An 298 – Treizième Lune – Semaine 3

Plusieurs jours déjà qu'Elhenna était arrivée à Port-Réal. Pour le moment, elle était peu sortie, que ce soit à l'intérieur des murs du château ou dans l'enceinte de la ville hormis pour partager une table avec Logaan Lightfoot, le lendemain de leur arrivée. Depuis, elle n'avait côtoyé de près que lui et Orys, fuyant pour le moment le reste de la cour. En effet, elle ne voulait pas y faire son entrée sans avoir au préalable rencontré Eddard Stark. Les récents troubles politiques avaient eu raison du temps de ce dernier et il n'avait pu la recevoir lui-même. Ce n'était que partie remise. Le lendemain, il devait la faire chercher par quelques-uns de ses gens et très certainement, la présenter au reste de la cour par la même occasion.

Elhenna hésitait alors : sa mère devait lui faire livrer le reste de ses affaires mais l'homme chargé de cette mission tardait à faire son entrée à Port-Réal. La jeune louve envisageait maintenant plus que sérieusement de faire appel aux service d'une couturière. En effet, comment pouvait-elle se présenter ainsi à toute la noblesse de la capitale du Royaume des Sept Couronnes ? Dans son maigre paquetage qui l'avait suivie depuis Tertre-Bourg, elle n'avait emmené que quelques robes, bien trop simples pour attirer l’œil de qui que ce soit ici songea-t-elle.

Elle enroula un doigt dans sa chevelure brune tout en jetant un regard rêveur par sa fenêtre. Il faisait gris aujourd'hui mais pas aussi gris que chez elle, dans son cher Nord. Elle sursauta légèrement lorsque l'on toqua à la porte de sa chambre.

« - Oui, entrez.

C'était Mégara, une suivante que sa mère avait fait recruter par Lord Stark. Son air enjoué s'estompa lorsqu'elle rencontra le visage solennel d'Elhenna. Cette dernière, encore toute à ses pensées n'avait pas pris la peine de se dissimuler derrière un sourire de façade. Elle se reprit néanmoins bien vite lorsque la jeune fille lui annonça que le livreur tant attendu était finalement arrivé.
Voilà un tracas de moins pensa l'héritière Dustin tout en répondant :

- Quelle bonne nouvelle ! Pourrez-vous vous occuper de tout faire monter ici ?

- C'est qu'il voudrait vous voir... Face au froncement de sourcils d'Elhenna, elle ajouta : il a un courrier de votre mère et souhaiterait vous le donner en mains propres... Mais si... Si vous ne voulez pas, je peux lui dire, je...

- Non, j'irai, répondit la fille de Barbrey d'un ton décidé. Cela ne me fera point de mal de sortir un peu au grand air.

*****

Arrivée devant l'imposante cargaison, la jeune fille chercha l'homme du regard. L'air et les odeurs alentours lui soulevèrent le cœur un instant. Ah, les joies de vivre dans une capitale ! Elle regrettait le cher air pur et frais du Grand Tertre à ce moment là. Mais tout de même, cette odeur avait quelque chose de particulier...

Le regard d'Elhenna s'arrêta sur l'individu que sa mère avait chargé de la livraison. Plutôt costaud, il avait l'air misérable et l'odeur de quelqu'un qui avait fait tout le chemin de Tertre-Bourg jusqu'à Port-Réal sans prendre un seul bain. La jeune fille retint une moue de dégoût en le regardant. Curieux personnage que voilà. D'où sa mère pouvait-elle bien le connaître ?

- Bonjour, je vous remercie d'avoir fait tout ce trajet. Avez-vous rencontré des problèmes sur la route ? Mère m'avait dit que vous arriveriez plus tôt...

Sa voix était douce et sans l'once d'un reproche. Elle se disait plutôt que l'homme avait certainement sacrifié son propre confort (et son hygiène!) afin de ne pas arriver plus tard à Port-Réal. Sans doute avait-il eu quelques difficultés en chemin. Un homme seul transportant des biens pouvant parfois susciter la convoitise de quelques bandits et individus mal-intentionnés.

Elle lui tendit sa main blanche afin qu'il lui remette le courrier de sa mère. Intriguée par cette missive peu ordinaire, elle la déchiffra rapidement. Barbrey lui disait avoir peur que les messages transportés par des corbeaux ne soient lus par quelques espions de la cour. Elle lui disait de prendre soin d'elle bien sûr et de toujours garder Berthold à ses côtés. C'était un mercenaire chevronné apparemment. Il saurait mieux la protéger qu'Orys qui lui pouvait rentrer à Tertre-Bourg à présent que le voyage d'Elhenna vers Port-Réal était terminé. Elle l'embrassait bien sûr.

