Des jours. Catelyn avait veillé sur son fils, à son chevet pendant des jours et des jours... Etait-ce des semaines plutôt ? Elle ne savait en fait pas exactement. Depuis l'accident de Bran, c'était comme si le temps s'était momentanément arrêté. Ce n'était pas un accident. Elle en était persuadée. Bran était un habitué à l'escalade... Il savait comment faire. Malgré le fait qu'elle répugne qu'il escalade ainsi les murs d'enceinte, elle ne pouvait pas l'arrêter. Elle lui avait déjà dit que le risque était qu'un jour qu'il ait un accident...Mais non, elle ne pensait en réalité qu'il ne puisse s'agir d'un accident. Sérieusement, elle le sentait. Jusqu'au fond d'elle, elle le savait même si Bran avait refusé de parler. Elle était sûre et certaine d'avoir lu dans ses yeux qu'ils savait quelque chose. De plus, la lettre de sa sœur lui apprenant certaines choses avait vite fait de la convaincre au sujet des Lannisters... Dès l'instant où ils étaient arrivés à Winterfell, elle avait sentit quelque chose bien que comme à son habitude, elle ait rempli avec perfection les diverses politesses qui sied à son rang de Dame de Winterfell.

Que le château lui semblait bien vide depuis le départ de son époux avec Arya et Sansa. Elle n'avait jamais pu vraiment se faire à cette atmosphère confinée, à ce froid au-dehors, cette austérité dans le paysage... Ah que ses champs de fleurs, les parfums de son pays lui manquaient ! Si elle ne s'était jamais vraiment habituée à la région, sa famille était ce qui la rendait moins triste. Maintenant qu'Arya, Sansa, et même Ed, étaient partis, elle sentait comme une partie d'elle-même qui venait de la quitter. Elle se souvenait qu'Ed avait lui-même été tenté de refuser la proposition du roi... Proposition que Catelyn jugeait folle ! S'il était venu là, ce serait oh combien malvenu de refuser la demande qu'il lui avait fait ! Le choix avait été vite fait : elle avait mis de côté son propre sentiment qui à l'idée qu'il se rende en terre ennemie. Comme elle l'avait rappelé à son époux, il connaissait Robert peut-être, mais pas le roi. Le roi, lui, avait peut-être changé... Il aurait probablement pris pour un affront un quelconque refus d'Ed même s'ils se connaissaient depuis l'enfance. Le pouvoir montait à la tête et changeait les gens. Enfin, il change la plupart des gens en tous cas.

Si la situation avait été autrement, elle aurait été soulagé qu'au moins Bran soit resté avec elle au château, mais dans les circonstances actuelles, elle aurait évidemment préféré qu'il puisse partir avec son père et ses sœurs. Ses filles... Rien que les imaginer loin d'elle à Port-Réal la rendait malade. Surtout loin d'elle. Et entourées de tous ces gens pour la plupart sans doute hostiles... Au moins Sansa aurait sans doute un bel avenir : elle était promise pour monter sur le trône aux côtés de Joffrey après tout. Elle était heureuse pour elle. Ah, si seulement ses enfants auraient pu être avec elle pourtant... Enfin, elle aussi allait partir, dans quelques jours. Elle devait aller rendre visite à sa cœur ; s'entretenir avec elle. Sa lettre l'avait plus qu'intriguée. Il fallait qu'elle en apprenne plus... Ensuite ? Elle irait rejoindre Port-Réal pour retrouver Ed. Mais au moins, Bran s'était réveillé. Elle allait partir avec un poids léger en moins bien que l'anxiété de le laisser ici lui broyait les boyaux.

