De nouveau Ser Harold Rethian se présenta devant le Roi puis salua son adversaire et alla se placer de son côté avant de lancer sa monture au galop sur la lice. Comme à son habitude, il chercha à voir où la lance du Dornien le viserait, mais la nervosité de la monture de son adversaire fit qu’il abaissa sa lance réellement au dernier moment. Surpris, le Chevalier voulut contrer le coup et releva sa lance pour éviter de se le prendre de plain fouet, mais il n’y parvint pas et ne réussit qu’à le détourner légèrement. La lance de tournoi, plus longue mais moins pointue et non ferrée, frappa seulement la pointe de son épaule, mais avec tant de violence que cela le déséquilibra bien trop pour qui reste en selle. Le poids de sa propre lance qui, ayant dévié le coup, le faisant dangereusement pencher à l’intérieur et celui de son armure, ajoutés à la vitesse de son destrier ne lui laissèrent aucune chance. Il tomba lourdement alors que son cheval terminait sa course et était péniblement rattrapée de l’autre coté de la lice par une armée de garçons d’écurie. Un instant, il ne bougea pas, écrasé face contre le sable et dans la foule qui assistait au tournoi on entendit un grand « outch » suivit de quelques murmures inquiets. Mais, il se retourna péniblement et quelqu’un vont l’aider à se relever ce qu’il fit sans mal.

« Vainqueur ! Ser Gerrys Bloiseau ! »

Les applaudissements fusèrent car c’était un sacré coup que celui qui venait de se dérouler sous les yeux ébahis des spectateurs, arriver à toucher son adversaire qui pourtant avait contré et ce malgré un cheval capricieux relevait du miracle, ou d’un immense talent.

« Ser Garlan Rowan de la maison Corbray et Vasgard de la maison Overton ! »

Le maitre d’arme de Cordial avait déjà montré son talent lors des manches précédentes, néanmoins, l’immense Fer-Né, garde et ami d’Ades Overton était impressionnant au moins de par sa puissance. Difficile de dire qui allait remporter la joute et les paris avec ou sans enjeu financier fusaient un peu partout, même si pour les filles qui se collaient contre la barrière et vérifiaient leur décolleté le vainqueur était déjà tout désigné au moins dans leurs cœurs.

Toujours le même cérémoniale, les participants se mettaient en selle, allaient présenter leurs hommages à la tribune d’honneur regorgeant de beau monde : Le Roi, la Reine, les membres du Conseil Restreint et quelques invités de très Haute Naissance. L’ensemble était bien protégé par les Membres de la Garde royale ayant déjà été éliminé ou ne participant pas ainsi que des soldats du Guet et des Chevaliers vêtus de Rouge et Or ou encore de Jaune et de Noir. Et pourtant malgré la répétition des mêmes gestes, des mêmes courses endiablées sur la lice, de la danse des piques qui s’abaissaient peu à peu, tout le monde ou presque retenait son souffle. A chaque fois que les deux cavaliers jetés à pleine vitesse s’approchaient et que lances, boucliers et armures s’entrechoquaient, le même émoi qui prenait les tripes, car le danger était bien réel. Certaines fermaient même les yeux de peur de voir leur favoris dans le même état que le regretté Ser Hugh du Val en les rouvrant.

« Vainqueur ! Vasgard de la maison Overton ! »

En entendant le nom du vainqueur les donzelles qui, collées à la lice supportaient le Fer-Né en s’égosillant, sautèrent de joie toute poitrine rebondissant. Se faisant elles bousculèrent quelques spectateurs ce qui déclencha une rixe qui fut de courte durée car les Soldats du Guet se précipitèrent pour séparer les bagarreurs et les contrevenants furent éloignés sans ménagement. Les jeunes femmes quittèrent alors la lice pour essayer de pénétrer le camp des jouteurs à la recherche de leur champion.

