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[Lys] Baptème du sang

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MessageSujet: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime27.01.14 22:59

Ayael était captivée. Dire qu’elle était émerveillée aurait été un mensonge, la ville qui s’étalait autour d’elle n’avait pas que du « merveilleux », mais il est toujours fascinant de découvrir des choses que l’on ne connaît pas. À ce niveau là, Ayael n’avait que l’embarras du choix. Quittant très rarement son palais, chaque sortie devenait une aventure pleine de nouvelles odeurs, de nouvelles couleurs. Parfois elle faisait arrêter son palanquin pour regarder de plus près une curiosité qu’elle croisait en chemin. Il était rare qu’elle en revienne pas encombrée d’une babiole sans valeur mais qu’elle trouvait belle. Ou étrange. Elle ne croyait pas aux boniments des vendeurs sur les propriétés magiques de certains objets, mais elle se laissait parfois tenter juste par le charme mystérieux et exotiques qu’ils dégageaient. La beauté des choses est là où on le veut.

En bref, c’était encore une merveilleuse journée pour Ayael. Elle n’avait pas eu de crampe ou de douleurs articulaires depuis ce matin, et elle avait l’occasion de sortir pour négocier une future cargaison. Elle était tout excitée à l’idée de voir la mer. Bien entendu, elle n’était pas encore prête à grimper sur un navire (et puis, ça tangue ses choses là !), mais elle allait se rendre dans la demeure du riche seigneur près de quais. Un petit détour s’imposait. Le respectueux marchand souhaitait faire transporter sa marchandise à moindre frais vers Westeros. Son rôle consistait donc à jouer les ingénus jusqu’au moment fatidique afin qu’il paye un maximum sans avoir l’impression de se faire rouler. Les subtilités des négociations…

Ponctuelle, Ayael arriva bien avant l’heure prévue. D’une part, elle ne désirait pas arriver en retard, d’autre part, elle avait volontairement précipitée son départ afin de savourer un moment l’horizon.

Faisant fi de l’avis d’Anora, Ayael sortie donc précautionneusement de son palanquin et s’avança vers le bord pour admirer le paysage. Malgré les dockers qui semblaient de très mauvaise compagnie, le panorama était splendide. Cette mer bleu et calme qui s’étendait à perte de vu, montée par ces immenses bateaux qui, aussi insignifiant soient ils face à l’océan, semblaient vouloir le dompter.

Elle était en pleine médiation quand elle se fit hélée par un des travailleurs du port. Ne comprenant rien à son baragouinage de salutation elle se tourna vers lui et lui offrit un regard candide en demandant sans aucune animosité :
« Plait-il ? »

Celui-ci la regarda avec un œil circonspect et énonça une vérité absolument frappante : « z’êtes pas du coin vous… »

Ayael ne savait pas trop quoi répondre face à cette affirmation, mais là n’était pas la question. Comme toute personne qui n’a jamais été confronté qu’à des gens de bonne famille, elle n’avait pas eu le réflexe de dissimuler sa richesse ostentatoire aux abords des gens du commun. Gravissime erreur quand on sait que certains sont prêt à tuer pour une pièce d’or… Alors un collier en argent incrusté de saphirs… Rien que la soie de ses vêtements valait une fortune. Comprenant son erreur, Ayael s’esquiva sans plus tergiverser pour retourner auprès de ses gardes. Certes ils étaient un peu gras, mais au moins ils savaient se battre, c’était toujours ça de prit.

Le convoie reprit tranquillement sa route, du moins c’est ce qu’elle croyait. Alors qu’ils avaient repris la marche depuis une dizaine de minute, ils furent encerclés par une bande de malotrus qui exigèrent qu’on leur donne toute richesse sur le champ. Ayael se serait bien exécutée mais ses gardes furent trop prompts et ils se lancèrent dans la bataille. Paniquée Anora sortie en catimini et s’élança dans les rues pour aller cherchait de l’aide. Ayael quand à elle, se demandait quoi faire. Finalement elle décida de sortir pour jeter un œil à ce qu’il se passait – rien n’était plus frustrant de n’avoir que des échos lointain – et la situation ne lui plut pas du tout. Les hommes étaient beaucoup plus nombreux que prévu et ils semblaient décidés à en découdre.

L’idée de partir en courant ne lui effleura pas l’esprit : vu l’inégalité des sols elle avait plus de chance de mourir en trébuchant que transpercé par ses bandits.

Etait-elle paniquée ? Sûrement, ses yeux allés et venaient de ses gardes aux travailleurs, espérant que ses hommes triomphes et cherchant quoi faire. Malgré tout, elle restait immobile et silencieuse – criait n’aurait servi à rien, et puis en plus s’était fatiguant. D'un autre côté, l'idée de mourir là maintenant, si soudainement et promptement lui paraissait invraisemblable. La situation de danger immédiate était réelle, mais mise à part son rythme cardiaque qui avait accélérer, on ne l'aurait pas deviné. C'était pourtant une tempête qui s'agitait derrière le visage de marbre de la jeune femme ? Que dire, que faire ?

Il lui fallut plusieurs longues secondes pour recouvrait son calme mais bientôt son esprit s'apaisa : négocier. Voilà ce qu'elle savait faire, ce qu'elle devait faire, et ce qu'elle allait faire. Paniquer ne servait à rien si ce n'est à la rendre bredouillante et ridicule.

La seule chose qu’elle réussit à articuler lorsque le dernier de ses hommes tomba fut un « Fichtre » tout à fait convainquant. Désormais seul avec le cadavre de ses deux Immaculés trop gras et des porteurs à ses pied, Ayael tenta de paraître la moins menaçante possible – en même temps vu sa taille ce n’était pas difficile – et déclara ce qui lui sembla être une accroche satisfaisante.

« Avant de m’occire, serait-il possible de converser un peu ? Songez qu’il est vain de me malmener, je suis bien plus raisonnable que mes gens, et que je suis tout à fait disposé à parlementer avec vous. »



Dernière édition par Ayael Zathrian le 28.01.14 21:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.01.14 1:49

Dissimulé derrière une cape noire intégrale et d’une capuche couvrant jusqu’à sa vision, à la manière d’une ombre ou d’un assassin, on ne pouvait voir sa main posée sur le pommeau de son épée.

Son autre main, nul ne saurait dire.

D’une démarche légère, silencieuse, il passait comme en coup de vent dans les ruelles de la majestueuse Lys. Par le passé, cet homme avait longuement arpenté ces passages étroits pour rompre son exil. Et pourtant, l’identité de ces murs semblait s’être modifiée, comme par effacement. Ou peut-être était-ce la prudence qui tenait en alerte l’individu.

Privilégiant l’invisibilité à la foule, il se permettait quelques voies détournées avec agilité et force. Son ascension prit de l’ampleur, lui offrant une vue inaccessible. Le marché était à son heure de pointe. Beaucoup d’anonymes. Parfois quelques nobles bien gardés. Dans son esprit se dessinait le tracé à privilégier, pour une insertion en ville sans encombre. Et une sortie tout aussi aisée. Issues parfaitement identifiées, allées aventureuses, tout avait été finement passé au peigne fin. Rien ne devait être laissé au hasard. L’enjeu était d’importance prioritaire à chaque seconde. Même si sa présence ici était tout à fait inexistante.

Afin de ne pas attirer plus l’attention, l’ombre perdait de l’altitude soigneusement jusqu’à pouvoir rejoindre un chemin déserté, poursuivre ses reconnaissances était son obsession et il s’y attachait méticuleusement. Lys était le parfait endroit pour les larcins et œuvres de ce genre. Des richesses à chaque vue, la tentation de commettre le vice, malgré une présence parfois accrue de soldat.

Son excursion le mena enfin sur les quais du port, où il se devait de s’assurer que le bateau qui l’y avait amené était bien reparti. Même si l’ordre de discrétion avait été donné d’un haut dignitaire, il savait trop bien qu’aujourd’hui les allégeances sont éphémères. Il ne levait que très peu les yeux. Il ne fallait croiser aucun regard.

L’espace d’un infime instant, il avait tourné la tête vers un convoi du même type que ceux vus en ville. Le genre de personnalité riche et prudent. Et aussi immature, car s’aventurer sur des quais ainsi présentée lui apporterait sans doute des ennuis.

Ce n’était d’ailleurs pas son embarras, il ne semblait pas avoir été vu par la garde et après tout il ne faisait que passer sans intérêt. Plus loin maintenant, il remerciait un des missionnaires qu’il avait brièvement chargé de l’avertir en cas d’infraction du capitaine. Pas de dialogues inutiles, l’or était le meilleur langage pour s’assurer le confort et la rapidité d’une prestation.

Toujours en mouvement, il quitta les lieux par une voie dérobée où s’affairaient de sales travailleurs. Il empruntait des rues nouvelles, des chemins non exploités encore ou là où on ne l’avait pas encore vu. Une règle simple mais nécessaire. Néanmoins, ses responsabilités avaient été remplies et le temps ne lui était pas compté pour le reste de la journée. Elle saurait faire sans son aide. Elle était un fantôme et sa protection était assidument assurée. L’agencement de la ville et de l’étroitesse de son centre permettait quelques exercices à ce protecteur mystérieux. Il s’était passé tellement d’années depuis ses dernières escapades aériennes de ce genre. Son corps n’avait plus l’habitude mais il avait gardé nombres d’aptitudes physiques pour se le permettre. D’autant plus que les écarts n’exigeaient pas de lui d’extraordinaires bonds.

S’éloignant du centre et retrouvant le calme et le silence des longs et grands chemins, il stoppait sa progression depuis un toit, prenant appui sur une large cheminée. Son regard se portait là où ses oreilles avaient entendu le doux bruit du fracas de l’acier. Plutôt étonnant au vu de la proximité de l’endroit par rapport au noyau de la cité. Règlement de compte ? Bagarre d’ivrogne ? Mutinerie ? Il n’avait plus les yeux de vingt ans pour se faire son opinion et retrouvait la terre avec prudence et quiétude. Avec soin, il se rapprochait sans être vu. Tout portait à croire à une embuscade de brigands. Le noble qui s’aventurait trop loin de sa zone de confort. Immature. La personnalité visée, il ne pouvait pas encore la voir. Juste sa garde tomber en poussière. Quel riche aurait une garde personnelle au rabais ? Ou plutôt quelle riche.
Il se souvenait maintenant. Sur les quais, les même couleurs de la soie. Ce détail. Qui d’autre qu’une jeune blonde riche et bien éduquée pour penser être tranquille. Bien trop jeune pour comprendre que s’adresser à des illettrés armés et dont la valeur d’une vie n’a pas son pesant d’or.

Il en compta dix. Pas un archer. Pas d’armes lourdes. Cela faisait beaucoup d’idiots dans un si petit périmètre. Riche comme pauvre. Mais lui, il ne pouvait se résoudre à laisser se passer la scène future. Il le voyait arriver, c’est toujours comme ça dans ce genre de troupe mal organisée. Le leader reste derrière et intervient quand la sale besogne est faite. Si elle était « disposée » à discuter de la manière de leur arrangement, ce voleur de grande taille ne semblait pas l’entendre ainsi. La jeune demoiselle était bien frêle maintenant.

Il prit alors une profonde inspiration. Il se redressa. Leur chef levait sa lame envers la demoiselle bien en mauvaise posture.

N’était-ce pas sa spécialité la protection des blondes ?

La scène restait comme figée en l’air. Fendant l’air comme un murmure glacial d’une tempête d’hiver, ce son si subtil. Moins agréable ensuite cet impact qui entame la chair et laisse le sang sortir sans contrôle. L’épée du chef tomba à terre avec lourdeur. Son sang coula abondamment sur son flanc, de la jugulaire au sol. Le poignard était enfoncée en travers de la gorge aussi bien que la pointe de la lame en sortait par l’autre côté. Ce fut un beau lancer.

De son "autre" main.

Quand l’autre fut enfin tombé à terre, accompagné de dernières convulsions, la suite était aisément à conter. Toujours dissimulé par sa capuche, il s’était avancé de deux pas, pour faire face et s’annoncer. Droit et immobile. Son regard invisible braqué sur l’inéluctable. Trois d’entre eux, plutôt très jeunes, prirent la fuite. Bien. Six maintenant. A nouveau il semblait se passer dix minutes entre ce lancer mortel et la réaction du reste de la troupe. Ce qu’il espérait ? Juste qu’ils fassent tous preuves d’imbécilité en l’affrontant directement, plutôt que de porter un coup à la jeune femme.

Pour le coup, elle avait bien l’air pâle et son absence de réaction momentanée ne l’aidait guère. Ca l’aurait bien arrangé qu’elle retire son poignard de la trachée du pauvre voleur. Il n’avait jamais aimé ça, le retrait de la lame d’une plaie. Trêve de connerie. Il n’avait pas cillé. Il fallait faire vite, avant que la garde rapplique. Avant qu’il se prenne une vilaine blessure. D’une main, il écarta sa cape et de l’autre il dégaina sobrement son épée longue. Celle d’un chevalier. Un par un, c’est bien. Tous en même temps, c’est moins bien. Les idiots, appelons les comme ça, s’avançaient lentement, avec la volonté d’un chien la queue entre les jambes. Lui ? Il ne bougea pas. Son épée prise à deux mains, il se sentait à nouveau jeune, comme sur les champs de bataille. Le vent des plaines de Westeros lui revenait en tête. Le premier coup partait sans sommation et d’une maladresse commune chez les « idiots ». Le protecteur des Blondes en détresse contra et porta un coup net sur la hanche, mordant la peau et l’os assez franchement pour faire vaciller le premier à terre dans un hurlement d’ivrogne.

Le deuxième et le troisième choisissaient de danser à deux. Tout en désynchronisation. Mais du mouvement s’imposait maintenant. Des deux mains, il écartait une première offensive et se servait de son élan pour abattre un coup de face, qui planta l’arme de son opposant dans le sol. D’un pas il écrasa la garde de son épée en plein front et l’homme s’effondra inerte. Pas solide le type. Le troisième ne lui laissait pas le temps de tergiverser. En état de légitime défense puisqu’il encaissait, le « sauveur » stoppa un coup venu de haut en bas, et planta dans l’abdomen de son ennemi une lame cachée dans sa manche. Il se redressa et plus personne ne voulait prendre part à la fête.

Piètre session d’entraînement. Elle, elle avait l’air entière. Que faire maintenant, la raccompagner ? Il n’était pas là pour ça. D’ailleurs, c’était plutôt hasardeux qu’il soit arrivé par là au bon moment.

D’une démarche assurée, il s’approchait d’elle, la dévisagea sans se dévoiler lui-même. Il n’avait jamais vraiment les mots pour réconforter. C’était déjà pas mal d’être en vie. Il avait son propre fardeau, sa tâche à assumer, c’était Elle qu’il devait protéger, pas elle. Jeune - et belle - inconsciente mais ne l’avait-il pas été un jour. Puis maintenant qu'il l'avait un peu sauvé, la laisser là ferait un peu tâche. Fichu sens de l'honneur.

Son regard cherchait le poignard, sans pour autant le trouver.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.01.14 9:58

Apparemment, le chef des brigands n’avait pas envie de converser. Après un rire gras, ce dernier leva sa lame et s’avança lentement vers elle. L’affaire aurait pu être réglée en quelques secondes mais le lourdaud faisait durer le plaisir. Elle trouva cela assez pathétique et ne pu s’empêcher d’afficher un certain mépris à son égard. Si elle avait pensé que pleurer et supplier aurait pu donner un quelconque résultat elle l’aurait fait sans hésiter, mais là, elle savait que cet homme n’avait pas l’intention de l’épargner. Autant mourir dignement.

Le souffle court mais toujours droite et peu expressive, Ayael regarda la lame scintillait sous le soleil. Puis son agresseur s’effondra mort. Surprise elle essaya de reconstituer ce qu’il s’était passé mais vu la rapidité des choses elle était bien en peine de le faire. Elle cherchait comment profiter de cette heureuse providence quand un homme encapuchonné s’avança et se plaça entre elle et ses opposants. Déduisant qu’il s’agissait du mystérieux lanceur de couteau elle espéra qu’il avait bien l’intention de la défendre et que les autres seraient assez stupide pour s’en prendre lui.

Elle ignorait ce qu’il valait à l’épée et vu la vitesse à laquelle ses hommes s’étaient fait battre, elle n’avait que peu d’espoir sur les chances de succès de l’inconnu. Malgré tout, chaque seconde qu’il lui ferait gagner pourrait lui sauver la vie : Anora était partie chercher de l’aide.

Restant bien là où elle était afin de rester dans son champ d’action sans le gêner, Ayael regarda la bataille avec intérêt. Elle n’aimait pas spécialement voir le sang couler, les épées qui s’entrechocs et les corps qui tombent, mais il aurait été bien malséant de regarder en l’air.

Au fur et à mesure que les coups s’enchainaient, le nombre d’adversaire chutaient vertigineusement. Au point qu’elle révisa son jugement et commença à espérer que son sauveur vienne à bout de cette bande de brigand.

Ce fut le cas, et une fois le dernier vivant exécuté elle se demanda se qu’elle devait faire. Lui-même avait l’air indécis – ou bien attendait-il quelque chose ? Difficile à dire avec cette cape qui le dissimulait presque entièrement.

Que faire dans une pareille situation ? Pleurer de soulagement en remerciant le ciel pour son aide ? Se jeter au pied de son héros pour l’encenser et lui remercier pour sa vie ? Les exemples de sauvetage ne manquaient pas dans les livres, mais elle les trouvait tous un peu excessif… Finalement, sans plus tergiverser elle lui sourit et s’avança un peu vers lui.

« Je vous remercie, elle marqua une légère pause, la syntaxe aurait voulu qu’elle décline son titre mais elle n’avait aucune idée de son statut social et ne voulait pas se tromper, aussi préféra t’elle ne rien mettre. Votre singulière intervention au combien opportune m’a semble t’il sauvé la vie. »

Ses remerciements bien que sans effusions de joie et débordement de gratitude, étaient sincères. Lui dire un milliard de fois à quel point elle lui était reconnaissante ne changerait pas grand-chose, aussi cherchait-t-elle une récompense à la hauteur de ses faits. Il lui vint également à l’esprit que dès qu’il serait parti, elle redeviendrait une croix vulnérable et qu’il lui fallait donc à tout prix le convaincre de rester à ses côté. Encore des négociations.

« J’ignore ce qui a guidé vos pas jusqu’à ce fâcheux incidents, mais permettez à ma gratitude de s’exprimer autrement qu’avec des mots. Mon esclave ne devrait pas tarder à revenir escortée de gens d’armes, offrez moi votre compagnie jusque là et je vous ferez conduire chez moi. Dans l’immédiat, je n’ai pas d’argent à vous offrir, mais je vous assure que vous pourrez discuter avec mon père, autour d’une bonne assiette de lamproie, du prix de ma vie. Nul doute qu’elle vaut suffisamment cher pour rentabiliser votre temps. »

Les yeux rivés sur sa silhouette, Ayael attendit calmement sa réponse. Elle ne mentait pas quand à la générosité de son père, mais la croirait-t-il ?

Elle cru apercevoir des mouvements furtifs dans l’ombre ce qui redoubla son envie de voir son marché accepté. Il aurait été bien trop ironique de survivre à une attaque pour succomber à celle des rescapés venus avec quelques renforts supplémentaire…
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.01.14 14:24

Le sang salissait son acier sur toute la longueur. D’un geste ample et lent, il essuyait les deux faces de sa lame sur la veste de son premier mort. L’hémoglobine oxydait l’acier si elle séchait. Quant à la réplique de sa protégée du jour, il ne fut pas surpris de constater qu’elle était aussi inspirée que lui. Probablement en état de choc. Ou trop bien élevée pour reconnaître que de l’aide était bienvenue. Oui, on pourrait penser qu’il avait de l’animosité envers la haute société. Ce n’était pas tant leurs vies de confort et de volupté qui l’agaçait. Les dernières minutes qu’il venait de passer, ça c’était ce pourquoi il n’aimait guère ce genre de personne. Trop aseptisée, trop tranquille pour penser un jour tomber sur ce genre de problème.

