An 293-10eme lune-semaine 4-jour 2

(La demeure Desdaings et ses alentours)






La demeure Desdaings baignait dans la lumière orangée de la fin de l'après-midi. Les jardins qui entouraient la batisse aux murs immaculés étaient vides. La quiétude du moment n'était troublée que par le bruits presque lointaings de la vie du port. Les habitants du château de lord Dedaings étaient les seuls témoins de l'agitation qui règnait à l'intérieur. Des cris retentissaient à intervals réguliers, des bruits de pas résonnaient dans les couloirs. Des servantes, par groupe de deux ou de trois, fouillaient à la hâte les innombrables chambres et salons, leurs robes légères flottant derrière elles. Surgissant d'un escalier, Alyssa détala comme un lapin, semant sans difficulté la septa qui venait de la repérer. Car c'était bien elle, du haut de ses neuf ans, qui était la cause de la panique générale qui avait envahi la demeure. Ce n'était pas l'enfant qu'elle était qui inquiétait tant les serviteurs qui essayaient en vain de l'attraper, mais plutôt sa mère, lady Desdaings, dont tout un chacun craignait la colère. La vipère avait en effet fait la demande d'une robe pour sa rejeton, en vue de la future venue de quelques nobles chez les Dedaings. Si la couturière avait cru un instant que la petite resterait sagement debout sur le tabouret le temps qu'elle finisse d'ajuster la robe rose pale à la petite taille de l'enfant, elle s'était vite rendue compte que la capacité à attendre de la jeune lady était inexistante. C'est la remontrance d'une septa qui essaya de calmer la fougue d'Alyssa qui déclencha une nouvelle crise de colère de sa part. Ainsi apparut le chaos. Refusant de continuer cette séance de torture, la jeune Desdaing s'était échappée, et depuis presque deux heures elle était introuvable. La jolie robe était à présent à moitié déchirée, les voiles s'étant à plusieurs reprise retrouvés coincés dans des portes de placard ou pris sous les pieds de la petite fille.

Nullement fatiguée de courrir, le jeu qu'elle s'était créé l'amusait de plus en plus, et c'est en riant qu'elle traversa la grande salle où avait lieu les banquets. Faisant un tour sur elle même, elle put constater que personne n'était à ses trousses, du moins pour le moment. D'un pas assuré elle pris les escalier, et sautilla en passant dans les cuisines, où heureusement pour elle, personne n'était au courant de la battue organisée en son honneur. Sortant de la demeure par la porte de service, elle arriva dans la cour où donnaient les écuries. Elle passa devant les boxes, s'amusant à carresser les chanfreins duveuteux des destriers qui étiraient leur encolure, l'air curieux, vers la petite.
-Lady Desdaings!

La vois forte et essouflée de la septa lui parvint aux oreilles comme un claquement de fouet. Le ton sans appel, qui respirait la punition à venir, était un nouvel encouragement à la fuite pour Alyssa, qui reprit sa course folle, mais sans s'en amuser cette fois-ci. Profitant de l'arrivée d'une cariole qui apportait au château une impressionante cargaison de fruits, elle fila entre les doigts des gardes et franchi la porte de bois. La petite terreur courrait dans les rues de la ville, les gardes et un bon nombre de serviteurs sur les talons. Sa taille lui permettait de se faufiler sans effort entre les marchands et habitants de beaumarchais, tandis que ses poursuivants peinaient à se frayer un chemin. Mais sa fuite fût stoppée lorsqu'elle se sentie soulevée de terre, pour se retrouver prisonnière des bras d'un soldat qui était arrivé juste à temps pour lui barrer la route. Rouge de colère, l'enfant capricieuse se mis à hurler comme une damnée, et à frapper de ses petits poings rageurs la cuirrasse du soldat, au risque de se blesser. Les gardes étaient habitués à ce genre de scène, ainsi que les habitants de la ville. Les crises de la petite Desdaings, ainsi que ses escapades, ne suscitaient plus que l'attention de quelques marchands étrangers, qui n'en croyaient pas leurs yeux.

