Lord Caron trottait avec toute sa compagnie sur la Route Royale à la sortie du Bois du Roi. Vingt soldats aguerris - dont cinq chevalier - l'accompagnaient. Au loin, à cinq ou six miles, on pouvait distinguer la silhouette titanesque de Port-Réal, ses murailles, la baie et le Donjon Rouge. Le Donjon Rouge dont le sommet était figé dans les nuages tel une flèche prête à s'envoler. Le temps était beau, le ciel clair et le vent frais apporter une température excellente, ni trop chaude, ni trop froide. Le vent couchait les plumes noires du casque du jeune Lord, les plaques d'aciers de son armure cliquetait sous le rythme de la belle jument. Rhaenys et sa crinière blanche était resplendissante. On ne pouvait qu'admirer cette jument, gracieuse et très endurante. Les champs étaient jaunes, l'orge, le blé et l'avoine étaient prêts à être récoltés. L'odeur de forêt et de nature que la troupe avait pu sentir depuis son départ était entrain de disparaître. Arrivant par le sud face au vent et à la cité, l'odeur nauséabonde des bas-quartiers de Port-Réal envahissait l'atmosphère. Plus ils se rapprochaient de la cité plus ils voyaient de pauvres gens assis sur le bord de la route mendiant de la nourriture ou quelques pièces. Ils s'agenouillaient devant les quelques bourgeois ou nobles qui croisaient par là. L'un d'eux s'agrippa à la jambe de Bryce et ne le lâcha que quand celui-ci lui eût donné une miche de pain. Le jeune Lord était désolé par ce spectacle sinistre... Comment le Roi avait-il pu laisser une pauvreté pareille s'installer dans la capitale ? Il fallait agir bien avant d'en arriver à ce stade. Lord Caron songeait à une politique économique très dynamique où le Royaume s'endetterait afin d'employer des pauvres pour les cueillettes ou d'autres tâches comme celle-ci afin de redonner de l'argent aux gens, qui le dépenseront, le Royaume finira par récupérer son argent avec une plus-value et le fruit de ce travail pourra soit servir au commerce extérieur soit à remplir les grenier pour se préparer à l'Hiver. Enfin bon, n'étant qu'un Lord vassal d'un Lord Suzerain vassal d'un Roi sa parole ne vaudrait sans doute pas grand chose aux oreilles de ce "Roi".
On pouvait enfin discerner la Porte de la Rivière ou comme on l'appel plus communément "de la Gadoue" à cause de tous les pauvres qui ne peuvent pas se laver et qui mandent sur la place Poissarde après la porte. Les murailles de Port-Réal était vraiment impressionnante bien que Séréna n'avait pas grand chose à lui envier au niveau des fortifications, mis-à-part le Donjon Rouge. La Citadelle se dressait telle une montagne que l'on a battit... Tel un volcan jaillissant de la baie. A une centaine de mètres du pont-levis, les archers virent la troupe arriver et remontèrent le pont. Une dizaine de manteau d'or avec des lances se plaça devant la rivière sur la route des cavaliers. Lord Caron leva la main droite et l'escorte s'arrêta pendant qu'il poursuivait avec Rhaenys. Arrivant au galop devant les manteaux d'or ceux-ci reculèrent et l'un d'eux failli tomber dans la rivière. Rhaenys freina des quatre fers juste devant les gardes. Lentement, Bryce descendit de sa jument et d'une petite tape sur l'encolure la renvoya auprès du reste des cavaliers. Un garde pointa une lance sur Lord Caron, celui-ci sourit à pleine dent et éclata de rire il s'approcha lentement attrapa le bout de la lance et le colla sur sa pomme d'Adam en fixant le soldat droit dans les yeux. Le jeune seigneur pouvait sentir la peur dans le souffle et le regard de son adversaire... Mais lui ne cessait pas de sourire. Il murmura au garde :

"Vous irez expliquer au Roi comment vous avez confondu un de ses plus fidèle vassal avec un bandit. Vous lui direz comment vous avez empalé Lord Caron avec votre lance, je suis sûr qu'il sera très heureux de l'apprendre ! Arrêtez votre comédie et abaissez-moi ce pont soldat ! Ou bien je serai obligé d'expliquer à notre Roi à quel point vous êtes... lassant. Dépêchez-vous ! Ouvrez."

