Année 298 – Lune 12 – Semaine 4 - Jour 1.
Val d'Arryn, Large de Goëville

Le voyage pour Port-Real commençait à peine et Ysilla Royce en avait déjà assez. Le convoi avait traversé la pluie, la boue, le froid… Ils avaient rejoint Goëville depuis Cordial et les choses sérieuses allaient vraiment commencer. Le bateau pour beaucoup trop longtemps. Des semaines de navigation arrivaient et avec elles leur lot de tempêtes de creux et de vagues incroyables… Des semaines de peur, de nausée, de sueurs froides pour la jeune valoise. On ne pouvait pas dire qu’elle avait le pied marin, loin de là. La traversée jusqu’ici avait déjà été un calvaire et il ne faisait que commencer. Cette escale se présentait comme un petit bout de paradis mais déjà ils devaient repartir. Le temps ne lui plaisait pas et la jeune lady avait mis du temps avant d’embarquer à nouveau. Elle était montée puis redescendue puis remontée. Elle s’était ensuite enfermée dans sa cabine et avait attendu le moment fatidique de la levée d’ancre et du lâché d’amarres.

__ « … » De longues minutes étaient passées, puis des heures, de longues, longues heures… La mer s’était formée et ne s’emblait plus vouloir s’arrêter de faire « rouler » le bateau. De haut en bas, de droite à gauche. Encore et toujours. Avait-elle le mal de mer ? Un peu mais en réalité les angoissent étaient seules responsables des nausées qu’elle ressentait. Elle fut alors prise de bouffées de chaleur et tenta une sortie à l’arrière du bateau. A peine y fut-elle arrivée qu’un matelot la repoussa à l’abri. C’était trop dangereux et ils ne pouvaient se permettre qu’une « ptite noble » tombe à l’eau. Furieuse mais en même temps toujours aussi apeurée voire plus encore, elle reprit le chemin de sa cabine, trainant les pieds. Enfin… Essayant de trainer les pieds car en réalité elle était brassée de bâbord à tribord comme si elle n’était qu’une vulgaire plume ! Elle n’était déjà pas très « solide » en temps normal, alors maintenant… Elle avait l’impression que tout son corps n’en faisait qu’à son bon vouloir, ou mieux, au bon vouloir des vagues elles même ! Ban sang mais quand cela allait-il s’arrêter ?!

Elle pensa une seconde à s’installer, là, à même le sol dans le couloir mais se souvint que sous aucun prétexte une lady de son rang ne devait être ainsi vue. Elle avait quand même une certaine image à tenir et une fierté sur laquelle elle n’aurait pensé s’asseoir !

Une, deux, la voilà repartie vers sa cabine. Elle avance tant bien que mal, se cognant encore. Pour ne rien arranger, ses angoisses n’ont pas disparue. Pire, ses bouffées de chaleur se sont maintenant transformées en sueurs froides et la jeune fille tremble incontrôlablement. Pas au point de ne plus pouvoir gérer ses membres, non, cependant, elle a tout de même l’impression que si elle ne faisait pas un peu plus attention à ses mouvements, elle pourrait bien avoir l’air d’une folle. Encore plus…

Cabine en vue ! Lit, cuvette et couverture bientôt à sa portée ! Elle voulut se précipiter mais patatra ! Elle fonça la tête la première dans sa porte… BOOM. Elle ne s’assomma pas, heureusement mais quelque peu étourdie, elle finit assise au seuil de sa cabine, une grosse bosse pointant le nez sur son front.

__ « Mais pourquoi cela n’arrive-t-il qu’à moi ?! » Pleurer ? Oh… Après ce qu’elle pensait voir au bout de ce voyage, elle n’y songea même pas. Se mettre à verser des larmes pour une bosse alors que la mort était peut-être au bout du chemin… Perte de temps. Se plaindre… Ça c’était bien mieux ! Ceci dit, elle ne se mit pas non plus à ronchonner toute seule. Finalement et malgré tout, elle était presque bien assise là, dans le « sens de la marche ».

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart

Quelle histoire, mais quelle histoire ! Ce qu’elle détestait être sur l’eau ! Une lady digne de ce nom ne devrait d’ailleurs pas se trouver dans telle situation ! Elle comprenait que sa nièce passe son temps enfermée si elle ressentait les mêmes nausées qu’elle. On ne pouvait pas même tenir debout convenablement ! Elle était bien mieux à cheval, à pied voire même à dos d’âne !

Elle venait donc de tomber et pestait contre tout et rien (principalement tout) quand elle entendit du bruit près d’elle. Elle s’était cognée, elle avait honte de se retrouver dans une telle situation. Personne ne devait la voir dans une telle posture et surtout pas Raymar ! Oh, non ! Question ! Etait-elle capable de se relever sans pour autant retomber instantanément ? Fort heureusement, il l’aiderait.

__ « Je vous remercie. Je déteste naviguer. Pensez-vous que nous arriverons entier ? » Elle en doutait. La peur ne la faisait pas raisonner comme il l’aurait fallu. Elle se voyait déjà engloutie par les flots. Noyée. Comment ce fichu rafiot pourrait-il résister aux assauts de la mer ? Elle, elle ne pourrait pas, la preuve, cette grosse bosse qui pointait le bout de son nez sur son front.

Raymar, lui, ne semblait pas incommodé par tout cela. C’était un homme fort, un chevalier. Forcément, il n’avait pas peur de naviguer. Il avait surement dû en voir d’autres en fait. Cependant, elle était persuadée que certains étaient faits pour naviguer et d’autres non. Ceci dit, pourquoi était-elle faite elle ? Les choses mignonnes, un monde simple et calme. Cela n’existait plus. Maintenant qu’elle savait que des frères et sœurs pouvaient forniquer et donner vie à des monstres, toute sa candeur semblait l’avoir quittée. En théorie, car en pratique elle restait encore une jeune demoiselle bien ignorante de tout un tas de chose.

__ « J’ai plus peur de ce qui pourrait m’arriver ici qu’une fois arrivée à Port Real à vrai dire. » Ce n’était pas peu dire. L’arrivée en terre ennemie la paniquait tout autant. Ce qu’ils savaient pouvait les mettre en danger et elle, la plus faible, se sentait bien plus vulnérable que tous les autres réunis. Ce qui pourrait la sauver ? Elle n’était personne pour eux bien que particulièrement importante dans sa tête, la Reine n’en aurait que faire de cette petite noble du Val non ? Elle comptait là-dessus... S’ils arrivaient un jour à se sortir de cette fichue tempête, évidemment.

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