Une semaine s'était écoulé et le grand jour était arrivé. Tous se rassemblaient dans l'esplanade. Une majorité des personnes présentent étaient à présent persuadé de l'innocence de la reine, si le petit peuple ne la portait pas vraiment dans leur cœur, ils avaient là une raison de plus pour se plaindre du Roi et de sa façon de régner et de faire la justice. Certains seigneurs de l'ouest était resté à la capitale, soucieux de voir l'une d'entre eux ( et par n'importe qu'elle ) être sauvé par les Dieux, mais aussi soucieux de voir comment leur nouveau seigneur allait gérer cette situation. Sur l'estrade principale, le Roi, les membres du conseil, le jury et le prince s'installait…L'absence d'Oberyn Martell fit déjà jaser l'assemblée qui voyait là qu'une preuve de plus de l'insolences et de la subjectivité du Prince dornien.

Des membres de la garde royale entrèrent dans la cour où se déroulerait le duel judiciaire. Présentant à tous l'accusée. Cersei restait toujours aussi fière et malgré ses journées passées en tant que prisonnière celle-ci arrivait à garder une certaine prestance. Non loin d'elle, se trouvait la personne qu'elle avait choisie en son nom durant ce duel.

Une Lady, elle s’affichait avec une foutue Lady comme Championne !
Aux Autres l’état d’esprit dans lequel il arriva sur les lieux du duel. Il aurait pu passer la plus formidable matinée de son existence, ou pas, mais ce qu’il apprit à l’instant laissa place à la consternation. Puis à la rage, comme à l’accoutumé quand son épouse se décidait à agir envers lui.
Et sans saluts ni sommations :
« UNE LADY ! Tu n’as rien trouvé de mieux que d’envoyer une dame à l’abattoir. Tiens-tu tant à ridiculiser ainsi ta fin ? Elle a beau porter arme et armure, cela n’a jamais fait un combattant. »
Il hocha la tête de gauche à droite, profondément désolé de voir une Reine perdre l’esprit alors qu’elle jouait sa vie.
« Je vous prie de reconsidérer toute deux ce choix. Lady Brienne, je n’arrive pas à imaginer ce qui vous a poussé à accepter ce fardeau. Et toi, ma femme » Il cracha presque ce mot « c’est ainsi que tu traites cette ordalie ? »
Robert pensait s’être préparé aux lubies de Cerseï. Jusqu’au bout elle aura le don de planter des meubles sur le petit orteil de son existence.

Il passa devant Humphrey Hightower, son Champion, alors qu’il se dirigeait vers son siège. Robert s’arrêta un instant au niveau de son Garde pour lui glisser quelques recommandations :
« Tu as intérêt à ne pas de ridiculiser aujourd’hui ou, je le jure sur les valseuses de l’Etranger, je t’arrache moi-même ton Manteau Blanc des épaules. Montre que tu es le même gaillard qui a eu la vaillance d’écraser la Montagne. »
Qu’il perde ou qu’il gagne, ce serait le Jugement. Ce n’était pas cela qui le dérangeait, mais que cela soit de la main d’une femme. Il serait prêt à arracher le nom d’Humphrey du Livre Blanc si jamais cela arrivait.
Le Roi porta sa main sur l’épaule du Champion :
« J’ai toute confiance en toi. Ne déçois pas ton Roi. »
Au niveau combat, il se sentait plutôt en veine en ce moment. Mises en garde faites, il était plutôt serein quant à l’issu du duel. Il acheva ensuite les quelques pas qui le séparait de l’estrade et prit place. Robert espérait que le Garde gagne rapidement, il ne se sentait pas du tout d’humeur à profiter du spectacle.

D’apparence fière, la Lionne se présentait aujourd’hui face aux peuples, aux seigneurs, à son suzerain d’époux, à son fils, mais surtout, elle se présentait face aux Sept. Accompagnée de Brienne, la reine tenait en estime celle qui pourrait bien lui sauver la vie aujourd’hui. Elle avait fait confiance en son fils pour cette décision. La jeune femme à ses côtés n’avait pas été la seule à se présenter pour être la championne de la reine, c’était pas moins de cinq autres personnes qui s’étaient désignées, mais au fil des discussions avec son fils, leur choix, c’était porté sur elle et la Reine y voyait, en plus de ses chances de survivre, un excellent pied de nez à son mari. Elle enviait presque Brienne, celle-ci représentait une partie de ce qu’elle aurait souhaité être capable de faire, mais qui lui avait toujours été interdit de par sa condition de femme et de Lannister.
Son regard se posa sur son frère qui vint la trouver, lui souhaitant non sans hypocrisie qu’il souhaitait qu’elle obtienne le soutien des Sept. Elle esquissa un sourire :