Les joutes purent reprendre rapidement après ce petit incident et continuèrent jusqu’au soir, départageant tour à tour les Chevaliers du royaume, et aussi quelques simples reitres. Yohn Royce vaincquit Meryn Trant dès la première lance, tout comme Jaime Lannister qui démonta Boros Blount sans difficulté. Gregor Clegane qui triompha sans mal d’un Preston Verchamps craignant que lui soit réservé le même sort  qu’à Ser Hugh et manqua de tomber avant même que la lance de La Montagne ne le touche. Le combat entre Jalabhar Xho  et Arthur des Essaims dura un peu plus longtemps et il fallut trois lances pour les départager, mais c’est finalement le prince des îles d'Été qui passa le tour. Puis vint, enfin, après une longue journée, le dernier combat…

« Ser Loras Tyrell de Hautjardin et Ser Barristan Selmy de la Garde Royale  »

Un sacré combat s’annonçait avec ces deux là, Le Chevalier aux Fleurs était jeune et inexpérimenté, mais il avait déjà fait des prouesses, que se soit à son unique tournoi avant celui-là ou aux tous précédents. Quand au Hardi, sa réputation n’était plus à faire, en Tournoi comme sur le Champ de bataille, il n’avait jamais faillit et le vaincre n’étais pas chose aisée, malgré sn âge. Alors, de la fringante jeunesse ou de la sereine expérience, qui triompherait ? Comme à son habitude, le jeune éphèbe à l’armure rutilante marquée des couleurs de sa famille et de la rose d’or ne se contenta pas de se présenter au Roi et se pavana devant la tribune. Après un coup d’œil discret à son amant, il se pencha et, avec un sourire charmeur, donna une rose rouge à Lady Sansa au lieu des blanches qu’il offrait d’ordinaire, puis alla se placer à l’extrémité de la lice. Les deux chevaliers lancèrent leur monture au galop, le bruit assourdissant des sabots sur le sable, les encouragements de la foule, et enfin, le moment fatidique, le fracas des lances brisées, comme une explosion de feu grégeois.

Dans la lumière rougeoyante du coucher de soleil alors que les ombres du Donjon Rouge et de la cité se déployaient sur le terrain du tournoi, les armures étincelaient et les éclats de lance volaient. Mais à chaque fois, les deux cavaliers restaient en selle, à chaque fois ils repartaient à l’autre bout de la lice, à chaque fois une nouvelle lance et de nouveau cette course effrénée vers la mort. Sous les lourdes armures, les deux hommes peinaient un peu plus à chaque choc mais aucun n’était prêt à abandonner. Les chevaux blanchis par l’écume ronflaient de fatigue et d’impatience retenus par les rênes tendues qui arrondissaient leur puissante encolure sans retenir leurs sabots furieux de battre le sable. Il fallut plus d’une dizaine de lances pour départager les deux combattants. Au bout de maints efforts d’un combat interminable, mais d’une violence telle, que tous furent maintenus jusqu’au dernier instant en halène, un seul gagna. Ser Barristan Selmy, Lord Commandant de la Garde Royale, le vieux Hardi, celui qui avait servi trois Rois et connu plus de batailles et de tournois que n’importe qui d’autre. L’expérience avait donc triomphé de la jeunesse…

« Vainqueur, Ser Barristan Selmy ! »

Les applaudissements fusèrent même si bien des Dames dans l’assemblées étaient déçues que Loras ne puisse être présent lors de la troisième journée. Mais la journée était déjà bien trop avancée et le soleil allait disparaître derrière les collines d’ici peu de temps, aussi il était impossible de continuer jusqu’à ce qu’il y ait un vainqueur. Cette première journée s’achevait et contrairement au programme, les joutes étaient loin d’être terminées. Le Roi décida donc de reporter la suite des joutes au lendemain matin et une fois sn annonce faite, quitta la tribune en passant entre les nuées d’hommes d’arme aux couleurs de l’Ouest comme si c’était normal qu’il y ait autour de lui plus de rouge et or que de blanc. Peu à peu, tous quittèrent le terrain qui ne verrait plus d’autres combats pour ce jour, il ne resta bientôt que le sable et les lices face à une tribune toute aussi déserte. Mais un œil avertis aurait put apercevoir les stigmates du tournoi dans les gerbes d’écume maculant le sable, dans les taches de sang qui demeurait à l’endroit où Ser Hugh était mort, dans les sillons creusés par le galop des destriers…

