Ashara est la fille d’Elbert Arryn et d’Yvaine Royce, la fille aînée de Yohn le Bronzé, elle naquit en 281 aux Eyrié, un peu moins d’un an après le mariage en grande pompes de ses parents. En effet, Elbert était à l’époque l’unique héritier des Eyrié et bien que Jon soit encore loin de la mort de par sa bonne constitution, il était veuf et sans enfant après déjà deux mariages. Cette union et sa fertilité était donc capitale pour la région, aussi tous les Seigneurs du Val, petits et grand avaient été invités et il y avait eut une immense fête aux Eyrié, la maisonnée Arryn étant remontée dans leur demeure d’été dès que le temps s’était embelli. Née en plein printemps trompeur, les cultures étaient relancées et le temps était agréable, l’année touchait à sa fin en cette 2e semaine de la 13e Lune.
Mais la nuit de l’accouchement, un terrible orage se déchaîna sur les montagnes, il devait mettre fin au printemps trompeur et replonger le royaume dans l’hiver. Le tonnerre rivalisait avec les cris de la parturiente alors qu’Elbert venait de revenir du tournoi d’Harrenhall avec son beau père et son oncle Jon Arryn ainsi que ses pupilles, Eddard Stark et Robert Baratheon. Il n’y avait pas jouté, mais vit la défaite de Yohn royce face à Rhaegar Targaryen qui désigna alors Lyanna Stark comme reine d’amour et de beauté et le scandale qui s’en suivit. Elia Targaryen, née Martell, Dornienne et donc un peu soupe au lait, ne prit pas très bien la trahison de son époux qui lui avait préféré la Dame du Nord, mais même si cela fit longtemps jaser, l’incident fut rapidement oublié dans le Val où la mère et l’enfant se portaient à merveille. Hélas, c’était une fille et non un fils, mais les deux époux qui avaient fait de ce mariage arrangé une union pleine d’amour et de tendresse avaient toute al vie devant eux pour engendrer des héritiers mâle. Elle fut nommée Ashara en mémoire de Sharra Arryn, régente du Val au temps de la conquête.

Un an après, les jeunes parents laissèrent le bébé à la nourrice des Portes de la Lune pour aller à Vivesaigues assister au mariage de Brandon Stark avec Cathelyn Tully. Mais entre temps, Lyanna Stark fut enlevée par Rhaegar Targaryen. Elbert ordonna à son épouse de rejoindre le Val au plus vite et accompagna son ami à Port Réal pour réclamer justice auprès du Roi pour le crime de son fils. Tout le monde connaît la suite de cette histoire, de la mise à mort abjecte de Rickard Stark et de son fils au couronnement de Robert Baratheon. Tous ceux qui avaient alors accompagnés l’héritier de Winterfell furent tués, et ainsi, l’héritier du Faucon ne revint jamais auprès de sa jeune épouse et ne lui donna pas d’autre enfant que la fille qui avait à peine un an. Son deuil fut aussi celui de tout le Val, car le jeune homme était un chevalier aimé et respecté, et si Ashara ne connaît sur lui que ce qu’on lui a raconté, elle garde de son absence un grand vide dans le cœur.
Pour le venger, la Val se mit en branle, tous les hommes partirent à la guerre, les uns du côté de leur Suzerain, les autres du côté de la couronne. Le Val fut déchiré en deux pendant plusieurs semaines, mais finalement, ceux qui ne suivirent pas Lord Jon furent vaincus. Déjà, les cadavres parsemaient Goëville, annonciateurs d’un avenir funeste pour les Sept Couronnes. Mais si Yvaine était inconsolable, c’était uniquement parce qu’elle avait perdu son époux bien aimé et avait échoué à donner un héritier au Val. Heureusement pour la région, Jon avait trouvé une nouvelle épouse, sa troisième, jeune et de haute naissance, Lady Lysa Tully était un bon parti qui en plus de joindre le Conflans à la Rébellion était en mesure de faire fructifier la lignée.

Pendant la rébellion Yvaine délaissa son bébé plusieurs semaines et quitta la demeure matrimoniale pour rejoindre Roches Aux Runes, maison de naissance de la jeune mère. Elle y trouva la paix et le soutient nécessaire auprès des siens, les Royces, tout juste enrichis d’une autre petite fille : Ysilla Royce, tante de la jeune Ashara. C’est donc une enfant d’un peu plus d’un an, potelée à souhait qui arriva avec une mère en deuil à Roche Aux Runes. Le temps que sa fille se remette, Alysane confia l’enfant à Fiona, la nourrice de la Maison qui s’occupait déjà d’Ysilla et à Septa Keriane qui assurerait leur éducation. Yvaine ne fit plus de lait, mais ainsi entourée, elle se reprit vite, heureuse qu’elle était de pouvoir tenir ce petit morceau de vie entre ses bras alors que tout autour, la mort prenait le pouvoir. Mais elle devait aussi aider sa mère pour gérer le domaine désormais entièrement laissé entre leurs mains vu que la plupart des hommes avaient rejoint le Ban de Jon Arryn pour combattre les Targaryen. Même Andar, tout juste âgé de 15 ans suivit son père dans la bataille, en tant qu’écuyer de Ronan Froideseaux. Seuls quelques chevaliers destinés à protéger les femmes ainsi que Robar, 12 ans, devenu du jour au lendemain l’homme de la Maison et Waymar qui avait deux ans restèrent.
Grâce aux Sept, tous revinrent en vie et en bonne santé, et mieux encore victorieux de cette guerre, tous sauf Lord Jon qui fut nommé Main du nouveau Roi Robert. La peur et le chagrin était loin, et même si le Val gardait les stigmates de la guerre le Sac de Port Real, le viol et le meurtre d’Elia et de ses enfants n’entama pas la liesse qui régna dans la région des Montagnes et du Val après le couronnement et le mariage du Roi.



