Il n'y avait pas une seule salle du donjon qui ne dépassait pas en taille la quasi totalité de celle de son chez-lui. Et la chambre qu'on lui avait donné ne faisait pas exception à la règle ; Ades la trouvait beaucoup trop grande, surtout pour ce qu'elle devait contenir. Il y avait été installé dans l'urgence, après les événement du banquet royal. Depuis l'état des choses s'était un peu amélioré ; en particulier, un mestre était venu s'occuper de sa blessure, qui n'était que légère si l'on écoutait le jeune homme. De fait, il ne sentait presque plus l'incision qu'avait fait la lame dans sa hanche, même si cela était sans dû au fait qu'il ne sentait plus du tout sa jambe. L'héritier Overton n'avait pas bougé du lit depuis l’événement, laissant, selon les instructions, sa jambe blessée bien étendue devant lui. Quant à lui, il était assis contre le mur, vêtue d'une tunique blanche trop grande pour lui qu'on lui avait fournie après lui avoir ordonné de retirer ses vêtements tâchés de sang.

- Vous avez fait l'imbécile.

Son garde du corps l'avait rejoint le lendemain, le temps que la nouvelle se propage un peu dans la ville, et qu'on l'autorise à rentrer. L'immense Fer-né avait depuis passer le plus clair de son temps à lui rappeler à quel point il n'avait pas fait les bons choix. Et Ades commençait à être un peu fatigué d'y répondre, d'autant qu'il ne regrettait absolument pas ce qui s'était passé. Sauf peut-être la partie où une lame d'acier s'enfonçait dans sa hanche, mais cela relevait du détail.

- Je n'ai pas réfléchit, mentit le jeune homme.

En fait, il n'avait fait que cela ; comme d'habitude. Il passait son temps à réfléchir et même les cas d'urgences ne faisaient pas exception. Sur le coup, il avait parfaitement analysé la situation, et vu la façon dont tout cela s'était terminé, il avait fait le bon choix. Qui sait quel aurait été l'état de la princesse à cette heure s'il n'était pas intervenu, et surtout quel aurait été l'état de la fille de son suzerain. Non, décidément, il avait fait exactement ce qu'il fallait, et ce n'était pas un vulgaire guerrier Fer-né qui allait le contredire.

- Vous réfléchissez toujours.

Au moins, personne ne pouvait nier que Vasgard commençait à connaître son jeune maître. Mais Ades n'était pas d'humeur à apprécier cela, tout ce qu'il pouvait voir, pour le moment, c'était le ton on ne peut plus dépréciateur. Et il n'aimait vraiment pas cela.

- J'ai fait le bon choix.
- Ce n'est pas ce que me dit votre jambe.
- Ma jambe t'ordonne de te taire.

Il était assez rare que l'héritier Overton se montre agressif comme ça, mais son garde du corps ne semblait pas comprendre qu'il n'était pas en position de faire des remarques au jeune homme. Ce n'est pas parce qu'Ades n'était pas Lord qu'on pouvait lui parler comme à un vulgaire paysan, et étant donné la complicité entre lui et le fer-né, il fallait parfois le lui rappeler. Et la situation actuelle était très particulière apparemment. Vasgard avait l'air de s'en vouloir, et cela se voyait à la façon qu'il avait de tourner autour du lit, comme un lion en cage.

- J'aurais dû être là … Qu'est-ce que je vais dire à votre père ?
- Réfléchis-y dehors. Si tu veux me protéger, garde donc la porte.

L'ordre visait autant à punir le garde du corps qu'à se trouver au calme ; le jeune homme avait désormais de quoi lire puisque Vasgard lui avait amené un livre décrivant les activités du port de la ville. Autant profiter de sa convalescence actuelle pour s'instruire un peu.

- Vous craignez un assassinat, peut-être ?
- Non. Tu n'auras qu'à m'annoncer ceux qui viennent, mais ça sera déjà plus confortable pour moi.

Le géant grogna un moment, hésitant, avant de se décider à lui tourner le dos et à sortir de la chambre, se postant devant la porte. Dans la chambre, le jeune homme poussa un soupir de soulagement et se saisit du gros volume qu'on lui avait apporté ; il ne pouvait le poser sur ses genoux, alors il le déposa ouvert à côté de lui, commençant à le feuilleter.