Il rengainait son arme tranquillement et remarquait que son poignard avait été retiré de la gorge de l’assaillant. Le défenseur fut sorti de sa recherche par les premiers mots de la jeune demoiselle. Une sobriété qui en aurait froissé plus d’un. En fait, il ne l’avait écouté qu’à demi-mot. Son regard balayait la zone, leur exposition était trop belle et le danger pouvait venir de partout. Lui, il avait un très mauvais pressentiment. Et il ne pouvait se permettre de rester là très longtemps à accepter la gratitude de son interlocutrice. Aussi belle fut-elle d’ailleurs.

Quand elle lui offrait de quitter les lieux jusqu’à ses quartiers, là encore il s’était perdu dans un certain état d’alerte dont il avait la maîtrise. Un murmure mal dissimulé grandissait dans les étroites allées qui menaient jusqu’à eux. Trop imperceptible pour savoir s’il s’agissait d’une seconde vague ennemie, de la garde de la cité ou de la sécurité de la jeune femme. Une chance sur trois pour bien tomber. Et c’était par là qu’avaient pris la fuite des trois jeunes brigands repentis.

Portant de nouveau son attention à sa noble défendue, il l’observa rapidement de haut en bas. Elle n’était pas tellement en condition de fuite acrobatique mais cependant cela représentait leur meilleure chance de s’échapper sans encombre. Penser à lui et à elle. Après tout, elle devrait s’accommoder de ses directives.

- Ne restons pas ici.

Le chemin qui l’avait mené jusqu’ici serait facilement abordable pour les deux. Elle était jeune et avait le physique agile, à défaut de paraître solide. D’un pas de course, il grimpait sur un muret l’amenant directement sur un toit. Rien d'insurmontable. Il s’arrêtait et se tournait vers sa blonde du jour. Il lui tendait alors une main gantée de cuir pour l’aider à le rejoindre, afin de poursuivre leur ascension.

Une fois - délicatement - fait et la première toiture atteinte, quelle belle surprise de découvrir que l’issue avait été couverte par deux types du même gang. Pas si idiots les idiots.
Des représailles ? Hmm… Dos à dos avec sa protégée, ils faisaient chacun face à leur opposant respectif. Lui, il était concentré. Il avait déjà planifié la mort de leurs ennemis. Le temps était de nouveau suspendu dans les airs. Les deux imbéciles n’avaient pas braillé pour donner l’alerte. Autant d'acharnement pour un pillage, tout cela sonnait creux. Il devait revoir l'estime qu'il avait d'elle à la hausse.
Le protecteur restait bien au contact de la demoiselle. Le plus dur en fait, c’était de ne pas la connaître. Pouvait-elle se battre, aurait-elle le cran d’ôter la vie, était-elle armé.

N’étant plus équipé de son poignard pour un lancer à bout portant suivi d'une attaque arrière, sa blonde pesait comme un fardeau maintenant.

Improvisation.

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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.01.14 19:05

Faisant fi de la plus élémentaire des politesses, son sauveur ne daigna pas lui répondre et se contenta d’un « ne restons pas ici » martial. Légèrement choquée, la jeune fille décida cependant de ne pas relever et se contenta d’hocher la tête. Après tout, le « nous » impliquait qu’il avait décidé de rester, elle pouvait donc extrapoler et penser que d’une certaine façon, il avait accepté son marché. Quand au fait de ne pas rester dans les parages, elle ne savait pas trop quoi en penser. Après réflexion, elle décida de lui faire confiance : après tout, c’était lui l’expert. Malgré tout, elle était persuadée que la garde n’allait pas tarder à arriver avec Anora, elle espérait donc qu’ils ne se manqueraient pas. Non pas qu’elle n’avait pas confiance en les talents de son sauveur – il lui avait prouvé qu’il en avait – mais surtout qu’elle se sentirait tout de même plus en sécurité s’ils étaient plus nombreux.


Là où les choses se compliquèrent c’est quand il lui demande de grimper. Oui, de grimper. Il agissait avec un naturel agaçant, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Grimper. Accoutrée d’une robe longue, sans aucune force musculaire. Grimper.

Il lui tendit la main, Ayael cessa de réfléchir et l’attrapa. Elle fut surprise par sa force – il n’avait pas une silhouette spécialement costaud – et se retrouva en un rien de temps perchée sur le premier toi.

La manœuvre n’avait pas été aussi compliquée que ce qu’elle pensait mais elle sentait tout de même une douleur diffuse traverser sa jambe. Simple coïncidence ou non, cela ne l’arrangeait pas du tout.

Elle se demanda se qui la poussait à faire confiance en cet homme. Au fond, il aurait tout aussi bien joué la comédie et la tuer, alors pourquoi quand il lui avait tendu la main elle l’avait attrapé sans hésiter ? Elle n’eut malheureusement pas le temps de méditer sur cette question existentielle, car ils se retrouvèrent bientôt encerclés par la même bande de brigand que précédemment.

Par réflexe, Ayael recula jusqu’à ce qu’elle heurte le dos de son sauveur, puis elle fit face à la « mort » pour la deuxième fois de la journée. Pourquoi les brigands étaient-ils toujours mal habillés et se tenaient comme des singes armés de ferraille ? Un brigand bien élevé, voilà qui serait original…

Malgré tout, ces constations ne l’aidaient pas beaucoup dans l’état actuel des choses. Vu la configuration, elle doutait que son sauveur puisse la sauver à nouveau, elle devait faire face.

Enfin entre la théorie et la pratique, il y avait un fossé. Comment pouvait-elle faire face fragile comme elle était et désarmée face à ses primitifs hirsutes ?

Ayael regarda autour d’elle. Il n’y avait personne dans la rue adjacente qui semblait vouloir leur porter assistantes, chacun vaquait à ses occupations. D’une certaine manière, elle admirait beaucoup leur faculté à occulter ce qu’il se passait autour d’eux. A ne rien voir, à ne rien entendre.

L’idée lui vint finalement que la seule chose qu’elle pouvait faire était de gagner du temps. Si elle réussissait à rester envie le temps que son sauveur se débarrasse de ses propres adversaires, alors elle aurait peut-être une chance de survis.

L’avantage quand on été aussi amorphe qu’elle, c’est qu’on gardait ses facultés d’analyse même dans les situations les plus incongrus, les plus extrêmes. Elle ne tarda donc pas à trouver un stratagème.

Détachant son collier, elle l’agita en direction du contrebas.

« Messieurs, songez que c’est mon bien le plus précieux. Voyez-vous, il est en argent et en saphir… S’il venait par m’échapper malencontreusement des doigts et qu’il glissait au contrebas, pensez-vous qu’il girait longtemps dans la rue ? Elle marqua une pause puis, n’ayant aucune idée du niveau intellectuel des individus elle décida de ne pas faire de question rhétorique et renchéri. Pour ma part, je suis persuadée qu’un de ses malheureux ne tarderait pas à s’enfuir avec… »
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.01.14 20:38

L’opportunité ne venait pas. Aucune ouverture possible. Soit il attaquait le premier et sa protégée serait sans défense. Soit il défendait le premier et sa protégée serait aussi sans défense. La surface était trop restreinte, ses impulsions étaient limitées. Dans la seconde, son équipière prenait le parti de la diplomatie. Oui, ça avait tellement bien fonctionné quelques minutes auparavant. Mais là, c’était intelligemment joué car il sentait là le principe de diversion. Toujours de dos par rapport à la jeune femme, il lui suffisait de l’écouter pour imaginer la scène. Et d’observer le comportement du type d’en face. Obnubilé par la belle. Ou par l’objet. Ou les deux.

Si on ne pouvait voir le regard du chevalier servant, le sourire qu’il affichait légèrement contrastait avec la moue de son opposant. Certes dénué de toute forme de discernement, ce dernier avait compris une seconde trop tard, quand il se retrouva la gorge entaillée nette par un coup aussi rapide que sec.

Sans plus attendre, il fit volte face pour parer un coup d’épée visant sa « blonde en détresse ». Et de finir par un coup de pied plein sternum pour l’envoyer cinq mètres plus bas dans un sourd bruit de fracture. Rengainant l’épée, il passait sa main dans le dos de la belle comme pour l’inviter à poursuivre leur fuite.

- Vous savez parler aux brigands, lui soufflait-il au passage, sur un ton moins froid et plus penché sur l’humour que tout a l’heure.

A défaut de savoir ou de vouloir se battre, l’intellect de la jeune noble était un atout qui les avait bien aidé. Lui, il aimait la complémentarité de deux forces. Et même si leur fuite aurait une meilleure issue par les toits, il regrettait de lui imposer ce choix, car elle semblait fatiguée dans sa démarche. Enfin si sa robe devenait une entrave, une jupe taillée en quelques secondes était dans ses cordes.

Impossible de rester immobile, il fallait bouger vite et le chemin jusqu’au prochain obstacle était facile, sans écart et sans ascension ralentissant. Par prudence, il ferma la marche et resta proche d’elle, il était comme son ombre. La chaleur de son habillage de discrétion entamait ses forces. Pourtant il ne pouvait se résoudre à se découvrir maintenant.

Il connaissait mal cette partie de la ville et il fallait bien avouer qu’il ne réfléchissait pas encore à la destination pour le moment. Les semer était primordial pour éviter de leur offrir les quartiers de la demoiselle sur un plateau. Il fallait descendre et trouver la terre ferme. Sans prévenir, il prenait la liberté de prendre sa blonde du jour dans les bras – de manière douce et chevaleresque soyez en sûr – pour pouvoir descendre rapidement au sol dans un saut contrôlé.

D'un rapide coup d’œil à droite et à gauche, la piste n'avait pas encore été assez brouillée et ils furent obligé de reprendre au pas de course. Au détour d'une ruelle, il heurta un habitant, entraînant dans sa chute la jeune femme. La poussière s'éleva, rendant la situation confuse. Il attrapa le riverain par le col et l’éjecta sur le côté avec agacement. A genoux, il redressa un peu la jeune femme. Son teint avait viré au blanc, plus qu'il ne l'était avant. La chute n'avait pas été violente mais il voyait que quelque chose clochait.

- Pouvez vous vous relever ? , lui demandait-il, avec calme.

Tout en essuyant le haut de sa robe pour en virer la poussière, il jetait de fréquents regards derrière eux en attendant qu'elle reprenne ses esprits.

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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.01.14 21:45

Sa stratégie avait fonctionné. Indécis les brigands suivaient des yeux le balancement du pendentif comme hypnotisé. Perdre un bijou d’une si grande valeur… Ayael se doutait qu’il ne tarderait pas à prendre une décision qui serait sûrement violente et stupide, mais, vu leur niveau intellectuel, elle espérait que réfléchir leur prendrait du temps. Temps que son sauveur pourrait mettre à profit pour trucider ses assaillants et enfin mettre un terme à son baptême du sang.

Comme la dernière fois, il fit un éblouissant enchainement et tous les hommes se retrouvèrent par terre. Ayael s’y connaissait bien peu en combat, mais elle était capable de se rendre compte de la valeur de son héros. Son estime redescendit tout de même légèrement lorsqu’il se mit à la taquiner. La spontanéité n’était pas son fort, elle chercha quelque chose à répliquer mais rien ne lui venait. Elle se promit néanmoins de lui faire payer son effronterie par une remarque bien placée le moment venu.

Au fond, Ayael s’amusait des vagabondages de son esprit. La situation était gravissime, et pourtant elle arrivait à penser à de pareilles futilités. D’un côté, c’était mieux ainsi. Elle n’en serait sûrement pas traumatisée toute sa vie, mais il y avait fort à parier que ses cadavres hantent ses rêves… Tant qu’elle pouvait penser à autre chose, elle serait bien plus efficace. Remettant son collier en se félicitant à nouveau de son audace – son sauveur pouvait bien dire tout ce qu’il voulait, elle avait gagné de précieuses secondes – elle se remit en marche, rassurée par son bras dans son dos.

Vu la situation, Ayael s’efforçait de marcher rapidement tout en surveillant attentivement ses pieds afin de ne pas glisser. Malgré tous ses efforts, elle avait du mal à suivre le rythme de son sauveur et sa jambe était devenue lancinante. Sans parler de sa robe qui ne lui avait jamais paru aussi encombrante. Maudissant intérieurement tous les toits de la ville, elle s’efforça de calmer sa respiration qui s’était faite haletante – preuve ultime que la demoiselle n’était pas habituée à l’exercice – et continua de marcher en silence.

Elle se figea quand elle comprit qu’il fallait sauter. La hauteur n’était pas vertigineuse mais elle l’était beaucoup trop. Elle dû lui lancer un regard désespérée car il l’attrapa soudain dans ses bras puis sauta. Agrippée de toutes ses forces contre lui, elle fut presque surprise de ne ressentir aucun choc. Juste un léger remous lorsqu’ils touchèrent le sol.

Sans la lâcher, il reprit au pas de course et Ayael se tût. Il avait dû comprendre qu’elle était incapable de courir. Malgré tout, elle se sentait coupable de lui imposer cette charge supplémentaire. Elle n’était pas très lourde mais elle représentait un poids conséquent malgré tout… Désormais toute volonté de vengeance s’était évanouie. Il lui apparaissait soudain comme les preux chevaliers de ses comtes favoris. Après tout, elle ne savait rien de lui, elle ne l’avait probablement jamais rencontré et pourtant il la protégeait. Il s’était battu à deux reprises pour la sauver et maintenant il la portait comme une princesse en dépit de la fatigue et de la chaleur. Difficile d’être plus chevaleresque que ça…

Se morigénant intérieurement Ayael cessa là sa comparaison. Pour l’instant, il n’avait pas paru intéressé par son offre, mais elle ne doutait pas de découvrir assez tôt ses réelles motivations. Tout le monde à une raison de faire ce qu’il fait, cet homme ne faisait pas exception. Les chevaliers de ses contes devaient rester dans les livres, et elle, elle devait garder la tête froide et arrêter ses rêvasseries de petite fille mièvre.

Enfin, cela n’empêchait pas de faire preuve de la politesse la plus élémentaire. Elle allait sortir une longue tirade, puis se ravisa. Il était plutôt taciturne et il semblait plus agacé par ses grands discours qu’autre chose. Elle s’efforça donc de rester dans la sobriété et lui dit d'une voix douce :

« Merci pour votre dévouement. »

Elle cherchait un petit compliment aimable à lui servir quand elle fut brutalement renverser. Tout s’était déroulée si vite qu’elle n’avait pas eu le temps de se préparer au choc. Abasourdie, elle resta un moment à terre à essayer de se relever. Maintenant tout son corps faisait écho à sa jambe.

Il dû se rendre compte de son état, car il lui adressa à nouveau la parole.

- Pouvez vous vous relever ?

Ayael hocha la tête et agrippant à lui elle se redressa précautionneusement. Elle avait beau avoir mal partout, elle n’avait rien de cassé ou de froissé - heureusement que sa maladie n'affectait pas les os, la situation aurait été autrement moins drôle avec une jambe cassé sur les bras. Pour le reste...

Toute sa vie elle avait vécu avec la douleur, même si elle aurait bien aimé prendre une bonne tasse de sauge, elle n’allait certainement pas se mettre à pleurer en pleine rue en attendant que d’autre psychopathe ne rappliquent. Sentant néanmoins qu’elle lui devait une explication elle lui répondit :

« Je me porte bien, merci de votre sollicitude. Se rendant compte qu'elle était injustement froide elle ajouta sur le ton de la plaisanterie : Je vais juste avoir de méchants hématomes, rien de grave. »

Elle marqua un temps de pause avant de se remettre à marcher. Elle était indécise… devait-t-elle le prévenir pour sa maladie ? Même si cela ne lui plaisait pas trop, elle décida de le faire. Surtout si elle avait une crise d’asthénie, il fallait qu’il puisse réagir.

« Je dois vous avertir que je suis souffrante. J’ai une maladie que vous ne connaissez probablement pas et qui a un nom interminable et imprononçable – le syndrome d'Ehlers-Danlos type hypermobile - en résumé j’ai une peau hypersensible, des douleurs musculaires et articulaire et des crises d’ast…, se souvenant que tout le monde ne connaissait pas ce terme, elle se reprit : de fatigue. Il se peu que je m’écroule sans crier gare, ne vous en inquiétez pas. »

Elle avait essayé de faire concis, et de garder un ton amusé afin de ne pas tomber dans le mélodrame, mais la rapidité de sa tirade trahissait son appréhension. Malgré tout, parler de sa maladie ne lui plaisait pas, elle se sentait tellement… faible. Elle était déjà un fardeau pour cet homme, elle se voulait de lui imposer tous ses paramètres supplémentaires. Heureusement pour sa survie, son pragmatisme lui imposait de ne pas faire de chichi, elle pouvait bien jouer les demoiselles en détresse...

Désireuse de changer de sujet, elle se reprit et redevint celle qu’elle avait toujours été. Froide, sûre d’elle et bavarde.

« Au fait, pardonnez mon manque de manières, avec toutes ses péripétie j’ai omis de me présenter, je me nomme Ayael. Elle ajouta le reste avec un automatisme presque effrayant. Ayael Zathrian de l’ancienne noblesse Valyrienne. »
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime29.01.14 0:17

La tournure de cette improbable rencontre prenait une dimension qu’il n’aimait pas, au fond de lui. Il s’agissait là des retombées permanentes de la tâche qui lui était confiée depuis leur venue de l’autre Continent. Ce matin il s’était levé avec pour but de ratisser la ville et d’en planifier leur voyage futur. Il ne croyait plus en les Dieux. La religion ne lui apportait pas, alors il mettait cet évènement sur le compte du hasard. Ou était-il vraiment dédié à la protection de la gente féminine blonde ?
Son sens accru de l’honneur et de la défense du plus faible sont ce qui le caractérisait chaque jour. De voir la jeune femme ainsi endolorie le prenait au cœur. Ce sentiment de responsabilité perpétuelle.

Cela faisait quelques minutes maintenant qu’il était à genoux, aidant à maintenir la belle le temps qu’elle recouvre un peu de force. A sa question elle ne faisait pas de fioritures. Bien que physiquement éprouvée, elle ne pouvait le nier, elle souhaitait montrer qu’elle en avait vu d’autres. Soit alors. Il y avait là entre les deux une sorte de jeu de langage, variant de la froideur à la détente. Lui, il n’en tenait pas rigueur, en fait il avait le malheureux tort de s’attacher à ce genre de personne à l’apparence fragile et complexe. La langue de sa protégée se déliait un peu, même si l’endroit peu confortable ne se prêtait guère à quelconque discussion.

Ne voulant pas la couper dans ce qui était une révélation importante et sensée, il restait là attentivement. La ruelle était bien déserte maintenant. S’il avait pu revenir quelques secondes plus tôt, il lui aurait dit de se taire. De ne pas lui donner ce genre d’informations.

Là, elle venait de s’offrir définitivement sa sympathie, sa compassion ou autre sentiment affaiblissant.

Il ne pouvait pas la laisser là ou ailleurs, tant qu’il ne serait pas assurer qu’elle serait saine et sauve. Enfin, il le pourrait, par obligation pour son autre Elle. Mais il ne se le pardonnerait sans doute jamais. Dans son esprit, il avait parfaitement fragmenté chaque chose et chacune de ses pensées ou souvenirs étaient claires et pures. Pas de place pour le doute, le regret et l’amertume.

Elle était jeune et belle. Elle avait de quoi réussir une belle vie, en apparence. Pourtant, il savait pertinemment qu’un être atteint de ce genre de maladie… Non, il fallait chasser ce genre de choses de sa tête. Il était impliqué. Emotionnellement peut-être plus qu’il ne voulait l’admettre. La chute avait donc du lui causer du mal. Et sa déconcentration en était la cause. Les années avaient confié à sa protégée une certaine maîtrise de sa douleur mais de ce syndrome, il savait qu’intérieurement chacune des fibres du corps émettaient la souffrance.

