Un messager s'était présenté ce matin à l'auberge de l'Anguille Verte. Bien qu'il se faisait passer pour disparu auprès de tous tant la vie de fils de Lord l'ennuyait à mourir, Elwyk avait gardé contact avec Olaf, l'un de ses plus fidèles amis, qui lui jura de garder secret son départ prémédité et de l'informer des divers événements des Sept Couronnes. Parti à dix sept ans, voilà déjà dix années qu'il était en exil en Essos.

Il avait fuit le fief de son père un soir sans Lune, en direction de Blancport, accompagné seulement d'Olaf, traversant une petite partie du Neck en avançant vers l'est, passant obligatoirement par les Tertres. Capuchonné, s'étant laissé pousser la barbe sur le chemin, Elwyk était difficilement reconnaissable, surtout vue la maigre popularité de sa maison qui demeurait très méconnue même pour les autres maisons du Nord. « Calme, discret, immobile », telle était la devise des Moss, ce à quoi ajoutait généralement son seigneur de père « Comme la mousse des marais qui nous a donné notre nom », et Elwyk de chuchoter « Comme la mort, plutôt... ».

Aussi cette vie linéaire n'en voulait il pas, malgré l'affection qu'il avait pour son père et ses gens, Elwyk souhaitait voir Essos, les Cités Libres, Braavos et son colosse, Pentos et son majestueux Temple Rouge, Myr, d'où venait ce fameux chevalier à l'épée enflammée s'étant illustré lors de la rébellion Greyjoy l'année de son départ, puis Tyrosh, Lys, Volantis... Il y consacra dix années de sa vie, s'engageant comme mercenaire pour gagner sa croûte, écumant tavernes et bibliothèques, bordels et temples.

S'il n'aimait pas autant la bonne chère, la compagnie des putains et les pugilats, il aurait certainement été mestre. Elwyk adorait plus que tout apprendre, l'Histoire, la nourriture, les différents styles de combat, les langages, c'était un véritable gouffre à savoir et ce dès son plus jeune âge. Seules les manières pompeuses de la cour éprouvaient en lui un ennui colossal, au grand dam de son père.

A ses vingt-cinq ans il entama le chemin du retour, il voulait revoir Braavos. Il aimait l'odeur des quais, le mystère des Sans-Visages, les maisons grises, les spadassins au style de combat spectaculaire. Depuis son départ, plusieurs événements secouèrent les Sept Couronnes, comme la mort de la main Jon Arryn, la preuve d'adultère de la Reine Cersei, ou encore la mort de son lion de père Tywin Lannister... Rien qui ne lui donnait vraiment envie de revenir.

Mais après deux autres années à vivre sans soucis ni préoccupations à Braavos, un messager envoyé par Olaf lui remis une nouvelle lettre. Bien que totalement détaché de la vie des Sept Couronnes, Elwyk aimait toutefois se tenir au courant, peut être à cause de la nostalgie, du mal du pays, ou, en cas d'énième bataille, pour se rassurer d'avoir bien fait de partir, il n'en était pas certain. Toujours est-il qu'il l'ouvrit immédiatement.

« Mon Seigneur ton père est souffrant, mestre Galwyn n'est pas optimiste. Les Dieux ont été cléments de faire en sorte que tu sois encore à Braavos. Je serai à Blancport pendant un mois, pour attendre ta réponse, ou ton arrivée, à toi de voir. Les Dieux te gardent mon ami. Olaf. »

« Si les Dieux étaient cléments ils ne me forceraient pas à rentrer... » pensa Elwyk. Il sauta directement dans un navire marchand en direction du plus grand port du Nord et passa dix-sept jours en mer. A son retour, après de chaleureuses retrouvailles avec son ami de toujours, ils retournèrent au fief des Moss. A leur arrivée, cela faisait déjà deux jours que son père n'était plus.

