Il y a dans les relations familiales de toute famille royale, un mélange presque vicieux entre l'amour qui marque tout membre d'une famille pour les siens et le pouvoir politique. Nulle part autre, le pouvoir politique s'insinue plus intensément dans ce qui devrait être le plus humain et naturel. Les rois subissent ainsi une malédiction d'une grande cruauté: tout frère est en même temps un concurrent politique, tout père un prédécesseur qui, on se l'avoue rarement, on aimerait voir vite trépasser. Ceci n'est pas différent dans la famille royale de Westeros.

Le Soleil était haut au firmament et c'était une journée chaude à Port royal. Joffrey devrait être dans sa chambre entra d'étudier un livre sur le haut-valyrian. Mais la vérité était que le jeune prince avait que peu d'estime pour ses études. Il les considéraient comme futiles et stupides. D'après-lui, ils étaient que bon pour les mestres et autres marabouts. Un futur souverain n'avait pas besoin de connaître une langue morte depuis des lustres. Non, Joffrey s'adonnait à une activité qu'il trouvait bien plus plaisante.

Il tenait dans sa main un petit bol de lait et il s’avança vers le bord de l'enceinte du Donjon rouge. C'était un secteur tranquille, laissé inattendu par les gardes royaux. Un lieu parfait pour s'adonner à des activités plus saines que l'étude de vieux livres, au moins ceci était l'opinion du prince héritier. Il posa délicatement le bol sur une des cimes du mur. Joffrey s'éloigna en direction d'une petite tour de guet en pierre. Quelques instants plus tard arriva un petit chat noir. Il était très jeune, probablement vieux de quelques mois et à la recherche de nourriture. Tommen aurait certainement immédiatement adopté la petite créature chétive. Joffrey observa le félin. Un garde arriva par hasard dans le coin et vit le prince observer l'animal. Quel bon cœur avec ce jeune ! Nourrir une bête errante ! Le garde reprit sa route en laissant l'amoureux des animaux agir.

Joffrey se baissa alors. Il fit alors apparaître une arbalète qu'il avait mit dans l'ombre de la tour de guet. Il détestait les chats et n'avait jamais compris ce que son frère leur en trouvait. Sales bêtes, aussi sales que les nordiens, pensa le prince. Il arma l'arbalète et la pointa sur la créature. Le chat se délecta du lait en trempant avidement sa langue rose dans le nectar blanc. Un sifflement travers l'air. L'animal n'avait pas le temps de crier avant qu'il fut transpercée par une flèche. Il tomba au-delà du mur en se précipitant dans le vide. La vie n'avait pas encore quitté l'animal quand il s'écrasa sur le toit d'une maison construite au pied du donjon rouge.

Joffrey sourit. C'est alors qu'une ombre apparue derrière lui. C'était son tuteur, un vieillard à la barbe blanche, l'esprit vif mais si peu adapté à former un prince peu penché aux études. L'homme, visiblement essoufflée, n'avait rien vu du crime. En voyant son tuteur, Joffrey perdit tout plaisir en sa récente cruauté. Encore lui, décidément il avait envie de le projeter par dessus le mur comme ce stupide félin. Mais il ne pouvait pas se permettre ceci. Le vieillard lui dit.

« Votre Altesse, vous voilà. Je vous ais cherché partout. »

Et maintenant ce vieux crétin me va faire un long sermon sur le fait que je dois étudier, pensa Joffrey.

« Votre mère désire vous voir. Elle vous attend impatiemment dans son appartement. »

Ah, voilà qui fut autre chose que le sermon habituel. Il répondit.

« Très bien. J'irai la rejoindre. »

Avec l'arbalète dans la main, il se mit en route vers le donjon. Le tuteur observa l'arme. Il voyait encore le bol de lait sur la muraille. Étrange, se disait le vieillard, qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici avec cette arme. Des exercices de tir sur les colombes ? Pas une si mauvaises activités, ces sales bêtes étaient un vrai fléau. Si seulement le prince se dédierait autant aux études qu'à la chasse, pensa le vieux.

Joffrey ne savait pas ce que sa mère voulait de lui mais il ne se faisait aucun souci. Probablement qu'elle voulait tout simplement parler. Jamais il ne s'était fait grondé par elle. Au mieux elle lui faisait des reproches mais qu'il secoua avec aisance. Il fallait dire qu'il n'avait pas beaucoup vu sa mère dernièrement. Elle avait passé les dernières semaines à s’inquiéter pour Myrcella, cette stupide garce. Mais tant mieux, pensa Joffrey, ceci le permettait de faire ce qu'il voulait, au grand damne de son tuteur. Que tous tournent autour cette petite sotte.

