[Terres de l'Ouest] [Rp Flashback] Au lendemain du combat (PV Isendre Rivers )

Brienne Torth « Invité »

Année 299 ~ Lune 4 ~ Semaine 2 ~ Jour 4 :

La journée était sur le point de se terminer, le soleil en train de décliner. L'aube quant à elle, était encore pourpre du sang versé la veille lors de cette bataille dont on chanterait encore les louanges et les récits des années, des dizaines, des centaines peut être d'années durant. La bataille durant laquelle le lion était tombé et où de nombreux héros s'y étaient illustrés en triomphant de leurs ennemis ou en mourant comme ils avaient vécus, en chevalier, fier, honnête, et en défendant tout aussi bien la veuve et l'orphelin comme ils auraient défendus leurs vies sans bien évidemment quémander une chose en échange ou une quelconque forme de récompense comme l'exigeait les nombreux codes et dogmes de la chevalerie, principes qui était de ce fait forcément appliqué par la plupart de ces combattants qui avaient prêtés serment.

Quand de nombreux chevalier, noble aguerris ou tout simplement des villageois ayant pris les armes sous le commandement de leur seigneur, triomphaient du champ de bataille et entraient dans l'histoire des Sept couronnes, leurs noms seraient peut être même scandés des décennies plus tard dans des chansons racontant et vantant leur exploit héroïque ! D'autre perdait la vie au combat ou suite aux blessures qu'ils avaient pu recevoir, certains étaient morts vaillamment comme le capitaine de la garde de la Vesprée qui sans pour autant être apprécié de Brienne, la toucha légèrement lorsqu'elle en apprit la mort, et d'autre bêtement. Terrassé au fil d'une épée, embroché par une lance, ou peut être même mort à cause d'une infection d'une blessure causé d'une flèche dans le genou, qui sait. Chaque jour, des gens mouraient et naissaient mais la veille, cela avait été différend. La toute première bataille qu'avait pu livré Brienne, la pucelle de Torth qu'on la surnommait en se gaussant d'elle. A présent, elle aurait bien aimé savoir ce que pouvait bien dire ceux qui avaient été terrassés par cette soit disant pucelle qui selon ce que lui disait lord son père et tous les hommes qu'elle avait pu rencontrés, aurait plus sa place dans une cuisine, ou à faire des courbettes aux jeunes lords pour attirer leur sympathie que sur un champ de bataille à se battre pour la paix du roi. Mais elle n'en avait cure et préférait se référer au fait d'armes, et il fallait bien avouer que ces derniers parlaient bien d'eux mêmes. Et peu était ceux qui se permettait d'en douter, malgré le fait que la dame de Torth se gardait de crier haut et fort qui elle était, et que, portant son armure lourde de cuir fondu et son heaume, personne ne pouvait distinguer les formes féminines quasi inexistante et le visage si disgracieux de la belle, aussi bien que personne mis à part les soldats de la Vesprée et les quelques chevaliers avec qui elle avait pu avoir l'honneur de discuter. Mais entouré de centaine, voire de milliers de soldats en armes qui n'avait pas du gouter au plaisir de la chair probablement depuis qu'ils avaient quittés leurs maisons, femmes et familles, mis à part lorsqu'ils faisaient escale dans des bordels pour se soulager au cours d'une nuit, elle faisait bien d'essayer tant bien que mal de préservé son identité du péquenot moyen.

Le capitaine de la garde de la Vesprée ayant perdu la vie au cours des combats, la responsabilité et la charge de l'ost de l'île aux saphirs étaient revenues à Brienne une fois la bataille achevé, et les esprits quelques peu apaisés. Ils avaient installés leurs campement parmi celui de l'ost des terres de l'orage menés par Renly Baratheon qui avaient fait route depuis quelques semaines déjà de Port-Réal et qui, à son arrivé n'avait trouvé de la cité flamboyante et retentissante de Castral Roc qu'une ville pillé, légèrement en ruine qui avait subi le passage des Fer Nés sur son passage. Cette responsabilité nouvelle qui lui avait été confié, était une opportunité de plus pour montrer qu'elle pourrait se battre et mener des hommes aux combats aussi bien que n'importe qui d'autre, qu'elle n'allait surement pas s’empêcher de saisir.

