Joyeux bordel

Dans la cours ensoleillée d'une demeure de riche marchant, le bruit régulier d'un pierre sur une longue lame vint s'ajouter à la mélodie habituelle des vagues lointaines. Provenant d'une silhouette sombre et solitaire sous un olivier noueux et courbé le sifflement métallique attirait parfois le regard des servants du propriétaire des lieux. Le soleil brillait et l'océan offrait la plus agréable de ses brises maritime pour en atténuer la chaleur, pourtant, le guerrier ne semblait pas apprécier le paysage plus que ça. Tournant le dos à l'horizon brillant, grimaçant à ceux qui l'observait trop longtemps, Elesios affûtait patiemment son épée.
Ça n'était pas vraiment par choix qu'il se trouvait sur la magnifique terrasse donnant sur la mer du domaine. Il avait tenu à accompagner Durran Baratheon ici, comme il l'avait toujours accompagné depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Mais une fois arrivé ici, l'ex-gladiateur avait bien comprit que son compagnon s'en allait mener un combat bien différent de ceux que lui, connaissait. Le jeune prince était venu convaincre une jeune et magnifique femme de le rejoindre dans sa folle ambition de conquérir le Trône de Fer, par delà la mer Étroite. Bien qu'il soit un combattant des plus agiles, l'épée et les passes d'Elesios ne serait d'aucune aide au jeune Baratheon. Ne comprenant qu'un infime partie du savoir que son camarade déversait sur lui à longueur de journée, Elesios comprit au moins que sa place n'était pas dans l'enceinte des murs décorés de cette maison.
Il attendit alors, une heure, deux heures, pensant repartir bientôt. Une fois, un servant osa approcher la figure menaçante du combattant pour lui proposer un encas, il comprit alors que la discussion serait d'une durée bien différente de celles que Durran avait avec son fidèle compagnon de route. Un dernier regard au Soleil qui continuait paresseusement sa course dans le ciel, et une grimace vers l'immensité horrifiante que représentait l'océan pour Elesios, le décida à ranger sa lame tranchante dans son fourreau et quitter la demeure. Informant un servant et un garde qu'il allait en ville et reviendrait sûrement dans quelques heures, il leur demanda de le prévenir si Ser Baratheon partait avant son retour, sans vraiment savoir s'il avait le droit de leur poser une telle requête. A l’extérieur, un jeune garçon sella rapidement sa monture qu'on avait pansé et nourrit. Peu importe qui l'hôte était, il étai grandement bienveillant.

En quelques minutes, Elesios rejoint un quartier bondé de la ville de Pentos au petit trot. Il était déjà passé par là à son arrivée et l'agitation avait attiré son attention. Durran lui avait proposé en début de journée de visiter un peu cette ville portuaire, sachant très bien que ses affaires ennuyaient son compagnon. Elesios avait refusé et tenu à accompagné son ancien maître plus par habitude que par réel inquiétude ou intérêt. Habitué à chevaucher aux côtés du Prince, Elesios ne savait pas vraiment où aller ni quoi faire, mais son dédain pour l'océan le fit s'éloigner du port et son attrait pour l'agitation le mena dans une rue où le peuple de Pentos semblait s'être rassemblé pour profiter du soleil.
Le cavalier descendit et mena son cheval à la bride. Une fois pied à terre il pu apprécier les diverse étales montées sur les deux côtés de l'allée. Curieux, il s'approcha de chacun à la découverte de nouvelles choses. Ici des poteries, là des fruits séchés et des graines.