Quand il franchit la porte de l'établissement, Tyrion observa un instant la rue avant de reconnaître l'homme qui l'attendait. Celui-ci traversa le passage et s'approcha de lui sans un mot.
Un garde du corps. Tyrion soupira.
La veille, en sortant du bordel où il avait passé la nuit, sur le chemin du Donjon Rouge, Tyrion avait eu la preuve qu'une compagnie armée lors de ses déplacements n'était pas superflue. En rentrant chez lui après avoir assisté à la mêlée du Tournoi, il avait détaché un garde de la demeure Lannister pour l'escorter dans ses déplacements et s'était trouvé un poignard ouvragé à porter sur lui.
Néanmoins il ne lui avait pas semblé très pertinent de demander au brave homme de faire le pied de grue dans la maison de plaisir où il comptait de nouveau passer la nuit. Il avait donc congédié l'homme dans la porte de celle-ci en lui donnant rendez-vous le lendemain une heure après le lever du soleil.
Et à l'heure dite, l'homme était là. Tyrion avait beaucoup bu la veille mais cela ne se voyait pas sur lui, il avait l'air de l'homme noble qu'il était.

Rentrons, j'ai une de ses envie de bacon et de ...
Vous devriez vous rendre au plus vite au Donjon Rouge, Monseigneur.

Interloqué, Tyrion s'arrêta au milieu de la ruelle. Non seulement l'homme venait de lui couper la parole mais en plus il lui donnait un conseil sur ce qu'il devait faire de sa matinée... Il lui disait même de zapper le petit déjeuner ! Il allait envoyer paître le soldat Lannister quand il remarqua son air très sérieux voir inquiet. Il fronça un sourcil.

Et pourquoi devrais-je aller au Donjon Rouge ? Sa Majesté ma dévoué sœur veut me reprocher de n'avoir pas versé un dragon d'or pour le banquet?
Le banquet... le banquet n'a pas été très festif, Monseigneur, des bandits s'y sont invités. Et... Votre... Il y a des blessés.

L'homme ne semblait pas vouloir en dire d'avantage. Il fit un geste en direction du Donjon Rouge et repris la route d'un pas presque trop rapide pour Tyrion qui dut trottiner derrière lui.
*Mon quoi ? Des Blessés... Mon frère ? Non... Ma sœur ? Cersei a été attaquée ?*
L'idée que Cersei soit blessée le perturba au plus haut point. Certes Tyrion n'était pas en grande affection avec son aînée mais il ne lui souhaitait pas particulièrement de mal. Elle ne l'aimait pas, ce n'était pas nouveau. Peu de monde aimait Tyrion même au sein de sa famille. Mais justement, c'est là ce qui comptait : il s'agissait de la famille. Cersei blessée, c'était un Lannister blessé et ça, c'était intolérable.
Mais comment cela avait-il pu arriver ? Au sein même du Donjon Rouge, la reine blessée ? Jamais Lord Lannister ne laisserait passer ça, même le Roi serait inquiété. Qu'allait faire Père ? Peut-être était-ce finalement l'occasion idéale pour augmenter le pouvoir des Lannister autour du Trône de Fer. La garde et le guet n'avaient pas été à la hauteur, les effectifs seraient renforcés par des soldats en manteau rouge... Non, ce n'était pas la guerre... Non, un truc n'allait pas...
Il fit comme il put plusieurs foulées pour rejoindre son escorte.

Mais dites m'en plus, par les sept ! La Reine est-elle blessée ? Qui me demande au Donjon Rouge ? Est-ce mon frère ? Vous comptez jouer avec mes nerfs ? Et puis ralentissez, bougre d'idiot, vous êtes censé être mon garde du corps, je ne vais pas courir derrière vous!

Tyrion était essoufflé. Il n'était vraiment pas habitué à malmener son corps difforme de la sorte. Le seul sport qu'il faisait se passait au lit en compagnie d'une ou plusieurs charmantes demoiselles. L'homme ralenti.

Pardonnez-moi mais nous devrions vraiment nous presser... Les nouvelles ne sont pas arrivée avec de nombreux détails. La Reine n'est pas blessée mais l'un de ses enfants l'est. Je ne sais pas lequel. Il y a d'autres blessés. Il y a eu une bataille. Je n'ai pas de détails...

Un enfant ? Un enfant ??? Tyrion jura et accéléra au mieux le pas. Il était fort probable que cet arrogant que Joffrey n'ait pas été la victime. Les rues auraient été emplies de gardes si ça avait été le cas. Le rejeton royal aurait voulu châtier la famille, les amis et les voisins de chaque attaquant. Mais cela était encore plus inquiétant. Tommen et Myrcella étaient si jeunes. Qui aurait pu s'en prendre à eux ? Quant à Cersei, elle devait être dans un état déplorable. Mais blessé ? Blessé comment ? Qu'il était frustrant de ne rien savoir.

