la biche, le chat, entre griffes et sabots luisants…

Oh non ! Sa leçon avec sa nouvelle septa avait été annulée ! Bizarre, cela n’arrivait pourtant jamais mais là, sans crier gare, une servante était venue et lui avait annoncée que finalement, elle n’aurait pas de leçon aujourd’hui. Elle avait été particulièrement déçue. Elle qui pourtant attendait de la rencontrer avec beaucoup d’impatience ! Que s’était-il passé ? Elle n’en avait aucune idée. Peut-être avait-elle finalement été jugée non compétente ? Cela pouvait très bien être une possibilité. Avec la Reine Cersei tout était possible !

Libre, la jeune princesse avait donc décidé de se promener dans les couloirs du château. Redoutant de moins en moins le regard des autres sur son visage abimé. Elle s’y habituait petit à petit. Ce n’était pas toujours simple, certaines personnes étaient bien moins discrètes que d’autres quand il s’agissait de la regarder mais elle s’en fichait, enfin, elle tentait de ne pas y penser. Après tout, elle était Myrcella Baratheon, Princesse des Sept Couronnes ! Elle-même ! Fille de la grande Reine Cersei Lannister ! Personne n’avait le droit de se moquer d’elle. Les regards pleins de pitié n’étaient pas mieux ! Elle l’avait finalement compris. Nul besoin de la plaindre. Avec le temps sa cicatrice se verrait moins, elle n’avait rien perdu de sa beauté, d’ailleurs, cela lui donnerait peut-être même un certain charme ? Non, elle n’y croyait pas vraiment. Son oncle avait tenté de lui expliquer ainsi les choses et la discussion qu’elle avait eu avec lui lui avait fait le plus grand bien. Parfois, pourtant, elle avait du mal à adhérer à ces pensées. Pas évident de toujours voir le bon côté des choses.

Elle errait toujours dans les couloirs à la recherche de Balerion, évidemment. Presque à la recherche du chat en réalité car elle avait fait une promesse à sa mère. D’ailleurs, elle ne l’avait pas vu. Pas depuis cette fameuse journée où, avec la Reine, ils s’étaient rencontrés mais pas dans les meilleurs conditions !

Peu à peu, ses pas la menèrent dans la salle du trône. Siège sur lequel elle ne s’assiérait surement jamais. De toute façon, elle avait entendu dire qu’il était des plus inconfortables ! Il serait parfait pour Joffrey ! Il ne méritait pas de siège douillet !
Elle ouvrit la porte. Au départ, elle ne remarqua pas tout de suite la silhouette devant elle et puis, en s’avançant, elle la vit. Blonde, menue, belle, discrète… Sa grande cousine, Myrielle ! Elle l’aimait beaucoup ! Elle adorait presque tout le monde du côté Lannister de toute façon. Ils étaient un peu spéciaux, certes, mais c’était une telle fierté pour elle d’être à moitié lion qu’elle ne pouvait leur trouver de réels défauts !

__ « Myrielle ! Ma chère cousine ! Je suis surprise de vous trouver ici ! Moi qui me croyais seule à m’aventurer en ces lieux ! » C’est vrai qu’il était rare de trouver des gens assis là à contempler les murs ou lire. Myrielle la rêveuse ?
Myrcella s’avança vers elle pour aller s’installer à ses côtés. Heureuse de pouvoir papoter avec quelqu’un. Quelqu’un de jeune, de gentil. Une fille. Une amie. C’était très important pour Myrcella. Tant qu’elle ne la jugeait pas alors tout irait pour le mieux. De toute façon, la petite Princesse était du genre facile à vivre. Toujours heureuse. Pourquoi donc entrer en conflit avec elle ? Non, impossible !

la biche, le chat, entre griffes et sabots luisants…

Enfin une rencontre agréable. Elle savait qu’avec Myrielle les choses seraient simples. Elle ne lui mentirait pas, ne se moquerait pas. Ne la jugerait surement pas… Ce serait calme, posé, agréable, elle apprendrait même peut-être des choses. Finalement, l’annulation de sa leçon était une très bonne chose. Elle ne s’ennuierait pas comme elle l’avait craint au départ. Myrielle était un peu comme elle. Gentille, elles s’entendaient bien.

