La route des Eyriés jusqu'à Roches-aux-Runes fut très intéressante pour Aaliyah, elle qui n'avait vu dans sa vie que champs et forêts de feuillus. Les montagnes omniprésentes du Val lui offrait un majestueux spectacle. Ayant fait la route avec Stepan et son contingeant de chevaliers ―beaucoup plus imposants et armé que ceux du Bief― Aaliyah n'avait éprouvé aucune inquiétude quant aux danger que son compagnon lui avait parlé lors de leur rencontre aux Eyriés. La jeune femme avait prit l'ocassion d'approfondir ses connaissances sur Stepan et lui de même. Leur périple dura trois quatre jours et demie. Aaliyah était épuisée par la route mais ne le laissa pas paraître; cela faisait partie de son voyage! N'étant pas de tempérament à se plaindre des longues ditance, Aaliyah trouvait toujours un moyen de tuer le temps lorsqu'elle devenait fatiguée.

Stepan, Aaliyah et le groupe de chevaliers atteint Roches-aux-Runes dans l'après-midi du quatrième jour. Il était environ quatorze heures trente et le soleil atteingnait lentement le crépuscule. Il restait encore quelques heures de clarté. Aaliyah se dit qu'elle aurait du temps pour se prêter à son habitude de touriste. La jeune femme espérait tout de même qu'il était toujours ouvert à cette heure qui commençais à être tardive. Par contre, Aaliyah n'avait pas l'intetion de se séparer du groupe à l'instant même. Ne connaissant pas les lieux et les plan de Stepan et de ses chevaliers, elle attendrait patiamment l'ordre du jour; n'étant qu'une simple invité pour les Royce, elle ne voulait pas trop bousculer les choses.

Soudainement, deux personnes s'avancèrent en direction de Stepan et de sa compagnie. La première d'entre elle était un grand homme. Lord Royce? Aaliyah ne pouvait en être certaine, mais en juger par sa stature et ses traits du visage, il ressemblait à Stepan. La seconde personne était une jeune fille. Aaliyah lui donnait entre l'âge de dix et douze ans. Onze peut-être? Peu importe. Elle était mignonne. La jeune fille s'accourut vers Stepan et l'enlaça, toute souriante. Ce ne peut-être nulle autre que sa fille, pensa Aaliyah.

Le détachement des Royce se trouva agrémenté d'une présence féminine lors du chemin du retour vers Roches-aux-Runes, ce qui valut à Stepan un florilège de regards de la part de ses hommes, allant d'une jalousie à peine dissimulée à de petits sourires ironiques suivis de mots murmurés à l'oreille de leur voisin. Les premières fois, le bâtard note intérieurement leurs auteurs afin de s'assurer qu'ils soient récompensés d'une quelconque tâche ingrate à leur arrivée (comme nettoyer la réserve d'armes, repeindre les mannequins d'entraînement...), mais il jeta rapidement l'éponge et laissa ses oreilles siffler librement. Il n'aurait jamais eu assez de travaux pénibles à distribuer. Robar était encore moins discrets, sachant pertinemment qu'il était à l'abri de l'autorité de Stepan, mais il agit avec assez de tact pour ne pas être balourd. Lord Yohn et Andar avaient prix un peu d'avance avec un petit détachement de soldats, et avançaient à un rythme supérieur. Comme il faisait office de guide touristique, le bâtard se contenta parfaitement du convoi le plus lent.

Il profita du trajet pour présenter les beautés du Val à Aaliyah, ce qu'il en connaissait du moins, car il s'aperçut rapidement en tentant de donner le nom d'une statue ou d'une forêt qu'il avait une vision très stratégique de sa région. Il connaissait les passes, les forteresses, les chemins sur lesquels il était possible de se faire embusquer, mais pas les paysages et les noms des villages. Il tenta cependant de meubler tant qu'il le pouvait avec des connaissances et l'aide de Robar lorsqu'un nom lui échappait ou lui restait sur le bout de la langue. Stepan était surpris de voir un tel enthousiasme chez la voyageuse, qui avait certainement vu dix mille fois plus beau dans le Bief, mais comme le disait l'adage, l'herbe paraît toujours plus verte dans le champ du voisin. Même quand son champ est infesté de chardons.

