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Uchronie du Trône de Fer de George R.R. Martin. Venez incarner un riche Lord, un noble chevalier, un seigneur ruiné ou un roturier dans le Royaume des Sept Couronnes !
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Une autre rencontre

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MessageSujet: Une autre rencontre Une autre rencontre Icon_minitime06.05.14 7:05

Année 297 – Lune 12 – Semaine 2 – Jour 5

Je n’étais pas comme Aeron Greyjoy à chercher un signe du destin dans le moindre bruissement de vagues. Toutefois suite à notre altercation avec la maison Mallister je pressentis la nécessité de notre départ.

Port-Réal n’était définitivement pas pour nous autres fer-nés, trop de règles, et trop d’animosités.

De toute façon mes hommes avaient leurs comptes de putains et moi d’ouvrages. Chacun ses distractions.

Je supervisais encore l’embarquement de quelques bricoles, et tout de suite après nous partions. Plus exactement nous aurions dû partir. Seulement d’autres en décidèrent autrement.

Trois manteaux d’or hélèrent mes hommes sur le pont.

« Hé vous là ! Qui est le capitaine de ce rafiot ? »

Ces manteaux d’or toujours aussi arrogants. Sans doute le fait de venir à bout de voleurs et de mendiants leurs montaient à la tête. Seulement là ils avaient à faire avec de vrais guerriers.

« C’est un boutre. » Dis-je d’abord. « Et je préside les destinées à son bord, moi Rodrik Harloi seigneur de la maison Harloi. »

Comme prévu cette grandiloquence volontairement appuyée dépassa quelque peu les miliciens. Ils y perdirent de leur assurance.

« Il faudrait que nous vous parlions. »


Nos ennuis avec les visiteurs Conflans étaient sûrement remontés à leurs oreilles. Et à présent ils tentaient de grappiller quelques pièces en échange de leur silence.

Ce n’était parce que ma maison était la plus riche des îles de fer, que je devais me laisser rançonner de la sorte surtout au profit ces soldats d’opérette.

A mon avis un petit étalage d’acier de la part de mes hommes, les ferait déguerpir. Toutefois je percevais une lueur d’intelligence dans le porte-parole du trio. Si on pouvait faire l’économie d’une démonstration de force autant essayé.

Bénéficiant encore de mon effet j’allais à leur rencontre l’air hautain.

« C’est pour vous. » Me dit le manteau d’or tout en me glissant un papier.

Le message était succinct. Il ne contenait rien d’autre qu’une adresse et un descriptif pour s’y rendre, sinon ni signature, ni sceau.

L’air perdu du messager indiquait, qu’il n’en savait pas beaucoup plus que moi.

Pourtant sans le savoir il était porteur de renseignements. Il n’était pas à la portée du premier venu d’utiliser des manteaux d’or comme facteurs. Toutefois une personne disposant de certains moyens aurait pu tout simplement envoyer l’un de ses serviteurs.

Voulait-il rester anonyme ? A moins ces manteaux d’or présentaient une sorte d’échantillon de son pouvoir.

En tous cas la personne derrière cette manœuvre retenait mon attention. Etait-ce une erreur d’accepter cette mystérieuse rencontre ? Peut-être ? Soit je n’avais pas d’ennemi particulier à Port-Réal. Mais nous les fer-nés étions un peu les ennemis de tous dans les sept couronnes.

Gunther s’étant montré trop impulsif dernièrement, je préférais me faire accompagner par Joan un jeune épéiste prometteur.


Dernière édition par Rodrik Harloi le 29.05.14 10:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une autre rencontre Une autre rencontre Icon_minitime07.05.14 15:40

« Elles se sont vues dans les jardins. Elles ont parlé du nom Lannister. La princesse n'a fait qu'défendre les Lions, mais la cousine elle était pas convaincue.
Il est certain que quelques Lannister ne soutiennent pas l'action des plus grands d'entre-eux. Peut-on en sentir un mouvement de fronde?
— J'sais pas, moi.
Il va falloir continuer à surveiller cela. Et dites, très cher, à Lös de surveiller de plus près la servante. Elle peut nous être utile, surtout si elle laisse échapper quelques phrases qui encourageront nos desseins. De quoi ont-elles parlé d'autre?
— Choses inutiles, m'Lord. D'la balafre d'la Princesse, de quelques trucs de femmes que j'pige pas toujours. Fin v'là, quoi.
Très bien. Ne baissez pas la garde, mon ami. »