Ysilla devint rapidement la meilleure amie et confidente d’Ashara, les deux petites filles faisant leurs classes auprès des Mestres de la maison et à l’école de la vie. Elles étaient comme des sœurs, la tante se positionnant de fait comme la cadette de la nièce. Toutes deux malignes et pleines d’énergie, il n’était pas toujours simple de les tenir, mais elles vécurent, dans la forteresse millénaire, au bord de la baie des crabes, une enfance heureuse malgré les événements qui les avaient réunies. Ashara était une joyeuse petite fille à qui on racontait des tas d’histoires de princes et de chevaliers, et quelques légendes, mais ce qu’elle aimait, plus encore que les histoires de princes charmants, c’était les récites de guerre et de bataille. A partir du moment où elle fut en mesure de comprendre le destin de son père et la guerre qui avait suivi, elle fut plus intéressée par les armes et la stratégie que par la couture et la musique. Evidemment, comme toute fille de son rang elle apprit à lire et à écrire, savoir se tenir, broder et coudre, chanter et jouer de la harpe et aussi la généalogie des grands familles du royaume, l’histoire. Elle s’intéressait même probablement d’avantage à l’histoire que beaucoup de filles de son âge et posait tout un tas de question, ne comprenant pas certaines décisions stratégiques ou déraisonnables des protagonistes. Dotée d’un esprit vif, elle comprenait déjà bien les causes et conséquences de leurs agissements et n’hésitait pas à faire des réflexions sur leurs erreurs.

Lord Jon résidait à Port-Real mais passait parfois dans le Val, confié à Lord Nestor Royce, un cousin de Yohn qui passait d’ailleurs souvent à Roche Aux Runes. Lorsque le Suzerain venait dans le Val, il ne manquait pas de rendre visite à sa petite fille ou la faisait venir aux Eyrié et aux Portes de la Lune. Avec les fausses couches de son épouse qui s’accumulaient, il doutait que le Val n’ait jamais un autre héritier et comptait bien préparer l’enfant à son destin complexe. Ainsi, dès qu’il apprit le talent et l’intérêt qu’elle avait pour la stratégie, il s’empressa d’envoyer un nouveau Mestre choisi par ses soins à Roche aux Runes pour le développer. C’est ainsi que Mestre Udo entra dans la vie de la jeune enfant, il prit en charge l’éducation spécifique de la petite en matière d’histoire et surtout de politique et de stratégie dont elle était maintenant une fervente passionnée.

Ash, comme on la surnommait, ne jouissait pas d’une grande liberté, surprotégée par les membres de sa famille maternelle mais aussi par son grand oncle paternel, elle dû développer bien des ruses pour faire ce qu’elle voulait. Libre d’esprit, elle voulait être libre aussi de corps, découvrir le monde, elle était avide de connaissance, de découvertes, et pas toujours très sage.
La brunette adorait se balader pieds nus dans le sable, galoper à cru son poney gris nommé Embrun, chasser dans la lande, pêcher, cueillir des mûres ou aller nager dans les vagues. Elle revenait régulièrement avec des robes toutes fripées et mouillées, à moitié gelée, les lèvres bleues, claquant des dents, mais heureuse, follement heureuse, et libre. Elle sortait souvent du château et les gardes qui essayaient de l’en empêcher n’avaient finalement d’autre solution que de l’accompagner, car elle n’hésitait pas à forcer les barrages en douceur ou pas. Ils faisaient tout pour la protéger de tout, et surtout d’elle-même, car elle était aussi casse cou qu’espiègle, mais tellement attachante, adorable disait Fiona, et si brillante disait Keriane. Elle savait déjà tirer parti de son charme de petite fille et personne ne résistait à sa frimousse et à ses œillades, ni les cuisinières auxquelles elle réclamait des biscuits, ni les gardes qui se voyaient obligés de l’accompagner sur la plage.

Elle vivait une enfance heureuse et indigne d’une future Lady, mais elle reprenait tout son sérieux dès que l’occasion le voulait. Elle était même très douée pour jouer les filles parfaites dès que la famille recevait ou se déplaçait pour les nombreux mariages et Tournois auxquels le Lord était convié. Elle était néanmoins souvent punie car elle avait tendance à beaucoup parler, contredire tout le monde et surtout n’en faire qu’à sa tête. Elle avait tout de même un allié en la personne de Robar qui comprit rapidement que la broderie et la couture n’étaient pas sa passion et lui donnait un peu de la liberté qu’on lui refusait. Il entreprit en effet de la former au maniement des armes, l’épée et l’arc et de lui apprendre à chasser, mais évidemment, le secret fut vite révélé au Maître des lieux qui voulut lui interdire. Seulement, Ronan Froideseaux, depuis peu épée lige de la petite fille usa de toute la diplomatie dont les enfants manquaient pour faire accepter l’idée à son Seigneur qui accepta finalement tant que cela restait dans la famille. Robar et Ronan se relayèrent dans sa formation pendant plusieurs années. Elle s’avéra une excellente chasseuse et une épéiste tout à fait correcte, développant des trésors de techniques sournoises pour compenser son manque de force. Yohn accepta finalement qu’elle chasse publiquement, et la jeune fille s’assagit, délaissant l’entrainement à épée pour des activités de Lady.

Malgré ses frasques passagères, elle entretenait de très bonnes relations avec tous les membres de la maisonnée, considérant Ysilla comme une sœur, Robar et Waymar comme des frères, les gardes de la maison comme des complices et Yohn comme un père. La petite était déjà sous bonne garde avec Creighton Rougefort, ancien écuyer de son père ayant miraculeusement survécu au séjour des Stark au Donjon Rouge, Ronan Froideseaux son épée lige et Barristan Tallett son écuyer. Et bien accompagnée avec Ysilla évidement, mais aussi Alys Shett et une servante.
Peu à peu, le temps que jeunesse se passe, elle devint plus sérieuse et appris à se tenir en toute circonstance et se rendit compte que certaines de ces activités n’étaient pas dignes de son rang et les réduisit donc.



Six ans après sa naissance, la vie de la jeune fille bascula. Les demandes affluaient depuis plusieurs années pour Yvaine, et si Yohn les avaient toutes refusées, laissant le temps à sa fille aînée de faire son deuil et de s’occuper de sa fille, vint le temps pour elle de se remarier. Yvaine quitta sa famille pour rejoindre les lointaines terres de l’orage et y épouser le Seigneur de la Maison Grandison. Ashara refusa tout net de l’y accompagner, le Val était toujours sans héritier et il était hors de question qu’elle le quitte ainsi, elle fut donc laissée aux bons soins de son grand père à Roche Aux Runes. La jeune femme prit dès lors l’habitude d’entretenir une correspondance régulière avec sa fille qui suivit son exemple et se prit au jeu des missives. Elle en envoya à Nestor Royce, à tous ceux qu’elle rencontrait lors des tournois et des fêtes dans le Val, à ses cousins et ses cousines et même à Jon qui put constater combien la petite fille était curieuse et vive.