Soudain, ils furent devant les portes du Donjon. Celles-ci étaient barrées mais Tyrion ne comptait pas permettre qu'on l'arrête. Il était le frère de la Reine, tout de même. L'oncle de l'enfant blessé, quel qu'il soit. Mais où aller ? Qui aller voir ? Jaime ! Jaime était la réponse. Jaime lui expliquerait. Il devait demandé où était son frère mais la question qui sorti de sa bouche fut tout autre:

Qui est l'enfant blessé?
Il s'agit de la princesse, Messire, mais...
Il n'y a pas de « mais », ser, il s'agit de ma nièce ! Où est-elle?
Elle... heu... elle a été installée près des appartements de Mestre Pycelle, mais...

Tyrion ne laissa pas l'homme terminé, il s'était engouffré dans la cours du Donjon. Il ne se rendit même pas compte que son escorte n'avait pas pu entrer à sa suite. Il avait utilisé toute son autorité inexistante et toute son assurance pour obtenir les informations qu'il voulait. Visiblement le garde ne savait pas vraiment qui il pouvait laisser entrer ou non, l'ordre de tenir les portes avait du être donné à la va-vite, preuve que la situation était des plus confuses.

Tyrion s'engagea dans l'escalier d'une tour aussi vite que ses jambes arquées le lui permettaient. Il n'avait pas besoin de guide, il connaissait le Donjon Rouge, il savait où il allait. Un seul mot tournait en boucle dans sa tête : Myrcella ! Myrcella ! Myrcella !
Comment était-ce possible ? Comment avait-on pu s'en prendre à cette enfant ? Et quelle était la blessure ? De quelle gravité était-elle ?
Il arriva enfin en haut des marches, dans le corridor contenant les chambres de convalescence. En un coup d'oeil il reconnu la speta de la Princesse, il ne s'arrêta pas avec de lui faire face.

Comment va-t-elle ? Que s'est-il passé?

La vieille femme le dévisagea un instant puis hocha doucement la tête, elle répondit à Tyrion en chuchottant.

Lady Myrcella a été blessée au visage. Mestre Pycelle a rassuré Sa Grâce, la vie de la Princesse n'est pas en danger. Elle dort actuellement, je ne peux vous laisser entrer. N'insistez pas sur ce point, je vous en prie, la jeune Lady est encore sous le choc, elle a besoin de repos. Je n'étais pas présente hier soir, je n'ai pas des détails... Mais Messire Overton a été installé dans la chambre là-bas. Il a été blessé en protégeant la Princesse.

Tyrion remarqua alors le colosse devant la porte. Il était passé devant lui sans le voir. Aussitôt, il reconnu l'homme : c'était le combattant extraordinaire sur lequel il avait misé deux jours avant et qui avait, la veille, gagné le tournoi de la main.
Tyrion remercia la septa et prit le temps de réfléchir. Lui qui avait appris le nom de toutes les maisons de Westeros étant jeune, il n'arrivait plus vraiment à situer la maison Overton. Il savait qu'il s'agissait d'un vassal des Stark mais était incapable de dire quel age pouvait avoir son maître et encore moi qui était le « messire » installé dans la chambre voisine...
L'homme, quoi qu'il en soit, était non seulement celui dont le champion avait gagné le tournoi de la main mais surtout un courageux qui avait protégé sa nièce et avait été blessé ce faisant.
Il s'avança vers le géant.

Messer, toutes mes félicitations pour vos exploits d'hier sur la lice. Pouvez vous m'annoncer auprès de votre Seigneur si celui-ci accepte de recevoir des visites, je souhaiterai m'entretenir avec lui au sujet des événements d'hier soir. Il fit une pause, hésita un instant puis ajouta à tout hasard: Je suis Tyrion Lannister, le frère de la Reine.


[HRP : Merci de m'avoir laissé poster... Ca sera court, Tyrion demandera juste ce qu'il s'est passé et il partira rapidement ^^]

Vasgard n'avait pas bougé le moindre muscle en voyant arriver le nain, anifestement l'homme faisait parties des habitués du Donjon Rouge, il était donc d'un niveau social bien plus élevé que le guerrier Fer-né. Il était donc parfaitement inutile de se faire remarquer, surtout que le petit homme ne l'avait pas regardé. Pendant la courte discussion qu'il eut avec le Mestre, le guerrier resta à son poste sans bouger, mais un peu curieux tout de même. S'il ne connaissait pas tous les nobles des Sept Couronne, comme Ades s'en vantait, il avait toutefois déjà entendu parler d'un nain. Il en aurait mis sa main à couper et le fait qu'il ne parvienne pas à s'en souvenir l'énervait au plus haut point.