Le bonhomme quitta la petite pièce de la remise. Il s'éclipsa dans le couloir sombre, terreux et poussiéreux, laissant son interlocuteur seul.
Les jardins du Donjon-Rouge étaient immenses, et demandaient bien des locaux pour être entretenus. Mais ces locaux étaient la plupart du temps déserts, les jardiniers passant leur temps dehors à entretenir les jardins, ne se servant des locaux de stockage que le soir pour ranger leur matériel pour la nuit. Autrement dit, il s'agissait ici d'un lieu secret, d'un endroit oublié que peu connaissaient. Un lieu que personne ne pouvait penser suffisamment caché pour y entretenir des complots, tout comme on le croyait sans cesse occupé. Mais les grands secrets sont moins susceptibles d'être connus qu'en étant révélés à voix haute, devant tout le monde, sans que l'on sût qu'il s'agissait ici de secrets. Se servir d'un lieu connu, visible, devant lequel tout le monde passait tous les jours, toutes les heures restait une manière digne des meilleurs mouchards, dont celui qui s'y trouvait actuellement en faisait partie.
Affublé d'une robe verte-sombre, comme de coutume fermée sur l'avant par une ceinture de style étranger, le gras chauve semblait méditer quelques secondes. C'était un moment assez rare, pris à l'échappée, que de trouver Varys en train de prendre quelques secondes pour lui. Des instants où il respirait la froide détermination qui était la sienne, et l'absence totale de scrupules qui l'entourait. Froid, Varys changeait de visage dans ces quelques secondes invisibles et volages. Il redevenir un mur de froideur, encore plus glacial que le Mur, ne laissant rien voir. Sa poudre blanche était de trop, ses habits étaient de trop, on voyait l'homme dans ce qu'il avait de plus vrai.
Le temps de quelques secondes, néanmoins, et il redevenait Lord Varys, connu de tous à la Cour. Sortant de la petite pièce, il disparut à son tour, ne laissant que la fraîcheur et l'humidité occuper les lieux.

Une heure plus tard, ses deux yeux de marbre croisèrent ceux d'un marchand qui ne le reconnu pas. Vêtu d'une longue cape brune excentrique, bottes de cuir bien visibles, une sorte d'immense turban dans de faux cheveux blancs, l'homme semblait faire parti des quelques dignitaires étrangers venus à la Cour du Roi Robert pour une audience quelconque. Accompagné de deux gardes également vêtus de manière étrange, dont les seules armes et quelques armures montraient leur appartenance à un corps militaire, Varys était en direction d'un hôtel particulier que quelques riches passants à Port-Réal pouvaient se payer le temps de leur séjour.
Il avait toujours eu comme coutume d'utiliser ce déguisement, à quelques nuances près. Il aimait également s'entourer de deux de ses mouchards, fièrement déguisés en militaires qu'ils n'étaient guère. Cela ajoutait de la prestance à la scène. Jamais ou presque il n'avait été embêté dans ce genre de costume. Toujours y avait-il quelques autres mouchards surveillant de près ou de loin. Un quelconque larcin n'aurait pu arriver. Quant à une prise à partie par l'un des gardes, il suffisait à Varys de révéler son nom pour que ce dernier disparût aussi rapidement qu'il était arrivé. Duper dans un monde de dupes, sûrement là l'activité favorite du Maître des Chuchoteurs qui ne se lassait jamais de faire une partie du travail que ses autres mouchards exécutaient également. Une manière pour lui de se sentir près d'eux, de se rappeler ses origines, et de garder toujours une autonomie nécessaire en cas de soucis à la Cour. Varys était une Araignée. Et comme toutes les Araignées, il pouvait facilement abandonner sa toile et en retisser une autre ailleurs.
Il suffisait, pour cela, que personne ne l'écrase sur le sol alors qu'il filait à la douce, toutes les pattes en marche, galopant dans un sens sûr. Peut-être était-ce là toute l'importance du jeu des costumes auquel Varys aimait à se prêter?

