Khal Motho se donnait beaucoup de mal pour dissimuler son âge, dressé ainsi sur son destrier. Le dothraki bombait le torse et parlait fort, mais personne dans le camp de Maeri n'était dupe. Il avait amené avec lui ses meilleurs guerriers pour faire démonstration de sa force. Tout ce que la Khaleesi voyait, c'était d'autres vieillards qui n'attendaient qu'une mort honorable au combat. Elle aurait aimé leur offrir pendant qu'ils combattaient pour elle, mais cela ne semblait pas être dans l'idée de Motho. Et il continuait de parler et parler, employant des mots qu'elle n'était pas sûre de connaître, étaient-ils seulement dothrakis ? Même Pradgio, pourtant patient, commençait à rouler des yeux vers le ciel. Maeri, elle, s'en amusait plus qu'autre chose. Il était toujours agréable de revenir à une vraie négociation, de dothraki à dothraki, elle n'avait pas sa traductrice à ses côtés mais ils parlaient tous franchement. Après les négociations menées à Astapor, cela avait quelque chose de rafraichissant.

- Je n'ai jamais laissé une femme dicter ma conduite et ce n'est pas aujourd'hui que je commencerai, conclut Khal Motho.

Le regard froid de la Khaleesi passa de son futur adversaire aux guerriers qui l'entouraient. Il en avait amené une dizaine, espérant sans doute l'impressionner, mais elle-même en avait pris deux fois plus et ils étaient en bien meilleure forme. Motho était réputé pour son âge et il était donc normal que la majorité de son khalasar soit constitué de guerrier en fin de vie. Ils s'accrochaient tous à une gloire passée. Fut un temps, le nom de Khal Motho avait fait trembler les Cités Libres, mais la force était éphémère et chez les dothrakis, le pouvoir suivait. Le nom de Khal Drogo avait remplacé son prédécesseur, et Maeri comptait bien être la suivante.

- Je vous ai offert une chance, Motho. Mourir à mes côtés pour la gloire des dothrakis ou servir d'exemple. Je ne reviendrai pas sur ma parole.

La menace à peine voilée ne fit que contrarier d'avantage le vieillard. Sa bouche se tordit en une grimace qui faisait remonter sa barbe blanche. Le grand étalon blanc sur lequel il était monté piaffa quelques secondes mais Maeri ne bougea pas. Une attaque de front à ce moment-là serait du suicide pour le Khal, ses guerriers n'étaient pas près alors que déjà Morocco avait saisit son fouet. Le sang de son sang était toujours prompt à réagir et sa silhouette colossale suffisait à impressionner les dothrakis. Motho n'oserait pas attaquer en aussi petit nombre, même s'il avait peut-être plus de chance ainsi que sur un champ de bataille.

- J'ai tué Khal Joqo, j'ai tué Khal Morio. J'ai tué Khal Drogo. Qu'est-ce qui vous fait croire que vous pouvez survivre ?

Elle tâchait de ne pas le montrer, mais son comportement l'agaçait de plus en plus. Motho avait toujours sagement fuit devant les khalasar qui le dépassait en nombre et en force. La vieillesse était synonyme de sagesse après tout. Elle comprenait qu'il lui vienne l'envie de la fuir, mais la défier ainsi ? C'était pure folie. Et c'était uniquement parce qu'elle n'avait pas de queue entre les jambes. L'imbécile la sous-estimait simplement parce qu'elle avait le malheur d'avoir des seins. Il apprendrait bien vite ce qu'il en coûtait. Peu importait finalement ce qu'il allait dire, Maeri avait déjà décidé qu'il mourrait, de préférence transpercé par son arakh.

Khal Motho cracha par terre et fit se détourner son cheval.

- Essaye donc, fillette. Je laisserai mes hommes remplir chacun de tes trous de semence une fois que j'en aurais terminé avec toi. Et nous te ramènerons ainsi au dosh khaleen, si tu ne t'es pas déjà noyée.

- Nous attaquerons à l'aube, lui lança-t-elle alors qu'il s'éloignait déjà.

Ses hommes suivirent en rang ordonné et bientôt la petite colline qu'ils avaient choisis pour se rencontrer n'était plus couverte que de ses propres hommes. Pradgio fit avancer son étalon pour se tourner vers elle. Maeri avait réussi à conserver son calme jusque là.

- Vous me laisserez Motho, je tiens à le tuer de mes mains.

