D'honneur et de serments (Pv: Jon Snow)

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12 Aerionyr 299
299 - Lune 7- Semaine 2 - Jour 5
Peu après la fin des négociations entre la garde de nuit et le peuple libre

La neige tombait drue sur le sol terreux formant une fine couche d'un blanc immaculée. Autour d'un feu de fortune fait pour l'occasion avec quelques bout de bois sec qu'ils avaient réussi à trouver, quelques gardes s'étaient réunis. D'autres se réchauffaient en se tenant près de la forge tout en discutant des récents événements. Autre solution pour les plus téméraires étaient de se rendre à pieds à la Mole dans le froid pour y trouver une autre sorte de chaleur. Cela faisait depuis un certains temps déjà que le soleil avait décliné. Jaime était assis sur le sol, adossé à un pilier fondateurs d'une masure depuis longtemps effronté. A cette distance, il pouvait sentir la chaleur du feu de camp, venir lui caresser les joues. Une chaleur douce, rassurante, confortable, bien plus agréable que ce qu'il avait du supporter depuis son séjour. Il leva les yeux vers le ciel. Et constata qu'aucun nuage ne se profilait à l'horizon. Lui laissant un libre champ pour admirer ces étoiles réunis en constellation. Il resta ainsi plusieurs minutes avant de détourner son regard vers un tout autre décor.

Le Mur. Haut et fier, infranchissable. Dernier rempart entre le monde des hommes et l'obscurité. Tenu par les corbeaux, perché en haut de leur nid pour mieux pouvoir le défendre. Ces nobles hommes venaient de tout horizon, de toutes classes ; nobles comme roturiers, patriotes comme étrangers, hommes de lettres comme grenouilles de bénitiers. Tout du moins ce le fut jadis. Le Régicide ne pouvait que constater avec un certain dédain à quel point la réalité dépassait la légende par sa misère, son incompétence flagrante et sa déchéance. Et c'est cette loque qui était censé protéger les Sept couronnes ? Pitoyable. Sur tous les gardes de nuit présents, combien savait manier l'épée ? Et parmi ce petit groupe combien comptait s'en servir ? Jaime en était une preuve flagrante, chevalier adoubé par l’étoile du Matin, garde royale, régicide, un des plus grands épéistes du royaume, probablement le meilleur de Chateaunoir et pourtant en tant que frères jurés il était aussi utile qu'un serment de chasteté pour un garde. Pas que le froid glacial du nord qui le tiraillait depuis son arrivée l'avait ramolli, mais combattre pour une cause est une chose, croire en cette chose en est une autre.

Néanmoins, il n'avait pas encore prononcé ses vœux, ce qui au vu des événements récents allait probablement être encore plus d'actualité. Il n'était donc pas un patrouilleur, pas encore tout du moins, juste une recrue. « Recrue ». Quel titre des plus humiliant. Si il était amené à se présenter, cela ferait assurément tache à son image, déjà bien entaché. Un de plus ou un de moins, cela importait peu. Jaime Lannister. Régicide. Le premier garde à avoir chevauché sa reine. Recrue de la garde de nuit. Tout compte fait, ce dernier n'était pas celui qui le couvrait le plus d'opprobre. Les réflexions passaient sur lui comme des sauvageons sur le Mur. On pense pouvoir l'atteindre alors qu'en réalité, on est bien loin d'en avoir fini.

Cela faisait un temps déjà que la première vague des gardes, dont il faisait parti et ayant participé aux négociations avec ces sauvages crasseux qui se faisait appeler « La meute », était rentré à Chateaunoir. En y repensant, ce nom qu'avait choisi ces habitants du nord du Mur était plus bien choisi. Des chiens. Voilà ce qu'ils étaient. Pas étonnant que ces pseudos négociations aient mal tourné. Le régicide n'avait fait qu'énoncer des évidences trop dures à entendre. A quoi bon s'allier à une trentaine de sauvageons et prendre le risque de compromettre des milliers d'années de serments alors que le nombre de forts encore en activité se comptaient sur le doigt d'une main et les hommes compétents étant aussi présents que d'hommes honnêtes à la capitale. Pourquoi ne pas plutôt régler les problèmes internes avant d'en ajouter de nouveau ? Après tout, il était encore nouveau ici, ça on lui avait bien rappelé. Mais cela ne le dispensait pas d'utiliser une seconde son cerveau. Si la véracité de ses dires ne pouvait être remis en cause, il en était tout autre de la façon dont il s'était exprimé. Et il le reconnaissait. Rire ainsi avait été trop grande provocation au vu de la situation et avait desservi sa cause tout comme celle des gardes. Si il n'était pas encore des leurs, et vendrait père et mère, ou tout du moins ce qu'il en restait, pour s'enfuir de cette prison à ciel ouvert, il n'était non plus insensible à leur combat et tenait à ce que sa jolie bouille blonde reste sur ses épaules encore un peu de temps. Son intervention mais surtout la réaction du camp adverse avait provoqué ce rapatriement des gardes qui n'étaient pas nécessaires au bon déroulement des négociations. Laissant le bâtard de Ned Stark, un bâtard d'un quelconque seigneur des Conflans, et un étranger mener les opérations. Et ensuite, on venait l'accuser de ne pas vouloir que cette entreprise réussisse. Ironie quand tu nous tiens.

