-Le vieil Ours veut que tu le rejoigne au plus vite, et passe prendre Mestre Aemon, il vous veut tout les deux.

Qu'est ce que lui voulait donc le Lord Commandant? Il ne l'avait pour l'instant rencontré que pour les "grandes occasions", lors de son arrivé au Mur quelques semaines plus tôt, et lorsqu'il jura ses vœux d'appartenance à la Garde de Nuit devant les sept. Depuis, ils avaient du lui parler une ou deux fois, notamment à cause de sa position de forgeron. Les forgerons de la garde de nuit, qu'ils soient volontaire ou pas, restaient une donnée stratégique trop précieuse à ne pas négliger, qu'importe le nombre de patrouilleur si leurs épées émoussées ne peuvent pas trancher la chair des sauvageons. C'est donc pour ça que Dale s'était vu refusé le rôle de patrouilleur et s'était vu directement attribué le rôle de forgeron. Mais ce n'était pas plus mal, il ne sortait pas au delà du Mur, ne risquait pas sa vie inutilement, et profitait du confort, aussi relatif soit il, que lui offrait ChateauNoir. Et au fil des discussion que le forgeron avait pu avoir avec le Vieil-Ours, celui-ci avait parlé de sa possible mutation à Fort-Levant, cette forteresse, d'après ce que disait les autres gardes de nuit, était en contact direct avec la Baie des Phoques. Si mutation il y aurait, alors le forgeron des Conflans pourraient voir la mer pour la première fois.

Dale se rendant compte qu'il s'était perdu un instant dans ses pensés, se dirigea vers la bibliothèque où Mestre Aemon devait probablement être, et repensa au raison de sa convocation auprès du Vieil-Ours. Ils allaient probablement parler de sa mutation, mais si tel était le cas, pourquoi la présence de Mestre Aemon était-elle aussi exigée. Néanmoins,le forgeron étant nouveau dans la garde et n'ayant pas beaucoup d’expérience, ne voyait pour quel autre raison le lord Commandant pouvait avoir besoin de son aide.

Le forgeron prit quelques minutes à trouver le vieux mestre qui déambulait dans la vaste, sombre et poisseuse bibliothèque. Dés qu'il l'eut trouvé, Dale s’empressa d'accompagner le vieux mestre à la tour de la commanderie. Le forgeron ouvrit la porte, laissa passer en premier le mestre, et lui emboita le pas.

Il remarqua la présence d'une fille aux cheveux de feu ,qui attirait de suite l'attention, beaucoup plus jeune que lui mais non dénué d'un certain charme. Elle avait quoi: Quatorze? Quinze ans peut être? Dale ne put s’empêcher de remarquer que la jeune fille portait des peaux de bêtes, et pourtant il y avait une chose chez elle qui faisait que le forgeron ne croyait pas qu'elle soit une sauvageonne. Mais après tout, il n'en avait jamais rencontré donc comment pouvait-il savoir, lui, le forgeron qui restait du bon côté du mur tandis que ses frères patrouillaient et mouraient de l'autre côté, à quoi ressemblait une sauvageonne. Le vieil Ours leurs tendit une pointe de flèche noire et brillante en disant:

-La petite dit que ça tue les Autres....

Dale fit un pas, et prit la pointe de flèche d'un air intrigué. Du sang commença à perler de son doigt, elle était coupante, très coupante même, mais surement pas assez pour tuer un Autre qui ne restait à l'heure actuel pour lui qu'une simple légende que se racontaient les gardes au près du feu. Il la fit tourner précautionneusement de sorte à pouvoir la voir sous divers angles et l'examina.

-Je n'ai jamais vu ce genre de métal, pas dans les Conflans en tout cas. Mais j'avoue que j'aimerais beaucoup savoir comment cette pointe de flèche a été faites. En fait, vous savez j'ai vu et touché beaucoup de lame dans ma vie, et celle-ci j'avoue que je n'en ai pour l'instant vu aucune qui ressemblait à celle là. En la regardant, j'ai même pas l'impression que ça a été forgé j'ai plus l'impression que ça a été taillé à même la roche.