Catelyn était évidemment levée depuis longtemps ce matin-là, se trouvant à la fenêtre et laissant son regard s'évader au-delà de la forêt, songeant au voyage qu'elle allait bientôt entreprendre. Elle était également habillée depuis longtemps lorsqu'on lui annonça la visite d'Hodor avec Bran. Haussant un sourcil en se demandant à quoi était-ce dû cette intrusion de si bon matin, la Dame de Winterfell se retourna alors qu'ils pénétraient dans la chambre. En silence, elle attendit de savoir ce que son fils voulait lui demander... D'après son silence gênant et le fait qu'Hodor avait pratiquement couru pour venir la voir, ce devait être un problème très délicat. Lorsqu'enfin il lui posa enfin la question qui lui brûlait sans doute les lèvres depuis longtemps, Catelyn ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, n'étant finalement pas surprise par le fait qu'il lui demande cela.

« Bran, Bran... Je crois que tu connais déjà la réponse. » fit-elle doucement. Et au fond, elle préférait qu'il reste loin de l'antre des Lions, des dangers de la cour... « Et penses-tu à Robb ? Il a besoin de son petit lieutenant ici, à Winterfell. » ajouta t-elle en souriant et se rapprochant du lit sur lequel Hodor avait déposé Bran. « Sois fort, comme sait le faire un Stark. » Soudain, l'émotion la prit à la gorge mais elle la contint. Elle enlaça son fils quelques instants avant de déposer un baiser sur son front et elle finit par lui ébouriffer les cheveux d'une main tout en lâchant un léger rire comme pour disperser la tristesse qui l'envahissait l'idée de le laisser derrière. Mais il serait en sécurité ici. Se reculant légèrement, elle lui demanda en le regardant dans les yeux. « Toujours rien à me dire à propos de... Ton accident ? Sûr ? »

Catelyn savait combien Bran était tout simplement incapable de rester à la même place sans bouger, sans rien faire ; combien il aimait se servir de ses jambes, se sentir utile, découvrir des choses... Peut-être était-ce justement cela qui lui avait apporté les ennuis présents. Sans cela, cet accident ne serait probablement jamais arrivé. S'il ne s'était pas trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Elle savait qu'à peine réveillé, il allait vouloir de nouveau redevenir le Bran qu'il était auparavant, celui qui courait partout, qui escaladait les murs du château mais peut-être était-ce le moment de changer ces mauvaises habitudes justement. En tous les cas, elle y tenait. Elle s'était attendu à ce que tôt ou tard, il débarque ainsi dans sa chambre sur les épaules du bon Hodor pour lui demander quelque chose du genre... Et sachant Arya partie – camarade de jeu autant que sa sœur – ainsi que son père, l'ordre naturel des choses était qu'il vienne demander à sa mère s'il pouvait partir avec elle les rejoindre. Mais elle ne pouvait accepter. Il était jeune... Il ne connaissait pas encore quels dangers regorgeait la cour et si, comme ses soupçons la portaient à le penser, les Lannisters se cachaient derrière sa mystérieuse chute des murs de Winterfell, Bran était beaucoup en sécurité ici que là-bas.

Elle vit son fils soupirer mais il était hors de question de fléchir... Rien de ce qu'il ferait ne la ferait changer d'opinion. Il pouvait bouder, il pouvait croiser les bras sur sa poitrine tel un hamster, elle était de plus persuadée qu'il savait que sa proposition allait être refusée. Il pensait cependant ne jamais être capable de devenir le lieutenant de Robb ; elle allait l'en détromper. Ce n'était pas parce qu'il ne pouvait plus marcher – temporairement elle l'espérait bien qu'elle ne sache si elle devait garder espoir ou non – qu'il était inutile.Son esprit d'enfant, lui, était toujours aussi vif et quand quelque chose ne fonctionnait pas, il fallait faire travailler et développer ce qui fonctionnait. Winterfell avait besoin d'un Winterfell, pas forcément elle... songea t-elle en réponse aux paroles de son fils alors que machinalement elle le prenait sur ses genoux. Bien sûr, il avait raison d'un côté et elle aurait préféré qu'il reste tous ici – au froid mais au moins ensembles – réunis au château. Parfois au matin elle maudissait presque la venue du roi et des Lannisters ici il y a de cela quelques temps maintenant... Parfois elle aurait préféré que rien ne change, que chacun reste à sa place, que chacun continue de régner sur sa région, sur son fief.