Aussitôt étaient-ils arrivés à Chateaunoir que le Vieil Ours l'avait convoqué pour parler de la manière dont il avait agi. Si une alliance peut être mise en déroute par de simples mots alors pourquoi devrait-on croire en elle ? Une alliance aussi fragile, ébranlé par les dires d'une recrue ? Il y a pire que les gens qui se complaisent dans des mensonges utopiques. Il y a ceux qui y restent après que l'on leur ait exposé tous les défauts et l'absurdité. Une remise en ordre, un avertissement, voilà quel avait été la conclusion de cette discussion. La prochaine fois que le Régicide se mettrait en travers des directives de la garde serait la dernière.

De l'agitation se fit entendre. La délégation des gardes ayant participé à la fin des négociations étaient revenus. Jaime entendit le bruit de l'acier des chaines de métal sur la glace lorsque la porte se souleva, laissant passer quatre gardes sur leur destriers. Ils étaient en vie, et à vue d’œil ne semblaient souffrir d'aucune blessure tandis que leurs vêtements ne comportaient pas de traces de combats. Il gagea que la discussion s'était bien déroulé et que les deux parties avaient finis par trouver un accord. Ne daignant pas se relever et s'en aller de l'endroit où il était, il continua de consacrer sa plus grande attention à l'observation du ciel d'un noir corbeau. La lune ne s'était qu'à demi dévoilée mais inondait la terre des hommes de ses rayons bleus nuits. Des secondes s'écoulèrent ainsi, se transformant en minute, avant que le régicide ne sentit peser sur lui un regard extérieur. Baissant la tête, il eut un léger rictus moqueur avant de détourner son attention sur le feu au loin.

-En quoi puis-je vous être utile, Lord Snow ?

L'intendant venait surement de faire part de l'issu des négociations au Vieil Ours. A présent, il venait régler ses comptes. Jaime n'avait rien à craindre. Il avait tué un roi. Si c'est la guerre que le bâtard de Ned Stark voulait, c'est la guerre qu'il aura.

Sujet: Re: D'honneur et de serments (Pv: Jon Snow) 20.10.15 19:31

Il était déjà fort tard quand les frères jurés avaient regagné Châteaunoir et à en juger par l’absence de lumière à la fenêtre des appartements du Lord Commandant, celui-ci devait déjà s’être retiré pour la nuit. Cela voulait dire que Jon disposerait jusqu’au lendemain matin pour se décider quant à la meilleure manière de l’approcher quant à l’invraisemblable requête qu’il avait à lui faire.

Le Bâtard de Winterfell ignorait comment le Vieil Ours réagirait à sa requête. Ce dernier avait certes eu l’esprit assez ouvert pour accepter la possibilité d’une alliance avec le peuple libre, ce qui était déjà beaucoup plus que ce qu’auraient consenti des individus plus hargneux comme Ser Aliser Thorne. Cependant, il y avait un gouffre sans fond entre songer à pactiser avec les sauvageons et revenir sur l’un des serments les plus anciens et les plus sacrés de la Garde de Nuit.

Il espérait avoir pris la bonne décision en s’engageant comme il l’avait fait. Peut-être y avait-il un certain manque d’impartialité dans son raisonnement, après tout il ne pouvait pas nier qu’il désirait vivre son amour avec Luna au grand jour, mais s’il devait être honnête avec lui-même, il n’avait pas vu d’autre solution. La cheffe de la Meute avait raison quand elle lui avait fait comprendre qu’aucune confiance, et par extension aucune alliance tangible, ne pourrait voir le jour entre son peuple et la Garde s’ils ne se trouvaient pas sur un pied d’égalité. Or, Snow avait tout autant conscience qu’elle que le peuple libre refuserait les chaînes d’un célibat éternel… si bien que la seule solution envisageable revenait à briser celles des « corbeaux ».

Jon s’était rapproché du feu pour se réchauffer mais en se tenant quand même à une certaine distance du groupe assemblé près du feu de camp pour pouvoir réfléchir. C’est presque par hasard qu’il remarqua la présence de Jaime Lannister, assis sur le sol, dos à un pilier. Une bouffée d’irritation le prit à la gorge en repensant à la façon dont l’ancien garde royal avait failli faire échouer les négociations en fanfaronnant au sujet de choses qu’il ne maîtrisait clairement pas.

L’intendant avait du mal à croire qu’il s’agissait du frère de Tyrion. Là où le Lutin, pourtant réputé comme une créature de luxure et de chaos, l’avait conseillé avec une sagesse qui l’avait laissé pantois et admiratif, son aîné semblait parler avant de réfléchir. D’un autre côté, Tyrion lui avait confié que les armes de prédilection des deux frères différaient autant que leurs apparences.

Par égard pour le cadet des deux Lannister, Jon se retint de laisser éclater sa colère et adopta une expression d’impassibilité avant de lui répondre sur un ton égal.

- En rien, je le crains, Ser Jaime. Je me faisais simplement la réflexion que j’aurais préféré la présence de votre frère. Ses conseils m’auraient été bien utiles.

Il avait décidé de rester aussi cordial que possible avec le garde royal déchu mais il n’allait certainement pas cacher son opinion en la matière. Ce n’était pas d’une tête brûlée dont ils auraient eu besoin mais d’un négociateur capable d’associer une pensée pertinente à une langue acérée.

