Flashback.:

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An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Un immense sourire fleurit sur les lèvres de Silithia tandis qu'elle avançait dans les rues de Port-Réal. Elle avait réussi à convaincre son père qu'elle était suffisamment grande pour se débrouiller seule, mais il avait insisté pour qu'un homme l'accompagne. Elle avait accepté, à condition qu'il la suive de loin. Elle voulait se balader seule ou, du moins, en avoir l'impression. Elle voulait se débrouiller seule, toute sa vie, sans dépendre de personne... sauf de son père, bien entendu. Pour elle, il était l'homme de sa vie, le seul et unique qu'elle pourrait aimer. Et l'amour qu'elle lui portait ne faisait que s'accroître avec le temps.
Vêtue d'une somptueuse robe blanche qui tombait jusqu'à ses pieds, elle avançait rapidement. Ses joues rosissaient lorsqu'un homme posait ses yeux sur elle et qu'il lui souriait. Elle se savait charmante, et en profitant parfois, elle adressait de temps à autres un petit sourire en coin aux beaux jeunes hommes dont le regard tombaient sur elle. Ses yeux bleus étaient rieurs en ce jour, tandis qu'elle se sentait reine de son propre monde.

Elle était hors du temps, de la réalité : son rêve se réalisait, elle se sentait exister. Elle avançait seule dans la capitale, sans son père adoré. Elle n'avait pas à se soucier de sa tante, qui se permettait mille et une remarques alors qu'elle-même ne valait rien aux yeux de la jeune blonde. Elle se fichait de Mirri, la garçonne hautaine qui fut son amie d'enfance. Elle se fichait même de ce que penserait Jory, son meilleur ami d'enfance. Elle se sentait bien au-dessus, car elle se sentait adulte.

Elle vit, loin derrière elle, l'homme de la maison Farman qui devait la surveiller. Il se mêlait à la foule, mais commençait à se faire grandement bousculer. Silithia laissa s'échapper de ses lèvres entrouvertes un sourire doux et malicieux qui, semblable au piaillement d'un oisillon, s'envola jusqu'aux nuages... Elle tourna dans une grande rue de la capitale, et se mit à courir sur quelques mètres, soulevant les volants de sa robe pour ne pas se prendre les pieds dedans.
Arrivée sur une sorte de balcon où elle était seule, elle regarda ce qui devait être la rue principale, qu'elle dominait d'ici. Oui, elle était reine de son propre univers et c'était bien mieux que d'être reine de Westeros, elle en était certaine.
De la rue qui passait sous ce balcon, une musique douce s'éleva. Heureuse à ce moment, la jeune fille chanta quelques notes et valsa quelques instants sur le balconnet. Balayés par un coup de vent, ses longs cheveux dansèrent aussi autour d'elle. Elle rit, d'un rire léger, et laissa son regard divaguer et explorer les lieux. Port-Réal était vraiment magnifique, bien plus que Belcastel, et elle se sentait bien plus libre ici que quand elle faisait face à la mer, à Belle Île.

Elle avait tant rêvé de venir ici que, désormais, son sourire ne pouvait plus se détacher de ses lèvres. Elle avait l'impression que tout était plus beau que tout ce qu'elle avait imaginé. Elle était loin de sa famille, mais proche de son rêve. Les voyages ne faisaient que compléter le bonheur que lui apportait son père, et elle était heureuse de savoir que son père lui faisait désormais confiance au point de l'emmener à Port-Réal.
Silithia s'assit sur un banc qui se trouvait près du balcon, et elle ferma les yeux, appréciant la caresse du soleil sur sa peau blanche, un sourire étrange se glissant sur ses lèvres...

An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Le soleil, haut dans le ciel, flattait la peau de Silithia avec toute la douceur du monde. Une bise légère vint souffler dans son cou, la faisant sourire doucement. Elle avait cessé de chantonner et de danser depuis de longues secondes et, désormais assise sur un banc de pierre, elle appréciait son contact glacial traversant le tissu léger de sa robe, contre ses cuisses. Elle huma l'air frais de Port-Réal, de multiples odeurs d'épices ou de spécialités de la région lui parvenant, tout comme la senteur de fleurs qu'elle n'avait encore jamais senties. Belle-Île était, comme son nom l'indiquait, belle ; le château de Belcastel était plus beau encore. Elle rêvassait, pensant à la joie des voyages, des découvertes, des rencontres nouvelles... Elle s'imaginait sur un bâteau immense, le soleil tapant violemment contre sa peau et le vent jouant dans ses cheveux, ou montée sur un palefroi magnifique, galopant vers Essos.
Une mélodie la tira de ses pensées, un fredonnement doux qui reprenait la même musique qu'elle, quelques minutes avant.

« Le vent se lève sur la ville endormie, mais le soleil ne le saisit... Le ciel d'été s'obscurcit, mais le soleil ne s'en soucie... » Des notes dansaient dans sa tête et dans son esprit, faisant battre son cœur à la fois plus fort et plus vite, et elle ouvrit les yeux pour les tourner avec lenteur vers l'homme qui se trouvait vers elle. Il était beau et assez richement vêtu. Silithia l'écouta parler, et un beau sourire fleurit sur ses lèvres roses.

-Une bien belle chanson, vous ne trouvez pas ?

Sa voix était aussi douce que le sourire habituel de Silithia était faux. Mais cette fois-ci, ledit sourire était vrai. Elle ne répondit pas dans l'immédiat, préférant d'abord détailler les traits fins de l'homme. Il portait une légère barbe sans laquelle il paraîtrait bien plus vieux. Ses yeux d'un brun profond la captivaient. Il était vêtu de manière décontractée, tout simplement d'un pantalon de cuir souple et d'une chemise blanche. En guise de réponse, elle hocha simplement la tête et se leva de son banc pour incliner la tête avec grâce.