« Prie les, petit frère… Sans moi, tu ne tiendras pas l’Ouest bien longtemps. »

Affirmait-elle à voix basse pour que seul son nain de frère puisse l’entendre.
Recevant par la suite les bénédictions de la première sainteté, elle inclina respectueusement la tête en guise de remerciement

Comme elle s’y était attendue, le Roi ne put s’empêcher de réagir face à cette ultime provocation. Soit elle gagnait et il aurait la honte de voir qu’au moins un de ses gardes pouvaient être battu par une femme, soit elle perdait et le Roi aurait sur ses mains le sang de la fille d’un seigneur. Levant son regard vers son époux, elle fit preuve d’un sang-froid à toute épreuve.

« Ce sont les Sept qui m’ont apporté la Pucelle de Torth… Et c’est notre fils qui m’a convaincue »

Lui mettant sous le nez que si quelqu’un souhaitait peut-être le ridiculiser ici, ce n’était pas seulement elle. Son regard se posa sur Durran quelques secondes avant de porter à nouveau son attention sur le Roi.

« Mais avant de porter un jugement sur mon respect des us et coutumes, tu devrais peut-être regarder ce qui se passe autour de toi. Personne ici n’a manqué de remarquer l’absence de l’un de mes juges…. » Elle marqua une pause et reprit, « C’est ainsi que vous traitez cette ordalie ? »

Se tourna vers Brienne, elle prit l’une de ses mains entre les siennes, l’observant, les yeux dans les yeux.

« Les Sept sont avec vous Lady Brienne Torth… » Sous-entendant et clamant son innocence à travers ses maux. « Vous avez toute ma confiance et surtout, toute ma gratitude et mon estime. »

Laissant sa championne sur ces mots, elle rejoint sa propre place. Posant à nouveau ses yeux sur Durran, elle ne le quitta plus du regard dès cet instant. Priant muettement les Sept de ne pas l’abandonner.

Cette garce en armure ! Une jument qui mériterait d’être monté pour lui apprendre quelle est sa place. D’où se permettait-elle de lui adresser ainsi la parole ! Alors qu’il était à deux doigts de se lever et de changer les termes du duel pour lui offrir une issue nettement plus définitive, son fils vint lui chuchoter à l’oreille.
Bon sang, ce gamin était dans sa vie que depuis quelques jours et que ne ferait-il pas déjà pour lui ? Il donnerait tout pour Durran. Alors que représentait quelques instant à lui prêter l’oreille avant de faire rabattre son claque merde à cette fendu qui ridiculisait la chevalerie ?
C’est ainsi que le jeune Prince arriva à calmer son père. Même si « calmer » était là un mot un brin trop fort. « Désamorcer » serait de meilleur aloi. Il entendit ses arguments et les pesa. Sa colère le rendait le plus souvent sourd et aveugle à un quelconque bien fondé, même parfaitement exposé. Mais la voix de son rejeton réussit à percer ce voile et les idées qu’il exposa purent prendre place et germer.
Il finit de se redresser et, la tête empli des dire de son fils :
« Brienne Torth, ayez au moins l’audace de combattre comme un chevalier et les tripes de ne point geindre lorsque coulera votre sang. Même si Ser Humphrey combattra sans tenir compte de votre sexe ni votre rang, j’escompte bien qu’il ne vous amoche pas trop, que vous ne fassiez pas plus fuir vos prétendants pour que votre père puisse rapidement trouver à vous marier. A ça, j’y veillerais personnellement. »

Le duel allait commencer de façon imminente et pourtant il manquait toujours Oberyn. Ce cher Lord du Sud à la peau si ambré et à la voix si suave avait surement d’autres choses à faire que de daigner se déplacer jusqu’au duel qu’il était censé présider avec Ned et Adès. Bien sûr, il voyait parfaitement le genre d’activité qui pouvait recueillir son attention. Chaque homme à ses priorités, il devait comprendre ça, lui plus que tout autre. Alors…
Alors rien. Il venait d’essayer l’ironie pour une fois et cela le mis encore plus au bord de la rage.
« Faites venir des crieurs publiques, qu’ils aillent dans toutes les rues de Port-Réal et toutes les coursives du Donjon Rouge. Notez ce que je vais dire, ils devront l’annoncer bien haut, qu’il comprenne bien qu’un affront de plus de ce genre était l’affront de trop. »
Il se racla la gorge et s’empêcha de le hurler lui-même. Pourtant le volume de son coffre permit à l’assemblée d’en savourer l’essentiel.
« A l’attention du Lord Oberyn Martell. Quelques soient les cuisses où vous vous trouvez, sachez qu’aucun con ne vaut un affront. Vous avez jusqu’au premier sang coulé pour trouver le chemin de la lice et une excuse mieux montée que votre légendaire virilité. Si par hasard, ceci venait à se produire, sachez qu’aucune excuse ne vaut le crachat que vous venez de lancer à la face des Sept et à la Couronne. »
D’un geste énervé il congédia le héraut qui, palissant au message qu’il aurait à faire répéter, se pressa d’accomplir son devoir.

