** An 298 - 13ème Lune - Semaine 2 - Jour 1 **


Erdann marchait à grands pas. Il s'était maintenant habitué aux interminables couloirs de la Banque de Fer. Si il tenait une allure soutenue, il arriverait vite à la salle du Conseil. Il ne s'arrêtait jamais pour admirer les immenses colonnes de marbre noir qui soutenait le plafond. D'immenses veinures argentées semblaient courir dans la pierre, tels de minuscules ruisseaux. Les immenses baies vitrées le long du couloir donnaient sur les jardins et, si l'on portait le regard plus loin, sur l'immense colosse de pierre qui gardait l'entrée de la lagune de Braavos.

Les pas du vieux membre du Conseil résonnaient dans les couloirs, et finissaient par s'évanouir au bout de ceux-ci. Malgré son âge maintenant avancé, Erdann avait gardé une prestance solide : son dos ne se courbait pas, ses genoux ne grinçaient pas à chaque mouvement. Et c'était son meilleur atout pour avoir de l'autorité. Et les dieux seuls savaient qu'il en aurait besoin.

Il arriva devant l'immense porte de fer noire qui permettait de pénétrer dans la pièce où se tenait la réunion. Il ouvrit d'un mouvement large la porte à deux battants. Tous les autres membres du conseil étaient déjà présents. Les têtes se tournèrent vers lui. Dans le regard de certains, il décela de l'admiration, de la peur, mais aussi dans ceux de certains une froide colère. Une sorte de répugnance. Au bout de la table, le Maître du Conseil, Tormo Fregar, afficha son mécontentement.

Nous avons failli attendre, Erdann...

Erdann alla s’asseoir à sa place, sans un mot. Il éprouvait une totale indifférence pour l'attente qu'il avait fait subir aux autres nobles.

Bien, commençons, reprit le vieillard. Comme vous le savez, un de nos principaux débiteurs est Westeros, et en particulier la Couronne. Cela fait maintenant plus de dix ans que nous prêtons au roi Robert Barathéon, et pas l'ombre d'un dragon ne nous est revenu. Il est temps de recouvrer au moins une partie de nos prêts. Nous devons envoyer quelqu'un à Port-Réal afin d'obtenir notre dû...

Les voix s'élevèrent alors dans un brouhaha pour le moins dérangeant. Noho Dimittis et Tycho Nestoris se disputèrent le droit de prendre le navire sur le champs afin de servir la Banque. Erdann ne dit rien. Il ne voulait en aucun cas s'éloigner de Braavos, il devait encore étendre son influence ici. C'était une nécessité.

Je propose d'envoyer Slavos. Il est un des plus expérimentés de notre assemblée...

Erdann détesta cette idée, mais détesta plus encore le petit sourire en coin que lui adressa Tormo Fregar. L'idée fût soumise au vote. Bizarrement, les mains qui se levèrent appartenaient aux regards apeurés ou dégoûtés que lui avaient adresser la majorité des autres membres en entrant. Il sût alors qu'il devrait partir. Il se leva, salua l'assemblée et sortit, furieux.

Une fois dans son bureau, il prit un morceau de parchemin, une plume et de l'encre et écrivit :

Lord Grand Argentier,
j'envoie cette lettre afin de demander une audience avec quelque autorité du Royaume des Sept-Couronnes. En effet, la Banque de Fer souhaiterait aborder avec la Couronne le sujet du remboursement de la dette et des prêts effectués par la Banque envers le roi Robert I Barathéon depuis maintenant plus de dix ans.
J'accosterai à Port-Réal dans les environs du jour six de la quatrième semaine de la treizième lune de cette année. Je viendrai seul. Je requerrai juste, si possible, un embarcadère pour mon navire.
Avec mes salutations,
Erdann Slavos, Membre et Conseiller de la Banque de Fer

Il cacheta la lettre et la fit porter à un navire marchand Tyroshi en direction du Donjon Rouge. La nuit était tombée, est de minces filets d'argent transperçaient les carreaux de son bureau.
Il souffla la bougie.