__ « Le bonheur pour notre famille, une très grande peine pour les Targaryen et les Martell. Je suis souvent partagée entre la joie et le confort que tout cela m’a apporté et la peine de savoir que des gens ont péris. Des enfants… » Elle pensait souvent aux enfants qui avaient été tués dans le conflit. Assassinés. Elle en avait parlé avec son oncle Tyrion. Elle ne savait pas si il avait bien « compris » où elle venait en venir mais elle n’était pas toujours très à l’aise avec tout cela. La mort d’enfants… Elle trouvait cela horrible et pourtant sa famille était à l’origine de cela. Une part de sa famille. Son père avait surement son mot à dire. Son grand père aussi. Elle n’était absolument pas au courant du comment du pourquoi mais cela la tourmentait parfois, à son niveau. Voilà pourquoi elle voulait tant prendre soin de ce chat noir qui appartenait jadis à la jeune princesse. Pour l’honorer quelque part. S’excuser aussi d’être aujourd’hui à la place qui était sienne. A son âge elle ne devrait pas se poser de telles questions mais c’était plus fort qu’elle. Sa sensibilité était grande, elle n’y pouvait rien.

__ « Le pouvoir… Tout le monde en rêve je crois… Malheureusement. » Cela aussi la tourmentait. Si le Roi précédent avait été tué, par son oncle mais peu importait, le nouveau pourrait lui aussi y passer sauf que ce nouveau était son père. Elle pourrait être la jeune princesse sacrifiée au nom d’on ne savait trop quoi.
Alors qu’elle aurait juste dû grandir et ne penser à rien, la jeune Princesse de Westeros s’interrogeait beaucoup sur les choses du pouvoir. Pas de façon théorique, pas vraiment, mais plus de façon psychologique. Que penser ? Que faire pour ne pas paraître ne pas mériter cette place qui était sienne ? Les gens ne devaient pas vraiment scruter chacun des mouvements des enfants royaux, certainement pas, pas les siens en tout cas de toute façon. Ils étaient venus au monde après la bataille mais quand même. Pour elle c’était important. Elle voulait se souvenir de ceux qui avant elle avait cette même place qu’elle occupait désormais.

La discussion continua. Le plus naturellement du monde et sans en faire réellement état, sa cousine lui demanda comment elle se sentait depuis l’incident. C’était agréable cette façon qu’elle avait de lui demander les choses. Simplement. Les autres prenaient des gants, ne savaient pas comment en parler. La regardaient sans la regarder. Osaient sans oser. C’était énervant. Au moins Myrielle avait posé la question clairement et simplement.
__ « Eh bien, à vrai dire, ça va plutôt bien. Ce sont surtout les autres qui semblent ne pas aller quand ils me voient. Pour ma part et même si j’ai eu très peur les premiers jours, je m’y fais… Mestre Pycelle m’a assuré que la cicatrice finirait par se voir de moins en moins. Je suis confiante. » C’était vrai. Elle avait encore parfois quelques petites montées d’angoisse mais rien d’affolant. Elle avait confiance en son Mestre. Elle appliquait bien ses crèmes, se nettoyait le visage comme on le lui avait montré. Elle faisait beaucoup plus attention qu’avant à son apparence, oui. Elle mettait plus de temps à s’habiller car elle voulait être irréprochable, plus encore qu’avant mais outre cela, elle n’avait pas vraiment changée.

__ « Vous êtes si gentille. Je vous remercie ! Et vous, dites-moi tout, comment allez-vous ? J’ai l’impression que cela fait des lustres que nous nous sommes entretenues. » Oui, Myrielle était un ange elle le savait déjà avant. Elle était contente que rien n’ai changé !