Dans tout ça, elle n’avait pas tort. Ils en avaient tout deux oubliés la politesse. Elle, par manque de temps depuis leur rencontre. Lui, par volontariat, pour sa sécurité et par déduction la protection de celle dont il était officiellement le protecteur. Ayael Zathrian. Il avait eu vent de ce nom, il y a fort longtemps. Durant son exil, il s’était longuement instruit sur Essos mais cela faisait appel à un apprentissage datant de trop loin maintenant.

Avec hésitation, il ne parla toujours pas. A genoux, il passa ses bras autour de la jeune Ayael, la ramena contre lui. Il se leva et se dirigea plus loin, pour abandonner cet endroit étouffant et incommode. Non sans effort, il grimpa par-dessus un muret pour accéder à ce qui ressemblait à un parc arboré. Il marcha encore quelques pas, en prenant soin de ne pas blesser sa protégée plus qu’il ne l’avait fait maladroitement.

Pourquoi cet élan de galanterie ? On fait, là encore, appel à ce sentiment d’avoir causé du dégât. Lui, il avait pu observer les marques sur la peau d’Ayael. Il savait qu’elle n’aurait jamais menti sur sa fragile santé mais les dires de la belle avaient été confirmés par l’apparition de marques sur son bras. De l’avoir vu avait révolté son protecteur contre lui-même.

Plus loin maintenant, il se mit à genoux et posa la jeune blonde sur l’herbe. A l’abri des regards directs, le grand espace leur permettrait de laisser les minutes couler le temps de trouver une meilleure solution ou de reprendre la route vers ses quartiers.

- Ser Jorah Mormont, seigneur de l’Île-aux-Ours, ma Dame.

En même temps, il avait enlevé cette longue capuche qui avait dissimulé la quasi-totalité de son visage hormis sa bouche. Inutile de jouer au mystérieux plus longtemps, elle ne pouvait pas représenter une menace pour lui et sa quête. C'est surtout qu'il se devait d'être honnête, car elle lui avait fait confiance jusque là, même si le choix ne lui était pas offert.

Il lui prit la main et y déposa un baiser. Une marque de son éducation, aussi lointaine fut-elle. Avant d’ajouter.

- Pour vous servir.

Visage détendu, il soutenait le regard de sa jeune blonde en détresse et malade. Jorah était réputé pour transmettre sa quiétude via le langage corporel. Bien que ce ne soit pas volontaire de sa part et que c'était sa façon d'être au naturel.

- Et en ce qui concerne vos crises "d'asthénies", il insista avec sourire sur ce mot car elle n'avait pas osé l'employer tout à l'heure, au moins un de nous deux ne verra pas le temps passer.

Légèrement accompagné d'un sourire, il savait aussi qu'il ne les avait pas encore tiré d'affaire tant ils restaient tout deux proches de la première altercation.
Prêt pour toute éventualité en considérant qu'il aurait sûrement à la porter pour ne pas être ralenti et pour ne pas aggraver les petits maux qu'elle avait obtenu de sa faute, il semblait quand même que les prochaines minutes seraient propices au répit.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime29.01.14 10:38

Comme elle s’y attendait, son regard sur elle avait changé. Il débordait désormais de pitié et de compassion. Ayael soupira. Ce n’était pas tant le faire qu’on éprouve ce genre de sentiment à son égard qui la dérangeait, c’était surtout qu’elle ne pensait pas les mériter. Certes, elle devait toujours faire attention à ce qu’elle faisait, mais elle n’avait jamais été malheureuse pour autant. Il le semblait que les commerçants qui travaillaient dans cette rue malfamée était plus à plaindre qu’elle. Toute sa vie on l’avait choyée, chouchoutée, offert de somptueuses robes. Elle avait toujours pu manger à sa faim et avait reçu une éducation que les jeunes gens autour d'elle ne pouvait même pas envisager.



Elle avait espéré qu’en se présentant la première, il suivrait le mouvement, mais non. Il l’aida simplement à se relever, la prenant de nouveau dans ses bras. D’une part, elle était frustrée : elle semblait condamnée à devoir l’appeler « son sauveur », d’autre part, cette simple dissimulation lui en apprenait un peu plus sur lui. Sa volonté de garder l’anonymat ne pouvait signifier qu’une chose : il avait peur ou plutôt il ne voulait surtout pas qu’on le reconnaisse.
Elle était sûre de sa déduction mais le mystère demeurait entier. Le plus simple aurait été de l’imaginer hors la loi, mais comment un hors la loi pouvait il se comporter comme un gentleman ?

Dans le silence le plus complet, ils traversèrent un muret puis s’arrêtèrent dans un très joli parc. Sa présence en cet endroit été incongru mais Ayael appréciait beaucoup.

Il la posa avec une extrême délicatesse et Ayael ferma les yeux, un sourire aux lèvres. Elle aimait bien le contact de l’herbe sur sa peau. Rouvrant les paupières, elle se tourna vers lui et son sourire s’effaça.

D’un geste rapide elle tira sur sa manche pour cacher son bleu. Elle ne se souvenait même pas les avoir relevés… Sans doute dans la précipitation… ou bien pendant la marche forcée. Il faisait si chaud…

Elle était sûr qu’il avait vu l’énorme hématome qui avalait désormais sa peau, la teintant, de bleu de violet et de jaune. Elle tourna un peu la tête, horriblement gênée. Il devait la trouver affreuse, se demandait comment réagir pour ne pas la vexer… Peut-être devait-elle le rassurer ? Lui dire qu’elle savait parfaitement qu’elle n’était pas jolie à regarder et qu’il n’y avait pas besoin de faire d’effort pour le lui cacher ?

Pendant qu’elle tergiversait intérieurement, son sauveur avait retiré sa cape. Lorsqu’elle releva les yeux, elle eu donc la surprise de découvrir son visage. Manifestement c’était un homme d’âge mur avec une carrure impressionnante, quelqu’un de peu soigné mais qui n’en avait pas moins un certain charme. C’était quelqu’un de marqué par le temps et les batails, mais bizarrement c’est cela qui l’intriguait le plus. Elle se demandait combien de combats épiques il avait livré, où il s’était fait telle marque. Cela devait être tellement plus intéressant que l’histoire de ses propres cicatrices.

Alors qu’elle ne l’attendait plus, il se présenta.

- Ser Jorah Mormont, seigneur de l’Île-aux-Ours, ma Dame.

Ayael sourit en attendant son nom. Elle n’était nullement surprise d’apprendre qu’il était chevalier, noble de surcroit. Elle eu beau fouillé dans sa mémoire, elle ne trouva rien d’intéressant sur sa famille. Autant elle connaissait toute l’histoire des grandes familles souveraines de Westeros sur le bout des doigts, autant elle n’avait pas encore eu le temps de se pencher sur leurs vassaux. Nul doute pourtant que cela soit très intéressant : les grandes familles n’étaient pas là par hasard, elles s’étaient élevées, appuyées par un complexe entrelacement de petites familles. Bref, l’heure n’était pas au cours d’histoires et de géopolitiques.

Comme si le simple fait de décliner son identité revenait à invoquer son passé, il fit soudain preuve d’une étonnante galanterie, et lui embrassa la main avant de déclarer un « pour vous servir » des plus convainquant.

Ayael était habituée aux marques de politesses pourtant elle ne put s’empêcher de rougir face à celle-ci. Etait-ce à cause de la situation ou bien du personnage ? Elle aurait bien été en peine de le dire. Toujours est-il que, sans savoir pourquoi, elle était heureuse comme une gamine. Maintenant qu’elle pouvait le voir, elle se sentait encore plus rassuré. Il dégageait une quiétude tranquillisante, apaisante. Jamais elle n’aurait cru qu’il soit si calme et assuré. Finalement, peut-être avaient-ils quelque chose en commun tous les deux ?

- Et en ce qui concerne vos crises "d'asthénies", au moins un de nous deux ne verra pas le temps passer.

Ayael se sentit légèrement honteuse, elle l’avait pris pour plus imbécile qu’il ne l’était. Heureusement, il ne semblait pas lui en tenir rigueur. Au contraire, il s’amusait même de sa situation. Cela lui faisait plaisir. Elle préférait mille fois qu’on se moque gentiment de sa maladie, plutôt que l’on s’apitoie indéfiniment sur son sort.

Détendue, elle se permit elle-même une petite plaisanterie :

« Hum… Asthénie ou pas, je doute fort de pouvoir m’assoupir avec un homme aussi charmant à mes côtés. Et accessoirement, avec une bande de malandrins qui veulent me détrousser dans les parages »

Une crise d’asthénie n’était pas aussi foudroyante qu’elle ne l’avait sous entendu. Se sentir soudainement horriblement fatiguée, n’était pas la même chose que de tomber dans les pommes. Non, la plupart du temps, elle ne s’endormait que parce qu’elle restait allongé pendant de longues minutes à ne rien faire.



Elle se demanda soudain quel sujet elle pouvait aborder sans faire d’impair. Faire une conversation était dans ses cordes, alors pourquoi ne trouvait-elle rien à dire ? Elle avait vaguement songé à l’interroger sur Westeros, mais elle avait trop peur de le froisser. En effet, malgré sa piquante curiosité, Ayael savait qu’il n’y avait généralement que trois genre de Ouestrien qui venait à Lys : un, les marchands décidés à commercer, deux, les jeune noble et riche qui venait faire la tournée des lieux de plaisir et trois, les exilés. Manifestement, il ne faisait pas parti des deux premières catégories. L’interroger, reviendrait donc à faire sortir des souvenirs sans doute peu plaisants, elle lui devait bien de refréner sa curiosité.

Finalement elle décida de parler d’elle. S’il voulait s’ouvrir, il le ferait, mais elle ne lui forcerait pas la main. Cela lui semblait être la meilleure stratégie à adopter. Il est vrai qu’elle aurait aussi pu rester silencieuse, mais parler l’aidait à oublier la douleur dans ses articulations et dans sa jambe.

« Vous savez, je ne suis pas tant à plaindre que ça. Certes, je suis aussi attirante qu’un poisson globe, mais, j’ai la chance d’avoir une famille riche, un père aimant et attentionné…
Elle marqua une légère pause, ne sachant pas quel mot utiliser. Je veux dire, il y a toujours quelqu’un pour s’occuper de moi, je ne manque jamais de rien. Preuve de son hésitation, elle fit une autre pose avant d’ajouter avec toute la sincérité du monde : Je ne suis pas malheureuse. »

Perdue dans ses pensées, elle s’était recroquevillée, ramenant ses genoux contre son buste pour pouvoir appuyer sa tête dessus. Consciente que cela n’avait certainement pas amélioré l’humeur générale, elle se reprit et déclara avec beaucoup plus d’enthousiasme, une lueur d’amusement dans les yeux.

« Ser Jorah, je vous mets au défis de deviner quel est ma phobie ! »

Voilà quelque chose dont elle pouvait se moquer allègrement.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime02.02.14 1:00

L’exercice auquel il serait confronté ne l’enchantait pas. Non pas qu’Ayael l’importunait. Plutôt que l’exigence de la situation rompait ses habitudes de silence et solitude. D’ordinaire peu impliqué par les querelles n’entrant pas explicitement dans son intérêt et celui de son unique protégée, le défenseur ne pouvait se permettre autant de retrait à ce moment précis. Et plus elle se confiait, plus son estime augmentait aux yeux de Jorah. Ce dernier y trouva une consolation suffisante pour pallier aux efforts consentis.

Quand la jeune blonde entama la discussion, comme pour détendre une atmosphère qu’elle seule avait le pouvoir de décompresser, il ne l’écouta qu’avec un minimum d’attention sans paraître détacher. On ne pouvait pas vraiment cerner ce qui retenait ses sens en alerte. Revenant un peu au présent, les seuls mots qu’il avait calculé était la comparaison qu’elle faisait d’elle-même. Typiquement féminin. Cela restera un mystère que Jorah ne résoudrait volontiers jamais, que celui qui pousse les femmes à se réduire à des rapprochements négatifs.

Ayael était une sublime jeune demoiselle, il n’en doutait pas, et l’intellect dont elle faisait preuve rendait cette personnalité intéressante et digne de tous les intérêts qu’un homme pouvait porter à une femme de son calibre. Et la maladie dont elle était atteinte ne faisait qu’ajouter de la valeur à la demoiselle.

Et sa jeune personne l’étonnait encore à chaque mot qui sortait de sa bouche. Jorah l’avait saisi quelques minutes auparavant qu’il lui faudrait se prêter au jeu des questions/réponses. Avec la plus grande sérénité et un certain respect, il prit le parti de ne pas lui montrer son désintérêt et tenta d’y trouver là le moyen de profiter un peu de la vie qu’il avait choisi de ne plus avoir.

« Ser Jorah, je vous mets au défis de deviner quel est ma phobie ! »

Là tout de suite, il ne pouvait s’empêcher de se sentir résigné. Faire les efforts, faire les efforts. Le chevalier pouvait se maudire d’avoir perdu une partie de son humanité. Un peu décontenancé, il prenait alors le temps de peser ses mots.

Elle le poussa à répondre en tentant habilement de le taquiner.

- Si j'en crois vos faiblesses…,
commença-t-il maladroitement, vous m'avez paru comme tétanisée par notre ascension sur les toits.

Une idée qui avait paru bonne jusqu’à ce l’état physique de la demoiselle s’était un peu dégradé par les efforts qu’imposait une fuite de ce genre.

« Je suis impressionnée par votre sens de l'observation. Vous y êtes presque ! »

Ses encouragements, d’avantage destiné à un enfant à qui on apprendrait à marcher, l’aidait quand même à comprendre qu’il était sur la bonne voie. Avoir une longue discussion soutenue ne lui ressemblait toujours pas.

- A la lumière de votre état de santé, je dirais la peur d'une chute, de vous faire mal ?

De surprise en surprise, jamais Jorah n’aurait trouvé « la » réponse.

« Les escaliers, j'ai peur des escaliers », accompagnait-elle d’un rire.

Radieuse et pleine de vie. Elle était l’exemple contraire de ce qu’était devenu son protecteur d’un jour. Son sourire et son enchantement d’être simplement là à parler de tout et de rien baigna leur bulle et lui se sentait mieux, comme touché par le charisme de sa protégée.

Se sentant gêné de faire ressentir qu’il n’était pas à l’aise,

- Pardonnez moi, ma Demoiselle, marqua une seconde d’arrêt, c’est que j'ai perdu l'habitude depuis longtemps maintenant, d'être en agréable compagnie et de... discuter.

S’avouer ainsi vaincu n’était pas non plus dans sa façon de procéder. S’adapter à ce genre de moment de la vie ne lui était plus offert aussi naturellement.
Mais aujourd’hui c’était une chance d’être finalement tombé sur elle.

La suite était encore coincée par les difficultés qu’éprouvait Jorah à s’exprimer librement. Son esprit fragmenté était programmé pour réagir vivement à des instants complexes et importants. Tellement scindé par les années de solitude qu’il en était lui-même devenu radical parfois. Et ce malgré son rôle auprès d’Elle, oscillant entre conseil et protection.
Patience, cela reviendrait petit à petit.

Devenu un fantôme, revenir d’outre tombe ne lui serait pas servi sur un plateau d’argent. Cette vie là était morte. Morte sur Westeros.
Ayael ne lui laissa pas le temps de s’apitoyer sur son incapacité à élever son niveau de sociabilité. Plutôt un service rendu.

« J'ai une question existentielle pour vous Ser Jorah. Pensez vous que nous sommes Maitre de notre Destin ? »

Lui, il appréciait ce genre d’état d’esprit. La destinée. Le jour où nous croyons la maîtriser, on s’aperçoit comme nous faisons une erreur de le croire. Et le temps de comprendre l’erreur, ce que l’on pensait contrôler d’une main de maître s’envole et se retourne contre vous. Toutes vos croyances sont soumises à l’oppression du seul choix à faire. Le destin ne se résume qu’à un cumul de décisions prises, bonnes ou mauvaises. La maîtrise réside dans notre capacité à se remettre en question chaque jour et dans notre force de conviction à ne rien considérer comme acquis.
Souvenir indolore à ce jour, son esprit de logique ne mettait pas même une seconde à lui transmettre l’image d’une femme, Westeros, son domaine et ses erreurs.

- J'ai tué pour votre vie, il chercha ses mots, alors que ma présence était bien hasardeuse. Ne voulant pas exposer pleinement son opinion, il poursuivi, il y a la maîtrise du destin et il y a le libre arbitre, c'est ce que j'ai décidé de croire.

En fait elle n’avait besoin de n’entendre que ça. Son avis suivait la logique de sa vie jusqu’à maintenant.

« J'ai fait le choix de continuer à vivre avec ma maladie, j'ai fait le choix de rester dans ma famille et donc de me soumettre à sa volonté. Je veux dire, il me parait plus facile d'avancer quand on a l'impression que c'est notre volonté. Qu'on ne se contente pas de subir les choses. Votre vie m'a l'air compliquée mais j'espère que vous la vivez pleinement. »

Ayael était une femme courageuse, assumant ses choix et vivant avec les armes que la vie lui avait confiées. Elle aussi avait sa propre ligne de conduite et son jeune âge masquait malheureusement trop bien le chemin qu’elle avait parcouru et les longues minutes de souffrance qu’elle seule avait pu surmonter.
Lui, sa vie était derrière lui. Le livre était clôt. Son âme, son épée et tout ce qui le caractérise appartenait à Elle.

« N'est-ce pas fatiguant de prendre ainsi soin des autres ? »

Les dires de la demoiselle résonnèrent longtemps dans l’esprit de Jorah. Il n’existait aucune réponse.

- Non, non. Ce serait de vivre pour moi qui me lasserais.


Voilà qui serait approprié et qui n’appelait pas plus de justification. Tous deux ils étaient comme dans un rêve, ils échangèrent longuement des heures durant. Mais les heures n’étaient qu’en réalité de longues minutes. Et cette éternelle sensation désagréable de se sentir arracher des limbes confortables du subconscient.
Ayael avait raison, l’après midi prenait fin et le long coucher du soleil était imminent. Sa proposition pleine de politesse et de bonne volonté aurait été acceptée volontiers mais il y avait une obligation formelle que son défenseur ne pouvait contourner. Par respect, il ne refusa pas de suite et joua la montre.

Son naturel artificiel reprenait peu à peu le dessus, son sérieux et sa prudence aussi. Il n’aurait de repos qu’après avoir définitivement ramené sa blonde en détresse. D’ailleurs cette dernière flaira, avec raison, que son protecteur n’était pas franc et elle lui faisait sentir que son entêtement l’emporterait sur la position de Jorah.

- Je n'aurai qu'à espérer qu'une de vos crises de fatigue vous prenne, alors je ne serais plus qu’une lointaine parenthèse dans votre vie.


Promis, c’était là, la dernière pique qu’il lançait. Leur entrevue touchait ordinairement à sa fin mais il y avait un point sur lequel Jorah se devait d’insister. Il ne savait pas s’il avait été vu, lui. Il avait pris soin longuement de s’assurer que les espions de la cité soient leurrés mais la rumeur de leur escapade avait déjà dû s’insinuer dans les maisonnées.

Il en allait de la protection de la belle et qui plus est de sa famille. Il avait à faire à une personne de bon sens et il n’avait que peu de doutes sur sa sincérité.

- Je suis un fantôme et je dois le rester,
il lui soutenait le regard.Je n'existe pas ici.

Sa présence, son absence.

L’enjeu qu’Elle représentait pour lui n’avait pas d’égal. Et c’était bien à cause de ça qu’il craignait ce genre de rencontre. Qu’un jour on lui enlève ces personnes, connaissances d’un jour ou de toujours. Et il n’aurait alors guère le loisir de choisir qui vivrait et qui mourait pour que sa cause survive.
Après lui avoir donné quelques indications sur les forces de son opposant, avec l’amer souvenir qui lui restait de ses terres natales, du Nord de Westeros. Le continent d’Essos offrait la paix et la liberté que l’autre rive n’assurait plus. Une guerre couvait dans l’ombre. Jorah en serait un des instruments inévitablement.

