Alors que l’aurore laissait la place à l’aube, la fureur du Khal était, elle, à son paroxysme. Quasiment la moitié de ses hommes et de ses montures étaient malades, à se vider par tous les orifices. A ce rythme, il ne restera plus rien dans leurs corps pour tenir debout. Ils s’étaient rendu compte trop tard de la vilénie de ses adversaires. Car maintenant oui c’était décidé, ceux sont ces adversaires et Drogo ne pouvait pas laisser une telle injure impayée. Mais il manquait d’eau, leur oasis souillée par de la viande putréfiée et du crottin. Il ne restait que le kéfir. Il fera tout pour reculer l’instant où son khalasar n’ait plus que ça pour se donner l’illusion de boire.
Dans ce désert, ils ne pourraient pas survivre plus d’une paire de jours sans eau. Encore moins pour les bêtes. Quoique préconisaient les guérisseurs, il leur faudrait une nouvelle source. Il avait détaché de petites troupes destinées à trouver au plus vite une nouvelle source. En attendant il devait patienter, il ne fera pas l’erreur de partir à l’aveugle dans une direction en espérant tomber par miracle sur leur salut.
Les plus belliqueux de ses hommes voulaient entreprendre des représailles sur l’instant. Le Khal ne doutait pas un seul moment que s’il ne trouvait pas une solution rapidement, certains essaieraient de prendre sa place.
Ses éclaireurs avaient déjà eu quelques échauffourées avec un petit groupe des leurs. Mais il ne s’était pas douté un seul instant que ces chiens étaient là pour les empoisonner.
Mais comment partir à la bataille alors que certains chevaux étaient malades. Ses hommes chevaucheraient, même aux portes de la mort. Mais jamais ils ne se porteraient l’assaut à pied. La honte suprême.
Il envisagea de partir avec ce qui lui restait de chevaux sains. Quelques vingt milliers de dothrakis avides de vengeance. Il pourrait trouver sur les braises de leur camp de quoi se ravitailler.

C’est alors que des cris d’alertes retentirent. Des éclaireurs, moins nombreux qu’au départ, arrivèrent au camp à bride rabattue, ne démontant que pour se jeter aux pieds de Drogo.
« Khal, une petite armée arrive sur nous. Environ deux milliers de dothrakis et autant de cavaliers d’autres contrées. Un bon millier porte des plaques de métal sur tout le corps. Et ils ont des chars. »
Un rictus se format sur les lèvres de leur chef.
« Seulement ça ? Rien d’autre ? »
« Khal, nous n’avons rien pu observer d’autre. »
« Préparons une chevauchée. Une pile de leurs crânes assainira le désert de leur stupidité. »

D’autres cris retentirent alors.
*Encore ! Par quels démons…*
Cette fois-ci mêlés d’hennissements.
« Les chevaux, on essaie de nous voler des chevaux ! » Une partie du camp était en ébullition, tous couraient pour les rattraper. Lorsque le bruit lui vint qu’on avait découvert les espions, le plaisir de les capturer de ses mains lui fut ôté. Une dizaine de ses hommes partirent à la poursuite des deux survivants du larcin.
On lui apporta les cadavres de ceux qui ne purent s’enfuir à temps. Un souffle rauque passa au travers de cet amas de corps, un parmi eux respirait encore.

Il espérait qu’on ne l’avait pas entendu. Ce qui s’avéra faux, il s’en rendu compte, lorsqu’il fut soulevé de terre par les cheveux. Sa tignasse saisit à pleine main par leur chef. S’il n’avait pas tant de mal à respirer que ça, il aurait gémis de douleur. Pas à cause de cette poigne, mais il était blessé en de nombreux endroits. Même s’il se rendait bien compte que ses blessures auraient raison de lui dans de trop proches instants, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il pourrait survivre malgré tout. Par bonheur, la douleur eut raison de sa conscience avant que les dothakis ne se mettent à le questionner. Il ne se rendit même pas compte du traitement que ceux-ci faisaient subir à son corps. Il sombrait doucement vers le salut.

Ils auraient le soleil de face. Cette bataille, il la livrera avec ses rayons chauffant son torse. Lui le plus puissant des Khal, il chevauchera sans s’arrêter sur les cadavres de ses ennemis. Il chevauchera sur leurs camps et ira piétiner leurs « nations ».

*****

Pendant ce temps-là, une danseuse décida de ne pas séparer son œuf de dragon de ses congénères. Grand bien lui en pris. Après un instant de fouille minutieusement, elle aperçut la vive lueur d’une bougie se refléter sur une pièce métallique. Là se trouvait le coffre contenant les deux autres œufs, son enveloppe de tissu laissant malencontreusement apparaitre son fermoir.