la biche, le chat, entre griffes et sabots luisants…

Vraiment, elle était heureuse d’être tombée sur elle plutôt que sur n’importe qui d’autre ! Elle était sa cousine. Elle n’était pas fausse et elle était directe. Toutes les deux pouvaient parler ouvertement. De toute façon, il était rare que Myrcella ne dise pas ce qu’elle avait sur le cœur. Evidemment, elle prenait des gants, vexer, blesser ou même s’attirer des ennuis n’était pas dans ses habitudes alors elle faisait attention. Attention aussi à ne pas dire certaines choses à certaines personnes. Tout n’était pas si simple et à huit ans seulement elle avait déjà compris qu’il fallait faire bien attention à ce qu’elle pouvait dire et à qui elle pouvait le dire. Evidemment, elle ne savait pas toujours qui pouvait se payer ou non sa tête mais jusqu’à maintenant peu étaient les gens qui voulaient se moquer d’elle ou utiliser ses dire contre elle.
Elle doutait fortement que Myrielle puisse faire partie de ces gens. Elles partageaient de toute évidence le même sentiment face à ce qu’il s’était jadis passé en ces lieux et elles partageaient tout simplement. De plus, Myrcella ne cachait pas ses sentiments face à cela. Elle était assez perdue et surtout vraiment désolée du mal que cela avait apporté aux Dorniens, aux Targaryen… C’était plus fort qu’elle. Sa sensibilité la perdrait peut-être un jour mais jusqu’ici c’était ce qui l’avait fait tant apprécier par le peuple ou les siens, Exception faite de Joffrey peut-être… Par contre, concernant son frère, elle ne partageait que très rarement voire jamais, ce qu’elle pensait en réalité de lui. Un idiot cruel, voilà ce qu’il était.

__ « Je ne peux que partager ce sentiment. Il faut garder en tête les drames qui ont fait notre grandeur. Cela nous rendra plus fort. Les oublier serait nous mettre en danger je crois. Si cela est arrivé auparavant, il se pourrait bien que de tels actes soient reproduits aujourd’hui… » D’ailleurs elle avait été presque défigurée. Un quelconque rapport ? Allez savoir, elle n’avait pas été mise dans la confidence. Pour elle, c’était ainsi qu’il fallait fonctionner, ne rien oublier pour mieux avancer. Bêtise ? Peut-être mais elle tenterait de garder cela en tête tout son existence et serait ainsi une princesse à l’écoute, une princesse sensible ! Elle voulait plus que tout au monde ressembler à sa mère mais en même temps sa mère se montrait parfois un peu trop froide, hautaine. Finalement, Myrcella était l’une des plus douces de la famille, avec Tommen. Tommen était une crème. Un amour de petit garçon. Il n’y avait pas plus gentil. Sa grande sœur était d’ailleurs toujours là pour le protéger du mieux qu’elle le pouvait. Comme la parfaite grande sœur qu’elle essayait d’être pour lui. De toute façon, il était son préféré. Tous les deux s’entendaient à merveille. Pas comme avec Joffrey… Non…

__ « C’est un nom particulièrement craint, oui. Respecté aussi… Et par conséquent. Soyez fière de ce nom qui est votre car même si par la passé des crimes ont été commis, vous pouvez changer le futur. » Oui, Myrcella était une grande optimiste doublée d’une rêveuse. Le nom de Lannister n’était pas le sien et pourtant elle se sentait tout autant Lionne (lionceau même) que cerf (faon). Elle était fière de faire partie de deux si grandes famille. Celle de sa mère était particulièrement connue et crainte, il fallait bien l’avouer et cela ne datait pas d’hier. Ils formaient tous une famille qu’elle avait parfois du mal à comprendre en fait. Une famille toujours en présence les uns des autres et pourtant de grosses tensions existaient au sein des fratries ou de mêmes branches. Remarquez que chez les cerfs ce n’était pas toujours différent mais bon… Ils ne se voyaient pas tant. Ce n’était pas toujours bien simple à cerner. Elle avait d’ailleurs lâché l’affaire. Tyrion était détesté de tous sauf d’elle-même et de Tommen. Son oncle Jaime et sa mère s’entendaient à merveille. Papy lui était dur avec sa fille, plus sympa avec tonton Jaime et particulièrement dur, évidemment, avec Tyrion… Compliqué. Tout le monde devrait faire des effots et s’aimer !

__ « J’aime à penser que je sortirai de cette épreuve plus forte oui. Je remercie grandement mon oncle Tyrion pour cela d’ailleurs. Vous savez, il a été d’un grand soutien. » Elle l’aimait vraiment son oncle et oui, grâce à lui elle avait réellement la sensation qu’elle pourrait s’en sortir grandie. Il lui avait donné sa force et prendre exemple sur lui comptait beaucoup pour elle.