Le prince traversa le couloir conduisant vers les appartements de sa mère. Les gardes royaux étaient postés devant presque toutes les portes. C'était la partie résidentielle du donjon, loin des salles de réception et de fête. On pouvait rencontrer beaucoup de monde dans les temps habituels. Avant tout des serviteurs mais des fois aussi des courtisans qui avaient le privilège d'être dans les parties privées du château. Mais il avait une personne que Joffrey était certain de pas croiser, c'était son père. Il ne visitait jamais sa mère et il n'était un secret pour personne que le couple avait depuis longtemps cessé de véritablement interagir. Des fois il pouvait par contre voir son oncle Jaime dans les couloirs. Il n'avait pas d'affection pour ce dernier. Il incarnait à ses yeux le chevalier raté et traître. Mais il fallait bien supporter le lord commander de la garde royale et son oncle.

Jaime était au moins pas si ennuyeux que Tyrion. Il ne lui avait pas pardonné les gifles donnés à Winterfell et un jour, il était décidé de la rendre à ce nain impétueux. La première chose qu'il fera une fois roi, c'est de faire balancer Tyrion par la plus haute tour du Donjon rouge. Et en passant aussi quelques autres membres de la cour.

Il avait peu de gens que Joffrey respectait. Il avait d'une part son père et sa mère, pour lesquels il ressentait ce qui était le plus proche de l'affection. Après, il avait beaucoup de respect pour Stannis et son grand-père, le premier pour son côté austère et guerrier et l'autre pour la puissance naturelle qui émanait de lui. Stannis était quelqu'un qui avait en plus de l'allure, pas comme Renly qui était connu pour faire tous les lits des hommes de la cour. Tywin, lui, était autoritaire et puissant par nature. Tout le monde le respectait, surtout ses ennemis.

Arrivant devant la porte des appartements de Cersei, Joffrey vit que la porte était entre-ouverte. Visiblement une invitation d'entrer. Il poussa alors la porte et pénétra dans la chambre de la reine et sa mère.

Cersei attendait tranquillement dans ses appartements, une coupe de vin à la main. Toute cette histoire avec Myrcella l'avait beaucoup retournée, elle en avait presque oublier le reste mais, il était temps pour elle de se ressaisir. Le coupable était mort, un peu trop proprement à son goût mais elle pouvait s'en contenter. Elle n'oubliait pas qu'elle était reine et qu'elle devait agir en conséquence, ce traumatisme l'avait affaiblit mais elle n'avait pas l'intention de laisser les choses lui échapper pour autant. Le Donjon rouge était rempli d'ennemis et de traîtres qui n'attendaient que ça ! En plus, préoccupée par Myrcella elle avait un peu négligé ses autres enfants et elle s'en voulait.

C'est pourquoi elle avait décidé de se rattraper pas plus tard que tout de suite en convoquant Joffrey. Elle savait qu'il devait être en train d'étudier l'histoire et elle s'était dit que cela lui ferait plaisir de s'en échapper, il pouvait bien se le permettre une fois. Le regard perdu vers l'extérieur, elle commençait néanmoins à s'impatienter. Cela faisait une bonne demi-heure qu'elle l'avait fait convoquer. Elle aurait bien pester contre l’incompétence des servantes, mais elle n'excluait pas que ce dernier se soit juste éclipsée de sa leçon. Pour autant, elle ne parvenait pas à lui en vouloir... Elle qui était si impitoyable fondait toujours devant ses enfants, surtout Joffrey. Il était son premier né, sa lumière. Il lui avait donné un regain d'intérêt pour la vie quand elle n'espérait plus grand chose d'elle.

Elle allait faire mander quelqu'un d'autre quand enfin il se présenta devant elle. Sa colère s'envola à l'instant où elle le vit arriver et un grand sourire sincère et maternelle vint se coller sur son visage. Se levant gracieusement, elle ne pu s'empêcher de s'avancer pour l'enlacer brièvement avant de refermer la porte. C'était un garçon, un futur roi, elle se doutait bien qu'il n'appréciait pas trop les câlins mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Comme elle aimerait des fois qu'il soit de nouveau un petit bébé adorable qu'elle pouvait serrer dans ses bras sans restriction. Mais il avait grandit, c'était un homme à présent et elle devait faire avec.