En entendant le nom de leur interlocuteur, les soldats parurent sonnés. Le garde se trouvant en face de lui abaissa sa lance et s'écarte l'échine courbé faisant mille excuse. Il cria aux archers d'ouvrir le pont, ce qu'ils firent immédiatement. Les cavaliers rentrèrent au galop par la porte, les manteaux d'or s'écartèrent précipitamment, avant de remonter sur Rhaenys, Lord Caron s'adressa au garde en leur expliquant qu'il voulait juste leur faire peur mais qu'ils n'avaient rien à craindre de lui, au contraire si ils avaient des demande particulière ou si ils connaissaient des gens dans un besoin urgent de l'assistance d'un lord, qu'il lui fasse passe un mot. Les gardes parurent très surpris du discours que venait de leur tenir ce jeune lord, il n'avait jamais entendu un seigneur parler comme cela à de simples gardes. Ils le remercièrent mais aucun d'eux n'osa demander quelque chose. Bryce poursuivit sa route en passant par la place Poissarde puis en montant dans la rue Croche en direction de la colline d'Aegon. La troupe montait la rue quand tout d'un coup le jeune seigneur leva le bras droit, poing fermé. Toute la troupe s'arrêta. Il descendit de sa monture et se dirigea vers une étale où une vieille dame vendait des fruits. Mais cette vieille dame vendait aussi des fleurs ! Bryce acheta dix roses rouges ainsi qu'une fleur blanche dont il ne connaissait pas le nom. Elle lui expliqua qu'il s'agissait d'une variété très rare de fleur ne poussant qu'en altitude dans le Val. Bryce pressé de les offrir à Elhenna paya la dame, elle remercia d'une révérence saccadé dû à son âge avancé mais cette révérence toucha beaucoup le Lord qui se promit de revenir la saluer avant de repartir de Port-Réal.
Arrivé devant la barbacane, entrée principale du Donjon Rouge, la troupe s'arrêta et les soldats formèrent une colonne pour passer la porte. Devant eux des gardes vêtu de rouge gardés la porte... Des Lannister. La colonne traversa les bannière haute sans qu'aucun garde ne bouge. Il avait reconnu le blason des Suzerains des Marches de Dorne. Arrivé dans la cour extérieur, les soldats amenèrent les chevaux aux écuries et Lord Caron demanda à ce que Rhaenys soit particulièrement choyé. Il appela un valet et lui demanda où il pourrait trouvait Lady Dustin. Le vieux valet lui demanda de patienter quelques secondes et alla questionner une jeune femme celle-ci désigna une porte. C'était le bois sacré. Lord Caron demanda à ses hommes de l'attendre dans la cour et de se reposer. Il entra quant à lui d'un pas léger dans l'enceinte où se trouvait le bois sacré du Donjon Rouge. Et là... Il la vit. Elle était de dos, face à l'arbre-cœur au centre du bois. Bryce s'approcha doucement une main sur le pommeau de son épée l'autre tenant le bouquet. D'une voix douce mais pleine de détermination il demanda :

" Lady Dustin ?"