A présent, elle sillonnait le campement de l'ost royal, toute d'armure vêtu, se promenant à l'occasion, et constatant avec un certain dégout à quel point les pertes avaient été lourdes de leur coté aussi malgré la nette supériorité numérique de leur armée sur leurs opposants. Des soldats blessés de toute part et encore sonné étaient pris en charge par les maigres mestres ou toute personnes qui avaient quelque connaissance, ne serait-ce que maigre, en médecine. Sur le sol, jonchaient des hommes en armes, dont les bandages sur le crane, les bras ou bien les jambes étaient entachés de sang qui avaient surement du sécher depuis quelques heures déjà, on n'aurait su dire si ces hommes étaient encore des nôtres ou si ils venaient de rejoindre les Sept. A sa grande surprise, les allées qui sinuaient à travers l'immense campement de l'ost royal, étaient assez bondés et agités malgré l'heure tardive.

Elle errait ainsi à travers les diverses tentes, à la recherche d'une personne. Plus tôt dans la journée, Brienne avait pu assister à la cérémonie d'adoubement de deux chevalier qui s'était déroulé au milieu du camp du roi, et n'ayant pas pu leur parler sur l'instant, s'était renseigné à leur sujet, pour pouvoir leur parler plus tard. Avant le bouclier brisé, ils étaient des hommes, bâtard, taverniers, fermiers, villageois. A présent, ils étaient chevaliers. Elle les recherchait tant pour les féliciter que pour pouvoir discuter avec eux et savoir de quelle manière ils avaient réussis ce tel exploit. La pucelle de Torth savait pertinemment que les récits qu'elle allait entendre serait embelli, exagéré, vantant les fabuleux mérites du soldat, à quel point il a terrassé son ennemi avec autant de grâce et d'aisance que d'honneur et de respect envers son adversaire, mais cela lui emportait peu. Cherchant du regard, le jeune homme qu'elle avait vu plus tôt, elle continua sa marche avec un pas plus assuré. Elle se disait naïvement que si elle pouvait rencontrer un chevalier récemment adoubé, si il était assez ouvert d'esprit, ils pourraient sympathiser, et peut être même lui proposerait-il de devenir son écuyer dans l'espoir qu'elle puisse devenir chevalier à son tour. Bien sur, malgré les enseignements du maître d'arme de la Vesprée, elle avait toujours l'espoir candide de peut être un jour devenir chevalier. Ser Brienne de Torth, qu'est-ce que ce nom pouvait bien sonner et était un délice dans les oreilles de la pucelle de Torth.

Arrivée au détour d'un chemin, elle tourna la tête tout en examinant attentivement les visages des hommes qui lui faisaient face. Son regard s’arrêta sur un jeune homme assis au coin d'un feu. Enfin. Elle venait de le trouver après bien une heure de recherche. S'approchant lentement, d'un pas hésitant, elle s'y dirigea. Se tenant face à lui, elle s’arrêta quelques secondes devant lui, avant d'enfin se décider à engager la conversation.

-Ser Isendre Rivers, c'est un honneur de pouvoir vous rencontrer. J'ai entendu vos nombreux exploits durant la bataille. Me permettez vous de m'asseoir à vos cotés et de m'accorder un peu de votre temps ? Lui dit-elle poliment en craignant quelque peu la réaction qu'il pourrait avoir.

Isendre avait rarement été fier de lui. Il avait ôté la vie à un homme ce jour-ci, mais se consolait en se rappelant de son récent adoubement et de l'homme mauvais qu'était Amory Lorch. Le bâtard des Desdaings était un jeune homme plutôt sensible et pourtant, lorsqu'une once de remords venait à le gagner, il pensait à la fierté de son père mais aussi au fait que le Roi avait été présent lors de son adoubement. Même Alessander, son fier demi-frère, son exemple, ne pouvait se vanter d'une telle chose. Peut-être les rêves un peu fous du Rivers pourraient se réaliser...