Par chance pour lui, il s'avéra que le nain répondrait lui-même à la question, en venant s'adresser directement à Vasgard. Bien sûr : le frère de la Reine, le fils Lannister. Maintenant le Fer-né s'en souvenait, il ne s'en inclina qu'avec un peu plus de déférence.

- Merci Messire, je n'ai fait que mon devoir au tournoi. Je transmets à Sire Overton.

Sans plus de cérémonie, il n'était pas très doué pour cela de toute façon, il entra rapidement, sans laisser la porte ouverte trop longtemps, pour s'adresser à Ades.

Le jeune homme redressa doucement les yeux de son parchemin, apparemment déjà agacé. Il evanit à peine de renvoyer son garde du corps que celui-ci se permettait déjà une intrusion dans sa chambre. Evidemment, l'héritier Overton n'envisageait pas une seconde qu'on puisse lui rendre visite dès maintenant.

- Qu'y a-t-il, Vasgard ?
- Un certain Tyrion Lannister demande à entrer, Monsieur. Il dit être le frère de la Reine.

Pendant un temps, Ades Overton resta parfaitement immobile, son regard de glace fixant Vasgard. Comme s'il cherchait à déterminer s'il avait à faire à une plaisanterie ou non. Pourquoi Tyrion Lannister prendrait-il la peine de venir le voir lui ?

- Il dit vouloir vous poser des questions à propos du banquet.

Bien sûr. L'absence du nain avait été remarqué : il avait sans doute d'autres préoccupations sur l'instant, et maintenant il cherchait à comprendre ce qui s'était passé. Et vu l'effervescence qui occupait tout le palais, il se tournait vers ce qu'il pouvait trouver. Ades retrouva un sourire tranquille, rangeant son parchemin sur la table à côté du lit. Il préférait comprendre ce qui se passait autour de lui.

- Fais-le rentrer.

Laissant son garde du corps s'occuper de l'invité, le jeune homme se redressa un peu sur le lit et s'éclaircit la gorge, avant d'afficher son plus beau sourire pour acceuillir le frère de la Reine. Il avait rencontré plusieurs Lannister depuis quelques mois, notamment son père et son frère, mais il avait attendu cette rencontre avec impatience. Tyrion Lannister avait beaucoup de réputation, mais celle qui intéressait Ades était sa passion pour les livres, que le jeune homme ne pouvait pas nier partager. Pour lui, cela avait sans aucun doute un rapport avec leur handicap à tous les deux ; Ades boiteux, Tyrion nain. Mais bien sûr, il n'était pas temps de faire ce genre de commentaire.

- Messire Tyrion. C'est un honneur de vous rencontrer, même si j'aurais préféré que les circonstances soient plus … agréables à chacun d'entre nous.

Toujours aimable, il détailla un bref instant le nain du regard, avant de planter son regard vairon dans les yeux de Tyrion … qui s'avéraient vairon également, comme on le lui avait dit.

- Vasgard m'a dit que vous vous interrogiez sur les évènements du banquet, je serais ravi d'éclaircir un point que vous trouveriez obscur. Je vous écoute.

Malgré sa confiance en lui, la voix du jeune homme sonnait suffisamment humble pour qu'on comprenne qu'il prenait pleinement la mesure de la signification du nom Lannister. Et apparemment, pour lui, qu'il soit porté par un membre de la Garde Royale ou par un nain réputé vivre dans la luxure, cela ne changeait pas grand chose.

Tyrion Lannister ; il était exactement comme il l'avait imaginé Ses yeux vairons étaient beaucoup plus sombre que les siens mais ils brillaient d'intelligence. Ce n'était pas la bête corrompue par la luxure qu'on lui avait décrit, mais bien un homme de réflexion, qui venait s'informer. Et bien sûr, il y avait sa nièce. Avec tout cela, Ades avait presque oublié que le nain était l'oncle de la petite fille blessée au cours du banquet. C'était probablement ça plus que tout autre qui motivait l'intérêt de Tyrion. Quoiqu'on pense des Lannister, on ne pouvait nier que tous connaissaient l'importance de la famille, et Ades était persuadé qu'il n'y avait aucune raison pour que le nain soit une exception.