La jeune fille se retourna précipitamment, on aurait dit une biche surprise par un loup et prête à décamper au moindre bruit. Le jeune Lord vit aussi un homme s’était redressé et le fixait. Le regard d’Elhenna changea quand elle prit conscience de qui venait de l’interpeler. En revanche, l’attitude de l’autre homme trahissait le fait qu’il était sur la défensive. Le regard que ce garçon lui lançait ne plaisait pas du tout à Bryce. Comme à son habitude, il le toisa avec un sourire en coin lui faisant comprendre qu’il ne vaudrait mieux pas s’attaquer à lui. L’homme des Terres de l’Orage regarde Elhenna de nouveau. Elle n’avait pas changé… Ses cheveux bruns étaient toujours aussi beaux et son regard le déstabilisait. Il repensa à l’autre homme et se dit *Ce doit être un garde du corps… Ils auraient pu trouver mieux quand même, je pense qu’il a sans doute de très bonnes compétences d’escrime, cependant, il ne tiendrait pas dix secondes contre Rolland*. De nouveau, il se concentra et toisa la jeune fille de haut-en-bas… Certes, elle avait grandi ça c’était certain. Mais, elle n’avait rien perdue de sa beauté, au contraire, l’âge lui avait donné un corps de femme qui la rendait très attirante. Il fit un pas vers elle et hocha la tête avec un grand sourire et des yeux un peu plissé lui donnant un air très doux et joyeux, ce qui était vraiment rare pour lui. Visiblement, en présence de certaine personne comme Elhenna et sa protégée Elinor Tyrell, il était plus joyeux et apaisé.
Face à elle, il planta comme à son habitude son regard perçant dans le sien comme pour lire en elle et comprit qu’elle était vraiment surprise de le voir. En effet, cela faisait deux années qu’ils ne s’étaient pas vus, Bryce n’avait rien oublié de leur rencontre. Il lui avait ouvert son cœur en espérant la mettre dans le droit chemin et en essayant de lui expliquer que le peuple doit toujours passer avant les seigneurs, peu importe ceux que les gens puissants disent. Il se souvint avoir honoré les nouveaux et anciens Dieux et avoir prié afin qu’ils la protègent et veillent sur elle car, elle l’avait touché. Il avait dû se passer bien des choses en deux ans, au moins autant pour elle que pour lui. Lord Caron se demandait *Est-elle heureuse de me revoir ? Je l’espère, voyons ce que ces jolies fleurs donneront… *.
Il vit qu’elle venait de faire un geste à son garde afin qu’il s’apaise mais celui-ci n’avait pas l’air vraiment rassuré. Il fallait aussi comprendre que l’armure, l’épée, le heaume attaché à sa ceinture et la stature impressionnante du Sire de Séréna ne pouvait pas vraiment le rassurer. Bryce de nouveau le regarda et lui fit un sourire montrant qu’il comprenait son attitude. Visiblement, lui et la jeune damoiselle avait l’air surpris qu’il les ait trouvés. Le Suzerain des Marches de Dorne était connu à Port-Réal, sa famille avait toujours été loyale au Barathéon. Pour lui, il suffisait d’un regard ou juste de montrer le pommeau de son épée afin de faire comprendre son identité et d’obtenir la plupart des informations qu’il souhaitait. L’héritière de Tertre-Bourg le salua d’un léger mouvement de la tête, il fit de même et ils se sourirent avant qu’elle s’adresse à lui :

« Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes vus. Que faites-vous à Port-Réal, si loin de Séréna ?

- Bonjour Milady. Je vois déjà dans votre question et vos regards que vous vous étonnez que je vous ai trouvés ici… Sachez donc que ma sœur Mylenda est la femme de Petyr Frey, fils benjamin de Ser Ryman Frey, lui-même fils de Ser Stevron Frey, héritier des Jumeaux. Lorsque vous avez fait une halte là-bas afin de vous reposer elle ma chère sœur m’a envoyé un corbeau car, il y a deux ans quand je suis rentré en passant par les Jumeaux je lui avais parlé de vous. J’espère que vous ne nous en voudrez pas trop. Surtout n’en tenez pas rigueur à ma sœur, c’est moi qui lui avait demandé de le faire afin de pouvoir vous revoir lorsque vous vous trouverez dans ce... nid de vipères. Je ne cherche pas à vous faire peur et encore moins à faire peur à votre garde.
Lorsque que nous nous sommes rencontrés je vous ai trouvée quelque chose de spécial. Cela m’arrive rarement d’apprécier vraiment quelqu’un mais lorsque c’est le cas je veille sur cette personne. Je suis donc venu m’assurer que vous allez bien et qu’aucun lord ne cherche à vous nuire. »