Le festin gargantuesque qui s’en suivit fut l’occasion pour tout ce beau monde de converser et pour les plus humbles de profiter de mets et de vins d’excellente qualité. Le doux fumet des aurochs rôtis, des potages, des salades, des escargots, des truites, des ris, des pigeons en croûte, des pommes à la cannelle et des gâteaux au citron avait de quoi mettre l’eau à la bouche même aux moins gourmands. Il fut aussi l’occasion pour le Roi et la Reine de se disputer concernant la mêlée et pour Eddard Stark de se rendre compte que les Lannister étaient vraiment trop nombreux autour du Roi pour que ça soit rassurant. Les gens dansaient sur les bords de la Nera dans la douce chaleur de cette soirée d’été, la musique adoucissant les mœurs dans un calme relatif aidé par les plaisanteries de Lunarion et les jongleries de torches enflammées.


Tutututuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut

Le lendemain, de nouveau, la tribune et le terrain se remplit peu à peu dès l’aube pour les quarte de finales qui allaient voir se présenter sur la lice dans un premier temps Lord Yohn Royce vainqueur successivement de Patrek Mallister, Mandon Moore et Meryn Trant. Le Sire de Roche-Aux-Runes triompha sans grand mal de l’extravaguant Jalabhar Xho qui avait battu Arthur des Essaims, Addam Marpheux et Hobber Redwyne. Le tirage au sort avait été plus que clément avec celui qui, avec ces fils déjà éliminés avait bravé l'interdiction de quitter le Val édictée par lady Lysa Arryn. Ce fut ensuite au tour de  Barristan Selmy et de Jaime Lannister de jouter, mais le Lord Commandant de la Garde Royale était très fatigué par l’interminable joute de la veille contre Loras Tyrell et son homologue au Lion eut tôt fait de le mettre à terre. Le Hardi fut donc éliminé après avoir vaincu Robin Wyl, Boros Blount et le Chevalier aux Roses, mais les affrontements du jumeaux de la Reine n’avaient pas été moins éreintants pour autant contre Andar Royce, Bryce Caron et Lyle Crakehall. Gerris Boisleau eut encore assez d’énergie pour battre Gregor Clegane au grand soulagement de ceux qui estimaient avoir vu assez d’effusion de sang comme ça pour un simple tournoi. Le premier avait défait Lewys Piper, Thoros de Myr et Harold Rethian et le second avait violemment frappé Damon Marpheux et Balon Swann et tué Hugh du Val.
La joute semblait vouloir s’éterniser encore une fois, mais au bout de quelques lances brisées, à la fois pour épargner des vies et du temps, Robert se leva et désigna le vainqueur. Evidemment la Montagne n’était pas du même avis et voulut en découdre avec le Chevalier Dornien, ignorant les ordres du Roi, mais son frère, qui était déjà en lice pour la joute suivante s’interposa. A force égale, la Montagne finit par quitter la lice dans le silence assourdissant et inquiet de la foule. L’épée lige du Prince Joffrey se remit en selle, mais il avait été légèrement blessé dans l’affrontement avec son frère et n’eut pas tous ses moyens pour vaincre Vasgard. Or il les lui aurait fallut pour battre le puissant Fer-Né. En effet ce dernier avait déjà anéanti Robar Royce, Béric Dondarrion et Garlan Rowan alors que Sandor avait eut jusqu’ici plus de chance en affrontant Danwell Frey, Patrek Mallister et Jory Cassel. Au bout de deux lances, il tomba lourdement sur le sable et incapable de se relever, fut emmené à l’infirmerie par six personnes, car il fallait au moins ça pour arriver à porter l’imposant Limier.

