Vêtu d’une robe bordeaux, Elia Sand se promenait dans le palais en fin de matinée. La journée s’annonçait rudement longue, car elle ne pouvait ni jouter, ni se promener avec Aladar, son cheval, ni sortir pour quoi que ce soit, bref rien. Non, car aujourd’hui la bâtarde devait gagner son pari : celui de rester propre du matin au soir. Souvent en vadrouille à l’extérieur du palais, la demoiselle avait l’habitude de rentrer dans un sal état, si bien que sa mère eu l’idée machiavélique de lui donner un défi, se tenir tranquille pendant 24 heures. Joueuse pour un oui ou pour un non, la jeune fille avait accepté pour finir par se rendre compte qu’elle avait été piégée. L’arroseur arrosé ça vous parle ? Trainant les pieds sur le chemin, il fallait absolument qu’elle se trouve un divertissement ou elle finirait par craquer… Zieutant les gardes qui se trouvaient un peu partout à Lancehélion, elle remarqua une silhouette différente des autres. Accoudé sur le rebord d’un balcon se trouvait un étranger, mais pas n’importe lequel. « Dormon. Non, Dervos ? Druma ? Dura ? Oh mince… ! » Pensa-t-elle. Son nom, Elia ne s’en souvenait plus, mais elle l’avait déjà entendu lors d’une conversation entre Tyerne et Nymeria, ses deux sœurs aînées. Se voulant surement discrète, leurs attitudes avaient égayé la curiosité de la petite princesse qui prit un certain plaisir à les espionner. N’entendant que des chuchotements, elle y comprit malgré tout certains mots : Protéger. Père compte sur nous. Et le fameux prénom commençant par un D et dont Elia ne se souvenait plus. Ce secret l’avait profondément vexé, car si son paternel ne lui en avait pas parlé c’était (d’après elle) parce qu’il ne pouvait pas lui faire confiance. Une voix dans sa tête lui disait pourtant que c’était probablement pour sa sécurité avant tout et que ce dernier ne l’écarterait jamais de la famille, mais Elia ne pouvait s’empêcher d’avoir l’impression d’avoir été mise de côté. Pendant plusieurs jours elle avait songé poser la question directement aux deux intéressés, mais elle finit par oublier l’étranger et par la même occasion le secret, jusqu’à aujourd’hui.

Souriant sans même s’en rendre compte, Elia savait comment se divertir : Découvrir l’identité de l’homme toute seule. Comment ? Elle n’en savait rien, mais en s’y prenant intelligemment elle arriverait surement à trouver une piste. La bâtarde s’approcha doucement et se plaça à côté de lui :

« C’est une belle journée n’est-ce pas ? Lui dit-elle sans l’observer. J’adore la chaleur du soleil, mais c’est agréable un peu de fraicheur de temps en temps. Cette fois-ci El posa ses prunelles sur lui. Pour vous il doit faire horriblement chaud, comme tous les autres jours d’ailleurs. Seul un Dornien fait attention à ce petit changement climatique, mais veuillez m’excusez je ne me suis même pas présenter, je suis Elia Sand, une des filles du Prince Oberyn Martell. » Ainsi elle entama la conversation.

« Ser Irvyn ? Chevalier au service de ma soeur Nymeria ? pensa Elia. Menteur, mais je découvrirais qui tu es vraiment. »

Elle lui sourit tout en continuant de l'observer. Il était brun et sa carrure ainsi que les traits de son visage donnait l'impression qu'il devait avoir 18 ou 19 ans. Il était beau, c'était un fait, mais il n'était pas celui qu'il prétendait être. Pourquoi se cacher ? Pourquoi prétendre être quelqu'un d'autre ? Toutes ses questions ne faisaient que donner à Elia l'ultime conviction qu'il devait être vraiment spécial.