Dale prit la pointe et la tendit au vieillard aveugle:

-Vous en pensez quoi Mestre Aemon? Vu le nombre de bouquins qui pourrissent dans la bibliothèque, je suis sûr que vous en avez sûrement déjà entendu parler.

Jeor Mormont

Le lord commandant attendait impatiemment la venue de Lubin et de son amie. Cela semblait d'après le jeune patrouilleur d'une importance capitale. Jeor attendait de voir de quoi il s'agissait. Il se leva de sa chaise, fit trois pas, et donna à manger à son fidèle corbeau qui criait famine depuis plusieurs minutes. "Grain, grain, grain" qu'il répétait sans cesse, chaque jour, depuis le jour où il avait décidé de se percher sur l'épaule du Vieil Ours.

Vieil Ours, seuls les anciens et les nouveaux dieux savaient à quel point le surnom que lui donnaient ses hommes dans son dos pouvait être vrai en plus d'être apprécié par le lord commandant qui n'en laissait rien paraître auprès d'eux. Évidemment, aucun de ses hommes n'avait eu pour l'instant l'audace ou la stupidité de l'utiliser devant lui. Il n'avait du l'entendre que quelques fois durant toutes ces années, et encore pas directement.

Son fidèle et vieil ami à plumes rassasié, Jeor se rassit dans son siège, en attendant toujours que le jeune homme aie l'obligeance d'arriver en compagnie de l'objet de l’appréhension du Vieil Ours. Heureusement il ne se fit pas attendre. Il était accompagné d'une jeune demoiselle aux cheveux roux, elle n'était assurément pas une sauvageonne, cela sautait aux yeux. Et vu son apparence elle ne devait pas avoir connu beaucoup d'hiver et dépasser la quinzaine. Le lord commandant ne voyait donc pas la raison de sa présence ici.

__ Racontes lui ce qui t’es arrivé Hermine. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. La rouquine lui raconta son histoire de bout en bout. La première partie ennuya le lord commandant car aussi charmante et gentille était-elle. La vie d'une pauvre petite acrobate des Conflans qui s'est fait jeté de Port-Réal et qui a perdu son premier amour de jeunesse ne l'intéressait guère. L'histoire commença à devenir un peu plus intéressante lorsque la rouquine passa par les Jumeaux pour se rendre au Nord, à l'occasion du banquet de Winterfell. Quel drôle de coïncidence, Hermine faisait partie des acrobates et des danseuses lors du banquet en l'honneur de la fête des moissons, qui allait aussi servir de réunion secrète entre la délégation de la garde de nuit et le jeune seigneur de Winterfell.

Plus l'histoire avançait, plus Hermine passait vite sur les détails, et plus le visage du vieil ours se décomposait. Le lord commandant réalisa tout à coup de l'horreur qu'avait enduré cette fillette, que ce soit son enlèvement, son viol à répétition, son passage au mur. Tout avait du traumatiser la rouquine, Jeor se demanda même comment elle pouvait se tenir là, et lui parler de son histoire sans en être répugner, souillé, humilié. Et ce qui rendait fou le lord commandant, c'était le fait que ce soit ses hommes qui aient fait ça. Ses hommes l'avaient enlevées et ses hommes l'avaient violées. Son visage se décomposa, il était abasourdi de colère, n'en revenait pas, lui qui pensait que le mur pouvait changer les gens, leur offrirent une nouvelle chance ce qui pour ces hommes étaient déjà beaucoup. Il en tomba des nues, et en même temps il s'y attendait, personne ne change jamais.

Il fixa la rouquine et à son visage, il savait qu'elle venait de réaliser, grâce a son expression, l'horreur et le traumatisme qu'elle avait vécu. Elle semblait terrorisé, mais terrorisé par qui? Bonne question, par les gardes qui l'avaient violées ou par les gardes en général, y compris lui. La seule personne en qui elle semblait avoir confiance, était Lubin, sinon pourquoi serait-elle venus accompagnés de l'intendant et restait-elle constamment très proche de lui. Elle pensait surement qu'il pouvait la protéger. Malheureusement pour elle, si un groupe de garde se mettait en tête de la violer ou pire, même le bâtard de Ned Stark ne saurait la protéger.