« Nous arrivons bientôt au dénouement de ce magnifique Tournoi donné pour célébrer l’arrivée et la nomination à Port Real de Lord Eddard Stark l’honorable nouvelle Main du Roi. »

Les applaudissements et les ovations retentirent, pas tant pour la Main de Roi que pour les combattants qui défilaient fièrement montés sur leurs destriers lustrés et recouverts de leurs caparaçons brodés aux armes de leur maison.

Tutututututuuuut

Le calme se fit, les jouteurs quittèrent la lice et le roi donna le signal de départ avant que l’orateur annonce d’une voix forte :

« Ser Jaime Lannister de la Garde Royale et Lord Yohn Royce de Roche-Aux-Runes ! »

Le Tournoi de la Main avait été, c'est le moins que l'on puisse dire, assez fort en surprise, et même le public ne pouvait s'y tromper. Les demi-finales commençaient et il ne restait plus qu'un seul favoris parmi les légendes que l'on avait servi au peuple de Port-Réal. Loras Tyrell avait été battu par le Hardi, lui-même défait par la suite. La Montagne dont tout le monde avait peur avait finit par être éliminé par un Dornien, et même son frère, le terrifiant Limier, avait finit par tomber, face à un Nordien tout aussi peu connu. Ne restait en lice que le Régicide, bien connu des habitants de Port-Réal.

Du fait de la réputation des Lannister dans la Capitale, et plus particulièrement de la réputation de Jaime, on n'entendait parmi les cris de la foule, que le nom de Yohn Royce, même si beaucoup ne savait même pas qui il était exactement. La foule explosa lorsque les deux lances frappèrent les boucliers au même instant ; il avait suffit d'une passe pour que les deux combattants se touchent mais de fait, ils étaient tous les deux à terre. Les deux chevaliers restèrent tous deux un moment au sol, sonnés bien évidemment, et cet instant résonna d'un silence complet, tout le monde attendant la suite. Lorsque les deux se redressèrent, les encouragements reprirent dans la foule.

Mais dans l'état où était les deux combattants, ils ne pouvaient pas faire durer le combat, ainsi le Régicide tenta une manœuvre risquée, qui pourrait lui coûter la victoire. Yohn Royce était suffisamment expérimenté pour le voir venir et réussit à esquiver, et contre-attaquer immédiatement. Heureusement pour Jaime Lannister, le coup d'épée qu'il porta verticalement ne toucha pas la tête mais au lieu de cela, il frappa violemment à l'épaule, faisant chuter le chevalier à l'armure dorée, tout en lui faisant lâcher son arme. Aussitôt, le vieil homme s'avança et posa son pied sur l'épée d'or pour l'empêcher de la prendre à nouveau.

- Lord Yohn Royce est vainqueur !

La foule explosa de nouveau. On se fichait pas mal de qui était exactement cet homme venu du Val, mais Port-Réal n'avait pas oublié le sac des Lannister, et en voir un mordre la poussière ne pouvait que les mettre en joie. Avec une telle ambiance, le crieur dû s'y reprendre à deux fois pour annoncer le combat suivant.

- Ser Gerris Boisleau et Vasgard, pour la maison Overton.

On se calma dans les tribunes. Si ces deux là n'étaient pas bien connus au début du tournoi, ils s'étaient vite trouvés des supporters. Et beaucoup attendait ce match avec impatience : il s'agissait tout de même d'un champion Nordien contre un champion Dornien. Les deux extrêmes de Westeros allait s'affronter. On venait de déterminer que l'Est l'emportait sur l'Ouest, tout le monde était curieux de voir le match entre le Nord et le Sud.