Les quatre jours de voyage passèrent comme un charme, et ils franchirent finalement la grand'porte de Roches aux Runes, puis celle de la citadelle, où Ilda et Lord Yohn les attendaient. Il salua son père et prit sa fille dans ses bras après avoir mis pied à terre. Lord Yohn se contenta d'un salut poli et souhaita un bon séjour à Aaliyah avant de se retirer avec Robar pour discuter politique.

- Comment vas-tu, ma chérie ?
- Très bien, papa. Mais mon bâton est cassé. Je me suis entraînée avec Fedd, expliqua-t-elle, il en avait marre de perdre alors il a dit qu'il prendrait une barre en fer. Mais il ne m'a pas touchée, ajouta-t-elle précipitamment en voyant le regard de son père se durcir.
- Je t'en ferai faire un autre. Ilda, voici Aaliyah Flowers, une amie que j'ai rencontrée aux Eyrié. Ce qui en soit était un exploit, dont l'ironie n'échapperait pas à tous ceux qui connaissaient un peu les lieux. Aaliyah, ma fille Ilda Stone.

Il l'embrassa une dernière fois, la reposa et lui dit d'aller s'amuser, tout en la prévenant d'être là à l'heure pour le dîner. Il était habituel pour Stepan de devoir lui courir après dans la Citadelle pour lui mettre la main dessus à l'heure du repas. Ilda avait un appétit d'oiseau, et semblait pourtant toujours avoir de l'énergie à revendre. Il fit signe à un garçon d'écurie de s'occuper des chevaux, puis se retourna vers son invitée, souriant.

- Voici la forteresse de Roches-aux-Runes, fief de la maison Royce. Après un petit silence, il ajouta : Certes moins impressionnant que les Eyrié, mais les marches sont moins traîtresses. Souhaitez-vous manger ou boire quelque chose après cette chevauchée ? Les cuisines sont par ici, indiqua-t-il. Sinon, je peux vous proposer un tour de la ville. Cette fois, je suis certain de ne pas oublier un nom. Contrairement aux paysages du Val.

Aaliyah déposa son sac en bandouillère au sol pour se relever d'un poids. Elle ne traînait plus que son arc et tenait son carquois dans sa main. Lord Royce accueillit ses troupes devant la forteresse et salua poliment la voyageuse qui était invité à partager leur repas durant quelques jours. Il lui souhaita de passer un bon séjour puis disposa en compagnie de ses hommes.

Il restait donc trois personnes devant l'imposante fortification: Stepan, Aaliyah, et la petite fille de onze ans dont Aaliyah ne saurait tardé de savoir comment nommer cette adorable enfant.

- Comment vas-tu, ma chérie ?

- Très bien, papa. Mais mon bâton est cassé. Je me suis entraînée avec Fedd, expliqua-t-elle, il en avait marre de perdre alors il a dit qu'il prendrait une barre en fer. Mais il ne m'a pas touchée.

La fille de Stepan rappelait à Aaliyah ce qu'elle avait autrefois été lors de son enfance. Elle était forte de caractère et savait se battre. La jeune femme n'était pas impressionnée. Stepan étant un chevalier respecté et plutôt costaud, elle aurait jugé normal d'avoir appris à sa fille, une bâtarde tout comme lui-même, à pouvoir se défendre. Tous les trois étaient voués au même destin, un destin sans mariage, sans gloire ni reconnaissance chez les hauts placés. Ce ne fut pas la pitié qu'évoqua Ilda pour Aaliyah, mais plutôt un respect bien senti.

- Je t'en ferai faire un autre. Ilda, voici Aaliyah Flowers, une amie que j'ai rencontrée aux Eyrié. Aaliyah, ma fille Ilda Stone.