Elle murmura quelque chose que le vieil ours ne put entendre. Malgré le fait que la rouquine se serait sentit plus à l'aise en présence de Lubin, ils devaient parler seul à seul de ses agresseurs. Le lord commandant envoya son intendant ailleurs, il n'allait pas avoir besoin de lui pour l'instant. Ceci fait, le vieil ours se retrouva en tête à tête avec la rouquine, qui eut l'air encore plus terrifié et mal à l'aise, qu'est-ce qui pouvait bien lui faire cet effet? Le départ de Lubin? Ou bien sa voix qu'elle n'avait pas encore entendu? Peut être même les deux à la fois. Néanmoins, elle allait bien être obligé de parler et d’essayer ,aussi dur soit cet épreuve, de se souvenir d'indice concernant ses violeurs. Pendant l'acte et pendant tous les autres, elle avait peut être entendu des noms, vu des visages. Tout ce qui pourrait aider le lord commandant à faire justice et à punir les gardes qui n'avaient pas respecter leurs vœux. Ou en tout cas, qui les avaient largement dépassé en violant la rouquine. Le vieil ours n'était pas dupe, il savait pertinemment que malgré l'interdiction, la plupart des gardes se rendaient le soir à la Mole et s'offraient les plaisirs des prostituées, et il le tolérait. Mais là, ceux qui avaient fait ça allait payer le prix fort, le prix du sang.

La rouquine glissa sa main sous ses peaux, avant de la retirer brusquement et se mit à suçoter son doigt d’où perlait une légère goutte de sang. Elle s’approcha du bureau du vieil ours et y déposa une arme.

-Attention sa coupe...Mais ça fait exploser les Autres, dit elle innocemment.

La conversation venait de prendre une tournure très intéressante, cette pointe de flèche serait donc capable de tuer un Autre, intéressant, non pas intéressant. Le mot que cherchait le lord commandant était intriguant, oui c'est ça intriguant. Si cet arme était vraiment capable de pourfendre un Autre alors leur sujet de discussion allait devenir très différent. Mais bon, Jeor allait avoir besoin de plus que la simple parole d'Hermine pour la croire. La rouquine étant choqué et traumatisé, il ne serait pas improbable qu'elle aie cru voir un Autre exploser. Après tout comment une jeune acrobate des Conflans pourrait savoir à quoi ressemble quand même le lord commandant de la garde de nuit ignorait tout de leur apparence.

Le vieil ours prit la pointe de flèche de sa main droite, l'examina, la fit tourner. Il n'avait pour l'instant jamais rien vu de tel. Et les dieux seuls savent combien d'hiver avait enduré le lord commandant. L'analyse de l'arme dépassait de loin ses compétences. Il allait avoir besoin d'un expert en arme et du mestre. Connaissant bien Donal Noye le forgeron de Châteaunoir, il savait qu'il n'en saurait pas plus que lui, peut être que le nouveau forgeron des Conflans qui ne tarderait pas à être muté à Fort Levant qui manquait depuis quelques temps de forgeron. Le vieil ours envoya un garde les chercher, et attendit leur venue comme il avait attendu son intendant et la rouquine quelques minutes plus tôt.

Contrairement à Lubin, le forgeron et le mestre se firent attendre, le garde qu'il avait envoyé avait surement eu du mal à les trouver. Le mestre étant reclus dans sa bibliothèque la plupart du temps, et le forgeron discutant et bougeant beaucoup avec les autres gardes de nuits. Ils arrivèrent quelques minutes plus tard.

-La petite dit que ça tue les Autres....

Le vieil ours s'empressa de tendre la pointe de flèche entre des mains expertes qui sauraient mieux que lui, ou en tout cas c'est ce qu'il espérait. Le forgeron des Conflans prit les devants, et prit la pointe de flèche. Après l'avoir retourné dans tous les sens, l'avoir examiner, il commença son analyse. Et aux grand désarroi du vieil ours, le forgeron n'en savait pas plus que lui par rapport à cette lame. Une remarque qu'il fit, intéressa grandement le lord commandant. En effet, Dale trouvait que cette lame avait été taillé à même la roche plutôt que forgé. Au moins, cela amenait une réponse, mais une réponse à une question qu'il n'avait pas posé et dont il n'avait franchement rien à faire. La seule chose qui l’intéressait était de savoir si oui ou non cette pointe de flèche pouvait tuer un Autre et si oui ou non, on pouvait la reproduire et équiper la garde de nuit avec.