"Oh cavalier." l’interpella-t-on d'une voix mielleuse.
Une étale disposait d'une marchandise bien particulière. Allongées sur des coussins et des tapis posés à même le sol de la rue et enveloppées de soieries colorées, des femmes lui firent signe d'approcher. Protégées des rayons du soleil par une toile tirée au dessus de leur petit stand, le groupe de prostituées ressemblaient presque à de nobles demoiselles, profitant du temps dans leur jardin. Amusé, Elesios s'approcha.
Une jeune fille, encore trop jeune pour s'occuper d'un homme vint rapidement et délicatement saisir la bride de son animal pour le mener un peu plus loin et l'attacher. Prit au dépourvu, l'homme la laissa faire puis se décida à s'asseoir avec les dames de la rues.
"Bonjour mesdemoiselles." les salua-t-il joyeusement dans sa langue natale. Rester avec Durran et devant apprendre la langue commune était devenu un tel automatisme qu'il eu du mal à ne pas réfléchir à ses mots, mais rapidement, le haut valyrien lui revint en bouche comme le flot agréable d'un cours d'eau.
"Nous t'avons vu arriver cavalier, avec un autre jeune homme." Une femme à la peau ébène et lisse comme le tissu approcha de lui la démarche ondulante. Ses yeux clairs le fixaient à la façon d'un prédateur et un instant, Elesios se demandait si elle ne venait pas le manger plutôt que de lui faire du charme. Pourtant détendu et souriant, il la laissa s'approcher et lui poser une main sur le torse. "Ne vient-il pas se joindre à nous ?"
"Ah oui. Mais c'est un jeune lord vois-tu ? Les seuls synonymes de "plaisir" sont pour lui, "gloire" et "honneur"." répondit-il en laissant courir sa puissante main sur la courbe élancée de la charmeuse.
"Peut-être pourrions-nous lui faire découvrir un nouveau synonyme ? Tu va voir, je suis une excellente maîtresse." S'approchant au point de de lui susurrer les mots à l'oreille, la panthère se mit à lui lécher l'oreille et l'anneau qui s'y accrochait. Elesios se prêta au jeu quelques secondes mais ne put s'empêcher d'éclater de rire. Coupé dans sa danse du charme, la femme se redressa, intriguée et chercha l'approbation dans le regard de son futur client. Ce dernier soutint son regard, mystérieux, avant de céder à nouveau au rire.
Un souvenir l'avait frappé alors. La dernière femme qu'il avait eu était un jour avant son dernier combat dans la grande arène de Meereen. Une belle noble aux hanches bien plus fine que celle de la femme noire et à la chevelure dorée. Alors qu'il était gladiateur, il n'était pas rare que des femmes viennent courtiser le fort, sanglant et glorieux combattant. A ses débuts, femmes nobles comme de modeste famille se faufilait parfois dans sa chambre, ou alors qu'il attendait son tour à l'arène, mais plus il survivait de combats et plus des bijoux et des tissus raffinés recouvraient ces femmes. Le maître d'Elesios devait profiter de l'attrait pour les gladiateurs pour monnayer leur corps d'une autre matière que les combats. Bien qu'il n'ai jamais touché d'argent, ni cherché à avoir toutes ces femmes dans son lit, Elesios ne pouvait s'empêcher de voir la ressemblance qu'il avait avec ces femmes, allongées dans la rue.
L'histoire était longue, alors il ne prit pas la peine de la raconter mais répondit au questionnement silencieux de la pute en se redressant sous elle pour baiser des lèvres pulpeuses. Il lui sourit d'un air taquin avant de la saisir par la taille et la déposer sur le côté pour qu'il puisse se relever. "Une prochaine fois, alors." dit alors la femme avec une pointe de déception dans la voix.

"Non, si vous êtes assez patiente, dans quelques minutes ! Mais je ne te payerais pas en or. Je te payerais en grain de raisin, qu'en dis-tu ?" dit-il d'un air blagueur. La prostituée le dévisagea d'un air troublé mais ne s'offusqua pas. Restant silencieuse, elle tenta de trouver la logique dans les dires du cavalier. "Tu n'auras pas mon corps pour autant de grain de raisin que tu apporteras !" répondit-elle enfin.
"Je veux profiter de ta compagnie, de votre compagnie." dt-il en s'adressant finalement à l'ensemble des femmes se prélassant au soleil. "Vous avez là un coin sympa, le soleil, les coussins, laissez-moi en profiter et je vous apporte des raisins. Je ne vous retiendrais pas si vous trouvez meilleur client !" Étendant les bras comme pour se rendre, il essaya de montrer qu'il était inoffensif mais la longue épée et la hachette à sa hanche ternissait un peu son visage aux traits enfantin. "Je suis drôle et gentil. Je suis en fait une très bonne compagnie, tellement que vous devriez me payer du raisin." ajouta-t-il alors qu'aucune réponse ne lui était donné. Les femmes le dévisageaient toutes intriguées, certaines amusées, mais aucune hostile. Dans leur silence, il prit cela pour une autorisation et il leur adressa alors un clin d'oeil en pointant du doigt un étale qu'il avait vu quelques instant auparavant.

