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A la croisée des chemins [PV Margaery]

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Durran Baratheon




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Durran Baratheon
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MessageSujet: A la croisée des chemins [PV Margaery] A la croisée des chemins [PV Margaery] Icon_minitime07.04.13 18:22

A la croisée des chemins

Garlan avait fêté son vingt-troisième anniversaire et toute la soirée n'avait été qu'une interminable fête. Le troisième fils de Lord Mace Tyrell avait été très heureux des cadeaux qui lui avaient été offerts mais il n'était pas non plus habitué à ce que l'attention soit autant portée sur lui. Voilà pourquoi Durran avait suggéré à Willias d'organiser de nombreux spectacles, engageant autant de troubadours, de danseurs et de jongleurs que possible pour distraire l'attention des convives et ainsi permettre à Garlan, ou plutôt ser Garlan désormais, de profiter de la soirée tout en évitant d'être constamment sollicité.

Toutefois, la soirée commençait à être bien avancée et Durran avait encore des choses à faire. Son départ pour Essos était presque imminent et même s'il avait déjà préparé ses affaires, il lui restait à vérifier si les cartes qu'il avait demandées au Mestre, notamment celle d'Essos et les autres plus détaillées sur Pentos et d'autres citées du continent de l'est, avaient bien été terminées.

L'avantage d'être considéré comme un simple "pupille" de la maison Tyrell, c'était qu'il n'était pas assis à la table d'honneur et que par conséquent, il lui était beaucoup plus facile de s'éclipser dans l'ombre des rangées des colonnes que pour ceux, comme Garlan ou même Willas, qui faisaient l'objet de toutes les attentions de par leur placement dans la large pièce qui servait de hall et de salle de réception aux Tyrell.

Tandis qu'il se dirigeait vers la sortie, Durran remarqua que Margaery était aux prises avec un homme qui semblait aussi insistant que saoul, s'il en croyait les effluves d'alcool qu'il pouvait sentir de là où il se trouvait. La jeune femme paraissait essayer tant bien que mal de lui faire comprendre gentiment qu'elle ne désirait pas danser avec lui mais le fait de ne pas vouloir froisser les sentiments et l'orgueil de cet héritier d'une maison noble dont il avait oublié le nom, ne l'aidait pas à parvenir à ses fins.

Posant son regard sur la table des Tyrell, il ne tarda pas à croiser le regard de Willas et à sa façon de croiser les sourcils, l'héritier de la maison Tyrell s'était aussi aperçu des mésaventures de sa sœur... et pire encore, le regard appuyé qu'il adressait au jeune Baratheon en disait long sur ce qu'il voulait qu'il fasse pour y remédier.

Soupirant intérieurement, le jeune Baratheon prit une profonde inspiration et plaqua son sourire le plus charmeur sur son visage avant de s'élancer vers les deux jeunes gens.


- Lady Tyrell ! Cela fait des heures que je vous cherche ! S'exclama-t-il d'un ton volontairement enjoué et presque théâtral.

S'avançant vers elle, il prit délicatement sa main dans la sienne avant de la porter jusqu'à ses lèvres pour y déposer un léger baiser de courtoisie, obligeant le noble à reculer d'un pas et à porter son attention vers lui. Durran ne lui laissa toutefois pas le temps d'ouvrir la bouche, prenant immédiatement l'initiative.

- Pardonnez-moi, messire mais notre délicieuse hôte m'a joué un bien vilain tour en se soustrayant à moi un peu plus tôt. Voyez-vous, elle m'avait promis une danse mais à peine lui eus-je arraché cette promesse qu'elle disparaissait dans la foule. Les femmes changent si facilement d'avis... mais c'est ce qui fait leur charme, n'est-ce pas ?

- Je... oui, je suppose...

- Vous êtes clairement un homme érudit en matière de femmes. Vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je vous dérobe cette magnifique jeune femme quelques instants ? Je tâcherais de vous la ramener d'ici peu... enfin, si elle accepte de me suivre. Ce fut un plaisir de faire votre connaissance.

