Hautjardin se découpait enfin, ses magnifiques jardins menant leur arôme jusqu'au nez de la jeune Tarly. Confortablement assise, elle inspira, minant toujours la fragilité qui l'avait conquise pendant une longue semaine. Mais aujourd'hui, elle était passée à quelque chose de bien différent. Elle rentrait chez elle, appelé à ses côtés par son père, sous la demande de sa Septa. A aucun moment Leyïa n'avait exprimé l'envie de rentrer mais ses mots couverts de larmes l'avaient fait pour elle. Avec un petit sourire satisfait que ne put voir la vieille femme qui l'accompagnait, la blonde regarda par la fenêtre. Le soleil revenait dans le Bief et l'astre d'où lui venait son surnom semblait fêter son retour. Plissant ses prunelles de saphir, elle caressa distraitement le long pelage de Casha. Presque immédiatement, la chatte se mit à ronronner. Leyïa poussa un profond soupire emplit de mélancolie, suffisamment fort pour que la Septa l'entende et lui demande, l’inquiétude pointant de la moindre de ses paroles :

" Comment allez-vous Leyïa ? Vous n'avez pas parlé depuis le début du voyage... Nous nous inquiétons tous pour vous mon enfant. "

La jeune fille laissa retomber le voile qui la protégeait du monde extérieur et se recomposa un visage triste. Elle sera son bras contre son torse, grattant légèrement sa peau, geste que la Septa arrêta d'une main douce. Leyïa leva ses yeux dans la direction de la vieille femme avant de lui répondre d'une voix qui n'était qu'un murmure :

Ne vous inquiétez pas...

Aucune véritable réponse sur son état. Si la blonde avait été traumatisée pendant quelque temps, seuls ses cauchemars étaient maintenant hantés par le visage de cet homme qu'elle avait poignardé. Toutes ses nuits elle sentait le sang coulé sur ses bras et nombre de fois elle s'était noyée dans l'hémoglobine, criant en supplication muette qui la réveillait en sueur. Elle rentrait chez elle. La capitale rendait une enfant brisée. Qu'ils croient tous. Leyïa n'en avait qu'apprit. Elle se souvenait des mots tendres du prince qui contrôlait son cœur et de son regard de vipère, elle retourna à la contemplation du paysage. Le Bief était définitivement une région magnifique qui offrait ses plus belles fleurs aux sept couronnes.

Le bruit des sabots martelant le sol la tira de la léthargie dans laquelle elle s'était plongée. Vêtue avec grâce d'une robe rouge clair, bordé de chasseur blanc presque invisible dans la complexité de la tenue, Leyïa s'était faite parfaite pour sa première apparition à Hautjardin. Voilà longtemps qu'elle n'avait plus pointé le bout de son nez et son corps avait agréablement changé depuis. Ses formes s'étaient faites plus avantageuses, son visage moins enfantin. Sa chevelure habillement ondulée reposait sur son épaule droite, dégageant le cou de cygne de la demoiselle. Elle caressa une nouvelle fois la tête de la chatte sur ses genoux avant de la remettre dans son panier. La porte s'ouvrit et son épée lige vient lui tenir la main pour lui permettre de descendre sans encombre la légère marche.

Les yeux baissés, la demoiselle gardait à la perfection son rôle de pauvre petite chose brisée par la capitale qui ne venait ici que pour pleurer dans les bras grands ouverts de sa sœur bien aimée. Elle ne savait si Talla avait été mise au courant de son retour proche et elle l'espèrerait secrètement. Voilà qui ne pourrait jouer qu'en sa faveur. De même que la présence de Margaery. Pour l'heure, Leyïa cherchait du regard celui chargé de l'accueillir. Les Tarly et surtout la jolie blonde étaient toujours les bienvenues chez leur suzerain pour les hauts faits de leur père. C'était des personnalités de marque qui venaient leur présenter leur appartement, la beauté des fleurs du royaume. Alors quand leur petit trésor venait se reposer à l'ombre des jardins, il ne pouvait envoyer n'importe qui à sa rencontre.

