge pas. »
__ Q… »


Hermine s’était retournée et redressée légèrement car elle n’avait pas bien entendu au milieu de ses slurp et de ceux de l’équidé, mais en voyant la tête de Lachlan elle sut qu’elle devait se taire et qu’un danger approchait. Immédiatement l’image de l’Autre lui revint à l’esprit et elle se coucha en boule par terre en tremblant et ferma les yeux car elle ne supporterait pas d’en revoir un et préférait mourir sans savoir.



Dernière édition par Hermine le 27.04.14 13:30, édité 1 fois
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Invité
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MessageSujet: Re: [-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin] [-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin] Icon_minitime13.04.14 17:09


La Chanson de la Glace et du Sang
Feat. Hermine




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▬ Frêle-Jon !!!

Lubin savait qu’il fallait se réveiller, mais il préférait marmonner dans un langage incompréhensible sans sortir de son lit, juste pour changer. Lui qui était habituellement un homme du matin avait tellement bu la veille qu’il voulait rattraper le sommeil perdu à faire le boit-sans-soif avec les autres. Flemmard ce matin, il se tourna dans tous les sens avant de finalement ouvrir ses yeux de saphir un instant et les refermer quelques secondes plus tard à cause du silence … Peut-être était-ce dans son rêve ou son envie de se vider la vessie qui l’avait réveillé mais qu’importe, il voulait rester encore un peu dans son lit chaud et … Chaud, voilà tout. Ni confortable, ni doux, simplement chaud.

Depuis qu’il est arrivé au Mur, il a très rapidement compris que le silence est toujours précurseur de mauvais augure mais qu’importe. Il saisit un morceau de sa couverture et la tira jusqu’à ses cheveux en gémissant comme un enfant. Comme à son habitude, Frêle-Jon était songeur, il n’y a pas si longtemps il a été tenté par ses propres compagnons pour coucher avec une femme contre son gré … C’était la première fois qu’il avait failli mettre son serment de frère juré entre parenthèses. Un soir, Lubin et quelques camarades sont allés à une auberge pour boire et manger à leur faim, comme d’habitude … Sauf que cette fois-ci quelque chose avait changé : alors qu’il mangeait tranquillement dans son coin, il vit un homme portant un être sans doute fragile avec un sac sur la tête passer devant l’auberge pour l’emmener à l’étable, derrière. Au début, rien d’intrigant, il se dit que c’était sans doute normal ici, après tout, les sauvageons donnent bien leurs nourrissons en offrande au-delà du Mur, et cela semble on ne peut plus normal dans ces contrées.

C’est quand il vit certains de ses frères se hâter à l’étable après complot autour d’une table qu’il comprit que cette arrivée n’avait rien d’habituelle. Au début, il faisait comme si de rien n’était, préférant fermer les yeux sur leurs bêtises. Mais après plusieurs verres et quand des cris commençaient à se faire entendre, il décida d’agir malgré son état second : titubant jusqu’à la sortie, manquant de trébucher à plusieurs en s’approchant des cris, Lubin débarqua à l’improviste sans que cela ne surprenne ni ne dérange qui que ce soit. C’est alors qu’il vit, tous, ses soi-disant frères jurés de la Garde de Nuit cerner le petit être fragile à demi nu au milieu d’eux. Une fois de plus, cela semblait parfaitement normal. Il s’approcha un peu, main sur son épée et fut surpris de leur réaction.

▬ Oh, c’est toi, Lubin ? Dit l’un d’eux, viens t’amuser avec nous !!


Dégoûté, Lubin hésita un instant. Ça faisait un moment qu’il n’avait plus eu l’occasion de toucher une femme et le désir d’en rivaucher une n’avait fait qu’accroître au fil des jours et des semaines passés autour de paires de bourses remplies et aussi frustrées que les siennes. Après tout, la dernière fois à Âtre-les-Confins l’avait laissé sur sa faim car la femme avec qui il avait couché était déjà promise et son mari n’allait pas tarder à rentrer … Quoi de plus frustrant que de s’arrêter en plein acte, n’est-ce pas ?