Jeor mis ensuite beaucoup d'espoir et attendit tout comme le forgeron la réponse de Mestre Aemon qui saurait probablement les éclairer de son savoir.

CODE BY LUNA

Mestre Aemon

Le vieux mestre se laissa conduire par le forgeron alors qu'on l'emmenait voir le Lord Commandant et la jeune femme qu'on lui avait amené. Dale était venu le chercher alors qu'il passait dans les rayons de la grande bibliothèque, caressant des doigts les innombrables ouvrages qu'il ne pourrait plus jamais lire. Il savait où le Lord Commandait l'avait convoqué mais laissa le jeune homme le guider à travers les couloirs. Jusqu'à la porte où il prit les devants pour entrer.

- Bonsoir jeune dame, commença Mestre Aemon, sans la regarder. Tu vas bien j'espère ?

Loin de toutes ses politesses, le Vieil Ours tendait déjà vers eux un objet en déclarant qu'il devait tuer les Autres. La curiosité qui n'avait jamais quittée Aemon Targaryen s'éveilla alors brusquement et il tourna ses yeux vides dans la direction du Lord Commandant et de la main qu'il devait tendre vers lui. Le jeune forgeron fut cependant plus rapide pour saisir l'objet.

- Je n'ai jamais vu ce genre de métal, pas dans les Conflans en tout cas. Mais j'avoue que j'aimerais beaucoup savoir comment cette pointe de flèche a été faites. En fait, vous savez j'ai vu et touché beaucoup de lame dans ma vie, et celle-ci j'avoue que je n'en ai pour l'instant vu aucune qui ressemblait à celle là. En la regardant, j'ai même pas l'impression que ça a été forgé j'ai plus l'impression que ça a été taillé à même la roche.

Une pointe de flèche, mais faite d'un métal qui n'était pas comme les autres. Quelque chose qui puisse tuer les Autres ? Mestre Aemon commençait à peine à accepter l'existence de ces créatures magiques venues du tréfonds des temps, se pourrait-il qu'il existe quelque chose qui puisse les vaincre instantanément ? Un métal particulier. Avec calme, il tendit les mains vers Dale.

- Vous en pensez quoi Mestre Aemon? Vu le nombre de bouquins qui pourrissent dans la bibliothèque, je suis sûr que vous en avez sûrement déjà entendu parler.

- Je ne suis plus capable de les lire depuis longtemps, jeune homme, répondit-il en souriant.

Il prit cependant la pointe et son simple toucher éveilla mille souvenirs. Ce froid, cette roche parfaitement lisse et solide. Le vieux Mestre la caressa du pouce et la fit tourner entre ses doigts. Même vieux et frêles, il arrivait encore à tester la texture de la roche, et celle-ci était reconnaissable entre mille. Le vieil homme soupira et baissa les yeux sur ses mains comme s'il était encore capable d'apercevoir ce qui reposait dans sa paume. Il resta silencieux de longue secondes.

- Tu as raison Dale, ce n'est pas un métal mais une roche. Verredragon, certains l'appellent. Mais son véritable nom est obsidienne. Nous la connaissons bien, à la Citadelle.

Il releva lentement ses mains tremblantes pour pointer l'arme vers le haut, effleurant encore du pouce la noirceur caractéristique de la roche.

- Certains des roches les plus solides sont forgés par le feu de la Terre, comme les forgerons portent l'acier au rouge pour le modeler et le refroidisse brutalement pour le solidifier. C'est ce qu'est l'obsidienne, l'acier de la Terre. Une roche portée jusqu'au point de fusion par un feu intense, puis refroidie instantanément. Rares sont les phénomènes qui peuvent apporter un tel résultat. On dit que les montagnes de Valyria le firent lors du cataclysme... et que le feu des Dragon produisait pareil miracle quotidiennement.

Comme absorbée par la contemplation de l'antique pointe de flèche, le vieux mestre semblait en avoir oublié la présence de ses interlocuteurs. Puis il s'éveilla brutalement et tourna son regard vide vers Hermine.

