An 299 • Lune 1 • Semaine 3 • Jour 4.

Silithia regardait intensément Owen, faisant en sorte que ses yeux ne cessent de descendre jusqu'aux lèvres du jeune homme, comme si elle ne pouvait s'en empêcher. Demander à une femme désespérément amoureuse de ne plus aimer l'élu de son cœur était comme demander à un khal de céder sa place à quelqu'un d'autre sans verser une goutte de sang. Elle souriait niaisement, presque bêtement, comme si l'araignée tenait son cœur entre ses mains et qu'elle le lui avait confié. Ce qu'il dit, elle l'écouta attentivement, tant pour laisser son visage adopter les expressions adéquates que pour surveiller et corriger le moindre faux pas qu'il put faire. Après tout, c'était elle la meilleure menteuse ici, non ?

Il la regarda tendrement et sourit. Elle rougit encore, comme l'idiote qu'était une lady amoureuse et naïve. C'était bien pour cela qu'elle devait passer, après tout. Elle remarqua néanmoins qu'il avait un très beau sourire, et sourit à cette simple pensée. Face à la pique de Gared, il n'eut aucune réaction. Tant mieux. Elle dut admettre qu'il se débrouillait plutôt bien, pour quelqu'un qui ne semblait pas forcément habitué à mentir comme elle le faisait toujours.
Contre toute attente, l'héritier Tyssier rougit lorsque la colombe vanta ses capacités au combat. Habituée à distinguer le mensonge de la réalité, elle eut un petit sourire en coin en réalisant que le rose qui montait aux joues de l'araignée n'était pas simulé. Elle en aurait bien ri, mais son frère aurait immédiatement crié au complot ou à d'autres choses absurdes, suppliant son père de l'écouter lui et pas elle. Elle ne le connaissait que trop bien, serpent qu'il était.

Owen comprit le message visuel de Silithia. Il était temps de se jeter à l'eau. D'abord, il fit preuve d'une modestie que Sebaston apprécierait certainement ; enfin un jeune homme qui ne se vantait pas de ses capacités au combat. Lorsqu'il parla du décès de sa mère, le lord se crispa un peu. Silithia posa sur lui un regard doux qui sembla l'apaiser quelque peu. Il savait qu'elle était là lorsque tout allait mal, et qu'il était là aussi pour elle. Gared manqua d'ouvrir la bouche, mais Owen fut plus rapide.
Il commença à vanter les qualités de Silithia et, aussi peu sincères ses paroles furent-elles, elles parvinrent tout de même à lui arracher un sourire. Elle baissa quelque peu la tête, et la releva pour afficher un regard brillant de ce qui pouvait s'apparenter à de l'amour -elle n'était pas sûre, elle ne savait pas ce que c'était- non sincère, mais de l'amour quand même.

Son père parut d'abord quelque peu étonné par ce qu'il entendit, et Gared écarquilla les yeux comme si quelqu'un venait de lui transpercer le ventre avec une épée. Silithia sourit doucement, et serrant quelque peu la main de l'araignée comme pour lui faire comprendre qu'elle ressentait la même chose. Tournant vers lui un regard rendu fiévreux par un amour inventé de toutes pièces, elle lui sourit et dit d'une voix douce :

-Vous avez conquis mon cœur vous aussi, je ne saurais trouver les mots appropriés pour décrire ce que je...

Une chaise grinça et manqua de tomber par terre, coupant net la parole à Silithia. Son masque de demoiselle parfaite s'écroula brusquement lorsqu'elle leva les yeux vers son frère. Il s'était levé précipitamment, affichant une mine mi-dégoûtée, mi-haineuse en regardant les deux jeunes gens qui se tenaient encore la main. La jeune colombe affichait une mine presque horrifiée. Elle devait réagir, trouver quelque chose à faire, mais surtout retrouver son masque de lady douce, aimable et particulièrement naïve -amoureuse, en soi.

