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298 - Lune 13 - Semaine 4 - Jour 5 - LES JUMEAUX

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298 - Lune 13 - Semaine 4 - Jour 5 - LES JUMEAUX Empty
MessageSujet: 298 - Lune 13 - Semaine 4 - Jour 5 - LES JUMEAUX 298 - Lune 13 - Semaine 4 - Jour 5 - LES JUMEAUX Icon_minitime17.12.14 6:31

An 298, lune 13, semaine 4, jour 5
Les Jumeaux

Walda cousait avec Roslin et Jyanna lorsqu'on était venu la prévenir que le Tardif la convoquait. La blonde avait immédiatement posé son ouvrage afin de rejoindre le patriarche. Cheminant à présent dans les couloirs de la citadelle, elle se demandait pourquoi ce dernier souhaitait la voir. Il n'avait point coutume de faire quérir les filles de la maisonnée sans une bonne raison ; or, la demoiselle n'en voyait aucune ici.

Une fois parvenue à l'entrée de la grande salle, elle poussa la porte et s'avança vers son géniteur.

Vous m'avez fait mander, Père, dit-elle d'une voix d'où transparaissait une certaine nervosité.

Depuis l'annonce de ses fiançailles, l'anxiété la tourmentait et le vieil homme qui lui faisait face lui inspirait plus de peur que d'affection.

Le Patriarche regardait avancer une de ses perles. Une rare Frey à dénoter avec les caractéristiques de sa descendance. Tant de filles à marier, tant de places à prendre dans Westeros. Personne ne lui avait fait faux bond jusqu'à présent. Personne depuis cet avorton de Lake. Il avait réussi à lui arranger un mariage qui convenait à tous, croyait-il. Et les voilà éconduits d'une manière qu'il n'avait jamais vue. Disparaître... Quel insolent ! Un tel outrage le mettait dans une telle rage. Mais une rage froide, les personnes qui le connaissaient avaient appris à ce méfier de lui lorsqu'il était dans un tel état. Il n'avait pas pour habitude de prendre des pincettes et encore moins avec les membres de sa lourde famille.

Walda, ma douce et si belle enfant. Déjà fiancée et sitôt esseulée. Celui qui se prétendait vouloir être ton mari a disparu.

Voilà tout l'amour et la douceur qu'il avait à proposer. Une phrase courte et une humeur de chien.

La demoiselle baissa le regard en remarquant l'air furibond du vieillard. L'avait-elle mécontenté d'une quelconque manière ? Si cela s'avérait, elle ignorait en quoi ; ces dernières semaines, elle avait occupé la majeure partie de son temps à la préparation de son trousseau. Toutefois, Lord Walder fulminait pour autre chose, un fait qui ne manqua guère de surprendre la dame aux iris céladon.

Disparu ? répéta-t-elle.

Son promis avait-il eu un accident lorsqu'il chassait seul ? La jeune femme aurait peut-être ressenti une pointe de soulagement si son géniteur n'avait eu tant de mal à lui trouver un époux. Malgré ses traits avenants, à vingt ans, elle demeurait célibataire, alors qu'à son âge la plupart des dames avaient convolé et déjà enfanté.

Lord Lake vous a-t-il renseigné sur ce qui s'est passé ?

Lord Lake... Lord Lake ! Que ce pourceau essaie seulement d'emprunter les Jumeaux. Il se tait sur la lâcheté de son engeance. Que tous sachent maintenant qu'il ne faut plus faire confiance à un Lake ! Fais une croix sur ton si beau Nordien, mon enfant. La sagesse populaire veut que l'on dise un de perdu… Mais que le bas peuple connaît-il de tout ceci ? Vingt ans. Te voilà à la limite de devenir une vieille fille. J'ai eu tant de mal à te trouver un époux que je désespérais de te voir tous les jours que les Sept font à tourner et te voir grisonner autour de moi.

Le vieux Frey se recala dans son fauteuil et regarda attentivement sa fille. Le visage dénué de toute affection.

Ainsi vous pensez que Bard Lake a pris ses jambes à son cou, dit-elle.

Ce n'était pas une question ; le Tardif ne se serait point montré si courroucé s'il avait imaginé que le Nordien n'avait point disparu volontairement.

Si cela s'avère, vous avez raison Père : il est hors de question que j'épouse un homme qui fuit devant pucelle.

Elle n'ignorait guère que son sobriquet lui portait préjudice dans la recherche d'un bon parti. Cependant, la proposition du sire du Pont avait constitué en soi une véritable aubaine pour les Lake et si le fiancé avait pris la poudre d'escampette pour ne point se trouver affublé d'une maritorne en guise de femme, la Grêlée était la fille de son géniteur, ayant hérité de son caractère rancunier.