-Lady Silithia Farman, enchantée. Puis-je connaître votre nom, Ser ?

Comme à son habitude, elle prononçait son nom avec une fierté certaine. Si elle était impolie -ce qu'une Lady n'est jamais, elle se serait aussi dite « seconde héritière de la Maison Farman ». Mais elle se devait de cacher son orgueil et son mauvais côté aux inconnus. Elle était, d'un côté, une véritable vipère. Sous son masque d'ange, sous son visage qui respirait l'innocence, elle était mesquine. Une profiteuse sournoise et prétentieuse, fausse et hautaine, manipulatrice et capricieuse... Mais qui s'en douterait, face à ses grands yeux bleus contrastant avec sa longue chevelure dorée ? Personne. Qui se douterait qu'elle serait prête à vous poignarder dans le dos si ça pouvait l'arranger ? Personne. Cependant, certaines personnes avaient de l'emprise sur elle, et elle ne pouvait qu'être un ange avec eux. Elle ne pouvait détacher son regard de l'homme qui lui faisait face. Pour sûr, il avait beaucoup de charme. « Mais pas autant que moi », pensait-elle sournoisement.

Ses yeux de glace s'illuminèrent. Elle était heureuse, d'être libre et d'être à Port-Réal. Et elle était aussi en compagnie d'un bel homme, ce qui ne lui déplaisait pas le moins du monde. Par ailleurs, ces derniers temps, Silithia cumulait les conquêtes d'un soir. Elle se savait belle et désirable, et en profitait pour mettre les hommes à ses pieds. Elle s'avança sur le balconnet et posa ses mains sur la balustrade de pierre blanche.
Elle dominait à nouveau la place du marché qui, baignée de soleil, s'animait de plus en plus. Silithia ferma les yeux, laissant l'air frais et marin s'engouffrer au creux de son cou. Son regard de glace était plus profond que l'océan lui-même. De ses prunelles gelées, elle semblait défier l'été.

Silithia rêvait de voir le monde entier. Elle rêvait d'aller en Essos. Elle irait, un jour. Bientôt. Même si son père lui refusait ce voyage. Il disait qu'elle était trop jeune et que les Cités Libres étaient trop dangereuses pour une jeune fille de son rang. N'avait-elle pas droit à l'appelation femme ? Non. Lord Farman était l'homme de sa vie, aux yeux de la jolie blonde, mais il était surtout son père. Aussi la traitait-il encore comme une enfant. Si la plupart des pères de jolies héritières les présentaient pour le mariage à l'âge de treize ou quatorze ans, lui avait préféré attendre ses dix-sept ans.

Cependant, elle n'avait pas attendu le mariage et n'avait pas respecté son vœu de chasteté. Elle craignait le pire, si son père venait à l'apprendre. Bien entendu, ça ne serait pas le cas. Récemment, il avait organisé un petit tournoi à Belcastel afin de présenter ses aînés, Silithia et son frère -aîné de deux ans. Si la jeune fille n'avait pas vu de bon parti pour elle -il leur manquait ou la richesse, ou la puissance, ou le physique-, elle était néanmoins contente d'avoir revu une connaissance vieille de quelques mois. Alessander était, d'après son père, un bon parti. Silithia ne pouvait le nier, mais il promettait à toute Lady qui croisait sa route qu'il l'épouserait en échange de ses bonnes grâces. Il n'avait cependant jamais tenu cette promesse et, lorsqu'il l'avait faite à Silithia, elle s'était moquée de lui. Toute manipulatrice qui se respecte sait reconnaître un menteur quand elle en voit un.

Silithia était ce genre de fille, désirable et inaccessible. Ainsi, elle avait envoyé balader plusieurs hommes qui lui avaient fait la cour lors du tournoi, et n'avait pas hésité à se conduire en véritable peste face à eux. Ils ne l'intéressaient pas, n'étaient pas assez bien pour elle... mais ils avaient l'audace de venir lui parler de mariage. C'était, aux yeux de la blonde, l'absurdité même.
L'homme parfait la satisferait en lui offrant un château dont elle serait la maîtresse. Elle serait riche et puissante et son époux serait, bien entendu, à la hauteur de sa beauté. Sans une pensée de plus, elle tourna son visage au teint légèrement halé vers celui de l'homme dont elle attendait avec patience le nom.

An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Il s'inclina légèrement en s'excusant pour s'être visiblement perdu dans ses pensées. Un sourire fleurit sur les lèvres de Silithia, qui lui dit avec douceur qu'il était tout pardonné. Sa phrase suivante la fit sourire plus encore ; il était extrêmement courtois et bien habillé, ce qui laissa penser à la jeune femme qu'il était de famille noble. Flattée, elle sentit ses joues rosir et elle le remercia.
Un instant, elle laissa son regard divaguer autour d'eux. Tout était si beau à Port-Réal. Elle avait tant rêvé de venir ici, et elle s'y trouvait désormais. Elle tourna son regard de glace vers le bel homme qui lui offrait un peu de son temps.

-Ser Alïstair Brax de Corval, pour vous servir Lady Farman.
-Enchantée de vous rencontrer, dit-elle en effectuant une légère révérence.
-J'allais justement me rendre aux quartiers marchands, voudriez-vous me faire l'honneur de votre compagnie ?
-Avec plaisir.