- Peux-tu me raconter ce que tu as vu exactement, sur cette arme qui tue les Autres ? Et sais-tu d'où elle vient ?

CODE BY LUNA

Le forgeron écouta attentivement l'analyse du vieux mestre. Comme il s'en doutait, Aemon en savait bien plus que lui sur la pointe de flèche. Verredragon qu'elle s’appelait. Elle était encore plus rare qu'il n'aurait pu l'imaginer. L'obsidienne qui composait la pointe de flèche ne pouvait apparaître seulement par la combinaison d'un feu intense et d'un froid mordant. D'après ce que disait le vieux mestre, les montagnes de Valyria avait jadis produit ce phénomène lors du cataclysme. La simple mention de ces montagnes fit réagir Dale qui se posa une question essentiel. Est-ce que le Verredragon avait un rapport avec l'acier valyrien? Peut être, peut être pas. Il ne le saurait probablement jamais, le seul moyen qu'il aurait de le savoir ce serait d'avoir les deux entre les mains et de comparer. Cela aurait été éventuellement réalisable si le gouverneur du Nord n'avait pas été nommé Main. Le forgeron sourit, pour la première fois, il aurait aimé rencontrer Eddard Stark.

Dés qu'il eut fini de raconter ce qu'il savait à propos du Verredragon, le mestre s'empressa de demander à la jeune fille si elle avait vu autre chose concernant cette arme et si elle savait d'où elle provenait. La question que lui posait le vieux targaryen la surprit d'une telle force qu'elle fit un pas en arrière, se prit les pieds dans sa peau, et tomba sur le sol. Le caractère ridicule de cette scène fit apparaître un grand sourire sur le visage du forgeron. Mais ce même sourire disparut tout aussi vite lorsqu'elle parla de son ami et de ce qui lui était arrivé. Elle avait donc rencontré un marcheur blanc, intéressant, très intéressant même. Le forgeron, restant tout le temps de ce coté-ci du Mur, aurait bien aimé entendre une description plus précise de ces fameux Autres. Il adorerait en savoir un peu plus sur ces fameux êtres qui d'un simple regard vous glace le sang et vous laisse un souvenir qui restera et qui vous hantera des nuits durant, d'après les rumeurs qu'il avait entendu au coin du feu.

Dale écouta ce que savait la jeune fille au cheveux de feu avait à dire. Elle ne savait pas où ce Lachlan avait trouvé la pointe de flèche, mais qu'il l'avait peut être trouvé dans une cabane, et qu'elle saurait retrouvé cette cabane. Beaucoup d'idées se bousculaient dans l'esprit de Dale, mais une question était plus persistante que les autres. Pourquoi le lord commandant avait-il besoin de sa présence ici? Il n'était pas patrouilleur, et n'avait aucune expérience dans la garde de nuit. Ou alors le vieil ours voulait un avis neutre, complétement détaché en plus de son avis de vétéran et de l'avis plein de sagesse et de savoir du vieux mestre. Cela devait être ça. Alors le forgeron allait faire ce pour quoi il était là. Il fit un pas et prit la parole:

-Tout d'abord, je tient à dire que je ne suis ni patrouilleur ni ancien à la garde de nuit et ce que je vais dire n'engage que moi.Mais si ce que dit la gamine est vrai,et d'après ce que nous savons, je crois que l'on est tous d'accord pour dire que cette chose.

Le forgeron fit une pause et désigna la pointe de flèche en Verredragon du doigt:

- Cette chose est la seule arme que nous avons et notre unique défense contre les Autres. Et qu'en l'état, nous ne sommes pas capable de nous défendre contre eux. Et si ce que vous dîtes est vrai mestre Aemon, alors on ne peut pas reproduire des armes équivalentes et des armes pareils ne se trouvent sûrement pas en Westeros....

Il fit une nouvelle pause cette fois plus longue que la précédente. Le forgeron hésita à continuer mais autant ne pas s'arrêter sur cette lancé et dire ce qu'il pensait vraiment:

-Il faut organiser une expédition. Je pense que la jeune fille divague et qu'elle est complétement déboussolé par ce qui lui est arrivé. Mais si elle avait vraiment vu un Autre, que cette pointe de flèche l'a vraiment fait exploser, et qu'elle saurait vraiment retrouver l'endroit où l'on pourrait trouver d'autres pointe de flèches. Alors je ne vois qu'une seule solution. Il faut saisir cette chance, et envoyer des hommes vérifier si il n'y a pas d'autre arme en obsidienne dans cette fameuse cabane.