Sous l'obscurité qui se déposait sur l'Ouest, seul le grand feu qui se trouvait à peu près au centre du camp constituait une importante source de lumière. Quelques hommes s'y trouvaient, assis, buvant ou pansant quelques plaies sans gravité. Les grands blessés se trouvaient près des tentes, ne se soignant pas seuls. Isendre était lui-même assis sur un banc, observant les flammes et appréciant la chaleur de leur proximité. Il devait être le plus jeune, parmi ceux assis là, et pourtant, il savait qu'il n'était certainement pas le moins courageux. En effet, face à lui, de l'autre côté du feu, un homme d'une trentaine d'années peut-être, tremblait encore d'une peur qui se reflétait dans son regard. Ses yeux gris étaient grands ouverts et affolés, rivés sur la plaie refermée qu'il épongeait encore, comme s'il espérait la refermer par la simple action du linge humide qu'il passait doucement dessus...

-Bois un peu mon gars.

Isendre tourna la tête. A sa droite se trouvait un homme au visage marqué d'une vieille et longue cicatrice à moitié cachée par l'épaisse barbe mal entretenue et grisâtre qui couvrais son menton. Il lui tendait une bouteille que le bâtard Desdaings prit après une légère hésitation. Il ne l'observa que quelques secondes, avant de la porter à ses lèvres et d'en boire une gorgée. C'était un alcool qu'il ne sut identifier ; une mauvaise bière, sans doute. Il grimaça, peu habitué à de l'alcool de si mauvaise qualité puisque, même lorsqu'il n'était pas à la table des cygnes, ce qu'il buvait restait de qualité. Il n'était pas né noble, mais au moins n'était-il pas né dans une porcherie. Par politesse, il gratifia le balafré d'un hochement de tête et d'un « merci messer », avant de reposer son regard sur le feu...

Le temps passa, plus qu'il ne l'imagina et, plongé dans ses pensées, il ne remarqua même pas que le balafré et le poltron étaient partis, le laissant seul avec deux autres hommes occupés à panser leurs dernières plaies et à boire de l'autre côté du feu...

-Ser Isendre Rivers, c'est un honneur de pouvoir vous rencontrer. J'ai entendu vos nombreux exploits durant la bataille. Me permettez-vous de m'asseoir à vos côtés et de m'accorder un peu de votre temps ?

Était-ce vraiment un honneur de rencontrer un bâtard ? Un haussement de sourcil accueillit la question. C'était une voix de femme, chose plutôt étonnante sur un champ de bataille. Isendre savait qu'il y avait parfois -même souvent, voire toujours- quelques prostituées dans un campement tel que celui-ci. Mais cette voix n'était pas celle d'une simple catin, et cette courtoisie non plus. Il leva les yeux vers une grande femme en armure, ce qui lui parut un instant étrange. Pourtant, il acquiesça d'un hochement de tête et d'un sourire, désignant d'un geste de la main la place libre à côté de lui. Il était certain d'avoir entendu parler d'une femme guerrière, ici, dans cette armée. Il lui fallut quelques secondes pour chercher et retrouver son nom, mais il y parvint finalement.

-Lady Brienne, c'est un honneur également. Il se fendit d'un léger sourire. Je n'ai pas accompli tant d'exploits que cela, je n'ai tué qu'un homme. Et puis... Ce n'est jamais un honneur de rencontrer un bâtard.

Mais d'ici peu, je serai un Desdaings, se dit-il intérieurement.

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La femme en armes détailla quelques peu l'homme qui se tenait devant elle, le surplombant légèrement de sa hauteur. Il était assis devant un feu, probablement perdu dans ses pensées. En train de repenser au combat qui avait eu lieu la veille, se dit-elle, comme tous les soldats du camp quels que soit leurs mœurs ou leurs bannières. Ôter la vie pour la première fois n'était pas chose aisée, et si pour Brienne cela avait été plus un devoir qu'elle n'avait pas rechigné à accomplir, elle supposa que cela devait être bien différents pour les autres soldats. Si l'on pouvait les appeler ainsi d'ailleurs, des « soldats », eux qui quelques mois auparavant labouraient leurs champs, tenaient leurs échoppes ou bien faisaient la cour à quelques gentes dames. Il ne serait pas surprenant que des champs de batailles, ils ne leurs restent que des séquelles tout autant physique que mentale, le premier étant bien évidemment la meilleure issue. La jeune femme tacha de deviner ce qu'il en était de son interlocuteur, pas de blessure ou d'estafilade sur les parties de son corps qui lui était visible, il ne semblait pas avoir de bandages, ni ressentir une quelconque douleur. Elle put aisément remarquer que le jeune homme ne manquait pas de charmes, un long corps, finement dessiné et quelques peu musclé, doté d'un bien beau visage il est vrai, mais certainement pas le physique d'un combattant au que non. Il avait plus sa place dans une cour à draguer des midinettes légèrement vêtu et qui rigoleraient d'un air niais et puérile à chacune de ses remarques que dans un champ de bataille. Tout du moins c'est ce qu'elle pensait. Mais si il avait été adoubé, sous le regards des Sept et par le roi qui plus est, c'est qu'il devait aussi bien manier les mots que sa lame.