Il le laissa s'installer sur la chaise, tentant même de se redresser pendant une seconde, comme s'il envisageait de se lever. Mais il renonça rapidement à cette idée, affichant une grimace contrariée par la douleur.

- Bien entendu, installez-vous comme le désirerez Messire. J'aimerais vous aider mais les mestres m'ont déconseillés de me lever. Déjà que ma jambe ne fonctionnait pas correctement avant cela, il serait malheureux qu'elle cesse définitivement de bouger.

Malgré la gravité de l'hypothèse, le jeune homme la formulait avec un sourire aux lèvres. Il avait appris depuis longtemps à ne pa sprêter attention à son handicap, et l'utilisait le plus souvent comme une source de blague. Non pas qu'il s'en moque complètement, mais il ne tenait pas à laisser à un éventuel opposant la moindre chance de le blesser. Et qui s'attaquerait à un point dont le jeune homme se moquait déjà ouvertement ?

Toujours bien installé dans ses coussins, le jeune homme écouta avec une attention non feinte les questionnements du Lannister. Comme il l'avait supposé, le nain venait tenter de comprendre exactement ce qui était arrivé à sa nièce. Ades ne pouvait que comprendre et compatir à ce qui lui arrivait ; lui-même détestait ne pas savoir ce qu'il arrivait à sa famille proche. Son sourire aimable disparu progressivement aux souvenirs de son père malade, et de son cousin tué au-delà du mur. Il affichait une expression de légère tristesse, qu'il fit rapidement disparaître pour répondre, tentant d'afficher un sourire, malheureusement peu convaincant.

- Je ne pourrais vous décrire exactement ce qui s'est passé ce soir, Messire. Néanmoins pour ce qui est de la Princesse, j'étais en effet suffisamment proche pour vous l'expliquer.

Se trémoussant légèrement pour prendre une position plus confortable, il prit une grande inspiration avant de commencer son récit, plantant son regard vairon dans les pupilles du nain.

- Je n'étais pas très proche de la Princesse, mais suffisamment pour apercevoir les guerriers qui se dirigeaient vers elle. Il y avait aussi la jeune Arya Stark, et une servante si mes souvenirs sont bons. Aucun garde pour les protéger et ceux qui auraient pu faire quelque chose étaient bien trop loin alors ...

Il eut un petit rire narquois, comme s'il se rendait compte de la futilité de son geste d'alors.

- J'ai tenté de les retenir un moment, j'ai réussi à capter l'attention de l'un d'entre eux et il s'avère que … Il ne s'attendait pas à ce que je sois armé.

Tendant la main, il saisit sa canne posé près du lit et en dévissa lentement le pommeau pour révéler la petite lame qui se cachait dans le bois. Il la remit en place presque aussitôt après, ne la dévoiant que pour expliquer au nain ce qui s'était passé exactement. Il reposa sa canne.

- J'ai réussi à lui planter ça dans la gorge, ça l'a vite tué, reprit-il en tremblant légèrement. Les deux autres s'étaient dirigés vers la Princesse, mais ils ont été assez distraits pour que Ser Barristan puisse les rejoindre à temps. Enfin … “à temps”, il n'a pas réussit à tuer l'un d'eux avant qu'il ne blesse la Princesse. Dans un accès de folie sûrement.

Le jeune homme poussa un long soupir, baissant les yeux pour fixer ses mains, qui s'étaient jointes durant le récit. Il se triturait les doigts, manifestement préoccupé. Il avait rejoué la scène dans sa tête des dizaines de fois depuis l'évènement, et pendant un bref instnat, on put percevoir dans ses yeux la fatigue qui était la sienne.

- Le guerrier que j'ai … tué, a lui aussi eu le temps de donner un coup. Et il a touché ma jambe, je ne m'en suis même pas rendu compte tout de suite. J'ai rejoint la Princesse et sa suite, et j'ai fait de mon mieux pour éviter que la blessure ne s'infecte mais … je ne suis pas Mestre. Elle s'est réveillée pendant quelques secondes à ce moment-là, et je crois que l'attaque était presque finie à ce moment-là.

Nouveau soupir, il releva enfin les yeux pour regarder de nouveau le nain, il semblait se sentir coupable.

- Voilà toute l'histoire, rien de très glorieux, j'en ai bien peur … Ni moi, ni Ser Barristan, n'avons été assez rapide … La blessure n'est pas assez profonde pour la tuer, mais elle gardera une marque à vie, Messire.

