« Aventure est juste un nom romantique pour problème. » - Louis l'Amour

Combien de temps s’était il écoulé depuis son départ de Braavos ? Trois ? Quatre jours ? Sur cette étendue bleutée ou océan et horizon se confondaient Valentino avait fini par perdre tous ses repères. Bien évidemment la lourde tempête qu’il avait essuyée à l’approche du « Cap des doigts » n’avait rien arrangé, retardant même d’autant plus son arrivée sur le continent de Westeros.

Pourquoi avait il donc fallu que sa fierté le pousse à se débrouiller seul, à embarquer seul sur ce rafiot craquant et à risquer sa vie sur les mers avant même d’avoir pu enfin gouter à l’aventure qu’il attendait tant ? Le goût du risque, bien sur. Il aurait tout aussi bien pu monter à bord d’un navire marchant à destination de Gulltown, mais ça n’aurait, vous en conviendrez bien, clairement pas eu la même saveur que d’affronter la mer en furie.

C’est donc sur sa frêle embarcation qu’il avait traversé l’océan à la recherche de sa destinée. Adieu Braavos, nous nous retrouverons sans doute un jour. Et si je reviens père, ayez une meilleure image de moi…

Malgré les vagues qui faisaient sévèrement tanguer le petit voilier, Valentino se tenait droit, fermement planté sur ses deux pieds, le regard fixé sur l’horizon à la recherche du moindre signe des cotes, ce qui n’était pas aisé dans le noir profond qui l’entourait. Le ciel couvert masquait les étoiles et la lune, aussi ne pouvait il s’en remettre qu’à la chance. Et quelle chance l’attendait…

Croyant d’abord avoir rêvé, il s’y reprit à deux fois, fronçant les sourcils dans une moue qui aurait pu être comique si tant est que quelqu'un eut été là pour l’admirer. Oui, il ne s’agissait pas d’un phénomène de son imagination. Il y’avait bien une flamme miroitant à l’horizon. Faible à cette distance bien sur mais pourtant bien présente, elle le guiderait jusqu’à destination aussi surement que le doux fumé émanant des cuisines attire les jeunes gourmands.

Il rassembla ses quelques affaires dans son sac, il faut dire qu’il voyageait plutôt « léger » et le passa en bandoulière dans son dos avant de s’agripper au mat, les secousses devenant de plus en plus violentes. Il fut en vue des récifs bien plus vite qu’il ne l’eut cru et pu craintivement remarquer la puissance de la marée montante qui s’écrasait dans un fracas étourdissant sur les récifs bordant la côté.

Il tenta bien de manœuvrer l’embarcation mais il était déjà trop tard. Prise dans le courant puissant il était désormais impossible de la faire virer de bord. Le navire se dirigerait dorénavant et ce de manière irrémédiable vers les rochers acérés qui se dressaient devant lui.

Il ne restait dès lors plus au jeune Braavien que 2 choix : soit il restait à bord et priait pour survivre au choc, les chances étant quasi nulles il en avait pleinement conscience, soit il tentait sa chance à la nage et, si ses chances étaient également très minces, c’était déjà toujours mieux que la première solution. Plus le temps de réfléchir, il n’était plus qu’à une vingtaine de mètres des récifs, il fallait agir et vite sous peine d’y rester.

Ni une ni deux, il prit le peu d’élan qu’il pouvait et plongea dans les eaux nocturnes. Son corps fut immédiatement saisi par la fraîcheur des flots mais il ne fallait surtout pas y penser. S’il se laissait aller ou s’abandonner à quelques secondes de repos, ses muscles se tétaniseraient et alors il périrait. Il fallait nager, ne pas s’arrêter, jamais !

Il se mît donc en mouvement, battant des bras pour se diriger dans cette agitation infernale et remuant aussi vite que possible ses pieds pour se propulser loin des zones accidentées. Cette lutte acharnée pour la survie sembla durer une éternité. L’eau glacée l’enserrait pour ne plus le quitter et lui se débattait comme un forcené pour échapper à cette sombre destinée.

Il sentit finalement le sable sous ses mains et comprit qu’il était sauvé. Encore quelques efforts et il serait délivré. Revigoré par cet espoir qu’il avait presque abandonné, il reprit de plus belle sa nage effrénée jusqu’à atteindre le rivage.

Trempé de la tête aux pieds, le corps agité et secoué, tremblant comme s’il allait exploser, il fit ses premiers pas sur « Sweet Sister » l’île principale des « Trois sœurs ».

Il savait pertinemment qu’il avait très peu de temps devant lui. Dès l’instant ou il avait aperçu les récifs et la flamme qui brulaient au dessus d’eux il avait compris ou il se trouvait. Quelques soeurois mal intentionnés, appelés naufrageurs, s’étaient spécialisés dans le pillage de bateaux qu’ils faisaient s’échouer au préalable, d’où leur nom. Ils étaient passés maîtres dans cette discipline suite à l’interdiction qui leur avait été faite de pratiquer la piraterie après la conquête des Targaryens.