Sa lecture terminée, l'héritière Dustin froissa la lettre en posant son regard sur le fameux Berthold. Un nouveau compagnon venant du Nord était toujours le bienvenu, bien sûr... Mais si cela signifiait perdre Orys, elle n'en était pas contente. Durant toute la durée de leur périple jusqu'à la capitale, le grand garçon avait veillé sur elle. Elle ne voulait pas qu'il parte d'ici. Elle avait besoin de gens de confiance. Certes, il n'était indéniablement pas un combattant chevronné mais sa fidélité à la jeune louve et à sa famille ne faisait aucun doute. Elle écrirait à Barbrey pour l'enjoindre de lui permettre de rester avec elle.

Les yeux gris de la jeune louve se posèrent de nouveau sur Berthold. Elle passa distraitement sa main libre dans sa longue chevelure brune qu'elle n'avait pas attachée et qui tombait délicatement autour de sa fine silhouette, jouant avec quelques boucles tout en s'adressant à l'homme :

- Vous devez être fatigué j'imagine. Je vais voir pour que l'on vous libère un endroit pour dormir et que l'on vous donne des vêtements propres. Orys vous aidera à vous installer et vous présentera au reste de mes suivants.

Elhenna observa l'homme décharger les malles envoyées par sa mère avec une facilité étonnante tout en jetant des regards aux alentours, de temps à autres. Elle n'aimait décidément pas cette ville. Ça empestait, littéralement. Elle pensa un instant à Barbrey et à Tertre-bourg. Ils lui manquaient déjà. Seulement, elle ne pouvait y retourner. Pas maintenant, alors qu'elle venait tout juste d'arriver ici et d'échapper à la surveillance du bâtard de son oncle.
Lorsqu'elle émergea enfin de ses pensées, Berthold avait fini sa besogne et il était prêt à ce qu'elle le conduise à ses autres suivants. La jeune femme hocha la tête.

- Fort bien, allons-y.

A peine avaient-ils traversés quelques couloirs qu'Orys arrivait déjà à leur rencontre, soucieux sans doute de l'absence prolongée de la jeune louve. Il jeta un regard suspicieux à l'homme qui l'accompagnait en fronçant les sourcils. Il n'aimait pas sa dégaine.

- Ah, Orys, tu arrives à merveille. Voici Berthold, un bretteur que mère a engagé et qui résidera donc ici avec nous.

L'héritière de Tertre-bourg décela le tressaillement sur les lèvres du grand garçon qui l'accompagnait jusqu'alors. Il n'avait pas l'air emballé.

- Pourrais-tu lui trouver un endroit où dormir ? Je crois savoir qu'il reste encore quelques lits disponibles, là où vous logez tous.

Orys hocha la tête sans enthousiasme, offrant une poignée de main à l'homme tout en se présentant.

- Mégara est-elle toujours dans mes appartements ? Maintenant que le reste de mes affaires est arrivé, j'aimerai en profiter pour passer quelque chose de plus seyant.

- Oui, m'selle.

- Parfait. Je vous laisse donc. Berthold, vous pouvez prendre votre soirée si vous le souhaitez. Un peu de repos n'est que trop mérité après ce long voyage.

Elle lui adressa un dernier sourire puis s'éloigna, les laissant tous les deux. Orys grommela :

- Bon, suivez-moi alors. J'vais vous montrer où vous pourrez dormir.

Cet Orys n'aime pas Schlingue! Oh non! Schlingue ne l'aime pas non plus avec sa musculature de piteux garçon de ferme qui devrait servir dans les champs et pas ici!!! Il faut se méfier Schlingue... Ouiiii.... Il faut faire bonne impression donc Schlingue suit ce petit fermier. Schlingue mémorise leur visage observe les autres suivants de la Princesse attentivement. Bien connaître son ennemi peut faire la différence...

Le Fermier lâche Schlingue à sa chambre qui semble confortable aux premiers abords... Mieux que l'écurie ou les pierres noires de Fort-Terreur... Mais le Maître est bon avec Schlingue et Schlingue est loyal au Maître alors Schlingue prend du papier, de l'encre posés sur le petit bureau et écrit une lettre destinée au Maître! La première étape est accomplie et Schlingue est ravi. Ensuite de quoi, Schlingue quitte la pièce avec la ferme attention d'informer le Maître de son premier succès...

(Petit post pour clôturer le rp ... Désolé :/)