▬ Allez, regarde, elle est docile …


Lubin n’osa pas regarder la femme qu’ils violaient sans scrupule, il ne supportait pas cela, et que ses camarades se comportent de la sorte n’en était que plus écoeurant. Subtil, il refusa poliment leur offre et se retourna lentement, le temps d’un court regret. Il observa la peau claire marquée de nombreuses séquelles et fut marqué par sa chevelure de feu très facile à voir malgré la nuit. Son regret fut intense, très intense, mais il disparut une fois qu’il leur eut tourné le dos, laissant les cris et les rires moqueurs derrière lui, dans ses souvenirs. Il savait qu’il allait céder au bout d’un moment, mais il ne voulait pas céder maintenant. C’était bien trop tôt. Ce qui l’avait vraiment choqué, c’était le fait que ce comportement paraisse normal et que personne ne dise quoi que ce soit. Rien qu’en y repensant, cela lui hérissa les poils des bras.

▬ Frêle-Jon !!!!


Il sursauta et se passa lentement la main sur le visage, quelque peu amusé par cette frayeur. Fini les vagues souvenirs, retour à la réalité, retour au Mur. Ce deuxième appel lui avait fait comprendre qu’il n’avait pas rêvé la première fois, il fallait qu’il se lève où c’était ses supérieurs qui allaient venir le chercher. Après avoir pris son courage à deux mains, il éloigna brusquement sa couverture et s’assit au rebord du lit, mal réveillé et encore un peu alcoolisé. Comme tout le monde a l’habitude de le faire, il restait assis là, sans rien dire ni faire, juste assis sur le rebord du lit à penser. Ou plutôt repenser pour être exact. Il repensait à tous ces moments où il ne cessait de se plaindre du froid à Âtre-les-Confins et aux batailles de boules de neiges qu’il faisait avec ses frères et sœurs … Comme on dit, c’était le bon vieux temps. Dire qu’à présent il dormait torse nu sous une couverture qui ferait passer la pire des plantes urticantes pour des chatouillis agréables … En passant sa main dans ses cheveux bruns, il ne put retenir un rictus car il se rendait compte qu’il avait bien grandi depuis le temps. En parlant de temps, lui ne devait pas rester là à ne rien faire, son devoir l’appelait mais il fallait avouer qu’il s’était levé du pied gauche ce matin-là.

Après sa toilette, il enfila ses habits noirs, prit Pourfendeuse son épée, son carquois et son arc puis quitta enfin ses quartiers sans dire mot aux frères jurés qu’il croisait en chemin, même pas un bonjour. La vie ici ne lui déplaisait point ici, au contraire, il trouvait Fort Nox plutôt … Tranquille. Certes, l’endroit était quelque peu terne et les visages joyeux n’étaient pas monnaie courante, mais au moins entre ses tours de patrouille et ses séances d’entraînement, personne ne venait l’embêter sans raison valable et ça, c’était ce qu’il aimait. A la Garde de Nuit, tout le monde a toujours quelque chose à faire dès les premières lueurs du jour jusqu’au zénith nocturne pour certains. Ce matin-là, Lubin n’avait pas hâte d’aller voir ses supérieurs comme on le lui avait ordonné dès sa sortie de ses quartiers. Silencieux, le jeune homme marchait fièrement mais très lentement. Il n’avait pas peur de ses supérieurs, il avait un profond respect pour eux à vrai dire, mais selon lui, les sermons ne servent à rien et ne sont bons pour personne, voilà tout. Après les remontrances « tant attendues » et les commentaires impertinents de ses camarades, Lubin alla directement à l’étable où l’attendait son cheval Mécès qui était content de le voir, comme d’habitude. Il le sella de façon cagnarde en marmonnant et le monta en clin d’œil, pris d’un soudain dynamisme et d’une envie de galoper au-delà du Mur. Il était le dernier levé, c’est vrai, le dernier arrivé à l’étable certes, mais il était toujours le premier en selle, c’était la seule chose qui ne changeait jamais.