Avec la rancœur d’un homme blessé, il confia à sa jeune blonde que le royaume n’était plus l’endroit rêvé. Mais elle semblait éprise des histoires qu’elle avait un jour entendues, séduite par l’image qu’on donnait d’un rivage corrompu à la racine.

Le ressentiment de Jorah était palpable, le sujet ne l’enchantait pas et malgré une attitude stoïque, ses paroles trahissaient ses émotions. Elle fut inspirée de sourire, ce qui lui donnait du charisme, tout en saisissant l’opportunité de le taquiner à nouveau.

« Puisque vous ne semblez pas un démordre, acceptez au moins je vous offre mon collier. Un fantôme a besoin d'argent non ? »

Quel étrange être fut-elle. Le geste était noble, la parole beaucoup moins. Pas vexé pour autant, c’était là le jeu qu’il avait accepté de jouer. L’argent, non, il n’en cherchait pas.
« Elle », elle avait une valeur inestimable et c’était le seul trésor à défendre. Mais il en allait du domaine du secret et mettre Ayael dans la confidence n’était même pas venu à l’esprit de Jorah. En réponse à cette énième offense « amicale », il opta pour tout à fait autre chose.

- Ce sera le souvenir d'une rencontre que j'aurai voulu autrement.

Au-delà de l’honneur qu’elle lui faisait, lui prenait ça pour un geste fort qui marquait une parenthèse reposante dans sa vie. Le pendentif était magnifique et sa valeur devenue considérable. Il glissa le cadeau dans une poche intérieure et s’assura qu’il ne pourrait le perdre en route.

Les regards qu’ils échangèrent à présent signifiaient que le temps était venu de reprendre leur route. Jorah maîtrisait la nuit et il marchait avec elle comme avec une amie. Il n’avait jamais été aussi complet en tant qu’homme et en tant que chevalier que depuis son exil. Bien que ses années de Seigneur du Nord et de son île lui avaient grandement donné, son expérience en Essos était de loin incomparable.

~~

A nouveau dissimulé sous sa grande capuche et sa cape, il aida Ayael à se relever et espéra que son corps lui permettrait de bouger sans encombre. Mais enrichi de sa fraîche conversation, il veillerait à tout moment et ne serait là en cas de moindre souci.
Il l’invita à ouvrir la voie, elle seule pouvait les mener en sécurité. Il était son ombre. Et les premiers pas furent fermement difficiles.

Cet épisode semblait déjà si loin. Goûter de nouveau à cet instant d’une vie lui paraissait aussi meurtrier qu’une flèche dans le corps. Sa réalité était toute autre. Sa main, d’un automatisme froid, se posa sur le pommeau de son épée pour parer à toute éventualité. Mettant le sentiment qu’il éprouvait pour la jeune Ayael de côté, ce qu’il jugeait trop interférant sur la capacité de discernement, il retrouvait sa paix intérieure, seul à seul avec son esprit et sa concentration.

Les ruelles s’enchaînèrent, de droite à gauche et l’inverse. Elle menait la danse, il suivait le pas. L’andal craignait ce genre de passage rapide et multidirectionnel et il eut raison de le craindre. A nouveau au sortir d’un chemin pavé donnant sur une petite place déserte, Jorah & Ayael tombèrent face à une troupe armée, six ou sept hommes au jugé, plus une jeune femme qui fermait le cortège.

A nouveau, tout se déroulait plutôt assez vite, sans sommation. Les deux hommes de tête se projetèrent vers eux deux. Ou vers Jorah. Il n’aurait su le dire, sa préoccupation était de défendre sa blonde en détresse. Ne s’agissant pas des soldats de la ville ni des brigands de tout à l’heure, cette situation devenait plus qu’incohérente.

Avait-elle menti sur ses origines ? N’était-elle pas recherchée finalement ?

Jorah tirait sa lame et ripostait à un coup d’acier venant du premier soldat. Dans un fracas suivi d’étincelles, son agresseur et lui s’échangèrent de puissants coups de fer et le deuxième soldat entrait dans la danse. Force était de constater que l’ancien seigneur était dans élément maintenant. Une discussion en charmante compagnie le ferait fuir. Mais le combat, défendre et pourfendre, jamais il ne fuirait tant que la vie d’un(e) autre en dépendait.

Moins surchargé que ses assaillants, il fut plus habile et ses déplacements mieux coordonnés, plus efficaces. Après avoir écarté le deuxième soldat, Jorah fut forcé de poser un genou à terre, désarçonné par un puissant coup qui fendait l’air. Son épée en opposition de justesse, il se débarrassait de cette mauvaise posture en prenant le risque de lâcher sa lame d’une main, pour se saisir d’une dague cachée dans l’intérieur de sa cape. Le protecteur planta l’acier dans la cuisse, dans une faille de l’armure, arrachant un hurlement de douleur à son ennemi inconnu.

L’homme lâcha son arme et Jorah saisi la chance qui s’offrait à lui pour prendre le garde en otage. Tout en posant le tranchant de son épée longue sur la gorge du blessé, la respiration haletante, il faisait face au reste de la troupe qui les avait à moitié encerclés. D’un rapide coup d’œil derrière lui, il s’assura qu’Ayael n’avait rien. En l’espace d’une minute ou deux, ils étaient tout deux en danger et l’avantage que Jorah venait de se procurer ne durerait pas éternellement.

Il sentait une sorte de fureur grandir en lui. Il ne pouvait pas se mettre en péril toutes les cinq minutes pour une femme qui, à en croire cet acharnement venant d’une deuxième faction, suscitait un intérêt certain.

- Mais qui êtes-vous ?

Non, ce n’était pas aux gardes qu’il s’adressait. Son regard s’était de nouveau porté vers Ayael.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime03.02.14 20:36

La situation fut pour le moins amusante. Manifestement, Jorah était gêné, il n’empêche qu’il essayait très sérieusement de deviner, déduisant de son attitude qu’elle n’aimait pas le vide, qu’elle avait peur de tomber... Abrégeant le suspense, elle lui confia donc avec enthousiasme qu’elle avait peur des escaliers. Elle savait bien que sa phobie était peu courante et ridicule, elle lui tendait donc clairement une perche pour se moquer gentiment, mais cela eu l’effet inverse. Encore plus mal à l’aise il s’excusa de son manque de conversation :

« Pardonnez moi Ma Demoiselle, c’est que j'ai perdu l'habitude depuis longtemps maintenant, d'être en agréable compagnie et de ... discuter »
 
D’abord surprise Ayael répondit très sérieusement :

« Inutile de vous excuser, c'est moi qui suit bien trop bavarde ! » Puis, retrouvant son sourire elle ajouta avec une grandiloquence forcée : « Je suis néanmoins flattée que vous me considériez comme une "agréable compagnie". »
 
Sa réplique le fit sourire, et Ayael se félicita intérieurement. Voyant qu’il était de nouveau de bon humeur elle hésita un instant à lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques instants, mais sa curiosité était trop piquante pour qu’elle se taise.
 
« C'est un choix, je veux dire, de ne pas discuter ? »
 
Sa réponse se fit sans attendre, un simple « non » fort et coupant. Penaude, Ayael essaya de se rattraper en faisant quelques plaisanteries maladroites. Il dû se rendre contre que cette réponse ne la satisfaisait pas car il poursuivit, montrant clairement que le sujet était bien plus sensible qu’elle ne l’avait imaginé :
 
« Comment vous dire… C'est que… Laissez moi trouver les mots chère demoiselle. Vous comprendrez. »

Se taisant – ce qui, ma fois, était plutôt rare – Ayael resta tout de même très attentive. Il lui semblait que c’était la meilleur façon de l’encourager à poursuivre.
 
« Je ne me cache pas derrière cette cape et cette capuche par plaisir. Je ne suis pas muet par plaisir. »


Il avait l’air si perturbé en disant ses paroles, qu’Ayael se sentit coupable de lui avoir causé cette mélancolie. Il regardait au loin, probablement perdu dans ses pensés ou ses souvenirs.
 
Certes, elle était toujours intriguée de savoir ce qui pouvait pousser un homme à ce dissimuler avec tant de prudence et à fuir la compagnie, mais elle était néanmoins décidée à ne pas lui forcer la main. Il lui avait sauvé la vie, elle se devait de respecter ses secrets. Encore une fois, sa réponse oscilla entre sérieux et plaisanterie :
 
« Je comprends. Sa voix se fit plus douce encore. Si vous avez envie d'en parler je suis toute ouïe. Néanmoins, je ne vous demande pas de me faire confiance. Si vous préférez un peu parler d'autre chose... Elle marqua une légère pose puis repris avec un petit sourire. Tout le monde à ses secrets, et pas forcément envie de les partager avec la première bavarde curieuse qui passe... »
 
Une fois n’est pas coutume, Ayael resta muette de stupéfaction devant sa réponse :
 
«  Vous êtes devenue plus qu'une bavarde curieuse. J'ai apprécié votre aide sur le toit. Et j'ai apprécié que vous m'ayez laissé entreprendre notre fuite »
 
En réalité, elle ne savait pas ce qui la gênait le plus dans cette réplique. De s’être à se point méprisée sur sa remarque sur le toit ou bien d’être « plus » que… que quoi au juste ? Finalement, c’est vrai qu’elle n’était rien pou lui – hormis un boulet à protéger j’entends. En plus, ils ne se connaissaient que depuis une heure tout au plus. Une heure très intense certes, mais un laps de temps bien court pour faire connaissance. Alors pourquoi était-elle si heureuse d’être « plus » ?
 
Se ressaisissant rapidement, Ayael décida de nouveau de dissimuler son trouble sous une plaisanterie pleine d’entrain :
« Tout le plaisir était pour moi! Il me semble que je suis parfaite dans le rôle de demoiselle en détresse, qu'en pensez-vous ? »
 
Sa réponse : « Une chance que je passais par là », la laissa de nouveau dubitative. Elle n’arrivait pas à déterminer s’il était sérieux où s’il était rentré dans son jeux. Incapable de trancher, elle redevint donc sérieuse. Il lui semblait qu’elle ne l’avait pas encore assez remercié pour tout ce qu’il avait fait pour elle…
 
« Je vous dois la vie Ser Jorah. Sachez que je ne l'oublierai pas. »
 
Sa réponse fut alors l’exemple même de l’ambivalence entre sérieux et plaisanterie :

« Vous ne me devez rien. Les blondes en détresse ont l'air d'être devenu ma spécialité. »

Sans se douter qu’il y avait beaucoup plus de réalité dans sa remarque qu’elle ne le pensait, Ayael renchérit avec amusement :
 
« Ainsi donc, c'est une habitude chez vous que de sauver des demoiselles en détresse ? »

Elle rit franchement quand il lui répondit sur un ton grave : « C'est ce qui m'amène ici », sans réfléchir elle répliqua avec humour : « Vous cherchiez des blondes à sauver ? »

Il eu tout à coup l’air si sérieux et si nerveux qu’Ayael cessa immédiatement de rire. Même son sourire s’effaça lorsqu’il rajouta de la gravité à la situation en lui disant sur un ton presque solennel :
« Comprenez, Ayael, que je ne peux vous en dire plus. C'est un sujet qui vous dépasse. Qui me dépasse aussi. »
 
Après réflexion, elle sentait aussi une certaine tristesse dans sa voix. C’est pour ça qu’elle décida de rester sérieuse.
« Soit. Vous êtes un homme mystérieux ser Jorah. Un chevalier qui se cache et qui cherche des blondes à secourir... 
-          J'aimerais vous donner raison, cela simplifierait ma vie »

Pendant un instant, elle espéra des confidences, mais voyant que ne venait, elle se permis de se lancer sur une considération qui la taraudait depuis qu'il avait fait cette sorte d'aveux.

« J'ai une question existentielle pour vous Ser Jorah. Pensez vous que nous sommes Maître de notre Destin ?
- J'ai tué pour votre vie. Alors que ma présence était bien hasardeuse. Il y a le libre arbitre et notre maîtrise du destin, c'est ce que j'ai décidé de croire. Bien que finalement, c'est moi qui ai été maître de votre destin.
- Vraiment ? Ne suis-je pas la seule responsable de la situation ? Si j'avais fait preuve d'un peu de jugeote, jamais je n'aurai été en danger... Ce n'est pas parce que nous n'en mesurons pas les conséquences, que nous ne faisons pas constamment des choix.
- C’est juste.
- J'ai fais le choix de continuer à vivre avec ma maladie, j'ai fais le choix de rester dans ma famille et donc de me soumettre à sa volonté. Je veux dire, il me parait plus facile d'avancer quand on à l'impression que c'est notre volonté. Qu'on ne se contente pas de subir les choses. Votre vie m'a l'air compliqué mais j'espère que vous la vivez pleinement. »
 
Cette petite conversation philosophique improvisée et complètement incongru au vu de la situation, fit du bien à Ayael. Théoriser ce qu'elle avait sur le cœur avait toujours été toujours un bon moyen d’avancer.

Il y eu un léger moment de silence, et à sa grande surprise c’est Ser Jorah qui changea de sujet :
« Je ne comprends toujours pas un tel acharnement. Le seul motif de pillage ne suffit pas à expliquer que j'ai été obligé de vous défendre à plusieurs reprises. Vous semblez bien plus précieuse que je ne l'avais jugé »


Sa réplique l’inquiéta. Ce qu’il disait était vrai, et cela n'avait rien de rassurant. Malgré tout, elle ne voyait pas ce qui pouvait les intéresser, elle fit donc part de ses conclusions à Ser Jorah :

« J'avoue que je connais mal les mœurs des brigands... Enfin, je ne vois pas ce qui pourrait motiver un tel déploiement de force... Ma famille est riche certes, mais elle n'est pas la plus puissante de la ville... En plus mon statut est assez moindre, j'ai un frère ainé et aucun fiancé. Si ses malotrus avaient voulu m'enlever pour demander une rançon j'aurais peut-être pu comprendre, mais là, ils avaient clairement l'air de vouloir me tuer non ? » 

Sa réponse fusa avec une étonnante spontanéité : « Je n'ai pas pu me résoudre à prendre le risque d'attendre une seconde de plus... »

Ayael éclata de rire et lui répondit sur un ton quel essaya de rendre professionnel « Et je vous en suis grès. »


Elle espérait un autre trait mais il redevint tout à coup sérieux et lui demanda si elle allait bien. En réalité, il n'y avait eu aucun changement dans son état. Elle ne se sentait pas mieux, mais la situation n'avait pas empirée. Elle hésita un instant à lui mentir pour le rassurer, puis elle se dit que ce n'était pas une bonne stratégie. Certes, elle préférait qu'il ne s'inquiète pas pour elle, mais s'il pensait qu'elle était en pleine forme, il lui demanderait peut-être de reprendre la route, et elle ne s'en sentait pas encore capable.

« Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude. 
- C'est mon rôle de m'inquiéter de votre état
- N'est-ce pas fatiguant de prendre ainsi soin des autres ?
- Non , non. Ce serait de vivre pour moi qui m'userait.
Je crois que je comprends... »

Elle comprenait vraiment. Et d'une certaine manière, cela l'attristait. N'importe qui méritait de vivre un peu pour soi même. Se consacrer ainsi aux autres... C'était admirable bien sûr, mais elle craignait que cela ne soit pas très sain.

Plus que jamais, elle désirait vraiment le récompenser pour son aide. Pour qu'il puisse un peu profiter de son dévouement apparemment désintéressé.

« J'aimerai que vous reconsidériez ma proposition Ser Jorah. Si vous ne souhaitez pas d'or, ne le prenez pas - cela nous fera faire de substantiels économies - mais, daignez au moins accepter un bon repas et un lit douillet. Sachant que le sujet était sensible, elle termina sur une note amusante : Rien ne vous empêchera de partir à la recherche d'autres blondes en détresses après une bonne nuit de repos... Du moins, si nous arrivons à regagner ma demeure sain et sauf. 
- Vous êtes polie et votre hospitalité vous honore. Si seulement je ne vivais que pour vous, mesdames. Laissez moi vous ramener saine et sauve, nous verrons ensuite »

Ayael tiqua sur le « mesdames » mais pas suffisament pour ne pas voir qu'il s'esquivait. Poliment certes, mais cette manière d'éluder la question en la remettant à plus tard était sans aucun doute un "non" détourné. Or elle était fermement décidée à ce qu'il profite un peu de sa bonne action.

« Comme il vous plaira Ser Jorah. Mais sachez que j'ai une excellente mémoire, et que je suis très têtue quand je m'y mets. »

Ses soupçons se confirmèrent quand il répondit :
« Je n'aurai qu'à espérer qu'une de vos crises de fatigue vous prenne alors, et je ne serais qu'un rêve lointain »

Elle laissa échapper un petit rire faussement outré et déclara :
« Vous n'oseriez pas! Songez que je pourrais me mettre en danger à seul fin de vous attirer dans un piège, comptant sur votre instinct de protecteur de demoiselle blonde en détresse. 
- Vous êtes rusée je n'en doute pas »

Il avait l'air soudain mélancolique, presque triste. Ayael essaya de lui ragaillardir en lui sortant une frivolité mais ça n'améliora pas son humeur.

« Vous avez eu raison de m'accorder votre confiance, puis je faire de même ? Ce que je dois vous dire est sérieux. »

Ayael resta muette un instant. D'un côté, elle mourrait d'envie d'entre ses confidences, et elle était plutôt heureuse d'avoir gagner sa confiance. De l'autre, elle savait que si c'était vraiment aussi grave que son air le laissé entendre, elle pourrait être amener à en faire part à son père. La situation serait alors très déplaisante pour elle : trahir la confiance d'un inconnu mais qui avait eu l'audace de la secourir et de s'occuper d'elle, ou trahir la confiance de son père aimant... Sa loyauté allait à sa famille, mais elle préférait éviter d'en arriver là, aussi décida-t-elle de le mettre en garde sur ce sujet.

« A moins que vous n'ayez l'intention de vous en prendre à ma famille, je vous promets de ne rien dire à qui que se soit de vos révélations.
- C'est justement de vous et de votre famille qu'il peut s'agir. » Il marqua une pause, la regardant droit dans les yeux avant de poursuivre : « Je suis un fantôme et je dois le rester. Je n'existe pas ici. »

Il était étrangement serein, et Ayael était tellement troublée qu'elle mit un moment avant de pouvoir l'interrompre. Son exclamation fut par ailleurs plus violente qu'elle ne l'aurait voulu.

« Alors, ne dites rien. Restez mon chevalier charmant, héros laconique, sauveur de blondes en détresse
- Je veux juste que tout ça reste entre nous.
- Sauf que je ne peux vous le promettre si ses affaires concerne ma famille.
- Votre famille ne doit jamais savoir ce qu'il s'est passé. N'ayez confiance qu'en vous même à mon propos. Je saurais toujours me protéger de mes ennemis, les Dieux savent combien ils sont puissants et partout. Mais je ne pourrais pas vous protéger comme je souhaiterais que ce le soit. »

Ayael se sentit soudain accablée pour cet homme qui semblait ne jamais pouvoir goûter au repos. Elle n'imaginait pas à quel point cela pouvait être usant de toujours s'inquiéter de sa sécurité et en prime de celle des autres...

