Le groupe de gardes se tenait prêt dans l’enceinte de Chateaunoir, attendant patiemment le départ. Le Lord Commandant descendait doucement les marches et observait les frères qui allaient l’accompagner. Jon et Samwell était en train de discuter ensemble, le premier était là, car il est celui qui connaît le plus Luna dans tout la garde et le second lui représentait Mestre Aemon puisqu’il était impossible pour lui de venir, même si cela aurait plu à Jeor. Thorrhen faisait partie de l’excursion, il y a quelques années, il avait raconté qu’il avait vu un enfant vivre au milieu d’une meute de direwolf. Ce fut sans surprise qu’il se porta volontaire pour aller à la rencontre de Luna. Un autre membre s’était porté volontaire, mais il ne s’agissait pas d’un patrouilleur. A vrai dire, cela ne faisait pas plus d’une semaine qu’Isendre avait rejoint la Garde et pourtant, il se tenait prêt à partir. Il était venu de lui-même montrer son envie de se rendre utile et cela avait fait une bonne impression au Lord Commandant qui accepta qu’il prenne part à l’excursion. Une autre recrue se tenait à côté d’Isendre, il s’agissait de Jaime Lannister. C’est Jeor qui lui avait ordonné de venir, en réalité très peu de membres s’étaient portés volontaires pour l’excursion. En tant qu’ancien garde Royal, il n’avait pas besoin de s’entraîner et il serait plus utile avec eux.

- Allons-y

Les 6 gardes étaient ressortis de l’autre côté du mur et commençaient à se diriger vers le camp des Sauvageons. Au fur et à mesure qu’ils s’approchaient, Jeor était de plus en plus nerveux. Même s'il avait placé un peu de sa confiance en Luna, il se méfiait du reste de sa meute qui restait imprévisible. Une fois dans la tente, le Lord Commandant prit place en face de Luna et laissa le rester de ses hommes s’installer. La sauvageonne était-elle aussi entourée et Jeor avait remarqué la présence d’un bébé, mais il n’y accorda aucune importance.

- Commençons

Jeor acquiesça d’un signe de la tête, les sujets de discution n’étaient pas nombreux. Les armes en Verredragon allaient rester sur la table un bon moment, mais il voulait revenir sur la possibilité avec le Roi d’Au Delà du mur. Étant donné que la première tentative avait échouée.

- Je suis content que vous soyez revenus sains et saufs de votre voyage. J’ai entendu que vous avez trouvé des armes en Verredragon. Est-ce que notre marché est toujours d’actualité ?

-Allons-y.

Un frisson lui parcourut l'échine, tandis qu'il regardait derrière lui. Pourquoi s'était-il porté volontaire, déjà ? Peut-être était-ce pour faire bonne impression, pour tuer un peu son ennui, ou juste par curiosité de voir de ses propres yeux le bien étrange monde qu'était l'Au-Delà du Mur. A vrai dire, lui-même ne s'en souvenait plus vraiment. Il avait bien d'autres préoccupations, à vrai dire, puisqu'au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient de la porte du Mur, le camp des sauvageons se rapprochait. Plus vite qu'il ne l'aurait cru, ils arrivèrent auprès de la tente.
Isendre eut une brève hésitation avant de s'y engouffrer. Et s'il s'agissait d'un piège ? Et si ces négociations étaient vouées à l'échec ? Et si tout tournait mal ? L'estomac noué, il rentra finalement et s'installa sans un mot.

Regardant autour de lui, il observa les sauvageons. Il identifia la première personne à prendre la parole comme étant celle que l'on appelait Luna. A ses côtés se trouvaient, entre autres, une jeune femme blonde à l'air agressif, un loup à l'épaisse fourrure noire, si énorme qu'il n'en avait jamais vu de tel et un bébé. Il s'arrêta sur ce détail... Que faisait un nourrisson ici ? Il serra légèrement les dents, anxieux, toujours la même question en tête : que faisait-il, lui, Isendre Rivers, ici ? Que faisait-il au Mur ? Le visage de Leyïa faillit lui revenir en tête, le hanter à nouveau, mais la voix du Lord Commandant le tira de ses sombres pensées.