Et tandis que le jeune noble bafouillait une réponse, Durran saisit à nouveau la main de Margaery dans la sienne et l'entraîna sur la piste de danse, se fondant dans la masse des autres couples en dansant au rythme de la musique lente et douce qui était jouée à quelques mètres d'eux. Mettant une main sur la taille de la jeune Tyrell et l'autre sur son épaule, il laissa tomber quelque peu son masque de fausse joie au profit d'une expression plus neutre.

- Franchement, milady, il serait peut-être temps de reprendre des leçons auprès de Lady Olenna. Vous excellez peut-être dans le charme et les intrigues mais vous manquez singulièrement des répliques cinglantes dont elle use avec brio pour se débarrasser de ceux qui l'ennuient. Ne croyez pas que Willas ou moi-même serons toujours là pour vous tirer d'affaire.

Bien qu'ils se soient connus depuis aussi longtemps qu'il puisse se souvenir, il existait une petite distance entre eux qui n'existait pas dans son amitié avec l'héritier de Hautjardin. Cela tenait sans doute au fait que Margaery ignorait sa véritable identité et son véritable rang social, le considérant comme appartenant à une petite famille sans importance de la noblesse... ce qui n'était guère intéressant pour une jeune femme dont les ambitions étaient de marier un puissant seigneur, voire peut-être un prince.

- Tâchez de ne pas causer trop de soucis à Willas quand je serai parti, voulez-vous. Il vous porte beaucoup d'affection mais il a également de lourdes responsabilités à gérer.
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [PV Margaery] A la croisée des chemins [PV Margaery] Icon_minitime07.04.13 19:13

Par les Sept ! L’odeur était affreuse même pour une femme habituée aux relents de pourriture du gibier mis en venaison après les grandes chasses de Hautjardin. Ne connaissaient-ils pas les vertus essentielles de l’hygiène bucale vers Villevieille ? Non pas qu’elle-même soit une adepte des bains dans la Mander mais, tout de même, il y avait une limite à ne pas dépasser. Maintenant un sourire de façade, plaisant sinon aimable, la jeune femme attendait simplement que l’insistant présomptueux se lasse de voir ses avances rebutées les unes après les autres. Sauf que le bougre s’accrochait avec autant d’ardeur qu’une moule sur son rocher…Il en avait d’ailleurs l’odeur. Elle avait tourné les yeux vers son frère aîné, retenu à la haute table, avec un léger soulèvement de sourcils traduisant volontiers et son embarras et surtout son ennui d’être ainsi courtisée par un grotesque personnage aviné. Mais, tranquillement - que risquait-elle dans la demeure de son père après tout - voire courtoisement, elle se contentait de se tenir droite en une posture de rejet qui, eût-il été plus sobre, aurait sans doute mis la puce à l’oreille à l’importun. Il s’agissait de ne pas provoquer de scandale alors que le Galant fêtait aussi joyeusement ses quelques vingt et trois ans.

 " Vraiment Messer, l’attention est délicate mais je ne suis plus réellement d’humeur à danser ce soir. Vous seriez mon obligé si vous vouliez bien me raccompagner à ma place plutôt que de me… "

Malgré l’éclat quelque peu froid des yeux châtaigne de la jeune fille, le ton restait aimablement juvénile. Et, pour tout dire, elle ne tenait pas spécialement à essuyer ses griffes sur la fière ivresse d’un chevalier qui, au demeurant, s’était toujours montrée charmant à son égard. Mais, évidemment, sa nouvelle tentative pour s’en débarrasser fut coupée par l’arrivée opportune de l’ancien écuyer de son frère. Elle lui laissa sa main savourant le répit avec un plaisir certain, d’autant plus qu’elle fut rapidement entraînée un peu plus loin échappant ainsi aux embarrassantes attentions de celui qui, pour aimer le vin de la Treille, en avait sûrement abusé en cette soirée.