[HRP : Waow ! Merci pour la vitesse de réponse ^^]

Bien que le jeune homme ait une attitude qui semblait détendue et maîtrisée, son visage était très mobile et laissait régulièrement passer des expressions de gène ou de douleur. Sa blessure ne devait pas être si anodine qu'il semblait vouloir le faire croire par sa décontraction. Tyrion se demanda quel âge avec le jeune homme. N'était-il pas plus jeune que le nain ? Il semblait pourtant très maître de lui, très calme... très mature. Comme si il avait déjà eu l'occasion de vivre tous les désastres que la vie pouvait réserver à un homme et qu'il regardait le temps passer en spectateur. Tyrion se reprochait de ne pas arriver à se souvenir de la composition de la famille Overton. Était-ce un héritier ou un cadet qu'il avait devant lui ? Quoi qu'il en soit, c'était un infirme... ou du moins un homme inapte à la chevalerie, comme lui. Et, d'après le commentaire qu'il venait de faire, quelqu'un qui usait des mêmes jeux d'esprit et de manipulation que lui. Tyrion était aussi le premier à railler son physique afin que d'autres n'osent le faire. Comme dirait le poète « Je me les sers moi même avec assez de verve, mais je ne permets pas qu'un autre me les serve »*.

Avant que le jeune homme (Tyrion se rendit compte qu'il ne connaissait même pas son prénom...) ne commence son récit, son visage changea encore pour laisser apparaître une mélancolie qui alarma quelque peut Tyrion. * Quoi ? Quoi ? Quoi ? * semblait hurler son esprit. Et la réponse arriva. Tyrion ne quittait pas non plus le regard bicolore de compteur, il tentait de voir ce que l'homme semblait voir en revivant la scène. Des GUERRIERS ? Dans la salle du banquet ? Dans le Donjon Rouge ? Mais... Comment était-ce juste imaginable ? Comment ces hommes étaient-ils arrivés jusque là ? Armés qui plus est ! Quoi que, sans armes, ils n'auraient pas pu... Alors une autre question s'imposait : Combien de mort y avait-il eu à cause de cette bouffonnerie de banquet payant ?

Mais qu'était-ce donc que ces barbares qui s'attaquaient à des nobles désarmés ? C'était tout bonnement aberrant. Si tout ne concorder pas pour lui faire comprendre que c'en était pas une, il aurait cru à une mascarade, il aurait traité le jeune Overton de fol. Mais l'homme était loin d'être fou visiblement puisque, contrairement à Tyrion qui s'était retrouvé dans une posture délicate la veille, lui il avait une arme sur lui en permanence. Le nain remarqua la cachette ingénieuse mais il se demanda si ce n'était pas un peu trop long à dégainer... Sûrement était-ce pour ça que le jeune homme se retrouvait désormais coincé dans un lit de Port Réal, d'ailleurs.

Tyrion se rendit compte qu'il avait oublié de respirer pour écouter le récit de cette soirée... Il prit une grande inspiration et continua à essayer d'intégrer à ses idées les données du garçon. Il n'avait pas vu la lame de la canne au clair bien longtemps et il ne connaissait pas le réel handicap du jeune homme, mais il fut sidéré d'apprendre qu'il avait tué un guerrier avec cette fine lame qui semblait plus taillée pour la défense que pour l'attaque. Il cilla. Et pourtant, il ne pouvait dire pourquoi mais il n'envisageait pas que l'homme en rajoute pour l'impressionner.

Mais combien de morts y a-t-il eu ? faillit-il crier quand Overton lui annonça que Ser Barristan Semly, le Lord Commandant de la Garde Royale, en accomplissant son devoir de protection envers la Princesse avait occis un autre des attaquants.
Puis le garçon, qui ressemblait de plus en plus à un héros au fur et à mesure de son réçit (pourtant débité sur un ton humble), ignorant sa propre blessure, était allé s'occuper de la Princesse. Tyrion connaissait aussi les premiers gestes importants à faire pour préserver une blessure de toute infection qui pourrait, par la suite, se révéler mortelles. Mais il avait appris ça dans des livres et il doutait que... En fait non, peut être était-ce un trait commun aux infirmes de lire et de s'instruire. Quand le corps ne sert à rien, seul l'esprit doit être aiguisé et entraîné. La conclusion était sentencieuse mais prévisible : Myrcella serait marquée à vie. Néanmoins la blessure avait été faite avec une lame et traitée rapidement, elle ne ressemblerait ni à son nabot d'oncle ni à sa cousine du côté de son père.

L'histoire était terminée. Tyrion soupira puis il se força à sourire.

