Arya se leva tôt, une fois encore. En silence, elle enfila ses braies et un petit gilet de cuir passé, avant de prendre ses bottes souples à la main. Pieds nus sur la pierre glaciale, elle fit pivoter le grand battant de bois sans un bruit. Ce matin, elle ne ferait pas l'erreur de troubler le sommeil léger de Sansa.

Elle dévala les marches sans croiser âme qui vive. Les serviteurs, pour les rares levés, devaient encore être aux cuisines. Son ventre gronda à la pensée d'une belle miche de pain chaud. Plus tard, se dit-elle, un petit déjeuner, ça se mérite. Et pour le mériter, elle devait attraper un chat. Le chat est un animal fascinant, lui avait confié Syrio, son maitre à danser, il glisse sur la terre comme l'eau dévale la rivière. Peu lui importe les hommes, le soleil et les murs. Il ignore les premiers, se cache dans les ombes du second et se fait un plaisir de contourner chaque obstacle. Trouve un chat, petit loup. Et apprends.

Elle avait cherché. Elle avait observé la finesse de leur démarche, le mépris dans leur regard, la toute puissance de leur souplesse. Elle avait tout reporté à son maître; Tout cela est correct petit loup. Correct et incomplet. Attrape donc un chat, tu comprendras. Elle s'en était allé avec cette dernière consigne pour seule consolation. Elle avait du mal à comprendre.

En approchant des greniers, elle savait pouvoir trouver tout un vivier de matous abandonnés à eux mêmes. Par chance, un petit chaton noir croisa même sa route au détour d'un couloir du Donjon Rouge.

-Petit, petit, ttttt, essaya-t-elle.

Le chat leva la tête, la toisa quelques secondes. Elle fit un premier pas, puis un second. L'animal leva une pate, curieux.

-Ttttttt.

La boule de poils détala à l'esquisse du troisième pas. Arya n'attendit pas une seconde avant de s'élancer à sa poursuite. Heureusement pour elle, il n'avait pas encore l'habilité de ses aînés, ni la taille pour sauter directement sur une fenêtre ou un balcon. Il se contentait de filer droit au travers des couloirs. Arya tourna une fois, puis deux, s'écorcha un coude en frôlant de trop près un angle, puis...

-Ouch!

Projetée en arrière, les fesses endolories, Arya mit un temps à comprendre contre quoi elle venait de se cogner. Ou plutôt, contre qui... Le Lutin... pensa-t-elle simplement, sans haine, sans peur, juste comme un constat.

-Messire, dit-elle simplement en se relevant. Devait-elle lui envoyer de la courbette ? Après tout, il se pouvait bien qu'en tant que fille de la Main, sa position sociale soit supérieure à celle du Nain de Castlery Rock...