-Je suis content que vous soyez revenus sains et saufs de votre voyage. J’ai entendu que vous avez trouvé des armes en Verredragon. Est-ce que notre marché est toujours d’actualité ?

Il releva la tête. Le Verredragon... On lui avait raconté des histoires sur les Autres. Y croyait-il ? Non. Les histoires qu'on lui racontait enfant, lorsqu'il n'était que le bâtard de Beaumarché, étaient celles de monstres étranges, des créatures qui se terraient dans la nuit, dans les infinités de neige. Il ne croyait ni aux monstres, ni aux créatures. Et pourtant, toutes ces histoires qu'il entendait depuis sont arrivée à la Garde de Nuit lui faisait froid dans le dos. Il n'était pas là depuis une semaine, que déjà le froid lui devenait insupportable, et que d'étranges choses se disaient. On ne parlait pas que de sauvageons, non, on parlait bien de monstres et de créatures, les Autres.
Ces histoires ne le rendaient que plus anxieux.

Jeor se tut et écouta Jon faire les présentations des différents membres de groupe, il suivait du regard ses hommes au fur et à mesure que leur nom était prononcé. Concentré sur la raison pour laquelle ils étaient venus, il n’avait pas pensé à présenter ses hommes. Luna repris la parole et capta toute l'intention du Lord Commandant. Elle indiqua que le voyage ne s’était pas déroulé sans encombre et qu’elle avait perdu des hommes. Elle évoqua aussi le nom d’Hermine, morte durant le voyage elle aussi.

« Je suis sincèrement navré pour vos amis. Faisons en sorte que leurs pertes ne soient pas vaines. »

Ces premières vies n’étaient pas les premières à partir et surement pas les dernières à la vue de ce qu’il les attendait. Le moral de Jeor remonta légèrement lorsqu’il entendit de la bouche de Luna qu’elle avait effectivement trouvé le verredragon. Il balaya rapidement la tente du regard sans trouver l’endroit où il aurait pu être entreposé. Il voulait en savoir plus, il voulait savoir en quelle quantité elle en avait trouvé, sous quelle forme ou dans quel état. Mais il n’eut pas le temps de prendre la parole que la Sauvageone fit part de son désir de modifier certaines conditions du marché. Cela ne l’étonna qu’à moitié, la Garde a besoin de ce qu’elle possédait et elle en était parfaitement consciente. Le Vieil Ours chercha pendant quelques secondes ce que Luna allait pouvoir demander en plus, mais rien ne lui vint à l’esprit, il devait donc lui demander. Il regarda rapidement ses hommes à sa droite et à sa gauche avant de reposer son regard sur la chef de la meute.

« Eh bien, nous vous écoutons. » Dit-il en accompagnant sa parole d'un geste de la main.

Jeor était prêt à faire de concessions, l’enjeu était très grand. Mais il faudra que cela reste tout de même dans le domaine du réalisable. Il pourra tout de même rediscuter une fois le souhait de Luna dévoilé.

Isendre Rivers. Le simple fait d'ainsi entendre son nom rappela une fois de plus au bâtard des Desdaings ce qu'il était ; rien. Il aurait pu être un chevalier, il l'avait même été quelques temps... Il fronça légèrement les sourcils, redressa la tête et se concentra une bonne fois pour toutes sur ce qui se disait autour de lui. Observant tous les sauvageons présents, il remarqua le sourire de l'un d'entre eux et serra les dents. Pourquoi souriait-il ?
Luna annonça la mort de deux des membres de son clan, et d'une amie. Isendre ne savait rien de cette prénommée Hermine, ni de ce clan de sauvageons. Il avait la désagréable impression d'être une brebis au milieu des loups.