Alors que le soleil venait à peine de se lever, Hautjardin pouvait déjà entendre le fracas de deux épées s'entrechoquer. Comme à son habitude Garlan avait délaissé son lit où dormait sa femme afin de s'entraîner. Ser Henri l'accompagnait dans son entraînement comme à son habitude. En armure et avec leurs vraies épées ils combattaient. Il ne pouvait rien leur arriver vu que cela faisait des années qu'ils avaient fait ce genre d'entraînements sans jamais se blesser. Garlan ne se contentait plus des épées en bois ni même des mannequins en paille ou en bois. Cela était d'un ennui mortel à ses yeux... Alors que son maître d'arme tenta une feinte avec de l'attaque à droite, Garlan pivota à gauche et le fit tomber. Il l'aida à se relever. Les deux hommes se mit à rire. L'issue du combat n'avait rien eu de surprenante.

« Il est de plus en plus dur de vous suivre ser Garlan »

Cela ne surprenait en rien Garlan. Depuis le tournoi de Sombreval il s'était entraîné encore et encore. Il ne voulait plus jamais être battu par qui que ce soit. Cependant, il dut arrêter de s'entraîner avec Ser Henri. Son père l'avait chargé d'une mission particulière pour tout le reste de la journée. Cela n'enchantait pas du tout Leonette d'ailleurs. Aller chercher une Tarly une fois qu'elle serait arrivée à Hautjardin et se mettre à sa disposition pour la journée... Il n'était pas étonnant que sa femme n'avait pas envie que ce soit lui qui soit chargé de cette mission. D'un autre côté la jeune fille ayant vécue une expérience traumatisante et n'étant âgée que de treize, Leonette ne fut pas dure à convaincre afin qu'elle laisse Garlan partir. Il était tout de même ironique que Garlan délaissait sa femme pour son entraînement et qu'il délaissait son entraînement pour une fille de treize ans...
Il se mit en route avec quelques chevaliers, tous méticuleusement choisis par Garlan. Son père n'avait pas eu besoin de lui rappeler sa grande amitié avec les Tarly. Notamment depuis la rébellion de Robert. En effet l'armée de roi actuelle avait été défaite par les Tarly sous le commandement Tyrell. Les sept royaumes en général disait que c'était Mace Tyrell qui était à l'oringine de la victoire de Cendregué, mais en réalité c'était bel et bien l’œuvre de Randyll Tarly. Le jeune Garlan, depuis qu'il avait étudiait cette bataille avait un profond respect pour les Tarly bien qu'il n'avait pas eu la chance de les fréquenter.

Chassant de son esprit tout ce raisonnement militaire, le jeune Tyrell se souvint qu'il aurait affaire à une jeune fille et non à un chevalier aguerri avec qui il pourrait parler et combattre. Il s'en voulu presque de se présenter devant elle en armure. Il avait certes mis son heaume de côté afin qu'il puisse être reconnu, mais avait bel et bien gardé son armure de plate avec son bouclier à l'emblème Tyrell qui lui était pas contre sur le cheval et non sur lui. Après tout, si son père avait voulu faire un accueil différent il aurait envoyé Willos ou même Loras. Garlan lui était l'exemple parfait du chevalier vivant pour la chevalerie et l'honneur. Il dégageait donc une certaine aura quand il avait son armure. Bien plus charismatique quand il était en vêtement civils.

Arrivant près du groupe Tarly, Garlan ordonna à ses chevaliers de s'arrêter. Il avança à cheval jusqu'au transport de la jeune demoiselle. Il mit pied-à-terre afin de s'avancer jusqu'à la porte. La jeune fille qui en sorti était ravissante. Cela ne toucha guère le coeur de Garlan même s'il pouvait reconnaître que dans quelques années son mari serait un homme chanceux. Il s'avança vers elle d'un pas élégant comme si son armure n'était rien de plus qu'une seconde peau. Dans un sourire il se présenta :