Il s’éclipsèrent rapidement au milieu des couples qui tournoyaient pour se dérober à la vue de son curieux prétendant. La jeune femme soupira légèrement en levant les yeux au ciel, heureuse d’avoir échappé au calvaire, mais déchanta rapidement lorsqu’elle s’aperçut que ser Durran entendait être récompensé par une nouvelle danse pour son galant sauvetage. Mais, après tout, elle la lui devait bien, n’aurait-ce été que pour faire plaisir à son cher Willas qui appréciait qu’elle traite son écuyer avec certains égards. Elle allait même le remercier avec gentillesse pour son arrivée inopinée quand ce dernier, avec une maladresse certaine, se mit à lui tenir un discours qui, si il avait un fond de vérité, résonnait néanmoins de façon disgracieuse aux oreilles de lady Margaery. Tout en dansant, elle redressa légèrement le menton en une posture trahissant une légère défiance ou plus volontiers un caractère suffisamment fier pour ne pas penser avoir à tolérer les conseils de quelqu’un qui, pour tout dire, ne représentait que peu de choses pour elle. Elle lui aurait volontiers aboyé à la figure mais, malgré les leçons de sa chère grand-mère, demeurait suffisamment inquiète de son image au sein du groupe dans lequel elle évoluait avec légèreté si ce n’était avec grâce.


 " Willas ? Ce ne sera en tous cas pas à lui que je demanderai de me tirer de ce genre de mauvais pas, messer. A part faire un croche-pied à cet idiot avec sa canne, je l’imagine assez mal pouvoir faire autre chose. Je m’en remettrai plutôt à Loras. "

Ce n’était pas une moquerie, elle aimait trop le plus âgé de ses frères pour cela, mais elle n’en restait pas moins lucide quant à sa capacité à lui apporter son aide. Et, si la voix restait douce, il y avait dans ses propos l’inévitable tranchant sarcastique qu’elle tenait de la reine des Epines. D’ailleurs, sa pupille se teinta d’un vague mépris ennuyé alors qu’elle affrontait le regard de Durran. Continuant néanmoins de danser avec la cadence apprise au cours de longues années de pratique, elle se contenta de rappeler à son nouveau cavalier avec qui il avait alors l’honneur d’esquisser quelques pas d’une sarabande.

 " Quant au reste, je te conseille plutôt d’aller prendre quelques cours auprès de mes frères sur la façon dont tu peux t’adresser à une Tyrell, Durran. Nul doute qu’ils sauront te rappeler à qui tu dois ton semblant d’éducation aussi sûrement que ma grand-mère… "

En gros, ce n’était pas parce qu’il avait ciré les bottes de cuir de son aîné durant des années qu’il pouvait se permettre de parler ainsi à la fille du seigneur des lieux qui, elle en était certaine, serait moins qu’enchanté qu’elle vienne se plaindre du pourtant prometteur ser Durran. Malgré ces quelques mots secs, Margaery n’en demeurait pas moins au bras de son "sauveur" semblant savourer la danse sans autres arrières pensées. D'ailleurs, quelques instants plus tard, sa froideur précédente semblait oubliée au profit d'une curiosité accrue par la perspective du départ de l'ami de son frère.

 "Au fait, où pars-tu donc ?"
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [PV Margaery] A la croisée des chemins [PV Margaery] Icon_minitime07.04.13 22:46

Durran ne fut pas surpris par les paroles de Margaery au sujet de son frère aîné. Depuis l'accident au cours d'un tournoi qui l'avait laissé boiteux, Willas n'était plus en mesure de participer à des tournois ou à se battre en général. C'est pourquoi il s'était dédié à ses études depuis, devenant l'un des hommes les plus érudits de tout le Bief. Ses talents pour la politique et la diplomatie, développés par les leçons de Lady Olenna, lui avaient permis de se lier d'amitié avec Oberyn Martell, alors que leurs maisons respectives se détestaient cordialement depuis des siècles.

- Toutes les batailles ne se livrent pas avec une épée à la main. Votre père et Ser Loras sont de grands combattants, personne ne le conteste mais si je devais confier le sort du Bief et de ses habitants à quelqu'un, ce serait à Willas. De tous vos frères, c'est celui qui a hérité le plus de qualités de Lady Olenna et je ne doute pas un seul instant qu'il fera un bon seigneur suzerain du Bief.