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Son frère...Cela devait bien être la première fois qu'un homme eut préféré la compagnie de son frère à la sienne. Le "Lutin" comme tous ces paysans et nobles de peu de foi, embourbés dans leur crasse jusqu'aux os pour les un et frigide jusqu'à la moelle dans leur château de marbre pour les autres, se plaisaient à l’appeler. Lui était l'esprit, Jaime la lame. La plume plus forte que l'épée ? Pourquoi ne pas user des deux ? Peu importe qui domine l'autre dans ce cas. Néanmoins, la simple mention de Tyrion emplit l'ancien garde royal d'un sentiment étrange. Tristesse ? Non, la tristesse l'avait quittée pour rejoindre de plus verte contrées, alors qu'il faisait ses au-revoir à son cher petit frère aux Eyriès. Ce jour là, l'un perdit sa renommée tandis que l'autre était amené à régner. Mélancolie ? Plus probable. Le Régicide aurait donné tout ce qu'il possédait, fait tout ce qui était en son pouvoir pour ne retrouver qu'une once de ce qui fut jadis un temps de prospérité et de paix, de normalité au sein de la fratrie. Son frère lui manquait. Indéniablement. Et il supposait qu'il devait en être de même pour le jeune bâtard.

A ceci près que son frère à lui, aurait eu une certaine utilité dans cette situation. Tandis que les rejetons Stark, mis à part se plaindre et gémir n'aurait servi qu'à peu de chose. Le talent d'escalade du jeune Bran aurait, effectivement, pu être utile, mais le "coup de main" du Régicide le lui avait ôté. Rickon quant à lui. Que dire d'un marmot tout juste enlevé du mamelon maternel. D'après ce qu'il avait pu voir, Robb semblait être le plus prometteur. Bon vivant, juste, droit, fougueux. Néanmoins la justice et la fougue pour un jeune homme dans ce monde n'amène qu'à deux grandes possibilités. Gloire ou trépas. Victoire ou opprobre.

Pour une fois le lion d'or, même si il n'oserait l'avouer de sa haute et si harmonieuse voix aux airs d'occident, rejoignait le loup blanc. Tyrion aurait été utile. Tyrion aurait eu les mots. La pensée. L'idée juste pour résoudre les maux qui accablaient le Mur. Il avait toujours eu une solution à tout. Une réponse à tout. Rusé et savant comme il était, il ferait un souverain hors pairs. Sûrement l'un des plus grand que cette terre ait jamais foulé. Érudit, stratège, impavide, le sang bleu. Seul lui manquait la taille. Ils auraient du régner ensemble. Ils auraient du. Mais peut être Tyrion n'était-il pas arrivé au bon moment. Tous les souverains ne conviennent pas à toutes les époques, toutes les situations. Et si Tyrion serait un excellent dirigeant, peut être ne l'était-il pas assez pour diriger l'ouest en ces temps de troubles. Jaime avait tenté d'en apprendre plus, via le mestre de Castral Roc avec qui il avait conclu un accord à l'amiable. Donnant, donnant. Deux hommes inquiets pour leur frère. La situation lui avait paru plus clair. Ôté d'un voile qui lui obscurcissait la vue. Plus les informations arrivaient, plus l’inquiétude et un sentiment de plus en plus insistant d'impuissance emplissait le cœur de l'ancien garde royal. L'avenir de l'ouest tenait sur les frêles épaules de son nain de frère, et il ne pouvait rien y changer.

Seul bon point au tableau, l'épouse que son cher frère s'était dégotté devait attirer plus d'un regard à ce que l'on disait. La dame de belle-île. Héritière des Farman, famille ô combien liée pour le meilleur et pour le pire au Lannister à présent. Le blason de cette famille représentait trois navires si les souvenirs du Régicide étaient exacts. Amusant. A défaut de les sortir de la tempête elle saurait au moins comment s'occuper de son mât.

Relevant la tête, il fixa le jeune Snow. Le garde de nuit tentait tant bien que mal de conserver une expression neutre mais comme tout, quelques signes le trahissaient. Un mot de travers, et la jeune pucelle aux cheveux bouclés pourrait ne plus répondre de ses actes. Il reprit la parole, et esquissa un léger rictus moqueur.

-Malheureusement pour nous et pour ces braves, dit-il en désignant les gardes assis près du feu, mon cher frère est bien trop occupé à régler tous les damages que notre bon roi Robert et sa secrétaire qui vous tient lieu de père, ont causés.

Il reporta son regard vers le brasier incandescent, quelques secondes puis réenchaina.

-Comment se sont déroulés les négociations ?

Sujet Ô combien sensible, mais qu'il se devait d'aborder. Au moins par politesse, mais pour surtout pour un malin plaisir de voir l'étendue de ses dégâts.

Sujet: Re: D'honneur et de serments (Pv: Jon Snow) 01.11.15 15:46

En voyant le regard perçant de Ser Jaime fixé sur lui, Jon s’était attendu à ce que sa répartie soit beaucoup plus cinglante qu’elle ne fut quand il l’entendit parler de son père. Snow avait entendu autrement pire au sujet de Lord Stark de la bouche de Ser Alliser Thorne. A côté, les paroles du Régicide étaient presque sympathiques.

Sa question au sujet de la poursuite des négociations lui parut autrement plus difficile à digérer en sachant les conséquences de ce à quoi il s’était engagé au cours des pourparlers avec Luna et son clan. Ses sentiments de frustration et de colère s’amenuisèrent pour être remplacés par de l’appréhension et une certaine résignation.

Plongeant ses yeux gris dans le regard de son interlocuteur, il ne tarda pas à prendre la parole pour lui répondre. Il aurait pu nier ses arguments mais il n’avait pas à cœur de défendre une cause en laquelle il ne croyait pas.