Alessander était rentré depuis peu à bon port. Revenu d'un tournois où il avait regardé son père vaincre, sans pour autant participé, à la grande peine de nombreuses jeunes filles, il revenait les yeux emplis d'étoiles et une seule envie, repartir. Si Beaumarché lui avait plus pendant longtemps, il se sentait aujourd'hui prisonnier des murs du château. L'héritier songeait de plus en plus à fuir mais une seule personne le retenait encore ici. Seulement deux jours et il pensait déjà à repartir. Imaginant la mine désapprobatrice qu'aurait fait sa génitrice, Alessander esquissa un petit sourire en coin que personne ne pu voir. Il la voyait à la perfection, toujours parfaite, toujours outrée dans ses tenues de soie tellement fine et emplies de tellement de promesse. Si le jeune garçon gardait ses pensées secrètes, elles ne l'en effrayaient pas moins.

Le brun n'était pas rentré pour se tourner les pouces et il s'ennuyait déjà fermement. Il détourna rapidement ses prunelles océaniques de l'ouvrage inintéressant posé sur une table ouvragée de la bibliothèque familiale. Évitant le cygne blanc qui semblait le juger du regard, il plongea sur l’extérieur. Le soleil caressait l'horizon et Alessander eu un nouveau sourire. Quoi de mieux que la fin d’après midi pour, qu'auréolé de flamme, il selle son cheval et s'envole plein galop dans les mystères de terres du Conflans. Le jeune homme, mué par une fougue qu'il ne devait qu'à son père, sourd aux cris qui emplissaient petit à petit le château prit la direction des écuries. Il offrit son sourire si charmeur aux dames de compagnie.

L'étalon était comme baigné dans le feu. Il était si beau que l'héritier caressa son chanfrein avec délice. Nous partirons tout les deux, aussi fiers et forts que peuvent l'être deux êtres emplis de liberté mon beau. Les paroles du brun n'étaient pas des mensonges. Il avait bien prévu de partir et de ne revenir que s'il y était obligé. Mais il y avait Alyssa. Il ne pouvait laissé sa si jeune sœur entre les griffes de leur mère. Il ne pouvait la laisser devenir aussi cruelle que la vipère. S'il aimait profondément sa mère, il savait qu'il devait s'en méfier comme de la peste. L'innocence et la sauvagerie de sa petite sœur la rendait terriblement attachante.

Le destin nous joue parfois bien des tours. C'est ce que pensa Alessander lorsqu'il vit la petite princesse qui occupait ses pensées détaler comme un lapin lorsqu'elle entendit son titre. Elle ne l'avait surement pas vu et le jeune homme en aurait rit dans d'autre citation. Là, il savait juste que la jeune Desdaings s'était mise dans un sacré pétrin. Il décida de la suivre, bien avisé de savoir ce qu'il adviendra de sa jeune sœur et terrifié à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Le brun se hissa sur son cheval alezan et, d'un simple mouvement de la tête, offrit aux palefreniers encore présents l'ordre sec de lui ouvrir. Il lança l'animal à plein galop. Alessander était fier de sa monture et surtout des reflets enflammées qui naissaient sur sa robe. Il se sentait beau comme un dieu lorsqu'il chevauchait. Vêtu à la mode de Beaumarché, inspiré des vêtements de sa mère, il sentait la soie de sa chemise caressé son torse déjà finement dessiné. Les lanières de cuir qui empêchaient le vêtement de s'ouvrir trop grandement lui fouettaient le visage dans sa course et pourtant, il ne se laissait pas de galoper, s’imaginant chevalier du titre de Jaime Lannister, parcourant le monde et les tournois. Même s'il n'était encore qu'un "jeune" homme, il se voulait déjà vieux et seigneur de ses terres.

Se furent les cris qui, sans aucune stupeur de la part du Desdaings lui permirent de trouver sa sœur. Elle se débattait comme un beau diable et le tableau fit sourire une nouvelle fois Alessander. Alyssa était une petite peste capricieuse et pourtant, il l'aimait plus que nulle autre. Elle était sa petite princesse. Approchant sa monture de la scène, il prit la parole :

Je vous prierai de la relâcher Dickon. Je m'en occupe.

Si Alessander n'avait pas encore l'autorité naturelle qui faisait de son père un parfait meneur d'homme, il n'en restait pas moins l'héritier du seigneur de Beaumarché. Le garde lui obéit dans l'instant et laissa la jeune fille là, comme si de rien n'était, avant de reprendre le travail qui lui incombait. Si on lui demandait dans quelques heures s'il avait vu la petite, il répondrait surement que non. Mais cela, le cygne noir s'en fichait. Avec un sourire pour sa sœur, il lui tendit la main et lui lança, taquin :

Allez monte petite princesse. Je pense que tu préfères fuir les hurlements des septa au moins jusqu'au repas. Allons galoper.