L'homme qu'il avait à voir aujourd'hui n'était pas des plus inutiles à Westeros, bien que son importante fût aussi grande que celle d'un banal courtisan de Port-Réal. Mais s'il n'avait aucune siginification aux yeux du Roi ou du Conseil Restreint, il en avait auprès de son Seigneur, Balon Greyjoy, dépourvu de fils et de pouvoir, reclus dans un château de sel en attendant de prendre une revanche qui pourrait s'annoncer dangereuse si personne ne liait à la Couronne pour la réprimer.
Mais il se trouvait que les Îles de Fer devenaient de plus en plus bruyantes pour le peu de petits oiseaux qui s'y trouvaient. Varys en avait un peu partout, mais certaines régions étaient toujours plus favorisées en nombre d'espions en fonction de l'importance politique, de la situation sociale ou religieuse ou du nombre d'armées. Aussi, en avoir quelques uns de plus n'était pas des plus inutiles en des temps où Robert Baratheon ne tenait pas plus sur son trône que sur ses pieds. Toutes les Araignées ont besoin de plus de toile pour attirer plus de mouche.
Quand il fut installé dans une chambre excentrée de l'hôtel, il retira ce qu'il y avait de superflu, dans sa tenue, en retrouvant une tout à fait normale pour ceux qui le voyaient tous les jours. L'eunuque avait retrouvé son apparence, et se trouvait bel et bien seul dans sa chambre, positionnant ses deux espions à des endroits stratégiques, de manière absolue à ce qu'ils ne fussent pas visibles.

L'homme entra, tandis que Varys rédigeait quelques feuilles de parchemin sur une table. Accompagné de son fidèle Joan, que Varys connaissait suffisamment de loin pour les quelques nuits de folie qu'il avait faites durant le temps resté à Port-Réal.
Tout en se levant, le Maître des Chuchoteurs prit la parole d'un ton suave et calme. « Très chers, votre présence me fait honneur. Excusez la rudesse et la pauvreté de mes mots, mais les papiers s'envolent toujours là où on ne voudrait pas qu'ils soient. Joan, mon ami, vous serez galant homme en acceptant ma bourse et en filant vous restaurer ou en allant entretenir vos armes avant le voyage. Votre grand et honorable Seigneur est sous bonne garde, parole de Conseiller du Roi ! » Il lui fit un mielleux sourire, tendant de sa main poudreuse la bourse promise. Il se trémoussa en voyant le jeune homme accepter la bourse et partir, tel un enfant heureux de faire plaisir à une personne qu'il veut impressionner.
Il servit deux coupes de vins, en donnant une à son invité, et s'installa dans l'un des fauteuils de la pièce. Cette dernière était relativement luxueuse mais sombre, tamisée par des rideaux de soies jaune qui créaient une atmosphère de fin de journée alors que l'après-midi ne faisait que naître.

« Comment furent ces quelques jours passés en notre capitale, Mon Seigneur? J'ose escompter que vous ramènerez à Lord Greyjoy de friandes observations de toute sorte sur le coeur de Westeros. Ce que cela doit être frustrant que de rester enfermé dans son donjon jour et nuit. Il se porte bien, j'espère? »

Il fit une moue mielleuse, tout en ne cessant pas d'observer tranquillement Harloi, sans cependant laisser transparaître quoi que ce fût dans ses yeux.
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MessageSujet: Re: Une autre rencontre Une autre rencontre Icon_minitime09.05.14 7:16

Nous pénétrâmes dans un quartier modeste sans être toutefois un coupe-gorge. A vrai dire je connaissais un peu cet endroit. Il était surtout fréquenté par des étrangers de passage de condition moyenne. Par conséquent on y évitait de faire du grabuge.
La pièce de l’auberge où l’on nous attendait, était retirée. Bref le mot d’ordre était discrétion.

Tous ces détails révélateurs échappaient bien évidemment à Joan. Rien ne pouvait stopper son bras munit d’une épée. Par contre il en allait autrement de sa tête.
Le rendez-vous mystérieux, le fait que notre hôte connaisse son prénom, il s’en moquait. Tous ce qui comptait à ses yeux étaient la bourse offerte et les plaisirs en découlant.

Toutefois Joan conservait la discipline inhérente au guerrier. Avant de partir il chercha mon approbation du regard. Je lui donnais.

Encore quelques années et il deviendrait un excellent soldat. Hélas c’était surtout de bons meneurs dont nous manquions dans nos îles.

Notre hôte n’avait pas de mauvaises intentions du moins directement. S’il désirait attenter à ma vie, il ne s’exposerait pas ainsi et encore moins se montrerait à visage découvert. Surtout qu’il n’avait rien d’un combattant à première vue.

Ce n’était tout de même pas une raison pour baisser ma garde. Cet homme s’était visiblement bien renseigné à mon sujet avant de « m’inviter ».

Il prétendait être un conseiller du roi. Ma foi cela avait l’air vrai. Bien que richement vêtu il ne portait pas les signes distinctifs d’un noble comme un blason. Malgré son phrasé suggérant une certaine culture, il n’arborait pas non plus une chaine de mestre.