Quand tout le monde fut enfin en selle, la patrouille quitta Fort Nox aux aurores pour s’aventurer au-delà du Mur, vers l’inconnu, inconnu que Lubin commençait à connaître, du moins il en connaissait ses abords sans plus … Après leur départ aux aurores, la patrouille avait prévu de faire un grand détour avant de revenir d’où ils venaient. Marchant au pas, tout le monde était alerte au moindre mouvement, au moindre bruit et la moindre ombre difforme et pourtant rien.

Voilà à présent une heure que la patrouille faisait son devoir et Lubin ne faisait que de redoubler de vigilance. Plus le temps passait, plus sa haine du sauvageon s’amplifiait encore et encore. Son souffle chaud devenait de plus en plus lent et bruyant, et même s’il ne se rendait pas compte, les autres patrouilleurs commençaient à l’entendre respirer.

Chef de Patrouille ▬ Frêle-Jon, passe derrière !


Surpris, Lubin fronça d’abord les sourcils et s’apprêtait à répondre mais le chef fut plus vif que lui et lui répéta de manière insistante de passer derrière. Contrarié, il laissa passer ses camarades et reprit la marche au pas en faisant la moue. D’ordinaire il n’est plus susceptible, il a bien subi des moqueries durant seize ans, mais l’ordre de passer derrière comme si on l’avait puni, lui était resté en travers de la gorge.

Alors que la route était plutôt tranquille, Mécès commença à s’agiter ce qui intrigua Lubin. Il regarda alors autour de lui et aperçut une silhouette près du ruisseau. Voyant que les autres avaient bien avancé et qu’il savait par où ils allaient passer, Lubin décida de traquer la fameuse silhouette quitte à y laisser sa peau, il fallait qu’il sache ce que c’était. Il descendit de son cheval, prit son arc et son carquois et décida de contourner l’inconnu pour le surprendre par derrière. Silencieux, discret et attentif, Lubin longeait doucement le ruisseau en s’approchant à pas feutrés de la silhouette pour mieux la voir et peut-être l’identifier. Une fois qu’il eut jugé qu’il était assez proche, il ôta furtivement et son arc, prit une flèche de son carquois et le banda doucement après avoir vérifié la solidité de la corde sans quitter la silhouette des yeux. Il laissa boire à sa soif et la laissa se relever tranquillement. Il ne connaissait pas cet homme, à l’évidence, c’était un sauvageon.

Le visage de Lubin se crispa en instant, pris d’une rage inqualifiable tellement il avait attendu une opportunité comme celle-ci. Son cœur noble habituellement semblait avoir été recouvert d’une huile noire et amère qu’on appelle le désir de vengeance, pas de quartier, il devait mourir … Discret, il décida de s’approcher encore plus afin de n’être qu’à quelques mètres de sa cible, pour être sûr de ne pas la rater quand soudain, son pied glissa quand il se cacha derrière un arbre, le faisant repérer et tomber beaucoup de poudreuse dans l’eau. Respirant vite et ayant le souffle court, Lubin se calma et banda son arc au maximum. Il fallait qu’il en finisse avec lui, et pour passer à l’action, rien ne vaut un décompte. Un … Deux … Trois : Lubin sortit de sa cachette et tomba nez à nez avec le sauvageon. Déterminé, il commença à avancer vers lui en décochant la flèche qui lui transperça le creux entre l’épaule et les trapèzes, pile pour le bras avec lequel son ennemi pouvait sortir son épée mais pas le temps de se reposer, il en tira une autre juste au-dessus du genou et une dernière au niveau des côtes, zone protégée par de la fourrure. Il jeta son arc par manque de temps de le ranger correctement, sortit son épée de son fourreau et infligea un coup d’épée diagonal brutal et sanglant, tellement sanglant qu’il en reçut sur le visage.