Le forgeron laissa aux autres le temps de digérer ce qu'il venait de dire, et se laissa le temps de réfléchir sur ce que lui même venait de dire. Il n'était pas patrouilleur, et ne réalisait pas encore la dangerosité et l'importance que pouvait avoir ce genre d’expédition. Mais bon, il verrait bien assez tôt si son avis allait être pris en compte ou pas.

Jeor Mormont

Le vieil ours se tut tout du long, écoutant attentivement ce que Mestre Aemon avait à dire, espérant qu'il pourrait ainsi éclairer sa lanterne sur la mystérieuse pointe de flèche. Il apprit beaucoup de chose à son propos, mais rien de bien utile. En tout cas, rien qui ne pourrait l'aider à trouver d'autres armes telles que celles-ci.

Jeor s’apprêta à demander à la jeune rousse où elle avait trouvé la fameuse pointe de flèche, sauf qu'il se fit devancer par le vieux mestre qui se retourna, regarda Hermine de ses yeux vides et l'interrogea. Elle fut à telle point surprise qu'elle fit un pas en arrière, probablement de peur, et tomba sur le sol en se prenant les pieds dans ses peaux. Sans même essayer de se relever, elle répondit à la question qu'on lui avait posé.

Le lord commandant n'avait pas encore entendu ce récit, ou alors il l'avait entendu mais n'y avait pas prêté attention, se concentrant plus sur le passage où elles s'était faites déflorer à répétition par les gardes de nuits. Malheureusement, il n'en apprit pas plus sur l'endroit où son ami, ce "Lachlan" avait trouvé la pointe de flèche. Il avait pu la trouver dans une cabane, dans le camp du roi d'au delà le mur, ou entre les deux. Ils avaient un peu plus avancés mais cela restait beaucoup trop vague pour que l'on puisse s'y fier.

Et pourtant le vieil ours allait devoir trouver une solution avec le peu d'information qu'il avait. L'occasion était trop importante pour que l'on passe à coté. Les Autres n'avaient jamais représenté jusqu’à maintenant, et même aujourd'hui, une menace. Tout au plus une simple légende. En tout cas, c'est ce qu'il pensait avant. Mais depuis ce qui était arrivé avec Othor, rien n'était plus sûr.

Les légendes et les histoires par rapport à la Longue Nuit, tant de fable qui commençait à prendre forme. Le mur n'avait jamais été autant menacé et il avait fallu que ce soit sous son commandement. La devise des Stark n'avait jamais été autant vraie. L'hiver vient, et la seule défense qu'ils avaient contre lui était une garnison de six-cents garde de nuit dont les trois quart étaient incompétent, avec comme seule arme efficace une pointe de flèche en obsidienne.

-Comme tu viens justement de le dire, tu n'es pas patrouilleur et tu n'es pas là depuis assez longtemps pour pouvoir parler en connaissance de cause.

Le vieil ours fit une légère pause.

-Néanmoins, cette arme est à l'heure actuelle la seule arme que nous possédons qui puisse vaincre un Autre. Ils sont la plus grande menace que le Mur et les Sept Royaumes n'est jamais connu, c'est justement pour ça qu'on la construit. Mais aujourd'hui quelque chose à changer, ils ont décidé de passer à l'attaque pour je ne sais quel raison, mais ils l'ont fait. Peut être, ont-ils attendu d'être assez fort ou qu'une autre menace pour la garde ne surviennent. A vrai dire je n'en sais rien et je n'en ai rien à faire. La seule chose que je sais, c'est qu'ils sont là et que nous ne sommes pas prêt. L'idée d'une expédition m'a aussi traversé l'esprit, mais vu l'état dans lequel est la gamine, je doute qu'elle puisse retrouver son chemin, et demander à plusieurs gardes d'aller chercher une cabane au fin fond des bois avec pour seule guide une gamine déboussolé et traumatisé par des gardes tel que nous ne me plait pas plus que ça.