-Père, ne voyez-vous pas qu'ils mentent ? Ouvrez-les yeux, Silithia est incapable d'aimer qui que ce soit. Croyez-vous que le premier venu pourrait conquérir ainsi son cœur de pierre ?

Silithia, entendant ces paroles, hésita un instant. S'énerver ou rester calme ? Elle ne réfléchit pas et, prenant une mine choquée digne des jeunes filles qui n'ont jamais vu une goutte de sang de leur vie et qui assistent à une décapitation, elle secoua négativement la tête, ses lèvres tremblant comme si elle ne parvenait pas à trouver les mots justes pour décrire le sentiment qui l'envahit. En réalité, c'était plutôt de la colère, mais elle simula une sorte de tristesse, de peine infinie. Ses commissures jusqu'ici étendues en un sourire se baissèrent quelque peu, elle battit plusieurs fois des paupières, comme si elle cherchait de se débarrasser de larmes qui bientôt perlèrent au bord de ses yeux. Sa deuxième main joignant la première sur celle d'Owen, elle la pressa doucement comme si elle cherchait à se trouver un peu de soutien et de réconfort. Frémissant comme une colombe blessée que l'on recueillit au creux de ses mains, elle prit la parole d'une voix tremblante :

-Comment peux-tu dire ça ? Gared, je suis ta sœur... Depuis dix-sept ans de ma vie, de ma courte existence, il semblerait que tu t'efforces à me faire toucher le fond. Je n'en peux plus, Gared. M'as-tu seulement aimée, ne serait-ce qu'un instant ? Se tournant vers Sebaston, elle continua le plus calmement possible, ravalant des larmes volontaires. Père, quoi que peut dire ou penser Gared, sachez que j'aime Owen. Il est celui que j'ai attendu des années durant à la fenêtre de Belcastel. Vous souvenez-vous, lorsque j'étais enfant et que, réfugiée dans la bibliothèque ou dans les jardins, je lisais de magnifiques contes ? Je rêvais de trouver mon prince, de le voir arriver un jour pour m'aimer et me faire vivre un véritable conte de fées. Père, j'ai trouvé cet homme et, même si une alliance entre lui et moi, entre notre maison et la sienne, lui serait plus favorable à lui qu'à nous, mes sentiments ne changeront pas. Jamais.

Ces paroles furent prononcées si doucement, avec tant d'émotion, que son père la crut sur parole. Il la regarda, hésitant, et chercha les mots à son tour. Que dire à cela ? Silithia était devenue, à la mort de Myriah, la femme de sa vie. Que pouvait-il lui refuser ? Si elle aimait tant que cela Owen, s'il était ce prince qu'elle avait tant voulu voir arriver, s'il l'aimait aussi et s'il la rendait heureuse... Que pouvait-il dire ? Il posa ses yeux sur Gared, puis sur les jeunes tourtereaux. Silithia ramena une de ses mains à son visage pour sécher une larme qui coulait le long de sa joue.
Il fronça les sourcils, se tournant vers Gared, et le regarda dans les yeux. Il serra les dents, se levant pour dominer son fils de sa hauteur, et lui pointa la sortie du doigt.

-Gared, sors d'ici, nous en reparlerons plus tard. Comment peux-tu proférer des horreurs telles que celles-ci ? Je viendrai te parler après le repas. Tu nous fait honte à nous tous dans cette salle.
-Mais père, ne voyez-vous pas que...
-Il n'y a pas de mais !

Gared serra les dents à son tour, grinça quelque chose que personne n'entendit, puis il quitta la salle d'un pas rageur. Comment son père osait-il ne pas réagir à cela, ne pas voir que sa fille le manipulait depuis toujours ? Lorsqu'il eut fermé la porte derrière lui, Sebaston se rassit. L'atmosphère resta tendue après son départ, personne ne semblant oser troubler le silence qui s'était installé depuis de longues secondes.

-Si ils s'aiment, pourquoi les en empêcher ? Je ne comprends pas.