- Je lui souhaite bien du courage. Je ne sais pas grand-chose du roi sinon ce que mon père m’en a raconté et cette vision ne correspondait pas vraiment à l’homme que j’ai vu à Winterfell. Vous avez été à ses côtés ces quinze dernières années, je vous estime donc mieux à même de connaître sa vraie nature.

Le Roi Robert ne l’avait certainement pas impressionné par la façon dont il s’était enivré en public plus que de raison et surtout par son comportement très indélicat vis-à-vis de sa femme. Tripoter des servantes, à portée de vue de sa propre épouse, ne correspondait pas à ce que Mestre Luwin avait enseigné à Jon sur le comportement des rois. Certes, il y avait eu des rois aux conduites inqualifiables, comme Aerys II Targaryen mais il aurait cru que le roi pour lequel son père s’était battu aurait été plus… chevaleresque.

Ce cheminement de pensée l’amena à parler de son père ensuite, qu’il admirait certes mais dont les failles ne lui étaient pas inconnues.

- Lord Stark n’est pas fait pour le jeu des trônes dont m’a parlé Tyrion. Au Nord, les seigneurs peuvent être brutaux et rusés mais ils suivent presque tous un certain code de conduite qui est profondément enraciné dans notre culture. Il m’a semblé que vous n’aviez pas les mêmes… règles plus au sud. Quand tout le monde triche, à quoi bon s’en tenir aux règles établies ?

Il y a encore un an, le Bâtard de Winterfell n’aurait jamais tenu un tel discours mais l’influence de Tyrion puis ses propres expériences lui avaient appris que l’honneur ne résolvait pas tous les problèmes… et ne permettait pas de résister à toutes les tentations. Aimer Luna allait contre ses vœux de frère juré et pourtant, il savait qu’il ne pourrait jamais regretter sincèrement d’avoir la sauvageonne dans sa vie. Elle lui donnait une raison d’aller de l’avant, une motivation de faire de son mieux et surtout, elle comblait le gouffre béant qui habitait son cœur et qui ne s’était trouvé qu’agrandi par sa séparation d’avec ses frères et sœurs.

Un léger sourire fleurit sur ses lèvres en repensant à l’humour du Lutin et à leur correspondance.

- Tyrion m’a parlé de vous dans ses lettres, vous savez. Il était déçu d’avoir manqué votre participation au tournoi de la Main et il m’a vanté votre courage lors de l’attaque du banquet royal. Je sais qu’il vous tient en grande estime et c’est pour ça que je m’efforce de ne pas baser mon opinion vous concernant simplement sur votre réputation ou sur votre comportement en ma présence.

Jon n’allait pas prétendre qu’il avait apprécié la façon dont le Régicide s’était comporté pendant les négociations, qu’il avait d’ailleurs failli faire échouer dans son ignorance et la hâte qu’il avait eue d’ouvrir la bouche sans avoir quelque chose de pertinent à dire. Pourtant, il n’allait pas non plus lui dire qu’il le haïssait. C’était le frère de Tyrion et l’une des seules personnes de sa famille à laquelle il tenait. Aux yeux de Jon, cela voulait dire qu’il devait y avoir quelque chose de bon quelque part chez l’ancien Garde Royal… même s’il ne l’avait pas vu jusqu’ici.

Il se décida ensuite à aborder le sujet autrement plus sensible des dites négociations d’un air plus réservé.

- Tout dépend du point de vue. Ils ont conservé les armes pour le moment. Ils sont ouverts à la perspective de l’alliance si j’arrive à obtenir ce que j’ai proposé… c’est-à-dire l’assouplissement des vœux de la Garde de Nuit, afin d’autoriser les frères jurés à avoir une famille et ainsi nous placer sur un pied d’égalité avec le peuple libre à ce sujet.

C’était une folie, il le réalisait encore maintenant mais c’était la seule possibilité qu’il voyait. Sans cette alliance, la Garde serait balayée, soit par les forces de Mance Rayder, soit par l’armée des morts qui ne manquerait pas d’assaillir le Mur tout au tard. Jon était prêt à accepter les moqueries, les réprimandes et les sanctions s’il pouvait donner ne serait-ce qu’une petite chance aux vivants. Si le Mur tombait, c’était le Nord qui serait le premier envahi. Il ne pouvait pas supporter l’idée d’un mort-vivant attaquant Bran et Rickon dans leurs lits ou d’une horde d’entre eux encerclant Robb et Mestre Luwin.

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Le bâtard de Ned Stark ne savait pas grand chose du roi. Le Régicide se demanda un instant si ce dernier plaisantait ou était sérieux. L'humour du nord étant si froid à tel point que beaucoup d'habitants des Sept Couronnes doutait de son existence. De la même manière qu'un septon qui ne fréquente pas les bordels ou un patrouilleur qui fait vœu de chasteté, beaucoup en parlent mais peu ont eu la chance d'en voir. Et les rares qui peuvent se targuer d'en faire partie appartiennent aux légendes les plus ancestrales que l'on raconte aux marmots pour qu'ils puissent s'endormir en se croyant dans un monde en paix et prospère. Il devait être sérieux. Assurément. Mais la raison du pourquoi de ce fait était des plus obscures. Le Régicide trouvait que plus il pensait et réfléchissait, plus ses tournures de phrases prenaient des allures étrangement burlesque. Le froid sans nul doute. Ned Stark et Robert Baratheon. Ces hommes, ces légendes, héros de la rébellion, et héraut de la prospérité et du renouveau selon quelques fol alcoolisés. Leur amitié était connu de tous depuis que le loup et le cerf avaient chantés ensemble sur les champs du Trident.

