Fiançailles explosives
Ft Durran, Tyerne, Ellaria & Arianne

298, lune 12, Semaine 4, jour 7

La princesse aux cheveux bruns étaient partis se balader à l’extérieur des murs de Lancehélion. Accompagné par deux chevaliers, elle prenait l’air chaud de Dorne. Elle était revenue de Port Réal, il y avait peu de temps et sa terre natale lui avait terriblement manqué. Alors elle s’évadait. Cela faisait plusieurs jours qu’elle s’échappait tôt de la cité et revenait tard. Du coup, elle n’avait pas pu se mettre au courant des derniers évènements qui s’étaient déroulé dans la capitale dornienne. Juché sur son coursier des sables, elle longeait la côté qui lui apportait une brise marine rafraichissant l’air ambiant. Arianne ne se lassait jamais de cela, aventureux et impulsif, la jeune femme restait rarement en place.

Soudain des bruits de sabot se firent entendre derrière elle. Elle tourna sa monture tandis que ses chevaliers se rapprochaient d’elle, prêt à la défendre si le cavalier avait de mauvaise attention. Mais rapidement l’atmosphère se détendit car il ne s’agissait que d’un soldat au service de la famille Martell. Il ralentit sa monture et inclina la tête en direction de l’héritière de Dorne.
« Princesse, votre père vous demande au plus vite dans la salle du conseil.
-Mon père ? Il n’est pas aux jardins aquatiques ?
-Non princesse, il est revenu il y a quelques semaines.
-Très bien. Merci. »

La jeune femme était perplexe. Avec ses allées et retour furtif de la cité, elle n’avait pas vu que son père était de retour à Lancehélion. Chose étrange, il n’avait pas demandé à la voir plus tôt. Cependant Arianne talonna son cheval qui partit dans un vif galop en direction de ville. Etant non loin de la ville, cela ne lui prit qu’une vingtaine de minute pour atteindre Palais Vieux. Sur le trajet, elle se demandait bien ce que voulait Doran Martell.

Elle mit pied à terre et laissa un garçon d’écurie s’occuper de son coursier et se dirigea vers le lieu où son père l’attendait. La princesse ne fit pas de détour par ses appartements pour se changer et mettre une tenue plus féminine. Elle garderait sa tenue de monte et sa dague sur elle. La brune marchait d’un rapide et arriva rapidement devant la porte. Elle ne prit pas le temps de frapper et entra. Cependant elle se stoppa net sur le seuil. Il n’y avait pas que son père dans la salle. Il y avait deux de ses cousines, Tyerne et Nym, l’amante de cœur de son oncle Ellaria, son père et un homme qui lui était inconnu.

Elle lança un regard interrogateur à aux deux Aspics. Arianne ne comprenait pas tout pour le coup. Puis son regard brun se posa sur l’étranger car la princesse avait vite vu qu’il n’était pas dornien. Son teint était pâle, ses yeux bruns, ses cheveux étaient également bruns et bouclés, il avait une forte musculature et il faisait très chevalier mais quelques choses lui disaient qu’il y avait autre chose. Qui était-il ? Elle referma la porte avec lenteur et déporta lentement son regard sur son paternel.
« Vous m’avez fait mander père ? »

© Belzébuth

HRP : Voilà le rp. Comme vous pouvez le voir Nym est présente mais nous avons pas de joueur. N'hésitez pas à la jouer. Et essayez d'être dans l'esprit d'un event, j'aimerai bien que ça s'enchaîne pour pouvoir enchaîner sur autre chose ensuite^^ Merci