Silithia tourna vivement la petite voix qui s'était élevée, timidement et avec un brin d'hésitation. Iline avait relevé la tête et avait osé prononcer ces deux petites phrases avec douceur. Sa sœur aînée sourit tendrement, sincèrement cette fois-ci. Sebaston les observa quelques instants, puis soupira.

-Excusez mon fils, il parle souvent spontanément, sans même réfléchir à l'impact que ses paroles pourraient avoir sur les autres. Sèche tes larmes ma Silithia, dit-il en pressant doucement la main de sa fille aînée avant de la relâcher. Vous parliez donc de relations intéressantes dans le Bief ?

Il tourna la tête vers Owen, un petit sourire collé aux lèvres. Silithia n'en revenait pas. Ca avait marché, son père commençait à s'intéresser à l'idée du mariage entre la colombe et l'araignée. La demoiselle aurait bien ri tant sa satisfaction était grande, mais elle préférait garder ça pour la solitude ; son père n'avait pas à la voir rire d'une victoire dont il ignorait tout. Il ne savait rien, et était bien dans l'ignorance.

Iline avait relevé la tête, s'intéressant à la discussion sans oser s'exprimer à nouveau pour autant. De toute manière, elle était une jeune lady, et une lady ne négocie pas les mariages, elle regarde les négociations se faire. Silithia sourit tendrement à Owen, tenant sa main du bout de ses doigts encore frémissants à cause de l'émotion et de la peur soudainement causées par son frère seulement deux minutes avant.

-Il est vrai que les Tyrell commencent à être de plus en plus riches et de plus en plus puissants ; une alliance dans le Bief serait l'une des meilleures choses que l'on pourrait trouver pour Silithia. Et, si elle vous aime, et si vous l'aimez, que vous me promettez de la rendre heureuse, alors je ne peux que vous donner ma bénédiction. Mais jurez-moi, devant les Sept, que je ne regretterai pas de vous avoir donné sa main, que vous l'aimerez et la comblerez. Le bonheur de mes enfants est ce que je désire plus que tout au monde.

Sebaston appuya ses paroles d'un regard des plus sérieux, qu'il adressa à Owen. Il ne lui donnerait la main de Silithia que s'il promettait tout ce qu'il lui avait demandé. La colombe sourit d'une fierté dissimulée par la joie.

An 299 • Lune 1 • Semaine 3 • Jour 4.

Owen se leva et enlaça Silithia comme pour la protéger de la fureur de l'héritier Farman. Le jeune Tyssier tira de sa poche un tissu brodé aux couleurs de sa maison et entreprit de sécher les larmes de la demoiselle. Après que Gared fut sorti de la salle, et lorsqu'Iline prit la parole, l'araignée parut quelque peu troublée. Certains aurait hurlé au miracle, d'autres auraient sauté de joie, et d'autres encore n'auraient pas relevé un tel exploit. La jeune colombe lut sur les traits du blond qu'il était plutôt satisfait que la benjamine de la maison aux trois bateaux ait réagi ainsi.

Silithia avait pris une mine plutôt neutre, comme si elle cherchait à rassembler ses esprits après l'intervention de son frère qui, dans sa rage et sa fureur, avait réellement touché sa sœur. Elle n'était pas vexée ou blessée, à proprement parler, mais son cœur avait véritablement bondi dans son cœur et elle se trouvait alors quelque peu déconcentrée par les mille pensées qui fusaient dans son esprit. Son frère lui avait fait peur, elle avait l'espace d'un instant craint qu'il défoule toute sa colère sur le corps de la demoiselle.
Mais même dans le trouble ou dans l'angoisse, elle devait rester calme. Ne jamais paniquer, c'est bien ce qu'elle avait toujours dû appliquer et tout avait jusque là fonctionné.

