Elle esquissa un sourire en observant Durran revenir le lendemain la voir dans cette sombre pièce qu’était sa prison. Elle lui servit de l’eau, à défaut de pouvoir lui servir autre chose, ils discutèrent, de tout et de rien, et comme souvent, le fils qu’elle pensait avoir perdu finissait par lui poser des questions sur sa vie, sur qui elle était réellement…

« Je t’ai déjà raconté tout cela, à quel point je ne supportais pas d’être qu’une petite chose destinée à servir un futur époux… »

Mais cela n’était pas assez pour lui, il voulait apprendre à la connaître, réellement et elle concéda alors à lui raconter.

« Je suis née à Castral Roc, comme tu le sais déjà, la première née. Tout aurait pu être si différent si j’avais été un homme » dit-elle en esquissant l’ombre d’un sourire. « Le mestre nous racontait souvent comment Jaime me tenait encore le pied alors que j’étais déjà dehors et que nous l’attendions. » détournant légèrement les yeux, il était difficile pour elle de cacher une certaine émotion devant cette anecdote. Qu’elle soit vrai ou fausse, elle illustrait à la perfection ce qu’ils avaient toujours été l’un pour l’autre.

Elle protégea Durran des détails de cette relation. Les nombreuses fois où elle quittait sa chambre dans la nuit pour rejoindre le lit de Jaime alors qu’ils n’étaient encore que des enfants. La naissance précoce de leurs sentiments et la vaine tentative de leur mère pour les séparer avant qu’elle ne succombe à l’accouchement de leur cadet.

« On échangeait parfois nos vêtements pour tromper et moquer notre entourage » admit-elle malgré tout, cherchant simplement un peu de réconfort dans ses propres souvenirs. Elle marqua pourtant une pause, se rendant alors compte que ce qu’elle allait raconter par la suite n’avait rien de réjouissant.

« Mère est morte en donnant naissance au lutin… » et en l’espace d’une nuit il ne restait alors plus que Jaime, elle et ce nouveau bébé. Leur père étant à Port Réal.

« Je n’ai pas cru qu’il survivrait » et c’était bien pour ça que cela n’avait pas d’importance qu’elle le brutalise, mais le bébé difforme avait au moins eu la qualité d’être tenace et d’avoir malgré tout grandit. Il était source de discorde entre Jaime et elle, son frère s’était pris d’affection pour cette petite chose hideuse qui avait tuer leur mère alors qu’elle, elle l’exécrait au plus haut point.

« Un jour père est rentré de Port Réal, en m’annonçant qu’il souhaitait offrir ma main au prince Rhaegar, j’étais encore jeune et sotte…Devenir reine, cela faisait rêver n’importe qui…Moi la première. Je m’imaginais pouvoir effleurer du doigt les ficèles du pouvoir, avoir une tout autre importance que de simplement pondre un héritier. » C’était cette annonce qui l’avait alors amener à aller voir Maggy la grenouille, dans l’espoir qu’elle lui confirmerait que son père obtiendrait cette alliance pour elle. On disait d’elle qu’elle pouvait voir l’avenir dans une goutte de sang…Un souvenir qui l’avait profondément, la prédiction qu’elle avait fait d’elle ne cessait de l’obséder encore aujourd’hui.

Peut-être raconterait-elle cette prophétie à Durran un jour, mais pour l’heure, elle garda cette histoire pour elle.

« Devant le refus du Roi Aerys, mon père n’a pas désespéré et m’a emmenée avec lui à Port Réal. A défaut de m’offrir le prince héritier, il me donnerait à Viserys ou priait les sept pour qu’Elia Martell succombe à sa santé fragile… »

Sur le reste de cette visite, la Reine lui compta ses journées à Port Réal et les moments où elle comprit qu’il y avait bien d’autres armes que les épées pour se battre. Elle insista sur ce point, souhaitant alors offrir à son fils toute la lucidité dont il aurait besoin quand il viendrait l’heure pour lui de gouverner. Lui répétant avant qu’il ne parte : « Tous ceux qui ne sont pas nous, sont nos ennemis »

Lorsqu’il revint le lendemain, le sujet de la rébellion de son père fut au cœur de la conversation, arrivant à cet instant fatidique où elle fut promise en épouse à Robert.