Se pourrait-il que le gouverneur du Nord soit un homme solitaire et avare en histoire ? Des histoires, ça, il en connait. Avait-il eu peur de raconter comment il ôta la vie à Ser Arthur Dayne ? Aux trois plus grands gardes royaux que cette terres ait jamais porté ? Comment par sa décision de se révolter il causa la mort de centaines de milliers de personnes ? Des dommages et ravages qu'ils ont causés ? De comment il avait traitreusement enfermés la reine et ses enfants, et l'avait envoyé, lui, la plus fine lame des Sept Couronnes au Mur en faisant un passage au Val, causant de ce fait la mort du suzerain de cette région ? Oh des histoire il en avait à raconter cet homme ; plus que beaucoup pourrait croire. La deuxième fois que le cerf et le loup chantèrent ensemble, un lion est tombé, rejoignant le dragon tombé auparavant. Qui sera le prochain ? La truite ? Le kraken ? La rose ? Tous tomberont sous leurs bois et leurs griffes. Tôt ou tard.

Notre est la terreur. Première règle du jeu des trônes. Lorsque l'on arrive au pouvoir, se débarrasser au plus vite de ceux qui vous ont aider à vous y installer. Le Régicide en était l'exemple vivant. Le fils de Ned Stark le fixa droit dans les yeux. Jaime ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire. La transformation qu'avait accompli le bâtard de Winterfell depuis leurs dernière rencontre était des plus surprenante. Il avait mûri, assurément. Probablement l'expérience de la mort, cela vous change un homme. L'amour aussi, ça il en savait des choses à ce sujet. Mais de qui ? Là était la question. Ser Goret ? Non, impossible. Frigide comme ils étaient dans le Nord, ils ne devaient surement pas savoir que cela était possible. Une sauvageonne alors ? Des rumeurs à ce propos il en avait entendu plusieurs mais avait préféré ne pas en tenir compte. Lord Stark n'aurait surement pas élevé un parjure. De plus, au vu de tous les pourritures et voleurs crasseux ayant passé plus de temps dans la souille et le stupre que dans la chaleur d'un foyer, si eux reclus de Westeros avaient tenu leurs serments, comment le fils de Ned Stark, neveu du premier patrouilleur, ayant surement touché autant de femmes dans sa vie qu'un sauvageon n'en avait épousé.

Jaime se releva sur ses deux jambes, puis épousseta quelque peu ses vêtements pour faire tomber les flocons de neige qui s'y étaient déposés.

-Nous sommes deux dans ce cas, lord Snow. Que vous a-t-il dit de lui ? Qu'il était un grand guerrier, fort comme un buffle, et aussi têtu qu'un sanglier blessé je suppose ? Cet homme la a existé. Mais il est mort au moment où son royal fessier toucha le froid acier du trône de fer réchauffé et libéré par l'aimable serviteur que je suis. Robert Baratheon n'était pas l'homme qu'il fallait. Grand conquérant, piètre dirigeant. Plus les années ont avancés, je l'ai vu dépérir jusqu'au point de non retour. Celui qu'il a atteint aujourd'hui. Un roi qui tue un grand suzerain en neutralisant son héritier, cela ne vous rappelle-t-il pas une autre histoire ?

Il regarda en arrière puis tomba légèrement pour s'adosser sur la poutre. Il continua d'écouter le bâtard, et ne put s'empêcher d'esquisser un très grand sourire à l’évocation de la manière de jouer des nobles du Sud. Il le laissa parler jusqu'au bout, pour ne plus l'interrompre. Une fois que ce dernier eut fini, il se lança en avançant de quelques pas.

-Le jeu des trônes. Voyez-vous Jon, j'ai été garde royale à Port-Réal durant une très grande partie de ma vie et ce jeu je m'y suis habitué, tel un observateur patient sans jamais y participer. Pour bien y jouer, il faut en apprendre les règles. Les comprendre parfaitement, être encore plus pointilleux et précis que ceux qui les ont faites. Et s'en affranchir. Savoir comment fonctionne son ennemi est la première étape vers une manipulation totale et complète. Comprendre un adversaire, c'est comprendre ses réactions, comprendre son plan, ses ambitions, ses forces, ses faiblesses. Seul est invulnérable l'homme qui sait tout mais que personne ne comprend. Ce n'est pas tricher que de ne pas respecter les règles. Les outrepasser peut aussi mener vers quelques choses de supérieur, plus prospère. Vous vous croyez plus respectable et pourtant vous êtes similaires à ces nobles du Sud. Vous faîtes de même avec les sauvageons. Trouvez ce que votre ennemi veut. Justice ? Liberté ? Sécurité ? Lorsque vous le saurez parfaitement, vous pourrez le cerner. Les sauvageons veulent la sécurité, et vous avez appris vos vœux, vous les avez compris ça je n'en doute pas une seconde mais vous vous en êtes affranchis au moment où vous avez proposé ces conditions. Jaime se posa devant l'intendant du Lord commandant et le regarda dans ses yeux aussi gris que les murs de Winterfell. Entre vous et un noble de la cour, peu de différence excepté une menace bien présente dans notre cas.

