Froidbourg était en effervescence ce matin, en fait elle l'était depuis que Lord Tywin avait fait savoir aux Yarwyck qu'il viendrait leur rendre visite quelques jours plus tôt. Vickon Yarwyck observait les serfs sans vraiment les voir, Tywin était maintenant à quelques heures de Froidbourg et tout serait prêt pour l’accueillir. Cela n'inquiétait pas Yarwyck, ce qui l’inquiétait en revanche c'était la raison de la venue du Lannister. Venait il passer des accords avec ses bannerets comme son frère le disait, où venait il mettre les choses au point avec ces faquins de Drox ? Vickon secoua la tête, il verrait bien. Et Raynald ne mit pas longtemps à voir non plus malgré le flegme de son frère :

- Ne t'inquiète pas, si Lord Tywin avait voulut nous sanctionner pour nos querelles avec les Drox, nous serions déjà morts. Heureusement que personne n'a fait couler de sang.

- Oui, heureusement. répondit Vickon en hochant la tête, se remémorant à quel point eux les les Drox n'étaient pas passer loin d'un pugilat.

Raynald, âgé de trois ans de plus que Vickon, avait passé son enfance chez la maison Crakehall. Très investit dans son rôle, il était doué d'un sens du devoir à toute épreuve. Malgré le fait que les deux frères s'entendaient bien, Vickon avait parfois l'impression de faire face à un étranger du fait de leur longue séparation, et il avait perçut la même impression chez son aîné bien que ce dernier semblait cerner de mieux en mieux son cadet. Vickon, lui, avait rapidement appris que son frère faisait peu d’erreur de jugement. Il avait peut être raison, deux bannerets qui se montraient les dents, ça pouvait passer, mais aucun seigneur ne tolérerait de deux de ses bannerets qu'ils s’entre-tuent. Et Lord Tywin n'est pas le suzerain le plus tolérant qui soit. Il devait avouer que même si il n'était pas particulièrement serein, son frère avait raison, Tywin n'était pas du genre à attendre des semaines avant punir un banneret. Chez les Lannister, les sanctions avaient tendance à être immédiates.

- Viens, lâcha son frère en se levant de son siège.

Les deux frères descendirent vers la Grande Salle, celle où aurait lieu le banquet. Comme son nom l'indique, elle était assez spacieuse, rien en comparaison de celle d'Harenhall lors de son âge d'or, mais assez spacieuse pour y loger les convives. Les tables avaient étés disposés en U, de manière à ce que les invités soient les uns faces aux autres. Les Yarwyck débouchèrent sur la cour où s'achevaient les préparatifs. L’étendard des Yarwyck, deux hallebardes croisées sur fond blanc et cernées de quatre losange rouge, flottait sur le corps de garde. Les écuries que Vickon avait fait réaménageait, pouvait maintenant accueillir un peu plus de chevaux. Tous ceux des visiteurs avec un peu de chance.

Une des choses que Tywin ne supportait pas, c'était la mésentente entre ses bannerets. Les disputes incessantes de la Maison Yarwick et la maison Drox portaient en dérision l'honneur de tous les bannerets des Terres de l'Ouest, mais aussi l'honneur des Lannister, et cela, Tywin ne pouvait le tolérer. Yarwick et Drox avaient besoin de savoir qui était réellement le Suzerain des Terres de l'Ouest. Mais ce n'était pas la seule raison de sa venue à Froidbourg...
La troupe qu'avait emmené Tywin avec lui dépassait les cent individus. Le vieux lion avait tenu à ce que l'accompagne lord Andros Brax, lord Roland Crakehall et lord Damon Marpheux, les trois bannerets en qui il avait une entière confiance. Tywin était aussi suivi d'une trentaine de gardes Lannister, d'un mestre, et bien sûr des gardes de ses bannerets.
"Monseigneur, la Maison Yarwick est une de vos maisons vassales les plus dévoués, peut-être qu'une attitude plus... magnanime s'impose..." Le mestre et son baudet se portaient à présent aux côtés de lord Tywin.
"Mestre Braddock, commença Tywin, malgré tout le respect que je vous doit, je suis en charge de la Maison Lannister, et les bannerets coriaces, comme ces Yarwick ou ces Drox, doivent comprendre que leurs disputes ne me rapporte guère d'intérêts..."
Le mestre se concentra alors sur sa chaîne, penaud.
Le vieux lion posa son regard sur le paysage alentour. Comme dans pratiquement toutes les Terres de l'Ouest, les collines, tantôt vertes, tantôt rouge ou jaune se succédaient telles les vagues sur les plages de Lannisport. Le vent soufflait et faisait bruissait les feuillages des rares arbres de la région. Le gravier de la route crissait sous les sabots des chevaux. Le ciel était d'un bleu sans nuage, on aurait presque put y plonger.
Au loin se discerna enfin les murs et les tours de Froidbourg. Rien de comparable à Castral Roc, ça non, mais la ville était tout de même bien protégée. Quand la suite de lord Tywin arriva devant les grandes portes de bois de FroidBourg, deux gardes portant le blason des Yarwick, deux hallebardes croisées entre quatre carreaux rouges sur champ blanc, ouvrirent les lourdes portes qui grincèrent.