Il fixa longuement le sauvageon qu’il avait tué en respirant bruyamment comme pour reprendre ses esprits de la rage passagère qui l’avait possédé il y a quelques instants. Il savait qu’il n’avait aucune chance face à lui en combat singulier à l’épée, faire ce qu’il a fait et le prendre par surprise était la meilleure des solutions. Le cheval prit immédiatement la fuite en voyant son cavalier mort, laissant Lubin face au cadavre à l’expression figée sur la surprise. Amusé, Lubin s’essuya le visage en deux coups de mains avant de lever les yeux au ciel blanc et cotonneux. Il pensait que c’était terminé jusqu’à ce qu’il entende un souffle, une respiration tout près du ruisseau. Vigilant, Lubin pointa son épée vers l’être aux cheveux oranges recroquevillé en position fœtale. Il s’approcha doucement toujours sur ses gardes et en fit le tour pour se retrouver face à … Elle. Au début, il pensait que c’était un petit garçon, mais c’était en réalité une jolie jeune femme apeurée … Mais qui sait, il ne fallait pas relâcher la garde : il saisit à nouveau fermement son épée, convaincu que ce n’était que la femelle du sauvageon. Il approcha la pointe de son épée au niveau de sa joue et stagna un moment à cet endroit. Il voulait lui faire ce que les « congénères » de la femelle lui avait fait. Il voulait qu’elle paie, qu’elle souffre comme il a souffert … Mais non. Après une longue inspiration, il dirigea l’épée vers ses vêtements de fourrure et la piqua doucement pour l’interpeller.

Lubin ▬ Ouvre les yeux et dis-moi qui tu es ! Dit-il d’une voix calme et d’un ton autoritaire.
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Hermine




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MessageSujet: Re: [-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin] [-18] La Chanson de la Glace et du Sang [Lubin] Icon_minitime14.04.14 2:11

Spoiler:


Hermine ne se souvenait plus très bien, ou plutôt si, elle se souvenait de tout, mais préférait ne pas y penser. A vrai dire, d’autres souvenirs occupaient maintenant son esprit. Un souvenir irréel. Un souvenir glacial, blanc aux yeux d’un bleu surnaturel. Un souvenir de chair morte. Le souvenir d’une amie, la sauvageonne qui l’avait sauvée des griffes d’une mort certaine à moitié nue dans la neige. Azahel. Elle était partie pour chercher de l’aide pour faire repasser le Mur à Hermine, et au lieu de revenir avec d’autres hommes, elle était revenue sans âme et accompagnée d’un Marcheur Blanc. Elle les avait attaqués et l’Autre aussi. Mais Lachlan l’avait fait exploser. Comment ? Elle n’en savait rien.

Alors le souvenir des quelques jours passés au Mur, aussi horrible eut ils étés, n’était pas grand-chose en comparaison de la peur qui lui tordait les entrailles depuis cette nuit-là. Ces viols, ça n’était ni la première fois, ni certainement la dernière. Peut-être la pire, mais pas sûr. Ils avaient étés violents, certains, ils avaient été nombreux surtout. Enfin, elle ne savait pas, elle n’avait pas vu leurs visages, et bien qu’elle ait vu celui qui l’avait enlevée, elle aurait bien du mal à le reconnaître à présent. Elle avait eu mal, mais c’était souvent comme ça, pas toujours, pas avec Lachlan, pas avec Gendry. Elle avait eu froid, car ils avaient arraché ces vêtements, et faim, car ils ne lui donnaient rien à manger ou presque. Il y avait fort à parier que, quand celui qui l’avait enlevé l’avait relâchée de l’autre côté du Mur, il ne s’attendait pas à ce qu’elle survivre.
Mais elle avait survécu, grâce à Azahel, puis grâce à Lachlan. Deux sauvageons. Au début elle pensait qu’ils allaient la manger, mais non. Tout le contraire, l’adolescente l’avait nourrie et réchauffée, elle lui avait donné des fourrures pour qu’elle n’attrape pas froid et elle l’avait amenée à Lachlan pour qu’il la protège le temps de trouver du renfort. Et Lachlan lui, il ne lui avait pas fait de mal, il s’était même battu contre la créature. Et il avait attendu qu’elle soit mouillée pour prendre ce qui, au fond, lui revenait de droit. Comme à tous les autres.