La petite lady continuait de s'époumoner, et elle était si appliquée à faire savoir à la ville entière qu'elle était en colère, qu'elle ne se rendit pas compte de l'arrivée de son frère ainé. Faisant voler les pans déchirés de sa robe, d'où tombaient les dernières épingles, elle se bornait à donner des coups tantôt sur la cuirasse du garde, tantôt dans le vide, dans l'espoir que ses poings trouveraient un serviteur, ou bien encore un autre soldat, qui se serait approché un peu trop près. Ce n'est que lorsque ses pieds touchèrent à nouveau terre qu'elle cessa de s'agiter, sa colère laissant la place à la crainte que cette liberté retrouvée ne soit due à l'arrivée de celle qui lui faisait si peur, la vipère des Conflans. Elle leva la tête, et ses yeux croisèrent le regard tout aussi bleu de l'héritier des Desdaings. Il avait été absent pendant des semaines. Parti avec leur lord de père pour participer aux festivités d'un tournoi. Une nouvelle déception et un autre caprice pour Alyssa, qui brulait d'envie de découvrir ce qui se trouvait en dehors de Beaumarché. Encore une fois, elle était restée dans la demeure des cygnes, à regarder les serviteurs et les soldats préparer les chevaux et les bagages, pour un voyage dont elle ne ferait pas partie. Pendant les premiers jours qui avaient suivis les départs des hommes de la famille, elle avait fait du quotidien de ses servantes un véritable enfer, cassant tout ce qui lui tombait sous la main lorsqu'elle était fatiguée de crier.

Mais lorsque son ainé l'invita à chevaucher avec lui, elle en oublia toute la rancune qu'elle s'était promis de lui faire gouter lorsqu'il reviendrait. Sautillant jusqu'au magnifique alezan, elle tendit ses bras fins vers l'héritier, qui la hissa sur sa monture. Assise à califourchon devant Alessander, elle admira la crinière semblable a des flammes, ses yeux parcourèrent avec envie l'éclat de lumière qui dessinait la musculature de l'encolure du destrier. Alors que les autres filles de son âge révaient des chevaliers dont les exploits étaient connus à travers tout Westeros, rien au yeux d'Alyssa n'égalait la beauté des montures de ces héros. Montée sur l'alezan, elle se délectait de voir ainsi le monde d'en haut, invincible. Elle sentie l'étalon se tendre alors qu'Alessander le talonnait, le martèlement des sabots suffirent à leur créer un chemin à travers la foule, ils quittèrent les rues encombrées de la cité marchande pour entrer dans les bois qui l'entouraient. Riant aux éclats alors que le galop se faisait de plus en plus rapide, elle s'amusait à passer ses doigts dans les crins virevoltants de l'animal, appuyant son dos contre son frère, retrouvant son odeur familière et rassurante. Elle posa ses mains sur celles de son frère, s'imaginant le jour où elle tiendrait les renes d'un destrier qui serait sien. Les bruits de la ville se firent lointains, et Alessander mit fin à la cavalcade.