__ « Ma leçon ayant été annulée je suis libre comme l’air ! Laissez-moi vous aider à vous relever et partons en balade ma chère ! » Elle lui fit un grand sourire et se leva d’un bond, lui tendant ensuite sa main pour qu’elle se relève et que toutes deux puissent ensuite prendre l’air. Cela leur ferait le plus grand bien et puis, les extérieurs du château étaient très agréables et les jardins magnifiques.

__ « Faites-moi rêver cousine, avez-vous trouvé l’élu de votre cœur ? Ou, rencontré celui qui sera votre époux ? » Elle n’avait aucune idée d’où en étaient les négociation concernant un futur mariage pour Myrielle. A vrai dire, elle ne savait même pas si négociations il y avait ! Elle demandait toujours, c’était plus sympathique que de parler de tueries et de massacres d’enfants non ?

la biche, le chat, entre griffes et sabots luisants…

La petite princesse ne répondit rien à la première remarque de sa cousine. Elle, elle étaot fière de son nom, quoi qu’il arrive et ce même si elle regrettait certains actes du passé que ses deux familles avaient commis. Elle n’était pas mise dans le secrets de intrigues, du pourquoi du comment, mais elle ne voulait pas non plus les détester pour cela au quel cas, elle serait seule.
Elle ne portait pas tous les membres de sa famille dans son cœur. Joffrey par exemple. Futur Roi, héritier, imbu de sa personne, cruel, méchant, mauvais. Idiot. Ce qu’elle le trouvait bête ! Son seul moyen de pression était la menace. Menace ne venant même pas de lui mais de leur père ou encore des Lannister ou de son chien de garde. Joffrey était un lâche doublé d’un imbécile (une petite fiotte) et pourtant il était son frère. Elle aurait dû l’aimer comme elle aimait Tommen. Cela lui était impossible. Enfin… Elle y pensait le moins possible.
Elle en aimait certain, en appréciait moins d’autres voire en détestait un léger nombre. C’était ainsi dans toutes les familles à ce qu’elle avait entendu. Rares étaient ceux qui étaient soudés et liés complètement. Ce n’était pas leur cas. Elle faisait avec et restait quoi qu’il arrive fière de son nom, de sa position, de ce qu’elle pourrait accomplir. Elle avait bon espoir.

De toute évidence Myrielle aussi appréciait son oncle Tyrion. Elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde ou presque se méfiait de lui. Le dénigrait. Se moquait ! Il était différent oui. Pas bien beau mais pourquoi tant de haine ?! Encore quelque chose qui la dépassait. Etait-elle finalement trop sensible ? Non. Trop optimiste, surement.
Auprès de son oncle elle avait toujours appris plein de choses, c’était ce qui lui importait le plus. Les autres n’étaient que des ignares.

__ « Je ne sais pas pourquoi, j’étais persuadée que vous étiez pressée… Je dois avouer que bien que plus jeune que vous, tout cela m’effraie aussi beaucoup. » Le mariage de ses parents n’était pas idyllique. Loin de là. Elle avait beau n’être qu’une simple enfant, elle avait bien vu que tout ne « roulait pas comme sur des roulettes » entre la Reine et le Roi. Pourquoi ? Peut-être parce que Robert en demandait trop et que Cersei était trop « indépendante » ? Une incompatibilité certaine qui lui faisait peur, oui. Elle serait peut-être elle aussi unie à quelqu’un qui ne lui conviendrait pas ?
Ce qu’elle ne prenait pas réellement en compte était le caractère de sa mère, caractère bien différent du sien. Elle voulait conquérir le monde alors que la jeune lionne, elle, ne pensait qu’à rendre heureux ceux dont elle serait responsable.
Elle aimait ses parents mais n’enviait en rien leur union. Sur ce sujet elle n’était pas aveugle. Souvent elle priait même pour que les choses s’arrangent. Cela ne semblait pas fonctionner.
Myrcella n’était pas confrontée tous les jours aux disputes de ses parents mais ses oreilles trainaient toujours et rien de plus bavard qu’une dame de compagnie ou une servante qui aurait assisté à quelque chose qui ne la regarderait pas.