C'est donc sur un ton mélancolique qu'elle dit, sans vraiment s'adresser à lui :

« Comment un homme comme vous peut avoir tant d'ennemi...
- Oh, ce n'est pas moi en tant qu'homme. C'est moi en tant que cause que je défends. Je suis le garant de la protection d'une seule et unique personne.
- Cette personne a bien de la chance de vous avoir.
- Vous êtes intelligente Ayael. Vous savez qu'un Chevalier n'a d'intérêt que d'être sur Essos que s'il a été banni de ses terres
- Et vous êtes un homme intelligent Ser Jorah. Vous savez bien que les Lysiens se moquent éperdument de ce genre d'affaire. Elle marqua une légère pause, avant de reprendre, perdue dans ses souvenirs. Pendant longtemps, j'ai eu un Mestre. Il était accusé d'avoir assassiner toute la famille pour laquelle il travaillait. Pensez vous réellement que votre cas puisse me choquer ?
-Je ne pense pas vous choquer non. Sauf que la Couronne a des yeux partout. J'en étais un des émissaires il n'y a pas si longtemps. »

Ayael prit très mal sa dernière réplique. Dissimulant tant bien que mal sa soudaine agressivité elle déclara : « Soit, donc vous craigniez qu'un espion de ma maison ne vous trahisse si vous veniez à prendre un peu de repos ? »

La réponse de Ser Jorah l'amadoua immédiatement : « Non ce n'est pas ma crainte. Je crains qu'un espion de la couronne ne vienne jusqu'a vous. »

Comment ne pas fondre devant un tel déploient d'attention... Sa réponse se fit avec une véhémence surprenante : « Je serais le recevoir, croyez moi ! Je ne suis pas constamment une demoiselle en détresse vous savez...
- Votre conviction me fait plaisir. Mais vous n'avez pas idée.. vraiment pas idée. Cependant, j'ai pu observé longuement et je peux assurément dire que ma présence est invisible aussi. Westeros est loin d'être le continent qu'on rêve de rejoindre ou de découvrir.
- C'est pourtant l'un des mes souhaits les plus cher.
- J'espère alors pouvoir vous y mener un jour. »

Ayael s'étonna de cette réponse, pendant un instant, elle en fut heureuse, puis elle se souvint de ce qu'il avait dit plus haut : il ne resterait pas. C'était logique certes mais pourtant... Elle devient légèrement amer mais ne se démonta pas :
« Je crains fort que nos chemins ne se sépare sous peu. Je puis néanmoins vous rassurez : un jour j'irai.
- J'espère être encore en vie pour vous revoir là bas. Une guerre se prépare, tout à fait dans l'ombre.
- Des guerres sont constamment en préparation... »
Elle le pensait réellement... Il n'y avait cas prendre le cas d'Essos et des tensions qui agitaient actuellement Lys et Tyrosh...

Décidant de changer de sujet, et refusant de perdre complètement face à son refus de récompense, elle renchérit :
« Puisque vous ne semblez pas un démordre, acceptez au moins je vous offre mon collier. Un fantôme à besoin d'argent non ?
- Votre collier ? Celui que vous vouliez jeter aux bandits? Je pensais vraiment mériter mieux que ça. »

Pendant un instant, elle craint de la voir offenser et chercha maladroitement à se justifier, lui expliquant que c'était la seule chose de valeur qu'elle avait sur elle, et qu'il avait également une valeur sentimentale, mais qu'elle l'aurait sacrifier aux bandits si cela avait était nécessaire, simplement parce qu'il valait toujours moins que sa vie, mais il lui fit comprendre qu'il plaisantait et elle se détendit. Lentement, elle détacha son collier, puis, elle lui tendit précautionneusement. A nouveau, elle fut surprise par ses parôles.

«  L'argent ne me manque pas. Ce sera le souvenir d'une rencontre que j'aurai voulu autrement. »

Encore et toujours cette mélancolie...

« Un sauveur mystérieux, recherché par tout Westeros, sauveur de demoiselle blonde en détresse, et riche de surcroît ?
- Vous êtes perspicace. Je parle plutôt d'un autre genre de richesse.
- Je ne vous suis pas.
- Je ne le suis pas. La personne que je sers, oui. Sa personne en elle-même vaut énormément.
- A vos yeux ou à celle des autres ?
- A mes yeux et aux yeux de ceux qui servent sa cause, elle vaut plus que tout l'or du monde. Il marqua une légère pause puis la taquina légèrement : Vous êtes très curieuse ! »

Ayael rougit un peu : intriguée, elle s'était laissé emportée, le bombardant de questions, oubliant complètement sa requête de ne rien lui dire. Malgrès tout, elle garda tout son aplomb et lui répondit avec un sourire :

« Je l'ai toujours été. Que voulez vous, c'est mon seul vice. J'aime apprendre, savoir, comprendre.
- Vous allez m'obligez à vous enrôler dans mes rangs pour que je puisse m'assurer que tout ceci ne filtre.
- Mon sauveur deviendrait il un odieux kidnappeur ? J'en doute fort.
- Allons, vous vous opposeriez à moi ?
- Je vous harcèlerai de questions jusqu'à ce que, épuisé, vous m'abandonniez. »

De nouveau souriante, elle décida néanmoins de lui pauser une question qui la taraudait étrangement depuis qu'il lui avait parler de son « employeur ».

« Il y en a une dernière qui me brûle les lèvres. Si cette personne est si précieuse, pourquoi n'êtes vous pas à ses côtés en ce moment même ? Plutôt que de tenter d'effrayer une jeune dame insignifiante ?
- Elle n'existe pas, elle aussi fantôme que moi. Sa protection doit s'étendre au lieu où elle se trouve. Plus loin même si j'en juge la nécessité. C'est de là que je suis arrivé à vous. »

Bizarrement, Ayael se sentit froissée par cette réponse. Sans doute parce qu'il confirmait indirectement son insignifiance... Sa réplique ne tarda pas à fuser, beaucoup plus sèche qu'elle ne l'avait voulu :

« Je vois. Alors ne traînons plus. Vous devez avoir hâte de retrouvée votre protégée.. 
- Non. Ce n'est pas la hâte qui me ramènera vers elle tout à l'heure. Enfin, je suis sûr que vous saisissez »

Ah... Ce don qu'il avait de se faire pardonner instantanément.
De nouveau, elle se sentait légèrement rasséréner par sa réplique, sans pouvoir justifier ce sentiment fugace qui l’étreignait.

Apparemment, tout avait été dit. Il se leva prestement et Ayael l'imita, beaucoup moins prestement cela dit. Redevenu le guerrier prudent et expérimenté il observa les environs avant de déclarer que tout était calme, elle lui répondit avec une pointe d'ironie que les apparences étaient parfois trompeuses. Absolument neutre il se contenta de lâcher un « c'est juste. »
Apparemment, il était redevenu lui même.

Songeuse, elle le suivit sans dire un mot. Perdue dans ses pensées, elle marchait machinalement, sans regarder où elle allait. Jorah dégageait une telle assurance, une telle force. Jamais il ne lui vint à l'esprit de lui indiquer où elle habitait. Étrange de voir qu'elle le suivait si aveuglément. Le ciel se faisait sombre et il devenait difficile pour Ayael de marcher.

Toujours silencieuse, la jeune fille serra les dents. Tant qu'elle le pourrait, elle avancerait. Elle avait bien compris qu'il avait une mission à accomplir, une mission bien plus importante qu'elle ne le serait jamais. Maintenant, elle pouvait juste faire de son mieux, pour qu'il ne regrette pas de l'avoir secouru, pour qu'il garde un souvenir fugace mais agréable de leur rencontre. Elle ne pouvait pas le retenir, elle ne voulait pas l'oublier. Il serait comme un de ses rêves éveillés qu'elle faisait parfois. Au fond, cela y ressemblait beaucoup : des aventures épiques, un preux chevalier...

Soudain Jorah s'arrêta et tira son épée. Ayael comprit que les ennuis reprenaient. Elle se décala légèrement pour ne pas le gêner et scruta l'obscurité. Il était difficile de voir mais elle compta sept homme, puisse une femme qui restait en retrait.
En un éclair Ayael comprit et cria, mais sa voix fut couvert par le fracas des armes. Quelques instants après, Jorah prenait en otage un de ses adversaires lui offrant une accalmie bienvenue. Elle allait parler quand Jorah l'invectiva apparement de très mauvaises humeurs.
- Mais qui êtes-vous ?

Ayael resta froide mais intérieurement elle bouillonnait. Au fond, elle savait qu'elle n'aurait pas dû lui en vouloir de douter de sa sincérité, mais d'un autre côté, comment ne pas se sentir blessé par un manque de confiance ? Comment ne pas souffrir d'une accusation injuste. Car derrière cette simple question il y avait bien une remarque : « vous m'avez menti sur vos origines ! ». Quel comble de la part de ce mystérieux personnage !

Plus droite et digne que jamais elle tenta de le fixer dans les yeux – mais ce n'était guère aisé sachant qu'il avait un otage.

« Je suis Ayael Zathrian de l'antique noblesse Valyrienne. Et ces gens, sont des soldats de ma famille ! »

Elle aurait bien savourer sa surprise, mais elle craignait que les gardes ne fassent que peu de cas de l'otage et n'attaque à nouveau Jorah. Là encore, elle pouvait comprendre leur méprise.
Maintenant, c'est elle qui était dans son élément. Donner des ordres, elle savait le faire. S'était même une seconde nature chez elle... D'une voix calme mais ferme elle déclara :
« Maintenant, que tout le monde se calme et range ses armes ! Cet homme que vous avez attaqué sans sommation, est celui qui m'a sauvé des brigands. Il ne faisait que m'escorter jusqu'à chez moi par bonté d'âme, de peur qu'il ne m'arrive à nouveau malheur. »

Elle n'avait pas marquer une seule hésitation en disant "cet homme". Ayael était bien trop subtile pour trahir Jorah par inadvertance. De toute évidence il était recherché et avait beaucoup à perdre. Elle tiendrait sa promesse de ne rien révéler de son identité.

Et maintenant ? Devait elle se réveiller pour de bon ?
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime04.02.14 1:06

D’un regard exacerbé dirigé vers Ayael, l’acier sous la glotte de son assaillant, il hésitait encore entre tromperie et bénéfice du doute. Certes la question posée quelques secondes auparavant avait été lâchée avec trop de véhémence. Sûrement le contrecoup d’une offensive qu’il avait eu à contrer de nouveau. Maladroitement épris de colère, cependant justifiée, il ne se serait jamais emporté ainsi sans que cela soit sans raison.

Chaque seconde de sa vie était conduite par son sens du devoir et les responsabilités qu’il endossait. Pas le droit de sortir du chemin, tout écart étant prohibé, le chevalier était sans cesse dans la prise de décision.

Et donc de se voir à nouveau en danger, rien que lui-même, pour une personne, aussi précieuse fut-elle, ne l’arrangeait pas. Car avec toute la modestie qui émanait de lui, Jorah était un rouage essentiel à la quête de sa véritable protégée. Peut-être, par manque de son ancienne vie, avait-il baissé la garde à un moment.

« Je suis Ayael Zathrian de l'antique noblesse Valyrienne. Et ces gens, sont des soldats de ma famille ! »

Les mots sonnèrent longtemps dans l’air et lui donnèrent la sensation qu’une entrave venait de disparaître. Mais similaire à un état de choc, tout les protagonistes ne bougèrent pas tout de suite. Comme si cette intervention ne suffisait pas à calmer les ardeurs de chacun. Par crainte, par prudence, Jorah favorisa une étreinte plus appuyée pour ne laisser aucune place au doute.

Suspendue dans le temps, les secondes pesèrent comme des heures. C’est à nouveau la jeune blonde qui les sommait de se raviser.

« Maintenant, que tout le monde se calme et range ses armes ! Cet homme que vous avez attaqué sans sommation, est celui qui m'a sauvé des brigands. Il ne faisait que m'escorter jusqu'à chez moi par bonté d'âme, de peur qu'il ne m'arrive à nouveau malheur. »

C’est comme s’il avait été arraché aussi sec d’un rêve, d’un état de latence. Ses soldats, sa famille. Etrangement il en avait douté jusqu’à ce qu’elle haussa le ton. Et dans le même temps Jorah avait relâché son emprise, tout en se redressant et ajustant sa capuche. Le défi de chaque instant. Le chevalier dissimulé rengainait son épée et prenait soin d’essuyer la lame ensanglantée de sa dague.

Encore échaudé par l’énième combat qu’il avait dû assurer, il reculait de quelques pas, s’éloignant des gardes et d’Ayael. Une porte dérobée lui était rapide d’accès et prendre maintenant un autre chemin lui semblait l’opportunité à saisir.

Les soldats de la demoiselle étaient là, sa protectrice aussi. Son rôle ne venait-il pas de prendre fin ? Son regard, bien que caché par l’ombre projetée par sa capuche, était dirigé vers sa protégée d’un jour. Jorah avait pris un retrait d’un bon mètre maintenant et s’arrêta. Un inaccoutumé sentiment s’insinuait dans son esprit. Ce n’était pas la conclusion qu’il avait souhaité pour cette rencontre qui résonnerait éternellement dans une partie de ses pensées.

Pourtant c’était là. Aussi insolite que ça pouvait paraître, il n’a jamais eu de décision aussi difficile à prendre depuis quelques temps. Jamais quand on parlait de décision de ce genre là. Bien évidement, soyez sûr que rien de tout ça ne filtrait par une quelconque mimique.
En fait, il n’y avait qu’Ayael pour comprendre ce qu’il allait se passer, là maintenant. Le comprenait-elle ? Le comprendrait-elle ?
Jorah faisait face aux gardes et à sa jeune défendue. Sa sérénité ne lui venait plus en aide. Il n’avait pas vraiment repris son souffle, son calme. Il espérait de tout cœur qu’elle accepterait ce défilement soudain. Pas tout de suite, peut-être.

Elle ne s’était pas endormie suite à une crise, comme il l’avait amicalement espéré lors de leur échange. Mais il n’en resterait pas moins une lointaine parenthèse.

Jorah ne se cernait plus vraiment trop. Depuis quand prenait-il en compte les avis extérieurs ? N’en avait-il pas déjà bien assez fait ? Plus qu’il n’aurait dû le faire ? Troublé par cet égarement – il souhaitait qu’il soit le plus éphémère possible – l’homme aux allures d’assassin avait fait son choix. Rien n’était à regretter.

Aussi agréable et enrichissante fut-elle, la jeune demoiselle devait y voir là que leur chemin prenait inéluctablement deux directions opposées.

Sans aucun mot. Il ne les avait pas. Le charme d’une scène de ce genre ne résidait pas dans ce silence révélateur ?

Jorah se força à se retourner. Il se força, comme s’il s’agissait d’un adieu froid et distant à sa bien aimée, à un parent, à un ami, qu’il n’aurait sûrement plus le loisir de revoir un jour. Incapable d’analyser sa réaction et d’y trouver une parade, il lui fallait quelques secondes de plus pour prendre la ruelle et disparaître comme il était apparu. Dans un anonymat complet. Avec mystère. Laissant derrière lui l’incompréhension du geste, pourquoi pas.

Sauf que le destin et le libre arbitre intervinrent de concert. Un doux bruit fendait l’air continuellement, venant de loin et se rapprochant beaucoup trop vite. Jorah n’avait pas encore fait deux pas. Le sifflement de ce son brisant le silence s’estompa lourdement. Aussi lourd que brutal. L’improvisé protecteur fit un pas en arrière, un pas faible et détaché du haut de son corps.

Encore de dos, on ne pouvait voir la grimace retenue de toute force qui se dessinait sur son visage. Titubant légèrement, il n’avait pu contrôler son retournement face à Ayael, à un mètre d’elle. La douleur se répandait généreusement.

Plantée en pleine poitrine, non côté cœur, une longue flèche singulière. Comment était-il en arrivé là, lui qui s’entourait de tant de barrières, de tant de prudence. Sur son sombre vêtement, le sang ne se voyait que peu mais lui, il le sentait peu à peu et la chaleur du fluide. Jorah était un homme fort, aux bases solides, à l’esprit incorruptible mais s’en était devenu un peu trop. Un instant brouillé par la souffrance et par les multiples alertes enclenchées par son cerveau dans toutes les fibres de son corps, il posa un genou à terre et sa main se porta automatiquement à la source de l’impact.

Il n'en mourrait pas. Enfin pas tout de suite. Ce serait une mauvaise idée d'attendre trop longtemps mais tant que la flèche était dans sa poitrine, l'hémorragie était contenue.

L'anxiété se mêlait à ça. Ses premières pensées étaient pour Elle. Il perdrait beaucoup en crédibilité si tout cela venait jusqu'à Elle.

Analyser, penser. Prendre la décision. Le goût du sang lui venait au palais. Quelle décision ? Sa vie, la vie d’Ayael ? Les autres étaient sans importance. Il s’était mieux débrouiller seul qu’avec cette bande de déguisé. Jorah secoua alors la tête, fit un effort considérable pour se relever. Ne pas s’avouer vaincu. Respiration haletante. Il devait trouver dans l’adversité un moyen de pallier aux vagues soutenues de douleurs.

Il fallait remettre son au revoir à plus tard.

La garde de la jeune blonde s’était formée en position défensive afin de protéger la belle. L’empêchant sûrement d’avoir la mauvaise idée de venir en aide à son protecteur. Elle n’était pas là pour le protéger. Le tireur d’élite n’avait tiré qu’une flèche. Quand le lien s’était fait dans sa tête, il comprenait amèrement que sa couverture avait peut être était grillé, vendue, ou autre encore. Ou avait-il été là au mauvais endroit au mauvais moment… Le hasard ne tirait pas des flèches aussi précises. D’une étroite ruelle une ombre grandissait, enfin c’est ce que sa vision lui donnait de mieux en qualité. Pas comparable aux brigands. Les voleurs ne s’acharnaient pas toute une journée pour un vol de bijoux. Les voleurs n’étaient pas des tireurs embusqués.

Jorah tirait son épée. Encore. Le temps remontait à fort longtemps, où il avait eu à s’employer autant de fois. Il était encore Seigneur. Pas de calcul possible encore. Mettre à terre l’ennemi, la seule vérité du terrain. Entamant une course mal maîtrisée, abandonnant les bases d’un duel, le chevalier blessé se rua et d’un appui mal assuré encore –seul moyen de mettre assez de force- il se jeta sur l'inconnu. Le doute s’estompait peu à peu, il semblait bien que des espions avaient remonté sa piste. Ses pensées allaient à Elle. Le meilleur des mercenaires n’aurait pas assez d’une vie pour la trouver et Jorah s’en était assuré.

Il assénait un lourd coup d’acier, sans vraiment de contrôle, et désarmait son ennemi. Ils étaient de mauvais combattants. Se livrer à une joute de face, ce n’était pas dans leur habitude. Dans la foulée de son élan, Jorah perdait l’équilibre et ne put éviter une chute qu’il transforma en une roulade avant de se remettre péniblement debout. Fulgurante souffrance lorsque la flèche se brisa à moitié, déplaçant ou enfonçant l’acier un peu plus, il n’aurait pas su le dire. Sans arme, son opposant eut la bonne idée de se replier.

Il fallait comprendre que la scène se déroulait à une vitesse accélérée, à tel point que la garde ne bougea pas vraiment pour porter assistance à Jorah. Après tout, leurs ordres étaient simples, ils servaient Ayael et sa protection était sans discussion.

Sa respiration devenait plus lente. Impossible de constater les dégâts. Trop exposé. Ses pas l’amenaient difficilement vers Ayael et ses défenseurs. Pas le temps de s’apitoyer.

- La vie d'Ayael passe avant les nôtres,
dit-il en tentant de rester droit pour dissimuler la douleur, ne restons plus ici.

Il était préférable de ne pas leur confier que l'agression lui était destinée. Lui en était sûr et dans le doute, mieux ne valait pas se risquer à un mouvement de panique. De plus, il la savait physiquement fatiguée par ces péripéties. Lui qui était là affaiblit aussi, à deux ils faisaient bien la paire. Une blessure en haut du corps était de loin sa préférée car la moins handicapante.

Et s'il fallait la porter de nouveau, quel merveilleux défi ponctuant une merveilleuse journée.

Jorah se sentait entrer dans une période post douleur, où le corps avait le regain de forme nécessaire, l'instinct de survie s'était enclenché, le maintenant lucide et capable de prendre sur lui. Rares étaient les fois où il avait été blessé mais il n'en démordrait pas, il n'aimait pas l'attention qu'on lui prêtait dans ce moment là. La souffrance nous rappelle que nous sommes vivants.