Elle hocha doucement la tête et afficha un sourire des plus aimables. Ses yeux se posèrent sur le quartier qu'ils surplombaient. C'était si splendide que ses yeux brillaient, emplis d'étoiles imaginaires. Les multiples odeurs d'épices et de pains sortis des fours l’enivraient. Lentement, elle se mit en marche, et tourna la tête vers Alïstair, contemplant son visage avec le regard doux digne d'une innocente enfant.
La profondeur des yeux du chevalier était telle qu'elle y apercevait les profondeurs des océans eux-même. Et elle revoyait la beauté de Belle-Île, sachant pertinemment quelle chance elle avait d'y vivre. Même si l'île n'était pas extrêmement connue, et que sa famille n'était pas la plus riche, elle y vivait bien. Il faisait presque toujours beau et chaud, et les jardins de Belcastel donnaient une vue des plus agréables sur le port de Belle-Île, où amarraient nombre de bateaux. Certains étaient des bateaux de pêche que l'on chargeait et qui partaient partout en Westeros. Silithia appréciait le bruit des vagues qui la réveillaient lorsqu'elle était enfant et qu'elle s'endormait dans les jardins. Parfois, elle se réveillait en disant que les vagues lui chuchotaient, dans les bras de sa mère.
Un sourire nostalgique glissa sur ses lèvres et elle crut un instant qu'une larme allait couler. Elle cligna des yeux, et toute tristesse disparut des traits de son visage. Sa mère lui manquait, mais elle devait être forte même avec son souvenir.

-Que venez-vous faire à Port-Réal, si ce n'est pas indiscret ?, demanda-t-elle d'une voix douce.

En réalité, elle se fichait de savoir si c'était indiscret ou non. Si ça l'était, alors elle aurait d'autant plus de choses intéressantes à apprendre. Si Alïstair était là pour une raison qui ne la regardait pas, elle saurait lui tirer les vers du nez. Elle savait trop bien faire ça, elle s'était tant habituée à mentir et à manipuler les gens avec facilité. A contrario, eux ne savaient pas la manipuler. On dit bien qu'on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre. C'est certainement vrai car, là où, physiquement, Silithia semblait être un ange, son caractère en était loin.
Elle souriait toujours. Elle admirait les maisons qui l'entouraient et qui paraissaient toutes regorger de magie. Ce jour-ci, elle n'avait ni la possibilité ni l'envie de manipuler les autres. Elle était trop distraite par les nouveautés que lui offrait ce voyage, elle découvrait de nouvelles choses à chaque pas. Et puis, la compagnie d'Alïstair n'était pas déplaisante.

Elle sentait les regards de quelques personnes d'un tout autre rang social qui se posaient sur son corps. Elle souriait aimablement à ces personnes peu riches, que son frère méprisait et traitait de gueux. Elle ne pouvait les traiter comme des sous-espèces, car son meilleur ami était comme eux.
Mais la pensée de ce dernier lui fit l'effet d'un coup de poignard dans le ventre. Son père avait refusé de l'emmener à Port-Réal, car il n'était pas comme eux. Mais Silithia avait compris qu'il mentait au ton faussement coléreux de son père ; elle reconnaissait mieux que quiconque les menteurs.
Elle ne parvenait pas à comprendre la réaction de son père, ce qui l'intriguait et qui l'empêchait quelque peu de se concentrer sur l'instant présent. Nombre de jeunes filles en profiteraient certainement avec beaucoup de joie, mais Silithia avait besoin de se changer les idées et de s'éloigner un peu des secrets dont regorgeaient Belcastel et ses habitants.

D'un geste doux et sans hésitation, elle agrippa le bras de Ser Brax et s'arrêta dans sa marche. Un sourire glissant au coin de ses lèvres, elle le regarda dans les yeux, ses prunelles de glace affrontant son regard d'ambre sombre. Une pensée aussi brève que le battement d'ailes d'un papillon lui traversa l'esprit. Tous deux étaient, physiquement, presque opposés l'un à l'autre.
Lui était un grand brun aux yeux sombres tandis qu'elle, avait une chevelure dorée et des yeux remplis d'un océan glacé. Elle sourit plus encore à cette pensée et, d'un ton enjoué, exprima son envie de voir la mer.

-Que diriez-vous d'aller voir le port, après ? J'ai toujours rêvé d'y aller, la mer est... fantastique.

Ses yeux s'illuminèrent à la simple idée de voir l'étendue marine. Des souvenirs la submergèrent à nouveau. Les vagues naissaient au loin et venaient mourir à ses pieds, contre les rochers de Belle-Île. Et elle, minuscule particule aux côtés de l'océan, elle ne pouvait que regarder ce spectacle magique à longueur de journée. Elle sourit avec douceur, inspirant l'air frais de Port-Réal à pleins poumons et fermant les yeux pour savourer cet instant de pur bonheur...

Heureux que la douce jouvencelle de la maison farman ait accepté son invitation, il proposa son bras comme l'aurait fait tout noble chevalier , ou gentilhomme. Le son de cette harmonieuse musique se fit entendre de plus belle avant que son écho ne se perde dans les ruelles interminables. Elle fut néanmoins remplacée par un mélange de bruits assez surprenants mais propre aux marchés. A la fois le bruit des passants, cris et discussions et de la musique des tambourins et des lyrs. La foule innombrable qui allait et venait dans tous les sens réveilla l'instinct protectrice du chevalier de Corval qui invita subtilement la jeune fille à se rapprocher de lui, ou plutôt ne pas trop s'éloigner. C'est dans ce genre de souk que les voleurs et les bandits en tout genre reperaient leurs proies avant de frapper, et quoi de mieux que deux nobles en pleine discussion ? Heureusement pour Alïstair sa bourse était bien cachée et de ce côté-là il avait été prévoyant, il n'hésiterait pas à dégainer son épée si on venait à vouloir le dépouiller de son or.

Son épée en évidence avec sa main qui la frôlait, fut un message adressé à ceux qui aurait le malheur et la stupidité de vouloir tenter quelque chose. Tout en profitant de la belle compagnie de Silithia Farman le jeune Brax scrutait les environs à la recherche de cadeaux pour les membres de sa famille. Il ne tarda pas à trouver son bonheur sur un étal où un marchand au teint de peau bronzé et aux traits brutes lui rappela ses voyages sur l'autre continent , Essos. Il s'approcha et commença à parler le dialecte des gens de Braavos pour voir s'il touchait juste.