Rien de bien glorieux ? Armé d'une fine lame vous avez porté sur vous l'attention des attaquants et en avez même éliminé un. Puis, ignorant votre propre blessure, vous vous êtes précipité pour porter assistance à la Princesse. Les preux chevaliers des chansons qu'elle affectionne ne font pas mieux...
Je vous remercie de m'avoir raconté tout cela. J'ai encore un peu de mal à réaliser et je suis bien heureux d'avoir été ailleurs hier soir. Je n'aurais pas été capable de faire la moitié de ce que vous avez fait.

Il se tut un instant. Oui, il avait été bien mieux dans les bras de Annie... ou Fanny... il ne savait plus trop et cela importait peu. Il tenta de reprendre ce qu'il avait entendu, de l'organiser dans le temps, de le comprendre... Puis il se rendit compte, qu'il lui manquait l'essentiel.

Savez vous comment et pourquoi ce... carnage a débuté ? Et... comment ça c'est terminé ?


[*Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand]

Tout en parlant, le jeune homme avait tenté de son mieux de surveiller les réactions de son interlocuteur, ia sil n'y avait là rien de plus que ce à quoi il s'attendait : de la surprise, de l'interrogation, de l'incompréhension. Ades ne pouvait pas lui en vouloir ; lui-même n'aurait jamais imaginé qu'une chose puisse arriver au Donjon Rouge, encore moins un soir comme celui-là où la sécurité devait être à son maximum. Il attendit le verdict et se força lui aussi à sourire en voyant que le nain faisait de même : mieux vallait prendre les choses ainsi après tout.

Dès les premiers mots, il rosit légèrement, gêné. Un preux chevalier, oh non il n'était pas cela, loin de là. Ce qu'il avait fait, il l'avait fait par devoir, et il devait même avouer que la Princesse n'était pas sa priorité à ce moment là : il s'était principalement focalisé sur la cadette Stark qu'il avait connu depuis sa naissance et qu'il n'aurait supporté de voir blesser ainsi. Mais tout cela, Tyrion n'avait pas besoin de le savoir.

- Ne dites point cela, Messire. On ne peut jamais savoir ce qu'on est capable de faire en pareille circonstance ; je vous aurais sans doute dit la même chose deux jours plus tôt. Je ne pouvais pas laisser deux jeunes filles de cet âge en danger sans réagir, même à mon petit niveau, mais c'est à Ser Barristan qu'elles doivent leur salut.

Il ne s'agissait pas ici de jouer le faux modeste : c'était simplement un fait. Si le chevalier n'avait pas été là, le petit manège d'Ades n'aurait pas durer bien longtemps, surtout après sa blessure. Il aurait sans doute été tué en une minute.

En entendant la question qui suivit, son expression prit un air gêné : il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait omis de mentionner ces points essentiels. Mais c'était essentiellement parce qu'il n'en avait pas la moindre idée ; oh bien sûr son esprit lui renvoyait en tête les paroles prononcés par le chef ce soir-là. Mais il ne distinguait pas bien les mots et les phrases, sans contexte il n'arrivait pas à comprendre ce qui se disait.

Réfléchissant pendant une minute, il finit par prendre une longue inspiration avant de débuter.

- C'est là une question à laquelle j'aurais du mal à répondre, Messire. Je crois me souvenir d'avoir entendu le chef de ses soldats qui s'adressaient à notre Roi. Je … pense qu'il évoquait des dépenses excessives, une mauvaise gestion … Les guerriers qui sont intervenus n'étaient pas des chevaliers bien lôtis, je pense que le fait de voir un banquet accessible uniquement avec un paiement a excité leur colère, mais je me garderais d'être affirmatif.

Alors que ses mains s'étaient calmés, il se remit à se triturer les doigts, alors qu'il revoyait les cadavres des hommes qui avaient attaqués la Princesse, que ce soit celui qu'il avait tué ou les autres. Et puis, tous les autres, tués d'une main de maître par le Régicide.

- Je crois que … leur chef s'est rendu en entendant un cri de la Princesse. Le Roi l'a fait arrêté. Quant aux autres … la plupart ont été tués très rapidement, lorsque les combats ont dégénérés … Parce qu'ils avaient tués un membre de la Garde Royale … Pas votre frère, bien entendu.

Il n'arrivait plus à se souvenir de ce chevalier, pourtant il l'avait vu mais son nom lui échappait. C'était la première fois qu'un nom n'arrivait pas à lui revenir comme ça ; la soirée l'avait vraiment perturbé.

- Tout s'est arreté une fois que le chef était emmené en prison, puis la Princesse a été amené auprès de Mestre Pycelle … et moi, ici.