Volontairement, son regard fuyait celui d'Ayael. Comme pour ne pas s'avouer son échec.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime06.02.14 11:47

Lentement, l'atmosphère se détendit. Jorah relâcha son otage et elle sentit la tension s'estompait peu à peu. Les gardes se redressaient, rengainaient leurs armes, s'échangeaient quelques mots.

Ayael ne les écoutait pas, elle fixait Jorah, comme si son regard était un filet qui l'empêcherait de s'en aller.

Ayael ferma les yeux une seconde et tourna la tête. Elle n'avait pas de raisons, ni même le droit de tenter de le retenir ainsi. Elle avait déjà bien trop abusé sa gentillesse. Il avait une personne bien plus importante à protéger.

Que ces mots sonnaient creux. Elle aurait dû s'en réjouir peut-être. Se dire que ce n'était pas contre elle. Elle n'y parvenait pas.

Tous les rêves ont une fin, celui-là devait s'effaçait, maintenant.

Entre temps, Anora l'avait rejointe. En bonne demoiselle de compagnie, elle diagnostiqua son état d'un regard. Malgré toute sa concentration, Ayael ne parvenait à l'écouter que d'une oreille. De toute façon, elle ne faisait que formaliser ce qu'elle savait déjà : à savoir qu'elle allait avoir droit à tout un tas de crèmes, d'onguents et de massages. L'idée ne lui déplaisait pas. Elle se sentait horriblement fatiguée, mais c'était une fatigue différente. Une fatigue physique, « vrai ». Pas une crise d'asthénie. Il lui semblait désormais que s'allonger sur un lit moelleux en se faisant chouchouter, ou même prendre un bain, était la plus belle chose du monde.

Du coin de l’œil, elle le vit s'esquiver. Pas un adieu, pas un mot. C'était peut-être mieux ainsi.

La flèche qui fendit l'air pour se planter dans son torse laissa tout le monde stupéfait. Était-ce le hasard où avait-t-il par réflexe regardait dans sa direction à ce moment ? Elle n'aurait su dire mais quoi qu'il en soit, il était tourné vers elle lorsque la douleur l'envahi.

Extrêmement empathique, Ayael se sentit défaillir comme si c'était elle qu'on avait frappé. Elle fit un pas dans sa direction. Se ravisa. Quel stupidité que de se mettre dans la ligne de mir d'un archer. De toute façon, même si elle allait à ses côtés, elle ne lui serait d'aucun secours.

Ses gardes mirent un certain temps à réagir, mais une fois que la situation atteint leurs cerveaux ils se placèrent immédiatement autour d'elle et Anora pour les protéger. Ayael, elle, n'avait toujours pas bougé. Elle regardait ser Jorah en se demandant quand il allait s'effondrer. Il ne tomba pas. L'idée même lui était concevable : comment pouvait-on tenir debout avec pareil blessure ?

Il chancela à peine avant de se ruer sur ses ennemis avec une gaucherie et une sauvagerie inhabituelle mais non moins impressionnante.

Ayael ordonna à ses gardes d'aller l'aider. Elle ne comprenait pas qu'elle ait besoin de formuler l'évidence, pourtant ils n'avaient pas l'air disposé à le faire avant qu'elle n'en émette le souhait. Sans grande conviction, l'un deux couru lui porter assistance, mais il était déjà trop tard. Le combat été terminé.

Lentement Jorah revint dans sa direction. Il aurait du être tout loqueteux mais il se tenait droit.

- La vie d'Ayael passe avant les nôtres, ne restons plus ici.


Ah... le syndrome de « je parle à tout le monde sauf à mon réel interlocuteur. » Peut-être que si les circonstances avaient été différentes, elle s'en serait offusquée. Là, la question ne se posait pas. C'est vrai que cela l'énervait quand on parlait d'elle comme si elle n'était pas là, mais elle savait mettre son orgueil de côté pour se concentrer sur l'important.
Ayael acquiesça donc et se mit en route d'un pas décidé. Pour la forme. En vérité, elle n'avait pas un grand sens de l'orientation et n'était jamais venue dans cette partie de la ville. En fait, elle ne savait absolument pas si elle allait dans la bonne direction. C'était le geste qui importait.

Intelligente, Anora lui attrapa le bras. Comme pour la soutenir un peu dans sa marche – ce qui n'était pas inutile au vu de sa fatigue – elle en profita pour la guider discrètement à coup de légères pressions et inclinaisons.

Droite, toujours escortée par ses gardes d'une étonnante vigilance. Ayael ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d’œils régulier au chevalier. Il était grièvement blessé mais faisait comme si tout allait bien. Quelqu'un d'autre aurait pu être dupe, mais Ayael connaissait trop bien l'anatomie pour savoir qu'il jouait la comédie. Décidément : il était plein de talents.

Pendant un instant, elle avait hésité à le faire porter. Marcher devait lui être insoutenable, mais il mettait tant d’acharnement à dissimuler sa douleur qu'elle n'avait pu s'y résoudre. C'était plus prudent, mais elle était persuadée que son égo ne s'en serait jamais remis. Il n'empêche qu'elle guettait le moindre signe de faiblesse ou de résignation pour donner l'ordre à ses gardes.

Dans la mesure où il s'efforçait d'esquiver son regard, elle avait tout le loisir de l'observait sans créer cet inévitable moment de gène où les deux partis tournent les yeux. Ayael était fascinée par ce phénomène. Elle aimait beaucoup la poésie et entendait souvent que les yeux étaient une fenêtre sur l'âme. Aussi stupide que cette métaphore puisse paraître, il lui semblait avoir un fond de vérité. Sinon pourquoi un regard prolongé aurait-il eu une telle intensité, une réminiscence d'intimité qui le rendait gênant ?

Perdue dans ses pensées, le trajet passa beaucoup plus vite qu'elle ne l'avait craint. Rapidement, les hauts murs de la maison familiale des Zathrian se dressèrent devant eux, et Ayael sentit un poids – dont elle n'avait pas conscience de l'existence – la quitter.

A peine s'était il approchait des portes qu'une armée de serviteurs vient s'enquérir de leur besoin. Le guérisseur était là bien sûr. Elle dû cependant lui ordonner d'aller s'occuper de Ser Jorah. La logique n'avait pas cours dans sa maison : quand bien même paraissait-t-elle en pleine santé, elle passait tout de même avait l'homme avec une flèche dans le torse et un beau filet de sang sur ses habits.

« Mon sauveur à besoin de repos et de soin. Immédiatement. »


Ayael n'avait pas besoin de hausser la voix ou de prendre un ton dur pour se faire obéir. Sa douceur n'altérait en rien la force de ses mots. Elle avait légèrement hésité sur la désinence à employer : comment ne pas le trahir, mais traduire l'importance qu'il avait – enfin qu'on le traite comme il faut – sans non plus exagérer. « Amis » s'était insinué dans son esprit, mais elle avait préféré quelque chose de plus formel. Il n'était pas son amis après tout. Un héros. Voilà tel qu'il devait paraître, et qu'on devait le traiter.

Quoi qu'il en soit, le message passa, et elle observa avec un certain soulagement ses serviteurs qui entraînaient Ser Jorah vers une chambre d'invité en compagnie du guérisseur. Au loin, elle vit son père arriver en courant malgré son embonpoint, cela lui arracha un sourire affectueux.

Sachant ce qu'elle avait à faire, Anora partie devant pour lui préparer des infusions, et Ayael tomba dans les bras de son père. Elle savait à quel point il avait dû s'inquiéter. L'étreinte fut longue mais pas éprouvante. Si son père aurait bien aimé la serrer jusqu'à l'étouffer, il connaissait la fragilité de sa fille et l'enlacer avec le même prudence que si elle avait été en porcelaine.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime06.02.14 22:35

Tête basse, dissimulé par sa cape, des cernes sous ses yeux se dessinaient à mesure de ses efforts. Le temps oscillait entre secondes et heures. Et la sensation qu’il avait en cet instant était étrangement apaisante, ralentie. Comme si un halo invisible l’entourait et le préservait de l’extérieur. Fermant la marche de la compagnie –être en tête de peloton les auraient ralentis- Jorah tentait de faire bonne figure, se sentant observé par Ayael. Sa démarche à moitié vacillante le trahissait certainement et il espérait à chaque micro seconde que leur chemin allait prendre fin.

Au moins sans encombre.

Son état, à défaut d’empirer rapidement, le mettait à l’épreuve et son âge ne lui accordait plus la récupération qu’il avait étant jeune. Le chevalier trouva néanmoins un peu de soulagement à prendre appui sur le pommeau de son épée mais une de ses mains restait à la base de sa blessure. Le geste en lui-même n’avait aucune vertu réparatrice mais il y avait là quelque chose de psychologique qui l’aidait à se soustraire de la douleur.

Jorah avait opté depuis un certain temps maintenant pour une tenue quotidienne légère, renforcée par endroit, de couleur sombre et affublée d’une capuche, décrite bien avant, qui lui permettait d’être anonyme. Un choix dicté par sa nouvelle conduite discrète voire fantomatique. Seulement ce choix réduisait ses protections corporelles de plus de la moitié de la surface. Epaulières, protège-tibias et une fine côte de maille pour le torse.

Il avait accepté cette restriction allégeant ses rapides et furtifs trajets, ainsi que ses ascensions sur les reliefs de la ville.

La nuit tombait peu à peu. Dans ces quelques moments de lucidité, il espérait fort qu’ils n’avaient pas été suivis. Lui, et les autres, avaient été naïfs de prendre droitement la route vers les quartiers d’Ayael.

« … repos …soin... …Immédiatement... »

Rien ne lui paraissait clair, si elle s’était adressée à lui, il n’aurait surement jamais réagir, à peine s’il aurait senti la présence de la jeune blonde.

Voilà ce que donnait un esprit fractionné et conditionné dans un état de faiblesse. Une coquille sans âme véritable. Le chevalier était complètement replié sur lui-même, isolé, fermé.

Jorah n’avait pas vraiment calculé qu’ils venaient de boucler cette nouvelle course. Il n’aurait pas su dire s’il était essoufflé, fatigué, endolori. La seule sensation qu’il le maintenait conscient, c’était ce froid intérieur, un froid étrange, un sentiment nouveau de mal être.

Emmené vers un lieu qu’il ne connaissait pas, il n’eut pas la force de lutter. Que pouvait-il lui arriver de pire maintenant, s’il était tué personne ne viendrait le réclamer car personne ne savait qu’il était là. Et Elle, elle n’irait pas courir le risque de le retrouver car ce n’était pas son rôle. Dans sa tête, les pensées fusaient de tout les sens, le rendant confus. Le positif et le négatif se mélangeaient, Ayael, les espions, Ayael, le pendentif d’argent, leur discussion, Elle, sa blessure.

Soutenu des deux côtés par de puissants hommes, Jorah tenta de se fier à ses sens. Le calme de l’ambiance, l’odeur fraîche et sédative, tout était voué à l’entrave. Quand il fut allongé sur un lit, au matelas d’un confort qu’il n’avait plus goûté depuis tant de temps, la douloureuse fatigue, qui partait de la pointe plantée jusqu’à la moindre fibre de sa cage thoracique, venait le prendre peu à peu.

L’agitation autour de lui était palpable. Parlant à voix basse, l’assistance s’interrogeait et débattait. Lui n’en saisissait que quelques mot, empoisonnement… retirer la flèche… hémorragie… mort… fureur d’Ayael… Aucun sens à tout ça si ce n’était que l’effet de fatigue grandissante et/ou de confusion mentale lui semblait être dû à un poison imprégnée sur l’acier du trait.

Deux ou plusieurs mains venaient le maintenir allongé. Oh oui, il le savait. Il savait que les secondes à venir seraient les pires. Une autre étreinte s’était resserrée sur la flèche, dont la moitié s’était brisé lors de sa chute.

Jorah serra les poings. Son visage, à découvert, se tendait. D’autres renforts pour lui tenir les jambes. Subitement, dans un dernier élan de clairvoyance, il fit son autodiagnostic et conclut que l’absence de goût de sang, de sang même, dans sa gorge signifiait peut-être que son poumon n’avait pas été perforé.

Pourquoi penser à ça maintenant, faudrait bien lui demander.

A demi satisfait d’être un crétin lucide avec une flèche dans le buffet sur le point d’être extraite, toute forme de contentement, toute conception de toute chose dans cette fichue vie venait d’être aspiré dans un trou noir.

Un seul essai avait suffit pour enlever l’acier.

S’il n’avait jamais connu de réelle souffrance physique, Jorah en découvrait maintenant le paroxysme.

Lumières éteintes, son coupé. La douceur des limbes embaumait son esprit, son subconscient, son corps. Perdu dans un espace onirique sans frontière, sans structure, le rêve à l’état pur, sa conscience en veille s’imprégna d’un répit salvateur.

~~

Quelque part dans la nuit, dans un interstice parallèle à la réalité, l’esprit et le corps reprirent alors leur unité. Sa respiration était linéaire. Instinctivement, il se concentra sur les souvenirs les plus récents. Sillonner son esprit, dans un état de quiétude profond, était devenu une activité de méditation privilégiée.

Assurément, cette jeune femme blonde lui vint en tête. Ayael. Vagues commémorations l’amenant à croire qu’il était bien chez sa protégée. Jorah cherchait à se redresser mais comprit que l’idée fut mauvaise quand son épaule le rappela au bon souvenir d’une belle flèche. A droite, sur une chaise, il y avait ses effets personnels, son épée, sa dague. Et maculé de sang, le haut de sa tenue. Largement couvert de bandage brillant d’un blanc apaisant, le chevalier trouvait le moyen, latéralement, de s’asseoir.

Avait-il hurlé sa douleur ? Avait-il même pleuré ou sommé qu’on l’achève ? Il ne saurait le dire mais il lui semblait bien que l’extraction de la flèche l’avait plongé dans un coma immédiat. Son affaiblissement l’avait épuisé et il ne rappela même pas de la douleur de ce moment.

Aucune idée de l’heure, un ciel noir comme celui ci indiquait quand même qu’on était au beau milieu de la nuit. Jorah ouvrait la porte-fenêtre et accédait au balcon. Une petite brise nocturne venait glisser sur son visage, le détendant un peu.

Malgré l’épaisseur de la noirceur, son regard se perdait au loin.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime07.02.14 17:36

Ayael soupira d'aise et s'enfonça un peu plus dans l'eau délicieusement chaude. Quitte à ressembler à une écrevisse, autant en profiter jusqu'au bout. Pensive, elle jouait machinalement avec les feuilles et les sels minéraux qui flottaient indolemment dans l'eau.

Bien entendu, elle repensait à Ser Jorah et à la journée qui venait de s'écouler. Elle ne cessait de se remémorer ses paroles sur la « vrai » raison qui avait poussé la moitié de la ville à essayer de l'égorger. Malgré toute ses réflexions, elle ne parvint pas à trouver une raison valable et passa à son second sujet de préoccupation : qui était réellement ser Jorah et était-elle responsable de sa blessure. Personne n'avait fait de commentaire dessus, mais Ayael savait que la flèche ne lui était pas destinée. Même le pire archer du monde ne pouvait pas viser aussi mal, et il n'y avait aucune raison de l'éliminer lui pour pouvoir l'atteindre elle, alors que toute sa garde était là. Il l'avait prévenu qu'il était recherché, là n'était pas le problème. La question était surtout de savoir si affectivement cela aurait des répercutions sur sa famille et si c'est parce qu'il l'avait aidé qu'il s'était trahi.

Ayael barbota encore un moment dans son bain sans parvenir à trouver de réponse, finalement elle décida de sortir et de s'habiller. Anora voulu lui appliquer un énième onguent mais elle refusa. A la seconde où elle avait mis les pieds dans sa chambre, son amie, constatant l'ampleur des dégâts, l'avait tartiné de crèmes et lui avait fait boire au moins trois boissons différentes. Physiquement elle allait très bien, mais esthétiquement elle devait avouer que le résultat était peu ragoutant. Le bleu étant encore tout frais, elle ressemblait à une étrange créature à la peu jaunâtre teinté de pourpre. Malgré tout, elle ne souhaitait plus qu'on lui applique quoi que se soit de la journée. Elle préférait largement gardait cette impression de propreté inhérente au bains purifiants.

Lorsqu'elle pénétra dans sa chambre, Ayael contempla longuement le matelas qui semblait lui faire de l’œil. Après une journée pareille, elle avait vraiment besoin de sommeil et s'assoupir était vraiment très tentant. Finalement, elle se détourna et demanda à Anora de la coiffer et de lui choisir une nouvelle robe, propre. Elle devait s'enquérir de l'état de Ser Jorah, et elle ne pouvait pas decemment s'y rendre en chemise de nuit, aussi n'avait-elle pas vraiment le choix.

La nuit était tombée depuis bien longtemps qu'en Ayael frappa à la chambre où était le chevalier. Souhaitant discuter avec lui de son identité secrète, elle avait congédié Anora.

N'entendant pas de réponse, elle décida d'entré quand même en faisant le moindre bruit possible. Elle voulait simplement s'assurer qu'il allait bien, sans toutefois le réveiller s'il était juste assoupi.

A sa grande surprise, le lit était vide. C'était pourtant là que devait être un homme qui venait de se faire transpercer la poitrine par une flèche. Un léger sourire s'esquissa malgré tout sur ses lèvres. Il lui arrivait bien de faire pareil : de se lever où de sortir alors qu'elle aurait dû rester coucher. Elle ne pouvait pas lui en vouloir.

Lentement, elle parcouru la chambre jusqu'au balcon où elle le trouva. Elle ne savait pas s'il l'avait entendu ou pas, mais en tout cas il ne bougea pas tout de suite. Elle non plus. Il semblait perdu dans une profonde méditation, elle respectait ce moment.

Quand il lui sembla qu'il était revenu sur terre elle s'avança et déclara d'une voix douce mais légèrement amusée :

« Si le Guérisseur vous voyez, il s'arracherait les cheveux en vous morigénant dans trois langues différentes vous savez... »

Elle parcourut les derniers mètres qui les séparer pour venir s'accouder au balcon.

« Comment vous sentez vous ? »
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime07.02.14 20:19

La nuit avait toujours eu un effet bénéfique dans ses méditations. Le calme d’une cité endormie, bercée par le lointain remous de la mer, donnait à ses escapades spirituelles une dimension apaisante. Sa paix intérieure était telle en cet instant furtif que la douleur devenait une expérience nouvelle, se greffant aux évènements marquants de sa riche et controversée vie. Certes les médicaments lui procurait un soulagement évident mais rien ne pouvait vraiment remplacer cette sensation de repli sur soi. Le temps n’avait pas d’emprise sur ça.

La propriété de la famille d’Ayael s’étendait beaucoup plus qu’il ne l’avait jugé aux premiers abords de sa rencontre avec la jeune femme. Jusqu’ici le chevalier n’avait pas eu le loisir de prendre conscience de l’endroit. D’ailleurs il n’accordait plus de crédit à ce genre de luxe maintenant. Cette vie voluptueuse ne lui appartenait plus et il s’en était accommodé depuis ces années d’exil.

Rien ne valait les richesses culturelles que l’ancien seigneur de l’Île aux Ours avait eu l’honneur de découvrir sur les terres d’Essos. C’est notamment auprès du peuple du Khal qu’il s’était sorti d’une bien négative spirale dépressive. Ces derniers avaient fini par l’accueillir dans leur groupe et les récents faits avaient confronté Jorah dans une situation décisionnelle difficile.

Il secoua alors la tête pour ne plus y penser. Sa trahison, appelons les choses comme elles le sont, envers sa seconde patrie n’avait pas été chose aisée mais l’importance était ailleurs. Ses plans étaient d’envergure suffisante à trahir n’importe qui.