- Combien pour la licorne serti améthyste ? Demanda t-il simplement d'un regard franc.

Une discussion s'en suivit, ils convinrent d'un prix et le jeune homme laissa une avance. Il reviendrait chercher le bijou demain une fois qu'il serait prêt, car en plus il avait demandé quelques petits services supplémentaires qui demandaient quelques heures de préparation. La question de la jeune fille était plutôt légitime et le jeune homme prit un instant pour réfléchir,

- Je suis venu sur le conseil de la famille afin de représenter la maison Brax lors du tournoi de la main du roi , fit-il simplement avez-vous eu l'occasion d'y assister ? demanda t-il pour savoir si sa venue à Port-Réal était récente, maintenant qu'il est terminé je sers Lord Tywin dans diverses tâches administratives dit-il pour finir

Alïstair c'était bien gardé de lui donner plus de détails surtout sur les événements qui s'étaient passés pendant le tournoi et notamment sa blessure à l'épaule maintenant guérie en partie. Après tout elle avait beau être de nobles conditions il doutait que l'informer des affaires commerciales de sa maison soit judicieux. Il ne la connaissait que depuis peu et dans une ville comme Port-Réal moins on en disait mieux c'était, parfois même le simple fait d'en savoir très peu pouvait s'avérer bénéfique, cette aussi dans cette optique qu'il ne dévoila pas tout afin de protéger la jeune jouvencelle, qui semblait vivre un vrai rêve. Il n'y avait qu'à la regarder pour comprendre que ce petit monde l'émerveillait, Alïstair n'avait pas envie de casser, cela , car après tout peut-être que malgré son jeune âge elle en savait autant que lui voire plus sur ce qui se passait derrière la scène principale ...

- Une idée intéressante Lady Farman , allons-y dit-il avec un sourire bienveillant

Alïstair guida la jeune fille jusqu'au Port

- Vous allez trouver ça ironique, mais je suis ici depuis un petit moment déjà et je n'ai pas encore eu le temps d'aller visiter le Port, à ce qu'on dit la mer y est sublime, vous avez déjà voyageait Lady Farman ? demanda t-il simplement

Alïstair avait beaucoup voyagé comme l'avait peut-être vu la jeune fille, car ce n'était pas très courant de voir un noble parler la langue du peuple des gens de Braavos. Le chevalier parlait plusieurs langues et dialectes, car en tant que chargé avec son père des relations et du commerce pour le compte de la maison Brax, c'était une nécessité. Après il pourrait toujours se faire comprendre en parlant en basique, mais lui préférait parler ce qu'il appelait « la langue du cœur » ce qui touchait les marchands et les personnes avec qui il commerçait, certains se sentaient touchés qu'un étranger ait appris leur langue juste pour faire du commerce de temps à autre. Ce qui favorisait de bonnes relations avec ses derniers. Mais si pendant toutes ses années il avait passé nombres d'heures à étudier après des mestres c'était aussi pour épancher sa soif de savoir et de connaissance, car en même temps qu'il apprenait une langue il prenait le temps d'en apprendre plus sur sa culture, ses traditions, son histoire etc ... Aujourd'hui il était d'ailleurs bien content d'avoir fait ses efforts, car maintenant qu'il était capitaine des chevaliers de Corval, il n'avait plu beaucoup de temps pour étudier, il avait tout juste le temps de « réviser » certaines langues qui demandaient de le parler avec plus ou moins de régularité afin de ne pas perdre ce qu'il avait si durement accumulé aux fils des années.

An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Alïstair proposa son bras à la jeune fille de l'Ouest. Un sourire radieux illuminant son visage, elle l'accepta en lui glissant un petit « Merci » d'une voix douce. Silithia se rapprocha de lui pour être protégée des mouvements de la foule, et en profita pour lui offrir le sourire charmeur dont elle avait le secret et l'habitude. Elle observait le monde nouveau qui l'entourait, un monde qu'elle ne connaissait pas. Si Belle-Île était assez connue pour son poisson et ses produits fermiers, Port-Réal offrait mille choses à découvrir. Silithia était avide de découvertes et de connaissances, et la capitale de Westeros lui offrirait tout ce qu'elle désirait.
Alors qu'ils marchaient tranquillement sur la place marchande, le chevalier l'entraîna jusqu'à un étal tenu par un homme au teint halé qui ne semblait pas être de Westeros. Elle afficha un sourire intéressé et son regard se mit à briller lorsque son agréable compagnon se mit à parler un dialecte autre que celui qu'elle avait toujours entendu. Il avait voyagé, et ça l'intéressait beaucoup. Lorsqu'il sembla satisfait de l'affaire qu'il venait de conclure, ils repartirent d'une démarche tranquille.

Lorsqu'elle lui demanda la raison de sa venue à Port-Réal, il lui répondit qu'il était venu représenter sa maison lors du tournoi de la Main. Un immense sourire fleurit sur le visage de la jeune fille. Elle comprit pourquoi son visage lui semblait familier. Il était l'archer qu'elle avait tant observé et sur lequel elle aurait parié si elle n'avait pas été une Lady. Elle le regarda puis répondit d'un ton enjoué :

-J'ai pu assister au tournoi, en effet. Votre visage m'est familier, il me semble que vous ayez participé à l'épreuve de tir à l'arc mais que vous ayez été blessé, malheureusement.