D'après les dires de Luna, ses compagnons et elle avaient trouvé le Verredragon. Si les Autres existaient vraiment, alors pourraient-ils les vaincre ? Sa mâchoire se décrispa quelque peu, et il osa un regard vers Jaime Lannister, espérant que celui-ci serait à peu près aussi perdu que lui. Il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Il n'était pour l'instant qu'une recrue de la Garde de Nuit, et regardait ceux qui l'entouraient avec la peur innocente d'un enfant.

Ainsi donc, Jeor devrait faire des concessions pour obtenir le Verredragon ? A nouveau, la crainte que tout cela soit voué à l'échec et que sa vie ne s'arrête là, bêtement, en tant que simple petit nouveau perdu de la Garde, s'empara de lui. Il ne put empêcher un soupir de franchir la barrière de ses lèvres, et releva son regard vers la chef du clan sauvageon. Il avait hâte de savoir ce qu'elle allait bien pouvoir demander mais surtout, il avait hâte de s'en aller. Il n'aimait pas savoir ces sauvages si près de lui ; qui savait ce qu'il pouvait leur passer par la tête ?

Le bruit léger de la neige craquant sous le pas des hommes accompagnait la marche de la petite troupe. Morose, Eson regardait néanmoins avec une certaine curiosité les alentours du Mur, maintenant qu'il foulait pour la première fois son autre côté. Comme on pouvait s'y attendre, les alentours n'étaient que des forêts enneigées, bien que les corbeaux avaient coupés toute végétation sur une grande surface. La grande plaine enneigée qui était née de ce déboisement était assez impressionnante par son désolement. On avait l'impression d'entrer dans le pays de l'abandon. Le froid renforçait ce sentiment de désert sinistre où toute vie était vaine. Et pourtant. Le camp niché au pieds du mur était un témoignage de la vie au-delà de ces forêts. Pour avoir commercé avec le peuple que les corbeaux appelaient « sauvageons », Eson était assez confiant. Il connaissait vaguement leurs mœurs et savait à quoi s'attendre. Le plus jeune de la petite troupe semblait quant à lui assez nerveux. L'ibbénien ne pouvait pas lui donner tord. Indéniablement, les gens de ce pays étaient rudes et violents. Mais ils savaient commercer. Ils étaient méfiants mais pleins de ressource. Eson les aimait bien. Ils feraient de bons hommes d'équipage. Néanmoins, il savait pertinemment qu'au vue de leur pays et de la menace qui semblait planer sur eux, ils étaient obsédés par leur survie et donc imprévisibles et fougueux. Il ne se sentait pas concerné par tout ce qui se passait autour de lui. Il avançait d'un pas lourd, les bras ballants. Il avait une épée à la taille, cela suffisait à le rassurer. Si les choses tournaient au vinaigre, il se frayerait un chemin pour s'enfuir. Même s'ils se considéraient comme « frères », les crapules autour de lui n'étaient vraiment pas considérées comme telles aux yeux de l'ancien contrebandier. Croisant le regard de certains hommes du camp, il sentit successivement la haine, la méfiance et l'espoir. Il comprit alors enfin que certains enjeux se jouaient près du Mur. Notamment la vie de ces gens-là. Quel autre sentiment que la peur pour les mener si loin au Sud ? Ils pénétrèrent dans une tente et y furent accueillies par une sauvageonne entourée de plusieurs des siens. Mais c'est son animal qui marqua le plus Eson. Un léger frisson le parcourut. Il n'avait jamais vraiment aimer ce genre de bêtes. Tout ce qui avait des crocs assez longs pour le blesser le répugnait depuis son séjour dans les arènes de Meereen, où les combats contre des fauves étaient aussi fréquents que contre des hommes. Il regrettait presque l'absence de Loren, resté au Mur, qui avait toujours plu aux bêtes. Les grognements du loup mettaient le marin mal à l'aise. « M'est avis que cette bête me serait plus agréable en méchoui... » songea-t-il, repensant à la nourriture peu appétissante qu'on lui avait servis plus tôt. Ils prirent tous place sur des sièges de fortune, Eson se laissant choir sur une bûche légèrement creusée et se mit à attendre, écoutant distraitement. Il était question de verredragon et d'un marché. Visiblement le commerce naissait entre les corbeaux et les sauvages. Ils comprenaient peut-être enfin que les compromis et l'échange était plus bénéfique que les tueries. En plus, c'était l'occasion de se faire de l'or. Néanmoins il était plutôt vexant d'apprendre que le commerce naissait entre les deux côtés du Mur, alors qu'il avait été mis aux arrêts pour avoir pratiqué ce commerce, certes, d'armes. Visiblement il y aurait négociations. Cela devenait plus intéressant. La sauvageonne avait des revendications. Eson posa alors son regard sur celle, qui, assise près du loup, n'était guère plus amicale que ce dernier. Elle avait pourtant une certaine beauté, sauvage. Eson se surprit à sourire légèrement. Quelle haine dans son regard... Il aurait aimé croiser des femmes aussi libres dans les bordels du monde. Toutes les femmes de ce pays le fascinait. Bien moins soumises qu'ailleurs.