« Enchanté Ser Irvyn. Vous semblez être un homme fort et sur qui on peut compter, je suis contente que ma soeur est un chevalier comme vous à ses côtés. Seriez-vous d'accord pour me tenir compagnie ? Je ne peux quitter le palais et je dois vous avouer que je m'ennuie. Elia s'autorisa un petit rire à l'idée qu'elle s'ennuyait, car même si c'était la vérité ce « Irvyn » était devenu son occupation. La bâtarde commença à marcher tout en continuant ses questions, autant dire qu'elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Nous sommes d'accord vous n'êtes pas d'ici, mais la chaleur ne vous dérange pas. D'où venez-vous ? Est-ce la première fois que vous venez à Dorne ? Je n'ai jamais quitté mon pays... Sa voix se brisa. L'idée de passer sa vie sans avoir vu les autres villes de Westeros blésait beaucoup Elia, mais inversement elle ne s'imaginait pas vivre ailleurs. Êtes-vous marié ? Car j'ai du mal à croire qu'un homme aussi beau puisse être célibataire. Elle était sincère, mais c'était avant tout un moyen pour l'interroger sur son passé, voir présent.

Elia l'écoutait parlé avec fascination. Menteur ou pas, il avait vécu plus de choses qu'elle vivrait surement dans toute sa vie et sa curiosité avaient pris le dessus. Ainsi il considérait Dorne comme la région la plus hospitalière ? La bâtarde ignorer si c'était la vérité n'ayant jamais visité les autres villes de Westeros, mais les dire de son père rejoignaient ceux de Ser Irvyn. Si ici elle avait la belle vie, ailleurs les bâtards étaient considérés comme des moins que rien et leur statut dénigré, alors qu'à Dorne ils étaient nés de la passion et les Sand étaient aussi présents que le sable et la chaleur. Il en est de même pour les femmes en général, les Dorniennes avaient plus de droit et d'impact que dans les autres contrés. Finalement, Elia n'avait peut-être pas de raison valable de se plaindre d'être « coincé » dans cette ville, mais l'appel de l'inconnu était bien trop fort et elle voulait avoir sa propre opinion et non basé son jugement sur celui des autres.

Ainsi le chevalier était célibataire. Cela devait-être dur de suivre un train de vie si mouvementé que personne ne peut vous accompagner. Elia rêvait de rencontrer son prince charmant sur les routes, ils voyageraient à travers Westeros et au-delà et vivraient une vie remplit de surprise et de rebondissement. Bien sûr ce n'était qu'un rêve et ses parents allaient surement la marier à un Dornien.

« - Pardonnez-moi si j’outrepasse mes prérogatives mais une dame de votre qualité n’a-t-elle pas nombre de serviteurs à son service voués à la divertir, et je ne sais combien de chevaliers et d’écuyers prêts à tout pour gagner ses faveurs ? Il me parait inconcevable qu’ils aient pu vous abandonner si cruellement à votre ennui. Un sourire triste se dessina sur ses fines lèvres.
- Ce n’est pas de leurs fautes, mais la mienne. Elle laissa s’écouler quelques secondes avant de reprendre la parole. Je ne suis pas de bonne compagnie, je suis plus une solitaire et j’ai rarement le tact nécessaire pour des conversations qui sont à mes yeux futiles et sans intérêt. La jeune fille posa ses prunelles sur lui avec beaucoup de malice. Vous êtes différents, vous avez vu des choses, voyager, rencontrer des personnes qui je suis sûre sont fascinantes. J’aime converser avec des hommes comme vous, car vous pouvez m’apprendre des centaines de choses. De plus, il faut vraiment être spécial pour devenir un chevalier au service d’une des Aspic des sables et je sais de quoi je parle. »

Arrivé devant un escalier, la bâtarde commença à le descendre en fessant glisser sa main droite sur le mur et sa main gauche soulevait son jupon pour ne pas marcher dessus. Ce Irvyn ou « D... » Quelque chose esquiver ses réponses assez brillamment et il jouait son rôle à merveille, mais les erreurs peuvent vite arrivés aussi.

« Vous avez dit plus tôt ne pas être de Lancehélion, mais que vous veniez quand même de Dorne, du moins c'est ce que j'ai cru comprendre. D'où exactement ? »