Ce jour là, le vent n'était pas trop fort. Un temps propice pour une balade à cheval, pensait l'handicapé des Stark. C'est pourquoi Bran insista auprès de Robb et Mestre Luwin pendant des heures. Ca ténacité eu raison de leur patience, finalement ils acceptèrent. Robb lui demanda cependant de l'attendre, pour qu'il puisse l'accompagner et le surveiller en cas de besoin. En attendant, pendant qu'il était en réunion, Hodor s'occupa d'attacher Bran sur son cheval, à l'aide de la selle adapté à lui, grâce à l'aide de Tyrion Lannister. Enfin prêt à voyager, l'enfant attendait son frère ainé, qui se faisait désirer. Robb tardait à venir et Bran ne cessait de soupirer. Finalement le jeune Stark regarda le demi géant.

« Bon. Hodor, tu diras à Robb que je suis parti devant, je ne m'éloigne pas trop. »

Sur le coup, Bran ne pensa pas que vu le nombre de mots qu'Hodor avait dans son vocabulaire, il aurait du mal à expliquer à Robb où était parti son frère, bien que celui-ci, le connaissant, le comprendrait certainement très vite. Il allait certainement lui faire la morale et exprimer son mécontentement, mais le plus jeune était bien forcé d'avouer que sur le moment présent, il n'en avait que faire.

Bran prit les reines en mains, et fit avancer prudemment son cheval grâce à la selle qui était fait pour. Sans aller trop vite, l'animal et le garçon entrèrent dans le bois aux Loups et s'approchèrent justement de l'endroit où ils avaient trouvés Eté ainsi que les autres loup, il y a quelques mois en arrière. Un sourire étira rapidement les lèvres de Bran, qui, depuis son réveil restaient figés. Il pensait attendre Robb par là, ce dernier suivrait surement les traces des sabots du cheval, encore fraiches, pour le retrouver.

Mais entre ce qu'il pensait et ce qui se passait réellement, il y avait une très nette différence. Soudainement, un hurlement fit sursauter le garçon. Ce n'était pas un crie de bête, mais d'humain. Loin d'être un appel à l'aide, c'était plutôt un crie terrifiant à vous pétrifier sur place, faisant monter l'angoisse. Le cheval paniqua à son tour et parti au galop. Bran criait en s'agrippant à sa crinière, bien qu'il était attaché et qu'il ne pourrait pas tomber de sa selle.

« Calme toi ! Calme toi, stop !!! »

L'enfant tira brusquement sur les reines pour stopper l'animal. Celui-ci perdit l'équilibre, hésitant entre fuir et obéir. Il tomba lourdement sur le sol. Bran se sentit valser sur le côté. Le choc brusque casse la selle alors que sa tête tapait brusquement contre le sol. Bran gémit de douleur et passa sa main derrière sa tête avant de regarder sa paume en sang. Il s'était ouvert …. Bon sang, Robb allait le tuer. Alors qu'il pensait à ce qu'il allait dire à son frère -et ce que celui-ci allait lui dire-, il fut tiré de ses pensées par des bruits de pas. Le cheval s'était déjà relevé pour prendre la fuite, abandonnant son maitre. Bran se redressa sur ses coudes et regarda devant lui. Trois hommes avançaient prudemment vers lui. Horrifié, il retient sa respiration. Vu leur accoutrement, c'était forcément des sauvageons.

« Alors, le petit monsieur c'est perdu ? Il a croisé de mauvaises personnes ? »

De mauvaises personnes ? Ils avaient donc bien l'intention de lui faire du mal. En effet, la hache d'un des hommes ne lui inspirait rien de bon. En tremblant, Bran arriva à se saisir de son arc, sur le sol, à côté de lui. Il brandit sa flèche, mais son bras tremblait tellement qu'il manqua sa cible d'un bon mètre. Le rire sinistre, à la fois moqueur et terrifiant, du sauvageon retentit, le faisant frisonner de nouveau. Bran essayait de ne pas laisser place à la peur, bien que c'était difficile, et brandit une nouvelle fois son arc. La flèche ne toucha pas la tête comme il l'aurait voulu mais transperça le bras de son assaillant. Celui-ci grogna de douleur et en représailles, lança sa hache dans sa direction. Bran ferma les yeux, le coeur battant à toute vitesse. Voilà, cette fois-ci, c'était terminé pour lui …

Un gros BANG retentit et Bran cru mourir. Et pourtant non, il ne ressentait aucune douleur. La hache ne l'avait pas touché ? Mais alors … ? L'enfant ouvrit brusquement les yeux et regarda avec surprise la scène qui se déroulait devant lui. La trajectoire de la hache avait été dévié par un bouclier arrivé de nul part. Un coup d'oeil attentif détrompa Bran. Un bouclier ne pouvait certainement pas être apparu comme par magie. Non, il avait été lancé par un homme qui avait judicieusement fait son apparition, intervenant dans ce combat inégal. Il lui semblait l'avoir déjà vu quelque part, mais le fils Stark n'avait pas le loisir d'y songer d'avantage, le temps n'était pas à la réflexion mais à l'action. L'homme réussit à se débarrasser d'un des sauvageons et l'encouragea à tenter de renouveler son lancé de flèches.