Isendre fronça un peu plus les sourcils lorsque Luna parla des terres de l'autre côté du Mur. Il ne savait pas exactement de quelle façon réagir, s'il devait se taire ou s'exprimer mais, dans le doute, il préféra se murer dans le silence. Que pourrait-il bien dire d'intéressant ?
Il tourna un peu la tête vers les autres corbeaux présents, cherchant à savoir ce qu'ils pouvaient penser de la demande de la sauvageonne, et comment réagissaient Eson et Jaime. Ce dernier fut d'ailleurs le premier à réagir aux paroles de Luna. Le Régicide éclata de rire, faisant alors sursauter le bâtard du Conflans.

-Pardon, lord Commandant, je suis nouveau venu dans la Garde et peu au fait du... folklore du Nord, mais il me semble me souvenir que le Mur a été justement édifié pour empêcher ces personnes de venir brûler nos fermes, éventrer nos hommes et tuer nos femmes. Ce doit être une plaisanterie.

Instinctivement, sa main chercha maladroitement le pommeau de son épée, mais son mouvement gauche l'empêcha de le saisir. Comment Jaime pouvait-il dire une chose pareille alors qu'il n'était aucunement en position de force ? Il était, certes, l'un des meilleurs épéistes de Westeros, mais ça ne le rendait pas imbattable pour autant.

L'une des sauvageonnes se leva soudainement, insultant Jaime comme il avait insulté son peuple. Isendre serra une fois de plus les dents, foudroya le Régicide du regard et déclara d'un ton sec :

-Jaime, dois-je vous rappeler qu'en entrant dans la Garde, vous avez renoncé à votre nom et à tous vos titres ? Vous n'avez pas plus de valeur que quiconque sous cette tente, vous feriez mieux de vous en souvenir. Il tourna la tête vers les sauvageons, s'attardant sur la blonde qui semblait avoir un très fort caractère. Excusez-le, je crois qu'il n'est pas encore habitué à sa nouvelle condition.

Il posa un regard presque froid sur Jaime pendant un instant, puis le reposa ensuite sur Jeor, curieux d'entendre sa réponse à la demande des sauvageons.

Jeor écouta tour à tour les différentes interventions et piques que s’envoyaient les membres de cette rencontre. Jaime avait à moitié tort dans ses paroles, le mur n’a pas été construit pour lutter contre les sauvageons, mais pour faire face aux marcheurs blancs. Cependant, le Mur permettait de tenir la grande majorité des sauvageons de l’autre côté, mais cela n’empêchait pas certains de passer et de causer des dégâts dans le Nord. Malheureusement, son intervention n’était en aucun cas la bienvenue dans le contexte actuel. Le Lord Commandant s’apprêta à le rappeler à l’ordre lorsque les cris d’Hilda se firent entendre. L’ambiance était de plus en plus tendue sous la tente et cela n’allait pas être arrangé par une nouvelle intervention d’un membre de la garde. Celle d’Isendre ne visait pas les sauvageons, mais était à l’intention du Lannister. Cela surprit Jeor, il lança un regard interrogatif à Jon pour finalement se retourner vers le Rivers. C’est Luna qui continua les hostilités, et en toute honnêteté le résumé qu’elle fit de la garde n’était pas aussi loin de la réalité qu’il l’espérait. Les insultes étaient dorénavant dirigées vers Jaime uniquement.