Notre ? Jaime via ce lapsus venait de se considérer durant un court instant comme un garde. Intéressant. Il n'aurait pas cru ça possible. Néanmoins si il se considérait comme un garde, il ne faisait aucun doute qu'entre ces murs et arme à la main, il valait plus que tous réunis. Assurément. Mais derrière, cela n'était pas aussi certain.

-Votre opinion me concernant m'importe peu. Que vous m'aimiez ou que vous me haïssiez ? Quelle importance ? La véritable question que vous devez poser est si oui ou non me ferez-vous assez confiance pour me laisser combattre à vos côtés. Ne vous concentrer pas sur l'amour ou la haine que vous portez sur ceux qui vous entourent. Concentrer vous sur les personnes à qui vous pouvez donner votre confiance. Car ce sont peut être ceux que vous chérissez le plus et qui vous aiment le plus qui seront les premiers à vous poignarder dans le dos.

Il prit une longue inspiration, reposant son regard sur le jeune garde qui semblait homme. Un fils d'un seigneur suzerain intendant de la garde de nuit à seulement quinze ans. Il esquissa un léger sourire, cela lui rappelait étrangement un certain jeune homme fait garde royal au même age.

-Concernant mon cas, ma réputation m'a déjà précédé je suppose. Mais puis-je savoir laquelle est parvenu à vos oreilles ? Régicide, moitié de la reine à tous les niveaux, père des enfants royaux, parjure, infanticide, fils prodige et garde royal aux côtés des plus grands chevaliers que cette terre ait jamais porté, si le compte est bon. J'en oublie toujours un ou deux. Ma réputation et les quolibets qui me sont adressés ont la fâcheuse tendance de se développer dans mon dos plus vite que je l'espère.

La conversation prenait une tournure assez étrange. Etait-il en train d'avoir une réelle discussion avec le fils d'Eddard Stark ? C'était bien possible. A la plus grande surprise de l'ancien garde royal. Intéressant.

Sujet: Re: D'honneur et de serments (Pv: Jon Snow) 10.01.16 17:27

Jon se fit beaucoup plus attentif en voyant l’aîné des frères Lannister se lever. Il n’ignorait en rien les prouesses guerrières de l’ancien Garde Royal et il ne savait pas ce que la perte de tant de choses pouvait causer à un esprit d’ordinaire déjà si… volatile. Après ce qu’il venait de vivre au clan des sauvageons, le Bâtard de Winterfell était d’autant moins en état pour se confronter à l’une des plus fines lames de Westeros.

Il prêta attention aux paroles du Régicide et tenta de comparer cette description aux souvenirs qu’il avait des récits de son père concernant le Roi. Force était de constater que le chevalier avait raison.

- Oui, c’est ainsi que Lord Stark l’a décrit, et je pense qu’il a été très surpris de l’homme qu’il a retrouvé à Winterfell… Je vois également ce à quoi vous faites allusion concernant le grand suzerain en question même si techniquement, vous n’étiez plus son héritier depuis votre entrée dans la Garde Royale, je me trompe ?

Ces paroles avaient été prononcées sans animosité, notamment parce que Snow était sincèrement curieux de la position du Lannister au regard de son héritage. En voulait-il à Tyrion pour avoir pris sa place comme suzerain des Terres de l’Ouest ? Voyait-il son frère comme un usurpateur ? Jon ne pouvait pas dire qu’il comprenait vraiment leur relation fraternelle puisqu’il n’y avait jamais eu ce genre d’enjeux entre Robb et lui. Quoi qu’il advienne, Robb serait toujours l’héritier et s’il venait à faire des vœux de ce genre, Brandon et Rickon étaient là pour prendre la relève. Il aurait fallu que tous les enfants Stark périssent pour que Jon ait une opportunité d’hériter de Winterfell, un cas de figure beaucoup trop cauchemardesque pour qu’il puisse ne serait-ce que l’imaginer.

Jon regarda Ser Jaime se rapprocher mais fut d’autant plus attentif à ses paroles sur le jeu des trônes, dont le Lannister avait été spectateur, sinon joueur. N’y avait-il vraiment pas de différence entre les Nordiens et les gens du Sud ? Le premier réflexe de l’intendant aurait été de nier mais Tyrion lui avait appris à considérer les choses et les concepts avec attention, pour ne pas passer à côté de quelque chose de fondamental. C’était ainsi qu’il avait appris à connaître ses frères d’armes et bon gré, mal gré, Jaime Lannister en faisait désormais partie.

- J’essaie de considérer ce point de vue mais il me semble… compliqué. Je veux dire par là qu’on ne s’interroge pas autant sur nos ennemis ici, sinon en termes logistiques et militaires. Je ne connais pas les histoires des grands chefs sauvageons et même du Roi d’Au-delà du Mur, je ne connais au final que les rumeurs sur sa vie passée ici. Ici, nous côtoyons rarement nos ennemis sinon au combat… et comment apprendre les faiblesses des Marcheurs Blancs quand ce ne sont même pas des hommes ? Comment comprendre comment raisonnent leurs armées de morts-vivants, qui n’ont visiblement plus grand-chose en commun avec les hommes et femmes qu’ils ont été ? Tout ce que nous savons, c’est comment les tuer...

Les paroles du Régicide étaient dures mais à l’instar de celles de son cadet, il y avait du sens dans ce qu’il disait. Jon ne put s’empêcher de se demander ce que serait devenu Tyrion s’il n’était pas né nain. Serait-il devenu un individu semblable à son frère, peu intéressé par les livres mais capable d’un raisonnement élaboré quand le besoin s’en faisait sentir ?