"Alors c'était comment dit?!" Brisant la quiétude des sous bois, Alyssa leva ses grands yeux vers son frère, lui assénant d'une seule traite tout ce qu'elle aurait voulu lui dire pendant son absence."Tu as participé au tournoi? Oh, et pour papa ça s'est passé comment? A-t-il gagné? Il a blessé des chevaliers? Y avait du sang? -beaucoup j'imagine, ça devait être drôle de voir les filles crier-Il montait lequel de ses chevaux dis?- le gris, non, le bai je suis sûre- Et tu as vu beaucoup de gens importants? Ils vont venir nous voir?- Parce que moi je m'ennuie ici, je vois jamais personne. Heureusement qu'il y a Isendre quand t'es pas là- Est ce que la prochaine fois je pourrai venir avec vous? Je suis assez grande maintenant non? Moi aussi je veux voir les chevaliers! -Ah aussi, la semaine dernière, une des septas a voulu m'apprendre comment me comporter avec les lords, pas les lady,les lords. Je lui ai demandé pourquoi les lords en particulier, et elle m'a repondu que c'était parce que bientôt je serai fiancée à un lord et qu'il faudrait bien que je sache comment me tenir. Alors je lui ai dit que je ne pourrais pas me fiancer. Elle m'a demandé pourquoi, et je lui ai dit que puisque j'allais devenir un grand chevalier, que j'allais faire voeux de ne pas me marier, comme les héros des histoires. Et là elle m'a dit que c'était impossible que je devienne chevalier -parce que je suis une fille- et du coup j'ai voulu lui montrer que j'étais aussi forte qu'un garçon, alors j'ai pris un bout de bois- un gros- et je l'ai frappée avec, comme je t'avais vu faire à l'entrainement, mais ce n'était pas une vraie épée, elle ne saignait pas, mais elle s'est mise en colère, et elle a voulu me punir. Alors j'ai courru-tu sais cette septa, elle a une trique pour punir- je suis allée me cacher dans les réserves, j'y ai presque passée la nuit.- J'avais de quoi manger du coup j'étais bien dans ma cachette- Mais c'est ce cafard de commis qui a du leur dire que j'étais là, je suis sûre que c'est lui...Elle était en chemise de nuit lorsqu'elle est venue dans ma chambre, et là elle m'a punie. J'ai même pas pleuré." Elle détourna le regard pour suivre des yeux l'envol d'un geai qui passa sous le nez de l'alezan. Bien entendu elle mentait. Elle avait beaucoup pleuré ce jour là, et sous les lambeaux de voiles roses, son corps portait encore les marques de cette punition."Après ça, mère est venue me parler. Elle m'a dit que j'étais née fille, et que mon destin était d'épouser un lord, de devenir femme, de devenir mère, et que le plus grand accomplissement de ma vie serait de donner naissance à un héritier mâle pour mon époux, que je le veuille ou non."

Le cygne noir sourirait à sa sœur, plein d'assurance et de fierté. Il n'était qu'un jeune homme, mais elle encore plus et pourtant, la vie qui lisait sur son corps, dans ses yeux, il savait qu'elle voulait mordre à pleine dents dedans. Alessander savait très bien qu'être née femme avec le caractère qu'avait Alyssa était une très mauvaise idée. Mais il ne pouvait juger. Il était même plutôt fier d'elle car elle n'obéissait à rien et tout ce qui pouvait donner du fil à retordre aux septas était pour lui le meilleur moyen pour en rire encore et encore. Il regarda tendrement sa petite sœur alors qu'elle grippait sur sa monture, un sourire en coin étirant ses lèvres. Si Cerenna avait su ce que s’apprêtait à faire sa fille, avec l'approbation de son grand frère, elle se serait arraché la moitié de son opulente chevelure. Mais les deux bruns aux prunelles d'azurs étaient seuls et Alessander savait pertinemment qu'il n'y aurait personne pour les déranger.

Il talonna sa monture, sentant les muscles puissants de l'étalon rouler sous ses cuisses. Dieu qu'il aimait ce cheval. Le soleil qui enflammait son encolure comme sa robe et ses foulées, comme s'il voulait engloutir la distance, engageant comme jamais il ne l'avait vu faire. Dire qu'il avait connu sa monture tout poulain et que son père lui avait appris à le dresser de lui-même. Aujourd'hui, l'héritier pouvait être fier de ce qu'il avait fait de cet animal empli de potentiel.

"Alors c'était comment dit?! Tu as participé au tournoi? Oh, et pour papa ça s'est passé comment? A-t-il gagné? Il a blessé des chevaliers? Y avait du sang? -beaucoup j'imagine, ça devait être drôle de voir les filles crier-Il montait lequel de ses chevaux dis?- le gris, non, le bai je suis sûre- Et tu as vu beaucoup de gens importants? Ils vont venir nous voir?- Parce que moi je m'ennuie ici, je vois jamais personne. Heureusement qu'il y a Isendre quand t'es pas là- Est ce que la prochaine fois je pourrai venir avec vous? Je suis assez grande maintenant non? Moi aussi je veux voir les chevaliers! -Ah aussi, la semaine dernière, une des septas a voulu m'apprendre comment me comporter avec les lords, pas les lady,les lords. Je lui ai demandé pourquoi les lords en particulier, et elle m'a repondu que c'était parce que bientôt je serai fiancée à un lord et qu'il faudrait bien que je sache comment me tenir. Alors je lui ai dit que je ne pourrais pas me fiancer. Elle m'a demandé pourquoi, et je lui ai dit que puisque j'allais devenir un grand chevalier, que j'allais faire voeux de ne pas me marier, comme les héros des histoires. Et là elle m'a dit que c'était impossible que je devienne chevalier -parce que je suis une fille- et du coup j'ai voulu lui montrer que j'étais aussi forte qu'un garçon, alors j'ai pris un bout de bois- un gros- et je l'ai frappée avec, comme je t'avais vu faire à l'entrainement, mais ce n'était pas une vraie épée, elle ne saignait pas, mais elle s'est mise en colère, et elle a voulu me punir. Alors j'ai courru-tu sais cette septa, elle a une trique pour punir- je suis allée me cacher dans les réserves, j'y ai presque passée la nuit.- J'avais de quoi manger du coup j'étais bien dans ma cachette- Mais c'est ce cafard de commis qui a du leur dire que j'étais là, je suis sûre que c'est lui...Elle était en chemise de nuit lorsqu'elle est venue dans ma chambre, et là elle m'a punie. J'ai même pas pleuré. Après ça, mère est venue me parler. Elle m'a dit que j'étais née fille, et que mon destin était d'épouser un lord, de devenir femme, de devenir mère, et que le plus grand accomplissement de ma vie serait de donner naissance à un héritier mâle pour mon époux, que je le veuille ou non."