__ « Il faut prier pour être chanceuse je suppose… Tous les mariages ne sont pas difficiles. Si l’amour est ce qu’il est c’est bien parce qu’il existe quelque part. Nous sommes effectivement offertes, je préfère ce terme, mais l’homme qui deviendra notre pourrait se révéler fort plaisant. » Elle n’était pas particulièrement romantique. Cependant elle restait persuadée qu’avec un peu de chance l’amour pouvait naitre des unions organisées par les familles. Il fallait y mettre du sien mais c’était ainsi pour tout dans leur existence. Le bonheur ne vous tombe pas dessus comme cela, il faut travailler pour le trouver. Voilà pourquoi elle était toujours aussi souriante et de bonne humeur ! Se laisser abattre ne prouvait rien concernant son caractère. Au contraire, faire face et se battre pour atteindre son but prouvaient cette force qu’elle avait en elle.
Cela aussi elle l’avait appris de son oncle Tyrion.

__ « Ne soyez pas si attentiste chère cousine. Il faut se battre aussi pour trouver le bonheur, l’union peut-être imparfaite, certes, mais au moins agréable. » Ce n’était que l’avis d’une enfant mais une enfant instruite et intelligente. Ce n’est pas elle qui le disait, non. C’était un fait.
Attention, elle ne donnait pas de leçon, loin de là. Néanmoins le pessimisme lui donnait des sueurs froides. Il vous pousse à agir de façon irréfléchie. Foncer sans prendre le temps de penser. Poussé par ce désespoir qui vous envahie… C’était peut-être un peu réducteur de penser ainsi mais elle était effrayée par le désespoir. A chacun ses angoisses.

la biche, le chat, entre griffes et sabots luisants…

C’était fou ce que ces deux-là pouvaient être différentes. Myrcella avait encore la candeur de l’enfance, l’innocence du jeune âge et un optimiste à faire pâlir Candide. Pourtant, elle aimait sa cousine. Il fallait avouer que rares étaient ceux que la petite princesse n’appréciait pas.

__ « La vie d’une princesse est effectivement plus facile que celle du jeune fille « normale » mais nous ne sommes pas à l’abri de tout. » Elle lui sourit et lui montra sa cicatrice. Etre princesse, c’est simple oui. On obtient tout ce que l’on désire, tout le monde semble nous aimer, on nous sourit tout le temps, on est bien habillée, on sent bon, on mange bien… A côté de cela on a des parents qui attendent beaucoup de nous, beaucoup trop peut-être ou qui au contraire ne nous adresse un regard que lorsqu’enfin ils sont sobres. On nous sourit faussement pour mieux nous poignarder ensuite. Avant son incident elle n’avait pas réalisé cela mais aujourd’hui elle savait que le monde n’était pas rose et que pire, il pouvait être dangereux même pour elle et ce alors qu’elle n’était encore qu’une petite fille. Oui être princesse c’est chouette, mais pas que.
Après, elle se savait chanceuse de tous ces privilèges qui étaient sien, cependant Myrcella n’était pas du genre à oublier les autres et dès qu’elle pouvait partager ou donner, elle le faisait. Etrange quand on a été élevée par Robert Baratheon et surtout Cersei Lannister. Myrcella est pourtant une adorable petite fille qui ne ferait de mal à une mouche. En cela elle se sentait très proche de son oncle Tyrion. Evidemment elle ne connaissait pas toutes les histoires mais pour elle, de son œil pur, Tyrion était un grand homme bon avant tout.

Elle savait qu’elle avait encore beaucoup à apprendre. Elle était d’ailleurs avide de savoir. Il lui manquait beaucoup de connaissances sur énormément de choses, cela, elle en était consciente. Pas comme son frère qui pensait tout savoir et qui au final n’était qu’une personne foncièrement mauvaise et pas spécialement futée. C’était d’ailleurs étrange qu’il soit ainsi. Tommen était plutôt comme elle, doux et bon. C’était comme si tous les défauts étaient allés à Joff et qu’eux en étaient ressortis meilleurs.

__ « C’est vrai, mais pour notre bien mieux vaut que les erreurs ne soient pas dramatiques ! » « Oups, j’ai fait cramé la ville, la prochaine fois je ne jouerais pas avec des allumettes ! » Ce serait idiot, effectivement.