Mais voilà qu'il lui faisait du chantage affectif à présent en faisant référence à la devise de sa maison. Famille, devoir, honneur. Certes. Famille... Où était sa famille à présent ? Divisée entre Port-Réal et Winterfell... Sans compter une partie encore dans le sud. Son devoir allait avec sa famille. Son devoir était sa famille. Son devoir était de faire tout pour qu'ils restent ensembles... Son devoir était de les protéger. Or, quelle était la meilleure chose à faire pour les protéger en l'état des choses ? En vérité, elle n'en était pas vraiment sûre.

Justement, je fais passer la famille en premier. songea t-elle en écho à son fils.

Son devoir résidait dans le fait d'éclaircir cette histoire d'accident et son honneur refusait de lâcher prise. Pour sa famille. Parce que c'était ce qu'elle avait de plus important. Et puis, Winterfell... Winterfell vidé d'une partie de ses occupants n'était pas vraiment Winterfell. Oui, voilà, il avait raison au fond...Il fallait réunir à nouveau leur famille dans ce château, il fallait tous les ramener ici et au diable leur Trône de Fer, au diable les complots qui se préparaient dans l'ombre car ils seraient à nouveau réunis tous ensembles ici ! … Ça, c'était son cœur qui parlait mais au fond, elle savait que ce ne serait pas possible. Et, comment la situation allait évoluer ? Se retrouveraient-ils nouveau tous ensembles ici ? Au fond d'elle, Catelyn craignait que ce ne soit possible avant un très long moment... Que savait-elle de ce qui se passerait dans les semaines, les mois à venir ?

« Robb est un grand garçon, Bran. » commença t-elle. « Il peut s'occuper de lui tout seul pendant que je ne suis pas là. Et toi, tu peux toujours être son petit lieutenant, même si tu ne marches pas encore. » Parce que, même si elle se sentait pessimiste à ce sujet, elle ne voulait pas lui montrer qu'il y avait une chance qu'il ne remarche pas ? C'était son fils à présent, elle voulait le protéger et voulait croire en sa guérison complète. Même inconsciemment. «  Tu peux l'aider à penser. Tu en as dans la tête non, quand tu t'amuses avec Arya et que vous cherchez à vous mettre des bâtons dans les roues ?  » Elle esquissa un léger sourire, tentant de ramener un souvenir joyeux à lui dans l'espoir de le faire sourire. Oh oui, rien n'échappait à l'oeil averti d'une mère ! Ou pas grand-chose.

Lorsqu'elle l'interrogea sur son accident, le visage de Bran se ferma mais le ton sec qu'il employa certifiait bien qu'il y avait autre chose derrière sa prétendue chute. Et s'il s'était agi d'un accident, pourquoi aurait-on tenté de le tuer alors qu'elle-même était en train de veiller sur lui ? Elle porterait la marque de ce jour dans ses chairs jusqu'à la fin de ses jours. Avait-elle vraiment besoin que Bran lui confirme que sa chute n'était pas un accident ? Non. Qu'il lui dise de qui il s'agissait peut-être. Qu'il lui dise ce qui s'était vraiment passé, ce serait encore mieux...

Puis, il sembla décider de changer de tactique... Il lui disait lui répondre si et seulement si elle lui promettait de ramener Père à Winterfell. Quant à la guerre qu'il évoquait, même si c'était vrai et qu'une guerre se préparait, avait-elle le pouvoir vraiment de l'éviter ? Elle n'en était pas certaine. Si elle devait vraiment se faire, alors elle se ferait tôt ou tard. Quand, elle n'en savait rien mais elle espérait qu'elle et sa famille soit à l'abri d'ici là.