La petite ville était calme, la population était attroupée sur les bords de l'avenue principale. Deux files de gardes Yarwick formaient un cordon pour éviter les accidents avec la foule. Tywin regardait les visages souriants des habitants, mais lui lui ne dessera pas les lèvres. Il avait désappris à sourire il y a longtemps de cela.
La centaine de cavaliers avançaient vers le castel de Froidbourg. Ils passèrent sous un arche de pierre où patrouillaient quelques gardes et arrivèrent dans la cour. Là attendait, entourés de gardes, lord Vickon Yarwick et à ses côtés un homme qui devait être son frère.
Tywin démonta et s'avança vers le jeune seigneur.

- Cavaliers en vue ! cria l'un des gardes de faction.

Il ne fallut guère plus de quelques secondes, bien que tout le monde se doutait déjà de leur identité, pour reconnaître un étendard arborant un fier lion d'or sur champ écarlate. Pas de pluie, un ciel sans nuage et donc un soleil rayonnant permit à Vickon d'identifier ceux que Tywin avait emmener avec lui. A commencer par la Licorne violette sur fond gris de la Maison Brax, venait derrière le sanglier de Crakehall sur champ marron puis enfin l'arbre brûlant sur champ de fumée des Marpheux. Vickon rejoignit son frère dans la cour de Froidbourg, où la majorité du fief hormis les hommes de gardes, se regroupaient pour accueillir Tywin et ses trois plus éminents bannerets.

L'attente ne fût pas longue car seulement quelques minutes s'écoulèrent avant que les portes du château ne cèdent la place au sire de Castral Roc et à son escorte. Les Lannister firent passaient leurs montures entre les cordons que formaient les gardes Yarwyck face à la foule, mais cette dernière n'eut pas la moindre réaction belliqueuse, tout sourire elle accueillait le vieux lion. Tout craint qu'il puisse être, Tywin était aussi aimé de beaucoup de gens. C'est grâce à cette aptitude à être à la fois aimé et craint qu'on reconnaissait les vrais chefs. Que vos sujets n'éprouve que crainte à votre égard, et vous ne pourrez les motiver que par la menace. Voir même, les plus courageux d'entre pourraient essayer de vous abattre. Trop aimé, proche d'eux et pas assez craint, ils oublieront votre statut de chef. Vickon apprécié beaucoup Tywin, son frère également de ce qu'il en savait. Quant à leur mère, quelques pas derrière eux, elle n'avait jamais montrée ni admiration, ni dédain à l'encontre du Lannister.

Si Tywin remarqua les sourires des habitants attroupés devant l'entré, il n'y répondit pas. Certains disait que l'homme ne savait plus sourire depuis des années. Il immobilisa son cheval à trente pas des Yarwyck, démonta et confia les rênes à un page avant de s'avancer vers Raynald et Yarwyck. A l'approche de Lord Tywin, les deux frères, imitaient par leur suite, leurs gardes et les serfs mirent un genou à terre. Dans un silence où seul les pas de Tywin Lannister se faisaient entendre, ils attendaient la permission de se relever.