Se tournant vers l’homme qui accompagnait Elhenna, il décrocha son fourreau de sa ceinture et le lui lança. Celui-ci l’attrapa habilement. Lord Caron lui fit un sourire pour qu’il comprenne que ses intentions envers Lady Dustin était pure et sans aucune arrière-pensée. Prenant une grande inspiration, il se retourna de nouveau face à la damoiselle et lui tendit les fleurs en baissant la tête en signe de respect. C’était bien la première fois que Bryce offrait des fleurs à quelqu’un. Mais en passant devant cette étale toute à l’heure les doux parfums des fleurs et leurs beautés si variés l’avaient pris de court. L’homme s’était senti obligé d’en offrir à Elhenna tellement il les trouvait resplendissante. Alors la tête toujours baissée il lui dit doucement :

« Dix roses rouges pour votre beauté et une fleur blanche du Val pour votre pureté, votre bonté et votre honneur. »

Le fait que le Lord ait disposé les roses autour de la fleur blanche signifiait que, cette magnifique grande fleur blanche dont il ne connaissait pas le nom, symbolisait le cœur d’Elhenna et les roses, son corps l’enveloppant. On ne pouvait dire que Bryce était un romantique mais pour lui chaque chose avait une signification particulière et il était doué pour la poésie et la philosophie, c’est d’ailleurs cela qui avait forgé son grand respect pour le petit peuple et son amour pour les arts. « Le Rossignol » comme ses soldats l’appelaient, par rapport à son style de combat acrobatique ressemblant fortement à celui de la « Vipère de Dorne » mais avec une épée. Ce nom, il avait désiré qu’on lui donne et c’est par ses gardes que s’était propagé ce surnom. Il sentit alors quelque chose de doux lui effleurer les doigts.

Le Lord venait de réaliser que ces doigts si doux qui le touchaient étaient ceux d’Elhenna. Dans sa poitrine, là où son âme se trouvait, venait de se propager une onde. Telle une brebis venant de s’apercevoir qu’elle venait d’être piégée par un loup, son cœur s’affolait. Le souffle coupé, les genoux tremblant, Bryce fixait la chevelure et le visage de la jeune fille. On pouvait sentir dans son regard une certaine inquiétude, la peur d’avoir mal agis, que ce qu’il lui apportait ne plusse à la jeune louve. Lord Caron ne se souvenait pas de sa mère, mais sans le savoir, il était comme son père. Derrière son armure et son tempérament de guerrier, il était un cœur tendre qui ne cherchait que l’amour. Si seulement la belle damoiselle avait pu voir la vitesse à laquelle lui et ses hommes avaient galopés. Avec quelle passion il avait poussé sa jument Rhaenys à accélérer et à agrandir chacune de ses foulés. Alors, elle aurait pu comprendre pourquoi il était là. Quelques jours à Tertre-Bourg avaient suffis à l’homme pour être épris de la ce petit bout de femme. Il ne s’était passé que quelques jours sans qu’il pense à elle mais le reste du temps, chaque soir, en priant les Sept, il avait une pensé pour elle. Son charme, sa beauté, sa douceur, son intelligence l’avait bouleversé et il savait qu’il ne s’en remettrait pas. Suzerain du plus grand domaine des Terres de l’Orage, respecté par beaucoup même par la plupart des Lord Suzerain, il lui manquait quelque chose, et ce quelque chose, c’était Elhenna, son cœur le savait depuis leur rencontre. Prêt à tous les sacrifices. Il donnerait volontiers tout son domaine pour rester avec elle sur cette terre sacrée de Tertre-Bourg.
Elhenna avait plongé son visage dans le bouquet afin de respirer les arômes de ces belles fleurs. Lorsqu’elle se pencha afin de sentir les fleurs, Bryce fixa sa nuque, et la douceur de ses doigts lui revint en tête, un frisson le parcourut. Des pieds à la tête, il était tétanisé attendant la réaction de la jeune fille. Le Seigneur de Séréna retint son souffle. Si, il avait pu, il l’aurait prise dans ses bras et l’aurait couverte de mille et un baisers. Affronter les élans de son cœur était pour Bryce la chose la plus difficile à faire. La jeune fille leva les yeux vers lui et plongea son regard dans le sien. Entre eux, c’était comme une lutte sans fin. L’homme était réputé pour son regard perçant et déstabilisant mais face à elle son regard, était doux et bien veillant. Lady Dustin lui annonça qu’elle trouvait les fleurs magnifiques, et elle lui demanda le nom de la fleur blanche qui avait tellement intrigué Bryce lorsqu’il les avait achetées. Le Lord chercha dans ses souvenirs, mais dans tout ce que lui avait dit la femme à propos de cette fleur, à aucun moment elle ne lui avait donné son nom. Le Suzerain des Marches de Dorne ne savait trop quoi lui répondre, mais soudain, un sourire vint de nouveau illuminer son visage et une phrase sortit de sa bouche sans même qu’il s’en rende compte :