Fiançailles explosives

Les Aspics des Sables avaient l’air impatientes, surtout Nymeria qui faisait des ronds dans la pièce depuis qu’elle était arrivée. Ellaria attendait elle alanguie non loin de Doran Martell. Son attitude était relâchée, ne laissant pas transparaître les sentiments confus qu’elle ressentait. Habillée avec une certaine élégance d’un long ensemble doré ample, elle avait fait un peu plus d’efforts qu’à l’accoutumée pour l'occasion. Elle avait eu l’occasion de discuter avec le dirigeant de Dorne peu de temps avant le retour d’Arianne et lui faisait confiance sur les décisions à prendre. Il ne l'avait avertie que le matin-même de l’événement du jour. Pourquoi n'avait-il pas prévenu Arianne plus tôt ? A cette question, il était resté de marbre. Ellaria soupçonnait qu'il avait peur de manquer de contrôle sur sa fille, qui faisait rarement autre chose que ce qui lui plaisait. Il était d’un naturel prudent, bien trop prudent aurait dit Oberyn. C’est pour cela que ce qu’il s’apprêtait à faire ne lui ressemblait pas vraiment, mais il devait déjà y avoir longuement réfléchi. Cela faisait de longues années que la belle Dornienne faisait pour ainsi dire partie de la famille Martell même si elle n’en portait pas le nom, tout comme les Aspics des Sables. Son avis importait, bien qu’elle doute qu’elle puisse véritablement changer la donne. Elle devait avouer que c’était un beau pied de nez que les Martell s’apprêtaient à faire à la Couronne et Arianne devrait en assumer les conséquences. Au fond Ellaria avait un peu peur pour Dorne, pour les troubles que tout cela pourrait causer.

Elle détaillait Durran du regard, dont elle avait entendu parler mais qu’elle voyait réellement pour la première fois. Son visage était plutôt beau et il arborait une certaine musculature. Ellaria les préférait moins pâles, mais elle devait avouer qu’il avait un certain charme. Physiquement, Arianne devrait être plutôt satisfaite. Quant au fait qu’on lui impose un mari, ça, c’était plus dur à avaler. Comme le fait qu’elle ait été tenue dans l’ignorance jusqu’au dernier moment. Ellaria sera plutôt spectatrice de l’évènement, mais n’hésitera pas à appuyer la décision du suzerain et à temporiser s’il le fallait. Elle regrettait l’absence de son amant de cœur Oberyn, actuellement à Port-Réal. Lui savait s’y prendre dans les situations comme celles-ci.

Ses yeux se tournèrent ensuite vers Doran, à qui la parole revenait pour briser le silence qui devenait peu accommodant.

Evidemment l’identité de Durran Baratheon était toujours le secret le mieux gardé de Lancehélion, mais il était désormais libre de ses mouvements au sein du palais et on le laissait même sortir quand il le désirait sous bonne escorte. Bien que surveillé de près nuit et jours car le prince de Dorne n’était pas prêt à laisser s’enfuir sa belle proie avec ses fiers andouillers, même sous l’identité qu’on lui avait donnée. Maintenant que le jeune homme était à l’aise dans ses nouveaux vêtements dorniens et qu’il était intégré au palais en tant que membre de la cour, il avait certainement eut le temps de discuter un peu avec les aspics des sables. Il était donc temps de procéder aux présentations avec Arianne et donc aux fiançailles, seulement lorsque Doran manda sa fille, on lui rapporta qu’elle était à l’extérieure. Il bougonna en se demandant s’il attendrait qu’elle revienne, mais la connaissant, elle pouvait rentrer fort tard voir même pas du tout, il demanda donc à un cavalier d’aller la chercher où quelle se trouve et de la ramener au palais au plus vite.

Pendant qu’il attendait, il regardait le puissant soleil étinceler sur les toits dorés des coupoles basses du palais et sur les murs blancs de la ville avec un léger sourire, profitant des derniers instants de calme avant que sa tornade d’héritière ne rencontre son futur époux. Il préférait en rire, au moins quelques instants encore, jusqu’à ce qu’ils soient là tous les deux, il verrait bien comment cela se passerait après tout. Peut-être que Durran saurait l’apprivoiser, il n’était pas laid après tout et pas puceau non plus à en croire Daenerys, et pas stérile, ce qui pour un Roi est une bonne chose bien que venant d’un Baratheon cela aurait été étonnant. Il émit un petit rire. Doran accueillit les autres personnes conviées un par un avec mansuétude au fur et à mesure de leurs arrivées, surtout Durran qu’il mit en garde contre le caractère emporté de sa fille.