« … Ta seconde promesse est quasiment impossible Bran. Je n'ai pas le pouvoir d'empêcher une guerre... Si elle doit avoir lieu, alors tôt ou tard, elle aura lieu. Tu apprendras plus tard bien vite que les Hommes ne peuvent se passer de faire la guerre. Ils trouveront là la plus petite raison pour la provoquer. Et dans ces cas-là, tu es bien mieux ici à Winterfell, que là-bas à Port-Réal. » Ce qui concluait définitivement le fait qu'il resterait. « Pour ta première demande, je ne sais pas si je puis le promettre. Ce n'est pas qu'à moi d'en décider. J'aimerai moi aussi qu'il en soit autrement Bran, mais les temps changent et je crois bien que certaines choses sont déjà en route. Simples humains que nous sommes, nous ne pouvons pas tout changer... Et encore moins en tant qu'adulte où tout devient plus compliqué : la vie ne se résume pas à escalader les murs d'enceinte de telle forteresse ou à explorer la forêt à dos de cheval. Mais je te promets que je ferai en sorte de tous nous réunir à nouveau dans ce château un jour. »

Petit mensonge ? Pas vraiment. Elle voulait elle aussi y croire. Elle souhaitait pouvoir tous les ramener en vie ici. Elle ne faisait pas qu'essayer de rassurer son fils, elle voulait y croire elle aussi au fond.

« Mais pour le moment, reste là. Avec Rickon, avec Robb.  Restez ensembles. »

La dame de Winterfell ne put s'empêcher d'esquisser un mince sourire aux paroles de son deuxième plus jeune fils. Ainsi, selon lui, elle était bien plus qu'une Lady. Il est vrai qu'elle avait toujours agi de sorte qu'aux yeux extérieurs, on ne la considère pas simplement comme une simple Lady. Catelyn préféraient qu'on l'admire pour son courage, pour ses vertus morales... Pas forcément pour des critères superficielles selon elle. Savoir que même ses enfants éprouvaient de l'admiration pour elle, c'était un étrange sentiment qui voici qui naissaient dans son cœur. Cependant, alors que Bran qualifiait d'injuste tout ce qui leur arrivait, la souveraine du nord eut presque envie de répliquer qu'il y avait bien des choses injustes dans le monde... Beaucoup trop pour qu'un enfant de son âge puissent les connaître mais quand il sera plus grand, il comprendra davantage. Il le verra même probablement de ses yeux.Mais pour le moment, il était trop jeune pour se préoccuper de cela. Lady Stark finit par esquisser un sourire tandis qu'il ajoutait ne pas pouvoir encore être un chevalier et ainsi aider son frère Robb.

« Tout viendra en son temps, Bran. Et... Etre chevalier, il y a différentes étapes de l'être. Si tu ne l'est pas dans ton cœur, au fond de toi, tu auras beau avoir le titre, tu ne le seras jamais. Parce qu'il y a des valeurs morales qui ne s'oublient pas. La loyauté, être juste et bon tout en étant ferme, le courage... Et tu peux ne pas être chevalier et avoir ces valeurs tout de même. Même les Hommes en apparences peureux peuvent faire preuve de courage. Parce que dans la peur, on est guidés par l'instinct de survie et on va être capable de choses dont on ne se pensait même pas capables. »

Quel sentiment agréable de félicité qui s'immisça en elle tandis qu'elle oyait Bran s'emporter dans un élan d'enthousiasme qu'elle lui avait rarement vu depuis son « accident ». De toute évidence, il venait de comprendre pas mal de choses – était-ce elle qui lui avait ouvert les yeux sur ces choses elle n'en savait rien mais en tous les cas, cela faisait plaisir de le voir ainsi. Pour rien au monde elle ne voudra gâcher son enthousiasme. Le conseiller de Robb oui, pourquoi pas. Elle fut encore plus heureux de l'entendre dire que peu importe ce qui arriverait à leur famille, ils se relèverait toujours quoiqu'il arrive parce qu'ils étaient unis et honorable. C'était ce qu'elle ne cessait de répéter à ses enfants,  à elle-même. En tous les cas, Catelyn l'espérait. Elle espérait que ce monde ne récompensait pas seulement la duplicité, la jalousie, la méchanceté gratuite et la soif de pouvoir...