Le lord commandant soupira. Il manquait trop d'information, mais avait-il vraiment le choix? Le vieil ours allait devoir comme toujours s'en remettre aux bon conseils de son mestre.

CODE BY LUNA

Le forgeron, voulant se sentir utile aux yeux du lord commandant, en avait presque oublié la présence de la jeune fille rousse et de son importance. Cela allait être à elle de retourner de l'autre coté du Mur et de guider les patrouilleurs à travers la forêt noire. Et il ne fallait pas le négliger. Elle était d'une importance capitale et ce serait sur ses frêles épaules qu'allait reposer toute cette expédition. Les patrouilleurs n'assurant qu'un travail d'escorte. Réalisait-elle l'importance de tout ça?

Probablement pas, même le forgeron avait du mal alors qu'il était là depuis quelques lunes déjà. Il ne savait à propos des Autres et de leur menace uniquement ce qu'on lui avait raconté que ce soit Donal Noye qui aimait parler en travaillant pour faire passer le temps, ou Jon Snow qui lui avait raconté l'incident qui s'était passé avec Othor.

Dale fut surpris d'apprendre que l'on pouvait trouver de l'obsidienne en Westeros, mais après tout ce n'était pas surprenant vu qu'il n'en connaissait même pas l'existence il y a quelques minutes de cela. Et c'était dans la plus vieille résidence targaryenne qu'on avait le plus de chance d'en trouver. Le mestre devait probablement parler de Peyredragon, cela aurait été un honneur et un immense plaisir pour le forgeron d'au moins une fois dans sa vie voir l'ancienne forteresse targaryenne qui fut le dernier refuge de cette noble lignée avant qu'elle ne fut massacré et exterminé dans les murs mêmes. Mais sa mutation soudaine à la garde de nuit avait légèrement compromis la chose.

Le forgeron fut impressionné par la mémoire de la jeune fille à la chevelure flamboyante. Depuis le château d'où elle avait été capturé, elle savait en précision quel chemin emprunté jusqu'à retrouver l'emplacement de cette fameuse cabane. C'était précis. Peut être trop même, c'en était troublant en plus d'être soudain.

Une idée, une simple idée traversa les pensées du forgeron. Et si Hermine était une sauvageonne et qu'elle essayait d’appâter des gardes de nuit pour qu'ils soient capturés tout en observant bien et en notant tout les détails qu'elle pourrait trouver concernant le Mur et son organisation avant d'en faire part au roi d'au delà du mur. Non, serait-ce possible? Dale ne connaissait pas les sauvageons et n'en avait jamais vus mais étaient-ils vraiment capable d'utiliser une telle ruse? Envoyer une fillette d'apparence innocente en éclaireur était une putain d'idée brillante, et elle marchait à merveille. Le chef des sauvageons, étant un ancien garde de nuit d'après ce qu'il avait entendu, aurait très bien pu imaginer ce stratagème pour avoir une idée des défenses et de l'état désastreux de la garde à l'heure actuelle.

Le forgeron se demanda si il devait faire part de ses doutes au lord commandant quand à la sincérité d'Hermine. Si il avait juste et que le vieil ours lui faisait confiance, des vies seraient sauvés et un plan serait déjoué. Mais si il avait tord et que le vieil ours lui faisait confiance, alors la garde de nuit louperait une occasion d'améliorer ses défenses et de se préparer à cette menace encore inconnue.

Dale n'en fit rien, préférant faire confiance au jugement du lord commandant. Il était plus expérimenté et si l'idée lui avait traversé l'esprit, il n'en avait pas tenu compte préférant tenter le coup avec l’expédition.

Le forgeron sourit en entendant ce que venait de dire la jeune fille rousse. Il se retourna et s'adressa directement à elle, ce qu'il n'avait pas fait jusqu'alors.

-Dit-toi une chose, il y a des bonnes personnes partout mais le monde est ainsi fait que tu tomberas plus souvent sur des enfoirés qui profiteront de toi et qui n'hésiteront pas à te frapper dans le dos que des gens qui te tendront une main amicale.