Donc je faisais face à un homme érudit, prospère, et disposant d’un certain pouvoir. Effectivement cela correspondait à ses prétentions.

Hélas je ne connaissais pas assez la composition de la cours royale pour être en mesure de l’identifier complètement. Je savais que le frère de Robert Barathéon en faisait partit. Seulement cette personne était censée être bien plus jeune.

Je m’aventurais dans une partie déjà perdue. Le prétendu conseiller disposait d’une trop grande avance.

Je me focalisais alors sur ses mots. Il savait les manier le bougre. J’avais intérêt à me méfier. Surtout qu’il disposait d’un autre avantage, celui de capter mon attention.
Le vin lui aussi méritait que l’on s’attarde dessus. Des crus de cette qualité parvenaient rarement jusqu’aux îles de fer surtout ces temps-ci.

Le mieux à faire était de couper dans son jeu, c’est-à-dire d’éviter les digressions.

« Mon séjour me fut profitable, je vous remercie. Quant à Lord Greyjoy il n’est pas encore un vieillard cloué dans sa chambre à coucher. S’il désire savoir à quoi ressemble Port-Réal il est tout à fait capable de s’y rendre. Au fait j’ignore toujours le nom de mon hôte si généreux. »

Parfois un mouvement brutal comme celui-là brise l’impasse. Et puis mon vieil orgueil de fer-nés fut titillé lorsque mon interlocuteur essaya de me tirer des informations sur mon roi. Il me prenait pour qui ? L’un de ces courtisans prêts à toutes les bassesses en échange d’une faveur.
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MessageSujet: Re: Une autre rencontre Une autre rencontre Icon_minitime12.05.14 18:12

Il suffisait de parler de Varys, donner son nom, aborder celui d'Araignée ou d'eunuque, et on voyait tout de suite de quelle personne on parlait. Le mielleux mais sans scrupules Maître des Chuchoteurs, celui tout autant capable de savoir quel plat avait mangé le plus petit des paysans comme quel plan prévoyait Tywin Lannister pour asseoir le pouvoir de sa maison.
Mais comme pour beaucoup de ces membres influents à la Couronne, qui ont leur place autour du Conseil Restreint mais qui ne sont guère connus physiquement ailleurs que Port-Réal et quelques lieux privilégiés, Varys n'était pas un visage connu de tous. Certains l'imaginaient comme le Lutin, petit et malin, manigançant ses plans abjectes pour détruire la moindre petite menace qui se présenterait face à lui. Pour d'autres, Varys était un vieillard libidineux mais qui en savait plus que tout le monde sans être capable de lever ses deux fesses d'un fauteuil à roulettes. Au final, beaucoup de rumeurs, de chuchotements, mais pas une véritable capacité à se représenter l'Araignée. Certains de ses mouchards n'avaient pas la moindre idée du visage que pouvait avoir celui qui les faisait travailler tous. Tous n'avaient pas eu la possibilité de le rencontrer en personne. C'était donc une figure qui s'imposait par l'absence. Varys était toujours quelque part, en quelqu'un, à espionner untel ou untel, sans que finalement rien ni personne ne puisse prouver la moindre présence de l'eunuque. En somme, il tirait ses cordes dans l'ombre, tel le marionnettiste qui redevient contrebandier la nuit pour arrondir ses salaires misérables.

Il semblait qu'il se trouvait avec l'un de ses individus, incapables de mettre un visage sur ce nom pourtant si connu.
Mais Varys, lui, le connaissait. Il avait appris son arrivée et avait suivi son cours parcours dans la capitale. Banneret de ce cher Lord Greyjoy, aussi érudit que tête de pioche, ce dernier avait rencontré différentes personnes durant ces quelques jours à Port-Réal. De quoi intéresser l'Araignée, de toute évidence, puisqu'un Fer-Né dans l'antre des Cerfs et des Lions était aussi rare qu'un poisson respirant à l'air libre.
Il avait notamment était mis au courant pour l'altercation qui avait eue lieu entre Harloi et Mallister, pour des broutilles d'honneur que ces grands Seigneurs connaissent tant et qui finissent toujours par les perdre. Au final, rien de bien important qui puisse susciter la vigilance du Maître des Chuchoteurs.
Mais pour la première fois depuis quelque temps, un Fer-Né faisait son entrée à Port-Réal et non de manière timide et zélée. Comme ses frères, Rodrick Harloi s'était fait remarquer dans quelques rues sombres, ne laissant guère de chance aux contradictions quant au caractère légendaire de ces marins trop salés à l'eau de mer au goût de l'eunuque. Un être, donc, qui s'était fait remarquer en sachant totalement qu'il se ferait remarquer. Car il était suffisamment intelligent pour connaître les moindres rumeurs sur cette immense capitale, et bien malin pour savoir qu'un certain eunuque aux petits oiseaux apprendrait un jour qu'il était bel et bien là.