__ « Vous me semblez pourtant bien mélancolique. Peut-être est-ce parce que je ne suis qu’une enfant et que le sort m’a pour le moment épargnée, mais, et bien que je comprenne tout à fait où vous voulez en venir, j’espère ne jamais perdre ce qui fait que je suis moi : ma joie et mon optimisme. Je garderais aussi en tête les conseils de mon oncle, mais qui deviendrais-je si tout à coup je me mettais à broyer du noir et à attendre que le sort s’empare de moi ? Je veux prendre en main mon destin et pas l’inverse. » Peut-être était-elle trop rêveuse mais au final elle savait qu’elle avait raison. Elle ne devait pas se perdre. Si elle devait un jour devenir si… Comment dire… Presque « triste », quelle gâchi. Myrielle n’avait pourtant pas eu une vie bien compliquée ? Du moins de ce que Myrcella savait, peut-être se trompait-elle. En tout cas, sa cousine était bien sombre. Ce n’était pas un problème mais si elles continuaient ainsi sur cette pente Myrcella finirait par avoir envie que son assaillant n’ai pas manqué sa gorge… Cette petite fille avait besoin de joie, d’amusement, de sourire, de soleil… Elle ne pouvait pas toujours avoir cela, elle le savait mais tout de suite elle avait l’impression de parler à un mur gris, presque noir et cela ne l’enchantait plus vraiment.

La bche, le chat, entre griffes et sabots luisants

C’est vrai qu’elle n’avait pas l’habitude qu’on lui expose ses états d’âme. Qu’on lui parle de la dureté de la vie, que l’on se révèle face à elle comme désespéré ou démuni. Le peuple pouvait le faire, certes, elle en croisait parfois quand elle se rendait en ville, des mendiants, des gens que la vie n’avait pas épargnés mais ils étaient pauvre. Les Nobles se montraient rarement ainsi. Voilà pourquoi aussi Myrcella avait tant de mal à comprendre sa cousine sur le sujet. Peut-être était-elle trop hâtive à émettre jugement négatif ? Les nobles se plaignaient d’autres choses mais pas ainsi, pas avec un tel désespoir. C’était ce qu’il lui était apparu. A huit ans on ne comprend pas tout, on ne peut tout comprendre. A huit ans on ne sait pas tout non plus et l’histoire intime, personnelle de sa cousine lui était inconnue. Quand on est princesse on ne vous parle pas si ouvertement. On tourne autour du pot, on fait comme si… Voilà comment les gens avaient agis avec elle depuis toujours. Elle garderait cependant cette conversation en tête pour ne pas oublier et surtout en ressortir peut-être grandi. Elle pourrait dans l’avenir mettre ce qu’elle apprendrait bout à bout afin de savoir ce que Myrielle voulait réellement exprimer. Ce ne serait pas judicieux d’oublier alors avec le temps et les expériences elle comprendrait peut-être. C’était ce qu’il fallait lui souhaiter.

Les deux jeunes filles continuèrent à avancer. Le temps était clément, le soleil brillait. C’était le genre de météo qu’elle affectionnait le plus. Ce qu’elle aimait cette petite brise, cette chaleur qui ne vous accablait pas complètement grâce au petit vent.
Tout à coup et alors qu’elle marchait, un petit serviteur vint leur rentrer dedans.

__ « Ouh ! Ce n’est pas grave. » Elle avait quelque peu sursauté. Suite à son « accident » elle appréciait assez peu qu’on la surprenne. Son cœur battait la chamade. Elle avait même accroché le bras de sa cousine. Elle avait vite retrouvé le sourire car bien rapidement elle avait compris qu’il ne s’agissait là que du pur hasard. Il ne lui voulait pas de mal et à le regarder, il était encore plus mortifié que la princesse elle-même.
Elle ne lâchait pourtant pas le bras de Myrielle mais maintenant, ce n’était plus à cause de la peur. Le jeune homme était rouge écarlate et maintenant qu’il partait, les deux jeunes vierges avaient vue sur son postérieur dénudé ! Par les Sept !
Comme Myrielle, Myrcella se mit à rire de bon cœur.