- Comment donner ma confiance si j’ignore ce que la personne pense de moi ? Et inversement, comment me faire confiance si la personne ne sait pas ce que je pense d’elle ? Avez-vous combattu aux côtés des autres Gardes Royaux sans apprendre à les connaître et à déterminer sur lesquels vous pouviez compter ? Je ne suis pas en train de déterminer si nous pouvons être les meilleurs amis mais je voudrais savoir ce qui vous tient à cœur, ce qui vous fait avancer et ce qui guide votre lame. Chaque homme a ses motivations et c’est en les comprenant et en les respectant qu’on peut combattre ensemble… enfin, c’est ce que je pense en tout cas.

Jon fit une pause, espérant ne pas s’être trop emporté. Cette discussion lui rappelait tant les répliques parfois mordantes du Lutin qu’il avait l’impression de retrouver cette complicité. L’intendant du Lord Commandant regarda le paysage autour d’eux avant de poser finalement son regard anthracite sur le Régicide.

- J’ai tout entendu, je suppose. Je sais que vous avez été adoubé très jeune et que vous êtes à ce jour le plus jeune Garde Royal jamais nommé. Je sais que vous avez combattu aux côtés de légendes comme Ser Arthur Dayne, Ser Gerold Hightower ou Ser Barristan Selmy. Je sais que vous avez tué le Roi fou, ce qui vous a valu votre surnom, et j’ai entendu les rumeurs qui courent sur la reine et vous-même.

Il s’arrêta à nouveau mais garda les yeux fixés sur le Lannister, quelques secondes s’écoulant avant qu’il ne reprenne la parole.

- Ce que je retiens là-dedans ? Les faits sont ce qu’ils sont. Ce qui m’est resté, c’est la confiance et l’affection que vous porte Tyrion. Selon ses propres mots, vous êtes le membre de sa famille qu’il aime le plus, et qui lui a apporté le plus de soutien. Il vous respecte, et plus encore, il vous admire, avec vos qualités et vos faiblesses. Je me fie à son jugement, parce qu’en dépit de ses plaisanteries, c’est quelqu’un de sage. Ce que je veux savoir, ce que je veux voir, c’est l’homme qu’il décrit. Vous avez tué un roi fou à lier, et alors ? Peut-être que vous auriez pu vous y prendre autrement mais je n’étais pas là, et j’ai appris à être moins catégorique dans mes jugements. Tout ce que je sais, c’est que vous auriez pu vous enfuir et pourtant, vous êtes là. Je vous trouve emporté, impulsif et arrogant mais vous avez une expérience qui explique cette assurance. Dites-moi juste si vous êtes prêt à vous battre contre eux, ou si vous préférez partir. Rien ne vous oblige à rester, vous n’avez pas été condamné.

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Le Snow savait s'exprimer, ça, cela sautait aux yeux, était évident. Et de par son ascendance noble et son éducation, il possédait l'art et la manière de le faire, ce qui le rendait encore plus intéressant. Qu'est-ce qui avait donc bien pu pousser un jeune homme comme celui-ci à prendre le noir ? Par conviction peut être ? Oui et non. C'était plausible mais cela ne restait qu'une hypothèse. Une hypothèse basé sur des suppositions et des observations faites il y a des lunes de cela. Les jeunes de son âge dont Jaime n'avait lui aussi pas manqué à la règle, rêvaient de batailles, de coups d'éclat, de chevauchée héroïque marqué par un étendard souverain et un tambours de guerre appuyant chacun de ses pas ; ils rêvaient d'ascension, de gloire, de belles demoiselles à rencontrer et de leurs si jolies robes qui rendent si mieux au pieds d'un lit. Pourquoi ? Pourquoi donc le jeune Snow avait-il renoncé à tout cela ? Il était un bâtard certes. Mais cela n'était pas une excuse. Il est et restera un bâtard, mais le bâtard de Ned Stark. Le bâtard du suzerain du Nord. Et un bâtard cultivé, lettré, en âge de se marier, apprécié des autres seigneurs de la région qui plus est. En tant que bâtard, il restait un bon parti. Et si il le voulait il aurait pu demander à Ned Stark de faire de Jon un fils légitime. Cela ne l'aurait pas si gêné que ça, le seigneur du Nord l'avait quand même élevé comme son fils parmi sa cour. De plus aucun problème de succession ne se poserait étant donné qu'un bâtard légitimé restait quand même inférieur à un fils légitime. Il lui demanderait une fois pourquoi. Il laissa un temps, le temps de réfléchir à ses mots et à quoi répondre.

-Surpris ? Oh que oui il a du l'être. Il avait quitté un conquérant, il a retrouvé un homme tellement gros et gras que votre père a du se demander qui était cet homme et pour quelle raison avait-il mangé le roi. En parlant d'un héritier, je ne faisais pas référence à la divine stature que même les Sept envient d'un œil jaloux qui se trouve devant vous mais bien de mon cadet : Tyrion. Vous le connaissez il me semble ? Vous ne vous êtes surement pas rendus compte, et qui pourrait vous en blâmer après tout, de la situation actuelle des Sept Couronnes à l'intérieur des terres et pas aux frontières de celle-ci, mais la maison Lannister n'est plus ce qu'elle était. Les récents événements ont été des plus destructeurs. Les fer-nés ont razziés nos terres, mise à sac notre capitale, pris en otage les membres de nos familles, et quelle aide le roi nous a-t-il fourni en retour ? Il a assassiné le suzerain de l'Ouest, a dépossédé la reine et m'a fait prisonnier dans les cellules celestes. Elles possèdent une vue des plus agréables, assurément, je serais un très mauvais convive si je me plaignait de ma chambrée et n'en vantait pas les louanges. Si d'aventures vous vous retrouvez dans le secteur, je ne pourrais que vous conseillez d'y passer quelques nuits, dit-il en inclinant la tête et en affichant un sourire narquois. De ce fait : la situation des terres de l'Ouest est des plus désastreuses, et Tyrion a beau être un stratège expert en la matière et un fin tacticien, ce qui fait qu'il est pieds et mains liés, entourés de conspirateurs et d'alliés de circonstance prêt à porter le coup final. C'est en cela qu'il est neutralisé.