Toujours radieuse elle rejoint sa place et l'invita à s'asseoir à côté d'elle.

« Alors dis moi, comment cela se passe avec la petite Stark ? »

Joffrey entra dans la chambre. C'était un salon richement décoré. Le sol était couvert de tapis et aux murs on pouvait voir des tapisseries orner les endroits laissés nue par les meubles. De la lumière entra par trois fenêtres qui donnaient la vue sur l'océan. C'était un lieu confortable, loin du tumulte du pouvoir et avec l'avantage de pas être exposé au Soleil du midi. Certains accusaient cet endroit d'être une forme de lieu d’exil pour la reine. Peut être qu'ils n'avaient pas tort. Le roi négligea sa femme depuis longtemps. Ce n'était pas inhabituel dans les monarchies mais ces situations pesaient toujours psychologiquement sur les protagonistes. On pouvait bien dire que la société s'étaient habitués à ce que les rois ait des amantes mais ce ne fut jamais vraiment naturel alors qu'on enseigna en même temps au petit peuple les valeurs de la chasteté.

Le rapport entre Joffrey et sa mère furent toujours excellents. Si le prince cherchait toujours la reconnaissance de son père, il avait un vrai amour pour sa mère. Elle avait pris un rôle primordial dans l'éducation de ses enfants, au grand damne du pays, et donc établis des liens puissants avec ses petits. Elle était comme une lionne protégeant ses petits. Joffrey savait que sa mère ne le gronderait jamais et qu'il pouvait donc faire un peu près ce qu'il désirait. Des fois elle levait le ton, mais ce fut presque une vaine formalité, comme si elle tentait de consoler d'avantage son esprit que réellement réprimander les siens. C'était au moins la perception que le prince-héritier avait d'elle.

Il s'approcha de sa mère qui alla à son encontre. Elle l’enlaça affectueusement. Certes, Joffrey avait chaque fois plus de peine avec les expressions d'émotions de sa mère mais il se laissait faire. Il existait en lui une affection sincère et pure envers elle, une chose si rare pour quelqu'un dont l'esprit penchait vers la violence. Il résista légèrement, pas trop pour heurter sa mère mais suffisamment pour affirmer un début de malaise quand l’étreinte se prolongea trop. Cersei le lâcha. Ensembles ils prenaient place un à côté de l'autre. C'était maintenant le moment des discussions. Joffrey devina déjà le sujet.

Du temps s'était écoulé depuis les événements tragiques du banquet royal. Certains le surnommait déjà le banquet d'or et de sang mais Joffrey s'en désintéressait de ces débats d'historiens. Sa sœur y avait été blessée et Sansa avait subit un profond choc de voir tant de mort et de sang. Lui-même avait du combattre, chose que néanmoins personne savait. Le soir suivant les évenements, Cersei avait exigé de Joffrey d'aller rejoindre Sansa pour la consoler et soutenir comme tout fiancé qui se respecte. Il y était allé, sans plaisir, et avait dû jouer le prince charmant face à la fille Stark. Joffrey était convaincu que sa mère allait désormais le demander ce qu'il en était.

« Alors dis moi, comment cela se passe avec la petite Stark ? »

Cersei ne le questionna pas directement sur la soirée. Tant mieux se disait Joffrey, ceci l'évitait de devoir donner des détails. Il ne se souvenait de façon de presque rien. Il avait cessé d'écouter Sansa après les premières vingt minutes, tellement il trouva le récit de ses malheurs peu intéressant.

Que devait-il dire ? Qu'il s'enfichait de sa fiancé ? Qu'il la trouvait sotte et simple ? Qu'elle n'avait rien d'attirant à ses yeux ? Non, il savait que sa mère attendait de lui d'au moins paraître heureux avec elle. Mais il ne pouvait pas s'empêcher d'exprimer l'ombre de sa véritable opinion sur la Stark. Avec sa mère, il pouvait oser le faire.

« Les choses se passent bien. Mais je dois avouer que je n'ai toujours pas compris pourquoi père désire que je marie Sansa. Elle n'est pas la fille la plus séduisante qu'il existe dans les sept couronnes et elle manque d'esprit. Pourquoi ne puisse pas au moins épouser une femme du Sud ? »

Ces paroles étaient déjà très brutales mais le prince se sentait assez en sécurité avec sa mère pour oser des tels mots.

Cersei fut plus amusée qu'outrée par la réaction de son fils. Elle glisserait bien une petite remarque sur sa discrétion pour être sûre, mais elle ne doutait pas qu'il ne lui confit ses états d'âmes que parce qu'elle était sa mère. D'une certaine manière cela la flattait. Elle voulait se targuer d'être la seule à connaître ses petits secrets.