S'y rendant alors d'une démarche joyeuse, il acheta deux grosses grappes au marchant. Choisissant celles avec les grains les plus gros et ronds, il les tendit à l'homme qui les enveloppa dans du papier avant de lui tendre. Saisissant les pièces dans sa bourses, Elesios paya et s'empressa de revenir vers le petit harem. Il croisa un homme, gras et barbu, qui lui semblait bien déterminer à payer de l'or et non des raisins. Une des femmes se leva et vint à sa rencontre, connaissant surement son client. Le mena vers le bâtiment derrière leur petit stand, elle sourit à Elesios et se permit de prendre un grain de raisin avant de se consacrer à son client. Heureux d'avoir au moins une femmes appréciant son système, le combattant alla pour retrouver sa place sur les coussins. Avant de se laisser tomber, il vit une femme passer à côté de lui dans sa robe soyeuse et l'attrapa délicatement par les hanches.
"Du raisin ?" proposa-t-il joyeusement sans se rendre compte que cette demoiselle là, ne faisait pas parti du groupe.

Il sentit qu'on retirait vivement sa main avant même de sentir la lame effilée appuyer doucement contre la peau de sa gorge. Surpris, le combattant eu le réflexe de se figer et ainsi éviter la coupure alors que son cerveau finissait de comprendre son erreur. Ses yeux sombres vinrent chercher le visage de la femme en colère. Il ne put réprimer un sourire à la vue du joli minois qu'il avait offensé, peu inquiété par sa lame. Il n'était pas persuadé que la belle femme ne lui trancherait pas la gorge car son regard tout aussi sombre que le sien ne témoignait d'aucune hésitation. Son couteau suivait avec expertise les micro-mouvements de sa cible pour ne pas perdre d'intensité dans la menace. Mais, habitué aux dangers de morts, Elesios n'exprima aucune peur ni inquiétude. S'il était pour lui l'heure de mourir, il préférait exhiber son plus beau sourire à cette si charmante attaquante.

La femme à peau d'ébène intervint, calmant la jeune femme d'une simple caresse et de quelques mots de sa douce voix. Alors que l'autre lui répondait, Elesios se demanda un instant si les deux femmes ne se connaissaient pas déjà et s'il avait réellement fait une erreur en prenant l'inconnue pour une prostituée. La lame disparue ainsi qu'un raisin dans le sac d'Elesios qui n'avait finalement, toujours pas réagit. Comme se réveillant d'un rêve, il cligna les yeux plusieurs fois, exhibant toujours son sourire un peu bête avant de reprendre sa respiration. Il remarqua qu'il avait inconsciemment porté sa main gauche à sa ceinture, empoignant sa hachette, et s'empressa de la lâcher. Abîmer une telle beauté ? Quelle mauvaise idée.
"Vous êtes une femme dangereuse." expira-t-il d'un air à la fois réprobateur et impressionné. "Pardon pour cette méprise, j'ai agis sans réfléchir."

La prostitué vint se coller à lui dans une attitude à la fois protectrice et rassurante et Elesios l'entoura de son bras, heureux de pouvoir se soigner de ce violent rejet. Son regard pourtant n'avait pas quitté le beau visage de l'inconnu, partagé entre l'admiration et la méfiance. Il porta ensuite sa main à sa gorge pour effleurer l'endroit où la lame l'avait effleurée. Il y sentit le piquant de sa barbe mal rasée mais aucune blessure. "De l'acier valyrien ?" remarqua-t-il alors. Le poignard n'avait passé sous son regard qu'une fraction de seconde mais Elesios avait bien reconnu le métal des armes les plus raffinées. A nouveau admiratif, il boudait tout de même le fait qu'une femme soit mieux armée que lui.

La conversation ne sembla pas intéresser la putain qui de permis de piocher délicatement dans le sac de raisin. Elesios, se rappelant alors ce qui avait précédé le petit incident, réalisa enfin que la belle jeune femme lui avait chipé un grain de raisin. Loin d'être offusqué, il y vit plutôt une amusant opportunité. "Le saviez-vous ? Si vous mangez ce raisin, j'ai le droit de jouir de votre compagnie ! Rien de tactile, je ne voudrais pas me trouver sous votre lame à nouveau, mais accordez-moi quelques mots. Je suis curieux de savoir pourquoi une si belle créature possède une telle arme."
Se laissant enfin tombé à sa place d'origine aux côtés de Panthère, il tapota un gros coussin à ses côtés pour inviter l'inconnue à s'asseoir près de lui. "Je suis drôle et gentil." insista-t-il avec son regard aux airs enfantins. "Et j'ai du raisin, maintenant." ajouta-t-il, ce qui ne manqua pas de faire pouffer quelques filles.