La voix bien tranchée, il informa l'eunuque sur l'état physique de celui qui dirigeait les Îles de Fer. Bien que, évidemment, ce dernier fût tout à fait au courant de l'état de santé de Balon Greyjoy, informé de plusieurs choses sur la partie de Westeros qu'il administrait.
Les Greyjoy n'avaient jamais véritablement compté dans la balance du pouvoir. Mais ils étaient là, comme nombre de petites maisons qui faisaient la gloire et l'importance de plus grandes. Il fallait donc connaître tous les rouages de ce vaste monde pour en comprendre ses failles, ses nuances, ses forces et ses faiblesses. Varys était sûrement tout autant au fait des rivalités, des histoires, des importances, des liens entre paysans et seigneurs que les grands mestres de Westeros et d'Essos. Il savait les noms, savait quel poids avait telle ou telle famille dans son territoire, et quels liens s'étaient noués entre eux et les plus grands Seigneurs qu'il avait plus de chance de côtoyer régulièrement. Cependant, il avait besoin d'en savoir plus sur les affaires internes, sur les façons qu'avait tel ou tel Seigneur de diriger la partie du territoire qui lui revenait. Il était très bien informé sur certaines parties du monde, mais légèrement moins sur d'autres. Pour comprendre les grandes machines, Varys misait également sur le détail. Il ne croyait guère au hasard, mais à la logique de liens qui s'entrelacent et se retrouvent toujours quelque part. De cette manière, rien n'était mis de côté dans ce qu'il voulait savoir. La couturière de HautJardin, le paysan de Winterfell, l'écuyer de Lys étaient aussi importants que Catelyn Stark, Olenna Tyrell ou quelques puissants marchants des Cités-Libres.
C'était là tout l'art du Maître des Chuchoteurs.

« Oh... nous savons tous deux, mon cher, que Balon Greyjoy serait déjà venu nous rendre visite si l'envie lui était venue. Mais j'ai bien peur que ce dernier ne soit quelque peu rebuté de sa dernière expérience avec les autorités de la Couronne. Peut-être est-il préférable pour Lord Balon de rester dans son château. »

Lorsque Stark et toute sa suite avaient débarqué à Port-Réal, Varys avait pensé y voir Theon Greyjoy. Ou plutôt, lorsque la compagnie était partie de Winterfell, puisque de toute évidence l'eunuque était déjà en capacité de dire quels étaient les membres accompagnant l'actuelle Main dès sa sortie de la capitale du Nord.
Le garçon n'était qu'un gage aux yeux de tous, un être ni présent totalement à Winterfell ni aux côtés de son père. Un étranger à l'identité. Et vu la façon avec laquelle il tournait, au vu de son intelligence guère légendaire et dangereuse, Varys ne misait pas bien gros sur l'avenir de celui qui se trouvait être le seul héritier mâle des Fer-Nés.

Le Maître des Chuchoteurs se servit une gorgée de vin, qu'il laissa glisser dans sa gorge avec une lenteur digne de sa personne. Son regard vitreux ne laissait rien transparaître, mais ses moues quasi féminines affichaient un délicat sourire. De manière onctueuse, il reposa le verre sur le petit guéridon qui les séparait tous deux. Dehors, quelques bruits de voix venaient percuter l'atmosphère lourde et tranquille de la pièce.

« Je ne suis que l'humble Maître des Chuchoteurs de notre prestigieuse Couronne de Westeros, au service de sa Majesté. Comme nous tous, n'est-ce pas, Lord Rodrik? Il lui sourit de manière mielleuse, laissant planer quelques secondes de silence avant de reprendre avec une voix presque chuchotante. Vous êtes vous remis de vos fâcheuses déconvenues avec Lord Jason Mallister? Vous sembliez bien offusqué de son comportement. Nous n'aspirons qu'à la tranquillité des Seigneurs qui viennent nous faire l'honneur de leur présence dans la Capitale. Aussi, j'espère que vous ne prendrez pas dans vos bagages de retour ce malheureux moment passé. »

La dernière phrase tomba dans une moue quasi affectée de l'Araignée qui ne lâchait pas du regard son invité.
La tranquillité à Port-Réal était une denrée tout aussi rare que certaines épices que quelques grands Rois pouvaient s'offrir. Que quiconque s'aventurant au hasard dans les rues ne rencontre pas d'événements embêtants relevait du miracle, sauf lorsqu'on se trouvait pourvu de prédispositions comme celles d'être le Maître des Chuchoteurs des Sept Couronnes.
Et encore.