__ Je ne suis pas en mesure de vous défendre Messire. » Fit-il en désignant ses jambes couvertes d’une fine couverture et à jamais pliée sur un fauteuil avec un petit sourire avant de jeter un coup d’œil à Nymeria et Tyerne qu’il avait chargé via Oberyn de faire en sorte que le futur Roi de Westeros survive à cette entrevue.

C’est à peu près à cet instant que la belle Arianne entra comme une tempête dans la pièce. Doran lui sourit de toutes ces dents et tendit la main vers elle l’appelant à le rejoindre sans se soucier de ce que Durran pourrait penser d’elle. Il constata qu’elle était en tenue de monte et sourit, reconnaissant bien là sa fille sans se formaliser pour sa tenue. Il ne doutait pas de la beauté de sa fille ni de son talent pour séduire les hommes quand elle le voulait, il doutait nettement plus de sa volonté de se faire aimer de lui, et hélas bien des choses dépendaient de cela.

__ Viens mon enfant, approches. »

Fiançailles explosives
Ft Durran, Tyerne, Ellaria & Arianne

298, lune 12, Semaine 4, jour 7

La tension était palpable. Arianne pouvait aisément le sentir. Le ton de son père n’aida pas la princesse à se rassurer. Que se passait-il ? Elle n’aimait pas cela. Tout en gardant un œil sur l’étranger, la brune avança vers son père. Une fois à son niveau, elle s’accroupit et attrapa sa main. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu et comme tout enfant, il lui avait manqué. Malgré la rancune qu’elle lui portait. Elle aimait son père.
« Qu’il y a-t-il de si important pour que nous soyons tous réunis ? Et qui est-ce ? demanda-t-elle en désignant Durran, je ne l’ai jamais vu à Lancehelion. »

La dornienne tourna son visage vers Tyerne. Visiblement sa cousine en savait plus qu’elle sur l’identité du brun. Arianne n’aimait pas cette tension s’en savoir ce qui en découler. Elle aimait avoir le contrôle des situations et là, elle sentait qu’elle ne l’avait pas du tout. On menait la danse à sa place, ce qui ne lui plaisait guère. Nyméria ne semblait pas dans son assiette non plus, le regard brun de l’aspic ne lui inspirait rien de bon. Même Ellaria ne semblait détendu alors qu’elle était rarement inquiète.

Elle reporta son regard vers l’inconnu. Si c’était un simple soldat, elle l’aurait bien prit dans son lit pour une nuit pour en savoir un peu plus mais vu la situation, elle n’en avait nulle envie. Comme s’il ne cachait ce qu’il était réellement. Arianne ne pouvait pas le nier, il était à son gout. Le type d’homme qu’elle aimait avoir comme aventure. Et elle en avait vu plus d’un. La brune finit son inspection physique de Durran. Elle espérait l’avoir mis mal à l’aise face à cela. La jeune femme avait entendu des rumeurs sur un chevalier au service de Lady Nym. Un ser Irwyn. Se pouvait-il que ce soit cet homme ? Si oui que faisait-il là ? Un chevalier de bas étage venu d’une autre contrée. Elle était intriguée, méfiante. Elle ne l’avait cependant jamais vu à Palais Vieux.
Elle se tourna de nouveau vers son père.
« J’ai comme l’impression, que je ne vais pas aimer ce que vous allez m’apprendre, père… »

Arianne était méfiante. Prête à bondir. Elle savait que son père pouvait craindre ses réactions sur certains points, mais c’était réciproquement. Le mystère qu’était Doran, ne la rassurait jamais. Elle ne savait jamais ce qu’il pensait et ça déstabilisé souvent la jeune princesse.

© Belzébuth

Arianne approcha du Prince de Dorne et prit sa main. Quelle beauté elle était devenue, et quelle douceur elle pouvait parfois dégager quand elle le voulait. Au fond même si elle n’était pas facile, il l’aimait et était fier d’elle, toujours forte comme une véritable Nymeria-Martell, le sang de Dorne coulait dans ces veines, le feu du soleil, le piquant de la lance. S’il était des serpents à Westeros, ils peuplaient peut-être le désert de Dorne, mais ils étaient surtout à la cour de Port Real à siffler tout autour du Roi en attendant le bon moment pour le mordre, et non à Lancehélion. Doran sourit à son héritière et posa sa main sur sa joue avec tendresse.