Bran fit la moue et se retient de lui hurler que ce n'était pas facile de viser juste quand on est infirme, parce que Robb lui avait apprit que le placement et la force qu'on met dans les jambes sont importants. Mais ce n'était pas non plus le moment de râler. Le môme ravala sa colère et dressa de nouveau son arc. Alors qu'il s'apprêtait à tirer, il fut plutôt attirer par le combat de son sauveur. Il sait se battre, on ne peut pas le nier. Avec des yeux brillants d'excitation, il observait toute la scène, comme si les combats de ses livres d'aventures avec des grands héros se produisaient devant lui. Par les anciens dieux, qu'est-ce qu'il aimerait être aussi fort … Mais les anciens dieux savent que c'est maintenant impossible. Avec une pointe de regret et d'amertume, il réussit à se décrocher de cette vision pour se concentrer sur son propre combat improvisé.

La première flèche tirée loupa sa cible, tout comme les trois autres, faisant monté l'irritation du garçon. Il lui semblait voir sa soeur qui se moquait de lui, et pourtant Arya était bien loin. Mais voilà qu'à force de tirer, le sauvageon s'était retourné vers lui et courrait dans sa direction. Bran sentit son coeur s'emballer et tenta de ne pas céder à la panique. Sa main se crispa sur son arc. Est-ce qu'un homme peut être brave lorsqu'il a la peur ? … C'est le seul moment où on peut se montrer brave. C'est ce que son père lui a apprit ….. Papa regarde moi, je vais te faire honneur, je te le promet ... Bran se concentra et la flèche tirée se planta dans l'épaule du sauvageon qui grogna de douleur. Vu la façon dont il le regardait, ça ne l'avait pas vraiment plus. Il hurla en accélérant le pas. Bran sentit la colère monter en lui.

« JE SUIS PEUT ETRE INFIRME MAIS JE NE SUIS PAS UN PEUREUX ! »

Sur ces bonnes convictions, il attrapa son arc pour le tenir tel une flèche et le lança de toute ses forces dans la tête du sauvageon qui s'écroula devant lui, avant d'avoir pu l'attaquer. Bran tremblait comme une feuille, son coeur battait beaucoup trop vite et il força sur ses bras pour reculer un minimum, toujours à moitié par terre.

« Je suis un Stark …. Un vrai …. Qu'est-ce que tu croyais ? …. »

Malgré ses paroles qui auraient pu être hautaines, sa voix tremblait, mal assurée. Il ne faisait pas le fier le petit Bran, non, il avait eu la peur de sa vie. Et puis surtout, il avait du sang sur les mains. Le garçon avala sa salive de travers en se rendant compte qu'il avait tué un homme, et frissonna en fermant les yeux.

« Je …. C'était de la légitime défense ... » fit Bran, plus pour lui même que pour l'homme non loin de lui.

D'ailleurs, il releva les yeux vers le dit homme.

« Merci … Merci de m'avoir sauvé …. Vous étiez au banquet c'est ça ? Vous êtes …. Loris ? »

Oui, il avait vu Loris et Bard au banquet, plus précisément lorsqu'il y avait eu un problème avec la danseuse Hermine. Problème où Bran était intervenu, démontrant déjà son courage malgré son infirmité.

Oui, c'était bien lui. Loris. Bran avait eu raison sur l'identité de l'homme qui venait de lui sauver la vie. Ce dernier semblait étonné de voir qu'il se souvienne de lui. Le petit brun secoua doucement la tête, il se souvenait de chaque personne qui se rendait à Winterfell et surtout dans la bâtisse. Après tout il se devait de connaître ses ennemis, tout comme ses alliés. Et Loris lui avait prouvé sa valeur, maintenant par deux fois. Alors non, il ne risquait pas de l'oublier, surtout maintenant qu'il avait une dette envers lui.