Le prince ne faisait que dire ce qu'il pensait avec la plus grande sincérité. Lors de son arrivée dans le Bief, c'était Willas qui s'était le plus occupé de lui, prenant soin de lui comme un grand frère, lui faisant découvrir Hautjardin et ses secrets, l'aidant à apprendre l'histoire de Westeros, les sciences et même des langues comme le Haut Valyrien. Adolescent déjà, il était plus sage que bien des adultes et il n'était devenu que plus sage depuis. Si Durran montait un jour sur le trône de Westeros, il nommerait Willas comme Main du Roi sans la moindre hésitation.

" Quant au reste, je te conseille plutôt d’aller prendre quelques cours auprès de mes frères sur la façon dont tu peux t’adresser à une Tyrell, Durran. Nul doute qu’ils sauront te rappeler à qui tu dois ton semblant d’éducation aussi sûrement que ma grand-mère… "

Durran ne put s'empêcher de sourire, conscient qu'elle tenait assurément cette fierté de sa grand-mère. Dansant en rythme avec sa partenaire, avec toute la grâce et l'adresse que lui avaient apprises ses nombreuses leçons à Hautjardin.

- Oh mais je n'ai pas oublié, milady. Croyez bien que je n'oublierai jamais ce que vos parents ont fait pour moi en m'accueillant ici. Sans eux, ni lady Olenna, je ne serais pas devenu l'homme que je suis aujourd'hui. C'est parce que je me soucie d'eux et de votre famille que je me suis permis de vous donner ce conseil, même en sachant qu'au final, vous ferez ce dont vous avez envie.

La distance et la froideur qu'elle exprimait à son égard s'estompèrent lorsqu'elle lui demanda où il allait partir. La faisant virevolter pendant quelques instants encore, il consentit finalement à lui répondre.

- A l'est, milady. Je vais me rendre sur Essos, le continent qui se trouve de l'autre côté du Détroit. Il serait bien dommage que j'ai passé tant de temps à apprendre l'histoire et les coutumes des peuples Braavosi, Pentoshi et même Dothraki et de ne jamais m'être rendu là-bas, vous ne pensez pas ?
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [PV Margaery] A la croisée des chemins [PV Margaery] Icon_minitime07.04.13 23:46

La réponse fusa, sèche mais juste. Ce n’était pas parce qu’elle reconnaissait les faiblesses de Willas qu’elle oubliait ses qualités ni même qu’elle en créait de nouvelles, imaginaires celles-ci, pour les autres membres de sa famille. Cela aurait été comme de proclamer que sa grand-mère restait la plus belle femme du Bief alors même qu’elle avait encore autant de prestance qu’un vieux radis desséché.

 «Nous ne devons pas connaître les mêmes, Gurran. Loras est un excellent combattant, nul doute à ce sujet, mais il est aussi vierge que toi et moi en ce qui concerne la guerre. Quant à Père… Encore aurait-il fallu qu’il sache quoi faire des gains de la seule qu’il ait jamais réussi à remporter. Il ne suffit pas de faire des prouesses à la joute pour valoir quelque chose…» Son regard se tourna vers la table où ses frères festoyaient s’attardant sur Willas puis elle haussa les épaules, décidée à ne point s’encombrer l’esprit par ces si savantes considérations sur les qualités, supposées ou non, de l’héritier de Hautjardin.  « Evidemment qu’il sera meilleur que les deux autres, ce sont des navets dès qu’on leur enlève leur précieuse épée ! » Elle se mit à rire en imaginant un Loras avec une magnifique tête protubérante violette et blanche couronnée par ses si jolis cheveux bruns ondulés ou Garlan occupé à écouter les longues listes de dépense affectées aux greniers de la citadelle.  « Mais…je ne sais pas. Il est des hommes comme des cheveux dit Grand-Mère, on ne peut jamais connaître leur réelle valeur avant de leur avoir fait sauter l’obstacle. Et Willas n‘en est pas encore là. Comme nous tous. Je trouve cela heureux d‘ailleurs, ces temps viendront bien trop vite.»

Qui plus est…Même si elle aimait son frère, tous ses frères même, elle ne pouvait s’empêcher de penser, qu’un jour, cette jambe raide pourrait être la fin de leur aîné. Qui mènerait l’immense ost des Tyrell, le plus grand de Westeros ? Un infirme ?! Elle doutait de voir les fiers et grincheux seigneurs du Bief se ranger avec le même enthousiasme sous la bannière de son frère qu’ils l’avaient jadis fait pour leur père qui, pourtant, ne possédait pas la moitié de l’intelligence de Willas. Son regard s’assombrit quelques instants avant qu’elle ne lance un sourire à ser Gurran. Les excuses étaient acceptées.

 «Comment pourrai-je en faire autrement qu’à ma tête, je vous le demande, messer le chevalier ? Et, comme me l’a appris lady Olenna, il est un temps pour chaque chose. Ce pauvre bougre était ennuyeux, certes, mais pourquoi me montrer désobligeante alors que seul l’alcool le faisait insister ainsi… D’autant plus que, si je serai certainement seule un jour, je ne le suis pas encore aujourd’hui. Vous avez surgi aussi vite que n’importe quel galant alors pourquoi ne pas en profiter tout simplement ? Il sera bien temps, plus tard, d’aiguiser mes mots aussi finement que votre épée. Mes remerciements d’ailleurs, je crois que j’étais bonne pour une danse et des pieds écrasés sans cette vaillante intervention. »

Le ton s’était fait presque mutin, charmeur. Et, malgré les mots précédents du chevalier, il allait sans dire que la jeune fille avait goûté la promptitude de l’intervention destinée à lui éviter un cavalier par trop ennuyeux et aviné. Se détournant légèrement, elle esquissa un léger signe de tête à l’adresse d’un chevalier qui lui avait adressé un lointain salut avant de revenir à l’autre jeune homme. De toutes façons, en ce soir de fête et après quelques coupes de vin, lady Margaery appréciait d’être le centre des attentions masculines bien que cela reste en tout bien tout honneur, comme disait sa grand-mère : « On reconnaît une vraie dame à ce que, pourchassée, assiégée, tentée peut-être même, elle reste inaccessible. Ne l’oublie pas, Margaery. »

Ces quelques mots gravés dans sa mémoire et dans chacun de ses gestes, la jeune fille savait, malgré son âge tendre, comment mener sa barque dans un Bief aussi tumultueux que les eaux de la Mander durant les longs automnes. Et, fort heureusement, Durran étant, après tout, si insignifiant ou, en tous cas, indigne d’elle, elle pouvait se permettre de se montrer telle qu’elle était à ses côtés, curieuse et enjouée. Et encore plus alors qu’il lui disait quelques mots de son futur voyage. Soudain, les traits de son visage se tendirent brièvement exprimant un possible sentiment de crainte.


 « Tout cela me semble bien lointain. Par contre, point n’est besoin d’aller jusqu’à rencontrer ces sauvages mangeurs de chevaux, ils sont répugnants. Peut-être reviendras-tu la barbe teinte en bleu comme les Braavosi, qui sait ? Une belle expérience en tous cas, il est juste dommage que Willas ne puisse la partager. » Elle s’arrêtant quelques secondes avant que ses lèvres ne forment une petite moue boudeuse.  « Et quel dommage aussi qu’une fille ne soit pas autorisée à voir le vaste monde…Dire qu’arracher un séjour à Port-Réal tient de la gageure. Tu me ramèneras quelque chose au moins ? Une belle robe ou des bijoux pour que je puisse impressionner jusqu’à la reine Cersei. Ou qui sait…un seigneur suzerain. »
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MessageSujet: Re: A la croisée des chemins [PV Margaery] A la croisée des chemins [PV Margaery] Icon_minitime11.04.13 21:57

Durran se retint à grand peine de rire lorsque la jeune femme évoqua les désavantages évidents de son père et de son frère Loras en dehors des champs de bataille, tant le rire de Margaery était communicatif. Il était vrai que les deux hommes, pour toutes leurs prouesses guerrières, n'étaient pas de fins stratèges, ni dotés de cet esprit acéré qui faisait d'hommes tels que Tywin Lannister de redoutables participants à l'arène politique de Westeros. Un sourire flottait encore sur ses lèvres lorsqu'il répondit à la fille de Lord Tyrell.