Indulgente sur son agacement envers sa fiancée, sons discours l'avait toutefois rendue légèrement agacée et mélancolique. Cherchant ses mots pour ne pas trop se trahir, elle ne pu s'empêcher de faire une remarque sur ce sujet qu'elle trouvait si déplaisant.

« Eh bien, tu n'ignores pas que ton père a toujours voulu unir nos deux familles... Puisque ça n'a pas pu se faire de son temps, il se rattrape maintenant... Il aime tellement son cher ami Ned, faire de sa fille une princesse doit lui faire plaisir... Il est le roi, il fait ce qui lui plaît. »

Pourrait-elle un jour pardonnée à Lyanna Stark d'avoir existé ? Elle détestait le Nord et tout ce qui y touchait... Et son récent séjour là bas n'avait pas arranger les choses. Entre la boue, le froids, les couleurs tristes, leur fils fouineur qui les avait surpris avec Jaime et leur affreuses bestioles gigantesque qui avait blesser son précieux fils, son animosités n'était pas près de cesser...

« Pour autant, tu ne dois pas sous estimer le Nord. Ce sont des sauvages et c'est ce qui les rend dangereux... Ils ne pensent pas vraiment de la même manière que nous, ils connaissent l'hiver et leurs terres. Ton père, n'est pas mal avisé de préserver la paix par un mariage. »

Elle but une longue gorgée de vin et sourit à son fils de nouveau amusée.

« Mais je veux bien reconnaître que la colombe n'est pas très dégourdie. Sa naïveté est presque agaçante parfois mais tu dois en être heureux. Plus elle est gentille et docile, plus tu acqueriera sa loyauté facilement. Dis-toi que les quelques efforts que tu fais maintenant te seront rendus au centuples dans quelques années. »

Joffrey fut légèrement hésitant après avoir prononcé ses paroles. Etait-il allé trop loin ? Il savait au fond de lui qu'il agissait de manière imprudente. Mais il parlait avec sa mère. Si face à un autre personne, il aurait prit des risques considérables, il lui faisait entièrement confiance. C'était la seule personne pour laquelle ressentait de l'affection réelle. A part son père bien évidemment, mais celui-ci préférait boire et forniquer que de s'occuper de son héritier. Elle, en revanche était là pour lui. C'était un lien inséparable et infatigable.

Il écouta sa mère parler. Il sentit un léger agacement venant de sa part. C'était pas plus qu'une brise au-dessus de paroles choisis avec soin. En était-il la cause ? Avait-il trop dit et de manière trop ouverte ? Non, l'agacement semblait venir d'autre chose et se diriger vers le Nord. Il sentit le réconfort de voir sa mère partager son dédain pour le gens du Nord.

Il savait que son père voulut unir les deux familles..mais pourquoi devait-il assumer les conséquences de son amitié avec ce sauvageon du Nord ? Pourquoi ne pas marier Tommen à cette sotte de Sansa, pensa Joffrey. Ils étaient tous les deux identiquement stupides. Ils pourraient qu'être heureux dans leur niaiserie commune. Joffrey en était convaincu. Il répondit alors à sa mère.

« Je sais qu'il désire voir les Stark mariés avec nous mais j'étais convaincu que les mariages devait renforcer la Couronne. Ce n'est pas l'amitié d'Eddard Stark qui l'aidera à tenir le pays. Cet homme est un poltron qui se cache derrière son honneur. Quand grand-père a fait tuer ces sales Targaryens, Eddard s'est détourné de père alors que grand-père avait agit comme il devait. Il peut bien faire ce qu'il veut mais je vois pas ce que le royaume en gagne de ce mariage. »

Il écouta les avertissements sur la puissance du Nord. Le Nord ? De la glace et la neige sans valeur, pensa Joffrey. Il en était tellement certain qu'il osa même prononcer le suivant.

« Le nordiens sont bel et bien des sauvageons mais je vois aucun intérêt à vouloir préserver la paix avec eux. Nous ferions bien mieux de construire un deuxième mur au Sud du Neck que de devoir marier des filles de seigneurs du Nord. »

C'était une idée dite dans la flamme de la conversation. Joffrey ne pensait pas sérieusement à construire un mur mais son dédain pour les nordiens n'en était que plus fort. L'impression que sa mère partageait son sentiment, l'animait encore d'avantage dans sa haine pour tous ce qui respirait au-delà du Neck. Il sentait un certain soulagement de pouvoir dire ces mots. A la cour, il fallait en chaque instant se tenir droit et pas dire un mot de travers.