« Toutes les filles des Sept Couronnes rêvait de ce mariage mais il était mien. Quand finalement je me suis avancé dans le Septuaire de Baelor, ce fut le moment le plus heureux de ma vie…Je ne crois pas au mariage d’amour mais je crois que parfois…Certaines unions peuvent se conclurent sur quelque chose de…Beau. J’ai vu mon père aimé ma mère avec autant de force que l’était sa dureté. Alors j’ai cru au début que j’arriverai à lui faire oublier sa peine. Mais lorsque, trop aviné, il rampa au-dessus de moi et qu’il susurra à mon oreille…Lyanna…J’ai compris. »

Elle esquissa un sourire, se moquant d’elle-même et de cette période de sa vie où elle était encore un peu naïve. Les choses auraient pu se passer autrement si seulement le Roi avait pu tourner cette page douloureuse. La haine qu’elle ressentait pour son époux était née le jour de ces noces et il suffisait de voir son visage pour le comprendre. Elle passa rapidement ces passages malheureux de sa vie, enchaînant sur les évènements plus récents dont Durran avait peut-être entendu parlé ou pas du tout.

« Si jamais… » Elle leva les yeux vers son fils…N’osant véritablement finir la phrase tant l’idée de mourir aussi bêtement lui était insupportable « Prend soin de ta sœur, ne laisse pas ton père les chasser, rien a été prouvé et ils sont coupable de rien. Elle a déjà vécu un moment si difficile, elle aura besoin de soutien et Tommen est si jeune… »

Elle soupira, malgré tout, il restait la question de Joffrey. Et si elle évita soigneusement de parler de lui c’est parce qu’elle connaissait que trop bien celui qui l’avait fait souffrir pendant près d’une nuit et une journée…Il venait de perdre son statut de Prince Héritier et au fond, Cersei pouvait déjà ressentir la colère sourde qui devait habiter celui-ci. Si elle survivait, elle ferait tout pour éteindre cette colère mais…Et s’il est mourrait ? Devait-elle prévenir Durran de l’éventuel danger ? Le choix lui était difficile, elle avait cette terrible sensation que dans un cas, comme dans l’autre, elle devait trahir l’un de ses deux fils.

Intelligente, Cersei a rapidement apprit en vivant à Port Réal durant sa jeunesse qu’en tant que femme elle se devait de trouver des armes différentes de celles des hommes. Les larmes, les mots, les manigances et la manipulation n’ont plus vraiment de secret pour elle et son procès en est la preuve pour ceux et celles qui connaissent la vérité. Fort heureusement, Cersei sait aussi tenir sa langue et le nombre de personne connaissant la vérité sont peu nombreux. Ignorant alors que les accusations d’inceste était fondée et que ses enfants sont effectivement le fruit de son amour pour son frère.
Capable de tout pour ses enfants, l’expression de maman lionne n’a jamais été aussi vrai qu’avec la Reine. Sachant qu’elle n’est pas derrière l’assassinat de son premier né, elle reculera devant rien pour découvrir elle-même la vérité, ne faisait clairement pas confiance aux sous compétences de son époux et de son conseil ridicule. Et lorsqu’elle obtiendra cette vérité, nulle doute qu’elle offrira l’une de ses plus perfides vengeances.

Paranoïaque, la Reine est persuadée que la prophétie qu’une sorcière lui a raconté durant sa jeunesse va se réaliser, ne se rendant pas encore compte aujourd’hui que celle-ci semble s’être tromper. Aveuglé par l’idée que c’est son petit frère qui signera sa perte, elle se méfie de Tyrion plus que n’importe qui d’autre, incapable d’aimer ce petit frère qui en plus d’être difforme ; lui a enlevé sa mère.
Sa fierté est probablement sa plus grand force comme sa plus grand faiblesse, parfois aveuglé par celle-ci tout comme sa paranoïa constante. Aujourd’hui, Cersei ignore encore ce qu’elle fera de sa vie, assez lucide pour savoir que sa vie est probablement en danger à Port Réal mais l’idée même d’abandonner son fils qu’elle vient à peine de retrouver la rebute.

Cersei est décrite comme l’une des plus belles femmes des Sept Couronnes. Possédant toute les caractéristiques physiques des Lannister, elle possède une longue chevelure blonde, de magnifiques iris verts et le teint pâle. Elle arbore régulièrement les couleurs de sa maison dans de magnifique robe. Son rang est indéniable tout comme ses origines, et si Robert n’a jamais su voir et profiter de la beauté de son épouse, d’autres auraient souhaité pouvoir le faire. Il est difficile de croire qu’une femme ait pu donner naissance à deux enfants aussi beaux pour ensuite mourir en donnant naissance à l’horreur qu’est Tyrion Lannister.

Femme de gout, Cersei aime être apprêté, coiffée, et joliment habillée. Elle connait le pouvoir de l’image face aux autres et elle s’en sert comme les hommes se servent d’une épée. Elle a rapidement apprit que l’image qu’elle offrait aux autres avaient son importance pour pouvoir obtenir ce qu’elle souhaitait. Un sourire subtil, un regard en coin, se tenir droite et contrôler ses émotions. Rare sont les moments où les émotions sincères traverse ses yeux vert ou déforme l’expression de son visage.