C’est alors que la vague de ses hommes, ceux qui avaient trouvé des chevaux encore sains, allaient affronter cet amalgame d’insolents. Drogo s’attendait à perdre beaucoup de ses guerriers lors de la première salve adverse. Mais il vit les flèches passer bien au-dessus de sa charge et dévaster ses hommes restés derrière. Ceux qui n’avaient pas pu les accompagner à l’assaut étaient en train de mourir sur leurs pieds.
Certains se glorifient de mourir debout, c’était un déshonneur suprême pour eux de finir ainsi. Sans montures pour les porter dans la mort. Là où certaines flèches enflammées avaient perforé les tentes, des incendies n’allaient pas tarder à enfler.
Ses hommes adoptèrent la même tactique que les dothrakis qui leurs faisaient face. Ils ont toujours combattu ainsi, c’est dans leur sang. Mais ce foutu soleil les empêchait de viser correctement.
Ils sortirent les arakhs pour enfin combattre, vraiment combattre. Ses guerriers hurlèrent à s’en faire éclater les poumons. Vociférant alors qu’ils allaient pouvoir trancher un ennemi enfin bien réel et non plus des espions ou des poisons. C’est alors que le choc survint, la collision avec des cavaliers armurés de pied en cape. Et ce premier impact fut terrible pour les hommes du Khal. Beaucoup furent désarçonnés, certains volèrent littéralement hors de leur selle. Ces cavaliers caparaçonnés brisèrent sa charge. Il restait leur supériorité numérique. Si le centre était maintenant bloqué sur place à lutter férocement, ses flancs allaient se rabattre sur l’opposant.
Les troupes légéres et chars des armées conjointes de la compagnie dorée et du khalasar de Maeri se montrèrent plus rapides. Ils contournèrent les lignes de Drogo avec une diligence fulgurante. Les cavaliers du Khal furent débordés mais ils tenaient bon. Cédant seulement une once de terrain. Ils reculaient bien, mais petit à petit. Mais des chars, des chars… !

Au milieu de ce tumulte, l’escorte de la Khaleesi tint comme elle put, au prix de la vie de deux de ses hommes. Mais des dothrakis, il n’y avait que ça. Une masse de dothrakis impossible à discerner les uns des autres.

Au sud du camp, le gros de la Compagnie Dorée se tenait prête à affronter son destin.

La retraite de la cavalerie lourde ne se fit pas sans pertes. Les flancs du Khal était tenue à distance par les chars et troupes les contournant. Ce qui minimisa les pertes des chevaliers. Les chars étaient une étrangeté aux yeux des dothraki et leur atout sur le champ de bataille se révéla là. Malgré le léger désordre de cette tactique, la cavalerie réussie à se retirer de corps-à-corps.

Ensuite vint une pluie de traits.
Les six salves qui s’abattirent sur l’ennemi fauchèrent près d’un tiers des combattants du Khal.

Son flanc gauche se trouvait face aux chars, alors que l’autre faisait face à une partie des hommes de la Khaleesi menés par Lhasso. Drogo ordonna à Pono, qui commandait le flanc gauche à charger les chars avec un millier d’homme et de bifurquer ensuite sur le côté de la cavalerie lourde en prévision d’une nouvelle charge de cette dernière.
Lhasso prit de la distance et pu apercevoir sur son flanc un homme beugler des ordres pour mettre en ordre ses guerriers. Leur intimant de charger les archers qui venaient de faire un massacre. Peu d’hommes ont autant d’autorité à par Drogo. Ce n’était pas le Khal, mais un de ses Ko assemblant ses troupes pour l’assaut.

En avant de la masse des Dotrhakis, Maeri pu apercevoir la fière présence du Khal. Il se tenait en première ligne, prêt à devancer la nouvelle charge de la cavalerie lourde. Guidant son destrier des genoux, l’arc tendu, elle décocha. La flèche empoisonnée décrit une trajectoire qui se finie dans une épaule du Seigneur des chevaux.

Le Ko Cohollo était resté au camp. Après les premières salves meurtrières qui n’épargnèrent ni femmes ni enfants, il hurla aux non combattant de fuir le camp. Il dépêcha aussi rapidement qu’il put une dizaine de millier d’hommes pour accompagner et protéger la retraite de leurs familles. Au travers des cadavres et de la cohue, il essaya de rassembler les guerriers. Les fumées des incendies naissant commençaient à envahir l’air autour d’eux.
Malgré leur faible nombre par rapport à ceux encore présent, la cohue et leur charge réussirent à semer le désordre dans le camp.
L’escorte menée par Asdragor eu bien du mal à tenir l’ennemi à distance et perdit encore deux cavaliers dans cet affrontement.

L’armée du Khal présentait son dos à l’armée de Baeron. Le barrissement des éléphants firent se retourner l’arrière garde. Un regard incrédule si lit sur leurs visages. Entre cris et hennissement, ils tentèrent de se mettre en ordre pour recevoir la charge des pachydermes. Jamais ils n’avaient affronté un tel ennemi. Certains iraient chevauchés parmi les étoiles avec le visage encore marqué par l’étonnement. Le contact avec ces monstres ne fut pas aussi dévastateur que prévu, mais l’absence de précèdent joua en la défaveur des dothrakis.

Le Dragon Noir était sur le point d’arriver au contact des guerriers de Drogo quand il aperçut celui-ci. Tranchant et hurlant dans sa frénésie de combat, il ne senti pas la flèche se ficher dans son épaule. Le poison ne tarderait pas à faire effet. Et Baeron serait rapidement sur lui.

Compte des pertes: