Elle s'était assise, comme à son habitude, au petit bureau de sa chambre, lieu où elle mettait habituellement à jour sa correspondance. Mais la lettre qu'elle était en train d'écrire du bout de cette plume de cygne immaculée n'était pas adressé à un membre de sa famille ou encore à un ami de la noblesse. C'était bien la première fois qu'elle allait envoyer une lettre à une personne qu'elle considérait du haut de son orgueil du "petit peuple". Signant, sans rajouter l'habituel "épouse de Lord Criston Desdaings" preuve encore s'il en fallait de sa volonté de se détacher de son mari, elle cacheta la lettre puis la donna avec d'autres à sa femme de chambre qui les ferait envoyer toutes avant que la soirée.


Dans sa missive, elle n'avait pas fait mention du paiement, à dessein, car elle ne serait absolument séduite par la fameuse oracle que si celle ci se montrait bonne commerçante.
Or quel client ne savait pas qu'il fallait toujours se méfier d'un commerçant qui demandait l'argent avant de montrer sa marchandise?
D'ailleurs, il suffirait à l'oracle de toucher le vélin sur lequel était ecrit le message pour savoir qu'il s'agissait là d'un client qui aurait les moyens de le combler comme de lui faire regretter amèrement une eventuelle arnaque.
si tu as du mal à lire la typographie, je te mets le texte ici ^^:

Spoiler:

Cerenna était assise à son bureau. Elle avait été avertie par un des serviteurs du retour du Cygne noir, et malgré l'amertume de le voir revenir après cinq années de silence, son cœur de mère était rempli de joie. Une joie qui ne fut que plus accentuée lorsqu'elle ouvrit et lit le pli qu'elle venait de recevoir d'Essos.
Mellario, cette femme, faisait partie des rares personnes du peuple qui semblait, pour le moment, digne du respect de la Lady.
Un petit sourire au coin des lèvres, elle prit la longue plume de cygne noir et la trempa dans l'encre.

Spoiler:

Elle cacheta la lettre de cire bleue, l'air pensive. Elle savait que de l'autre côté de l'ocean, la jeune femme comprendrait ce qu'elle voulait dire. Mais elle avait peur d'essuyer un refus de sa part, car sa demande sortait des fonctions de divinatrice de l'étrangère. Cependant, Mellario semblait avoir compris qu'il était dans son interet d'aider Cerenna dans son ambitieux projet, surtout si elle voulait profiter de la générosité de la vipère.
Elle remit le pli à Larra, qui le prit avec un sourire entendu, le cachant dans le tissu de son décolleté pour ne pas attirer l'attention des gardes et qui quitta la chambre d'un pas léger et sensuel.

Tandis qu'elle s'asseyait à son bureau, elle hesita un instant, la plume tremblante dans sa main droite.
Jamais Cerenna Desdaings ne s'etait sentie aussi seule, abandonnée même que depuis qu'on lui avait annoncé l'inimaginable, l'impensable. Son monde n'était plus désormais définie que par une absence, une place laissée vide, celle de son fils. Aussi vide que son coeur, qui n'avait même plus la force de faire semblant de pleurer son défunt mari, et encore moins celle de continuer de haïr Alyssa qu'elle n'avait plus vue depuis des jours. Son regard pâle se porta jusqu'à la grande tapisserie qui demeurait inachevée, et sa gorge se serra lorsqu'elle posa ses yeux sur le cygne sombre aux ailes grandes ouvertes, luttant contre son semblable au plumage immaculé. Elle detourna le regard, mais l'image resta fixée dans son esprit. Qui savait ce qu'il s'était réellement passé sur ce champs de bataille? L'on racontait partout qu'Alessander était mort d'une lame ennemie dans le coeur. Mais le chagrin et la douleur portaient les doutes de sa mère vers l'être qu'elle avait toujours hai de tout son coeur, son époux qui n'avait jamais caché sa répulsion et sa mefiance envers celui qui était pourtant son heritier.
Plus que jamais, Cerenna avait besoin de reponses, et rares étaient les personnes qui pouvaient lui en apporter aujourd'hui. Aussi, elle commença sa lettre avec une détermination farouche.



Alors qu'elle relisait la missive, une seule et unique larme naquit du bord de ses yeux de rapace avant de s'écraser sur le vélin.
Elle signa, puis apposa le sceau orné du cygne des Desdaings. Elle soupira, presque moqueuse. Ce cygne qui se pavanait avait-il encore une raison d'exister alors que son seul heritier venait de trépasser? Elle le saurait bientôt.