Néanmoins, ce qu'il venait de dire était et restait son point de vue, il pouvait largement se tromper. Et il espérait se tromper. Sincèrement. Mais les faits sont ce qu'ils sont, et seuls l'avenir nous dira si le Régicide avait eu raison de se méfier. Un suzerain est toujours envié. Toujours.

-Il est vrai qu'à la différence de vous, dans le Sud nous sommes dans une certaine "paix", si on pourrait l'appeler ainsi. Ce qui fait que nous nous demandons bien plus comment pense notre ennemi qu'en temps de guerre. Surtout lorsque cette même guerre se déroule face à un ennemi dont on ne sait rien et qui s'apparenteraient plus à des légendes. Lorsque je parlais précédemment, je ne faisais pas référence au Marcheurs blancs mais bien au sauvageon et l'alliance qui vient d'être accompli avec eux. Mes plates excuses dans ce cas, la faute me revient entièrement si je ne n'ai pas réussi à bien me faire comprendre. Néanmoins, pour revenir sur le sujet des Marcheurs blancs, savoir comment les tuer est déjà un grand pas en avant, surtout face à un ennemi qui ne semble avoir d'intelligence qu'un instinct animal. Dans ce cas, oui. Vous avez raison, le nombre et la qualité de l'armement seront les poids qui feront pencher la balance en notre faveur. Avez-vous déjà fait part de la piètre situation dans laquelle vous vous trouvez au roi ? Je suppose que non, vu que vous en êtes réduits à conclure des alliances avec des sauvageons pour espérer survivre.

Cela aurait pu paraitre vexant, voire même très insultant, surtout au vu delà situation actuelle mais ce n'était pas sous ce ton qu'il l'avait dit. Cela n'avait pas été dit de façon moqueuse mais plus sur un ton de constatation neutre. Il ne chercha pas à blesser, pas cette fois, mais à se questionner et à se rendre compte de la situation avec un garde concerné. Plus la conversation avançait, et plus le jeune Snow montrait une réflexion intelligente.

-On ne peut jamais savoir ce qu'une personne pense de vous exactement comme on ne peut jamais savoir si elle est sincère ou non. A partir de là, réfléchir, parler, se pencher sur à qui nous donnons notre confiance sont les seules réelles moyens. J'ai combattu avec de nombreux gardes royaux, j'en ai connu deux grandes générations : les gardes du dragon et ceux du cerf. Je respectais les gardes du roi fou, tous autant qu'ils sont. Les hommes les plus honorables qu'il m'ait été donné de rencontrer, leurs sens du devoir résistaient à toute épreuve. Votre père vous a-t-il raconté l'histoire de la Tour de la Joie ? Demanda-t-il.

Une histoire des plus légendaires, qui le concernaient tout particulièrement.

-Ceux du cerf, eux ne sont plus que des déchets, mis à part le lord commandant ils n'ont d'honorable que leurs blanc manteaux. La passion. C'est la passion qui m'anime, et me pousse à me continuer à me battre, dit-il en faisant quelques pas autour de Jon. Le frisson du combat voilà ce qui m'anime. Je comprends votre point de vue. Mais je pense qu'il n'est valable que dans une certaine mesure, lors d'un combat qu'importe vos motivations l'instinct de survie prédomine, là où les motivations personnels doivent être comprises et respectés dans des situations comme celles-ci, dit-il en désignant Chateaunoir, lorsque les soldats sont en garnisons, pour que le moral soit au plus haut lorsque l'ennemi sera à nos portes.

Il fit une pause, pour reprendre sa respiration et revenir à la place qui était sienne. Il frotta ses deux mains pour produire de la chaleur et les porter à son visage pour se réchauffer.

-C'est une description assez fournie beaucoup s'arrêtent à Régicide. Pour ces rumeurs, si tous ce qu'on entend au détour d'une taverne était vrai, mon paternel se serait réincarné en lion d'or, le prince Durran serait un fils de paysanne du Bief élevé au rang de prince, et un sanglier ferait régner dans les forêts du Nord. Néanmoins. Ne voulez-vous pas en savoir plus ? On dit de vous que vous êtes un homme honorable, avoir devant vous un garde royal ayant tué son roi doit au choix vous intriguer ou vous répugner.

Il inspira une bouffée d'air avant de la relâcher dans une fumée blanche.

-Vous êtes sage. Bien plus que je ne l'aurais pensé. Je n'ai pas été condamné, c'est vrai et pourtant je suis là. Mon frère a son retour du Mur était persuadé qu'il fallait agir pour vous aider. Voir ces ruines défendus par des voleurs a surement du le toucher. J'ai toujours combattu pour mes intérêts et ceux de ma sœur. Maintenant, à défaut d'être à ses côtés, je me bats pour mon frère.

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