Owen flatta ensuite Iline, et elle inclina simplement la tête en guise de réponse, un mince sourire quelque peu crispé glissant sur ses lèvres. Lâchant Silithia, il s'avança vers Sebaston. La demoiselle plissa légèrement les yeux, se demandant bien ce qu'allait faire le Tyssier. Reposant calmement ses mains sur ses cuisses et suivant la scène d'un regard plein d'intérêt, des mots se bousculant déjà au bout de ses lèvres pour rattraper une éventuelle erreur du jeune homme, qui posait déjà un genou au sol. Elle avait peur de ce qu'il allait dire, ne lui faisant pas encore totalement confiance.

-Si elle m'aime et que je l'aime, je vous promets donc de la chérir et de la rendre heureuse. De veiller à ce qu'elle ne manque de rien, de faire son bonheur et de la combler. Je m'engage également à ce qu'il en soit de même pour vos petits-enfants, Lord Farman. Puissent nos lignées s'unir et être aussi aisées et agiles que l'araignée sur sa toile et aussi rapides que votre flotte et hautes que ses mâts. Que la Mère, le Père et la Jouvencelle puissent veiller sur notre union.

Sebaston eut un sourire amusé, comme s'il s'apprêtait à rire. Posant une main sur l'épaule de l'héritier de Froide-Douve, il se redressa quelque peu et se tourna vers lui.

-Relevez-vous donc. Des relations dans le Bief comme en Essos seraient fort intéressantes pour nous. La plupart des prétendants de Silithia étaient de jeunes hommes venant de l'Ouest, rien de bien intéressant pour cette simple raison. Nous avons suffisamment de contacts dans l'Ouest, une alliance dans le Bief est des plus intéressantes.

Lorsqu'Owen eut terminé, il s'avança vers Iline. La jeune brune lui jeta un regard presque effrayé tandis qu'il suggérait qu'elle se rende elle aussi à Froide-Douve. Elle sembla chercher les mots justes pendant de longues secondes, secoua négativement la tête et dit d'une voix mal assurée :

-Je vous remercie messire, mais je ne me sens pas encore prête à quitter Belcastel. Peut-être un peu plus tard, mais pas de suite.

Elle sourit doucement, et sembla replonger dans ses pensées tout de suite après. Silithia suivit Owen du regard jusqu'à ce qu'il s'asseye à ses côtés. Il prit à nouveau ses mains et attendit la décision que prendrait finalement Sebaston. Celui-ci les regarda puis soupira doucement.

-Silithia, en es-tu sûre ? Je sais qu'il y avait d'autres hommes dont tu aurais pu être la prétendante, comme Alessander Desdaings. Ne vous entendiez-vous donc pas ?

Alessander... Ce simple nom la fit frémir, et elle espéra qu'Owen ne le sentit pas. Oui, elle s'entendait bien avec lui, et son père avait peut-être remarqué leurs nombreux coups d’œil lors du petit tournoi de Belle-Île. Elle aurait pu être sa prétendante, elle aurait pu être sienne et il aurait pu être sien. Elle aurait peut-être pu l'épouser, et peut-être même l'aimer. Mais il était en tous points ce genre d'homme auquel elle refusait de s'intéresser réellement. Elle sourit à son père et rit alors doucement, comme si de rien était, comme si la simple pensée d'épouser le cygne noir n'avait pas traversé son esprit l'espace d'une seconde.

-Alessander n'est qu'un ami, père ! Je vous l'ai déjà dit ô combien de fois, m'écoutez-vous donc ?, demanda-t-elle d'une voix aussi douce qu'amusée. J'aime Owen du plus profond de mon cœur et de mon âme.

Sebaston sembla hésiter une seconde. Posant un regard dur comme de la roche sur les deux jeunes gens, un brin suspicieux, comme cherchant à percer leur mensonge, il soupira puis hocha lentement la tête en seul signe de son consentement. Si sa fille pouvait être heureuse avec Owen, alors il se devait de l'accepter. Et puis, au final, cette union l'arrangeait quelque peu : lui qui cherchait à étendre l'activité commerciale de Belle-Île jusqu'en Essos, il serait alors servi.

