Tout a commencé un matin d'hiver, alors que mon père rentrait au port après une expédition des plus dangereuses en mer. Il remit pied sur terre quand un messager l'accosta immédiatement, le prévenant que sa femme était tout juste en train de mettre au monde leur enfant. Sans plus attendre, il se précipita à l'intérieur du palais pour enfin découvrir le visage de sa nouvelle progéniture, sang de son sang. Apparemment, Lord Balon fut assez déçu de découvrir que j'étais une fille, mais malgré qu'il fit tout pour le cacher, ma mère put tout de même distinguer une lueur de satisfaction dans ses yeux (simplement le fait d'avoir un nouvel enfant pour assurer la continuité de sa lignée devait lui faire un effet bœuf !). Mes parents choisirent de me nommer « Asha », un prénom qui rimait à la fois avec « gloire » et « force », le symbole premier de la maison Greyjoy. Alors que je n'avais que quelques heures, je fus emmenée, selon la tradition à laquelle ma famille tenait, sur les bords de la rive Est de l'île de Pyk. Là bas, un prêtre du dieu noyé m'attendait sur la berge. Il me prit des bras de ma mère, et procéda à un rituel étrange qui fut de me tremper le front dans l'eau, puis de m'immerger totalement pendant quelques instants dans la mer. Toute petite que j'étais, je ne comprenais pas cette façon de faire les choses, mais elle semblait néanmoins assez importante pour que tous les témoins de la scène s'émerveillent comme-ci il venait de se passer quelque chose de tout simplement extraordinaire. Je fus ensuite rendue à ma mère, et téta son sein pendant quelques années comme tout enfant normal devrait s'y prêter.

Aux yeux de mes parents, je grandissais à vue d'oeil. Très rapidement après ma prise de conscience du monde qui m'entourait, je savais déjà marcher, mais également prononcer quelques mots (étrangement, le premier mot que je prononça ne fut pas maman, mais « papa », car ma mère me parlait tellement souvent de mon père que cette appellation devenait dans ma tête une obsession). J'adulais, j'adorais et j'admirais ma mère (autant que j'aurais pu le faire pour le Dieu Noyé !), elle était réellement mon modèle en toutes circonstances et je ne manquais pas de l'imiter à chaque fois que j'en avais l'occasion. Malgré son statut de femme noble de maison suzeraine, elle se montrait très protectrice et très proche de ses enfants (de moi en particulier, étant donné mon jeune âge !). J'avais deux frères, à cette époque.. si j'avais bien compris, le premier nom que j'avais écouté à l'aide de mes petites oreilles d'enfant innocente était Rodrik. Ce jeune homme était mon frère aîné, et tout ce que je savais, c'est que ce n'était pas la personne la plus fréquentable au monde. Je le voyais lorsqu'il me regardait, une lueur de colère brillait dans ses yeux sombres. Je suis sûre que si il l'avait pu, il m'aurait étranglée sur place. Puis.. il y avait aussi une chose que je ne comprenais pas... c'était le fait qu'il passe son temps à boire un liquide qui le rendait fou et violent. Dans ces moments-là, je voyais ma mère souffrir. Elle s'efforçait de me mettre à l'abri, car même si Rodrik était encore bien jeune, elle affirmait qu'il pouvait être dangereux. Mon second frère se prénommait Maron, et je dois dire qu'il était tout aussi détestable que Rodrik. Quant à lui, son arme favorite était le mensonge, et sa cruauté n'avait d'égal que son orgueil. Derrière mon aspect de petite fille, je n'osais faire quoique ce soit lorsqu'il traitait ma mère salement, mais si il n'était pas mort aujourd'hui, je sais que je n'aurais pas hésité un instant à le tuer. Je ne sais quel parasite ces deux-là avaient dans la cervelle, mais il devait être bien dangereux et douloureux pour qu'ils se comportent ainsi.