Le Seigneur, il y a longtemps ne l’avait-il pas dit ? « Tu ne vaux plus rien désormais, aucun homme ne voudrait jamais se marier avec toi parce que tu es une menteuse et une putain. Et si tu ne peux appartenir à personne alors tu appartiens à tout le monde. Tous les hommes te prendront quand ils veulent et tu ne te plaindras pas parce que c’est là le seul destin des filles de rien comme toi. » Ces mots avaient marqués son existence au fer rouge, peut-être encore plus que les actes abjectes de ce seigneur et de tous les autres ensuite, nobles ou non.
Après avoir survécu à cette journée, elle pouvait bien survivre à tout. Survivre toujours, mais vivre ? Il l’avait dépucelée avec une extrême violence pour la punir d’avoir menti sur son sexe et où il l’avait offerte au reste de sa garnison avant de la jeter dehors avec pour unique rétribution la robe qu’elle portait encore. Une robe de laine à carreaux usée et reprisée à de multiples endroits. Et malgré cela, Hermine était heureuse de vivre, trop heureuse de vivre pour s’opposer à qui que ce soit par fierté ou simple désir de s’appartenir. Pour ressentir le besoin de se défendre, il fallait avoir un peu d’orgueil, et la rouquine en était dénué, ou si non avoir acquis l’expérience qu’en se défendant on avait plus de chance de survie, et cela, elle en était certaine, c’était faux.

Elle avait pleuré, cette fois et bien des fois après ça. Mais la vie continuait et la cruauté des hommes n’avait finalement que peu d’emprise sur elle, car après avoir pleuré, parfois plus longtemps que d’autres, elle oubliait, enfin, elle passait à l’aventure suivante, et certaines se terminaient bien. Après tout, c’était parce qu’elle avait quitté le Conflans après cet incident qu’elle avait rencontré son amoureux, Gendry, à Port-Real. Bon, il apparaissait maintenant qu’elle ne le reverrait probablement jamais, mais son aventure avec lui était une belle aventure.
Et puis l’aventure avec la troupe aussi était belle, elle avait fait des spectacles dansé et chanté et fait des acrobaties, elle voyait l’émerveillement dans les yeux de ceux qui l’observaient et elle adorait ça. Cette aventure là l’avait conduite à Winterfell pour la fête en l’honneur de la nouvelle Main du Roi, si elle avait bien compris il s’agissait du seigneur du Nord, mais il n’était pas là au moment de la fête. Elle avait trouvé ça étrange d’ailleurs, mais elle n’avait pas vraiment cherché à comprendre et s’était contenté de distraire l’assemblée. Et ensuite… Ensuite une chanson, l’altercation avec un Seigneur du Nord, la rencontre avec un Seigneur Corbeau et une belle Dame, puis l’enlèvement.

***

Lachlan était en état d’alerte, il avait l’habitude d’être sur ces gardes, toujours, quand on vit au Nord du Mur et qu’on veut survivre il valait mieux. Et là plus encore car il n’était pas assez loin du Mur à son gout et qu’en plus il fallait qu’il veille sur la gosse. Elle avait la peau si douce malgré les quelques cicatrices qui marbraient son corps chaud. Elle était si gentille et attentionnée. Il l’aurait bien gardé si elle n’avait été si fragile, incapable de survivre au-delà du Mur, trop docile, elle ne méritait pas ça.