Dale se demanda dans quel partie il était. Après reflexion, il faisait partie de la première, car il avait été un enfoiré en poignardant lachement deux hommes et c'est pourquoi aujourd'hui il purgeait sa peine dans cette prison à ciel ouvert que tout le monde pouvait rejoindre de leur plein gré ou non.

-Concernant l'obsidienne, si on peut en trouver à Westeros, je ne vois pas pourquoi on n'enverrait pas une lettre comme l'a proposé Mestre Aemon. Ce sera plus long mais il n'y aura aucun risque. D'après ce que vous dîtes mestre, on n'est même pas sur qu'il y est de l'obsidienne à Peyredragon mais ça vaut quand même la peine d’essayer je suppose.

Le forgeron fit une légère pause et continua à parler:

-Mais le plus gros problème sera de les acheminer jusqu'au Mur, vous pensez que lord Stannis enverra ses hommes nous apporter la cargaison d'obsidienne si il en trouve? Concernant les pointes de flèches que nous pourrions trouver dans la cabane, je pense sincèrement que je ne serait plus d'une grande aide et de bon conseil.

La jeune fille aux cheveux de feu le regarda avec de grands yeux lorsqu'il lui parla ce qui le mit légèrement mal à l'aise. Sa réponse, si simple et si banal, accentua encore un petit plus cette impression. "C'est pas faux". Seulement et uniquement et basiquement"C'est pas faux". Cela n'avait, en soi, rien d'étrange, ni même d'inhabituel. C'était une réponse, on ne peut plus banal, mais justement elle était à l'image de celle qui l'avait dite. Banale, à y regarder de plus près, Hermine n'avait rien de spécial, ressemblant à tant d'autre fillette du même âge. Elle n'était seulement qu'une enfant qui avait eu la malchance de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment et qui par il ne savait quel moyen s'était retrouvé, ici, dans ce trou, à la frontière entre le royaumes des sept couronnes, et les terres sauvageonne où le forgeron espérait ne jamais à avoir à y mettre les pieds.

Il détourna le regard de la fillette, et s'attarda sur les ordres du lord commandant. Ils étaient principalement destinés au vieux mestre qui ne se fit pas attendre et qui juste après que le vieil ours eut fini de parler s'empressa de sortir de la pièce pour accomplir les taches qui lui avait été confiés. Le forgeron admirait l'aisance avec laquelle le mestre, malgré sa cécité, arrivait à se repérer dans les salles et les longs et froids couloirs de Chateaunoir. Il devait surement avec le temps avoir développer un sens de l'orientation hors pairs pour avoir ainsi cette capacité à se mouvoir aussi facilement.

Dale ne tarda pas non plus à prendre la suite de mestre Ameon. Il fit trois pas, et se retourna en direction du vieil ours, toujours aussi imposant même en étant assis

-Je pense que j'ai pu vous dire tout ce que je savais, donc je ne vois pas pour moi une raison de rester plus longtemps ici.

Il se tourna vers Hermine, et lui fit signe de la tête.

-Bonne chance petite...

Sur ce, il poussa la porte et quitta la pièce. Les pensées se bousculèrent dans son esprit. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser au devenir de la jeune rousse dans la garde. Son séjour au mur serait-il seulement temporaire ou allait-elle rester de manière définitive. Elle semblait ne pas avoir de parents, de familles, et ses "amis" qu'elle avait pu se faire lors de son passage de l'autre coté du mur, était soit mort comme ce Lachlan, soit était tout naturellement considéré comme des ennemis de la garde de nuit de part leur statut de sauvageon. Ennemis n'était peut être pas le bon terme, vu que d'après ce que venait de dire le lord commandant, Cotter Pyke faisait du commerce avec eux. Mais plutôt : potentiel danger. C'était ça que représentait les sauvageons, en tout cas pour Dale. Un potentiel danger, une menace qui nous obligeait d'être constamment à l'affut mais qui n'attaquait pas. Qui tournait et vagabondait autour du Mur comme un prédateur sur sa proie.

Le forgeron soupira, son soufle se transformant en légére fumée â cause du froid ambiant, il ne devait pas se poser ce genre de question qui ne le concernait pas. Néanmoins, il aurait bien aimé savoir ce qui allait arriver à la jeune fille rousse dont l'avenir au sein de la garde semblait plus qu'incertain.