-Très bien. J'accepte l'alliance et l'union, mais je pourrai revenir sur mes pas si je considère que tout ne me semble pas honnête. Que diriez-vous que l'on discute de la dot et des derniers points importants demain ? Nous concrétiserons tout cela. Pour le moment, veuillez m'en excuser, mais il commence à se faire tard et j'ai encore des choses à faire. Est-ce tout ?

An 299 • Lune 1 • Semaine 3 • Jour 4.

Tous deux se levèrent et quittèrent la salle après avoir salué poliment le reste de la tablée. Avant de passer la porte, Silithia demanda à Shana de porter deux assiettes à leur chambre. Lorsqu'ils furent arrivés aux appartements, Owen posa un doigts sur les lèvres de la demoiselle, et se mit à fouiller de fond en comble la chambre. Elle ne tarda pas à comprendre qu'il vérifiait si son frère les épiait ou les écoutait, mais il ne trouva rien visiblement. Lorsqu'il eut fini de regarder autour d'eux et de vérifier qu'ils étaient bien seuls, il s'avança vers elle et l'enlaça tendrement. Elle sourit doucement en comprenant qu'il ne s'agissait pas d'un mensonge, cette fois-ci. Il murmura alors quelque chose à son oreille, ce qui la fit sourire un peu plus.

Bientôt, il la serra un peu plus contre lui pour la lever. Ses pieds quittèrent le sol et il l'embrassa. Tendresse et passion étaient mêlées dans ce baiser. Lorsqu'il relâcha son étreinte, elle perdit son sourire. Il parla d'Alessander. Il avait compris que quelque chose n'allait pas, qu'elle ne lui avait pas tout dit. Elle le regarda s'installer près de la fenêtre. Elle baissa les yeux un instant, réfléchissant à ce qu'elle pourrait dire.
Elle ne pourrait pas lui cacher le fait qu'elle n'était plus vierge.

Un mince sourire glissant sur ses lèvres, elle le rejoint près de la fenêtre. Elle ne pouvait pas le dire à voix haute, si son frère l'entendait, elle serait alors en bien mauvaise posture. Elle se colla doucement contre lui, croisant ses mains dans le dos d'Owen et posant doucement sa tête contre son torse. Elle leva les yeux vers lui et chuchota :

-Si tu répète à qui que ce soit un mot de ce que je vais te dire, Owen, je ne te le pardonnerai jamais. J'ai choisi de te faire confiance, et j'espère que j'ai raison de le faire.

Elle souffla doucement et huma quelque peu l'odeur du jeune homme. Ils avaient posé les bases de leur toile, oui, et elle allait seulement lui dire qu'elle avait perdu son innocence depuis un moment déjà. Elle ferma les yeux le temps de chercher son courage et les mots et, une fois trouvés, elle rouvrit les yeux et leva son regard de givre, brillant de détermination, vers lui. Elle n'avait pas honte, et assumait ses actes.

-Je ne suis pas si innocente et pure que l'est normalement une demoiselle. Owen, je ne suis plus vierge. J'ai brisé mon vœu de chasteté avec Alessander, mais c'était une erreur. C'était par amour, mon premier amour, un amour de jeunesse, avec le manque de réflexion avant les actes qui va avec cette période-là de la vie. Je te jure que je ne recommencerai jamais, si tu veux toujours de moi.

Elle lui avait servi là une sorte de demi-vérité. Mais allait-elle lui dire qu'elle avait brisé son vœu et l'avait clairement réduit en miettes, en cendres, à au moins quatre reprises ? Non. Elle lui avait menti en lui disant qu'Alessander lui avait pris sa virginité, elle avait menti en disant qu'elle n'avait commis cette erreur une seule fois, elle avait menti en disant qu'elle avait aimé Alessander. Mais il ne serait pas obligé de le savoir.
Sa voix tremblait à cause de l'aveu, ou du moins c'est ce qu'elle voulait faire croire. Son regard était complètement dénué de toute mauvaise intention, et elle respirait le regret. Elle paraissait innocente et pure, à cet instant-même, et n'importe qui aurait pu y croire.