L'air grognon de la belle femme ne faisait qu'amuser plus encore le joyeux gladiateur. Ayant toujours vécu dans les combats et l'adversité, se sentir menacer était devenu si habituel pour Elesios que c'en était devenu confortable. Toujours pas habitué au calme et à la paix que ses longs voyages dans le vaste monde auprès de Durran, le combattant de Meereen était décidément content d'avoir profiter de ce moment pour se détacher un peu de son ancien maître et profiter de l'ambiance familière des cités libres.
A ses mots, l'agressive sembla se renfrogner mais ne réagit pas plus. A part pour son coup de colère, la jeune femme semblait mesurer ses actions et ses mots face à un homme qui pourtant s comportait comme bon lui semblait. Médusé par la femme qui avait tiré un couteau sous sa gorge, il ne s'était pas du tout soucié des passants qui les avaient remarqué. Il les vit se décider à repartir lorsque la tension était redescendue et c'est seulement alors qu'il se rendit compte qu'ils avaient créé une petite scène peu vendeuse pour le stand de femme.
Mais un peu de raisin juteux et tout est pardonné non ? En tout cas, lorsqu'il retrouva sa place, quelques filles s'approchèrent pour profiter des fruits du marché. Heureux d'être ainsi entouré, le gladiateur se permit une petit caresse tendre sur une hanche et sur un épaule comme pour les remercier d'accepter de l'accompagner. Elles, ne le menacèrent pas d'une arme et lui rendirent de petits sourires charmeurs.

Elesios se mesura lorsque la belle inconnue se décida à se laisser aux plaisirs de l'oisiveté avec lui et les autres femmes. Il ne la craignait pas, mais il préférait éviter de nouvelles surprises en minimisant les actions qui pourraient à nouveau l'offenser. Il lui sourit, encre une fois, pour lui signifier qu'il était heureux de l'avoir à ses côtés. Il voulu même pousser le geste en posant un bras amical autour de la silhouette élégante de la jeune femme, mais la tête posée délicatement sur son torse, la panthère semblait avoir élu sa place dans les bras de son non-client et lui empêchait se geste. Généreusement, Elesios lui tendit le sac de raisin et le posa près d'elle avant de venir y piocher une petite branche pour lui-même.

"Vous savez déjà deux choses de moi j'aimerais en savoir autant sur vous ! Mais il serait mal poli de questionner avant de me présenter. Je me nome d'Elesios et je viens de Meereen." dit-il alors en réponse à la remarque de son interlocutrice.
Les noms étaient une chose à laquelle Elesios n'avait jamais accordé réelle importance. Il ne connaissait d'ailleurs pas le nom de la moitié des gens qu'il avait croisé dans sa vie. Son nom, Elesios, il n'était même pas sûr de l'avoir bien retenu au fil des années. Pourtant face à cette femme aux allures raffinées, il se surprit à prendre exemple sur son compagnon de haut rang, le prince Baratheon. Toujours droit et expert dans l'art des manière, le jeune homme ne manquait jamais de citer son nom et d'étaler ses titres avant d'engager quelconque conversation importante. Elesios n'avait pas de titre, et la conversation avait débuté depuis un petit moment avant qu'il songe à se nommer, mais c'était déjà un petit progrès. Il espéra que la jeune femme suive la danse et lui permette de connaitre au moins son nom.