__ Ma fille adoré, sais-tu combien je t’aime ? Sais-tu que je veux, depuis le jour de ta naissance, le meilleur pour toi ? Nous ne sommes pas toujours d’accord l’un avec l’autre, il arrive que nous ne comprenions pas, que ta liberté aille à l’encontre de ce que j’attends de toi et que mes longues réflexions enflamment ton impatience. Mais je reste persuadé que nous aspirons tous deux à la même chose, que toi aussi tu veux le meilleur pour notre Maison et pour ton peuple. »

Doran n’avait parlé que pour elle, mais de manière à ce tous entendent, à ce que tous ici sachent qu’il l’aimait plus que tout et qu’il la vouait à un grand destin depuis le jour où il l’avait tenue dans ses bras. Il prit son visage entre ces mains et l’embrassa sur le front, peut-être pour la dernière fois, puis il s’approcha et murmura rien que pour elle :

__ N’oublies pas qui tu es Princesse Arianne, n’oublies pas que l’avenir de Dorne reposera bientôt tout entier sur tes épaules, restes toi-même, ensorcelle-le et l’amour qui animera son cœur signera le nouvel essor de ta patrie. »

Arianne se leva et inspecta l’inconnu, Doran espérait que ce qu’il venait de dire faisait son chemin dans son esprit, que la raison l’emporterait et qu’elle comprendrait son choix et l’accepterait, pas pour Durran, mais pour Dorne. Ce qui se jouait ici allait bien au-delà de leurs rancœurs respectives et des luttes de pouvoir qui pouvaient exister, il s’agissait de redonner à la Maison Martell son ancienne gloire et toute sa place au sein du royaume. Cette place avait été durement acquise au prix d’une lutte sans merci contre les Targaryen et les Dragons, bien des Dorniens et Dorniennes y avaient trouvé la mort et avec la mort d’Elia et le règne de l’usurpateur, leur sacrifice était devenu vain. Ils étaient restés indépendants pendant près de deux-cent ans, jusqu’à ce qu’enfin, Baelor le Bienheureux fasse le premier pas, pieds nus, vers une paix et une alliance durable qui hissa la principauté au rang de partenaire et non de vassaux comme l’étaient les autres Maisons Suzeraines. Puisque ce prince était venu, presque sans armes, pourquoi ne pas lui donner sa chance, surtout si cela pouvait rétablir l’ordre des choses.

__ Ce jeune homme est un Prince ma fille, le Prince Durran Baratheon, fils et héritier de Robert, Roi des Andals, de Rhoynar et des Premiers Hommes, Seigneur des Sept Couronnes et Protecteur du Royaume. Contre notre aide pour recouvrer son statut, il nous a promis la tête de Tywin Lannister et de Gregor Clegane. Mais si tu deviens sa Reine, ensemble vous signerez un règne glorieux sous le signe de la paix et de l’amour qui animera vos cœurs… Ceci est mon souhait, pour que nous restions, maintenant et à jamais, Insoumis, Invaincus, Intacts. »

Doran se redressa au prix d’une grimace de douleur et plongea son regard dans celui de Durran, attendant la réaction d’Arianne.

Doran sourit en écoutant Durran essayer de complimenter sa fille, la scène l’amusait beaucoup. Mais il reprit tout son sérieux lorsque l’héritier de la Couronne parla de Nyméria, il tourna brusquement la tête vers lui et se redressa dans son fauteuil, très attentif. Il fut agréablement surpris que le jeune homme connaisse cette histoire et en comprenne toute la subtilité et qu’il ait le culot de la rappeler à Arianne devant la cour. Il a de l’avenir ce petit ! Il hocha la tête alors que le Baratheon se détachait de la rébellion qu’avait mené son père et de ses conséquences. Insuffisant, mais mieux que rien.