Trois ans plus tard, la rébellion Greyjoy éclata et replongea le Royaume dans la guerre. Bien que les pillages et les batailles pour mater le roi du Sel et du Roc ne touchèrent  pas le Val, le ban n'ayant pas même été levé, la jeune fille fut profondément marquée par ce nouveau conflit. Cette fois elle était en âge de comprendre ce qu'était la mort, le sang et les conséquences de telles tragédies sur les hommes, les femmes, les familles et le peuple. Elle se renferma sur elle même et plongea plus que jamais dans l'étude de l'histoire, des batailles, de la stratégie, mais aussi de la politique et de la diplomatie qui pouvaient souvent éviter le pire. Elle en conclut que la victoire n'était jamais assurée mais qu'il y avait des moyens détourner de gagner et que bien que parfois nécessaire, la guerre était à éviter à tout prix car elle coûtait bien trop chère en vies humaines et en récoltes. Au bout de quelques mois, elle sortit de son mutisme, avec la ferme intention d'éviter un tel drame au Val. Cela ne l’empêchait pas d'aimer les armes, les guerriers, les histoires de bataille et de vouloir qu'on se batte pour l'honneur de sa région ou de son suzerain. Mais elle avait découvert bien d'autres moyens d'arriver à ses fins qu'une charge de chevalerie.

Mais un matin de la fin 291, une triste nouvelle marquée du sceau au lion couché arriva - Noires ailes Noires Nouvelles. Sa mère était morte en couche après avoir déjà donné une fille et un fils à la maison Grandisson. Le bébé avait survécu, ça lui faisait une belle jambe de savoir qu’elle avait deux demi-frères et une demi-sœur, mais déjà orpheline de père, son monde ne faisait que s’écrouler un peu plus alors qu’elle fêterait ses 10 ans d’ici quelques semaines. Néanmoins, elle était invitée à venir voir ses demi-frères et la tombe de sa génitrice, et s’y rendit donc sortant pour la première fois de sa vie de sa région qu’elle connaissait si bien avec toute sa famille. Malgré le chagrin immense qui la submergeait, les découvertes furent si nombreuses et si belles, qu’elle ne put rester embuée dans son deuil et fermer les yeux. Son horizon s’ouvrait sur le vaste monde, elle voulait voir, observer, comprendre, sa curiosité était plus éveillée que jamais alors qu’elle visitait pour la premières fois Port-Real et le Donjon Rouge, Sombreval, le Bois du Roi, Accalmie, Lestival et enfin Grandview. Elle refusa la proposition faite par le veuf de rester dans cette demeure dont elle ne savait rien avec des frères et sœurs qu’elle ne connaissait pas et retourna dans le Val avec sa seule véritable famille.

Ce voyage, bien que placé sous le signe d’une grande tristesse lui avait ouvert les yeux, elle se promit de repartir ailleurs, de visiter les Sept Couronne dès qu’elle le pourrait, dès que le deuil serait terminé. De plus, une autre famille lui avait fait signe, les Arryn, et c’était bien ce nom qu’elle portait depuis toujours. Il avait fallut lui rendre visite à Port-Real et voir qu’on l’y traitait comme une petite princesse pour se rendre compte qu’elle n’tait pas une simple Royce. Lord Jon dont l’épouse était une fois de plus enceinte mais qui pensait alors que cette grossesse allait finir comme toutes les autres : en fausse couche, lui avait expliqué tous ses devoirs, les devoirs d’une Arryn du Val, les devoirs d’une Suzeraine. Ils avaient longuement parlé dans la Tour de la Main et elle avait pris conscience de son rang et de son pouvoir mais aussi de ses devoirs.

Elle suivit alors Lord Yohn, mais aussi Lord Nestor dans tous leurs déplacements, se rendant souvent à port-Real, mais aussi dans toutes les régions qu’il lui était donné de visiter sous prétexte d’un tournoi, d’un banquet. Tout était bon pour découvrir le monde et bien sur, pour visiter le Val de long en large. Elle avait donc visité l’ouest avec Castral Roc, Port Lannis et Corval entre autre. Elle se rendait souvent à Port Réal, chassant même dans le Bois du Roi et profitant d’un petit tournoi à Sombreval pour élargir son champ de vision sur les terres de la couronne. Elle allait parfois dans les Terres de l’Orage rendre visite à sa famille et entretenait une correspondance régulière avec eux ainsi qu’avec ces cousins dans tout le Val. Elle rencontra durant les années qui suivirent nombre de personnes plus importantes les unes que les autres mais elle ne se sentait réellement bien que chez elle, seulement chez elle ça n’était plus seulement Roche Aux Runes, c’était tout le Val, de Forchant à Goeville. Sans aucun doute sa région était la plus belle de toute, sans aucun doute son peuple était le plus travailler de tous et sans aucun doute ses hommes étaient les plus courageux de tous. Plus haut que l’honneur, voila où se situait les Eyrié, la Montagne et les Chevaliers aux boucliers frappé du faucon blanc. Plus elle voyageait plus elle développait une fierté exacerbée quand à son fief natal. Et ce même si elle trouvait le Donjon Rouge des plus majestueux, Accalmie puissante et imposante, Hautjardin aussi beau qu’elle l’avait imaginé, Villevieille plus savante encore qu’elle n’aurait pu le croire. Les ruines de Lestival, Havrenoir, Séréna, La Griffonnière, Harrenhall, Vivesaigues, Fondcombe, La Dent d’Or, Sarschamp, Crakehall, Pont l’Amer, Cendregué, Corcolline, Rubriant, Vieux Chêne, Bois Doré…



Quelques années après son premier voyage à Port-Real, Ashara fêtait ses treize printemps dans la capitale, invitée par Lord Jon ainsi que bien des Seigneurs et Dames des Sept Couronnes à un grand banquet donné en son honneur.