Il laissa sa mère boire une gorgée de vin et l'écouta quand elle parla sur Sansa. Elle n'avait pas tort, dû avouer Joffrey. C'est vrai que si Sansa semblait sotte et bête, elle n'était pas une énième courtisane et intrigante. Peut être que sa sottise avait du bien finalement. Il répliqua.

« Je suis d'accord sur le fait, qu'elle a au moins l'avantage de ne pas poser de problème. C'est toujours mieux que de devoir marier une fille ou on peut sentir l'haleine du frère ou du père derrière elle. Je vais donc tenter de faire plus d'efforts avec Sansa. En avez-vous une idée mère comment la gagner à moi ? »

Cersei sourit en l'entendant parler. Il était bien son fils pour penser ainsi. Elle fut pris d'un élan d'affection envers lui mais se retint de l'enlacer encore. Elle se contenta donc de poser une main affectueuse sur le bras de Joffrey pendant quelques instants.

« Quand-tu seras roi, tu feras ce que tu voudras, dit-elle avec une force de conviction déconcertante.
Sur un ton légèrement amusée elle poursuivit : « Je doute qu'il soit sage de faire construire un mur au sud du Nord... »

Redevant sérieuse, elle le regarda droit dans les yeux et continua :

« Quand tu monteras sur le trône, tu pourras congédier Ned si tu le souhaites, de toute manière il n'attend que ça. Pour l'heure, tu peux juste lui faire plaisir en traitant correctement ta fiancée. Crois moi j'ai essayé de le convaincre de ne pas faire ce mariage, mais il peut se montrer très borné lorsqu'il s'agit de son cher ami... »

Malgré leurs discours, elle sentait qu'ils partageaient un moment de complicité, aussi s'autorisa-t-elle un peu de tendresse.

« Quand tu seras roi, presque tout sera différent pour toi, sauf une chose. Tu seras toujours mon garçon à moi, je t'aimerai toujours et je serais toujours là pour te conseiller...  Sois sûre d'une chose Joffrey, tu pourras toujours te fier à moi... »
Elle avait faillit dire « petit » et « protéger » mais elle avait assez de subtilité pour essayer de ne pas heurter sa naissante virilité. La fin de la phrase laissait entendre la funeste vérité qui avait cours à Port-Réal : tout le monde ment. Elle pensait sincèrement que Joffrey ne devait avoir confiance qu'en une personne, elle, et elle aurait aimé qu'il en soit ainsi.

Après, ce moment presque solennel, elle décida d'accéder à sa seconde requête. Elle n'était pas mécontente qu'il prenne à cœur ses conseils. Elle savait pertinemment que cette petite sotte de Sansa pourrait lui être utile un jour.

Prenant la peine de réfléchir un instant pour lui donner le conseil le plus avisé possible, elle finit par lui dire sur un ton presque enjoué.

« Je vais te dire un secret, avec les femmes, il n'y a qu'une seule chose à savoir : elles veulent se sentir unique. Fait en sorte que Sansa se sente spéciale, qu'elle ait l'impression d'être « plus » que n'importe qu'elle autre femme, qu'elle croit avoir une valeurs particulière à ses yeux et tu auras son cœur. Pour arriver à ce miracle la recette est simple, il faut que tu fasses semblant de t'intéresser à elle, et rien qu'à elle. Fait croire que tu es attentif quand elle te parle, essai d'en savoir un peu plus sur elle, offre lui un jolie cadeau en lui faisant croire qu'il a une signification spécial... Il ne faut rien de plus. Enfin, il reste un léger détail... » Même si elle ne s'en rendait pas compte, victime de sa propre expérience elle ne pu s'empêcher de s'assombrir un peu en déclarant ça : « Si tu t'intéresse à une autre femme, fait en sorte qu'elle ne le sache jamais. La jalousie est comme un poison, il peut être mortelle et très urticant. »

De ce point de vu là, Cersei savait de quoi elle parlait. D'une part elle avait toujours abhorrait la pension de Robert pour les femmes qu'il tripotait sans honte devant elle. D'autre part elle ne supportait pas quand une demoiselle tournait autour de Jaime. Rien qu'à les voir battre des cils en avait envie de les écharper vif avec ses ongles.

Se décrispant lentement, elle finit par abordait un autre sujet qui lui trottait dans la tête depuis un certains temps.