"Ce poignard alors. Du magnifique métal et vous ne semblez pas le brandir pour la première fois. Je ne sais quelles questions vous poser tant vous m'intriguez !" dit-il alors en éclatant d'un rire léger. Il porta un rapide coup d'oeil là où la femme avait rangé l'arme mais il ne vit que les courbes élégantes de son interlocutrice. Il dû prendre un grain de raisin pour détourner son attention de ce corps et il eu un petit sourire d'excuse avant de poser le fruit dans sa bouche, espérant n'avoir à nouveau offensé la dame.
Le raisin eu l'effet escompté ceci-dit lorsque Elesios croqua dedans et sentit le jus sucé se répandre dans sa bouche. Surprit comme un homme n'ayant jamais mangé de raisin, il écarquilla les yeux et laissa échapper un grognement de délectation. "Oh, ce raisin ! Mesdames je mérite bien plus qu'un coussin pour ce délice ! Non ?" s'exclama-t-il en plaisantant.
Les prostitués gloussèrent et un client pouffa alors qu'on l'accompagnait à l'intérieur, mais ce fut vers la sombre femme que le regard d'Elesios se tourna. Son sourire s'affaiblit même et il l'observa, comme s'il attendait de voir son amusement avant de se permettre de profiter pleinement de sa propre plaisanterie.

Panthère cependant ne prit pas la remarque seulement pour rire et vint remonter doucement vers le visage d'Elesios pour lui déposer un langoureux baiser. Partagé entre la joie de profiter du geste tendre et l'embarra de profiter devant celle qu'il avait prit à tord pour une putain, il répondit avec ardeur au baiser sans pour autant détourner son regard du visage de la femme au poignard.
Lorsqu'enfin, la femme d'ébène détacha ses grandes lèvres de celle d'Elesios, elle chercha un peu de désir qu'elle aurait pu faire naître chez son potentielle client, mais ne trouva que de grands yeux rivés sur une autre. Déçu mais pas découragée pour autan, elle reposa sa tête su son torse et se servit de raisin. Elesios lui caressa doucement la chevelure, mais de son aure mains, la pointa du doigt à l'intention de l'inconnu. Comiquement, il chuchota "Elle veut mon or !"

De la belle jeune femme, il n'arriva a extirper avec toute ses fanfaronnades, qu'un nom : Illyria. Bien qu'elle se présenta comme dénuée de gentillesse et d'humour, elle ne manqua pas de faire sourire Elesios ainsi que les autres filles qui écoutaient curieusement leur conversation. La moue grognonne de la jeunae femme la rendait plus intrigante que d'autres qui n'hésitaient pas à se dénuder et à jouer de leurs hanches pour attirer l'attention. Illyria avait des armes redoutables en tant que femme et pourtant, c'était pour l'acier plus que la chair qu'elle avait misé pour faire sa vie. Une idiotie selon certains, un luxe selon d'autres. Elesios, lui, était plutôt heureux de découvrir chez une femme, une autre facette que les ébats et les bijoux.
Mais la belle femme fut tout aussi renfermée quant à exhiber son arme qu'à jouer de ses charmes. Froide et mystérieuse, elle empêcha son interlocuteur de déverser ses pourtant nombreuses questions. Elle précisa qu'elle ne "saurait" répondre à ses questions, mais Elesios l'entendit comme un refus simple de se dévoiler. Déçu, Elesios se garda de poser ses questions sur cette arme qui l'intriguait presque autant que la femme qui le portait, pour l'instant.

Soignant sa frustration avec un délicieux grain de raisin, il se tourna vers un public qui appréciait plus sa comédie. Plusieurs prostituées vinrent piocher dans le sac de fruit, mais Panthère pensa plus intéressant de venir piocher son jus dans la bouche d'Elesios. Celui-ci pensait pourtant avoir été clair quant à ses intentions. Tant qu'on se satisfaisait de ses raisins, il ne s'empêcha pourtant pas de goûter à nouveau aux lèvres pulpeuses de Panthère.
Alors qu'il chercha à plaisanter avec Illyria qui, réservée et indifférente ne s'était pas mêlée à l'enthousiasme commun, celle-ci lui répondit avec son habituelle suffisance, mais habilla le tout d'un sourire ravissant. Soudain, Elesios se surprit à bien vouloir alléger sa bourse pour profiter de ces belles lèvres qui dansaient pour dicter chaque syllabes sans laisser échapper de son. Elle avait pourtant clairement signifié qu'elle ne donnait pas là dedans. Dommage.