Elle put aussi constater à quel point il était jeune, surtout lorsqu'on le comparait aux autres vétérans du campement. Elle était son ainée, ça elle en était presque certaine, mais de combien elle n'aurait su dire. Trois, quatre ans pas plus. Il devait surement être très fier. Âgé d'une quinzaine d'année et déjà chevalier, peu de personne pouvait s'en targuer. Mais étant le fils illégitime d'un quelconque noble des Conflans, il exprimait surement un immense besoin de faire ses preuves, elle gageait. Ce qu'elle pouvait comprendre parfaitement, elle, la seule femme en armes dans ce campement, qui essayait d'être l'égal et de surpasser ceux qui se gaussaient d'elle plus que tout. Elle se disait que malgré la condition du jeune homme, rien ne l’empêchait pour autant de monter dans l'échelle sociale et d'atteindre son but. Après tout Brynden Rivers, un bâtard, avait bien été la Main du Roi Aerys I, pour ensuite se retirer à la garde où quelques années plus tard, il fut élu Lord Commandant de la garde de nuit. Si l'on pouvait comparer l'ascension sociale à une course, les nobles partiraient à cinquante mètres, les roturiers à cent mètres et les bâtard à cent-cinquante mètres. Rien ne les empêchait d'arriver premier et de surpasser ses concurrents, mais la tache en serait d'autant plus ardue.

Il lui répondit assez vite d'un hochement de tête significatif et d'un sourire, l'incitant à s'asseoir près de lui. Ce qu'elle s'empressa de faire. Il prit un petit peu de temps avant de parler, surement tentait-il de se rappeler de son nom, ce qui fit légèrement sourire la jeune femme dont le regard se posait sur les différents soldats qui défilaient devant elle. Certains portaient des bandages sur les parties de leur corps qui avaient été touchés lors du combat, d'autre étaient parfaitement intact et semblaient rire et s'amuser comme si rien de tout ça n'était arrivé, surement avaient-ils déjà pris part à de telles affrontements. Il prit la parole tandis qu'elle détournait son regard pour concentrer son attention sur le jeune homme. Elle écouta avec toute son attention, avant de lui répondre aussitôt.

-Lady ? Je ne pense pas mériter ce titre messer. J'ai autant de point communs avec une lady que cet ivrogne là bas avec un noble seigneur, lui dit-elle tout en affichant un large sourire.

Rapprochant ses mains du feu, puis se les frottant vigoureusement, appréciant la chaleur incandescente qui en émanait, elle reprit.

-Certes, vous n'avez tué qu'un homme mais vous avez tué le bon, et ce ne devait surement pas être chose aisée. Comment s'appelait-il ? Vous avez peut être raison, rencontrer un bâtard n'est pas un honneur, mais rencontrer un homme fait chevalier par le roi il y a de cela quelques heures, pour sa bravoure au combat, ça je peux vous le dire que s'en est un ! Finit elle, avant de le regarder et d'esquisser un sourire des plus sincères.

La femme en armes s'empressa de s'asseoir aux côtés du bâtard, qui la regarda faire sans piper mot. Elle observait le campement et ceux que l'on appelait guerriers. Des nobles ou des roturiers, fermiers, marchands, arrachés à leur famille, à leur quotidien, afin de guerroyer, espérant simplement de survivre. Voilà ce qu'ils étaient tous, de simples pions dans un jeu auquel Isendre rêvait secrètement de prendre part. Le jeu des Trônes, douce illusion qu'il caressait d'un regard avide. Qu'il aimerait s'appeler Desdaings, être ainsi le second héritier de Beaumarché. Il ne rêvait pas vraiment de prendre la place d'Alessander, ni d'être sa copie conforme. Mais il désirait être sur un pied d'égalité avec lui, être son frère, et que lui comme son père soient fiers de lui. La Vipère s'en mordrait les doigts, lorsque victorieux et porteur de l'heureux message de l'amour réciproque de la douce Leyïa, Criston annoncerait qu'il demanderait à le faire légitimer.
Légitimer... Encore un rêve un peu fou du Rivers...