La sulfureuse brune répondit… Comme prévu l’idée d’épouser un Baratheon ne l’enchantait pas, Doran se raidit quand elle porta la main à sa dague et il remarqua alors que les aspics qu’il avait chargés de la protection du jeune homme n’avaient pas esquissé le moindre mouvement pour le défendre. Il fronça les sourcils. Il aurait dû s’y attendre, leur obéissance était toute relative quand il s’agissait de châtier la couronne pour le viol de leur tante. Espérons que Durran savait se défendre. Enfin, Arianne ne tenta pas de le tuer, pas encore. Elle prit la parole, et elle n’avait pas tort à vrai dire, c’était bien pour ça qu’il proposait uniquement des fiançailles et non un mariage, il attendait de voir comment tournerait les choses pour le garçon qui prétendait avoir des alliés, d’autres que les Martell. Il l’écouta jusqu’au bout.

__ Ma chérie, il s’est passé bien des choses pendant ton absence. Nous avons eu la visite de la Princesse Daenerys. L’innocente et douce jeune fille soutien que son frère est fou, il semble l’avoir maltraitée, et il ne semble pas avoir pris le meilleur du sang des Dragons. Je refuse que tu sois mariée à un homme qui n’hésite pas à offrir sa propre sœur à un étalon sauvage pour obtenir une armée, qui plus est quand il n’a rien à t’offrir d’autre qu’une couronne qu’un Khal prêt à tout pour obtenir réparation. Il ne s’agit pas de trahison, il s’agit d’accepter la réalité, et la réalité c’est que la dynastie Targaryen n’a pas d’avenir. J’en suis désolé, mais nous devons saisir les rares opportunités qu’on trouve dans le désert si nous voulons survivre et mieux, tirer notre épingle de ce jeu de Cyvosse que nous avons perdu quand nous avons fait confiance au Roi fou. Dois-je te rappeler que, s’il n’a pas envoyé Elia à Peyrdragon pour sa sécurité, c’était parce qu’il craignait que nous le trahissions ? Il est peut-être aussi responsable de son sort que les Baratheon et les Lannister. Toute loyauté à ses limites, ma limite c’est ma famille et mon peuple. »

Il prit les mains de sa fille et grimaça quand la douleur envahit ses mains, mais tint bon.

__ Il est à moitié Lannister, cela dit quand je l'écoute parler, je me demande s'il n'est pas un peu Dornien... » Il jeta un œil complice et souriant à Durran. « Mais il a toute les raisons de les haïr. N'est-ce pas ?»

Il se tourna vers le jeune prince et attendit sa réponse.

__ Ne crois pas que je ne comprends pas tes réticences, je ne les comprends que trop bien, j’ai moi-même eut bien du mal à me faire à l’idée. Mais si nous gagnons notre vengeance et notre place à Port-Real, je ne regretterais rien, et je pense sincèrement que tu n’auras rien à regretter non plus en épousant ce garçon. La capitale a peut-être sonné la fin de ta tante, mais elle a aussi été le siège de la paix durant près de cent ans, le siège d’un continent fédéré sous une même bannière et unie à la nôtre. Le monde a besoin d’une Reine comme toi, les Sept Couronnes ont besoin d’avoir à leur tête la digne héritière de Nymeria la Reine Guerrière et de Mors Martell pour nous représenter à la cour, la Maison Martell, Dorne, et tous les Dorniens et Dorniennes. Si je sais que tu veilles sur l’avenir de Dorne et du royaume tout entier depuis la capitale, alors je pourrais mourir en paix… »

Il sourit, un brin mélancolique.

La Maison Martell avait fait tout ce qu’elle pouvait pour la Princesse Targaryen, et si celle-ci se donnait les moyens de reprendre son trône, il serait toujours temps d’oublier certaines alliances moins anciennes. Mais pour l’instant, Dorne seule n’avait absolument pas les moyens de reprendre le trône pour elle et ce que Doran avait appris sur Viserys ne lui disait rien qui vaille sur ses capacités à conquérir Westeros et encore moins à gouverner. Il ne se mouillerait pas plus de ce côté-là, même si tout était en place pour qu’il sache ce qu’il en était pour Daenerys, et qu’il espérait que les conseils d’Yvan lui seraient utiles. Le jour venu, elle saurait que les Martell ne l’avaient pas trahi, mais personne de sensé ne peut demander un tel sacrifice qui de plus s'avérerait inutile en l’absence de possibilité de gagner.