Encore du bruit ! Juste un frémissement dans les branchages, un crissement dans la neige. Le sauvageon suivait Lubin des yeux sans pour autant le voir. Il savait où il était, mais il ignorait encore à quoi, ou qui il avait à faire. Il était prêt à en découdre, quel que soit l’ennemi. Il tâta ses fourrures à l’endroit où il avait mis la pointe de flèche en obsidienne qui avait fait exploser le Marcheur Blanc. Il attendait que l’intrus se montre, il attendait car il ne pouvait pas lui crier de le faire, trop près du Mur et qu’il ne voulait pas se jeter dans la gueule du loup ni laisser Hermine toute seule.

C’est alors qu’un grand bruit se fit entendre, cette fois, il en était certain, c’était un humain, corbeau ou sauvageon, mais d’après le peu de bruit, plus probablement un sauvageon, car les corbeaux se baladaient rarement seuls. Il se précipita à l’endroit d’où venait le bruit. Il le vit. Un corbeau ? L’instant de surprise suffit. La première flèche alla se ficher dans son épaule, lui arrachant un cri de douleur et le stoppant net dans sa course. Il serra la garde de son épée, mais il savait que, même s’il ne la lâchait pas, il lui serait difficile de se battre ainsi. Pauvre Hermine

Il leva tout de même son épée avec difficulté en grognant de douleur pour essayer de se défendre, de l’abattre sur l’ennemi avant qu’il ne soit trop tard. Mais la flèche suivante le fit tomber dans la neige et avant même qu’il n’ait touché le sol, une troisième se ficha dans ses fourrures sans le blesser. Il voulut se relever, il le voulut de toutes ses forces et commença à le faire, mais lorsqu’il put faire face à son adversaire, celui-ci était en train d’abaisser son épée de toutes ses forces sur lui. Il essaya de lever son arme pour parer, mais trop lentement, trop fébrilement du fait de sa blessure.

__ Lui fait pas d’mal… »

Ces derniers mots avant que la lame ne le coupe presque en deux entre le cou et l’épaule. Le sang, d’un rouge rubis imprégnait déjà la neige immaculée autour du corps inerte du sauvageon.

Hermine avait tout entendu et elle n’avait pas osé ouvrir les yeux. Elle avait entendu les flèches, les grognements le coup fatale, et aussi optimiste soit-elle, elle savait. Le silence qui suivait l’affrontement rendait les choses évidentes, seul le galop du cheval en fuite venait troubler la mort de son ami. Elle savait et elle pleurait en silence sous les fourrures qu’Azahel lui avait prêtées. Elle n’osait pas bouger et faisait le moins de bruit possible. Mais malgré tout, elle tremblait et sanglotait et le frère juré finit par entendre. Si Lachlan était encore vivant, il serait revenu vers elle, il lui aurait posé la main sur la tête pleine de chevaux orange ébouriffés et il lui aurait dit de se relever, qu’il n’y avait plus rien à craindre.

Au lieu de ça, elle entendit des pas s’approcher, elle se recroquevilla encore plus, espérant probablement disparaître dans le tas de fourrures qui lui servait de manteau. Mais ses larmes et ses cheveux rouges l’avaient trahie. Les yeux clos, elle l’entendit approcher, elle préférait ne pas le regarder, ne pas voir le mort arriver, alors elle ne bougea pas, se contentant d’attendre avec le vain espoir qu’il ne la voit pas. Mais elle tremblait de plus en plus et son visage était couvert de larmes. Il s’était arrêté, mais elle l’entendait respirer, preuve qu’il était tout près. Elle sentit une légère douleur sur sa joue et le contact d’une lame glaciale et entendit une voix qu’elle ne connaissait pas. Ou peut-être si, comme un songe, elle ne se souvenait pas bien. Cette voix n’était en tout cas pas celle de Lachlan. Elle lui filait froid dans le dos cette voix. Elle lui ordonnait de regarder, de dire qui elle était. Elle n’en avait aucune envie, vraiment aucune. Mais en orpheline docile dont la vie ne vaut pas grand-chose, surtout quand elle désobéit, elle ouvra ses grands yeux bleus-gris en se redressant doucement pour s’asseoir face au corbeau.