« Vous avez marqué ma mémoire pendant le banquet. Merci pour le compliment. »

Il le remerciait mais Bran était persuadé que si l'arc avait atteint sa cible, ce n'était pas grâce à ses prouesses, mais plutôt un coup de chance. Tant mieux pour lui, il ne risque pas de s'en plaindre. Arya avait toujours été plus douée que lui à l'arc, tout comme à l'épée de bois d'ailleurs. C'était frustrant de se souvenir qu'elle le surpassait à presque tout. Mais le plus dérangeant c'est de savoir que là où lui, il excellait, c'était l'agilité, mais que maintenant, il ne pouvait plus bouger. Bran regrettait le temps où il grimpait sur les hautes tours de la cité. Il soupira, ruminer ne servait à rien.

Son premier mort ? L'enfant loup se souvenait parfaitement de l'exécution du déserteur du Mur, par son père. Il se souvenait du dégout qu'il avait ressentit lorsque la tête s'était décroché de son corps. Applique toujours la sentence que tu dictes, lui avait dit son père. C'était une question d'honneur.

« Je … J'ai déjà vu un homme mourir … Un déserteur de la garde de nuit … Mais c'est la première fois que je tue quelqu'un … Mais. Mais c'était lui ou moi. »

Et sans être égoïste, Bran préférait que ce soit lui. Il avait dit à Robb qu'il aurait préféré mourir plutôt que de vivre ainsi, privé de l'usage de ses jambes. Mais aujourd'hui, il se rendait compte à quel point c'était faux. Il voulait vivre, même s'il ne savait pas encore comment il allait s'en sortir, ni quel avenir lui était destiné. Mais une chose était sur, il voulait vivre. …. Robb … Aïe ! Il allait le tuer !! Il allait certainement être consigné dans sa chambre pendant longtemps. Peu importe, ce n'est pas comme s'il pouvait faire quoi que ce soit de toute façon. Sa liberté lui était déjà privée. Mais il fallait qu'il rentre avant que son frère meurt d'une crise cardiaque.

Bran regarda Loris qui l'interrogeait sur la manière dont il pouvait s'adresser à lui. Etant donné son rang, le vouvoiement était le plus logique, mais l'enfant sourit doucement.

« Etant donné que vous m'avez sauvé la vie, dans ma grande bonté, je vous autorise à me tutoyer ! »

Un léger rire s'échappa de sa gorge. Bien sur « la grande bonté » était dite d'une manière exagérée, il ne pensait pas sincèrement ce qu'il disait. Soudainement, le garçon fut soulevé de terre, et Bran le regarda surprit, alors qu'il l'installait sur le cheval. Loris continua de mettre en avant le courage du jeune Stark, le fait qu'il continue de se battre malgré son handicap, le courage dont il avait preuve lors du banquet en se dressant devant un des hommes de Lord Bolton. L'enfant rougit brusquement lorsqu'il lui dit que son père devait être très fier de lui. Un sujet un peu sensible pour Bran. Il secoua la tête.

« Père ne peut être fier d'un garçon infirme. Je serais plus qu'une gêne qu'autre chose. Vous feriez mieux de fonder vos espoirs uniquement sur mon frère Robb. »

Le coeur lourd, il baissa la tête. Pourtant, il aurait tellement voulu que son père soit fier de lui. Il voudrait lui montrer tout son courage, mais privé de ses jambes, toutes ses ambitions tombaient à l'eau. Bran avait tellement honte de cet état physique. Comment pourrait-il regarder son père en face ? Il avait beaucoup trop peur d'y lire de la déception. Son précieux Père ….

Bran releva la tête lorsque le cheval de Loris s'arrêta … Prêt du sien. Le plus jeune demanda de l'aide à son ainé pour regarder sa monture. Une fois bien installé et de l'impossibilité de tomber, il caressa l'animal puis tourna la tête vers Loris.

« Au fait ? Vous étiez au mur Loris ? Vous avez vu mon frère, Jon ? Et ces sauvages ? Comment ont-ils pu venir ici sans que la garde de nuit s'en aperçoive ? Je croyais que le mur était infranchissable ? ….. Loris, vous croyez en l'existence des Marcheurs Blancs ? »

Ce n'était pas la première fois qu'un sauvage arrive jusqu'à la forêt. Il se souvenait parfaitement de sa rencontre avec Luna. Mais quelque chose le fit frissonner d'angoisse. Il lança un regard inquiet à son compagnon de voyage.

« Vous croyez que lorsque l'hiver sera là …. Vous croyez qu'on va tous mourir ? »

Il se souvenait parfaitement des histoires de Vieille Nan concernant les Autres. Si les marcheurs blancs existaient vraiment et qu'ils parvenaient jusqu'ici, dans l'esprit de Bran, il était logique qu'ils réduiraient tout à néant. En commençant par Winterfell.