« D'ailleurs, en parlant de femme, dis moi, as-tu fais la connaissance de la petite Tarly ? »

Elle même avec eu de bons rapports avec elle, il lui semblait que Leyïa avait beaucoup de potentiel et lui vouait une admiration sincère. Même si ses compliments la touchait elle ne pouvait s'empêcher d'être suspicieuse. Malgré tout, elle n'était pas du genre à laisser une carte sur la table si elle pouvait l'avoir dans sa manche... Elle avait bien l'intention de convaincre son fils d'être également aimable avec elle. Discrètement.

Joffrey sentit la main de sa mère se poser sur son bras. Il ne fit aucun geste pour contrer ceci. A vrai dire c'était loin de le déranger. Au moins ceci lui évitait des enlacements pour lesquels il avait toujours plus de peine. Il l'écouta attentivement surtout sa réaction à son projet de construire un mur au Neck. Il n'avait pas durant un seul instant réellement envisagé de réaliser un tel dessein mais il exprimait bien son sentiment envers le Nord. Les nordiens n'appartenaient pas vraiment au royaume, trop loin et trop différent dans leurs mœurs et leur religion, pensa Joffrey.

« Ce serait certes très coûteux d'ériger un tel mur mais je pense que plus qu'un approuverait sa construction. Mais il ne fut jamais dans mon intention de réellement réaliser un tel projet même si, il résoudrait bien de problèmes. »

Sa mère le regarda alors droit dans les yeux. La couleur émeraude de leurs regards se mélangeaient ainsi, un sérieux présent dans chacun. Beaucoup étaient impressionnés par ce vert si typique de la maison de Lannister. Le fils écouta sa mère. Congédier Ned ? Certainement une des premières choses à faire mais pour le remplacer par qui ? Le jeune n'avait aucune idée qu'il faudrait nommer en cas que père rejoigne l'autre monde. Une idée serait de nommer sa mère comme Main du roi mais il doutait que la nomination d'une femme passerait à la cour et dans les sept royaumes.

« Ce sera certainement un de mes premiers actes comme roi mais pour y mettre qui ? A quoi bon renvoyer Ned dans ce glacon nommé Nord si c'est pour devoir supporter les âneries d'un seigneur du Sud. Vous qui connaissez bien les seigneurs du royaume, qui pensez-vous pourrait le remplacer ? »

Il avait une atmosphère d'inimité et complicité entre eux. Ici, dans cette chambre, il pouvait vraiment parler librement sans craindre d'être espionné par des gens de Varys ou de la Main. Ici, il pouvait enlever ce masque qu'imposait la vie à la cour. La proximité qu'il avait avec sa mère était inégalée. Il écouter ses paroles avec beaucoup d'attention. Ici, il se sentait bien et en sûreté, un sentiment rare dans une ville comme Port royal.

« Je vous aimerais aussi toujours. Vous êtes la seule en qui j'ai pleinement confiance surtout dans ce lieu maudit que les gens nomment la cour. »

Ces mots étaient remplis d'une sincérité qui franchissait presque jamais les lèvres du jeune. Il avait depuis tout petit appris à cacher ses véritables idées même si sa nature lui jouait des fois des tours et le faisait commettre des impaires. Il n'était ainsi toujours pas certain d'avoir bien fait de s'être ouvert un peu vis-à-vis de Leyïa. Regretterait-il un jour d'avoir dit ce qu'il pensait du monde à cette jeune fille ?

Mais pour le moment c'était surtout Sansa qui animait son esprit. Il fallait bien qu'il fasse avec elle mais il devait avouer d'ignorer comment s'y prendre. Certes, il pouvait la faire des visites, la complimenter et se montrer charmant mais ceci n'était probablement une recette durable, C'est donc avec une attention particulière qu'il écouta sa mère qui s'apprêta à lui relever quelques conseils fort utiles. Il répondit alors.

« Fort bien. Je veillerais donc à trouver un cadeau avec une signification spéciale pour elle. »

Il ne savait pas encore comment il allait trouver le dit cadeau mais il aurait certainement un moyen. Il devrait la prochaine fois qu'il lui faisait une visite, veiller à essayer de déceler dans ses paroles des indices pour trouver le cadeau idéal.

C'est alors qu'il entendit sa mère parler sur la tromperie. Il devait avouer de ne jamais avoir été dans cette situation mais elle était largement répandue dans les familles royales. Son père néanmoins était particulièrement ardent dans ce domaine, une chose qu'il désapprouvait profondément. Il n'avait certainement aucune intention de devenir comme lui.