Ce silence, il l’aurait bien souhaité éternel. Et il était d’autant plus bienvenu car il fallait aussi préparer son départ, au cœur de la nuit. La pénombre était son alliée la plus fidèle. Et il ne souhaitait pas que sa présence soit ici trop longue, pour une part ne pas trahir son identité et surtout ne pas attirer les mouvements d’espions sur la maison Zathrian.

Sa blessure était soignée, le plus dur était passé et les guérisseurs de sa compagnie sauraient prendre le relais. Sa première tentative de départ avait bien échouée et il ne pouvait pas faire cet affront d’à nouveau disparaître comme le fantôme qu’il prenait plaisir à être.

Autant il devait cette blessure à sa jeune protégée. Autant il devait se rendre à l’évidence qu’elle lui avait apportée bien plus qu’une blessure. Une once de vie, une parenthèse vivifiante. Et quand il pensait à elle, elle apparaissait là, sans bruit et d’un naturel doux. Jorah ne l’avait pas entendu ni même senti sa présence.

Il aurait pu être tué silencieusement que ça n’aurait fait aucune différence.

Dans son élément, Ayael était réellement magnifique. La mine reposée, la blondeur de ses cheveux tranchaient poétiquement avec la nuit noire. Jorah remarquait qu’elle avait pris soin d’être jolie et habillée malgré l’heure. Une attention bien marquée et fidèle aux coutumes des gens nobles.

« Si le Guérisseur vous voyez, il s'arracherait les cheveux en vous morigénant dans trois langues différentes vous savez... »

Comme à son habitude décontractée, ses dires avaient l’effet de soutirer à son protecteur un léger sourire. Avec tout le respect qu’il devait au guérisseur et ses assistants, le chevalier se tenait de rétorquer à sa jeune protégée qu’il vaudrait mieux que le médecin n’en fasse pas une polémique. Il ne voulait pas paraître désagréable, il n’était ni plus ni moins qu’un invité.

« Comment vous sentez vous ? »


Elle venait de le rejoindre au balcon. Il avait toujours préféré la solitude mais la présence de la demoiselle ne le dérangeait pas. Que répondre, finalement. Il ne saurait être honnête, les calmants couvraient les douleurs.

- Ce n’est pas si grave, merci de vous en inquiéter.


Sur un ton assuré, sans froideur, il n’avait pas menti au moins. Une légère tâche de sang sous les bandages l’avait rassuré sur l’endroit de la blessure. Plutôt côté épaule, en dessous de l’articulation, au dessus du poumon. Si le tir avait été produit de très loin, sa précision manquait finalement de rigueur.

Mais ce n’était pas son cas qui l’inquiétait. Ayael avait été obligé de subir un exercice physique rigoureux et inadapté compte tenu de sa maladie. Le visage radieux de cette dernière en disait long sur l’état d’esprit qui émanait d’elle. Sa force de caractère était un réel enseignement et Jorah s’était enrichi à son contact.

- Je suis sincèrement désolé que toute cette situation vous ait obligée à faire de considérables efforts,
son regard s’aventurait sur les bras de la demoiselle, cherchant à voir l’étendu de ses blessures. Avez-vous eu mal ?

C’était plutôt demandé maladroitement, en fait il n’avait pas su quels mots employer pour lui demander comment elle allait. Avait-elle eu, des suites de son mal, des blessures conséquentes ?


Dernière édition par Jorah Mormont le 07.02.14 22:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime07.02.14 22:39

- Je suis sincèrement désolé que toute cette situation vous ait obligée à faire de considérables efforts. Avez-vous eu mal ?

Ayael laissa un rire cristallin s'envoler de ses lèvres.

« Quel ironie ne vous enquérir de mon état de santé. Vous avez été transpercé par une flèche et j'ai chuté d'un petit mètre. Cela ne souffre pas la comparaison. »

Malgré sa bonne humeur, elle ne put s'empêcher de vérifier discrètement que ses manches étaient assez longue pour dissimuler l'hématome de son bras. En fait, voilà une belle façon pour elle d'éluder la question. Avait-elle eu mal ? Oui un peu. Mais pas vraiment plus que d'habitude. Elle était surtout épuisée.

Malgré tout, elle s'inquiétait qu'il soit si énergique. Oh bien sûr, elle était heureuse et soulagée qu'il se remette bien sauf que... Elle savait bien désormais qu'il ne souhaitait pas rester. Peut-être était il insupporté par les nobles ? Ou bien sa protégée avait-elle besoin de lui à chaque instant ? Quoi qu'il en soit, elle craignait qu'il ne s'enfuit. Comble pour un héros que de s'éclipser lâchement... Pourtant elle sentait qu'il en était capable. Il n’aspirait qu'à ça : être à nouveaux englouti dans les ténèbres de la nuit.

Quand on y réfléchissait la vie avait un certain humour noir. Elle nous poussait à communiquer à parler, à rencontrer d'autres gens. Des gens avec qui on se sentait bien, parfois on ne savait même pas pourquoi. Il y avait juste une espèce d'alchimie indescriptible qui se créait. Mais tous ces gens que l'on appréciait, on les rencontrait à seule fin de les perdre. Car ainsi était l'issu de chaque rencontre. Qu'ils meurt où qu'ils s'en aillent, les proches finissent toujours pas disparaître.

Désormais mélancolique, Ayael s'accouda sur le balcon et laissa son regard tenter de pénétrer l'obscurité. Irrémédiablement attirée par la clarté des étoiles. Prise d'une inspiration subite, les yeux posées sur le ciel et déclara d'une voix étonnamment douce.

« J'ai toujours beaucoup aimé l'astronomie. C'est Mestre qui me l'a enseigné. J'aime mes souvenirs et les constellations autant que la poésie des astres. Ils sont la seule chose à la fois belle et éternelle. »

Absorbée dans ses méditations elle n'attendait pas forcément une réponse. C'était juste une pensée qu'elle avait plaisir à partager. Partager, voilà tout ce qu'elle pouvait faire avant que le caractère éphémère des rencontres ne les rattrape.

Elle ne le regardait toujours pas. Elle ne le voulait pas. Elle ne le pouvait pas.
Était-elle triste ? Un peu sûrement. Pour être tout à fait juste, ce qu'elle ressentait s'apparentait surtout à de la mélancolie. Son rationalisme l'empêchant d'éprouver une douleur sincère pour un homme qu'elle connaissait à peine. Une remarque amusante lui effleura soudain l'esprit. Ce genre était définitivement à retenir. Au delà des agressions, c'était également la première fois qu'elle côtoyait un homme en dehors de sa famille et des affaires politiques.

« C'est étrange, j'ai l'impression de vous connaître comme si je vous avez toujours connu. Sans doute est-ce de la présomption, mais je crois que je vous comprends. »

Elle hésita une seconde, puis finis par dire sur un ton neutre qui contrastait avec la délicatesse habituelle de sa voix.

« La porte de service est au fond à gauche du rez de chaussé, on surveille les gens qui y entre, pas ceux qui sortent »
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime08.02.14 0:22

.............Il le savait. La dévisager ainsi, comme il l’avait fait dans le parc, n’était vraiment pas l’attitude à adopter. Mais il n’avait pu empêcher sa fibre protectrice d’agir. Il n’était pas dupe cependant. Il venait récemment de faire une course pour survivre, une flèche dans la poitrine et pourtant il n’avait pas cillé, il n’avait pas flanché. Dissimuler ses émotions, c’était devenu une spécialité.

Et c’était leur point commun.

Certes, il y avait plus sincère comme relation, que de se cacher l’un à l’autre la réalité de son ressentiment. Et c’était aussi là le charme de leur échange. Plus le chevalier y pensait, plus il savait qu’il aurait regretté amèrement de s’être défilé sur cette place. Mais le libre arbitre, d’une crédibilité sans faille, l’avait remis sur le chemin de la droiture.

« Quel ironie de vous enquérir de mon état de santé. Vous avez été transpercé par une flèche et j'ai chuté d'un petit mètre. Cela ne souffre pas la comparaison. »


Elle avait tort. Elle avait sûrement beaucoup plus souffert de sa maladie que Jorah de blessures de guerre. Mais là encore, elle jouait d’une certaine manie à ne pas être la victime. D’ailleurs, il ne put s’empêcher de sourire. Mais de nouveau, il se prenait à jouer à un jeu qui l’amènerait à regretter cette vie dont il ne pouvait en reprendre le cours.

Il préféra ne pas lancer ce sujet là, donc.

« J'ai toujours beaucoup aimé l'astronomie. C'est Mestre qui me l'a enseigné. J'aime mes souvenirs et les constellations autant que la poésie des astres. Ils sont la seule chose à la fois belle et éternelle. »


Il l’écouta sans dire un mot. Elle était inspirée et inspirante. Lui avait aussi ce genre de réflexion mais d’une manière intérieure, non exprimée. En accord avec sa protégée, dont le regard s’était éloigné dans la pénombre, Jorah tourna le dos au paysage nocturne et prit appui sur le balcon.

Mais rapidement, la beauté de cette silencieuse et douce scène entre le chevalier et sa protégée semblait se perdre dans un froid gênant. Une tension venait de naître, une déception ou une attente, on ne saurait pas dire. L’air devenait un peu plus lourd de sens, comme en attente que l’un ou l’autre prenne la parole pour briser ce mutisme.

Et égal à lui-même, ce ne fut pas Jorah qui fit le premier pas. Toujours ce blocage, ce retrait, ce manque d’humanité. Mais réellement, il avait peut-être tout simplement perdu cette capacité, enlevée par l’usure du temps et de ses obligations.

« C'est étrange, j'ai l'impression de vous connaître comme si je vous avez toujours connu. Sans doute est-ce de la présomption, mais je crois que je vous comprends. »


Si elle savait ô combien il partageait son sentiment. Et il aurait voulu exprimer le fond de sa pensée. Sa véritable protégée lui ressemblait tellement, dans toute sa fragilité, toute sa complexité, toute sa perfection et toute son imperfection.

L’étrange sensation que toute l’histoire prenait fin lui trottait en tête. Il ne voulait pas ça. Mais sa volonté ne comptait pas. Jorah, comme Ayael certainement, sentait monter ce climat électrique soumis aux choix, sans cesse aux choix. Elle l’avait compris, elle l’avait vu, sur cette place. Ses pas en arrière, cette scène suspendue dans le temps, son adieu silencieux et sa volonté contre nature de saisir une opportunité de mettre un terme sans douleur à cette rencontre.

L’avait-elle pris pour de l’impolitesse ? C’était le risque à prendre mais elle le connaissait un peu maintenant, elle savait les interdits qui l’entourait en permanence, ses règles de conduite et sa mission principale.

Toujours était-il que s’il avait dû s’éclipser de nouveau, la chance était passée car la présence de sa blonde en détresse l’en empêchait tout naturellement. Et il n’était même plus question de partir comme une ombre. Elle lui avait sauvé la vie.

Une dette pour une dette, une vie pour une vie.

Sa crainte était beaucoup plus profonde et fondée. L’envie de rester encore un peu à ses côtés et d’entretenir l’illusion d’une vie annexe, cette envie là était inéluctable. Il détestait l’inconnu, or ils étaient tout deux dans l’inconnu. Elle n’en était sûrement pas consciente mais lui n’avait que ça en tête.

Et s’ils avaient été suivis ? Jorah avait été une cible. Ayael et de surcroît sa famille pouvait
être exposée maintenant et l’idée d’apprendre un jour qu’elle aurait souffert de ses ennemis provoquait en lui une impression de tenaille.

Et finalement, le silence du chevalier amenait/obligeait la demoiselle à apporter une conclusion à tout ça.

« La porte de service est au fond à gauche du rez de chaussé, on surveille les gens qui y entre, pas ceux qui sortent.»


On y était. C’était tout à fait le genre de situation qu’il avait voulu, se détourner sans un mot. La phrase tombait comme un couperet. Elle était intelligente, elle comprendrait qu’il ne pouvait partir maintenant malgré qu’il ait aimé en finir là. Mais Ayael avait eu une rude journée et il n’arriva pas à trancher entre lui annoncer ses peurs et la laisser dans l’ignorance, pour le moment, afin que l’anxiété ne l’empêche pas de dormir.

Il tenta le ton calme, sur pointe d’ironie.

- Dois-je comprendre que vous me demander de me défiler de nouveau ?
la question était bien entendu rhétorique. Ça ne m’a pas réussi jusque là.

Il porta la main au niveau de sa blessure largement bandée. Et comme à son habitude tellement peu expansive, il sourit légèrement, pour assurer sa jeune cultivée qu’il ne souhaitait pas faire l’erreur d’un adieu anonyme.

Il prenait le parti de ne pas lui révéler ses craintes maintenant et leurrait d’un jeu de façade comme ils aimaient s’imposer depuis ce matin et leur rencontre.

Jorah fit un lien cruellement logique et fit appel à son souvenir… « Comme il vous plaira Ser Jorah. Mais sachez que j'ai une excellente mémoire, et que je suis très têtue quand je m'y mets. »

- J’ai eu tort de douter de votre entêtement, Ayael, dit-il dans un aveu d’impuissance, bien que... –il désigne de la main sa blessure-… ceci ait quelque peu modifié mes plans.

C’était ça, la clé.

Si elle prétendait avoir une excellente mémoire, comme elle lui avait soutenu dans le parc quand elle l’invita à se reposer chez elle, c’était là une belle chance de retourner ses paroles contre elle pour couvrir la véritable raison de son envie de rester.

- Votre proposition à mon égard tient-elle toujours ?

.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime15.02.14 18:31

Ayael ne le regardait toujours pas. Les yeux perdus dans l'obscurité, elle attendait le frémissement de son départ. Elle était intimement persuadée que c'était ce qu'il allait advenir : un léger bruit de pas qui s'éloigne doucement, comme un rêve qui s'efface au matin.

Il n'en fut rien. Au lieu de ça il joua la carte de l'ironie et lui demanda si elle le jetait dehors avant de lui rappeler sa proposition plus tôt.

Profondément surprise, Ayael se retourna pour le regarder à nouveau. Dire qu'elle était troublée était un euphémisme. En fait, elle ne savait pas quoi dire et pensait à trop de chose en même temps pour que cela soit cohérent.

Finalement, elle sourit et sans se détourner de lui, elle lui avoua avec un air un peu pensif :

« Je retire ce que j'ai dis Ser Jorah, vous êtes un mystère pour moi. »

Il ne se rendait pas compte du compliment qu'elle lui faisait. Elle avait passé tant de temps à vivre à travers les autres qu'elle avait une étonnante capacité à comprendre les gens, réussir à la surprendre autant relevait donc de l'exploit. Cela aurait pu être frustrant, mais au contraire, elle trouvait ça plutôt stimulant. Ce qu'il y a de bien avec les mystères c'est qu'on a toujours envie de les percer. Elle était définitivement intriguée à son sujet.

Maintenant que la surprise était passée, elle prenait pleinement la mesure de la nouvelle et cela la ravissait. Elle avait réellement espéré qu'il vienne, elle voulait le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour elle, et également, elle voulait prendre soin de lui. Sans doute était-ce son côté un peu fleur bleu, mais elle n'arrivait pas à imaginer ce que devait être la vie d'un homme qui passe son temps à se battre et à s'inquiétait pour les autres. Elle ne pouvait certes pas l'empêchait de s'inquiéter, mais peut-être que pour une fois, il pourrait goûter au charme du repos et de l'attention. C'est bien le moins qu'elle pouvait faire pour son héros.

« Je suis heureuse que vous ayez finalement décidé d'accepter mon invitation... »

Elle était sincère, et son visage irradiait d'un tel bonheur, qu'il était de toute façon impossible de douter de la véracité de ses propos.

Pendant un instant, elle ne dit rien. Elle resta là, immobile, souriante et resplendissante à respirer la nuit. Puis, finalement, elle se souvint de pourquoi elle était venue, et lui demanda d'une voix douce :

« Je me demandais, comment dois-je vous appelé en présence d'autrui ? »
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime23.02.14 13:06

« Je retire ce que j'ai dis Ser Jorah, vous êtes un mystère pour moi. »

Au moins, il n’avait pas tout perdu durant cette parenthèse. S’il avait été blessé par manque de prudence ou par excès d’humanité, le chevalier avait le mérite d’entretenir le voile autour de sa personne.

L’énigme qu’il représentait aux yeux d’Ayael lui permettait alors de dissimuler la vérité de son envie de prolonger le séjour. Derrière son visage en paix, quelque peu marqué par la récente fatigue, une tempête faisait rage. L’esprit en alerte. Enfin, le calme plat de la nuit le ramenait à un état de quiétude plus supportable. S’il y avait danger dans les environs, s’ils avaient été suivis à leur insu et si la nuit était l’alliée privilégiée du protecteur, il lui fallait remettre son enquête au lendemain.

Pour ne pas se trahir. Et l’endroit, aussi vaste était-il, semblait bien garder.

Quand elle lui confia son plaisir à propos de la décision de Jorah, ce dernier acquiesça d’un regard approbateur. Une irrépressible sensation qu’elle jouait au même jeu de dupe que lui le prenait à chaque instant. Ils maîtrisaient tout deux l’art de camoufler la vérité, l’art de persuasion.

Jorah étayait son ressenti par l’étrange venue nocturne de son hôte. Certes, elle était venue s’enquérir de l’état de santé de son protecteur, c’était tout à son honneur. Sa propre santé l’empêchait peut-être même de dormir. Ou sa conscience. En fait c’était tout autre chose qui l’avait amené dans la chambre d’ami.

La question était pertinente. Et jusqu’ici il ne pouvait que la remercier de le protéger lui et par extension, Elle. L’ancien seigneur ne mettait pas longtemps à réfléchir et à apporter sa réponse. Les fausses identités ne l’intéressaient pas.

Jorah avait beaucoup travaillé ses nouvelles capacités de fantôme et c’est dans ce sens qu’il optait pour la sobriété.

- Vous comprendrez que je préfère que rien ne filtre à mon propos, annonçait-il très sérieusement, compte tenu de ce que je vous ai confié à vous et à vous seule cet après-midi dans ce parc.

Il n’était pas adepte pour fausser sa propre personnalité, ses origines, son passé, ses desseins. Ayael connaissait le principal à son propos. Sa famille devrait se contenter du strict minimum, c'est-à-dire le sauvetage de leur demoiselle.

Etant assez évasif dans sa première réponse, il terminait avec un ton assuré.

- Confiez à vos proches que ce ne sera pas un manque de respect de ne pas vouloir m’annoncer.


La jeune demoiselle comprendrait sûrement. Il n’avait pas à argumenter son refus, elle connaissait l’importance de l’enjeu.

- Je continue de croire que je peux me fier à vous.


Il n’avait encore pas répondu et cessa de parler pour rien. Ayael saurait convaincre ses parents de ne pas vouloir en savoir plus.

- Disons que « vous » me va bien.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime24.02.14 15:39

- Vous comprendrez que je préfère que rien ne filtre à mon propos compte tenu de ce que je vous ai confié à vous et à vous seule cet après-midi dans ce parc. Confiez à vos proches que ce ne sera pas un manque de respect de ne pas vouloir m’annoncer.  Je continue de croire que je peux me fier à vous. Disons que « vous » me va bien.

Ayael hocha sagement la tête, bien qu'intérieurement elle était perplexe. Il lui avait clairement fait comprendre qu'il était un fugitif, alors pourquoi semblait-il si...mal à l'aise ? Elle s'attendait à ce qu'il lui offre une fausse identité, un nom bateau avec un métier tristement banal, mais il préférait qu'elle ne l'appel pas du tout en fait. Elle n'avait techniquement pas trop de problème avec ça, elle n'aurait aucun mal à s'y tenir, simplement elle trouvait ça plus suspect qu'autre chose. Et puis... au fond ça signifiait qu'il n'avait pas l'intention de rester longtemps. Car ce genre de situation n'est tenable que très temporairement.

« Comme il vous sierra », répondit-elle simplement en appuyant le pronom avec un petit sourire au coin. Définitivement, elle aimait jouer avec lui.