Lady Leyïa //il inclina la tête afin de la saluer// Je suis ser Garlan Tyrell, chargé de vous escorter où vous le désirez et mis à votre disposition aujourd'hui sur la demande de mon père Mace Tyrell. Si vous avez besoin de quoique ce soit, ce serait un privilège de vous satisfaire

Il était clair que ce n'était pas très naturel chez Garlan de dire cela. Il n'était pas la représentation incarné du chevalier romantique comme son frère Loras. Lui c'était le chevalier courageux devant la bataille et la guerre, mais bien lâche devant les femmes ou le discussions politiciennes. Il avait vraiment du mal à avec tous les codes de discussions. Il avait essayé de les apprendre... Ce n'était jamais rentré dans sa tête. Il s'attendait à ce qu'elle se moque de lui ou quelque chose d'autre. Mais avec un peu de chance elle n'aurait besoin que de repos et il pourrait vite retourner à son terrain d'entraînement.

La demoiselle inspira l'air si fruité de Hautjardin. La capitale avait beau être belle, elle n'avait rien à voir avec la plus grande ville du Bief. Partout la végétation était luxuriante, les fruits gorgés de saveurs et les arbustes fièrement taillés. Leyïa préférait Port Réal, c'était certain. Mais pour la beauté, Hautjardin était la première ville de son cœur. Pourtant, elle n'avait pas le temps de s'attarder sur les décors qu'elle ne connaissait que trop bien. Parfaite actrice, elle devait jouer son rôle à la perfection, déclamer un texte qu'elle improvisait à chaque paroles. Si la manipulation des humains pouvaient se comparer aux échecs, elle était pourtant bien plus complexe. Les pièces sur un plateau n'ont pas de volonté propre. Un cavalier ne peut décider un jour d'avancer de deux casses. Un humain, lui, pouvait se montrer plus imprévisible qu'un cheval. Les coups se prévoyaient bien des tours à l'avance et surtout, ils prenaient en compte une infinité de combinaisons qu'un joueur d’échec n'avait pas à prévoir. Pourtant, ce jeu était bien plus plaisant et bien plus mortel si vous aviez le malheur de perdre.

Leyïa releva légèrement la tête quand un chevalier s'approcha d'elle et à l’intérieur de ses pensées, son sourire disparu. Que venait faire Garlan Tyrell ici ! Ce n'était pas lui qu'elle voulait voir, c'était Willos, lui qui était encore célibataire et héritier du Bief ! Pourtant elle ne devait le montrer, il ne devait rien voir de son masque à la perfection sans faille. La blonde paraissait douce alors qu'elle regardait le chevalier. Garlan aurait pu être parfait mais il n'en était plus question. Il était marié et bien trop droit pour risquer de comploter à ses côtés.

Lady Leyïa //il inclina la tête afin de la saluer// Je suis ser Garlan Tyrell, chargé de vous escorter où vous le désirez et mis à votre disposition aujourd'hui sur la demande de mon père Mace Tyrell. Si vous avez besoin de quoique ce soit, ce serait un privilège de vous satisfaire

Elle le connaissait, ne lui en déplaise. Leyïa avait passé une bonne partie de son enfance en compagnie de Margaery et d'Elionor, à vivre comme des soeurs. Elle avait déjà croisé les frères Tyrell même si elle passait plus de temps avec Loras.

"C'est un honneur que vous nous faites Ser Garlan, vous comme votre père. Je suis navrée pour le silence de Lady Tarly elle... " La Septa regarda la jeune fille avec tristesse avant de reprendre la parole. "Pourriez vous nous indiquer la chambre que votre père a choisi ? Nous aimerions nous y reposer et nous remettre de nos émotions."

Leyïa ne disait rien, se contentant d'un regard à la dérobé. Ce soir, lorsqu'elle ira retrouver la beauté des fleurs du jardin, elle prendrait enfin la parole. Pas avant. Sa splendeur n'était pas un souvenir mais sa discrétion était étrange pour quinconce aurait connu la jeune fille. Elle devait voir sa soeur. Talla pouvait lui servir, encore plus que cette dernière ne pensait.