Pendant que je parle de mes frères, je n'oublie certainement pas celui qui est certainement le plus important et avec lequel j'ai eu le plus d'affinité. Il s'agit de Théon, mon frère cadet, qui a vu le jour alors que je n'avais moi-même que trois ans et demi. Au début, nous n'étions pas réellement proches lui et moi, et malgré nos disputes incessantes, nous tenons aujourd'hui beaucoup l'un à l'autre et malgré ce que les gens puissent dire, il sera toujours mon petit frère. Notre séparation m'a fait beaucoup de mal, je ne sais pas si c'est la même chose pour lui, mais de mon côté, j'ai l'impression de ressentir comme un vide inconsidéré en moi. Certes, il était parfois stupide, arrogant, inconscient et détestable mais... c'est tout simplement Théon.

Bref... Les années passèrent et j'appris à m'habituer à cette vie que je devais mener en compagnie d'un ivrogne, d'un menteur et d'un pleurnichard (oui oui, Theon l'était ! Mais chut, c'est un secret !). Heureusement qu'il y avait ma mère, car elle était toujours là pour moi, quoiqu'il arrive, quoique je fasse comme erreur, elle savait toujours me conseiller de la meilleure manière qui soit. Mon père quant à lui... à vrai dire je ne le voyais pas beaucoup... Il partait souvent en escale ou avait des affaires de la plus haute importance à régler (comme il disait !). Ceci lui faisait un bon prétexte pour s'isoler et éviter de se soucier de sa femme et de ses enfants. Ma mère disait que malgré l'ignorance qu'il nous portait et son manque considérable de présence paternel, l'amour qu'il avait pour sa famille était bel et bien vivace. J'avais un peu de mal à le croire... certes, mais je dus tout de même m'y résoudre, histoire d'éviter de penser du mal de mon père, qui est en réalité un grand homme. Une autre personne dont j'ai envie de vous parlez est bien évidemment mon oncle... Lord Rodrik Harloi. Bien que ce dernier porte le même nom que mon frère aîné, il est tout l'opposé de ce dernier. Aimant, loyal et courageux, il était, en plus de ma mère, mon modèle masculin, et peut-être devrais-je dire un second père pour moi (ça paraît excessif je sais mais je l'appréciais vraiment beaucoup !). Lorsque j'étais âgée d'environ une dizaine d'années, je me faisais un plaisir de me rendre en compagnie de ma mère dans la demeure de mon oncle, le magnifique édifice des Dix-Tours. Je peux d'ailleurs dire que c'est de ce lieu que je tiens toutes les connaissances que j'ai acquise. Les livres sur les navires, la culture de notre peuple et le culte du Dieu Noyé que possédait la bibliothèque de mon oncle étaient si intéressants que je pouvais passer toute une journée le nez plongé dedans. Je ne manquais pas non plus de jouer « au petit homme », comme je le disais, en me livrant à des courses effrénées à l'intérieur des couloirs du château (Ces dernières qui me coutèrent d'ailleurs une belle cicatrice dans le cou ! C'était vraiment très champion de m'étaler sur la poignée d'une fenêtre !). Je m'attelais également à l'art de la pêche, bien souvent en compagnie de mon oncle, de ma mère et de mes deux cousins. Bien que je n'éprouvais pas une affection particulière pour ces deux-là, nous ne détestions pas. Le problème était juste le fait que nous n'ayons pas prit le temps de nous connaître assez. La pêche était l'une de mes activités préférées car je trouvais cela particulièrement facile. Je m'en mordais les doigts et bien souvent, c'était moi qui récoltait mon repas du soir dans la mer. Je ne compte même plus le nombre de poissons que j'ai pêché... et quand je me souviens de ce bon vieux temps, cela me fait chaud au cœur.