-Lady ? Je ne pense pas mériter ce titre messer. J'ai autant de points communs avec une lady que cet ivrogne là-bas avoir un noble seigneur.

Isendre tourna légèrement la tête vers l'ivrogne dont parlait la guerrière, se fendant alors d'un sourire amusé. Brienne n'avait pas totalement tort, elle brisait à elle seule les stéréotypes concernant les femmes de nobles naissance ; et au fond, elle lui rappelait même un peu Alyssa, sans doute toutes deux pourraient-elles s'entendre si elles venaient à se rencontrer un jour. Il haussa légèrement les épaules, son sourire toujours aux lèvres, et lui répondit d'un ton amusé.

-Il est vrai que je vois rarement des ladies prêtes à prendre les armes. Pourtant, vous êtes la fille de lord Selwyn de Torth, ce qui fait de vous une lady. Il la quitta des yeux quelques instants pour observer, pensif et quelque peu nostalgique, les flammes qui dansaient devant eux. Il reprit alors d'un ton plus détaché, perdu dans ses pensées, mais toujours souriant. Je connais une lady qui, comme vous, ne souhaite pas rentrer dans les « normes ». Je pense que vous pourriez vous entendre.

Il l'écouta continuer, repensant au combat qui lui avait apporté gloire et reconnaissance. Adoubé par le Roi... Oui, c'est ce qu'il s'était passé, et il ne parvenait toujours pas à réaliser ce qu'il s'était passé. Il rentrerait bientôt victorieux, plus que jamais en tout cas, et son père l'accueillerait en héros. Peut-être Alessander se montrerait-il railleur, et Cerenna le confinerait dans les cuisines pour laisser éclater sa rage, seule, tandis qu'Alyssa le rejoindrait et le féliciterait pour tout cela. Il n'attendait que cela, lire enfin la défaite dans les yeux de son horrible belle-mère, et toute la fierté du monde dans ceux de sa demi-sœur et de son père. Quant à son demi-frère, il espérait lire en ses yeux la peur de voir le bâtard le rattraper, l'égaler, devenir dangereux pour lui et ses ambitions. Enfin, il serait autre chose que le bâtard.

Tandis que Brienne louait ses exploits au combat, Isendre sentit une certaine fierté poindre en lui. Il ne regrettait rien, non, avoir ôté la vie d'un homme ne le dérangeait soudainement plus tandis qu'il comprenait que se joindre à cette armée lui avait permis bien des choses, lui avait ouvert des portes jusqu'ici fermées à double tours. Si à Beaumarché, Cerenna pouvait l'empêcher de devenir quelqu'un, elle ne pouvait rien faire sur un champ de bataille. Rien du tout. Désormais, elle était impuissante, et lui gagnerait en grandeur. Enfin, la roue tournait...

-Amory Lorch, dit-il presque sèchement. Il s'appelait Amory Lorch... Il méritait de mourir. C'est lui qui a tué brutalement la princesse Rhaenys de plusieurs coups de poignard, lors de la Rébellion. Un homme cruel, sans cœur. Il tourna la tête vers Brienne, un maigre sourire aux lèvres. Tuer quelqu'un n'était pas forcément plaisant, mais disons que c'est un mal pour un bien. Il inspira doucement. Je suis heureux d'avoir pu aider ainsi le royaume en éliminant un tel homme. Et vous, vous meniez des troupes ? J'ai cru entendre que le capitaine de la garde de la Vesprée avait perdu la vie.

Disant cela, il approcha légèrement ses mains du feu pour les réchauffer. Les nuits se faisaient de plus en plus fraîches.