__ « Oh oui, oui ! Tout va bien ! » Entraînée par le rire de Myrielle elle ne pouvait se contenir non plus.

__ « Nous avons tous les droits ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas ri ainsi ! » Et c’était vrai. Depuis l’attentat elle n’avait pas beaucoup rigolé… C’était un pur moment de plaisir. Elle comprit vite pourquoi Myrielle lui disait que ce jeune homme avait eu de la chance. C’était certain que si il avait rencontré son Grand-Père ou encore le Roi, la Reine… Les choses se seraient peut-être moins bien passées mais Myrielle tout comme Myrcella était du genre sympathique alors ce n’était pas parce qu’on la bousculait sans l’avoir fait exprès qu’elle allait en faire un drame.

__ « Je pense qu’il s’en souviendra longtemps ! Le pauvre ! » Elle continua à rire jusqu’à finir par se calmer. Mais tout cela avait parfaitement détendu l’atmosphère !

La biche, le chat, entre griffes et sabots luisants

L’incident était maintenant terminé et les deux jeunes jouvencelles étaient reparties tranquillement.
La jeune princesse n’avait pas vraiment l’habitude de voir des fesses ainsi exposées et il fallait avouer que c’était vraiment drôle. Le pauvre jeune homme lui, ne s’en remettrait peut-être jamais. Etait-ce si simple que de se dire que l’on s’est ridiculisé devant la Princesse elle-même en lui montrant son postérieur ? Pas évident, surtout à son âge, surtout vu son rang. Mycella, elle, garderait un très bon souvenir de tout cela et bien que l’entrevue ait commencé de façon un peu étrange voire déprimante, elle continuait tout à fait jovialement. Rien de mieux pour redonner le sourire à une petite fille seule.
Depuis l’incident tout le monde la plaignait ou essayait de lui rendre la vie plus douce. Nul besoin. Sa vie était déjà plus moelleuse qu’un édredon et ce n’était pas ce qu’elle recherchait. Elle, elle voulait que sa vie soit normale. Elle espérait ne plus jamais avoir à vivre un attentat mais pas la peine de la couver encore plus qu’elle ne l’était déjà.

Elle était en train de penser à cela quand elles croisèrent un groupe de jeunes ladies peu gracieuses. Myrcella ne les connaissait ni de nom, ni même de visage… Il y avait énormément de monde au château et elle ne pouvait se souvenir de tout le monde et puis, avec son accident, elle avait été recluse et si ça se trouve ces filles étaient arrivées à ce moment-là. Ou alors elle les avait rencontrées mais le chaton ne portait attention qu’aux personnes le méritant. Elle aimait être juste et accueillir tout le monde de la même façon mais certaines personnes lui faisaient bien moins d’effet que d’autre. Peut-être était-ce le cas ici. Quoi qu’il en fût, elle n’aimait pas leurs regards sur elle. Regards pleins de : « Oh, la pauvre fillette, que va-t-elle devenir maintenant qu’elle est complètement défigurées ? » Cela faisait en réalité rire la petite princesse car 1°) elle était très loin d’être défigurée et 2°) même avec une cicatrice lui traversant la joue, elle serait toujours bien plus belles que ces pauvres sottes.

__ « Très bien, jusqu’à maintenant, je vous remercie. Nous sommes-nous déjà croisées ? Je n’ai pas le souvenir que nous ayons été présentées. » Myrcella n’était pas méchante, loin de là mais ces filles ne lui plaisait pas et à en voir le regard de sa cousine et ce qu’elle leur disait à son tour, elle avait envers elles le même assentiment.
Pourtant les pauvres gourdes les complimentèrent. Elles avaient raison à ce sujet, Myrielle était une beauté.

__ « N’est-ce pas ? Ma cousine a hérité de tout le charme incombant aux Lannister. Il est si triste que nous ne soyons pas tous logés à la même enseigne. Heureusement pour ces autres familles, la beauté ne fait pas tout… » Les Lannister étaient connus pour leur or, leur blondeur, mais aussi la beauté de leurs femmes. Toutes les familles n’avaient pas cette chance. Les deux jeunes filles étaient nées où il fallait. Riches et belles. La vie aurait effectivement pu être bien plus difficile.

Myrielle fit mouche et leur permit de s’échapper au plus vite ! Une fois chose faite Myrcella se retourna pour regarder les demoiselles abandonnées. Elles semblaient comme paralysées. Myrcella avait tous les droits, si elle ne désirait pas s’entretenir avec quelqu’un, alors elle ne le faisait pas. Parfois elle agissait ainsi. Du haut de ses huit ans, elle ne pouvait pas toujours agir comme il fallait. Cependant, c’était Myrielle qui les avait sauvées et elle l’en remerciait, ces filles étaient antipathiques.

