Tout c’était déroulé si vite. Comme si l’horloge menaçante du temps avait trouvé judicieux d’accélérer la course de ses aiguilles pour mieux déstabiliser ses protagonistes. Il s’en était passé des choses en si peu de temps. Trop de choses. Et certaine encore trop sanglante dans le cœur du jeune prince pour qu’il puisse les évoquer avec un rien de recule. Et oui ça sœur c’était enfuit. Elle avait quitté Drogo… et l’avait quitté lui. Lui qui avait pris soin d’elle toute ses années, lui qui l’avait élevé et aimé comme un père… comme ce frère qu’il fût et qu’il serait toujours. Non. Non il ne pouvait se résoudre à accepter ce départ, dans la tête du jeune prince, la situation était claire, Daenerys c’était faite enlevé par ce moins que rien de Duran, comment avait-il osé ! Comment avait-il osé n’avoir ne serait-ce qu’un regard sur la beauté de SA princesse. Elle était à lui et à lui seul. Jamais il ne la cèderait à qui que ce soit. Pourquoi avait-il accepté de suivre les Dothraki sinon pour rester avec elle ? Sinon pour s’assurer qu’elle serait toujours là pour lui. Il restait le prétexte de trouver une armée pour soulever l’Usurpateur, mais dans le fond, il aurait souhaité ne jamais laissé Dany derrière lui. Alors tout c’était passé trop vite. La confrontation, la rébellion de la blondinette, l’intervention de l’autre raclure et le sauvetage séant d’Alyss.

Alyss… il ne l’avait rencontré qu’une fois pourtant ca avait suffit pour qu’elle vienne s’interposer entre Duran et lui. Pourquoi ? Pourquoi ? Personne n’avait jamais fait ça avant, enfin… sauf les catins et les serviteurs qu’il avait payé et jusqu’à présent aucun d’eux n’avaient eu à lui sauver la vie. Tous ses gens à sa suite n’étaient qu’une bande de menteurs, des menteurs, des ingrats, des… profiteurs ! Bande d’hypocrite bon à faire roussir au cœur des flammes du Dragon qu’il était. Pour qui est ce qu’ils se prenaient tous ? Pourquoi se trouvait-il soudainement défié ? Ca ne se passerait pas comme ça. Viserys avait promis de se venger et il le ferait, hors de question que tous ses félons s’en sorte indemne. La colère, la rage, la haine pure et viscérale, celle qui vous prend les tripes et les retourne, celle qui vous tord l’estomac et vous fait voir rouge, celle qui vous donne envie de tuer ! De massacrer, de voir… couler le sang à flot. Le prince était en colère et le mot colère était bien infime par rapport à cet affront qu’il ressentait au fond de son cœur… s’il en avait bien un.

Il avait été « contraint » de suivre Alyss jusqu’à Bravoos, accessoirement pour que la jeune femme retrouve sa mère, mais le Targaryen comptait bien y dénicher une armer pour se venger non seulement de Robert Baratheon, mais également de Duran. Il était passé sur cette liste noire où sont inconsciemment noté le nom des personne à abattre et si possible dans une marre de souffrance. Tandis que la barque accostait tranquillement à son quai, Viserys quitta prestement l’embarcassion avant même que celle-ci ne soit stabilisé et bien qu’il ignorait tout de la situation, ou du lieu où ils devaient se rendre, il engrangea la marche. Droit et silencieux, la blondine finirait bien par le rejoindre. Elle ne tarda en effet pas à le rattraper, et le jeune homme n’eu alors d’autre choix que de la suivre à contre cœur. Retrouver la mère d’une gamine, non mais qu’elle idée ! Qu’est ce qui lui avait pris d’accepté de la suivre comme ça sans condition ? Si seulement il le savait… il ne serait surement pas auprès d’elle à l’heure actuelle. Auprès d’elle et pourtant totalement absent. Son corps était là, mais son esprit était ailleurs. Incapable de se concentrer sur ses pas, il observait les édifices de la ville avec mélancolie et rancœur. L’envie de se saisir de son épée pour tout fracasser était forte, très forte, et pourtant tout ce que l’on pouvait lire sur le visage du prince c’était cet indescriptible dégout qui tordait ses lèvres et fronçait ses sourcils.