- Ne vous fiez pas aux apparences, milady. Telle est la première leçon que j'ai apprise auprès de Lady Olenna et jamais je ne ferai l'erreur de l'oublier. Ce n'est pas parce que les choses semblent si normales qu'elles le sont en réalité... mais je suppose qu'il faut bien profiter du calme avant la tempête.

Le jeune homme était bien placé pour le savoir puisqu'il se situait au coeur d'un des plus grands secrets que gardaient Lady Olenna et Willas. Pendant plus de dix ans, la Reine des épines l'avait abrité derrière les murs de Hautjardin, lui enseignant tout ce qu'un jeune seigneur, ou plutôt tout ce qu'un jeune prince, se devait de savoir. Histoire, maniement de l'épée, diplomatie, les liens des familles des Sept Royaumes entre elles et bien sûr, tout ce qu'il lui avait été possible d'apprendre sur Essos. Bien que Lord Mace Tyrell ne l'ait sans doute pas réalisé, son fils aîné était progressivement en train de devenir le leader officieux de la Maison Tyrell, prenant la place de sa grand-mère tandis que celle-ci prenait le temps de se reposer un peu. Son handicap avait donné à l'héritier de Hautjardin l'une des plus parfaites excuses pour s'immerger complètement dans ses études ainsi que pour nouer des liens avec d'autres grands seigneurs, comme Oberyn Martell.

C'était grâce à cela que les Martell avaient appris l'existence d'un jeune prince Baratheon qui comptait faire son possible pour mettre l'une des dernières représentes de la Maison Targaryen sur le Trône de Fer.


 «Comment pourrai-je en faire autrement qu’à ma tête, je vous le demande, messer le chevalier ? Et, comme me l’a appris lady Olenna, il est un temps pour chaque chose. Ce pauvre bougre était ennuyeux, certes, mais pourquoi me montrer désobligeante alors que seul l’alcool le faisait insister ainsi… D’autant plus que, si je serai certainement seule un jour, je ne le suis pas encore aujourd’hui. Vous avez surgi aussi vite que n’importe quel galant alors pourquoi ne pas en profiter tout simplement ? Il sera bien temps, plus tard, d’aiguiser mes mots aussi finement que votre épée. Mes remerciements d’ailleurs, je crois que j’étais bonne pour une danse et des pieds écrasés sans cette vaillante intervention. »

Durran haussa un sourcil, tout en continuant de la faire virevolter avec grâce et dextérité. Il ne s'était franchement pas attendu à ce qu'elle le remercie mais cela faisait sans doute partie de ce caractère si versatile qui caractérisait bien des femmes. Willas lui avait parlé un jour d'un vieux dicton qu'aurait lancé l'un des anciens rois Targaryen : "Souvent femme varie, bien fol qui s'y fie". Cela n'aurait pas pu être plus vrai aujourd'hui.

- Je vous en prie, ce n'était rien. En dehors des membres de votre famille, je dois être l'un des seuls hommes ici présents à ne pas vouloir vous courtiser ou vous mettre dans son lit donc il était tout naturel que je vous vienne en aide. Et puis, je devais aussi un service à Willas suite à notre dernière partie de cyvasse. Vous devriez toutefois faire attention aux hommes enivrés par l'alcool. Certains en oublient non seulement leurs manières mais aussi leurs devoirs. Ce n'est pas pour rien que les bannières des grandes maisons représentent des animaux. En chaque homme sommeille une bête, assoiffée de sang, de pouvoir ou de femmes à conquérir.

D'après ce qu'on lui avait dit, son père, le roi Robert Baratheon 1er du nom, était un parfait exemple. Buvant quotidiennement plus que de raison, ce n'était un secret pour personne qu'il trompait sa femme avec de multiples femmes, et ce dans le donjon rouge. Il n'y avait pas d'amour dans le mariage de ses parents et il n'y en avait sans doute jamais eu. Il était né d'une union purement politique, arrangée par Lord Jon Arryn et Lord Tywin Lannister.