Cependant, il n'avait apparemment oublié sa volonté de quitter Winterfell, venir avec elle et combattre à leurs côtés s'il le fallait. Le regard de la Lady s'obscurcit légèrement tandis qu'elle répondait : « Comme tu l'as dit toi-même, tout viendra en son temps. Le temps n'est pas encore venu pour toi. Tu as encore bien trop à apprendre. Laisse-nous nous occuper du reste. Je t'assure que tu ne veux pas encore te retrouver sur un champ de bataille, épée à la main, prêt à vendre ta vie pour ton pays. » Non il n'était sûrement pas prêt, c'était certain. C'était même logique. Comment le pourrait-il ? Il n'était qu'un enfant. Il n'avait que six ans. « Le monde à la cour du roi est un terrain miné, Bran. Je peux t'assurer que tu n'es pas prêt d'entrer dans ce terrain miné. » Catelyn avait toujours détesté ce genre de monde, de société... C'était les loups contre les lions. On était vraiment dans l'arène aux lions. Ici, à Winterfell, ils ne craignaient rien des complots de la cour.

Mais la voix de son fils la tira de ses pensées de nouveau et pendant un instant elle le considéra, surprise. Déçu ? Quelle idée qu'avait germé dans la tête de son fils ! Comment pouvait-il penser qu'il avait déçu son père ! … Evidemment, sa vie serait probablement plus la même... Encore qu'elle ne pouvait pas répondre à la place d'Ed mais à son opinion, non il n'était pas déçu et ne pourrait jamais l'être. Inquiet sûrement... Mais ça, Catelyn l'était aussi et comprenait ce sentiment. Et d'ailleurs, peu importe s'il était déçu ou non, elle ne pouvait pas lui répondre « oui » ; elle ne pouvait pas le voir triste, le voir penser que son père était déçu de lui parce qu'il ne pourrait pas devenir chevalier. Il y a beaucoup d'autres moyens de faire la fierté de ses parents.

« Bien sûr que non Bran il n'est pas déçu. Il était surtout très inquiet pour toi...Comme nous tous. Il aurait voulu pouvoir rester jusqu'à ton réveil Bran, sois-en sûr. Si des obligations ailleurs ne l'en avaient empêché... Et puis, même si un jour tune peux devenir chevalier comme l'a toujours été ton rêve, sache qu'il y a encore bien d'autres moyens de faire la fierté de tes parents. »

Lady Stark hocha ensuite la tête tout en esquissant un léger sourire. Oui, elle n'oublierait pas de leur dire tout cela, elle le promettait. Et elle ferait son possible en tous cas pour qu'il n'arrive rien de fâcheux à aucun d'entre eux... Mais qui pouvait prévoir ce qui serait inévitable de se passer ? Les dés étaient lancés, les jeux étaient commencés. Combien de chemins différents existaient-ils ?


PS : Désolée encore du retard mon petit Bran

Spoiler:

[HJ : Avril... Franchement je suis tombée des nues y'a deux jours en voyant ça. Je suis mille fois confuse et désolée .. mais j't'assure qu'en fait, je n'avais même pas vu que toi (et Rickon) m'avait répondu...  Bref, on peut considérer ce rp fini anyway!]


Peut-être Bran désirait-il se libérer de ce fardeau, peut-être cherchait-il juste à ce que quelqu'un le rassure en lui disant qu'il se trompait, mais à la surprise de Catelyn il finit par lui avouer qu'il pensait que ceux qui avaient tenté de le tuer était les Lannisters. Lady Stark ne fut qu'à moitié surprise de cette révélation. Même s'il n'y avait pas de preuves réelles, elle était presque certaine que cela avait quelque chose à voir avec les Lannisters. Elle le sentait dans chacune des fibres de sa peau, comme si le sceau de ces derniers étaient inscrits dans la blessure que la dague lui avait faite au bras lorsqu'elle avait essayé de protéger son fils. Elle écouta son fils dans un silence de marbre tandis qu'involontairement, elle sentit les doigts de la main posée sur les draps de son lit se crisper.