La belle brune était maintenant une femme faite, prête à devenir ce à quoi la destinait Jon depuis sa naissance. Elle pensait à un mariage, des fiançailles, ce qui expliquerait le faste de la fête et le repas officiel où les invités étaient nombreux. Mais il ne s’agissait pas de cela, car plus encore depuis qu’elle lui avait prouvé, au cours de ses nombreuses visites, qu’elle était digne de cette place de choix et de l’héritage du Val et de la Maison Arryn, il la destinait à tout autre chose qu’à une simple place d’épouse. Elle l’avait pressenti, elle avait été élevée pour ça, mais de là à penser qu’il irait jusqu’au bout, de là à penser qu’elle dérogerait à la règle suprême selon laquelle les femmes n’héritent pas ? Cela ne se pouvait ! Et pourtant… Le mariage attendrait, de toute façon, les prétendants ne manquaient pas, mais aucun qui soit véritablement digne d’elle et vu la beauté en devenir de la jouvencelle, cela n’était pas prêt de cesser. Et puis il restait à voir comment grandissait le tout jeune Robert qui, âgé de 2 ans, semblait aussi chétif que mal en points avant de choisir qui aurait droit à sa main, car si le Val venait avec, cela changeait la donne.
Il lui expliqua tout cela à la veille de ses treize ans dans le bureau de la Tour de la Main. Il lui expliqua la situation avec son fils dont il doutait qu’il survivrait assez longtemps pour engendrer un héritier et son épouse à moitié folle, sa peur de voir la lignée et le nom Arryn s’éteindre avec lui. Il lui dit qu’elle était la mieux placée pour gouverner et qu’il fallait, pour qu’elle soit légitime par la suite, qu’elle entre en politique dès maintenant. Qu’elle serait accompagnée et aidée dans sa tache par des hommes de confiance mais qu’elle devrait néanmoins se méfier de tout le monde et ne pas oublier sa place son rang, mais aussi son statut de femme qui rendait l’opération délicate. Qu’elle gouvernerait en son nom et avec son nom et qu’elle servirait le Val avec Lord Nestor. Qu’il faudrait prendre garde à ne vexer personne tout en se faisant respecter.

Ashara avait rêvé d’un beau mariage, de fiançailles grandioses, et voila qu’elle se retrouvait parachuté au milieu des hommes de pouvoir. Elle pleura et ne ferma pas l’œil de la nuit. Elle se souvenait de ses années d’innocence, de son enfance à Roche Aux Runes, de sa mère si douce, de son père dont elle ne connaissait les traits qu’à travers les portraits qu’elle avait vu. Elle regrettait déjà ses voyages et sa liberté. Elle se remémora aussi sa si belle région, l’honneur, le courage et la valeur de son peuple, Goëville, les terres fertiles, les hautes montagnes aux cimes enneigées, la Lance du Géant et les Larmes d'Alyssa. Elle s’enorgueillit de la prestigieuse Maison des Rois de la montagne et du Val, de la beauté des Eyrié, de la puissance des Portes de la Lune et l’infranchissable Porte Sanglante. Elle se représenta Arys le Chevalier Ailé, Alyssa Arryn qui jamais ne pleura de son vivant, le Vieux Faucon et son fils qui combattirent les rois du Nord. Elle se demanda comment aurait réagit Sharra Arryn, la dernière Reine qui n’avait été vaincue que par imposture grâce aux ailes du dragon et cessa de pleurer.

Le lendemain, elle assista donc au banquet, parée pour l’occasion d’une robe neuve aux couleurs du Val, offerte par son oncle, digne et fière jeune femme à la place d’honneur. C’était son anniversaire, et pourtant, jamais elle n’avait été si sérieuse, jamais elle n’avait parut si froide et inaccessible, souriant à peine, juste assez pour donner le change en ces instants de bonheur. Lord Jon Arryn annonça, en guise d’introduction au banquet et devant toute la cour du Roi Robert, qu’il faisait d’elle l’Intendante du Val aux côtés de l’avisé Lord Nestor Royce qui saurait la conseiller au mieux. La jeune fille ne broncha pas, l’assemblée était stupéfaite, de nombreux murmurent emplirent la salle, mais c’était la décision du Suzerain du Val et de la Main du Roi, et il n’y avait rien à redire. D’ailleurs après cela, avant même que tous aient pu digérer l’information, les festivités furent lancées. Les musiciens, les jongleurs, les cracheurs de feu, les bouffons et les montreurs d’ours, tout y était, et la jeune fille était au centre de toute cette agitation. Elle aurait certainement dû être heureuse comme au jour de ces noces, voir plus encore… Elle était fière de l’honneur fait par le Défenseur du Val. Mais désormais pesait sur ses épaules le poids du pouvoir et elle se sentait surtout seule, désemparée et terrorisée, comme si tout courage l’avait quitté. Son visage ne laissait pourtant rien paraître, car au fond d’elle grondaient les âmes des ces ancêtres, lui donnant la force de faire son devoir. Pour le Val. Elle continua donc à sourire légèrement, peut-être un peu trop sérieusement, à lever son verre aux personnes qui la saluaient et lui présentaient leurs hommages. Elle mangea et but à peine, elle respirait à peine aussi.
Pourtant, au bout d’un moment, elle sentit une chaleur l’envahir, brûler ses entrailles. Cette chaleur consuma sa peur, elle savait ce qu’elle devait faire, elle pouvait le faire, elle était un Arryn ! Elle était pleine de maîtrise, de fierté, d’honneur. Elle avait tant appris avec Mestre Udo et Lord Jon. Elle était prête à embrasser son destin glorieux et à prouver à tous qu’elle était digne de sa Maison et de la confiance de son grand oncle. Elle n’ignorait pas que sa route serait semée d’embûches et qu’elle aurait encore bien des choses à savoir et à accomplir avant d’en être véritablement digne, mais elle était prête à faire ce premier pas qui la projetait dans le monde des adultes.