Loris s'empressa de le rassurer concernant son père. Il n'y avait aucune raison pour que ce dernier change de comportement envers lui à cause de son infirmité, premièrement parce qu'il considérait que les valeurs d'un homme n'étaient pas notés sur le physique, mais plutôt pour son mental, et ses choix. Et deuxièmement parce qu'il était son fils et que par conséquences, il ne pouvait pas être une gêne pour lui. Bran soupira, c'est un peu ce que tout le monde lui répétait, et dans un sens, il avait conscience, au fond de lui, il savait que les autres avaient raison. Mais tant qu'il n'entendrait pas ces paroles de la bouche de son père, il ne pourrait être totalement rassuré. Si père était loin de lui et ses angoisses étaient toujours présentes. Mais il devait être fort, le digne fils d'un Stark.

« Vous avez sans doute raison, Loris. Et puis dans les légendes, beaucoup d'héros se sont battus sur des chevaux. »

Il était bien placé pour le savoir vu tous les livres qu'il avait sur la chevalerie ainsi que les histoires que lui contaient Vieille Nan. Mais ses deux aventures à lui se limitaient aux bois au loup. La première … son cheval était tombé par terre lorsqu'il avait été confronté avec un Ours. Et la deuxième, son cheval était tombé par terre lorsqu'ils se sont fait attaquer par des sauvages. Génial ! Très glorieux. Bran fronça les sourcils, plongé dans ses propres pensées. Mais bon, c'était déjà beaucoup, quel enfant de son âge pouvait se venter d'avoir combattu un ours ? (même si techniquement c'est plutôt Luna qui l'avait combattu) Ou même d'avoir combattu des sauvages ? (oui bon d'accord, il n'en a tué qu'un !)

Bran sourit doucement, tout de même assez fier de lui, ce sont ses premiers pas dans son aventure pour devenir un héros. Peut-être qu'un jour, il deviendrait aussi valeureux que Lyonel Corbray ! … Ou presque ! L'enfant fit un effort pour se concentrer de nouveau sur les paroles de Loris. Il ne venait pas du mur, mais alors qu'il était en patrouille, il avait entendu des rumeurs sur le groupe de sauvageons et il était venu les traquer.

Jon n'avait finalement pas été vu, mais Loris lui rappela qu'il savait se défendre, après tout, du sang Stark coulait dans ses veines. Il sourit de nouveau, sans rien ajouté. Bran n'avait pas envie de parler plus que nécessaire, mais n'en pensait pas moins. Il caressa la tête de son cheval en remarquant qu'il avançait d'un pas moins sur, sans doute encore terrifié par l'attaque des sauvageons.

« Je doute que tout le monde soit aussi sage que vous Loris. Je veux dire, la population se méfie des sauvageons et je doute qu'on leur laisse une chance de vivre normalement parmi nous. Peut-être à quelques exceptions prêt alors. Ce qui est bien tristes je vous accorde. Mais je crois que le monde a peur de ce qu'il ne connait pas. Et comme les sauvages sont de l'autre côté du Mur …. nous ne les connaissons pas. » conclu simplement Bran.

L'inconnu a toujours fait peur. Pas forcément une personne ou un peuple, mais également un avenir incertain. Bran lui même avait des incertitudes sur son avenir à cause de son changement corporel, et parfois il avait du mal à rester optimiste malgré les solutions qu'on lui apportait et les différentes options qu'il lui restait.

« Hm … Je suis fasciné par les contes et légendes, mais concernant les Autres, j'aimerais qu'ils restent des légendes. De toute façon la garde de nuit sera là pour nous protéger ? Et quand bien même, comme vous l'avez dit, le mur nous protège également. Vieille Nan dit toujours que la magie nous réserve bien des surprises, alors qui sait, quand l'hiver viendra, peut-être que nous trouverons des alliées de taille. »

Peu à peu, la demeure des Stark se dessinait devant eux, ils étaient bientôt arrivés. Ce qui fit soupirer Bran.

« Robb m'avait interdit les balades sans lui, il ne va pas être content. Je suppose que vous allez devoir l'informer de ce qu'il s'est passé. Après tout, il faut qu'il sache qu'il y avait des sauvageons dans les bois. Mais si vous avez un jour la chance d'aller à Port Réal, vous devriez raconter votre sauvetage à mon père, je suis sur que vous serez gratifié. Vous le méritez, Loris. Merci pour tout. »