Le prince écouta attentivement les échanges entre Durran et sa future épouse, puisqu’elle venait d’accepter cet arrangement pour Dorne, comme le voulait son devoir. Cela se passait mieux qu’il n’aurait pu le penser connaissance sa fille, il souriait, amusé par ce couple qui, lui semblait-il, n’était pas si opposé qu’on pourrait le croire au premier abord. Il ne faisait aucun doute que les deux avaient autant de caractère que de présence et que, malgré le caractère explosif de leur union, ils pourraient faire des merveilles sur le trône si chacun faisait les efforts nécessaires pour se comprendre et s’apprécier. L’héritier de Robert semblait comprendre bien des choses malgré son jeune âge, peut-être qu’Arianne gagnerait à apprendre à ses côtés. Cela rappelait les récits son aïeule Targaryen pour laquelle Maron avait fait construire les si raffinés Jardins Aquatiques. Elle non plus n’acceptait pas son mariage avant que son époux ne fasse tout pour conquérir son cœur, elle pensait atterrir chez les sauvages, mais il n’en était rien, la société Dornienne était parmi les plus raffinées du monde. Simplement il avait fallu du temps et toute la patience d’un homme pour qu’elle le voit et rende durable leur alliance et leur amour. Un peu de romantisme dans ce monde de brute !

__ Oberyn s’est rendu à Port-Real pour livrer la vérité au Roi sur ses enfants. J’ose espérer qu’il reviendra avec de bonnes nouvelles et que Robert sera prêt à rendre la justice pour Elia mais aussi pour lui-même une fois la trahison de la Reine avérée. Nous aurons alors notre chance, d’obtenir vengeance, mais aussi de reprendre la place qui nous est due depuis tant d’année à Port-Real. Quoi qu’il en soit, si c’est entendu, veuillez signer tous deux cet acte. »

Il désigna un parchemin sur son bureau et fit signe à Ellaria de l’y mener. Une plume était prête à être trempée dans l’encre pour acter les fiançailles de Durran et Arianne. Il y avait de la place en haut pour le Roi, et en bas pour les fiancés.

An 298, quatrième septian de Lorenyr

Par la présente, moi, Prince Doran Martell de Dorne, m’engage à donner ma fille, la Princesse Arianne Martell, en mariage à l’héritier légitime des Sept Couronnes : le Prince Durran Baratheon, premier du nom.

Doran Martell

__ Vous devez chacun écrire votre engagement de votre main en précisant que vous le fait sans contrainte et signer. »

Quand l’acte fut signé et emmené en sûreté par le Mestre, le prince posa un regard désolé sur Durran. Doran semblait soudain avoir pris cent ans, affligé de ce qu’il avait été obligé de faire, enfin de ce qu’il faisait croire à tous qu’il avait fait depuis le départ dans le plus grand secret de la Princesse Targaryen.

__ Oberyn a aussi livré Daenerys au Roi. Nous n’avions pas le choix, la garder ou l’aider aurait été vu comme une trahison et je savais que son arrivée n’était pas passée inaperçue de tous et que le secret de sa venue ne pourrait pas être gardé. Je suis désolé d’avoir été contraint de prendre une telle décision qui signe, probablement, la fin définitive de la dynastie Targaryen. »

Doran soupira.

__ Laissez-moi maintenant, je suis fatigué. »

A l’extérieur, domestiques et gardes attendaient pour emmener les fiancés aux Jardins Aquatiques pour qu’ils fassent plus ample connaissance.