Le premier trait que l'on remarque chez Elwyk est sans doute sa jovialité, il rit souvent, se lie d'amitié rapidement et sait même parfois mettre le mot sur la situation pour déclencher l'hilarité. Le problème, c'est que ce détachement des réalités le suit partout, même au combat ou pendant un siège, il parle et agit comme s'il ne se passait rien de grave. D'aucun dise de lui que c'est un lâche qui cherche à fuir les problèmes, mais il veut avant tout profiter du monde et non pas mourir sans être sorti des Tertres.

C'est aussi quelqu'un de studieux, il est lettré, presque érudit et aime la compagnie des vieillards car ils sont « bourrés d'histoires ». Ce qui contraste totalement avec une autre facette de sa personnalité, son extravagance. Il adore boire, chanter complètement ivre, visiter les bordels, déclencher des bagarres dans les tavernes, ce qui le rend parfois totalement irresponsable.

Bien qu'il fut mercenaire et qu'il adule le pugilat en fin de soirée, il n'est guère belliqueux, ne serait-ce que par sa carrure plutôt maigre et sa taille assez modeste. Il est de ce fait loin de pouvoir rêver à briller en tournoi, même s'il sait se défendre grâce aux enseignement du maître d'armes du fief ainsi que des cours auprès des spadassins de Braavos qu'il a suivit. En clair, s'il peut éviter le combat, il le fera, mais s'il n'a nul autre choix, il n'ira pas ramper vers les buissons.

Il a une espèce de courage inconscient, se croyant parfois dans les chansons, ce qui lui valut quelques balafres en Essos... Cela part également de sa croyance personnelle, à savoir que les Dieux ont depuis longtemps écrit le cours des choses et qu'ainsi, qu'il se cache ou qu'il combatte, il mourra exactement quand il devra mourir.

Au niveau politique, c'est quelqu'un de fidèle. Il a certes fui ses responsabilités étant jeune et ne s'est nullement pressé pour rentrer, mais parce que son père était encore lord. Maintenant qu'il est en charge, il sait bien qu'il devra exercé son devoir de vassal. Comme beaucoup de nordiens, il considère le Nord comme à part, surtout après avoir vu les Cités Libres.

Elwyk est né en 272, ce qui lui donne aujourd'hui vingt-sept ans. Il porte ses cheveux blonds et emmêlés jusqu'aux épaules, qu'il ne soigne d'ailleurs que rarement. Une moustache et un bouc hirsute lui dévore le visage, lui donnant l'allure d'un sauvageon et, surtout, dix ans de plus. Un nez fin assez long, des yeux verts, une mâchoire carré, voilà le portrait du fils de lord Moss, avec lequel il partage les traits et la couleur de ses yeux, sa blondeur étant un cadeau de sa mère.

Bien que petit, environ un mètre soixante dix, il est large d'épaules, assez trapu, récompense de ses années en tant que mercenaire. Ce ne fut pas leurs seuls cadeaux d'ailleurs, en témoigne les nombreuses balafres plus ou moins grandes, plus ou moins larges, lui couvrant le corps. L'une d'elle est tellement imposante qu'on se demande comment il n'a pas perdu le pied gauche.

Il porte généralement des habits de couleur verte ou grise en hommage aux armoiries de sa maison. En Essos, il s'agissait de tuniques légères, généralement en lin, ouvertes jusqu'au bas du sternum, accompagnées de pantalons tout aussi légers. Maintenant de retour dans le Nord, il troquera certainement ces vêtements par de lourdes pièces de cuir bouillit ou clouté, par dessus lesquels de grandes capes de peaux d'ours ou de loups viennent réchauffer le tout. Il rechigne d'ailleurs à devoir s'habiller en « damoiseau de cour » comme il les appelle, préférant les pièces confortables ou pratiques.

Au combat, il privilégie les postures souples, rapprochées, se battant à l'aide d'une épée courte et d'une rondache, sorte de mélange entre le style Braavosi et Westerosien. Il apprécie aussi le maniement de l'arc auquel il préfère cependant les haches de jet.