"Du raisin. Par exemple. Il est si délicieux et parfait pour ce soleil qu'il serait dommage de ne pas en profiter en cherchant à avoir plus." répondit-il, joyeux et plaisantin. Comme pour illustrer son propos, il prit un grain pour le tendre à la femme noire qui, docile, le prit et le posa entre ses lèvres avec un sourire. "Ou peut-être est-ce une méprise ? Peut-être cherche-t-elle simplement à me consoler de votre si froide compagnie." plaisanta-t-il à nouveau en se rapprochant doucement d'Illyria.
A nouveau complice dans la conversation, Panthère vint se blottir contre l'épaule du combattant en déposant un petit baiser contre sa nuque. Quelle étrange sensation d'être ainsi désiré d'un côté, et rejeté de l'autre.
"Dites-moi donc, Illyria. Vous ne répondrez pas à mes questions sur votre poignard, vous ne voulez pas en dévoiler plus sur votre personne et, à ce que j'observe, le raisin ne vous intéresse pas tant que ça. Peut-être est-ce vous qui vous intéressez à mon or."
Provocateur cette fois-ci, il fixa les pupilles grises de la jeune femme avec un petit sourire. Insinuant une nouvelle fois, qu'Illyria puisse appartenir au groupe de prostitués, Elesios savait qu'il risquait à nouveau d'être menacé de la lame tranchante du couteau. Mais après tout, s'il devait jouer ainsi des nerfs de la mystérieuse femme de pierre pour obtenir plus d'information sur elle ou son poignard, il n'hésiterait pas.

"C'est vrai." se contenta-t-il de confirmer lorsque Illyria remarqua qu'il ne cessait de la fixer alors qu'une autre femme peinait à le rendre désireux. Panthère ne s'offusqua pas, après tout, c'était son métier de vendre ses charmes et il y avait beaucoup de clients peu intéressés dans ce vaste monde.

Dans les yeux de la jeune femme, Elesios eu le plaisir de voir briller une étincelle de colère, mais pas plus. Son jeu semblait avoir été trop évident et bien que difficilement, Illyria ne réagit pas. Alors qu'elle arrêta le court mouvement qui menait sa main à sa dague, elle le dévisagea, immobile. Déçu, Elesios soupira, encore un nouvel échec.
Mais étrangement, alors qu'elle réussi à contrôler sa colère, la belle brune se pencha doucement vers lui, une expression prédatrice sur son visage magnifique. Intrigué, le gladiateur l'observa se rapprocher, doucement. Il savait que ce sourire satisfait ne présageait rien de bon, mais il n'eu aucune réaction autre que sentir son coeur cogner contre sa poitrine. Panique ou désir ? Quoi qu'il en soit, il resta figé, pressé de découvrir ce que l'étrange femme lui réservait pour lui avoir à nouveau manqué de respect.
Alors qu'elle plus qu'à quelques centimètres de son visage, elle s'exprima d'un voix douce envoûtante et pourtant pleine de menace. L'homme ne s'inquiéta même pas lorsqu'elle mentionna le fait que Panthère puisse voler sa bourse alors qu'elle se frottait si langoureusement contre le corps du combattant. Obnubilé par la belle menace, il resta béa. Le baiser rassurant de la pute vint le sortir de sa transe et, nerveux, Elesios laissa échapper un petit rire. La femme n'avait eu besoin de sortir sa lame pour lui faire le même effet. La gorge sèche, le souffle court, le combattant l'observa comme s'il s'agissait d'un animal sublime et exotique, venant d'une contrée lointaine. Il avait connu des femmes, beaucoup de femmes. Mais celle là quelle femme !

Mais alors qu'il la suivait du regard alors qu'elle regagnait sa place, l'excitation descendit doucement pour ne laisser place qu'à la frustration d'un nouveau refus. Elle ne voulait pas d'or, pas de sexe, pas de raisin et pas de révélation. Laissant échapper un long soupir pour calmer son coeur affolé, Elesios s'enfonça dans les coussins, la moue boudeuse. Que veux donc une telle femme ? C'était bien trop compliqué pour qu'il ne le sache jamais.
Comme abandonnant l'idée de lui faire la conversation, l'homme laissa son enthousiasme se taire un instant, fixant d'un air absent le plafond en toile du stand. Contre lui, il pouvait sentir le corps de la prostituée se soulever et s'abaisser au rythme de sa respiration, mais ne profita pas de sa présence plus que d'une simple couverture. Quelques secondes passèrent dans le silence que pouvait offrir la rue bondée. Doucement, les yeux sombre d'Elesios revinrent chercher la silhouette d'Illyria. Des yeux d'enfants, curieux, mais aussi des yeux d'hommes, désireux.