Les membres et les proches de la Maison Yarwick s'étaient agenouillés à l'approche de Tywin. Le vieux lion imposait respect et crainte chez ses bannerets.
Lord Vickon Yarwick était d'une jeunesse époustouflante. Lorsque son père, Othell Yarwick, autrefois sire de Froidbourg, avait été envoyé au Mur, le jeune Vickon avait été obligé de prendre les rênes de la maison Yarwick. Tywin, au début, avait des doutes sur les capacités à gouverner de ce petit jouvenceau, mais son habileté au combat et son sens de la stratégie assez développé avait convaincu Tywin. Désormais, la puissance des Yarwick n'était pas contestable, bien qu'elle ne vale celle des Crakehall ou celle des Tarly. Mais au niveau diplomatique, le sire de Froidbourg avait des choses à apprendre.
Tywin fit un signe de main vers les hommes et les femmes agenouillés devant lui afin qu'ils se relèvent. Ils s'éxècutèrent. Tywin se retourna vers la troupe qui le suivait et qui commençait à démonter.
"- Lord Andros, lord Damon et lord Roland, je ne doute pas que Lady Yarwick vous trouvera de quoi dormir pour cette nuit. Dites à vos hommes de coucher dans les écuries.
- Bien, Messire, répondirent de concert les trois concernés."
Tywin posa alors ses yeux verts pailletés d'or sur lord Vickon.
"J'aimerai vous parler... Seul à seul."
Tywin avait prononcé cette phrase en se rapprochant de près de lord Yarwick afin que le reste de ses gens ne perde pas le respect qu'il devaient au jeune lord. Tywin, cependant, avait prononcé cette phrase sans chaleur aucune dans la voix. Il était impératif que ce jeune homme comprenne que les bannerets de lord Tywin Lannister ne se comportait pas comme des enfants de douze ans. Tywin n'avait d'ailleurs pas hésiter avant d'envoyer un petit message à la Maison Drox, le même qu'il avait envoyé à une certaine Maison de Belle-Ile, une... chanson...

Un signe de main de Lord Tywin intima l'ordre aux Yarwyck de se relever. Raynald et Vickon furent les premiers à ce relever, suivis immédiatement par leurs gardes. Quant à leur mère, ils la virent s'écartée pour accueillir les trois Lords qu'avaient amenés le Lannister avec lui. Alors que les arrivants semblaient organisés leur campement, Tywin s'avança à la rencontre des fils d'Othell Yarwyck. Mais à la surprise de Vickon, Tywin s’arrêta devant lui et le fixa son regard dans celui de Yarwyck.

- J'aimerai vous parler... Seul à seul. annonça Lord Tywin.

Sa voix se faisait calme, basse mais froide. Il avait parler, et cela était bon signe, de manière à ce que seul Vickon l'entende. Mais malgré tout le respect que Vickon avait pour son suzerain, il ne lui ferait pas le plaisir d'afficher la moindre peur sur ses traits. Calme, le jeune Yarwyck hocha la tête :

- Bien, monseigneur, dit il en ouvrant la marche vers l'entrée du Castel. Le Lord sur les talons, il traversèrent la Grande Salle et montèrent à l'étage dans une petite salle d'arme.

Un sergent était présent et salua les deux hommes, non sans tiquer légèrement sur le vieux lion. Il eut seulement besoin d'un signe du montant vers la porte pour comprendre que Vickon avait à parler seul à seul avec Tywin. Et si il était assez perspicace, il comprendrait même le sujet de la discussion, car il avait accompagné Vickon contre les Drox. Vickon ferma la porte derrière lui alors que les pas du sergent s'éloignèrent. Le jeune lord se tourna calmement vers Tywin, il savait déjà que le sire de Castral Roc lui rappellerait une certaine chanson largement connue dans les terres de l'Ouest...

Bien, monseigneur.
En prononçant cette phrase, lord Vickon Yarwick affichait un air calme et résolu, peut-être confiant. Tywin préféra avoir un Lord en face de lui qu'un petit chiard craintif. Vickon était le digne fils de son père, au moins pour le côté positif.

Le jeune maître de Froidbourg se dirigea vers l'entrée du castel, à grandes enjambées. Tywin le suivit.
La petite ville des Yarwick était belle. Les pierres des petites maisons étaitent parfaites, sans craquelures ou fêlures. Les ouvriers du jeune lord devait souvent s'occuper de l'entretien des habitats. De petits serpents gris de fumées sortaient des cheminées. Le petit castel n'était pas grand, mais imposait tout de même sa présence. Les grandes banderoles aux hallebardes croisées flottaient au vent comme les douces vagues des rivages de Port-Lannis.

Ils arrivèrent dans la Grande Salle. Elle était vide. Ils montèrent une volée de marches et arrivèrent alors dans une petite pièce qui devait être une salle d'arme. Un sergent au teint cireux et aux joues creuses se tenait déjà là. Il jeta un regard sur les deux seigneurs, non sans surprise.
Lord Yarwick fit un geste de la main vers la porte de la pièce et le sergent sortit. Tywin pouvait parler.
Lord Yarwick, votre guerre intestine avec les Drox m'a... dérangée. Au lieu d'engager les hostilités avec les Drox, vous auriez dû m'envoyer un corbeau. Les Drox se sont montrés impudents et irrespectueux de vous attaquer, mais vous avez répondu par la violence. Vous auriez dû faire appelle à moi.
Tywin se tut alors pour attendre la réponse de lord Vickon.