 « Tout cela me semble bien lointain. Par contre, point n’est besoin d’aller jusqu’à rencontrer ces sauvages mangeurs de chevaux, ils sont répugnants. Peut-être reviendras-tu la barbe teinte en bleu comme les Braavosi, qui sait ? Une belle expérience en tous cas, il est juste dommage que Willas ne puisse la partager. Et quel dommage aussi qu’une fille ne soit pas autorisée à voir le vaste monde…Dire qu’arracher un séjour à Port-Réal tient de la gageure. Tu me ramèneras quelque chose au moins ? Une belle robe ou des bijoux pour que je puisse impressionner jusqu’à la reine Cersei. Ou qui sait…un seigneur suzerain. »

Le prince ne put se retenir de rire cette fois-ci et ses yeux noisette pétillaient encore de malice lorsqu'il prit la parole à son tour d'une voix amusée.

- Les Dothraki sont assurément moins raffinés et moins sophistiqués mais ils s'avèrent également plus pragmatiques. Ils n'ont besoin que de peu de choses pour vivre et leurs exploits guerriers leur apportent le respect et la crainte de tous dans les villages et cités qu'ils traversent. J'avoue que je suis impatient à l'idée de me confronter à l'un de leurs fameux seigneurs des chevaux.

Le jeune Baratheon était complètement sincère en prononçant ses mots. Il ne savait pas s'il avait hérité sa soif de combat du côté Baratheon ou bien des Lannister mais depuis sa plus tendre enfance, le prince adorait combattre. Bien qu'il maîtrisât un large arsenal d'armes différentes, sa préférence allait à l'épée, et plus exactement aux deux épées jumelles qui quittaient rarement les fourreaux placés dans son dos. Oh bien sûr, il possédait aussi plusieurs dagues à sa ceinture pour de simples escarmouches mais il ne se sentait véritablement dans son élément qu'avec une épée à la main.

- Je doute de pouvoir vous trouver un seigneur suzerain à Essos, milady, plaisanta Durran en jouant sur les mots de Magaery, mais je ferai mon possible pour ramener un cadeau exotique. Probablement pas une robe, puisque les modes locales sont davantage... portées sur des étoffes plus légères et qui couvrent beaucoup moins de peau que les vêtements d'ici mais ils aiment aussi les bijoux faits d'or et d'argent donc cela ne devrait pas poser de problème.

En effet, d'après les textes qu'il avait lu sur les cités libres et même sur les villes plus à l'est encore, le climat chaud favorisait des tenues légères, qui n'auraient guère convenu à la fille d'un seigneur suzerain. Il ne tarda toutefois pas à imaginer la silhouette fine d'une jeune femme vêtue d'une telle robe, ses longs cheveux d'un blond argenté flottant au gré du vent... la princesse qu'il allait chercher sur un autre continent.

- Ne soyez pas triste, milady. Vous aurez sans doute l'occasion de voir tous les châteaux de Westeros d'ici peu mais Essos n'est sans doute pas un endroit pour une dame telle que vous. Si les gens de là-bas font rarement la guerre, ils n'ont aucun scrupule à capturer des personnes incapables de se défendre et à les vendre comme esclaves à Mereen ou Qarth.

En revanche, c'était un endroit idéal pour un épéiste. Les plus fines lames du monde se trouvaient à Braavos et il rêvait de pouvoir se mesurer à l'un des fameux danseurs d'eau, voire à la première épée du Seigneur de la Mer. Même s'il était déjà un combattant redoutable, le jeune homme souhaitait devenir plus aguerri encore, afin de devenir le plus puissant possible... et suffisamment doué pour tuer ses ennemis, le Régicide en particulier.

- Hélas, je crains que nous ne revoyons pas avant un certain temps, Lady Margaery. Je compte rester un petit moment à voyager sur Essos et après cela... disons simplement que j'aurai mon propre chemin à suivre. Cet endroit va me manquer... Même si cela n'a jamais été ma maison, simple étranger que j'étais, j'y ai vécu mes plus belles années et j'en garderai toujours de merveilleux souvenirs.

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