Assez parlé de mon oncle, il faut maintenant que je vous raconte ma première virée en mer. Elle se fit lorsque j'étais environ âgée d'une douzaine d'années, en compagnie de mon père (pour une fois qu'il prenait un peu de temps à passer avec moi !). Évidemment, ma mère trouva tout de suite que ce n'était pas une bonne idée.. que j'étais bien trop jeune et toutes ces choses là... Contre cette idée de surprotection de sa part, mon père décida de la remettre à sa place et de m'y emmener quand même. J'étais heureuse, mais en même temps légèrement triste que pour ma mère. Je la rassura, lui disant que tout allait bien se passer, que je lui promettais de lui revenir entière. Et ce fut vrai.. à un détail près ; le fait que je manqua de me noyer. Effectivement, en petite fille trop curieuse que j'étais, je m'approcha trop près du devant du bateau, grimpa sur la palissade et me pencha vers l'avant. En quelques secondes je basculais la tête la première et me voilà plongée malgré moi dans l'eau... et pour couronner le tout, je ne savais nullement nager. J'appelais à l'aide, un signe de faiblesse considérable je le sais mais.. j'étais troop jeune pour mourir ! En quelques instants, mon père sonna l'alarme à bord et par chance, des membres l'équipage sautèrent immédiatement à l'eau pour venir me repêcher. J'avais bu une bonne tasse et je savais déjà que je me souviendrais de cet instant toute ma vie, mais cette première virée en mer m'avait énormément plu et laisser un souvenir inoubliable dans le bon sens. A notre retour, ma mère n'eut jamais les échos de ce qui s'était passé, c'était un ordre de papa, personne ne devait en parler ou il se retrouverait châtier sur le champ, qui qu'il soit.


Évidemment, ma vie ne put pas rester si tranquille une année de plus... Il fallait qu'une folie de mon paternel vienne tout bouleverser. En réalité, je ne compris pas très bien ce qu'il faisait réellement. D'après ma mère, il s'auto-proclamait roi des Îles de Fer, un couronnement en sa gloire avait même eu lieu, auquel avaient assistés toutes les maisons résidant aux Îles de Fer. Derrière mes yeux encore bien innocents d'enfant d'environ treize ans, j'étais fière et heureuse pour mon père, mais ce que je n'avais pas encore compris, c'était que toutes ses manigances créeraient un bouleversement considérable dans ma vie. Effectivement, il ne se contenta pas simplement d'avoir une couronne sur la tête. Il voulait être un vrai roi, comme il le disait si bien. C'est ici que les conflits et les guerres commencèrent. Il mena un premier assaut vers la forteresse de Salvemer. C'était mon frère aîné, Rodrik, qui dirigeait les navires. Pour dire vrai, je n'étais pas spécialement attachée à lui, étant donné que les seuls fois où j'avais pu le côtoyer il avait bu et était violent. Troupes trop peu nombreuses et pour couronner le tout stratégie non correctement mise au point, mon père fut évidemment très rapidement mis à l'échec, et mon frère Rodrik décéda pendant l'assaut, tué par lord Jason Mallister. Pendant que la guerre sévissait à l'extérieur, ma mère et moi restions autant à l'abri que nous le pouvions à l'intérieur de notre forteresse. Elle ne savait quelle folie avait prit mon père... elle ne cessait de répéter constamment qu'il courait à sa perte, et elle n'avait pas tout à fait tord. La mort de mon frère aîné l'attrista très profondément, si bien qu'elle passait le plus clair de son temps à pleurer. Je tentais malgré moi de la consoler, bien que les câlins et les caresses affectueuses que je lui prodiguais ne soient pas d'une grande utilité dans une telle situation. De plus, un autre événement inattendu se produit ; un matin, alors que j'allais faire mes besoins (Oui ! Je suis bel et bien une humaine comme les autres !), je remarqua qu'étrangement mon entrejambe était en train de saigner. Un peu paniquée par cette situation inhabituelle et plutôt terrifiante quand on l'observe bien, je m'en alla prévenir ma mère sur le champ, qui m'expliqua que l'arrivée du sang était normal à mon âge et qu'il signifiait seulement le fait que je sois passée de l'adolescence à l'âge adulte. Cela me rassura considérablement... La guerre faisait déjà assez de morts pour qu'en plus une enfant restée en paix dans chez elle ne doive être résolue à décéder.