Tout comme Tyrion, le jeune homme avait rapidement conclu que le dernier survivant de l'attaque ne tarderait pas à être executé. Le Roi ne pouvait pas se permettre de laisser en vie quelqu'un qui l'avait défié aussi ouvertement. La seule inconnue de l'équation serait de savoir si son exécution serait publique, et si oui, à quel point. Robert Barathéon prendrait-il le risque d'exciter un peu plus la colère du peuple en assassinant devant ses yeux un homme que certains pourraient considérer comme un défenseur des opprimés. D'un autre côté, s'il le présentait comme un traître, un lâche et un tueur, cela pourrait faire augmenter sa cote de popularité.

En fait, le jeune homme était très curieux de voir les différentes répercussions que cet événement allait avoir et comment les différents partis allaient gérer cela. Et il devinait que c'était aussi le cas du Nain ; tout préoccupé pour sa nièce qu'il était, il devait aussi penser aux conséquences de tout ceci, que ce soit à long terme ou à court terme. La preuve en était la remarque qu'il fit concernant la demande de titre au Roi. Non pas qu'Ades n'y ait pas déjà pensé ; les retombées sur lui étaient bein les premières choses qu'ils avaient envisagées. Il avait bien sûr pensé à demander directement un titre mais il n'était pas sûr que son acte suffise, peut-être le Nain disait-il vrai ? Dans tous les cas, il n'avait pas besoin de savoir que le jeune héritier avait déjà envisagé cette possibilité.

Ades prit un air gêné, comme s'il n'avait pas envisagé cela et qu'il se trouvait intimidé qu'on puisse faire une pareille chose.

- Eh bien … J'y penserais Messire. Je ne sais pas si ce que j'ai fait mérite véritablement de tels honneurs mais … j'y penserais.

Reprenant un peu confiance, le jeune homme releva la tête et adressa un sourire à Tyrion, il devinait que ce dernier ne resterait pas beaucoup plus longtemps ; il avait sans doute d'autres gens à aller voir maintenant qu'il avait obtenu les informations désirées.

- Ce fut un honneur Messire. Et ce sera un plaisir de vous revoir, en d'autres circonstances. J'espère avoir de bonnes nouvelles concernant votre nièce au plus vite, je suis sûr qu'elle se remettra.

Le ton était d'autant plus confiant et rassurant que le jeune homme avait eu l'occasion d'examiner la blessure : elle était impressionnante mais superficielle. Entre les mains d'un homme comme Pycelle, la jeune fille irait sans doute très vite mieux.

Tyrion ne put retenir un sourire devant l'air gêné du jeune noble face à sa proposition de monnayer son courage. Les jeunes n'étaient pas tous bien formés à la politique et aux jeux de pouvoir et encore moins les jeunes nobles de campagne éduqués loin des centres décisionnaires. Lui, le second fils Lannister, baignait dans la stratégie depuis son enfance. La maison au lion n'avait pas atteint son prestige actuel sans quelques manigances du genre.

Ne pensez pas, mon ami, agissez ! Dit-il en souriant franchement.

Il était déjà en train de sauter de son perchoir quand le jeune homme, comprenant qu'il allait prendre congé, le remercia de sa visite. Il prit le temps de ranger sa chaise avant de se tourner de nouveau vers le jeune Overton dont il ignorait toujours le prénom. Il se jura de se renseigner au plus vite...

Ce fut un plaisir de discuter avec vous pour moi aussi et j'espère vous revoir rapidement sur pied. N'hésitez pas à passer me voir à la demeure Lannister, vous y serez le bienvenu !

Il inclina légèrement la tête et prit congé. Il salua de nouveau, au passage, le colossal garde du garçon et redescendit vers la cours intérieure.

Une fois dans les couloirs, il se rendit compte qu'il avait besoin de nombreuses informations. La première ne pouvait souffrir aucun délais, il arrêta donc une servante qui, visiblement, apportait de quoi se nourrir à l'un des locataires du couloir des blessés :

Dites moi, comment s'appelle le garçon à la canne ?

Le garçon à... Ah ! Overton, Messire. C'est Ades Overton.

Ades... Merci.

Et il lâcha le bras de la jeune femme. Et voilà une première information d'acquise. Pour le reste, il apprendrait le premier jour de la semaine... Enfin, s'il trouvait Varys pour lui indiquer (comme s'il l'ignorait) son retour à Port Réal et lui rappeler leurs rendez vous hebdomadaire...


[HJ : merci beaucoup pour se RP!]