Le soupir qui s’échappa des lèvres de la princesse fut tout aussi révélateur aux yeux de Durran que les paroles qu’elle prononça par la suite. Elle se résignait bon gré mal gré à cette union, pour la bonne et simple raison que c’était son devoir envers sa maison et son peuple. Le chevalier pouvait respecter cela, en espérant bien sûr qu’il ne s’agissait pas seulement de paroles en l’air, visant à dissimuler de plus sombres desseins.

Le prince ne cligna pas des yeux lorsque la Princesse de Dorne lui demanda les têtes de son grand-père, de sa mère et du Régicide comme cadeau de noces, ce à quoi il se contenta de répondre d’un ton neutre.

- Je m’y suis engagé auprès de votre père et je ne compte pas revenir sur ma parole. Je ne peux qu’espérer qu’avec le temps vous trouverez d’autres raisons de m’apprécier.

Le jeune Baratheon écouta attentivement les paroles qu’elle prononça à l’égard de Joffrey et il devait bien reconnaître que rien n’était joué. Passant une main dans sa barbe soigneusement taillée, il demeura silencieux et le Prince Doran leur confia quelque chose d’intéressant. Oberyn Martell était à la capitale pour révéler la vérité au roi. Il n’y avait plus qu’à espérer que son père croirait le Dornien et qu’il aurait la présence d’esprit de rendre justice cette fois-ci.

Son attention fut toutefois rapidement attirée par le parchemin qui avait été posé à leur intention. Voilà qui rendrait les termes de leurs fiançailles officiels et qui scellerait son destin. Prenant la plume, le prince écrivit clairement son assentiment, sans contrainte, avant de signer.

Le voilà désormais lié à Arianne Martell pour le restant de ses jours, ou tout du moins le serait-il dès l’instant où le roi confirmerait leur union. Il aurait sans doute pris le temps de contempler cette nouvelle réalité, à laquelle il s’était préparé depuis que le Prince de Dorne lui avait fait comprendre ses intentions, si ce dernier n’avait pas lâché une nouvelle bien plus terrible.

Daenerys avait été livrée à son père. Tout le monde savait ce que pensait le Roi Robert des Targaryen et s’il n’avait pas émis la moindre protestation quand les corps des deux jeunes enfants de Rhaegar avaient été jetés, encore ensanglantés à ses pieds, il n’y avait aucun doute quant au fait qu’il n’éprouverait pas davantage de pitié pour une jeune femme presque adulte.

Durran soutint le regard désolé de Doran Martell mais ses yeux ne montrèrent pas la moindre trace d’humidité. Il savait à présent dans quel nid de vipères il se trouvait et à quel point le Prince était bon comédien. Peut-être qu’il avait effectivement remis la Princesse Targaryen au roi sur un plateau d’argent… ou peut-être n’était-ce pas elle qu’il avait livrée. S’il y avait bien une chose que le prince héritier avait appris au sujet du prince régnant, c’était qu’il avait toujours un coup d’avance et qu’il n’avait pas pour habitude de réduire ses options.

Viserys Targaryen n’était plus une option viable, sinon quoi le Prince Doran lui aurait donné sa fille en mariage plutôt qu’à Durran. Mais Daenerys ? Non, jusqu’à ce qu’il ait pu voir de ses propres yeux la dépouille sans vie de la princesse, le doute subsisterait dans son esprit quant à sa mort. Cela ne l’empêcha pas de formuler une réponse à l’attention du suzerain de Dorne.

- Vous avez fait ce qui était nécessaire pour la sauvegarde de Dorne et de la maison Martell, j’en suis sûr. Répondit-il sincèrement mais sans émotion. Croyez-bien que si je monte un jour sur le trône, je tâcherais au mieux de suivre votre exemple.

Il s’inclina respectueusement devant le Prince de Dorne lorsque ce dernier les congédia et adressa un hochement de tête respectueux à la Princesse Arianne et aux autres personnes présentes avant de se diriger vers la sortie. Le visage de Daenerys hantait ses pensées, tantôt radieux, tantôt ensanglanté mais il s’efforçait de se concentrer sur l’instant présent. Des domestiques lui firent signe de les suivre et il leur emboîta le pas.

Cependant, sienne était la fureur et il se jura de découvrir un jour la vérité sur cette affaire.