Elle se souvint de la légère pointe de déception lorsqu'elle avait vu l'archer se blesser. Il était talentueux, et méritait de gagner. Elle lui avait proposé de se rendre au port, puis il accepta sans rechigner. A nouveau, elle sourit avec joie. Elle le suivit alors avec joie et entrain. Enfant, elle aurait sautillé gaiement jusqu'au port. Mais là, elle contint son bonheur pour afficher une mine douce qui lui donnait l'air de la parfaite Lady qu'elle se devait d'être.
Lorsqu'ils arrivèrent, elle lâcha le bras du jeune homme pour s'accouder à un muret qui faisait face à la mer. Et son cœur se mit à battre plus fort que jamais.

Les flots bleus et profonds s'écrasaient violemment contre les rochers. Un vent frais vint agiter ses cheveux, et elle ferma les yeux pour apprécier plus encore l'air marin dont elle s'enivrait. La voix d'Alïstair vint remplacer le bruit des vagues mourant à leurs pieds dans l'esprit de Silithia, qui tourna la tête vers lui, une mine rêveuse ayant pris place sur son visage.

-Vous allez trouver ça ironique, mais je suis ici depuis un petit moment déjà et je n'ai pas encore eu le temps d'aller visiter le Port, à ce qu'on dit la mer y est sublime. Vous avez déjà voyagé Lady Farman ?

Elle mit quelques secondes à répondre, complètement obnubilée par les mille bruits de l'océan. Elle inspira un grand coup, respirant le doux air marin à pleins poumons, puis le regarda en souriant.

-La mer est toujours sublime, elle est la plus belle chose qui existe..., commença-t-elle d'un ton rêveur. J'ai peu voyagé, mais j'aimerais tant pouvoir visiter le monde tout entier, ça serait tellement merveilleux... Je pourrais être libre d'aller en Essos, je pourrais apprécier aller de Port-Réal à Winterfell sans que l'on m'en empêche, puis me rendre à Vivesaigues, et même à Hautjardin. (Elle marqua une courte pause, reposant son regard sur la mer, et reprit d'un ton mélancolique.) Mais au lieu de tout cela, on m'apprend à être parfaite en toutes circonstances. Dans chaque situation, dans chaque lieu, en la présence de chaque personne, je me dois d'être irréprochable. J'ai une certaine posture à avoir, je me dois d'être polie, courtoise, douce et aimable même avec la plus détestable des personnes de ce monde. Et toujours, toujours ce sentiment d'infériorité. Je ne suis qu'une femme, et une femme doit obéir aux ordres. Je dois toujours être parfaite, toujours désirable. Et il faut souffrir pour être belle, aussi la posture que je me dois de tenir est éprouvante. Tête haute, dos droit, toujours sourire et rire même aux blagues les plus odieuses. C'est absurde, je... Je me sens enfermée. Belle-Île est grande et magnifique, Belcastel dispose de tout le confort qui m'est nécessaire, et je sais que si mon père et mon frère venaient à disparaître, j'en hériterais, mais... Même, je ne serais pas satisfaite. Jamais. Je voudrais pouvoir être aussi libre qu'un homme. Vous avez tant de chance, Ser. (Elle parlait désormais à voix basse, comme s'il s'agissait d'une confidence.) J'aimerais être libre, être comme tous ces marins qui peuvent aller d'un port à l'autre sans en demander l'autorisation. Cette vie doit être magique... Ils voyagent, ils découvrent, chaque jour, de nouvelles choses et de nouveaux horizons... Ils peuvent voguer, surtout, sur la plus belle création de ce monde. La mer, un bien triste mot pour la plus sublime des choses. Aucune Reine ni aucune Lady, même parée de mille diamants et joyaux en tous genres, ne sera jamais plus belle qu'elle. Elle a pour moi toute la valeur du monde...

Constatant qu'elle devenait trop précise sur ses rêves et sur ses déceptions, elle rougit doucement. On l'avait pourtant éduquée pour qu'elle tienne sa langue et qu'elle soit ce qu'elle devait être, une Lady parfaite, irréprochable. Le chevalier devait avoir une toute autre image d'elle, soudain. L'image d'une Lady égoïste, qui ne se contentait pas de ce qu'elle avait. Elle craignait que son image ne soit soudainement salie. Elle avait l'impression de s'être soudain mise à nu devant quelqu'un. Et ses rêves jusqu'ici tenus secrets, étaient dévoilés au grand jour. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Elle regardait ses pieds, soudainement perdue. Pourquoi avait-elle dit tout cela ? Il lui avait juste demandé si elle avait voyagé, pas si elle aimait son statut de Lady, ni si elle était heureuse, ni quels étaient ses rêves... Son père lui avait pourtant dit de se méfier des personnes se trouvant à Port-Réal. « Tous des fourbes. Des renégats, des sales bourges snobs et sournois qui te feront tout le mal du monde lorsque tu ne regarderas pas derrière toi. Ils te saluent d'une main tout en te poignardant avec l'autre. », disait-il. Et si il avait raison ? Regrettant amèrement tout ce qu'elle venait de dire, elle se retourna vers Alïstair Brax, et balbutia quelques excuses qu'elle-même ne comprenait pas, avant de parvenir à s'exprimer plus clairement :

-Veuillez m'excuser, je... Je parle trop. J'aurais dû me taire, je dois vous ennuyer fortement avec toutes mes histoires sans queue ni tête. Je m'excuse sincèrement, Ser, je ne voulais pas...

Gênée à l'idée d'avoir trop parlé -et si elle s'était confiée à une mauvaise personne ? Il semblait pourtant être quelqu'un de confiance...- et aussi à l'idée de l'avoir ennuyé, elle baissa doucement les yeux jusqu'au sol, honteuse. Elle ne pouvait pas se permettre de parler ainsi de son statut de Lady, et de dénigrer sa propre condition. Nombre de personnes mouraient dans les rues sans qu'elle ne daigne leur adresser un regard, trop obnubilée par sa personne. Elle se trouvait égoïste, et si il la voyait comme tel, alors peut-être voyait-il juste. Mais en parlant à Alïstair, elle s'était sentie parler à la mer. Elle avait eu l'impression de parler à la liberté elle-même, et de lui dire combien elle voulait être libre. Elle ne mentait pas, cette fois-ci. Elle se dévoilait, comme la fille qu'elle était.