Sur ceci, le Roi laissa le duel débuter.

Et le duel commença…Remettant sa destinée entièrement entre les mains de Brienne. Cersei aurait voulu avoir la force de ne pas quitter Durran du regard mais c’était plus fort qu’elle, sa vie se jouait sur ce combat et plus que sa vie, c’était son honneur et celle de ses enfants qui se jouait là. Son regard à présent posé sur le combat, elle était bien incapable de le quitter des yeux. En quelques minutes, la reine eut la sensation de se retrouver seule face aux deux combattants, seule….Face aux Sept. Ses deux mains jointes devant elle laissait entrevoir sa crispation et sa nervosité. La tension était palpable alors que les échanges débutaient. La pucelle et le garde royal étaient tous deux d’indéniable combattant. Les yeux fixant les échanges violents entre les deux champions, Cersei ne remarqua même pas qu’elle s’était mise à murmurer une prière pour les Sept, pour la Mère plus exactement, ses enfants avec besoin d’elle…Durran avait besoin d’elle.
Elle pria, jusqu’à soudainement retenir son souffle lorsque sa championne tenta une attaque. C’était risqué certes mais cela se tentait, son cœur manqua un battement lorsqu’elle comprit que l’offensive de championne avait échoué malgré elle, se retrouvant à présent à la merci de Garde Royal qui profita de cette position, bien décidé à ne pas laisser Brienne lui reprendre l’avantage.

Elle pouvait sentir son rythme cardiaque battre dans ses tempes alors que sous l’effet du stress elle avait cessé de prier et surtout, elle avait cessé de respirer pendant de longue seconde durant lesquelles elle espérait voir sa championne retrouver contenance. Détournant enfin les yeux du combat pour poser ses iris sur son fils. Elle venait à peine de le retrouver, les Dieux seraient-ils cruels au point de vouloir le lui enlever aussi rapidement ? Au moins, si elle devait mourir, se serait avait la consolation de savoir que l’enfant qu’elle avait cru perdu à jamais était devenu un beau et fier jeune homme. Elle savait que la peur se lirait bientôt sur son visage et c’est pour cette raison qu’elle ne prolongea pas plus l’échange visuel avec le prince. Cersei ne souhaitait pas qu’il lise la peur dans ses yeux, reposant son regard sur le combat, elle fixa Brienne, encore certaine que la championne pouvait combattre Humfrey. Le Hightower avait beau avoir terrassé La Montagne, la reine n’était pas la seule à connaître la rumeur qui racontait que le garçon n’avait été qu’un opportuniste achevant une proie déjà bien blessée et fatiguée par le combat.

L’hallali avait sonné et les premiers chocs de l’acier contre l’acier avaient retentis. Sans s’en rendre compte, Robert trépignait sur son siège. Un instant, l’exaltation du combat le prit lorsque résonnât le bruit de des armes et boucliers s’entrechoquant.
Quelle fabuleuse recrue que cet Humphrey au sein de ses Manteaux Blanc. Il ne déméritait en rien sa place aux vues de cette passe d’arme. Un sourire mauvais aux lèvres, le Roi savourait d’avance la sévère dérouillée qu’allait ce prendre cette femelle. Et elle semblait bien en peine en ce moment.
« Si l’armure est trop lourde pour elle, j’aurais dut les faire combattre en robe. » lança-t-il avec un air faussement peiné. Son champion n’allait pas faire dans la dentelle, le duel serait vite expédié.
Le choc du coup de poing que se prit Humphrey fit se rassoir aussitôt Robert, imitant le recul de son Garde. De même il arborait maintenant une grimace surement à l’image de celle qu’affichait le champion sous son casque.
Tout à l’attention et à la griserie du corps à corps, personne dans l’entourage direct du Roi ne fit attention à Ned et à son garde qui s’éclipsa discrètement de la lice.