― Enchanté, vaillante guerrière du Val, dit Aaliyah en lui adressant un clin d'oeil à Ilda. J'en suis une moi aussi, mais je viens de loin, dit-elle en montrant le bout de son arc qui dépassait de son épaule.

Aaliyah et Ilda s'échangèrent un sourire complice puis Stepan l'incita à aller s'amuser. La jeune Flowers la regarda courire à grandes enjambée vers la ville, certainement contente d'aller retrouver son ami avec qui elle pratiquait son art de combat. Stepan attira l'attention d'Aaliyah vers les remparts.

- Voici la forteresse de Roches-aux-Runes, fief de la maison Royce.

Stepan marqua un temps puis continut son explication.

- Certes moins impressionnant que les Eyrié, mais les marches sont moins traîtresses. Souhaitez-vous manger ou boire quelque chose après cette chevauchée ? Les cuisines sont par ici, indiqua-t-il. Sinon, je peux vous proposer un tour de la ville. Cette fois, je suis certain de ne pas oublier un nom.

À la seule mention des cuisines, le ventre d'Aaliyah se mit à gargouiller. Il était vrai qu'elle n'avait absolument rien avaler d'autre que les petits pains ce matin et quelques fruits séchés qu'elle avait acheté au marché avant de partir.

― Mon estomac crie famine, rigole Aaliyah. J'opterai volontier pour les cuisines! Je sais que l'heure du repas n'est que pour dans quelques heures mais quelque chose de simple suffira pour me faire patienter. Ensuite nous pourrions visiter les lieux, comme vous l'avez si gentiment suggéré, si vous voulez? propose-t-elle en lui souriant de plus belle.

Aaliyah reprit ses effets et Stepan lui montra la voie jusqu'aux cuisine ―digne de celle d'un château sans nul doute―. Les odeurs de volailles ―ou de bétails?― se mélangeait à celle des pommes de terres et des récoltes fraîches. L'estomac d'Aaliyah gronda de plus belle alors qu'elle salivait déjà. Aaliyah intercepta un cuisiner et timidement lui demanda:

― Vous avez quelque chose de léger, comme une soupe, un potage ou simplement une salade verte?

― Bien sûr, milady, dit le chef en voyant Stepan non loin d'elle. Voulez-vous les trois? Il ne me faudra que quelques instants et le tout sera servi.

― Le.. le potage suffira, m-merci, bafouilla-t-elle sous la gêne d'être traîtée telle une Lady.

Le cuisiner lui sourit et hocha la tête, disparaissant dans la vaste pièce aux arômes alléchantes. Aaliyah se dirigea vers la salle à manger énorme et demanda à Stepan si elle pouvait bienprendre place à table. Suivit de son accord, elle s'y assied en attendant que le chef rondelet lui apporte son humble potage. Aaliyah déposa ses humbles possessions à côté d'elle.

― Pour le repas... votre père ne sera pas offusqué de mon absence de noblesse? Il ne dois pas y avoir beaucoup d'illgitime qui prenne place à part vous, l'un de ses fils et votre fille, sa famille, encore une fois.

Deux cuistots apparurent dans la salle à manger. Deux femmes plutôt repoussante, sans doute doté d'aucun sourire, contrairement à l'homme à qui elle avait passé sa commande. L'une avec un bol de potage aux carottes et la seconde, avec un pichet d'eau et deux verres. Elles posèrent le couvert sur la table, devant les deux adultes. Elle ne prononcèrent mots puis étaient retournées d'ou elles étaient venues.

― Eh bien, souffla Aaliyah; ce fut les seuls mots qu'elle put prononcer pour qualifier les deux gargouilles qu'elle venait de rencontrer.

La jeune femme ne se fit pas prier pour commencer à dévorer son potage. Dévorer était un grand mots puisqu'elle mangeait toujours très lentement et avec une main de grande dame. Bien que son appétit était très présent, ses oreilles fines étaient très ouvertes et attentive à la conversation.