Comme une colombe retenue dans sa cage, comme une hirondelle à laquelle on aurait coupé les deux ailes.

L'espace d'un instant quand il amena la jeune lady en bord de mer il eut l'impression d'avoir affaire à un enfant. C'était drôle et plutôt bienvenue, nostalgie du passé il vit en cet instant dans la jeune Farman sa petite soeur aujourd'hui décédée ... à cette seule pensée son visage s'assombrit avant de retrouver des couleurs normales lorsqu'il contemplât l'écume bleu de la mer. Silithia semblait libre , comme si on avait offert à la colombe la possibilité de sortir de sa cage, ne serait-ce que pour un instant. Alïstair prit place sur le petit muret en face de la délicate jeune fille et l'observa de temps à autre avant de porter son regard sur l’abîme d'eau qui paraissait infini. Elle se confia à lui avec une certaine facilité alors que pourtant ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes. Un léger sourire se dessina sur le visage du chevalier, car ce n'était pas la première fois qu'il faisait cet effet la aux personnes qu'il rencontrait. Il faut dire que le jeune Brax avait tout du parfait confident, il se dégageait de lui une aura de sérénité et un charisme à la fois simple et pourtant saisissant. Il écouta donc très attentivement la jeune fille sans la couper dans son élément, il aurait été mal venu de sa part d'intervenir alors que le cœur de la jeune fille s'ouvrait comme si l'océan en avait la clef. C'était beau et touchant...

Alïstair se leva pour se rapprocher de la jeune fille il se posa à côté d'elle tout en gardant son regard tourné vers l'horizon azure.

-Ne vous excusez pas lady Farman , fit-il d'un ton rassurant comme celui d'un père envers sa fille, contrairement à ce que vous semblez penser, cela n'a rien d'égoïste de vouloir un peu de liberté, c'est même très noble, fit-il simplement Vous enviez ses marins qui se lèvent le matin réveillés par la brise marine et qui se pose en observant chaque soir un couché de soleil différent, ils n'ont pas de grands châteaux ni même de serviteurs ils ne font pas de grands festins, mais ils ont la liberté ... et cela vaut plus que tous les trésors du monde finit-il poétiquement en marquant une pause le temps d'une brise

- Nous sommes nous trop pris par les intrigues et les luttes de ce monde, pour pouvoir observer les merveilles qui nous entourent, et pour cela je remercie les septs chaque jours, d'avoir pu pouvoir contempler autant de meilleurs dans une vie, fit-il encore rêveur en repensant aux merveilles d'Essos

On dit que le plus heureux des hommes c'est celui qui ne possède rien, mais qui est libre de ses envies. Cela vaut mieux que d'avoir à ses pieds tout l'or du monde et de ne pas pouvoir en user pleinement contraint de resserrer sur son domaine pour le reste de sa vie. Une prison de diamants n'est pas plus belle que celle qui est composée de fer, car la valeur de ses choses aussi précieuses soit elles devient terne face aux rêves de liberté.

-Si cela vous fait envie et si le cœur vous en dit Lady Farman je pourrais vous emmener voyager ? Belcastel n'est pas si loin de Corval, un voyage pourrait être organisé facilement qu'en pensez-vous ? Demanda t-il simplement

Alïstair connaissait un peu le père de Silithia c'était plus facile à dire qu'à faire néanmoins le jeune homme ne voulait pas désespérer de plus il était sûr que la jeune fille ne serait pas une gêne pour lui dans ses voyages. L'offre lui paraissait réaliste, même si elle n'était pas vraiment d'actualité pour le moment étant donné la masse de travail qu'il avait à Port-Réal

An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Silithia releva doucement les yeux vers lui. Était-ce donc réellement noble de rêver de liberté alors qu'on possédait déjà trop d'or pour savoir quoi en faire ? Elle le regarda un moment, laissant la brise porter les paroles d'Alïstair jusqu'à ses oreilles. Sa voix était douce, ne faisant qu'amplifier la confiance qu'il inspirait. Lorsqu'il eut fini de parler à son tour, elle ne répondit pas immédiatement. Elle cessa de le regarder un petit moment, se concentrant sur le bleu de l'eau se mêlant au ciel, comme si la mer lui offrirait une réponse. Elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait répondre à cela.
Le silence fut certainement la meilleure réponse. Elle hocha lentement la tête et, toujours sans regarder son interlocuteur, elle laissa le vent marin porter sa voix jusqu'à lui.

-Tout ce que j'ai pu dire... N'en dites rien à personne. Je vous en prie.

Si ses paroles arrivaient jusqu'à son père, elle se ferait sûrement sermonner. D'abord, elle échappait à son garde du corps. Ensuite, elle visitait la capitale en compagnie d'un parfait inconnu. Et mieux encore, elle lui dévoilait tous ses secrets. Parfois, elle se demandait si la mer était vraiment une bonne chose pour elle. Elle la rendait à la fois heureuse et nostalgique, mais elle la faisait parler un peu trop facilement. Elle s'ouvrait plus encore aux autres qu'un homme soûl.

Lorsqu'Alïstair lui fit une proposition des plus alléchantes, et des plus étonnantes, Silithia se demanda si elle était en train de s'étouffer ou si elle avait tout simplement une boule dans la gorge. Elle mit du temps à réagir, laissant le temps à son cerveau d'étudier la question, la possibilité, le pourquoi du comment... Mécaniquement, elle tourna la tête vers lui et chercha les mots. Devait-elle le remercier, lui sauter au cou, lui demander s'il plaisantait, crier « au violeur ».. ? Elle entrouvrit la bouche et la referma immédiatement. Elle ne savait pas quelle réaction elle devait avoir face à une proposition si gentille et si inattendue.