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La pique amusante qu'elle avait lancée en direction de l'ivrogne semblait avoir fonctionner sur le jeune homme qui se tenait à ses côtés. Rire. Se détendre en oubliant. Ils en avaient tous besoin après des jours comme ces derniers. Pour beaucoup, Brienne y compris cette bataille d'envergure fut la première. Cela a de quoi vous retourner l'esprit. La réalité contre les expectations que l'on en faisaient. Ici, pas de vaillants chevaliers, de chevauchées héroïques, et de percée fulgurante dans les lignes ennemis. Juste des hommes luttant pour leur survie, et des larmes se perdant dans les flots de sang. Désorienté, c'est ainsi que la plupart étaient, d'autant plus, lorsque l'ennemi combattu faisait partie de nos rang. Cette bataille n'était pas une tentative de reprendre le Roc des mains des Fer-Nés mais un règlement de compte entre un roi et un seigneur que ce dernier trouvait trop ambitieux. Un règlement de compte. Des hommes étaient morts pour l'angoisse d'un roi. Comme toujours. Mais la "Belle" avait beau juger, si elle était présente à ce moment, ici même, à quelques centaines de mètres de ce qui fut quelques jours auparavant un champ de bataille meurtrier, c'était bien pour faire ses preuves et combattre pour une cause qu'elle jugeait juste. Elle avait fait ses preuves, en quelque sorte ; ses hommes désormais devaient surement avoir confiance en elle et en sa capacité à se battre, et si d'aventure, l'ost de la Vesprée venait à repartir en guerre, elle n'aurait aucun problème à les diriger, même si elle ne s'était pas illustrée comme tant d'autres ; mais la cause pour laquelle elle s'était battue était loin d'être juste.

La justice n'avait pas lieu pour l'instant. Elle attendrait. Elle attendrait avec impatience qu'une cause juste se présente, une raison de se battre de toute son âme et de toutes ses tripes, et lorsque celle-ci arriverait, elle n'hésiterait pas une seconde à la saisir.

Elle retourna à la conversation, et concentra son attention sur le jeune homme apparemment détendue qui souriait de plus belle. L'atmosphère était plus chaleureuse. A cause de la plaisanterie ou bien du feu qui crépitait ? Probablement plus la deuxième solution. La définition que proposait Isendre de sa personne était vrai. Techniquement, elle était bien la fille d'un seigneur, de ce fait une lady. Mais le rapprochement entre une lady s’arrêtait malheureusement là pour son père. Une lady devait être un modèle de courtoisie, de gentillesse, de féminité ; devait séduire et être la plus belle, la plus intelligente, la plus dans le seul et unique de gagner de la valeur aux yeux des autres seigneurs pour être "unis" à leurs héritiers.

-C'est juste. Les ladies comme moi sont rares, surtout dans nos régions, mais dans les cités libres comme à Dorne, cela est beaucoup plus courant voire même habituel. Je n'ai pas encore eu la chance de visiter ces régions, mais si d'aventures l'occasion se présentait, je n'hésiterait pas à aller y faire un tour, dit-elle en souriant légèrement et en se frottant les mains assez rapidement avant des les exposer au feu pou se réchauffer. Elle retourna la tête dans sa direction. Une lady dîtes-vous ? Nous pourrions nous entendre effectivement. C'est ma conviction personnelle, mais je ne pense pas que nous soyons si rares que ça. Néanmoins la plupart de ces femmes se battent en utilisant leurs armes, moi je me bats en utilisant les vôtres.

Le sujet dériva sur l'homme qu'avait tué Isendre. Celui pour lequel on l'avait fait chevalier. Sa réponse fut sec. Cela l'avait manifestement marqué.

-J'ai entendu des histoires à son propos.., dit-elle en repensant à ces dernières. Elle laissa planer quelques secondes de silence avant de reprendre tout en fixant son regard sur lui. Tuer n'a pas à être plaisant. Enlever la vie n'est pas une nécessité. Rendre justice l'est. Vous êtes un chevalier maintenant et tel sera votre devoir. La justice sera votre nouvelle vie et vous serez amené à la rendre en tuant. Elle inspira longuement. Il a effectivement perdu la vie. Un coup de masse a brisé son bouclier. Un autre lui a rompu la nuque. Un homme bon qu'il était. Le guerrier veille sur lui à présent. De ce fait, étant devenu la personne la plus "importante", elle souligna bien que ce mot ne devait pas être pris à son sens premier, j'ai mené les hommes de l'ost de mon père le reste de la bataille. Un maigre ost, il est vrai, plus d'une cinquantaine de soldat. Je n'ai pas défait de prestigieux adversaires mais je me félicite d'avoir pu limiter les pertes alliés. Et je pense avoir gagné une grande bataille hier. Lorsque les combats faisaient rages, ils ont hésité de prime abord à reconnaitre mon commandement, mais au fur et à mesure que les minutes s'écoulèrent ; ils étaient sous mes ordres et les respectaient à la lettre. J'ai gagné leur confiance et leur respect, hier. Telle est ma victoire, annonça-t-elle un sourire de fierté illuminant ses lèvres.