« Sur ce, je vais me retirer. Je serais une affreuse hôtesse si je vous empêchez de vous reposer. » Elle marqua une petite pause en se redressant inconsciemment pour marquer son départ. « Faites de beau rêve Ser Jorah », dit-elle sur un ton étrangement doux avant de se détourner de lui pour sortir d'un pas tranquille et décidée.

Machinalement elle se dirigea vers sa chambre, perdue dans ses pensées, se remémorant la conversation qui venait d'avoir lieu. Puis soudain elle se figea. Elle resta immobile cinq bonne minutes devant l'escalier, sans trouver la force de bouger. La simple vu de toutes ces marches la rendait nerveuse. Elle avait l'impression que son énergie s'évaporait. Ses jambes lui semblaient soudain si fluettes, incapable de la porter.

Ayael prit une profonde inspiration pour se ressaisir. Évidemment, elle y avait pensé lorsqu'elle avait congédié Anora, mais se retrouver seule face à cette escalier c'était autre chose que la théorie.

Elle respira encore avant de faire demi-tour pour aller chercher quelqu'un. N'importe qui. Sa famille se trouvait au rez-de-chaussé. Ce n'était pas un aménagement classique pour une maison, mais sa maladie rendait les choses plus compliqué. Tout était fait pour lui éviter à devoir monter ces saletés d'escaliers démoniaques.

La maison était remplie de gardes et de serviteurs, elle ne tarda pas à trouver quelqu'un pour l'aider à descendre. Malgré sa volonté de ne pas faire de bruit en entrant dans sa chambre, elle trouva Anora parfaitement réveillée qui l'attendait assise sur son lit.

Celle-ci lui lança un de ses regards dont les filles ont le secret entre elles, et Ayael se contenta de lever les yeux aux ciels. Insatisfaite, Anora commença à la déshabiller en silence, puis finalement n'y tint plus.

« Vous n'allez pas m'en dire plus hein ? »

Ayael partageait quasiment tout avec Anora, et elle s'étonnait de ne pas se sentir plus mal de lui cacher la vérité. Mentir ou dissimuler des choses étaient si facile... Et puis, peut-être qu'elle même appréciait le secret. C'était son mystère à elle.

« Je ne sais pas grand chose. Il est arrivé peu après ton départ, il a chassé les brigands qui nous avait attaqués, puis on s'est enfuit à travers la ville où il m'a à nouveau sauvé, en plus de porter car j'étais trop fatiguée. Malgré tout, il refuse de me donner son nom, je le soupçonne d'être beaucoup trop modeste pour sa valeur. »
Anora semblait légèrement dubitative, mais elle ne fit aucun commentaire : pourquoi Ayael lui mentirait-t-elle ?

« Comme tu t'en doutes, j'exige qu'il soit traité comme un invité de marque. Je lui dois la vie, c'est une dette difficile à effacer. J'aimerai que tu t'occupes personnellement de lui Anora. »

Anora hocha la tête, elle comprenait et ça lui semblait tout à fait naturel.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime28.02.14 20:23

Sa décision de ne divulguer aucune information à son sujet était prise et cela valait mieux pour tout le monde. Trop occupé par ses obligations, il ne pouvait pas se surcharger d’une énième façade pour se cacher. Etre une ombre était déjà bien prenant. Et comme elle ne lui tenait pas rigueur de sa prudence accrue, il savait qu’il pouvait avoir l’esprit tranquille le temps de sa présence. Il ne manquait que le sourire joueur de la jeune demoiselle pour lui donner l’assurance que tout était en ordre à ce propos.

Comme hier, le chevalier aurait voulu cette entrevue nocturne plus longue mais son corps réclamait repos et il devait vraiment avoir la mine déplorable. Peut-être l’avait-elle remarqué quand elle se retira avec élégance. Au timbre doux de la voix d’Ayael, il porta sa main au cœur et s’inclina pour lui retourner le souhait.

Elle était définitivement charmante, joueuse, mais charmante.

Jorah profitait encore quelques instants de la noire fraîcheur et du silence absolu avant d’aller dormir. Une étrange sensation d’alerte le maintenant éveillé, sans doute qu’il ne s’en séparerait pas avant d’avoir fouillé les alentours de la propriété. S’approchant de son lit, son ouïe fut attirée par des bruits de pas dans le couloir. Légers et finalement, éloignés vers l’escalier menant à l’étage inférieur. Il secoua la tête comme pour se maudire d’analyser quoique ce soit et de le traduire en potentiel danger.

L’ancien seigneur de Westeros s’allongea enfin et son regard se perdait fixement sur le plafond. Ses pensées étaient embrumées, son corps était si éreinté qu’il ne ressentait pas de douleurs, de crampes. Il ne s’était pas senti aussi affaibli depuis de nombreuses années. Depuis son retour de la bataille contre l’auto proclamé Roi Greyjoy. Ses meilleurs souvenirs en tant que chevalier. Lui qui avait mené de front avec succès, ses hommes à la victoire. A son retour sur l’Île-aux-Ours, il se souvenait avoir dormi deux ou trois jours.

Tout était si simple à cette époque. Il était Seigneur, il avait gagné des titres, il était chevalier et reconnu pour ses victoires aux combats. Nul besoin de se cacher, d’être un fantôme, d’être exilé, de devoir mettre sa lame et sa vie au service d’une autre. Plus Jorah s’enfonçait dans les bribes de souvenirs, les limbes d’un lointain et glorieux passé, plus son subconscient prenait le dessus et l’amenait d’un état de totale quiétude. D’ailleurs, c’était tout ce qu’il tirait de ces périodes de sommeil, le repos et la paix. Il ne rêvait plus. Ou peut-être que si et son esprit le protégeait de ces visions. Toujours était-il qu’il ne souvenait de rien à son réveil. Seulement d’un sentiment bienfaiteur procuré par le répit.

Le lendemain, tôt, Jorah fut tiré sèchement du lit par une douleur dans la poitrine. Dans un état endormi, le corps réagissait beaucoup plus à la souffrance et l’effet des médicaments s’était estompé. Redressé, main plaquée sur sa blessure, son éveil chassait les spasmes peu à peu. Dehors, le soleil se montrait à peine, dans le lointain horizon maritime. Le chevalier, du moins ce qu’il en restait, se mettait debout, en prenant soin de ne pas brusquer la machine. Quelques heures de sommeil lui avaient rendu ses forces, sans compter la partie blessée.

Au jugé, il devait bien lui rester une heure avant que la maisonnée soit réveillée. Et cela lui donnait le temps de parcourir les jardins. Au moment où il voulait se vêtir et s’armer, quelqu’un frappa soigneusement à la porte. Rapidement, il fit le tour des personnes qui pourraient avoir le droit d’entrer ici, du moins de s’annoncer. Ayael en personne, un de ses parents ou tout au plus un médecin ?

Jorah s’approcha de sa dague, juste au cas où (…) quand la porte s’ouvrait.

- Pardonnez ma venue, monsieur, annonçait-elle d’une voix basse, je vous apporte de quoi remplacer votre tenue abîmée et tachée.

Monsieur ! Il venait de prendre une claque invisible.

La jeune demoiselle lui rappelait vaguement quelqu’un. Il lui semblait bien qu’il s’agissait de la dame protectrice d’Ayael. Celle qui était partie chercher de l’aide quand sa protégée était sur le point d’être lacérée, enfin, passons. Jorah ne pouvait pas se pavaner ici dans ses habits sales et troués. Bien qu’il fût réticent à abandonner temporairement cet ensemble dissimulant son visage mais lui donnant aussi une certaine classe, il accepta le prêt en inclinant la tête pour la remercier.

Sans croiser longuement le regard fuyant et insistant de la demoiselle, Jorah se sentait analyser, comme l’objet d’un mystère non élucidé. Bien qu’elle ne connaisse pas son identité, lui attendait au moins qu’elle se présente.

- Oh, veuillez excuser mon impolitesse, dit-elle enfin, sortant de son blocage, je suis Anora.

Décidément, il existait des personnalités bien intrigantes sur Lys. Après tout, peut-être était elle intimidée par le charisme du chevalier. Ou alors elle s’attendait à quelqu’un de plus jeune, plus frais. Bref, le comportement de la jeune suivante ne le surprenait pas tant, elle était un peu le reflet d’Ayael. La situation était gênante tant le malaise grandissait. Pour rompre ça, Jorah lui adressait un sourire approbateur. S’il ne parlait pas, au moins ce geste élégant suffirait à la remercier.

- Vous êtes attendu pour prendre le petit-déjeuner, monsieur.

Elle s’en allait aussitôt. Voilà bien une jeune femme mystérieuse. Et voilà qui mettait un terme à son idée de parcourir les jardins. Il ne passerait plus inaperçu et se devait de se montrer ce matin. Il espérait grandement qu’Ayael avait fait le nécessaire pour que sa famille évite les questions gênantes. Discuter ne le dérangerait pas mais il s’agissait là d’un exercice compliqué en compagnie inconnue.

Les habits qu’on lui prêtait lui allaient parfaitement. Ce n’était pas forcément son style mais l’ensemble était sobre, il ferait l’affaire pour se présenter. Jorah laissa son épée sur le lit, ainsi que sa dague. On ne le tuerait pas au petit déjeuner.

Comprenait que maintenant, il agissait par pure politesse et sens de l’honneur. Ce n’était vraiment pas par plaisir qu’il se prêtait au jeu des rencontres, des remerciements et des compliments. De plus, on ne lui devait rien, pas même la vie de la jeune blonde. Il avait été là, par pur hasard, il avait fait ce qu’il faisait le mieux et ça s’arrêtait là. Voilà les pensées modestes traversaient l’esprit de Jorah.

Quand il entrait dans la pièce, Ayael était bien sûr là. La nuit lui avait donné une meilleure mine. Un jeune homme était assis à la table, non loin d’un homme plus âgé. Le frère, le père. Jorah, comme à son habitude, porta le plat du poing sur son cœur et s’inclina légèrement pour saluer ses hôtes, attendant qu’on l’invite.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime02.03.14 10:37

Comme à son habitude, Ayael se réveilla de bonne heure. Tranquillement elle se redressa et s'adonna à la routine matinale : couverte d'onguents, potions, habillage, coiffage et même un peu de maquillage.

Il était fascinant de voir qu'elle se soumettait sans la moindre réticence à son rituel journalier en dépit de tous les événements qui avaient eu lieu la veille. Comme si tout était déjà redevenu comme avant. Sans doute son comportement avait rassuré sa suivante qui avait craint qu'elle ne fut traumatiser longtemps. Il n'en était rien. Ayael n'était ni courage, ni habitué, mais elle avait un grand sens de l'adaptation et du relativisme. Les choses étaient passées, pourquoi auraient-elles dû s'en préoccuper encore ? Toutefois elle n'oubliait pas la remarque de Ser Jorah au sujet des motivations de ces brigands. Elle tirerait ça au clair, c'était certain.

Une fois qu'Anora eu finit de la préparer, elle l'envoya au chevet de Ser Jorah avec des vêtements propres soutirés à son frère et rejoignit la salle à manger. La table était bien évidemment déjà dressée et plutôt somptueuse. Au delà de la vaisselle qui était bien sûr de grande qualité, la grande table où dînait la famille Zathrian était remplie de plats appétissants et bien garnis.

Tranquillement, Ayael embrassa son père, salua son frère puis pris place à sa droite. Bien droite sur son fauteuil, elle attendit patiemment que Ser Jorah descende Tout comme le reste de sa famille, bien que son frère soit nettement plus impatient.

Quand son chevalier finit enfin par les rejoindre, Ayael ne pu s'empêcher de le détailler. Elle trouvait qu'il avait meilleur mine que hier soir, même si l'obscurité l'avait empêché d'en juger pleinement.

Un immense sourire aux lèvres, elle se redressa gracieusement quand il fit son entré. D'un élégant geste de la main, elle désigna la place à la droite de son père et l'invita à s'asseoir. C'était un grand honneur que le patriarche lui faisait là.

« Je vous en pris, joignez-nous à vous ! Elle marqua une pause pour s'assurer qu'il avait l'intention de s'y plier puis repris en désignant une coupe devant son assiette. L'infâme décoction verte que vous voyez là et une recette spéciale de notre guérisseur. Malgré son air peu ragoutant je vous conseil de la boire, c'est un anti-douleur miraculeux vous verrez ! Sinon, prenez tout ce qui vous fait envie. »

Lentement, elle se rassit, et bu elle même une longue gorgée de la fameuse décoction qui emplissait également son verre. Puis, elle se fit servir une portion de lamproie qu'elle commença à manger avec élégance sans quitter Jorah des yeux pendant que le reste de sa famille se servait également.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime02.03.14 22:04

La richesse émanant des lieux, la propreté et la grandeur des pièces, la qualité des meubles et décorations, tout portait à croire que les assaillants d’Ayael avaient ciblé très précisément leur victime. Leur désorganisation face à l’adversité témoignait aussi de leur faible expérience en la matière mais leur nombre faisait craindre des représailles si jamais la jeune blonde commettait les mêmes errements hasardeux. Invité les rejoindre à table, Jorah s’exécuta et prit place. Le chevalier du Nord n’était pas franchement dans son élément mais sa perpétuelle habitude à dissimuler une quelconque gêne laissait planer qu’il était à l’aise. Une mixture des plus désagréables à la vue lui avait été préparée par le médecin familial. C’est dans l’optique d’être respectueux que Jorah vidait la coupe d’un trait. Et aussi pour faire passer le (dé)goût rapidement.

Son regard oscillait sur chaque personne présente, parfois plus longuement sur Ayael qui ne le lâchait pas de son regard tranquille. Il ne put donc cacher une légère grimace après l’arrière goût de la potion dans sa gorge. L’immense table était largement encombrée de toutes nourritures matinales, fruits et jus de toutes origines. Il n’avait plus vu une telle quantité et qualité d’aliments depuis son départ de Westeros. Même si depuis son arrivée avec Elle, sur Lys, il n’avait pas à se plaindre du confort mis à leur disposition, ce repas était digne de ce qu’on trouvait dans les grands châteaux de l’autre continent. Il pensa que cela n’était pas si étonnant, si toute la famille partageait les mêmes idées sur le rivage voisin que leur jeune Ayael. Une assiette, dont la taille était démesurée, n’attendait que d’être remplie et ce que fit l’invité.

Lui n’était pas un homme gourmand. Enfin, il l’était devenu par la force de son exil où il avait dû se contenter de précaires nourritures. La débauche d’énergie et sa blessure lui ouvraient quand même généreusement l’appétit. Le patriarche s’entretenait avec son fils, entrecoupés par les coupes vidées et les fruits croqués. Son esprit analyste ne pouvait s’empêcher de lui alerter que la case « Zathrian » mériterait à l’avenir d’être étudiée. Malgré sa culture riche des familles d’Essos, celle-ci manquait à l’appel et il lui paraissait étrange d’être passé à côté quand on observait les fortunes de la famille, à commencer par cette propriété de marque.

La blondeur de sa chevelure et son visage jeune et fragile lui rappelait qu’il lui faudrait bientôt mettre un terme à tout ça. Sa véritable protégée, bien qu’au courant des voyages sur plusieurs jours de Jorah, était sa mission et il venait de trop s’écarter du chemin qu’il lui était demandé de suivre. Et bien que jeune et encore inexpérimentée, elle ne serait pas dupe et verrait bien que son protecteur était blessé. Il ne se rendrait pas service en tentant de le lui cacher de toute évidence. Enfin, Ayael et Elle avaient certains points en commun, physiques et intellectuels, qui l’amenaient à penser qu’il ne faudrait pas qu’il tombe sur une troisième blonde en détresse, si sa nature l’invitait à les sauver toutes de leurs galères.

La demoiselle avait tenu parole. Jusqu’à maintenant, les hommes de la maison n’avaient discuté qu’entre eux. Une situation qui convenait à Jorah, dont l’assiette vide n’avait pas besoin d’être resservie. Il n’y avait qu’à attendre de suivre le mouvement. Sa blessure le lançait un peu, de manière assez lointaine mais toujours présente. La flèche n’avait pas été aussi profonde qu’il ne l’avait ressenti et les soins prodigués avaient été de qualité.
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MessageSujet: Re: [Lys] Baptème du sang [Lys] Baptème du sang Icon_minitime02.03.14 22:38

Le dîner ce passa dans un silence relatif. Sa famille bavardait comme si de rien n'était mais Ayael sentait bien qu'ils forçaient leurs conversations. Évidemment ils mourraient d'envie de faire passer un interrogatoire à Jorah, mais Ayael savait se montrait persuasive. Souriante, elle parla très peu. Elle ne pouvait s'empêcher d'observer le moindre mouvement de ser Jorah. Quand bien même il était exilé depuis longtemps, elle n'avait pas le moindre doute sur ses origines. Sa façon de se comporter à table restait celle d'un lord, ou du moins d'une personne très bien élevé. Elle savait que ce détail n'avait pas dû échapper à son père, mais elle ne s'en inquiétait pas : il y avait bien trop de maisons nobles ou riche pour qu'il puisse deviner son identité avec ce seul élément.

Son sourire s'étira un peu quand elle le vit boire la décoction. Elle même s'était habituée au goût mais elle pouvait comprendre sa grimace, et c'est ce genre de détail qui fait que l'on se sent proche des gens. Une fois que tout le monde fut convenablement sustenté, Ayael sourit de plus belle à Ser Jorah et consciente qu'il n'appréciait sûrement pas toute cette compagnie, elle lui fournit une porte de sortie :

« Voudriez-vous visiter nos jardins ? Le temps est très clément aujourd'hui et une balade me plairait. »
Sans grande surprise, ser Jorah accepta sa requête et d'un simple regard, Ayael intima à Anora de ne pas la suivre.

Elle dû néanmoins attendre que celui-ci fasse un détour vers ses appartements provisoires pour récupérer ses affaires. S'il avait s'agit de quiconque d'autre, Ayael en aurait déduit qu'il se sentait simplement nu sans eux, mais là, elle savait que la raison était bien plus pragmatique. A ses yeux, son séjour ici n'avait que trop duré, alors qu'elle avait l'impression que le temps s'était envolé.

Elle ne mentait pas au sujet de la météo. En ce début de mâtinée le soleil était radieux mais la chaleur encore lointaine. Le moment idéal pour déambuler sur les petites allées bordées de fleurs et d'arbustes. On se serait cru dans un autre monde.

Une fois qu'elle fut sûr que sa famille ne pouvait plus les entendre, elle se rapprocha un peu de Jorah et se pencha pour lui dire, sur ce ton facétieux qui lui était si coutumier avec lui

« Vous savez, il est de bon ton de donner le bras à la demoiselle que l'on accompagne »

Comme à son habitude il ne répondit pas. Toutefois il lui tendit le bras avec un sourire amusé. Toujours radieuse, elle l'attrapa sans se parer de toute la cérémonie que peu avoir ce geste. Ils avançaient tranquillement – quoi qu'un peu plus vite que lorsqu'elle se baladait avec Anora – et Ayael aurait bien continuer ainsi indéfiniment. Elle savait cependant que c'était impossible, mais elle ne voulait pas être triste.

Irrémédiablement, ils passèrent devant les grilles de l'immense propriété et Ayael sentit un léger étaux enserré son cœur. Résolue à ne pas versée dans le sentimentaliste, elle raffermis la prise sur le bras de son cavalier et s'exclama soudain :

« Je vous ais piégé, désormais vous ne pouvez plus vous échapper ! »

Toutefois, elle y avait mis moins d'entrain qu'elle ne l'aurait voulu. Elle marqua une petite pause, le regard perdu au loin, puis tout doucement, elle lâcha le bras que Jorah lui avait galamment tendu. Lentement, elle redressa la tête pour le fixer dans les yeux.

« J'ai passé une très agréable matinée en votre compagnie Ser Jorah. Elle marqua une légère pause, avant d'ajouter d'une voix douce, avec un sourire tout aussi doux. J'espère que tout ira bien pour vous.  »
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