Pradgio n'en fut pas surpris, il se contente d'acquiescer brièvement avant d'en venir à des choses plus importantes.

- Attaquer à l'aube me semble bien imprudent, Khaleesi. Leur campement est à l'est de notre position, le soleil ne jouera pas en notre faveur. Même si nous sommes cinq fois plus nombreux qu'eux, nous ne devrions pas prendre le risque.

Ils étaient tous les deux bien placés pour le savoir. C'est ce type d'imprudence qui avait coûté la vie à Khal Drogo, plusieurs mois auparavant.

- Ne t'en fais pas. C'est ce que je lui ai dis, mais il est hors de question de lui laisser autant de temps. Nous attaquerons au cœur de la nuit. Rentrons pour préparer les hommes.

Elle fit se tourner son cheval pour revenir vers le camp, Pradgio ne lui répondant que par un petit sourire. Maeri avait beaucoup appris de cette bataille dans les Terres Disputées, notamment que la franchise était optionnelle quand on se battait pour gagner. Motho l'avait insulté, non seulement en la défiant mais aussi en acceptant de la rencontrer pour lui cracher son venin à la figure. Il payerait cher pour cela et elle ramènerait sa tête à Vaes Dothrak. Cela ferait sans nulle doute un très bel argument auprès des autres dothrakis. Motho était vieux, mais son nom voulait encore dire quelque chose, preuve en était les guerriers qui le suivaient.


Ils avaient dormis quelques heures, le temps de laisser à la nuit noire le temps de s'installer. La Lune était haute dans le ciel, mais elle ne formait qu'un maigre croissant que les nuages n'avaient aucun mal à dissimuler. Le cortège avançait donc à la lueur des torches. Maeri avait divisé le khalasar en deux pour former une pince qui se refermerait sur Motho et son maigre campement. Elle menait la troupe qui passerait par le Nord. Derrière elle, Lhasso et Morocco la suivait de près. Le sang de son sang ne la quittait pas d'une semelle en bataille, mais ce soir la Khaleesi se sentait particulièrement en forme. Elle avait passé les dernières heures en compagnie d'Imeah et avait hâte d'ajouter à son goût celui du sang.

Lorsqu'ils dépassèrent les collines qui donnaient une vue sur le camp de Motho, Maeri ne fut pas surprise de découvrir celui-ci en ébullition. Soit des sentinelles avaient suivies leur approche, soit ils s'apprêtaient à fuir de toutes façon, mais dans tous les cas ils ne pourraient pas obtenir un effet de surprise parfait. Motho n'était pas un imbécile et il avait positionné son camp au sommet d'une des plus hautes collines. Il fallait donc le prendre de vitesse, mais après tout il était un dothraki, il ne pourrait pas se contenter de les bombarder de flèche en attendant de tous les tuer. Ses guerriers devaient déjà préparer leurs chevaux.

La Khaleesi leva haut son arakh et, un instant plus tard, son khalasar chargeait au galop. Alors qu'ils avaient fait de leur mieux pour rester silencieux jusqu'alors, le tonnerre de la cavalcade emplit bientôt l'espace. Plus de dix mille hommes chargeaient en même temps et elle savait que cela ne manquerait pas d'effrayer ceux qu'elle affrontait. Ce n'était pas une stratégie très subtile mais elle avait l'avantage de toujours fonctionner.

Dès qu'ils amorcèrent la pente pour atteindre le campement, une pluie de flèche les accueillit. De loin et au cœur de la nuit, elles ne firent que peu de pertes mais Maeri vit tout de même des chevaux s'effondrer, en entraînant d'autres avec eux.

- EN AVANT ! Beugla-t-elle pour confirmer la confiance de ses guerriers.

Une autre salve suivit, et une autre. Puis elle vit des cavaliers se lancer depuis le camp vers eux. La vraie bataille allait commencer. Une autre clameur retentit alors, venant du Sud. Elle n'eut pas besoin de tourner la tête pour savoir que l'autre moitié de son khalasar se lançait à l'assaut de la colline, Pradgio en tête.