Isendre écouta tranquillement ce que disait la guerrière, un mince sourire aux lèvres tandis qu'il ne cessait de réchauffer ses mains auprès du feu. Les flammes s'élevaient lentement, dansant sous leurs yeux encore pleins d'images horribles. Brienne parla de Dorne et des Cités libres, ce qui fit tiquer le bâtard du cygne. Il avait déjà pensé à s'y rendre, se disant qu'il y trouverait plus aisément un chevalier afin de devenir son écuyer. Ainsi, il serait toujours un bâtard, mais aussi un chevalier. Mais les choses s'étaient passées différemment de ce à quoi il aspirait ; les choses s'étaient encore mieux passées. Le Roi l'avait fait chevalier, et c'était là quelque chose de non négligeable. Il avait tué un « grand homme », et ce sous les yeux du Roi. Il pourrait devenir un chevalier reconnu, mais il pourrait également gagner le nom de Desdaings... Cette idée lui réchauffa le cœur une fois de plus, avant qu'il ne réponde d'une voix basse, toujours un sourire aux lèvres.

-Dorne doit être une magnifique région. Quand je serai légitimé... Si je suis légitimé, je m'y rendrai sans doute. Nous avons tant de choses à voir, souffla-t-il avec un sourire. Cette lady que vous me rappelez est ma demi-sœur, Alyssa. Elle a toujours eu un caractère indomptable, rit-il. Elle a toujours rêvé de prendre les armes, comme un homme, et elle est la seule personne -avec mon père- à toujours m'avoir accepté, malgré mon statut de bâtard.

Brienne enchaîna à propos d'Amory Lorch, puis du capitaine de la garde de la Vesprée, qui avait perdu la vie durant les affrontements. Isendre hocha lentement la tête tandis qu'elle parlait, tentant de se rappeler s'il avait entendu parler ou vu un homme au bouclier brisé par un coup de masse. Il savait juste que le capitaine de la garde de la Vesprée était mort, rien de plus, Brienne lui apportant les détails manquant. Comprenant la motivation de la guerrière, celle d'être respectée au combat malgré son statut de Lady, il sourit. Il avait beau avoir un faible pour les ladies douces et maniérées, à la beauté parfaite comme Leyïa, il trouvait les femmes différentes, simplement garçonnes ou même guerrières, plus intéressantes lorsqu'elles conversaient avec lui. Elles avaient vu plus de choses, connaissaient plus de choses du monde, et avaient un point de vue généralement complètement différent du sien, ou de celui des ladies. Mais ces femmes-ci étaient rares, très rares même, et c'était pour cette raison qu'Isendre profitait d'en croiser une pour faire durer la conversation. Il sourit à Brienne.

-Vous avez toutes les raisons du monde d'être fière de vous ; vous avez en effet remporté une grande victoire ce soir, puisqu'il doit être compliqué pour une femme d'obtenir le respect et la confiance d'hommes d'armes. Je ne peux que me réjouir de voir quelqu'un comme moi, qui n'est pas « à sa place » là où il est, atteindre son but. Je n'ai pas ma place dans un château tout comme le respect que l'on peut me porter ne semble pas avoir sa place dans ma vie, puisqu'en tant que bâtard, je suis une erreur de la nature, soupira-t-il en roulant des yeux. Et pourtant, je suis aujourd'hui chevalier, et j'espère porter bientôt le nom de mon père, avoua-t-il avec un immense sourire aux lèvres.

