La fin ne justifie pas les moyens
Quête

Année 298, Lune 12, semaine4, jour 6
Cordial

Le Val, une belle région des Sept Couronnes mais aussi elle est aussi belle que dangereuse. Entre les clans des montagnes et les animaux sauvages, les seigneurs et chevalier du Val d’Arryn, n’ont pas de quoi s’ennuyer. À Cordial cela fait plusieurs jours que le calme règne. Cela n’est pas pour déplaire aux habitants de la cité. Seulement le calme n’a pas forcément décidé de rester pour les Corbray. Un serviteur est complètement paniqué. Un objet de grande valeur a disparu. Il s’agit d’une chevalière ayant appartenu à la grand-mère des trois frères Corbray.

Le pauvre homme finit par tomber sur Lucas Corbray, le plus jeune des trois frères. C’est dans un balbutiement quasi incompréhensible que le serviteur informe à Lucas de la mauvaise nouvelle. Le serviteur affirme qu’il a vu la chevalière il y a moins d’une heure mais qu’elle a disparu il y a dix minutes. Vole ? Surement, mais qui ? Qui a bien pu voler un tel objet. Le revendre peut rapporter gros mais avec l’emblème de la maison Corbray, elle ne passerait pas inaperçu. Le mystère reste donc entier et il faut l’élucider.

© Belzébuth

Lucas était quelque peu désarçonné devant la panique du serviteur, qui semblait près de défaillir tant l’angoisse lui enserrait le cœur. Et il y avait de quoi. Si cette bague n’était presque rien aux yeux de l’écuyer, qui ne brillait pas par son matérialisme, il n’en allait pas de même pour sa mère, et encore moins pour son ainé. Ses lèvres se pincèrent dans un geste reflexe en imaginant quelle colère la nouvelle de cette perte pourrait provoquer chez Lyonel, qui n’irait certainement pas par quatre chemins pour exprimer sa déception face à la négligence des serviteurs. Il allait de soi qu’il se devait d’enquêter sur cette mystérieuse disparition, et ce, malgré les corvées qui l’attendaient impatiemment dans l’écurie.
Son esprit bouillonnait littéralement. L’homme disait avoir vu la bague il y avait moins d’une heure, mais qu’elle n’avait disparu que très récemment. Ou du moins, ne s’en était-il rendu compte il n’y a de ça que quelques minutes. Sans compter que si le voleur avait agi juste après le moment où le serviteur disait avoir vu l’objet précieux pour la dernière fois, il devait déjà être loin avec son butin. Il n’y avait pas une seconde à perdre, car le brigand chercherait certainement à quitter le Val pour échanger son trésor contre quelques pièces d’or, à moins qu’il ne tomba d’ici la frontière sur un parfait idiot qui ne remarquerait pas les trois corbeaux gravés dans le métal du bijou.

-Dis-moi où la bague se trouvait lorsque tu l’as vu pour la dernière fois. Lui demanda-t-il d’une voix basse tout en posant un regard rassurant sur le pauvre homme afin de le calmer.

Lucas se refusait à prévenir la garde pour l’instant, après tout, rien, si ce n’est la panique d’un serviteur, ne prouvait que la bague avait été dérobée.

La fin ne justifie pas les moyens
Quête

Année 298, Lune 12, semaine4, jour 6
Cordial

Le comportement du Corbray rassura légèrement le pauvre serviteur. Il répondit à la question d’une voix tremblante.
« Elle était dans la chambre de votre frère messire. »

Si le voleur a réussi à s’introduire dans la chambre d’un des frères Corbray, c’était que la sécurité n’était pas au beau fixe. Les gardes n’avaient-ils pas fait attention ? Comment un voleur pouvait bien s’introduire sans se faire voir dans une chambre. Ce vol était décidément bizarre. Il fallait absolument retrouver le responsable avant qu’il ne commette un nouveau vol. Mais comment trouver le voleur qui peut-être déjà loin de Cordial ?

Cependant la chance était du côté de Lucas car le voleur n’avait toujours pas quitté la demeure des Corbray. Fallait-il encore trouver qui était-ce ?
Un garde rentra dans la pièce.
« Messire, une personne ayant un étrange comportement a été vu dans les couloirs sud. Avons-nous votre accord pour l’interpeler ? »

© Belzébuth

Lucas fixa un instant le serviteur, sa bouche s’entrouvrit légèrement et ses sourcils épais se froncèrent, ne manquant pas de lui donner un air interloqué. Un voleur ne pouvait pas se faufiler aussi facilement dans une des chambres du château, à moins d’être un surhomme ou encore un fantôme, ce qui était peu probable. La chambre du seigneur ! Rien que ça. Cette histoire était de plus en plus bizarre, surréaliste même. Le jeune Corbray commençait à douter de la véritable nature de cette affaire. En effet, peu de gens pouvait se permettre de pénétrer dans la chambre à coucher de Lyonel sans que cela ne soit remarqué. Il y avait tout d’abord ses serviteurs, qui auraient été idiots de voler la bague pour leur compte puisque s’ils cherchaient à s’enfuir avec, leur absence serait immédiatement remarquée. Ensuite, Lyana, leur mère, se permettait de temps à autre de visiter les chambres de ses fils mais rarement. Evidemment, il fallait aussi compter Lyonel…Et…C’était tout. En tout cas c’était ce que pensait le jeune homme. La liste était courte et ne comptait même pas les deux cadets puisque rentrer dans la chambre de l’ainé n’aurait été rien d’autre qu’une provocation fraternelle aux conséquences si longtemps redoutées durant leur petite enfance.


Voler un objet directement dans la chambre du suzerain. Cela semblait n’être rien d’autre que de la folie, même pour le plus dérangé des brigands. Et si ce n’était pas un vol ? Après tout la bague était ancienne, elle pouvait très bien avoir été confiée à un orfèvre pour être nettoyée. Ou encore, se pouvait-il simplement que Lyana ou qu’un des deux ainés ait pris la bague.

« Messire, une personne ayant un étrange comportement a été vu dans les couloirs sud. Avons-nous votre accord pour l’interpeler ? »

Il tourna la tête vers le garde, étonné. Malgré les années, il était toujours surpris et un peu agacé qu’on le traita comme son seigneur d’ainé. Lucas ne s’habituerait jamais à son rang, il en était certain, et il avait d’ailleurs un peu de mal à l’assumer pleinement. Hochant la tête il dit :

-Ne l’interpellez pas, mais gardez la à l’œil. Et vérifiez s’il s’agit d’un familier ou de quelqu’un d’extérieur au château. Mais, rajouta-t-il avant que le garde ne passa de nouveau la porte, que voulez-vous dire par « étrange »?