Alessander l'écouta d'une traite mais ne put s’empêcher d'éclater de rire à la fin de sa longue tirade. Il reconnaissait bien sa petite sœur, si différente de leur glaciale génitrice. Mais son sourire s’étrangla dans sa gorge lorsque le vilain petit canard termina. Donner naissance à un héritier mal, faire tout ce qu’une jeune fille se devait de faire. Du haut de ses dix-neuf ans, Alessander trouvait stupide les histoires qui voulaient qu’on donne un héritier mâle à sa famille. Il ne désirait pas se marier et préférait s’amuser à courir après n’importe quels jupons plutôt que de devoir offrir son cœur à une mégère qui devrait lui donner un héritier.

Alessander arrêta sa monture, laissant son regard se perdent dans les immenses arbres de la foret des Desdaings. Il s’était échappé bien souvent ici lorsqu’il était enfant. Il avait cherché à voir plus loin que les barrières de son territoire, parfois trop tôt mais il comprenait sa sœur. Depuis que son père l’avait fait son écuyer pour qu’il puisse le suivre partout en tournois en attendant avec délice qu’il soit enfin adoubé, il voyait le monde. Et enfin il vivait. Parce que les limites de Beaumarché lui étaient violentes. Il était fait pour la liberté, maitresse sauvage qui appelait maintenant Alyssa. Il descendit de sa monture, son sourire énigmatique toujours sur les lèvres. Regardant sa petite sœur, il garda le silence encore quelques minutes, faisant durer le suspense puis enfin, de sa voix douce s’échappa des paroles qui allaient à coup sûr l’emplir de joie :

Écoute le temps petite princesse. Écoute la nature et voit la liberté sauvage de ses contrées. Tu auras le temps de mordre dans la vie tu sais. Le temps de te perdre dans des lieux que tu ne peux même imaginer dans les romans. Mais par contre, je veux te faire un cadeau. Père m’a appris qu’une de nos juments avait pouliné il y a une semaine. C’est son père. ajouta-t-il en montrant des yeux le cheval sur lequel se trouvait maintenant Alyssa, seule. Le petit est à toi. Mais avant, tu dois me montrer que malgré le refus des septa, tu sais monter. Il eut un nouveau sourire en coin puis lui glissa, avant qu’elle n’ait pu répondre la moindre chose. Allons, je sais très bien qu’Isendre a du t’apprendre quelques petites choses pendant mon absence et puis… Il m’étonnerait vraiment que dans le silence de la nuit il ne t’arrive pas de monter en secret sur les chevaux ? Parce que le petit poulain, il n’a jamais été dressé de sa vie.

Alessander n’avait répondu à aucune des questions de l’enfant sur les combats et il le savait très bien. Mais comment lui décrire le sang qui coulait en bouillon d’écume sur les armures des chevaliers, le regard qui se faisait de glace de leur père lorsqu’il fonçait au grand galop pour désarçonner les autres concurrents ? Elle n’avait que neuf ans. Elle était trop jeune pour voir tout cela. Même lui, à cet age, leur père ne l’amenait pas en tournois. Peut-être Alyssa aurait la chance pour ses dix ans de voir un tournoi organisé sur les terres des Desdaings. Mais alors, Alessander brillerait surement par son absence… Il ne tiendrait pas une année de plus entre les fils de sa mère. Il lui fallait fuir et prouver qu’il était lâche sous couvert de découvrir le monde…