Furieux par la défaite qu'il venait d'apprendre et la mort de son fils, mon père lança un second assaut, cette fois-ci à Port-Lannis. Ces deux frères Euron et Victarion le menaient, et par chance pour nous, ce dernier fut un succès. Ils parvinrent à incendier la flotte des Lannister et à faire escale à Port-Lannis pour quelques jours. Malheureusement, le Trône de Fer ne resta pas complètement passif à ce débordement, très vite, les Îles de Fer furent prises d'assaut par des armées venant des Terres de la Couronne et du Nord. Ma mère et moi dûmes nous enfermez dans les pièces les plus hautes de notre forteresse pour être à l’abri des armées du Roi Robert qui la prenaient d'assaut. Nous ne pouvions gagner cette bataille... mon père le savait très bien, et malgré ses nombreuses tentatives pour repousser nos assaillants, il ne put rien faire contre les projectiles envoyés par les catapultes du Roi et de Stark. Ces derniers touchèrent de plein fouet la tour Sud de notre forteresse qui s'écroula en milles petits morceaux, créant une brèche et rendant la place vulnérable. Cet incident coûta de nombreuses vies, notamment celle de mon frères Maron, dont on retrouva le cadavre dans les décombres quelques jours plus tard. Voulant cesser ce carnage, mon père capitula auprès du Roi Robert, acceptant d'abandonner son titre de Roi de Roc et de Sel contre une promesse de paix. Les assauts se calmèrent mais l'obstination du Roi ne s'arrêtait pas là. En échange de quitter la place forte, Robert Baratheon réclamait des otages. Mais qui ? Il ne prit pas longtemps à réfléchir.. son idée se tourna tout de suite sur les enfants des maisons nobles des Îles de Fer. Nous étions si nombreux, il avait de quoi "se mettre sous la dent". C'est à partir de ce moment que je commença à réaliser l'ampleur des choses... J'avais peur... peur d'être enlevée à tous ceux que j'aimais. Le recrutement commença.. de jour en jour, de plus en plus d'enfants quittaient le pays, jusqu'au moment où des soldats se présentèrent au château pour venir chercher mon frère Théon. Sous les yeux horrifiés de ma mère, ils l'arrachèrent à tout ce qu'il connaissait et aux gens qu'il aimait. Je me souviens encore de ses yeux qui me fixaient alors qu'il grimpait au bord d'un navire pour ne plus jamais revenir... Cette expérience fut réellement traumatisante et malgré mon âge désormais plus avancé, je m'en souviens encore comme ci c'était hier.