Les pleurs brouillaient sa vue, la silhouette menaçante du jeune homme mit du temps à apparaître, mais quand elle apparut, une trace de sang encore visible sur la joue, elle eut un mouvement de recul. Elle se retourna alors, morte de peur, essayant de fuir à quatre pattes dans la neige et la boue avant d’arriver à se relever. Mais ce fut à ce moment-là que son regard ne croise celui, vide, de Lachlan, mort, tout entouré d’une auréole de sang glacé.

__ Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan »

Un hurlement déchirant de désespoir. Elle s'écroula à côté de lui. Son ami était mort, et il était mort pour l’aider, pour la sauver. Il l’avait sauvé, deux fois. Il avait tué l’Autre et il avait voulu la défendre contre le Corbeau, mais il était mort. Deux de ces amis étaient morts ainsi. Ses amis sauvageons. Elle n’avait de nouveau plus personne et ils étaient morts à cause d’elle. Levant les yeux au ciel en pleurant de plus belle, elle prit la tête à moitié coupée de Lachlan sur ses genoux et se mit à lui caresser le visage frénétiquement en tremblant se mettant du sang partout.

__ Pardon, pardon, pardon… pardon… pardon… pardon… pardon. »

Dit-elle en sanglotant, à bout de souffle. Elle en était certaine maintenant, elle portait malheur. Elle était chanceuse, mais elle portait malheur. Tout ceux qu’elle aimait mourraient, ou presque, ou ils avaient des ennuis à cause d’elle.

__ Je suis désolée Lachlan… je suis désolée… »

Elle déposa un baiser sur son front, il était encore chaud, mais il ne tarderait pas à refroidir. Froid ?! Ils allaient le transformer en mort vivant lui aussi ! Quelle horreur ! Elle se remit à pleurer de plus belle, affalée sur le corps inerte de son ami.

__ Pardon… pardon… Je suis désolée… pardon… »

Comme elle le serrait dans ses bras, sa main rencontra un objet froid sur lequel elle se coupa légèrement le doigt qu’elle retira vivement sous le coup de la douleur. Elle se souvint alors que c’était ça qu’il avait utilisé pour tuer le Marcheur Blanc. Elle le prit, il fallait qu’elle le montre à quelqu’un, cette chose magique qui tue les morts vivants. Il fallait qu’elle la garde. Lui n’en aurait plus besoin hélas. Il lui avait donné son couteau d’ailleurs, mais elle ne pensait même pas à s’en servir. A vrai dire, elle n’en aurait pas fait grand-chose, elle ne savait pas s’en servir, mais le sauvageon avait insisté pour qu’elle le prenne alors elle l’avait gardé. Mais à vrai dire, elle n’était pas vraiment consciente qu’elle pouvait s’en servir pour faire du mal à un autre être vivant, elle en était de toute façon totalement incapable. Elle était juste triste, triste à en mourir, elle n’avait dans le cœur aucun désir de vengeance ni aucune haine envers lui. Elle s’en voulait bien plus d’avoir obligé Lachlan à s’approche r autant du Mur alors qu’il aurait survécu si il n’avait pas croisé sa route et qu’il ne voulait pas croiser ses anciens collègues de la Garde de Nuit. Oh non, il ne voulait pas. Mais, soyons franc, si il n’avait pas tué le sauvageon, c’est lui qui serait mort.

Elle leva les yeux, toujours en pleur, toujours à genoux avec la tête de Lachlan serrée contre elle, elle tendit sa main devant elle et l'ouvrit. Y reposait une pointe de flèche qui semblait faite d’un autre matériau que le métal, un matériau bien étrange et oublié de tous...

__ Tiens… Tu en auras plus besoin que lui maintenant. »

Dit elle en sanglotant. Sa petite main était en sang, car, dans son chagrin et sans s’en rendre compte, elle avait serré beaucoup trop fort la lame de verredragon qui était coupante comme un rasoir, aussi effilée qu’une épée fraîchement aiguisée malgré son ancienneté. Elle était noire et brillante et avait des reflets bleus violacés.

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