-Êtes-vous sérieux, ou vous moquez-vous de moi ? Ça serait tellement fabuleux, je ne saurais comment vous remercier !

Un sourire radieux prit place sur les lèvres de la demoiselle de l'Ouest. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle allait peut-être pouvoir voyager grâce à lui. Elle se souviendrait à jamais de lui, cet homme qui lui aurait permis de voir les merveilles de la capitale et qui lui aurait permis de voyager comme elle en avait tant rêvé, si le voyage se faisait...
Si elle était accompagnée d'un chevalier si bon combattant, sans doute son père accepterait-il. Son frère, lui, ne cracherait pas sur ce voyage, une bonne occasion de voir sa sœur partir loin de Belle-Île et il appuierait certainement le fait qu'elle est bien assez grande pour quitter le nid familial quelques temps.

Alïstair ne comprenait que trop bien la détresse apparente de la jeune fille qui venait de se rendre compte qu'elle en avait un peu trop dit sur ses intentions profondes. C'était d'ailleurs assez étonnant vu qu'ils ne se connaissaient que depuis peu, après doute cela n'avait rien détonnant car, le jeune chevalier de Corval était le genre d'homme avenant, charmant et il se dégageait de lui une certaine sérénité en sa présence on se sentait tout simplement bien comme apaisé lorsqu'on porte son regard sur l'écume azure. Mais même en sachant cela il n'abusa nullement de la jeune fille, et lui promit avec sincérité que cela resterait entre eux.

- N'ayez crainte Lady Farman dit-il d'une voix bienveillante et douce cela restera entre nous, vous avez ma parole dit-il pour finir.

La parole d'un homme ... que pouvait valoir la parole d'un homme dans ce monde corrompu ... ? la parole d'un chevalier à la limite ? et encore ... certains d’entre eux donnent une bien mauvaise image de la chevalerie en général, ce qui désolait profondément le jeune homme. Néanmoins, les chevaliers de Corval avaient la réputation d'être honnêtes et serviables en tant que chef de ces derniers il ne comptait pas souiller leurs noms.

- Je serais bien le pire des hommes si je me jouais ainsi de vous Lady Farman dit-il simplement , ma proposition est des plus sérieuses , et puis ajouta t-il avec un léger sourire amusé mais , néanmoins, bienveillante se sera l'occasion de faire plus ample connaissance qu'en dites-vous ?

Il est vrai que Silithia Farman était d'une beauté simple et pourtant profonde, néanmoins le jeune homme depuis sa venue à la capitale avait appris à se méfier des « beautés des façades » il contrôla ses sentiments vis-à-vis de la jeune fille pour éviter que cela ne lui cause trop de peine. Pour cette raison il préféra d'avantage en apprendre sur la jeune fille pour éventuellement engager une relation plus sérieuse, à la condition bien évidemment que cette dernière soit intéressée. Il se demandait néanmoins, comment elle allait pouvoir présenter cela à son père, qu'il connaissait pour l'avoir côtoyé durant ses voyages sur à Belle-île ce n'était pas le genre de père à laisser partir son unique fille avec le premier inconnu pour un voyage aussi loin de sa maison.

An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Le cœur de Silithia battait à tout rompre, combinant à la fois la force d'un animal en pleine charge et la vitesse d'un battement d'ailes de papillon. A cet instant-même, elle se sentait faible et petite, comme un simple nourrisson, un vulgaire bambin sur lequel on crie. Comme lorsque son père la réprimandait. Ses yeux d'un bleu glacé affrontaient avec une difficulté certaine le regard brun d'Alïstair. Elle ne devait pas baisser les yeux et devait rester forte en toutes circonstances.
Il lui donna sa parole, et elle ferma les yeux, soupirant doucement, tous les muscles de son visage se décontractant alors. Soulagée. C'était le mot qui lui correspondait le mieux à cet instant précis. Elle inclina lentement la tête et rouvrit les yeux pour regarder le Chevalier de Corval, lui adressant des remerciements on ne peut plus sincères.

-Je serais bien le pire des hommes si je me jouais ainsi de vous, Lady Farman. Ma proposition est des plus sérieuses, et puis, ce sera l'occasion de faire plus ample connaissance, qu'en dites-vous ?

A nouveau, un sourire prit place sur les lèvres de Silithia ; Alïstair constituait une agréable compagnie à ses yeux. L'offre était terriblement alléchante, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il exposa une idée si folle que celle-ci. Partir loin de chez elle en compagnie d'un inconnu pour découvrir le monde. Elle le regarda et hocha la tête :

-Ce serait merveilleux, dit-elle, mais parviendrez-vous à convaincre mon père de vous accorder sa confiance ? Peut-être pourrais-je aborder moi-même ce sujet avec lui, suggéra-t-elle.

A nouveau, son sourire se perdit dans une mine plus rêveuse tandis qu'elle contemplait tantôt l'océan, tantôt la ville qui se dessinait sous le soleil brûlant. Elle plissa les yeux puis les posa finalement sur Alïstair.
Il était un bel homme. Grand, bien bâti, le visage fin et les traits doux et gracieux. Tout chez lui inspirait la confiance. Pour sûr, il ferait un excellent diplomate, et tout laissait à penser qu'un jour il serait un Lord juste, droit et respecté. Sa femme serait sans doute chanceuse.

La jeune fille était complètement absorbée par la contemplation du chevalier. Il était, par rapport au soleil, placé à un angle idéal. La lumière venait taper au niveau de sa nuque et de son épaule gauche, ses cheveux mi-longs brillant alors. Lorsqu'il bougeait un peu la tête, la lumière faisait illuminer ses yeux bruns.
Quelque chose en lui lui faisait penser à son père. Il inspirait, respirait, toute la confiance et la justesse du monde. La bienveillance semblait avoir marqué son visage et son être au fer rouge. Un voyage en sa compagnie serait une magnifique expérience.