Des rêves, quelques rêves imagés. Cela ne prouvait rien en effet et n'aurait aucune valeur dans un procès mais Catelyn ne douta pas un instant de la sincérité des propos de son fils. Les rêves étaient une façon d'atteindre ce que le subconscient ne voulait se souvenir éveillé. Bran ne se souvenait pas de ce qui s'était passé mais par flashs, cela lui revenait dans son sommeil. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on dormait on abaissait nos défenses. Catelyn n'avait aucune raison de mettre en doute la parole de son fils. C'était son fils et sur un sujet aussi sérieux que cela, elle ne cherchait même pas à mettre en doute sa parole.  

Une discussion qu'il n'aurait pas dû entendre ? Ou quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir... Catelyn demeura songeuse un instant avant de serrer dans la sienne la main de Bran, comme pour essayer de le rassurer. Ses paroles ne faisaient que confirmer soupçons de toutes façons... A savoir que les Lannisters étaient dans le coup. Lady Stark ne put empêcher un frisson de la parcourir. Si on s'y était pris à un enfant innocent, ce devait être quelque chose d'extrêmement grave et important. Dans quoi donc avaient-ils ou allaient-ils mettre les pieds ?

« Ne t'en fais pas, Bran.Je ne pense pas que tu inventes tout ou que tu as tout imaginé... » fit-elle lentement. « Si tu te souviens de quoique ce soit d'autres... N'hésite pas à me le faire savoir immédiatement. »

Bran avait entendu parler de la tentative d'assassinat sur sa personne, assassinat empêché de justesse par sa mère qui en porterait la trace dans sa chaire jusqu'à la fin. Bran s'inquiéta ainsi aussitôt pour la sécurité d'Ara, Sansa et père. Il proposa même son aide mais Catelyn secoua doucement la tête.

« Reste ici avec Robb. Si ce que tu dis est vrai, tu serais encore moins en sécurité que tes sœurs à la cour du roi... Avec les Lannisters autour. Et il est hors de question que je leur facilité la tâche pour tenter de nouveau de te tuer. Comme tu le sais déjà, je prends la route bientôt. J'informerai ton père de ce que tu m'as appris, en lui priant de redoubler de prudence... »

S'il était dangereux d'entrer dans la tanière des loups, il l'était tout autant de pénétrer dans l'antre des lions. Surtout que là-bas, les 'loups' en question ne sont plus chez eux. Ils connaissaient 'leurs pièges' mais pas là-bas.

« Et puis je compte sur toi pour t'occuper de Rickon. Il est si jeune... » fit-elle avec quelque chose dans la voix qui laissait entrevoir une émotion réelle. La famille avait toujours été chez elle son point faible.  C'était ce qu'il y avait de plus important pour elle. C'était son monde et sans eux, l'on se demandait ce qu'on deviendrait. Quelle mère irait la contredire ?

A sa prochaine requête cependant, Catelyn sentit son corps se crisper. (Mais pourquoi tout le monde semblait vouloir lui parler de Jon Snow?!) Elle fit de son mieux pour dissimuler le trouble qui l'agitait comme d'habitude à la mention du fils de son époux, et elle répondit d'un ton neutre : « Si Jon Snow veut venir à Winterfell, il viendra de toutes façons Bran. Mais il aune nouvelle fonction maintenant, il fait partie de la garde de nuit...  Ce sera différent d'avant. » Et il a de nouveaux frères, une nouvelle famille. Non pas que Catelyn l'avait un jour considéré comme faisant partie de sa famille...

Elle espérait surtout que Bran avait fini ses questions sur Jon parce qu'elle n'avait pas envie de s'éterniser sur ce sujet, loin de là...