La situation ne pouvait être plus mauvaise. Les discutions n’avaient pas commencé et les deux camps montraient les crocs. Il fallait calmer le jeu pour essayer de faire repartir les négociations.

« Assez ! Silence ! Nous ne sommes pas venus ici pour régler nos différends , mais bel et bien pour trouver une solution à un problème commun. ! »

Le Lord Commandant se tourna vers ses hommes et regardait Jaime et Isendre dans les yeux.

« Je ne vous ai pas amené ici pour compliquer la tâche, elle est déjà assez complexe à elle seule. Si vous ne voulez pas aider ou y mettre du vôtre, sortez d’ici. »

Il se retourna vers le groupe de sauvageons en face de lui.

« C’est valable pour les deux côtés » dit-il en regardant Hilda.

Il laissa quelques secondes de silence pour enfin rebondir sur la demande de Luna.

« Le fait de vous offrir des terres plus loin que le Mur ne permet plus à la garde de garder un œil sur vous. Notamment si plusieurs clans décident de vous suivre. Nous avons vu les dégâts que les sauvageons qui ont passé le mur peuvent causer. Quelle assurance puis-je avoir que les habitants du Nord n’auront rien à craindre de leurs nouveaux voisins ? »

Il n'y avait pas que le vent qui était glacial, sous cette tente : l'accueil l'était aussi. L'atmosphère ne tarda cependant pas à s'échauffer. C'était amusant de voir ces inconnus se donner en spectacle. La plupart semblaient bien peu subtils et patauds. Le palot aux cheveux noirs semblait moins bavard mais plus sensé, quant au vieillard, comme tous les vieillards, son expérience lui donnait trop d'assurance. S'il y avait bien quelque chose en quoi l'on ne pouvait se fier, c'était soit-même. Pour autant, dans cette tente, il ne pouvait faire confiance à personne d'autre, et il le comprit bien vite. Hormis leurs hôtes, qu'il savait fiables malgré leur rudesse, il y avait cette bande de corbeaux qu'il n'avait jamais vu. En fait, les seuls qu'il eut à connaître étaient ses bourreaux à Fort-Levant.La conversation s'engageait sur deux sujets principaux, tout d'abord les négociations avec le vieil ours au poil blanc : les sauvageons, comme les appelaient les westerosi – qu'avaient-ils de sauvages ? Ils parlaient, mangeaient et chiaient comme tout homme au Sud du Mur. Non, ces gens ne connaissaient pas les dothrakis pour qualifier ce peuple de survivalistes de sauvages. Ces peuples nordiques cherchaient visiblement à se mettre à l'abri et se sédentariser derrière le Mur. En somme, s'ils avaient des terres à cultiver, ils n'auraient pas à piller leurs voisins. Néanmoins, après des décennies de razzias, Eson pouvait comprendre l'appréhension de certains. Chez les petites gens, les idées reçues sont tenaces. La deuxième partie de la conversation, plus personnelle. Eson ne saisissait pas l'ampleur que pouvait avoir ce décès. Peut-être manquait-il tout simplement de sensibilité. Au mieux, il avait de la sympathie pour les sauvageons avec qui il avait déjà commercé. Quant aux corbeaux, même s'il avait le même apparat, il n'oubliait pas qu'ils avaient voulu le pendre.Intervint alors Jaime, dont le visage respirait la suffisance, et ce fut le chaos. Les négociations avaient à peine commencées qu'elles étaient ruinées par une simple intervention. Si Eson comprenait le point de vue, il avait du mal à saisir l'intérêt de l'exprimer maintenant. Ruiner la négociation était la seule optique envisageable, et pour l'ibbénéen, c'était volontaire. Les réactions furent immédiates. Le plus jeune tenta de calmer le jeu. Il était maladroit mais avait du cran. Eson souriait en l'écoutant s'évertuer à redresser le cap. Efforts vains. La blonde était enragée. Il pouvait le comprendre aussi. Étrange position que celle de l’indifférent. Cependant, il n'était pas insensible à son sort et commençait à s'en inquiéter, notamment quand le loup s'agita. Il n'avait pas peur, il avait affronté les fauves de l'Est, mais il savait pertinemment que cet animal pouvait lui arracher la carotide d'un croc. Il était plus loyal et efficace que tout guerrier. Bel adversaire. Et il n'aurait pas à bondir bien haut pour saisir Eson, l’îlien trapu. L'insolent fut copieusement insulté et ils étaient mis à la porte. Ils quittèrent la tente honteux. Eson jeta un regard entre sérieux désarroi et malice, s'éclipsant avec politesse:« Mesdames... », ainsi tira-t-il sa révérence d'un hochement de tête.Il faisait encore plus froid dehors, et les locaux ne mettait pas vraiment à l'aise. Au sein même du groupe, il sentait des tensions naître. Cela lui plaisait comme l'effrayait. Le noiraud voulait rester pour négocier. Eson eut alors un excès de zèle, ne pouvant se retenir. « Laissez moi rester. Je suis silencieux et je connais leurs mœurs. Deux épées valent mieux qu'une si cette négoce tourne mal. », il se tourna alors vers le noiraud : « Sans douter de vos capacités, bien sûr. J'étais marchand. Je sais négocier. L'accord est intéressant. Nous pouvons y être tout autant gagnant qu'eux. »L'appel du commerce et de l'action. Eson avait une idée en tête. En fait, plusieurs. Mais il se pourrait que cela l'amuse d'aider la Garde pour le moment. Et puis, c'était dans son intérêt. Ils assuraient sa survie ici.