Bien que ne sachant pas si dans cette nuit sombre et obscure les naufrageurs avaient repérés son embarcation, il préférait par sécurité se hâtait de trouver un abri. Il n’était clairement pas en état de se battre fut ce même contre quelques vulgaires pêcheurs. Cela faisait bien deux jours qu’il n’avait rien mangé et le voyage avait été quelque peu agité. Cette petite baignade improvisée n’avait bien sur rien arrangé. Mieux valait pour l’instant se cacher. Parfois il faut ranger sa fierté et se résigner à la sécurité. Demain il serait bien assez tôt pour les traquer…Mais pour l’instant c’était lui la proie et les prédateurs pouvaient à tout moment l’attraper.

Il se mit donc en route, les vêtements trempés et le visage ruisselant que la brise venait fouetter semblant s’amuser de le voir lutter pour avancer. Par chance non loin de là se trouvait une zone légèrement boisée. Il dénicha un buisson large et suffisamment épais pour le masquer et se glissa à l’intérieur. Il avait également repéré l’entrée d’une sorte de grotte mais ce genre d’endroits serait le premier que des chasseurs iraient visiter et il ne souhaitait vraiment pas être débusqué.

Il s’installa tant bien que mal, les branches cinglant son visage et les racines noueuses lui enfonçant le dos. Grelottant, il tenta de rester éveillé un moment, les sens à l’affut du moindre indice qui indiquerait la présence d’une autre personne. Rien. N'y tenant plus il sombra dans un profond sommeil.

Si quelqu'un se trouve dans les parages il est le bienvenu. Sinon, un MJ peut prendre la suite.Dans tous les cas, il est possible que pendant la nuit il ait bougé et qu'un bras ou une jambe sorte du buisson et puisse attirer l'attention d'un passant...

Haelgara ouvrit péniblement les yeux, la lumière l'aveugla à tel point qu'elle les referma aussitôt. Il lui fallut alors plusieurs secondes pour les rouvrir. Elle vit alors les mouettes qui criaient au-dessus d'elle et sentit le sable froid sur sa peau. Elle se releva péniblement en massant sa tête douloureuse avec un grognement de douleur sonore. La mercenaire regarda autour d'elle d'un air intrigué, son cerveau chassait avec difficulté les brumes qui l’envahissait. Les choses lui revinrent alors peu à peu en mémoire, elle était sur un bateau en direction de Port-Réal, il y avait eu une tempête, un marin avait vu la lumière d'un phare mais une vague avait emportée Haelgara puis ce grand choc à la tête (d'où le mal de crâne conclut-elle alors) et plus rien...le grand noir jusqu'à ce moment précis.
Une fois ses esprits retrouvés, son réflexe fut de tâter à sa ceinture, un juron suivit rapidement. Sans surprise son épée et sa dague n'était plus dans leur fourreau, pour la dague elle supposait car le fourreau n'était même plus là. Ne sentant pas le poids familier de son baluchon dans son dos elle en conclut que son baluchon avait aussi disparu. Cette double découverte donna à Haelgara l'impression d'être totalement nue et extrêmement vulnérable, deux impressions qui ne lui plaisaient guère. C'est seulement après qu'elle regarda autour d'elle pour savoir où elle était, sans surprise une petite crique enfermé autour des falaises. Elle ignora sa soif et son ventre qui gargouillait et explora l'endroit pour trouver un moyen de partir. Après un court moment elle constata qu'elle ne pouvait rejoindre la grande plage que par les rochers du côté de la mer.

C'est une fois de l'autre côté qu'elle vit les restes calcinés d'un navire. Elle s’approcha et reconnut aisément la proue à moitié intacte du bateau qui la transportait. Oubliant momentanément sa faim, sa soif et son mal de crâne lancinant elle saisit ce que sa découverte impliquait. Le feu aperçu pendant la tempête n'était pas celui d'un phare mais un feu fait par des naufrageurs dans le but de faire échouer des bateaux puis de massacrer (ou capturer pour le revendre) l'équipage et de récupérer la cargaison. Son regard erra sur la plage à la recherche d'une arme pour se défendre, peine perdue ils avaient ratissés la zone. Poussant un soupir elle quitta la plage dans le but de trouver à manger et à boire. Après quelques centaines de mètres son regard (sans doute sous l'impulsion de son estomac) fut attirée par une zone légèrement boisée. Elle sentit alors des ailes lui pousser et courut, elle sourit de toutes ses dents en voyant un magnifique pommier et une petit ruisseau. Tel un braavien voyant une pièce d'or elle s'allongea et but tout son soûl avec le creux de sa main avant d'aller cueillir des pommes. Sa précipitation la fit glisser sur une racine et elle tomba lourdement au sol, elle jura, le souffle coupé par la chute. C'est alors qu'elle vit un buisson bouger en grognant, elle s'arrêta de respirer pendant un court instant et ses réflexes (dans le cas présent un euphémisme pour désigner sa paranoïa) prirent le dessus. Aussi silencieuse qu'une panthère elle s'empara d'un lourd morceau de bois par terre et se leva pour s'approcher furtivement du buisson danseur, par expérience un buisson ne bougeait tout seul quand il n'y avait pas de vent. Sachant cela elle concluait forcément qu'il y avait quelqu'un derrière. Elle pria intérieurement pour un animal inoffensif car elle ne pensait pas être en état de combattre.

Une fois suffisamment prêt elle poussa un cri retentissant en écartant violemment le buisson. Ce qu'elle vit n'était pas un animal mais bien une personne qui sortait brusquement de son sommeil, elle lui fit face d'un air farouche et demanda sur un ton emplis de méfiance :
- Qu'est ce que vous foutez ici ?