« Soyez assuré que je n'aspire pas à imiter père sur ce sujet. Je veillerais donc à faire usage de grande prudence dans ce domaine surtout par rapport à Sansa. »

C'est alors qu'à sa grande surprise, sa mère lui questionna sur la petite Tarly, sans aucun doute elle parlait de Leyïa, qu'il avait rencontré le jour précèdent. Décidément les informations circulaient vite, trop vite au goût de Joffrey. Il se méfiait sur ce que sa mère savait sur leur rencontre.

« J'ai fais sa connaissance avec elle récemment. C'est une fille intelligente mais dont les ambitions sont pas très claires. Vous pensez quoi à son sujet ? » 

Cersei fut agréablement surprise de voir que Joffrey prenait déjà au sérieux son futur statut de roi. Il semblait déjà réfléchir à ses actes et elle trouvait que cela été de très bonnes augures pour la suite. Car même si elle ne pouvait pas s'en ouvrir avec son fils, elle espérait bien que Robert décède prématurément. Elle était aussi heureuse qu'il continue de lui faire confiance. Elle avait toujours peur que le poids des responsabilités l’amène à se détourner d'elle... Il lui semblait cependant qu'il avait toujours de l'affection pour elle et elle s'en réjouissait sincèrement. En plus, il lui demandait déjà conseil et cela aussi lui plaisait. Cersei était meilleur politicienne que bien des hommes mais son sexe l'avait toujours reléguer au second plan. Sous le règne de Joffrey, peut-être pourrait-elle prendre plus d'importance, plus ouvertement.

Quoi qu'il en soit, décidée à l'encourager dans cette voie elle décida de répondre avec sincérité à sa requête.

« Je suis heureuse de voir que tu envisages ça avec sérieux et intelligente. Le rôle de main du roi et cruciale mais c'est aussi un grand honneur ! Il te faudra y mettre sois un homme de confiance, sois une personne très conciliante qui pourrait t'être utile. Pour moi, il y a deux candidats à ce poste : ton grand père, qui te conseillera toujours avec brio et en qui tu peux avoir la plus totale confiance. »

Cersei maqua une pause, avant de présenter son second candidat. Elle aurait pu s'arrêter à Tywin car au final il y avait fort à parié qu'il soit le meilleur choix pour le royaume, mais elle devait toute fois avouer qu'elle n'avait guère envie que son père devienne conseiller. Quand il était là, elle perdait de l'importance, retournait sur son giron. C'était peut-être l'une des seuls personnes qu'elle se devait d'obéir et cela lui était parfois très coûteux...

« La seconde personne est Mace Tyrell. Du peu que j'ai vu de lui, et de part ce que j'ai entendu, il me semble que c'est un homme très, très conciliant qui ferait exactement ce que tu lui dirais de faire. Je pense qu'il serait très flatté d'être à ce poste et cela t'assurerai le soutient du Bief, un atout non négligeable... Enfin, de toute manière nous avons encore le temps de songer à cela ! »

Il semblait décider à l'écouter au sujet de Sansa et cela acheva de la mettre définitivement de bonne humeur et de la rassurer sur l'avenir. Joffrey serait toujours son petit à elle et il ne semblait pas décidé à suivre les traces de son père dans la luxure.


« J'ai fais sa connaissance avec elle récemment. C'est une fille intelligente mais dont les ambitions sont pas très claires. Vous pensez quoi à son sujet ? » 

Cersei ne s'attendait pas à cette réponse mais cela ne lui déplaisait pas. Connaissant la petite Leyïa cela n'était pas si étonnant que cela. Prenant une longue gorgée de vin elle laissa un sourire conspirateur et amusée se dessiné sur son visage.

« J'en pense, qu'elle est bien plus intéressante que cette petite colombe de Sansa. »

Elle marqua une petite pause, puis ajouta :

« Il faut toujours faire de prudence mais elle semble suivre mes pas, et surtout, j'ai l'impression qu'elle t'apprécie vraiment beaucoup... »

Joffrey apprécia de discuter ouvertement avec sa mère. Elle avait toujours été de bon conseil et c'est donc avec beaucoup d'attention qu'il attendait ses réponses. Non, il n'avait pas posé ces questions pour le plaisir de la conversation. Il avait vraiment besoin de conseils.