Lorsqu’elle reprit la Route pour le Val, elle était désormais Intendante du Val, accompagnée de nombreux Chevaliers issus de la garde de Jon, les bannières bleues et blanches flottaient au vent. Oh il faudrait des années pour que tous lui obéissent, l‘aiment et la respectent pour ce qu’elle allait faire, des accords commerciaux avec les autres régions à la bataille contre les Fils du Brouillard. Mais elle n’était plus uniquement une jouvencelle de haut naissance qu’il faudrait marier à un bon parti contre une dote digne d’elle, elle était à la tête d’une des Sept Couronne. Son pouvoir, bien que relatif car elle devait composer avec les autres membres du conseil et l’ego de ses vassaux, était assez important pour offrir du travail à une orpheline de Goëville et sauver une femme des terres de l’orage d’un époux violent. Elle octroya une place de choix dans sa suite à Alanei Grandisson, la petite sœur du second époux de sa mère et sur demande de leur père, à Nyella et Kilian Belemor. Elle promit à Lord Manning de faire de son fils Pediflet un vrai chevalier et à Lord Sunderland de trouver une place à l’un de ses fils. Car le pouvoir est devoir et que le Seigneur se doit de servir son peuple…



Ashara Arryn était amoureuse de Waymar Royce depuis ses onze ans. Mais évidement le garçon de près de deux ans plus âgé qu’elle ne la regardait même pas à l’époque, enfin si, mais comme on regarde une petite sœur, avec affection au mieux, avec dédain au pire. Elle avait compris peu à peu qu’ils n’étaient pas destinés à se marier à cause de son nom, de sa parenté avec le suzerain du Val et de toutes ses choses qu’elle ne comprenait qu’à moitié. En effet, cela faisait longtemps qu’on lui rabâchait qu’elle n’aurait pas le choix de son mari, l’idée lui plaisait moyennement, mais elle avait déjà compris le principe des alliances et comptait se conformer à la règle, pour le Val. Mais, jusqu’à l’année 292 et la naissance de Robert Arryn, elle était l’unique héritière du Val et toutes ses amies étaient d’accord pour dire qu’elle se marierait certainement avec un Valois bien né. Très certainement Harrold Hardyng, le seul héritier mâle des Eyrié. Car bien que d’une branche encore plus éloignée qu’elle, c’était un garçon et cela risquait de mettre à mal son héritage s’il n’était pas inclus dedans par ce mariage qui réunirait les deux branches les plus proches de Jon. Elle était d’accord avec ce plan, mais cela ne l’empêchait pas de rêver après tout. Alors quand Robert vit le jour, elle estima ne plus être obligée à rien, ce qui n’était pas totalement vrai, surtout vu l’état du rejeton de Lady Lysa. Elle se mit donc à rêver de plus belle et, à partir du jour où elle apprit cette excellente nouvelle, elle devint une vraie Lady, pour plaire à son frère/oncle.

Il était très tard, toute la maisonnée dormait déjà, Waymar s’approcha d’elle dans l’écurie où elle donnait les carottes volées en cuisines à son cheval et lui déclara sa flamme, avant de l’embrasser. Elle lui rendit son baiser avec fougue au lieu de le repousser immédiatement comme une Jouvencelle digne de ce nom aurait dû le faire. Il la pelota entreprenant de l’allonger dans le foin pour soulever ses jupes. C’est à ce moment là qu’elle se rendit compte que la situation commençait à dégénérer et que d’un baiser innocent ils étaient rapidement passés à la vitesse supérieure, le jeune homme poussant ses caresses plus avant. Elle n’aimait pas qu’on la touche et fut gênée quelques instants par ses gestes hâtifs et maladroits. Mais le garçon travaillé par ses hormones et elle-même qui se sentait pousser des ailes ne parvenaient plus à s’arrêter, il était déjà trop tard pour faire appel à la raison et à la bienséance. Elle essaya bien de le dissuader, mais sans grande conviction, et ses gestes restaient sans réponse, aussi vains que ses couinements qui n’avaient rien de rebutants. Toutes les sages paroles de sa mère et de sa grand-mère sur sa fleur précieuse, la douleur, la nécessité d’attendre le mariage et de n’offrir cela qu’on son époux, s’étaient envolées en un instant.
Yohn entra alors dans l’écurie, et la brune commença à crier et à se débattre. Pas qu’elle veuille véritablement que cela s’arrête, pas plus que la seconde d’avant, mais s’il les trouvait comme ça, elle préférait passer pour l’innocente. La ruse marcha tant et si bien, qu’il prit son fils par le col et l’envoya d’une main à plusieurs mètres de là, avant de s’assurer que sa petite fille n’avait rien en l’aidant à se relever, pleine de foin.

« Ashara, vas te coucher et ne sort pas de ta chambre avant que je sois passé demain matin, ne parles de ça à personne. »

Aucune chance que la brune parle de sa grossière erreur à qui que se soit. Elle lissa donc sa robe et en enleva le foin avant de sortir dignement et, vérifiant qu’il n’y avait personne, courut jusqu’à sa chambre tremblante et pleine de honte. « Le Bronzé » n’était pas dupe sur le consentement de la jeune femme, mais était furieux de constater que Waymar était aussi irresponsable. Il ne savait pas quoi faire ni qui dire, alors après quelques tartes, il l’envoya lui aussi dans sa chambre et l’interdit d’en sortir jusqu’à nouvel ordre.

Waymar, le garçon, plus âgé et sensé être plus responsable avait tout pris, la sentence était tombée, il prendrait le Noir. Pour le moment personne ne savait, mais il n’avait pas le choix, et il n’avait que quelques mois pour s’amuser et découvrir la vie avant le grand voyage. Il en profita donc avec nombre de servantes de la maison et de paysannes des environs ainsi que des prostituées. Il haïssait sa nièce pour ce à qui elle le condamnait et pour le fait qu’en plus de ça, elle ne s’était pas excusée et qu’elle ne le regardait plus comme avant. Ashara s’était rendue compte qu’il n’avait aucun intérêt stratégique ou financier et elle cessa de s’intéresser à lui. Elle n’écopa que d’une conversation ferme sur la valeur de sa virginité. Yohn lui avait expliqué combien elle était importante et précieuse pour la Maison Arryn et la Maison Royce et qu’elle ne devait pas céder à la tentation avant son mariage si elle voulait avoir une chance d’être avec quelqu’un de bien et de haut placé. Entre temps, elle s’était remémorée les nombreux discours des femmes de la maisonnée et elle était bien décidée à ne plus jamais fauter. De plus, par la suite, ses discours se multiplièrent, achevant de la terrifier à ce propos et de la dégoûter de tout ce qui avait attrait au corps ou à la nudité. Pendant un temps, elle ne voulut même plus prendre ses bains, nue, avec ses servantes ou Ysilla et plus jamais elle ne dormit avec ses oncles. En effet, l’autre fille de la maison aimait dormir avec ces frères et traînait souvent Ashara dans le lit avec eux. Elle n’avait jamais tellement aimé ça, mais elle trouvait ça parfaitement  normal particulièrement pour se réchauffer pendant les nuits les plus fraiches.