Je ne souhaite aucunement demeurer un poids mort pour notre maison, déclara-t-elle, ni suivre l'exemple de ma sœur Tyta.

Elle gardait à l'esprit qu'elle serait considérée comme flétrie d'ici quelques petites années et que bientôt les seigneurs du pays refuseraient sa main non à cause de son surnom ou de la réputation des filles de sa parentèle, mais parce qu'elle serait trop vieille.

Si celle-ci ne portait pas mon nom, je l'aurait bradée à n'importe quel marchant un tant soit peu important. Mais ma belle, dans ton malheur, bonheur est bon.

La blonde supporta sans broncher les réflexions du vieil homme, accoutumée à son caractère acerbe.

Que voulez-vous dire ? demanda-t-elle, surprise par les paroles de son père.

J'ai ouï dire d'homme noble nordien, un petit lord dernier descendant de sa lignée. Un parti qui ne refuserait pas une offre si celle-ci était bien proposée. Et qui ne regarderait pas à l'âge de sa prétendante. Tu le connais bien, il a déjà failli devenir ton prétendant.

Ades Overton, devina la demoiselle, un sourire courbant légèrement ses lèvres.

Le désespoir le guettait aussi de ne trouver personne. Je ne t'aurais jamais proposée à lui s'il n'était devenu d'un coup tout à fait intéressant.

Malgré que ledit Nordien était issue d'une maison moins renommée que celle des Frey, Walda n'était pas mécontente de la perspective de devenir son épouse. Elle le connaissait et avait noué une relation complice avec lui.

Que voulez dire ? interrogea-t-elle le patriarche.

Une villégiature à Port-Réal te plairait-elle ma chérie ?

« Ma chérie ». Il ne prononçait jamais ces mots dans le vent.

Cet homme est définitivement appelé à faire de grandes choses. Et je veux que nous... tu en fasses partie.

La Grêlée fut étonnée par la mention de la capitale. Prewyn y était demeuré après le tournoi de la Main, pourtant il n'avait guère donné de nouvelle au sujet de Ades Overton.

A-t-il obtenu une fonction à la cour ?

Le voilà devenu depuis peu le nouveau Grand Argentier de la Couronne. Et s'il reste en lui le moindre souvenir amical de ta petite personne, je serais heureux que tu y mettes du tien. Cet homme devient un parti intéressant tant qu'il a sa place. Je sais que je le considère trop intelligent pour être un de mes gendres, mais je ne peux pas passer à coté d'une telle opportunité. J'ai renouvelé une promesse en ton nom. Si tout se passe bien, tu seras sur les routes de Port-Réal sous peu.

Il est certain qu'une place au Conseil apporte un certain prestige, convint la blonde.

Elle savait que la capitale était un lieu dangereux, bien qu'elle n'y eût jamais posé le pied. Néanmoins, comment rejeter l'idée d'y occuper une place ? Elle ne prétendait pas posséder beaucoup de courage, cependant elle ferait fi de ses craintes ; après tout, elle appréhendait le courroux de son géniteur plus que le guêpier qu'était la capitale.

Je serais ravie de devenir son épouse Père, déclara-t-elle.

Même sans cette soudaine promotion du jeune homme, elle aurait trouvé satisfaction dans une telle union.

Je n'ignore point que Ades Overton est un homme intelligent et il m'apparaît que le manipuler demanderait un doigté que peu possèdent. Néanmoins, bien que je doute posséder une telle finesse d'esprit, je tâcherai de faire honneur à notre famille.

Après tout, si elle démontrait les qualités que l'on attendait d'une noble dame, cela ne laisserait-il point penser que la réputation des filles du Pont était trompeuse ?

Fais-moi honneur ma fille. Montre qu'au moins une personne de mon sang est capable de faire quelque chose de grand. Je compte sur toi comme j'ai rarement compté sur quelqu'un. Ne me déçois pas, je porte en toi de grands espoirs pour notre famille.

Walder Frey essaya d'enrober le tout sous un sourire qu'il espérait chaleureux, mais cela passa pour une offre qui ne se refuse pas.

Je vous remercie de votre persévérance, ajouta-t-elle.

Malgré le manque d'affection qui caractérisait leur relation, elle n'en éprouvait pas moins de gratitude à son égard.

Le sourire de la dame aux yeux de jade s'élargit. Elle savait que le Tardif ne pardonnerait point l'échec ; néanmoins, elle se sentait envahie de fierté de voir la confiance que le vieil homme lui accordait.

Je ferai tout mon possible pour ne pas vous décevoir, promit-elle.
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