La vérité était qu'il ne portait que peu d'attention à connaître les grands seigneurs de Westeros. Pour lui ils étaient, à quelques rares exceptions près, tous des incapables prétentieux et conspirateurs. Mais il faudrait avoir un conseil restreint et d'une façon ou une autre arriver à les contrôler. En secret, Joffrey espérait que le jour de son ascension arriverait le plus tard que possible. La vie de prince avait quelques avantages non-négligeables comme le fait de pouvoir poursuivre en toute tranquillité quelques occupations...particulières sans être sous les yeux d'un public permanent.

C'est alors qu'il écouta la réponse de sa mère au sujet de la Main du roi. Sans grande surprise, sa mère mentionna le nom de grand-père. Logique, tout le monde le craignait et ses talents étaient indéniables. Il serait donc inévitablement l'homme de la situation même si Joffrey avait quelques réticents envers lui. Il faisait partie des rares personnes duquel il avait un respect peureux, une chose qui était un grand déplaisir pour lui. Mais il avait un deuxième candidat en vue. A la surprise du prince, Cersei fit une légère pause. Joffrey détestait cette tactique de retardement. Elle avait certes l'effet escompté : réveiller sa curiosité mais d'un autre côté il trouvait irritant de devoir subir ce petit jeu. Mais bon, c'était sa mère, il pouvait bien lui accorder le plaisir de cet stratagème rhétorique.

C'est alors que tomba le nom de Mace Tyrell. Mace Tyrelll ? Cet idiot bon-vivant ? La réputation de Mace n'était pas bonne, au moins aux yeux de Joffrey. L'idée de l'avoir comme main du roi semblait presque ridicule...quoique...peut être sa mère n'avait pas tort. S'il était si conciliant qu'elle disait, il pouvait bien servir comme homme de compromis. Peut être qu'une main faible pouvait même être une bonne chose, il pourrait plus facilement accomplir certains projets qu'il avait en tête depuis un moment. Il finit par répondre à sa mère, sentant qu'elle ne lui disait peut être pas tous.

« Grand-père semble être un candidat indéniable pour le poste. Pour Mace, je suis bien moins convaincu. Vous ne pensez pas qu'il sera trop faible à ce poste ? On pourrait le mettre au conseil restreint à un poste ou il puisse servir avec son côté conciliant. Mais dites, quel des deux hommes vous nommeriez si vous seriez roi ? »

La question était pas sans justification. Il voulait savoir qui sa mère préférait réellement. Déjà le fait de lui mentionner deux candidats semblait indiquer qu'elle hésitait elle-même ou qu'il avait des raisons de pas envisager uniquement grand-père. Lui-même avait du mal avec l'idée d'avoir quelqu'un de si puissant et autoritaire à ses côtés. Il craignait véritablement de se faire éclipser par un homme qu'on avait déjà accusé sous Aerys d'être le vrai roi.

C'est alors qu'ils venaient au sujet de Leyïa. Il lui répondit si franchement et directement, qu'il eut la peine de retenir ses mots. Il lâcha alors d'un coup et sans beaucoup réflechir.

« Il est hélas point un défis d'être plus intéressant que Sansa, cette fille porte en elle une telle naïveté et ignorance, que je me demande des fois si elle n'est pas tout simplement stupide à l'impossible. »

Il reconnu sur le coup d'avoir peut être été trop franc. Certes, il trouvait Sansa ennuyeuse mais finalement, ce côté naïf n'était pas entièrement à le déplaire. Il pouvait être agréable surtout dans une cour royale. C'est alors que sa mère enchaîna sur les sentiments de la jeune fille du Bief. Il avait en parlant avec Leyïa eut l'impression que la fille ne faisait pas que l’apprécier mais que peut être elle était même amoureuse. C'était une chose qu'il n'avait pas encore pu confirmer mais il était curieux de savoir plus en faisant entendre ce qu'il suspectait.

« J'ai pu remarqué ceci, je crains néanmoins qu'elle fait plus que m’apprécier ce qui est une situation des plus embarrassantes. J'ai pu comprendre en discutant avec elle qu'elle était amie avec Myrielle et Margaery. Pensez-vous qu'elle pourra avoir un rôle politique notable dans l'avenir ? »

Son intérêt pour le poids politique que pouvait avoir Leyïa ne venait pas de nul part. En lisant les chroniques guerrières, sa seule passion littéraire, il avait remarqué que les femmes pouvait, surtout par leurs mariages, avoir un rôle déterminant pour la paix ou la guerre. Il suspectait Leyïa d'en avoir beaucoup de potentiel dans le bon et le mauvais sens du terme.