Désormais, elle voulait une alliance, la meilleure qui soit, mais elle voulait aussi croire que son époux pourrait l’aimer de tout son cœur, pour sa beauté mais aussi pour son érudition. Et puis, même si ça n’était pas le cas, si elle voulait que Jon se décide à la marier, elle avait intérêt à s’activer pour qu’on demande sa main de toute part, non ? Elle entreprit donc d’user de ses charmes pour trouver le meilleur parti, et grâce à ces nombreux voyages put faire connaissance avec tous les héritiers de Maison Suzeraine.

Renly semblait parfait, sa grande sensibilité et sa culture faisaient de lui un homme charmant, mais, quoi qu’elle fasse, il restait insensible à ses charmes, et il semblait que ça ne soit pas uniquement par courtoisie. Elle était vexée comme un pou jusqu’au jour où elle entendit les ragots à son propos, comprenant alors elle se rapprocha de nouveau de lui, car malgré le dégoût que lui inspirait son homosexualité, il était le frère du Roi. Joffrey vint ensuite, étrange pour une jeune fille si ambitieuse, mais elle l’avait toujours trouvé très laid, à bien y réfléchir, elle n’aimait pas trop les blonds. Elle tenta de charmer le Prince, qu’elle trouvait donc en plus idiot et pourri gâté, mais qui était le Prince et ferait d’elle une Reine. Seulement, même s’il restait parfaitement courtois, elle lui trouvait le regard d’un fou et après quelques incidents, renonça à ce mariage se disant qu’en plus de le haïr toute sa vie, elle risquait fort de finir comme la reine, battue et trompée. Elle rencontra Willos, qui était un garçon admirable malgré son handicap qui le rendait moins digne d’elle à son gout, elle qui aimait les guerriers, forts et courageux. De plus, la Maison Tyrell n’était pas aussi prestigieuse que la sienne, oui, malgré les richesses du Bief et les alliances avec la Maison Hightower, ils n’étaient que des intendants, pas des Rois ! Elle tenta sa chance auprès de Jaime qui bien que frère juré et blond restait l’héritier le plus logique de l’ouest, mais là encore son charme de brune n’opéra pas, pas d’avantage que sur son père d’ailleurs. Était-elle maudite ? Vint ensuite le tour d’Edmure de passer dans les filets de la jeune Arryn, contrairement aux autres, il n’était pas insensible à sa beauté, mais il manquait de tout ce qui fait un homme, courtoisie, courage, force et même charme.

Or il s’avéra qu’il lui restait encore un autre choix, un choix qui la rapprocherait de son histoire. Les Royce étaient issus des Premiers Hommes, mais ils en avaient perdus l’essence, ils croyaient au Sept et respectaient leurs traditions, les Stark eux, avaient encore toute la grandeur des rois du Nord. Elle n’avait entendu que du bien de Lord Eddard dont Jon ventait les mérites plus encore que ceux du Roi, si son fils était fait du même bois, elle pourrait bien être une Suzeraine du Nord heureuse avec lui malgré leurs quelques années de différence. Elle se mit donc en tête de conquérir son cœur avec d’autant plus d’ardeur qu’il était le dernier mari acceptable sur sa liste. Elle s’informa sur les coutumes nordiennes, les Anciens dieux, la région et le climat de toutes les manières possibles et se prit  de passion pour cette région si différente. Elle le rencontra et tomba sous le charme, elle l’aimait déjà et elle priait les Sept et les Anciens Dieux pour qu’il parle d’elle à son père et que ce dernier entame des négociations avec son grand oncle. A n’en pas douter, cela se réglerait rapidement vu les bonnes relations des deux hommes, et Robb n’était certainement pas de marbre, cela pouvait marcher, cela devait marcher ! Et c’est le cœur plein d’espoirs qu’elle assista au Tournoi des 11 ans du Prince.

Hélas un an plus tard, Lord Jon Arryn perdit la vie. Et dire que quelques semaines plus tôt elle lui avait parlé, qu’il lui avait dit qu’il la promettrait certainement à Robert Arryn et non à Robb Stark car la santé de son fils était fragile et qu’il voulait qu’elle hérite du Val. Elle le ferait, se fiancer à son cousin âgé de seulement six ans, elle le ferait, pour le Val et même si cela lui brisait le cœur de devoir oublier le Jeune Loup. Elle ne put se rendre à Port Real pour assister aux funérailles et Lady Lysa rentra aux Eyrié presque sur le champ. Ashara se rendit alors aux Eyrié, mais la régente de fait ne parla pas du projet de Jon, refusant de recevoir sa nièce et la bloquant aux Portes de la Lune. Bien sagement, elle rentra à Roche aux Runes, car en l’absence de Jon et d’une quelconque preuve de sa volonté de lui voir prendre le pouvoir, que pouvait-elle faire d’autre qu’accepter la souveraineté de sa tante ?

Et puis un jour, près de six mois plus tard, une missive arriva à la Forteresse des Royce…

Sous ses yeux s’étendait la baie des crabes, depuis la tour où se trouvaient ses appartements, elle pouvait même voir Vieux Havre lorsque le temps le permettait. Mais ce matin là, seulement la brume, épaisse, brouillant l’horizon et le pied des remparts. La mer elle-même restait invisible, mais pas muette pour autant. Ashara pouvait en entendre le ressac et en sentir les embruns salés sur le visage, elle ferma les yeux le temps de graver ce souvenir à jamais dans son esprit. Ses affaires étaient rangées, comme la missive ne précisait rien, elle avait préféré voyager léger et donc n’emporter que deux malles de vêtements et une malle pour ses autres effets. Et pourtant, au fond, elle savait qu’elle ne partait pas pour quelques semaines seulement elle savait que c’était son dernier voyage.

Elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit, partagée entre le chagrin de quitter cet endroit et la fierté de rejoindre la forteresse des Rois de la Montagne et du Val. Aux Eyrié, il n’y avait pas la mer, ainsi ne sentirait plus jamais les fraîches vagues d’écume lui caresser les pieds et les chevilles. Tout cela lui manquerait certainement, mais elle aurait la haut, plus près des étoiles et de la lune l'occasion de mettre en œuvre ses ambitions. L'orgueil d'appartenir à cette maison qui s'élevait depuis toujours plus haut que l'honneur, le sang qui coulait dans ses veines était celui de ses hommes qui avaient forgé la région. Elle aurait accourut si seulement la missive de Lady Lysa n'avait pas été aussi soudaine et autoritaire, après seize années de froide courtoisie entre l’épouse de Jon et sa protégée. Sans une invitation aux obsèques de l’estimée et regrettée Main du Roi, alors qu'elle aussi faisait partie de cette famille et était l'héritière des Eyrié après son fils. Elle aussi l’avait pleuré et avait prié pour lui. Jon avait été, depuis toujours bien plus chaleureux avec Ashara que son épouse et cela, elle n'était pas prête de l'oublier, pas plus que l'affront de lui ordonner de venir sans lui dire pourquoi et sans même un mot amicale. Mais la jouvencelle savait depuis toujours combien son père était important, qu’elle était une femme de grande lignée et que si sa tante la rappelait à ses côtés en ses heures sombres, c'était certainement pour accomplir de grands desseins.

Ashara en était persuadée, prise entre la peur de ce qu’il adviendrait d’elle et la hâte de connaître son destin désormais tracé. Elle avait d’abord pensé à un meurtre, mais comment couvrir cela pour la régente des Eyrié, non, il s’agissait plus probablement d’un mariage. Mais il y avait fort à parier que Lysa ne respecterait pas les dernières volontés de Jon en la mariant à Robert, non elle l’enverrait loin, très loin. Car il semblait évident depuis toujours qu’elle la haïssait parce qu’elle était aimée de tous contrairement à la vieille folle de Tully, et aussi, depuis la mort de Jon Arryn, qu’elle voulait garder le Val et le pouvoir ainsi que son fils pour elle. La brune s’était néanmoins calmée depuis l’affolement des premiers jours, mais l’angoisse persistait, lui brûlant les entrailles, l’empêchant de se restaurer correctement, lui prenant toutes ses forces. Et pourtant elle devait se reprendre et vite, car le temps d’arriver, une semaine environs, et elle devrait être plus que jamais alerte, autant que les mercenaires recrutés spécialement pour l’occasion.

Dans la cour de la citadelle, la caravane était sur le départ, et elle bien déterminée à faire honneur à son père et à son grand père, deux hommes, deux maisons, une seule loyauté : le Val. On l'aida à monter sur son magnifique palefroi gris pommelé nommé Honneur. Un grand cheval fougueux et puissant qui renâclait en secouant la tête et sa longue crinière argentée. Il ne fit aucun écart, ni ne bougea avant qu’elle ne le lui ait commandé, excellente cavalière elle avait rapidement appris à s'en faire respecter et aimer. Une flopée de gardes à ses côtés, ainsi que ses Dames de compagnie et quelques domestiques, elle quitta la forteresse et s’en alla pour retrouver le lieu de sa naissance. Elle rentrait donc enfin chez elle, oh elle s'était toujours sentie chez elle à Roches Aux Runes, mais elle était une Arryn et une Arryn devait vivre sur la montagne. Jon était mort et Lysa la rappelait aux Eyrié, après l'avoir ignorée pendant des années... Pour qui se prenait-elle donc pour la convoquer ainsi sans explication ? Rumina la belle, dardant son regard acéré de Faucon Blanc droit devant. Sans plus se retourner elle prit la route vers son destin.

Pour le Val ! Ashara est prête à tout pour le Val d’Arryn, pour sa Maison, pour sa région et pour son peuple, qu’elle place au dessus de tout, même de la Couronne. Prête même, à oublier son rang, son nom et sa devise, à faire une croix sur son honneur, son devoir et ses principes. Pour le Val, elle peut faire preuve d’une immense cruauté et d’un sens aigu du calcul, jusqu’à vous poignarder dans le dos si cela s’avère nécessaire, dans l’intérêt général, dans l’intérêt du Val, dans l’intérêt des Arryn. Pour le Val, elle serait prête à sacrifier la moitié de la planète s’il le fallait, et certains des siens, même ceux qu’elle aime, même ceux qu’elle pleurera toute sa vie, si cela sert un dessein plus grand, son dessein, elle n’hésitera pas. Pour le Val, elle sacrifierait jusqu’à sa vie si elle pensait qu’un autre Arryn est aussi capable qu’elle de gouverner, mais au fond, elle seule peut incarner la grandeur, la puissance, la réussite, l’invincibilité et la beauté de son fief. Des Montagnes, hautes et froides, inaccessibles, aux Vallées, riches, généreuses et douces. De la Lune, blanche, intouchable et lumineuse au Faucon, aiguisé d’œil et de serre, vif et majestueux qui, tout comme elle quand la colère la gagne, vous perce les tympans de son cri suraigu.

Car oui, si une chose la distingue bien des ladies habituelles, c’est son orgueil, il vole avec les ailes du Faucon, aussi haut que l’honneur. Insultez là, mettez en doute sa parole ou son nom et voyez son courroux exploser comme un volcan, non de feu mais de glace dont les cristaux pointus vous transpercerons de toute part. Elle n’a pas à se tenir comme une Dame devant les gens de rang inférieur, elle n’a pas à leur faire des courbettes et à son montrer calme et doucereuse, et encore moins gentille et magnanime. Pour eux elle est Lady Ashara Arryn et qu’ils ne pensent pas une seconde que parce qu’elle est une femme, elle se laisserait marcher sur les pieds, ils lui doivent respect et loyauté, et l’obtient autant par son courage que par son autorité. S’il est bien une chose qui la met hors d’elle c’est qu’on lui manque de respect ou qu’on manque de courage, contradiction dans tout cela puisqu’elle déteste qu’on la contredise autant qu’elle aime qu’on lui soit de bon conseil, disons qu’en la matière il faut savoir les lui donner. Mais avec son grand attachement à l’ordre établi et les rangs, elle évitera toujours de contredire un capitaine devant ces hommes, son époux, le Roi et la Reine, à moins qu’elle y soit contrainte, par devoir ou par respect. Rarement par fierté, qu’elle est capable de mettre dans sa poche avec les gens qui lui sont supérieurs.