__ « Par les Sept, j’ai rarement vues de jeunes filles si peu gâtées par la nature… Je n’aime pas être mauvaise mais elles semblaient absolument désagréables. Cousine, vous m’avez surement sauvée d’une entrevue des plus agaçante ! » Myrcella, elle, n’aurait surement pas filé si vite. Elle aurait continué à insinuer des choses pour leur faire comprendre qu’elle ne les appréciait pas mais serait restée tout de même un minimum. Là, elles avaient filé et cela ne pouvait lui faire plus plaisir. Que dire de plus à des gens qui ne veulent de toute façon pas parler ouvertement. C’était ce qu’il y avait de plus énervant dans le fait d’être princesse. Les gens étaient hypocrites. Pas tous, heureusement et Myrielle était une Lannister, une vraie. Une alliée.

La biche, le chat. Entre griffes et sabots luisants.

Depuis l’incident Myrcella avait appris à supporter ces regards plein de pitié que certaines personnes pouvaient lui adresser. « Pauvre petite » - « Quelle horrible cicatrice » etc etc... Elle n’était pas défigurée. Elle avait certes une grosse cicatrice sur la joue mais tout sur son visage était encore à sa place alors mince ! Si elle pouvait se regarder dans un miroir sans se mettre à pleurer, alors les autres pouvaient bien la regarder sans pour autant se mettre à la plaindre. Les femmes étaient les pires, évidemment et comme toujours. Les hommes s’en fichaient ou n’en faisaient pas mention. Ils avaient parfois un regard curieux mais au final cela ne durait pas bien longtemps. Pour la plupart ils savaient bien ce qu’était une cicatrice alors celle de Myrcella ne les impressionnait pas plus que cela ! Elle les en remerciait !

__ « La jalousie fait dire beaucoup de choses désagréables, néanmoins, elle pousse aussi à commettre des erreurs. Ces dames étaient jalouses et idiotes. Cumule de plusieurs défauts non négligeables ! » Et oui. Son oncle le lui avait dit, elle devrait maintenant faire avec ce genre de personnes. Avant il y avait les jalouse car elle était princesse, maintenant il y avait les jalouses, mauvaises qui estimaient que parce qu’elle avait une cicatrice sur le visage elle n’avait plus le droit d’être heureuse et surtout princesse. Les gens pouvaient être particulièrement étranges.

__ « J’ai eu un très bon professeur. Mère a toujours eu une répartie incroyable et je n’ai pu, maintenant, que prendre exemple sur elle. Je dois vous avouer que je ne le fais pas souvent mais cela est très grisant ! Je me sens pousser des ailes ! » Etre désagréable n’était pas dans ses habitudes mais si on l’attaquait, elle répondait. Point à la ligne ! Si vous ne voulez pas que les gens soient désagréables avec vous alors ne le soyez pas avec eux, tout simplement. Se moquer du physique était bas, très bas, mais elle n’avait pas commencé. Elle s’était battue avec les mêmes armes que ses adversaires et manque de chance pour elles, cela avait été comme si elles leur avaient tendu le bâton pour les battre. Leur mocheté était telle qu’elle surpassait de loin la pauvre cicatrice de la princesse.

__ « Depuis l’attaque j’ai à souffrir de beaucoup de ce genre de regard, malheureusement. Je prends cette fois exemple sur mon cher oncle Tyrion qui m’a appris à ne pas y prêter attention. C’est difficile mais avec ces femmes là, ce fut un jeu d’enfant ! – Oh... La vengeance est un plat qui se mange froid, n’est-il pas ? » Et oui ! Elles le regretteraient. Myrcella ne savait pas si elle était ou non rancunière en fait. Cela dépendait des situations mais si elle commençait à détester toutes celles qui lui jetaient de tels regards, elle n’avait pas fini. Elle préférait ne penser qu’à ceux qu’elle aimait. C’était plus simple, plus léger pour son petit cœur de princesse ! Sa cousine, elle se vengerait surement. Elle ne lui en voulait pas et sa curiosité de petite fille piaffait d’impatience à l’idée de les voir humiliées par Myrielle !