La suite du combat fut tout ce qu'on pouvait attendre d'une charge Dothraki affrontant une autre charge Dothraki. Violent et rapide. Des chevaux couraient en tous sens, certains portaient encore leurs cavaliers, certains portaient des cadavres, et enfin certains était complètement libre, et terrifié. L'odeur du sang emplit les lieux et le nez de la Khaleesi alors que son arakh frappait avec précision ceux qui osaient s'approcher d'elle. Ils étaient peu nombreux à le faire, cependant, submergé par les deux assauts simultanés. Le nombre joua pour eux et bientôt ils furent au cœur du campement dothraki. Les torches furent jetés au hasard et une odeur de brûlé rejoint bientôt celle de la bataille.

Maeri cherchait du regard le Khal ennemi mais tout ce qu'elle voyait, c'était des femmes et des enfants tentant de se jeter hors du chemin des chevaux. Les claquement du fouet de Moroco étaient suffisants pour qu'ils ne s'approchent pas d'eux, ils continuèrent donc de progresser dans le camp en flamme. Cependant, lorsqu'ils atteignirent la grande tente centrale, celle-ci brûlait déjà et s'effondrait sur elle-même. La Khaleesi faisait tournoyer son arakh dans sa main, furieuse de ne pas le trouver. Ce crétin était-il déjà mort ?

Ils furent attirés par les bruits d'un combat et c'est là qu'elle l'aperçut. Un immense étalon blanc, monté par un vieillard qui se donnait des airs de soldat. Motho donnait de grands coups de son arakh pour maintenir à distance les jeunes guerriers qui l'avaient acculés. Un homme se battait encore à ses côtés et elle devina qu'il s'agissait de son sang-coureur. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres de la Khaleesi et elle lança son étalon au galop.

Elle fit un effort pour ne pas crier mais Motho l'entendit venir tout de même. Il fit faire un écart à son cheval qui lui sauva la vie, mais l'arakh de la Khaleesi transperça quand même le flanc de l'animal, l'ouvrant sur presque un mètre. Le vieux Khal sauta à terre avant d'être écrasé par sa monture. Déjà, Maeri avait fait demi-tour. Le sang-coureur tenta de fondre sur elle mais un claquement violent du fouet de Morocco arrêta son cheval. Lhasso fonçait déjà sur lui quand elle les contourna. D'un bond, elle fut à terre et ordonna à son cheval de s'éloigner alors qu'elle avançait vers Motho.

- Je te garde pour moi, vieillard.

Elle ne voulait pas l'attaquer à cheval. A terre, son arakh était tout aussi dangereux contre un cheval lancé à plein galop qu'il ne l'était dans la situation inverse. Motho la regardait avec un éclat brillant au fond des yeux, les dents serrés.

- Salope ! Lança-t-il simplement en se jetant sur elle.

Son arakh brilla d'un étrange éclat alors qu'il le levait à la lueur de la lune et elle n'eut que le temps de lever le sien pour l'arrêter. Il frappait étrangement vite pour son âge. Les deux dothrakis s'engagèrent alors dans un duel d'agilité.

Les arakhs étaient des armes rapides et conçus pour être utilisé depuis un cheval au galop, elles fauchaient avec une mortelle précision, si on leur donnait la bonne courbe. Au sol et en combat, elles étaient aidés par la vitesse de leur porteur. Les lames fendaient l'air bien plus vite qu'une épée, mais frappait avec moins de force. C'était plus un jeu d'esquive que de force et Maeri se savait gagnante à ce jeu là. Leurs armes ne s'entrechoquaient presque jamais. Elle pivotait pour éviter un coup et il ripostait en tournant pour éviter sa propre attaque. Malgré son âge, il était encore assez rapide pour ne pas s'être fait touché une seule fois. Pire, il frappait plus vite qu'elle, car plus le temps passait et plus elle devait bondir vite. C'était impensable. Il n'avait pas usurpé sa réputation à l'époque, mais aujourd'hui il était trop vieux pour parvenir à un tel exploit.

Maeri changea brusquement de tactique et, au détour d'une passe d'arme, elle mit son arakh en avant pour arrêter sa lame. Le choc de l'acier produisit un petit claquement clair dans la nuit et elle vit le sourire sur les lèves de Motho. La vibration du choc se répercuta dans son bras avec une force qu'elle n'avait pas imaginé. C'est là qu'elle comprit, en regardant le point où les deux lames se touchaient. Les armes n'étaient pas identiques. L'acier de Motho était plus sombre et son éclat venait du travail fait dessus, comme s'il avait été plié et replié par des moyens magiques. Une lame valyrienne.