"Que voulez-vous, alors ?" demanda-t-il alors, oubliant à nouveau que toutes ses questions n'avaient eu que des réponses décevantes.

Elle lui répondit avec un sourire, une nouvelle fois sans répondre. La moue d'Elesios s'agrandit. Il savait bien que c'était une excellente question car elle suscitait en lui tant de curiosité. Tel un enfant, il grommela et s'enfonça plus encore dans ses oreillers, mangeant au passage trois grains de raisins sans en esclaffer de joie.
Illyria sembla remarquer son renfrognement car, avec douceur, elle tenta d'apporter une réponse plus satisfaisante et pourtant tellement décevante.
Boudeur, Elesios voulu presque lui interdire de prendre un raisin, mais il ne fit rien, se contentant de de renifler puérilement. Elle ne voulait rien de lui et pourtant, lui voulait tant d'elle. Comment pouvait-on susciter tant de curiosité sans rien dévoiler ?
Mais alors qu'Illyria tenta une nouvelle fois de répondre au boudeur, les sourcils du combattant s'élevèrent sur son front. Surprit, il n'osa même pas être heureux tout de suite en apprenant que sa compagnie n'était pas déplaisante. A force, de se voir rejeté, il cru un instant à une blague mais le petit sourire d'Illyria l'en dissuada. Heureux, il sembla tout d'un coup regagner toute son énergie.
"Me faire languir, voilà ce qui vous plait !" s'exclama-t-il en gigotant. "Mais soit ! Je saurais m'en accommoder."

Rassuré, il sentit tout d'un coup que la conversation avait enfin prit, mais il se rendit rapidement compte qu'Illyria ne s'était pas soudainement changée en prostituée ou en femme bavarde. Élégante et alerte, elle restait toujours aussi inaccessible. Elesios ne s'en offusqua pas cette fois et eu un petit sourire malgré la déception. Cherchant quelque chose à dire, il piocha dans son sac de raisin. Les questions ne marchaient pas, alors que pouvait-il bien dire sans questionner la demoiselle ?
"J'espère que la dame de mon cher ami sera plus enclin à répondre à ses réponses à lui." laissa-t-il échapper alors que son esprit alla vagabonder ailleurs. Trouvant son sujet de conversation, il se redressa vers Illyria, souriant et enthousiaste. "Je saviez-vous ? Il est dans cette cité, une créature des plus envoûtante. Une princesse, d'une beauté incomparable. Enfin, ce sont des dit-on..."
Lui même n'avait pas eu le privilège de poser les yeux sur cette merveille que lui avait décrite Durran à leur arrivée à Pentos. Se tournant vers le groupe de prostitué, il espéra en apprendre plus bien qu'il savait qu'il n'avait qu'à patienter que Durran finisse avec sa princesse pour en entendre parler des mois durant. Il n'y eu pas vraiment de réaction du côté des putes qui semblèrent désintéressées. Elles auraient été curieuse si elle ne savait pas de qui il s'agissait, mais elle eurent l'air de bien savoir et de préférer ne pas y prêter attention. Une magnifique fille, pour des putes ça ne devait pas être bon pour les affaires ?

Panthère elle-même qui s'était accrochée tout ce temps, saisit le sac en papier pour le déposer sur le torse du gladiateur. Elle se releva, se détachant enfin d'Elesios. "Plus de raisin." remarqua-t-elle d'un ton mielleux et pourtant distant, comme si elle donnait là sa dernière invitation. Soupirant doucement avec un sourire navré, Elesios en rigola. "Gourmandes, vous auriez pu faire durer le plaisir !"
Il se releva alors avec agilité, saisissant son sac vide au vol et les salua d'un signe de main auquel il s'était habitué dans l'arène. La petite fille lui ramena rapidement sa monture par la bride, mais le cavalier se rappela alors d'Illyria qu'il ne pouvait quitter de même manière que les autres femmes sans risque de l'offusque à nouveau. Il se retournant vers elle et haussa les épaules d'un air désolé.
"C'est ainsi qu'on me chasse ! Ce fut un plaisir d'en savoir même aussi peu soit-il de vous, Illyria." Il se rappela alors de la formule de politesse commune qu'il avait observé et apprit auprès de Durran. Il se courba doucement et se releva vite, encore peu rassuré d'exposer sa nuque à une femme armée et dangereuse.