Le soleil brillant, de cette après-midi commençait à redescendre dans la voûte céleste éclairant le monde alentour par une lueur chaleureuse. A cela venait s'ajouter un petit vent frais qui commençait à se lever avec un peu plus d'intensité, au fur et à mesure que le jour déclinait. Le soleil venant se poser sur la chevelure dorée de la jeune Farman lui donnant un effet encore plus beau et plus éclatant. Cela contrastait avec ses yeux d'un bleu glacés qui, comme le vent, venait rafraîchir chaque regard que le jeune homme portait à la jolie et douce jouvencelle. C'était une sensation étrange, un mélange de chaud et de froid pourtant agréable, presque rafraîchissant ... comme un verre d'eau frais prit après avoir passé des heures sous le soleil de plomb. Martelant la peau de ces rayons semblables au marteau de forgeron qui frappe le fer inlassablement. Mais tout ce cadre idyllique fut quelque peu entachée par un « problème » majeur dont la jeune fille fit par au noble chevalier.

- Je doute connaître suffisamment Lord Farman votre père, pour me permettre ce genre de demande ... ce serait aussi si je puis dire quelque peu osé de ma part ...fit-il perplexe cherchant une solution, mais nul doute que vous qui le connaissez depuis votre enfance, serrez plus à même de lui faire accorder votre demande fit-il en réfléchissant encore à une solution.

- Ou peut-être que nous pourrions organiser un repas festif entre nos deux familles ?, proposa t-il simplement le cœur en fête votre père sera sans doute plus réceptif, vous pourriez alors profiter de cette occasion pour lui en parler, expliqua-t-il je serai là aussi pour vous soutenir lady farman. Finit-il avec douceur pour encourager la jeune fille.

Ces dernières paroles étaient empruntes d'une profonde douceur, d'ailleurs pendant qu'il finissait sa phrase sa main caressa l'espace d'un court instant la chevelure dorée de Silithia afin de remettre délicatement l'une de ses mèches de cheveux qui avec le vent qui commençait à se lever, venait de lui passer devant le visage. Du coup il venait de se rapprocher un peu plus de la charmante et jeune lady des terres de l'Ouest, d'une façon naturelle et furtive, sans mauvaises intentions. En bon chevalier il retira l'attache qui retenait sa cape mi-courte.

- Le vent se lève Lady Farman, il serait de mauvais ton que vous tombiez malade, permettait que je vous couvre ? demanda t-il simplement avec une voix harmonieuse

An 298 • Douzième lune • Semaine 1 • Jour 5.

Le soleil sembla descendre sèchement dans le ciel. En effet, bientôt, l'ombre commença à grignoter peu à peu le port de la capitale. Silithia savait qu'ils allaient devoir repartir. Elle ferma les yeux et inspira l'air frais à pleins poumons, ancrant l'odeur marine qui mêlait sel et fraîcheur extrême dans sa mémoire. Pour rien au monde elle ne voudrait oublier une telle chose.
Captivée par le cadre idyllique auquel elle semblait assister, elle ne put écouter que d'une oreille les dires du cheval. Un sourire glissa à ses dires. Il avait raison, il ne pourrait se permettre de proposer une telle chose au père de la jeune Lady. Il proposa alors d'organiser un repas festif entre les deux familles et d'en profiter pour exposer l'idée à Lord Sebaston.

-Bien sûr !, lança-t-elle enthousiaste avant de reprendre calmement. Nous pourrions faire cela.

Un frisson lui parcourut l'échine. L'air frais ne la gênait aucunement, bien au contraire, elle serait capable de l'accueillir à bras ouverts pour apprécier la douce odeur de la mer. Mais le chevalier établit un contact auquel elle ne s'attendait pas, remettant une mèche de cheveux derrière l'oreille de la jeune fille et caressant ses cheveux l'espace d'une seconde. Elle seule sentit son visage se crisper quelque peu, mais rien ne parut sur sa peau lisse et ses traits doux.
Si elle eut été une sauvageonne, elle aurait certainement mordu l'homme. Mais était-elle donc une enfant, une petite fille ? Non, elle était presque une adulte désormais. Elle n'était qu'à moitié en confiance, et n'établissait de réel contact avec un homme qu'à leur deuxième rencontre au minimum.

Un petit cliquetis à sa gauche lui fit tourner la tête. Ser Alïstair semblait prêt à la couvrir de sa cape, mais lui demanda bien entendu l'autorisation. Elle lui jeta un regard doux puis hocha négativement la tête ; elle se plaisait à sentir le vent s'engouffrer dans son cou et venir la mordre férocement. La sensation de brûlure procurée par le froid avait pour elle bien plus de valeur que bon nombre d'autres sensations.
Elle fit un pas en avant, puis fit volte-face pour faire face au chevalier. Il la dépassait d'au moins une tête, chose dont elle avait l'habitude ; elle n'était pas grande.

-Je vous remercie, Ser, mais je n'ai pas froid. Je ne crains pas le froid, ni l'humidité.

Elle ponctua sa phrase d'un sourire, puis regardant le soleil qui se couchait au loin, elle soupira doucement. Elle devait se hâter de rentrer, son père devait être mort d'inquiétude. Se tournant vers le chevalier, elle s'excusa.

-Veuillez m'excuser, mais je dois rentrer au plus vite. Mon père doit se faire un sang d'encre. Je vous remercie de m'avoir tenu compagnie aujourd'hui, j'ose espérer croiser à nouveau votre route.

Elle s'inclina doucement et commença à s'éloigner doucement. Elle savait que si elle ne partait pas maintenant, son père enverrait des gardes la chercher partout dans Port-Réal...