Jeor ne fit qu’un bref signe de la tête de la tête avant de quitter la tente. Il était partagé entre un sentiment de colère et de dégoût. Il était en colère contre Jaime bien sûr, mais aussi contre lui-même. Dorénavant une de ses craintes était belle et bien confirmée, la confrontation dans la tente entre Hilda et Jaime montrait bien que seules quelques personnes croyaient en la possibilité d’une alliance. Malheureusement, ces deux personnages résumaient les ressentiments des deux camps par rapport à l’autre.

Jon s’adressa à lui en lui indiquant son envie de retourner négocier. Une alliance avec ce clan était vitale et il souligna bien l’urgence de la situation. Le Lord Commandant n’avait pas grand-chose à dire pour refuser sa proposition. À la vue des évènements, il était clair qu’il n’avait pas compris le comportement des sauvageons et la manière requise pour s’en faire des alliés. Chose que le jeune Snow serait peut-être en mesure de faire. De plus, il avait assez à faire avec ses propres hommes.

- Très bien Jon. Tu as carte blanche. La formation d’une alliance entre le clan et la Garde est désormais ta seule mission. Tes choix seront les miens. Prends au moins Samwell avec toi, et si tu désires plus de frères avec toi, tu n’as qu’à dire leur nom et ils te suivront.

Jeor se retourna face au reste des membres de la garde et les regarda un par un. Arrivé au tour de Jaime, il lui adressa la parole.

- Jaime. Nous avons besoin d’une bonne discussion pour mettre les choses au clair.

Il continua de parcourir l’assemblé et tomba sur Isendre qui avait lui aussi très déçu.

- J’aimerais m’entretenir avec toi aussi Isendre.

Le Lord termina son tour de la troupe et refit face à Snow. Il s’était démené pour cette alliance et allait continuer de le faire. Il se rappela le jour ou le bâtard du Lord Eddard Stark avait juré de se racheter et de redevenir de nouveau digne. Mais aujourd’hui c’est Jeor qui avait trahi Jon et le reste de la garde.

- Sache Jon, que si tu sors la Garde du mauvais pas dans laquelle je l’ai entraînée. Il se pourrait que tu retrouves un objet qui t’a été enlevé il y a quelques mois.