Mais les mots de Varys étaient tous à double-sens. Les sous-entendus, cette fois-ci, étaient finement dissimulés. Mais à qui avait l'oreille chuchoteuse, il était aisé de comprendre que l'eunuque espérait que Harloi s'en aille de Port-Réal avec plus de bonnes nouvelles que de mauvais moments à raconter. Il souhaitait, autrement dit, que ce dernier soit plus pourvu de bonnes choses à sa sortie de la capitale qu'à son entrée.
Ce que Varys pouvait offrir ne se trouvait guère être de la confiance. De l'or, certes, mais un Seigneur en avait suffisamment pour ne pas en quémander auprès d'un membre du Conseil Restreint. Non, Varys proposait un temps son soutien. Un soutien toujours éphémère, certes, mais un soutien qui pouvait s'entretenir de jour en jour de façon à ce que les deux soient suffisamment servis en la matière pour qu'il dure un peu plus longtemps.
Toutefois, il y avait bien une chose dont beaucoup se méfiaient avec l'Araignée. Il était parfois complexe d'être manipulé par ses pattes et ses toiles tout en le manipulant également. La plupart du temps, Varys faisait de son comparse une autre proie, qu'un jour ou l'autre il finissait par détruire avant d'être lui-même dévoré. Aux mille plans de secours qui se dessinaient dans son esprit, pas un seul ne se percevait aux yeux de ceux qui pensaient le comprendre au mieux.

Mieux valait, cependant, risquer quelque peu et avoir Varys de son côté que de l'avoir contre soi.
A bon entendeur...
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MessageSujet: Re: Une autre rencontre Une autre rencontre Icon_minitime15.05.14 7:08

Il se décida enfin à se présenter. Cela aurait dû me rassurer. Pourtant ce ne fut pas le cas.

Ainsi il s’agissait du fameux Lord Varys. Sur les îles de fer il était le sujet de quelques blagues paillardes liées à son… manquement.

Quant à sa capacité à tout savoir elle me semblait être au moins partiellement une exagération, un conte alimenté afin d’assoir le pouvoir de la couronne.

A présent j’en étais moins sûr. Mon altercation datait à peine d’une journée. Et elle était déjà remontée jusqu’aux oreilles de l’eunuque dans les détails.

Il fallait voir la réalité en face. J’étais sur son territoire, et par conséquent désavantagé en cas d’opposition. Quoiqu’il désire obtenir de moi, je devais me montrer prudent.

Surtout que cet homme maniait les mots comme un fer-né un arc. Tous visaient soigneusement un objectif entre autre me faire admettre la faiblesse de mon roi, et s’assurer de ma position par rapport à Robert Barathéon.

Visiblement Varys voulait faire de moi un tourne-casaque. Pour qui me prenait-il ? Je demeurais un fer-né (c’est pourquoi je n’envisageais même pas cette proposition), bien que particulier (c’est pourquoi je ne sautais pas à la gorge de mon interlocuteur).

Etait-ce stupide de jouer sur le propre terrain du fameux chuchoteur ? Sans doute. Mais le défi me tentait trop. Et puis je pense qu’il me sous-estimait quelque peu. Les continentaux possédaient une vision très caricaturale des fer-nés.

Peut-être cela me permettrait-il de le surprendre un peu ?

« Je vous remercie de votre délicatesse. Mais vous ne m’avez tout de même pas fait venir uniquement pour vous assurer de mon bien être ? » Dis-je avec amabilité.

A mon avis il ne me dévoilerait pas ses cartes si je le brusquais trop. Ce conseiller aimait les belles phrases. Si je coupais court, il m’en voudrait. Alors qu’en faisant l’inverse je pourrais peut-être le pousser à l’erreur.

Plaisir et vanité, c’est là où se situaient les faiblesses de chaque homme. Même celui-ci malgré sa différence ne faisait pas exception à la règle.

Étant un étranger en ces lieux je me référais donc à ces principes fondamentaux.
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