Motho profita de l'effet de surprise pour la repousser violemment avant de balayer l'air avec son arakh, elle n'eut d'autre chose que d'utiliser le sien pour parer. Le choc fut plus important encore et la vibration lui vrilla le poignet. Puis sa lame se brisa. D'un seul coup son arakh se cassa en deux un peu au-dessus de là où il avait frappé. Le Khal ricanait déjà alors que Maeri ne sauvait sa vie que par un grand bond en arrière. Le manche était toujours dans ses mains, sa lame brisée ne faisant plus que quinze centimètres à présent.

- Je t'ai eu... fillette.

Tout fier qu'il était, Motho n'était plus au sommet de sa forme. Il haletait violemment, le dos légèrement courbé et il était obligé de tenir son arme à deux mains pour affermir sa prise. Maeri aurait dû fuir, mais elle écarta les bras d'un air défiant.

- Je t'attends, vieillard.

La vitesse du premier coup la surprit et son armure de cuir s'ouvrit comme du tissu, traçant une ligne parfaite au-dessus de ses seins. Motho ricana encore mais elle ne s'y fit plus prendre. Bondissant et tournant autour du Khal, Maeri profitait de sa vitesse pour l'obliger à courir pour l'atteindre. Chaque coup qu'il portait était un peu moins fort, un peu moins rapide. Il était plus fort, plus expérimenté aussi, mais il était surtout trop vieux. Son endurance n'avait plus rien à voir avec la sienne. Bientôt, ce fut à elle de sourire.

Au détour d'un coup de bas en haut, elle lança son pied contre son menton avec violence. Il recula d'un coup, les lèvres en sang, et gronda.

- Faible, cracha-t-elle.

Fou de rage, il se jeta en avant et elle l'attendait. Maeri était toujours plus rapide. Elle pivota pour esquiver l'arakh et se colla brusquement à lui. Sa lame à elle était brisée mais encore suffisamment pointue pour pénétrer le cuir sans le moindre effort. Elle sentit ses entrailles s'ouvrir et remua la lame dans la plaie. Motho frappait l'air derrière elle inutilement, l'arakh n'était pas fait pour ça. Avant qu'il ne réussisse cependant, elle le repoussa d'un coup de pied et retira l'arakh brisé de son ventre.

Le vieux Khal la regardait comme s'il la découvrait seulement. Sa main se porta à son ventre, tentant de contenir le sang qui en jaillissait. Il tenta de lever son arme mais il n'en avait plus la force. Maeri n'attendit pas qu'il perde le reste de ses forces. Un coup de la manche de son arakh suffit à le faire tomber en arrière et elle posa le pied sur sa main droite pour lui faire lâcher son arme. Pendant tout ce temps, elle lui souriait.

Maeri ramassa l'arme au sol et la soupesa. L'acier valyrien était étonnamment léger, ce qui était sans doute la raison du talent du vieil homme. Elle jeta son vieil arakh brisé au sol et pencha de nouveau les yeux sur Motho, posant l'extrémité de sa nouvelle lame sur sa gorge.

- Je ne reviens pas sur ma parole.

Elle appuya sur la lame et la chair se déchira comme du papier.


Au matin, la bataille était déjà terminée. Les affrontements de khalasar ne duraient jamais trop longtemps. Pradgio réunissait les morts et les avait fait empilé en un immense tas où se mélangeait guerrier, chevaux, femmes et enfants. Maeri les regardait faire, jonglant avec ses deux nouveaux trophées. Son Ko ne lui avait rien demandé, ni au sujet de la tresse, ni au sujet de l'arakh, mais elle devinait qu'il avait compris de quoi il s'agissait.

- Dois-je préparer un bûcher spécial pour Motho ?

La question était légitime. Elle voulait apporter sa tête à Vaes Dothrak, mais en tant que Khal, il avait le droit de rejoindre les étoiles et d'y chevaucher pour l'éternité. Il avait été un adversaire de valeur, malgré son âge. Elle lui devait ça.

- Fais. Nous le brûlerons ce midi devant les restes de son khalasar. Je leur expliquerai leur choix.

Avec un sourire, Maeri accrocha à sa ceinture sa nouvelle arme et commença à défaire les clochettes de la tresse de Motho.

Demain, ils feraient route vers Vaes Dothrak.

Lancer de dé pour le résultat exact de la bataille. (Pertes/Gain de guerrier à l'issue des combats)

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