Le silence était lourd, pesant, tellement pesant qu’il aurait pu rendre la tension palpable. Personne ne parlait, personne ne se regarder. En effet Viserys ne prêtait aucune attention à la jeune femme qu’il accompagnait. En fait, non seulement il n’acceptait pas le départ de Daenerys, mais il digérerait encore moins le fait que ce soit elle… cette… cette… fille ! Qui l’ai sauvé du coup fatal de Duran. Sauvé par une femme… et une presque inconnue de surcroit. De quoi avait-il l’air maintenant ? Lui qui c’était juré prendre la tête de l’Usurpateur, comment pouvait-il avoir l’air crédible après avoir été sauvé de la mort par une malheureuse jeune fille ? Quelle honte… A cette pensée, le prince baissa soudainement la tête, l’envie de partir se terrer dans un trou était si forte qu’il du serrer ses poings pour s’empêcher de hurler soudainement sur la pauvre innocente qui n’avait rien fait. A présent, même les alentours de la ville ne l’intéressait plus, il suivait distraitement les pas d’Alyss en repensant aux paroles, lourdes paroles de son soleil. Ce regard qu’elle lui avait lancé avant de disparaître. Jamais il ne s’en remettrait. Trahis par sa propre famille… trahis… encore une fois.

Le trajet se poursuivit dans un silence de mort rythmé uniquement par les bruits de la ville jusqu’à ce que le duo se rende à un grand bâtiment. Là, Alyss demanda au prince de l’attendre à l’entrée pendant qu’elle recherchait sa mère. Et inutile de préciser que Viserys n’en fut pas fortement enchanté. Il écarquilla les yeux l’air parfaitement outré. Comment osait-elle lui donner des ordres à lui ? Comment osait-elle lui demander à lui de faire le poireau devant une porte ? Et puis pourquoi ne pouvait-il pas l’accompagner hein ? Finalement, il croisa les bras, haussa les épaules et détourna le regard dans un soupir de dédains… Qu’elle y aille seule, de toute façon il n’a pas que ça à faire lui et puis, il n’en a absolument rien à faire de cette histoire de famille disparu. Alors Alyss le laissa tout seul, et Viserys aurait volontiers pris la poudre d’escampette si un je ne sais quoi indicible ne le retenait pas à l’entrée de cette porte. Mais quoi ? Le prince grognait silencieusement, non mais pour qui elle se prend celle là ? D’abord elle joue les héroïnes ensuite elle lui donne des ordres ? Faut dire qu’elle a du caractère, c’est rare chez une demoiselle. Mais quand même… ca ne se passerait pas comme ça tous les jours ! Ca non !

Tandis que le jeune Targaryen patientait devant l’entrée du bâtiment en essayant d’imaginer ce qui pouvait bien se passer à l’intérieur, il fini par entendre des cris. Des hurlements même, et pas des plus anodins, d’ailleurs la voix qui s’échappait du bâtiment lui était très familière. Bah comme quoi elle non plus n’est pas très diplomate. Viserys entra donc dans le hall ou Alyss était entrain de se mesurer à sans doute plus fort qu’elle, ils étaient beaucoup à tenter de la maintenir et le prince l’espace d’une seconde se serait bien amusé de la voir emmenée dans un cachot après le scandale qu’elle avait déclenché. Mais dans un étrange élan de… compassion mal placé dira-t-on, le Prince parvint à tirer la blondinette de la horde qui tentait de la maintenir tout en l’attirant vers l’extérieur sans un regard pour les travailleurs. Une fois extirpé de là, Alyss continuait à maugréer. Alors ! Alors ! C’est embêtant hein de voir un membre de sa famille disparaître d’un coup n’est ce pas ???

« Tu ferais mieux de laisser tomber… je t’ai suivis comme convenue mais maintenant on à des choses plus importante à faire ! »

Oui… oui il savait parfaitement qu’Alyss n’abandonnerait pas… mais il s’agissait d’une sorte de vengeance personnelle pour pouvoir rediriger sa haine sur quelqu’un histoire de sortir un peu ce qu’il avait dans les tripes et qui refusait de sortir depuis la fuite de Dany. Comme il s’y attendait, Alyss, ne prêta nullement attention à ses propos et il fut a nouveau contraint de la suivre. Encore et toujours. Elle va durer combien de temps cette course poursuite ? Faut trouver une armée maintenant ! Et pourtant… Alyss de fort mauvaise humeur, traina le jeune prince dans une taverne du coin ou tout deux passaient une affreuse soirée, la blondine entrain de maudire le nom du Pirate qui avait visiblement enlevé -et probablement déjà tué- sa p’tite maman, et le jeune Targaryen, les coudes sur la table, la tête dans les mains, le regard blasé et agacé de la situation, qui ne pensais qu’à son armée et à rien d’autre. Une aura noire et haineuse planait au dessus de leur table, et tout deux était d’humeur exécrable alors aucune paroles de furent échanger… jusqu’à ce qu’Alyss déclara se sentir observer. Le Prince sortit de sa rêverie et détourna la tête à droite, puis à gauche, sans grande discrétion. Il avait également sentit le poids d’un regard, mais malgré tout, impossible de deviner d’où cela provenait. En même temps ils formaient à eux deux un duo assez atypique.

« J’ai eu cette impression aussi… mais personne ne semble regarder dans notre direction. Tu as du rêver ! »