Elle tient la noblesse, la sienne tout particulièrement, en très haute estime, mais elle est très consciente qu’il existe, chez les nobles comme chez les roturiers des gens retors et indignes de leur rang. Néanmoins, pas question pour elle de bouleverser l’ordre établi, la société repose toute entière sur le principe de vassalité et si on le met en péril, tout s’écroulera et les petites gens n’auront plus de but ni d’exemple à suivre. Elle a aussi beaucoup de respect pour les hommes qui se battent et risquent leur vie pour la protéger, les guerriers, qu’ils soient Chevaliers ou non, et elle apprécie autant chez elle que chez les autres le courage, la loyauté, la force et la détermination. Aussi, si elle peut se montrer rancunière à outrance dans certains cas, toujours très exigeante avec elle-même et avec  les autres, c’est une femme fidèle et douce qui sait être attentionnée et compréhensive dans bien des cas. Ashara est gentille et douce, posée et bien éduquée, cela va sans dire, mais sa nature fière en fait quelqu’un d’assez lunatique, une seule chose est claire, elle sait qui elle est et n’est pas prête à courber l’échine devant n’importe qui. Elle déteste la lâcheté et la bêtise, mais aussi l’impudence chez les gens de basse extraction et l’impudeur chez les nobles, alors imaginez ce qu’elle pense des arrivistes et des bâtards, ou encore des incestueux Targaryen. De par ces principes, elle entretient pour tous ces gens une aversion irraisonnée.

Ashara a toujours une réplique cinglante pour remettre les impertinents à leur place, elle peut-paraître hautaine et froide, mais c’est surtout parce qu’elle estime que son rang l’oblige à se placer en figure d’autorité. Elle doit incarner la perfection valoise, et la justice, et elle est parfaitement intolérante et injuste envers ceux qui, pour elle ne l’incarne pas. On doit l’aimer, l’apprécier et la respecter pour ce qu’elle est, mais aussi pour ce qu’elle fait. C’est aussi l’armure d’une enfant qui a grandit sans son père et sans sa mère et qui, malgré tout ce que lui ont donné les Royce, s’est souvent sentie perdue dans le monde d’hommes dans lequel elle a été parachutée très jeune. Forte et intelligente, elle est doute beaucoup et met souvent du temps à prendre des décisions, mais elle se montre très sûre de sa capacité à gouverner et convaincue qu’elle est la mieux placée pour défendre les valeurs du Val. Valeurs qu’elle respecte pour son pays et sa famille, mais pas nécessairement pour tout le monde et dans tous les cas.

Mais au fond il y a véritablement deux Ashara, une publique et une privée. Il faut du temps, de la patience et de la douceur pour connaitre la seconde, mais elle est douce aimante et généreuse. Bien moins froide et parfaite, plus expressive et passionnée, plus humaine au fond. Elle est gentille et moins exigeante, car par amour des siens, elle peut oublier quelques instants ses principes et montrer ses véritables sentiments.

Ashara est de taille moyenne, environs 1m65, plutôt svelte, elle pèse dans les 50kg, elle a de petits pieds, des attaches fines et des ongles longs et toujours entretenus. Elle possède une belle poitrine et une taille d’une finesse exceptionnelle. Des formes déjà très féminines malgré son jeune âge qu’elle assume parfaitement consciente qu’il est temps pour elle de trouver un époux, mais qu’elle ne montre pas à n’importe qui et n’importe comment. Ces grands yeux d’un bleu profond sont très expressifs. Ses longs cheveux bruns soulignent la finesse de ses traits et la clarté de sa carnation. Ils descendent jusqu’à une chute de rein vertigineuse. Elle a la bouche gourmande d’une jouvencelle et ses hanches semblent aussi fertiles qu’on peut l’attendre d’une épouse. Elle possède ce charme rare et précieux de la jeunesse, celui d’une blanche rose en pleine éclosion. Sa peau de bébé au doux parfum de chèvrefeuille, ses mains graciles à la délicatesse indéniable, il est clair qu’elle porte en elle la grâce de la pure lignée Andale des Arryn. Son port altier, sa démarche féline et ses pas assurés ne font que rappeler qui elle sait être, digne héritière des puissants Premiers Hommes par sa mère et des Rois de la Montagne et du Val par son père.

Elle porte le plus souvent de riches robes et de somptueuses parures et fait attention à son apparence, autant par devoir envers son rang et son nom que par gout de l’esthétique et désir de plaire. Néanmoins, chez elle, les bijoux se font plus discrets, souvent en argent ou en or blanc qu’elle préfère à l’or jaune qu’elle trouve vulgaire. Elle porte des perles aux oreilles, un médaillon à la lune et au faucon, une petite chevalière écartelée des armes Royce et Arryn ayant appartenu à sa mère et parfois ses bracelets ciselé de runes et de motifs typiques du Val. Elle se maquille presque dès qu’elle sort, pas spécialement pour se montrer, mais c’est pour elle un déguisement, une sorte de masque derrière lequel elle peut accomplir son devoir. En effet, c’est une jeune fille expressive qui sourit beaucoup mais qui sait aussi servir un masque de froideur ou même de colère à quiconque le mérite. Elle sait dissimuler ses véritables émotions à ces ennemis, mais il lui suffit d’un moment d’inattention pour tout montrer tant son visage et jusqu’à ce qu’elle dégage change selon son humeur. Il est peu de monde devant qui elle s’incline, mais elle a l’art de doser ses hochements de tête et ses révérences en fonction du rang de la personne à qui ils sont adressés. Au millimètre près, elle ne se penche jamais trop, et jamais trop peu pour que se soit un manque de respect, même si elle prend un malin plaisir à jouer avec la limite.

Belle et forte, dotée d’un charme incomparable, elle déteste cependant qu’on la touche et garde ses distance, sauf quand la mission qu’elle c’est fixée implique un rapprochement avec des personnages de haut rang. Elle garde aussi une petite dague cachée dans ses bottes en cas de besoin et sait se servir d’un arc comme peu de femmes de sa condition, il suffit de la voir chasser pour s’en apercevoir.