« Je ne puis mademoiselle vous dire le nom exacte de cette fleur, la vieille dame à qui je l’ai acheté ne me l’a pas révélé. Sans doute était-ce une manière à elle de me dire que ce qui importe avec cette petite beauté, ce n’est pas son nom, mais ce que l’on souhaite qu’elle signifie. Mon père, puisse son âme demeurer en paix, m’a dit un jour que… L’important dans ce triste et sombre monde ce n’est pas ce que les choses sont. Non, ce qui compte, c’est ce qu’elle représente à nos yeux. Un jour viendra, vous dirigerez votre domaine, un jour viendra où vous verrez de vos yeux ce que le… petit peuple reçoit de notre part. Alors vous devrez leur donner tout ce que vous pouvez. Pour ces gens simples. La moindre petite lueur d’espoir est un bonheur infini. Heureux sont ceux qui ne savent pas. Heureux je suis de ne point connaître le nom de cette fleur sublime, bien qu’elle ne me paraisse que peu représentative de votre âme. »

La jeune fille avait l’air pensive et elle lui demanda pour combien de temps il était à Port-Réal et qui gérait son domaine et ses affaires en son absence. Qu’elle bien curieuse damoiselle, elle se souciait même de savoir qui s’occupait du domaine de Bryce lorsqu’il ne s’y trouvait pas. Ce fut avec plaisir que l’homme répondit à ses questions :

« Vous êtes bien curieuse ma chère ! En ce qui concerne le temps que je vais passer dans notre capitale et bien je n’en sais trop rien cela dépend de beaucoup de choses, et surtout de vous enfaîte. Je vous expliquerez cela après avoir répondu à votre seconde question. En ce qui concerne mes intérêts à Séréna et dans les Marches, mon demi-frère Ser Rolland Storm s’en occupe et j’ai toute confiance en lui.
Revenons donc à votre première question, qui est plus complexe qu’elle n’en a l’air. Je dois vous l’avouer milady… Je ne vous ais pas menti, je suis bel et bien là seulement pour vous. Mais ce n’est pas seulement pour avoir la chance de contempler encore une fois votre beauté que j’ai fait le déplacement. Maintenant que vous avez 16 ans et que vous êtes une femme faîte, je veux vous le dire. Je suis épris de vous et je souhaite vous épouser… C’est pour cela que je suis venu. »