A la fin de cette rébellion, le comportement de mes parents avait littéralement changé. La mort de leurs deux premiers fils et l’exil du dernier les avaient rendus très aigris. Ma mère ne me portait plus autant d'attention qu'autrefois, et mon père, n'en parlons même pas... Bien que cela était difficile tous les jours, j'essaie de faire de mon mieux pour leur remontrer on ne soit peu le moral. Ma mère ne se remettait pas du départ de son « bébé » Théon, comme elle l'appelait. Quant à moi, j'avais également une douleur au fond de moi-même, mais malgré cela, j'étais persuadé qu'il serait bien traité, enfin du moins je l'espérais. A mon grand étonnement, ma mère eut dans l'idée de faire "remplacer" ses fils. Elle fit donc venir à Pyk cinq garçons, à demi-adoptifs. De mon côté, je trouvais ça assez étrange d'agir de la sorte, mais si cela pouvait l'aider à se réconforter, ça ne me dérangeait pas. Parmi eux, il y en avait un en particulier qui semblait avoir le « béguin » pour moi. Il s'appelait Tristifer Botley, et je me rappelle très bien de sa tignasse blonde ébouriffée et de ses grands yeux naïfs. Tout cela commença par des regards, puis il commença à me suivre, à m'intercepter dans les couloirs du château, puis pour finir, à me parler. Nos conversations duraient longtemps, et bien qu'elles m'ennuyaient considérablement, je m'efforçais à cet âge-là d'être un minimum polie avec mon interlocuteur. Puis, il commença à m'embrasser. Nos jeux prenaient une autre tournure. Nous ne jouâmes plus à « cache-cache » dans le donjon ni à se battre avec des épées en bois, mais plutôt à explorer notre corps et tester tous les endroits où nos mains pouvaient se poser. Je ne l'aimais pas, certes, mais j'appris à apprécier ses attouchements qui ma foi n'étaient pas si désagréables. Malheureusement pour moi qui prenait beaucoup de plaisir à ce jeu, cela ne put durer longtemps car très vite le mestre Qalen, chargé de notre éducation, découvrit la supercherie. Sans plus attendre, il s'empressa de prévenir mon père qui chassa radicalement Tristifer de chez nous. Il l'envoya comme pupille auprès de lord Baelor Noirmarées, pensant rompre tout lien entre lui et moi. Malheureusement, ce ne fut pas le cas car Tristifer s'employa quand même à continuer de m'envoyer des lettres, auxquelles je ne répondis d'ailleurs jamais, car j'avais désormais d'autres préoccupations dans ma vie qu'un amour de jeunesse. Plongé dans l'éternelle rancœur de la perte de ses fils et de la grande défaite lors de sa rébellion, mon père avait besoin de soutien. De jour en jour, les paroles que ma mère avaient prononcé sur le fait qu'il m'aimait, lorsque je n'étais encore qu'une enfant commençaient à prendre du sens. Il semblait compter sur moi plus que sur tout autre personne. C'est ici que je me souvins de l'aventure en mer que j'avais eu avec lui alors que je n'avais encore qu'une dizaine d'années.. et c'est à ce moment-là que je sus quelle sorte de vie je voulais mener ; une vie d'aventure. Les propositions que m'avait faîtes Tristifer sur le fait d'avoir une douzaine d'enfants m'indifféraient complètement, je ne voulais pas d'une vie de femme au foyer, mais bel et bien d'une vie où je pourrais faire ce que je voudrais, où je voudrais et quand je voudrais. Lors de mes jeunes années (et plus particulièrement en compagnie de Tristifer qui n'était pas si mauvais en la matière) j'avais appris le maniement des armes. Plus les mois passaient et plus je me disais qu'il serait temps de m'y remettre un peu. Je recommença donc l'entrainement, parfois victime de moqueries de la part de mes coéquipiers les premiers temps, en raison de cette habilité que j'avais perdu (mais surtout le fait que je sois une femme !). Mais je me remis très vite à la question et un moment arriva où je terrassais tous les adversaires qui se présentaient à moi. L'épée était devenue ma spécialité, tandis que la hache était ma seconde arme que je n'utilisais qu'en cas de besoin extrême. Dans cette partie de ma vie, je révélais un caractère coriace et autoritaire qui plaisait considérablement à mon père. Il ne cessait de me faire part de ses compliments, et cela me touchait beaucoup. On aurait dit qu'il rattrapait le temps qu'il avait perdu avec moi lorsque je n'étais encore qu'une enfant.