[Désolée du temps de réponse ! bril

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L'ambiance était plus détendue. Les deux combattants se parlaient maintenant courtois comme si ils avaient été dans une cour, une taverne, ou tout autre endroit. Brienne n'aurait pas pensé entretenir une discussion convivial en tel lieu. Si la confiance et le respect de ses hommes lui étaient acquis, elle n'était pas sotte. Elle savait très bien qu'en sa "qualité" de femme, elle ne pourrait jamais entretenir avec eux une honnête discussion d'égale à égale. Si la combattante et la cheffe était respecté, la femme en elle ne le serait jamais autant qu'un homme. Jamais elle ne pourra se débarrasser de ça. De ce statut. De cette stigmate qui lui collait à la peau, comme marqué au fer rouge à la naissance. Du bétail de mariage voilà ce qu'elle était censé être. Une vitrine de la grandeur de Torth devant laquelle devait s'amasser des prétendants, tel des vautours autour d'une chaire mis à nue. Plus la viande était appétissante, et imposante, plus les vautours s'amassaient. Le destin avait fait en sorte que sa viande soit flétrie et disgracieuse, mais plus ferme et sec que les autres. A Dorne, elle serait plus accepté, mais y aller serait un aveu de faiblesse. Une fuite. Si elle ne convenait pas au mœurs des gens, qu'est-ce qu'elle pouvait bien y faire. Toujours moquée, jamais battue. Qu'ils continuent à rire. L'insignifiance de leurs railleries s'écrasera sur l'armure de plates de son indifférence.

Tout en écoutant attentivement son interlocuteur, elle le regarda, un sourire apparut sur ses lèvres, surement l'évocation d'un souvenir joyeux. Ces souvenirs étaient la seule chose qui permettaient de continuer à se battre dans la mêlée. On ne se bat que pour défendre ce qui nous est chère, fierté, honneur, famille, proches. Il suffit juste de trouver la raison de se battre, et là, seul les Sept pourraient vous arrêter. Se battre jusqu'à la mort pour une cause qui nous est chère. N'y a-t-il pas de plus noble cause ? Pour Brienne, peu lui importait de tomber si quelqu'un était là pour reprendre son épée et continuer à se battre. Elle continuait à écouter le jeune homme, mais elle ne put s'empêcher de prêter attention aux bruits du campement, le vacarme assourdissant de la veille avait laissé place au doux son de la victoire. Les gens buvaient, baisaient, festoyaient en un mot.

Le jeune homme eut fini de parler, Brienne tout en se réchauffant les mains lui répondit.

-J'ai pu rencontré à la Vesprée de nombreux voyageurs ayant mis les pieds à Dorne, à Lancéhellion, des marchands de broderies, je ne pourrais vous dire si cette région est si magnifique qu'on ne le dit, la seule chose dont je suis certaine c'est qu'elle ne ressemble à rien d'autre dans les Sept Couronnes, et ce, dans tous les domaines. J'aimerais bien y aller, au moins une fois dans ma vie, non pas pour m'installer, mais pour voir, questionner et apprendre. Vous doutez d'être légitimé ? Ne vous en faites pas trop à propos de ça. Elle se tourna vers lui, et le regarda dans les yeux. Un titre et une réputation sera toujours bien plus légitime qu'un nom. Vous êtes Ser Isendre, chevalier du Conflans, combattant du bouclier brisé, pourfendeur d'Armory Loch, et vous êtes jeunes. Combien de nobliaux de secondes zones peuvent s'en dire autant ? Entre vous, et un noble qui ne connait de la guerre et des combats que les tournois où il était trop occuper à faire la cour à quelques bécasses et les contes que sa Septa lui racontait pour le divertir, le choix est vite fait. Vous n'êtes pas un héritier, vous êtes de ce genre de personne qui se bâtisse d'elle même. Votre réputation et votre gloire, elle ne vous est pas servie dans un plateau d'argent au berceau, elle vous est acquise avec acharnement, fureur, et sueur. Et ça, ça vaudra toujours plus qu'un nom.

Elle détourna le regard pour le fixer sur le feu.

-Ce doit être une personne à qui vous tenez beaucoup. J'étais comme elle au début, et puis j'ai trouvé un mentor, et là j'ai pris les armes. Je ne me suis jamais senti aussi libre que sous le poids d'une armure de plate, arme au poing et bouclier en avant. Ce serait un honneur pour moi de la rencontrer. Rassurez-vous, tout cela sera bientôt fini, dit-elle en désignant la foule et le camp qui l'entourait, vous la retrouverez bien assez vite, couvert de gloire et d'histoire à raconter. Je ne vois aucune raison pour votre père de ne pas vous légitimer, ce nom qui a du vous narguer depuis tant de temps vous est bien plus acquis que le nom des nobliaux bien bercé dans leur lit de soie.

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