Il s’approcha d’elle et mit ses mains sur les siennes autour du bouquet. Son cœur battait tellement vite qu’il crût pendant une seconde qu’il allait trépasser avant même que la belle Elhenna n’ait pu répliquer. Epouser Elhenna ne serait pas la chose la plus facile à laquelle Bryce aurait eût à faire face, il le savait. Bien qu’étant un lord puissant, le Rossignol savait la jeune femme pupille de la Main du Roi, l’incroyablement puissant et respectable Lord Eddard Stark. De tous les lords suzerains, de tous les gouverneurs, la Main était l’homme le plus apprécié des Sept Couronnes. Le convaincre de laisser sa pupille, une fille du Nord, épouser un lord des Terres de l’Orage ne serait pas une mince affaire. Cependant, si la réponse d’Elhenna s’avérait favorable pour cette union et si elle aussi la désirait, dans ce cas Lord Bryce Caron, Suzerain des Marches de Dorne, Sire de Séréna, ne reculerait devant rien pour obtenir la main de celle que son cœur avait choisie.
Bien qu’il ne fut qu’un simple lord, sa vivacité d’esprit était toujours présente peu importe le moment. A chaque instant, on esprit réfléchissait à toutes les possibilités envisageables pour obtenir le meilleur pour le gens qu’il aimait et pour son peuple, sa propre personne venait après. Epouser une femme comme Elhenna, héritière de Tertre-Bourg reviendrait à devenir le nouveau Lord de Tertre-Bourg. Cela lui plaisait. Après avoir vu tant de gens du peuple souffrir de la faim dans le Nord dû aux mauvaises récoltes causés par le froid, une union de leur deux terres ne pouvait qu’apporter du bien aux gens de Tertre-Bourg, cela pourrait dynamiser la région avec toutes sortes de denrées provenant du Sud remontant jusqu’à cette terre nordique, froide, mais d’une beauté à couper le souffle.
Revenant au moment présent, il ne sût quoi ajouter pour convaincre la jeune fille… Bryce lui avait dévoilé ses sentiments pour elle, et il ne savait quoi lui révéler de plus. Se battre pour prouver sa valeur, cela il l’avait fait maintes fois. Mais dévoiler ses sentiments à une jeune femme c’était bien la première fois que cela lui arrivait. Il avait pour elle, les meilleures intentions du monde, mais comment le lui montrer, il la regardait droit dans les yeux essayant de lui montrer tout le bien qu’il lui voulait. Le Lord ne savait que faire, ne savait que dire.
Le soleil perça les nuages et frappa son armure argentée qui étincela de mille feux. Peut-être était-ce un signe des dieux, Anciens, ou bien les Nouveaux. Peu lui importait, pour lui tous les dieux étaient les mêmes. Seule la façon de les honorer avait changé depuis l’arrivée de ses ancêtres andals. Une chose, cependant le dérangeait dans cette histoire de dieux. De quel droit ses ancêtres avaient-ils abattus les barrals ? Pourquoi les puissants persistaient à se faire la guerre alors que l’amour et l’attention qu’ils peuvent donner à leur peuple peuvent résoudre presque tous les maux du monde.
Son cœur parla dans un dernier espoir, posant un genou à terre :

« Lady Elhenna Dustin, si par mon corps, mon âme ou toutes autres choses je puis vous convaincre de devenir mon épouse… Alors, vous ferez de moi le plus heureux des Hommes. Je vous promets fidélité, je vous promets de préserver l’honneur de votre famille. Je vous promets, sur les Anciens et les Nouveaux dieux, sur les dieux des autres royaumes et sur ma vie de préserver ce serment. Que l’on me jette du haut du Donjon Rouge si je ne tiens pas ce serment. Car je vous aime, de tout mon cœur. »

Ce serment fait dans un bois sacré n’avait pas sonné dans le vide… Les dieux l’avaient entendu, cela était certain, si ce serment venait à être approuvé par Lady Dustin, alors il lierait Bryce à vie.