Voyant ma loyauté envers lui infaillible, mon père commença à me confier de nombreuses tâches. Il me donna même la direction d'un navire du nom du « Vent Noir ». A première vue, l'équipage sembla m'obéir parce qu'ils y étaient obligés, et parce-que j'étais la fille de leur seigneur. Beaucoup doutaient de mes compétences... Je le voyais dans leurs yeux, la manière critique avec laquelle ils me scrutaient. Mais au bout d'un moment, cette drôle d'impression commençait à s'estomper. On aurait dit que malgré tout (et surtout le fait qu'ils soient obligés d'obéir à une femme ! Ça touche leur virilité vous savez !), ils commençaient à s'habituer à moi. Petit à petit, je sentais un rapprochement non négligeable entre tous les membres de l'équipage et moi. Nous commencions même à avoir des discussions pour la plupart intéressantes ensemble (sur la guerre, ou même sur les navires !). J'avais à cette époque environ dix-sept ans, et ce fut une grande étape dans ma vie. Je commençais à me rendre compte qu'être une femme présentait pas mal d'avantages, dont celui de pouvoir manipuler des hommes à ma guise. Je fus dépucelée par un marin lysien qui ma foi était plutôt beau gosse (loin de moi l'idée de coucher avec des hommes répugnants) ! Je ne le revis jamais mais cela me permit au moins de m'offrir quelques instants de détente privilégiés (même si je l'avoue, l'endroit où nous l'avons fait n'était pas tellement confortable ! Bref je n'en dis pas plus, vous en savez déjà beaucoup trop !). Au cours de cette même expédition, j'en ai également profité pour apprendre la confection du thé de lune en compagnie d'une sorcière des bois. Ce breuvage est très réputé aux Îles de Fer et même dans tout Westeros pour ses propriétés abortives. Cette apprentissage ne fut pas si simple, car les dosages sont très importants et une mauvaise composition peut engager des effets secondaires catastrophiques (enfin, d'après ce que disait la sorcière !).

Quelques mois plus tard, mon père me donna pour mission de partir en expédition commerciale pour le Sud. Durant ce périple (qui fut tout de même assez difficile en raison des conditions météorologiques qui n'étaient pas vraiment à notre avantage !), je fis la connaissance d'un matelot de mon équipage nommé Qarl Pucelle. Nous commençâmes à sympathiser et durant notre escale à Port-Lannis et à Belle-Île, nous ne manquâmes pas de prendre du plaisir ensembles. Il était réellement très doué, encore plus doué que les hommes que j'avais pu connaître précédemment. En sa compagnie, je découvrais des nouvelles façons de faire l'amour, toutes aussi agréables les unes que les autres. Malgré le fait que je ne veuille pas le prendre pour époux ou quoi que ce soit de ce genre, il restera certainement toujours mon amant préféré parmi tous ceux que je puisse avoir.
La vie s'écoulait tranquillement durant plusieurs années... entre quelques escales en mer et la vie de noble au château, je n'avais pas à me plaindre. Malgré cela, ma mère restait enfouie dans le passé qui l'avait littéralement emportée. Elle avait perdu le sommeil, et parfois, je la voyais errer dans les couloirs la nuit, certainement à la recherche de ses enfants perdus. Cela me faisait beaucoup souffrir, et de plus, elle semblait littéralement indifférente au fait que sa fille soit en train de réussir sa vie convenablement.

Trois ans plus tard, mon père me confia une nouvelle mission, celle de piller les pirates qui sévissaient à La Treille et aux Degrés de Pierre. Cette mission fut un succès, malgré qu'elle fut une fois de plus un poil difficile étant donné que ces derniers étaient très nombreux. C'est ici que je pus évaluer le degré de compétence de mes hommes et m’apercevoir que j'avais en réalité réellement de chance d'avoir un équipage aussi bon en matière de combat. Mes félicitations continuelles semblaient toucher la plupart des hommes qui désormais, en plus d'être sous mes ordres, étaient réellement devenus de vrais amis pour moi et des personnes auxquelles je tenais réellement. Si l'occasion se présentait, je peux vous dire que je n'hésiterais pas à donner ma vie pour eux. Il en va de même pour ma mère, et tous mes proches...
Mon frère Théon me manque.. et malgré le fait que je n'en parle jamais, j'ai bon espoir de pouvoir le revoir un jour, en espérant qu'il ne soit pas devenu trop faible après un séjour prolongé et forcé chez les « Loups du Nord ».