Aux abords de l’arène où se déroulait le duel, la foule s’était amassée en une masse compacte. Les gens étaient serrés aux coudes à coudes, les plus frêles ne touchant plus terre maintenant. Les exclamations suivaient du premier rang jusqu’au dernier, telle une vague, ceux du fond criant aussi fort que les premiers mais sans savoir pourquoi.
Prit dans cette confusion, le garde de la Main cherchait tant bien que mal des yeux le héraut du Roi. Il dut jouer des coudes et, à de rares exceptions, dut se montrer un brin plus violent pour se tailler un chemin dans la masse.
Quelques manants, doutant de se faire prendre leurs places à la moindre bousculade, rembarrèrent et repoussèrent le soldat à plusieurs reprises. Ce dernier n’arrivait point à apercevoir sa cible.
Au bout d’une lutte acharnée, il réussit à s’extirper de la foule. Cherchant des yeux tout autour de lui, ne sachant pas dans quelle rue le héraut s’était engouffré. Pressé par l’urgence de la situation, il prit celle qui lui semblait la plus perspicace.
Il galopa à toutes jambes de rues en rues, demandant aux passants s’ils avaient aperçu le héraut. Le garde ne le retrouva pas à temps. Maintenant parmi les personnes qu’il croisait, certaines s’offusquaient alors que d’autres riaient de l’annonce faite au Lord Martell.

Si extérieurement la Reine semblait presque sereine, intérieurement, Cersei ne pouvait que se sentir nerveuse. Sa vie était entre les mains d’une robuste femme et des Dieux. Cessant bientôt les prières tant elle fut concentrée par l’échange qui se jouait sous ses yeux. Retenant son souffle à chaque coup décisif. Elle remarqua que sa championne reprenait le dessus, ne pouvant s’empêcher d’esquisser un sourire de satisfaction alors que son regard croisait celui de son humble et loyale servante. Qu’elle ait réussi ou non n’avait plus vraiment d’importance, elle lui était redevable. Meera ne l’avait pas quitté, malgré les accusations et malgré les faibles chances qu’elle avait de se sortir vivante de cette situation. Le fer claquait et lorsqu’un énième coup violent frappa un bouclier, Cersei ne put s’empêcher de jeter un œil vers son fils…Peut-être y verrait-elle autre chose ? (1)

Les rumeurs de la foule lui firent détourner le regard, les boucliers étaient au sol, son cœur se remit à lourdement cogner dans sa poitrine. Elle le sentait, la fin du combat approchait et avec celle-ci, sa destinée. Vivrait-elle ou serait-elle condamnée à mourir.
Ne décollant plus ses yeux du combat, ses muscles se crispèrent à chaque coup. Et là, en quelques secondes à peine, le temps semble s’être arrêté. Elle entends les cris de la foules sans vraiment les écouter, le regard rivé sur le flot de sang…Elle fixe le visage de la victime, incapable de vraiment croire durant les premières secondes qu’il s’agissait bien du garde royale.

Les Dieux l’ont innocenté…Les Dieux l’ont pardonné.

Son regard se lève vers Durran, un poids énorme disparaissant de ses épaules. C’est sans attendre une seconde de plus qu’elle se dirige rapidement vers lui. Dicté par la soudaine émotion qui la gagne en cet instant, les gardes eux-mêmes ignorent comment réagir avec elle…Etait-elle Reine ? Ne l’était-elle plus ? Aucuns pourtant ne se placèrent entre elle et le prince qu’elle prit final dans ses bras. Elle qui n’était pas certaine de pouvoir sentir à nouveau cette chaleur. Elle n’avait pas eu la chance de le voir grandir mais elle pourrait tenter de rattraper ce temps à présent. Les Dieux le lui accordaient. Elle murmura quelques paroles que seul Durran put entendre.
Ce n’est qu’en entendant la voix de Brienne qu’elle se détacha de son fils. Retrouvant un peu de sa contenance, elle se tourna vers sa championne, la remerciant d’un regard qui en disait long. Nul doute que Cersei trouverait le moyen de remercier celle-ci.

Pour l’heure, elle n’avait hélas pas le temps de se laisser noyer par ses émotions, elle le savait, sa situation n’en restait pas moins précaire. Elle avait imaginé ce moment, sur la façon dont elle pourrait humilier Robert une bonne fois pour toute. Cersei détenait déjà certaine information qui aurait pu faire tant de bruit et tant de mal mais c’est à la dernière minute qu’elle se ravisa. Se tenant auprès de Durran à présent, elle ne jeta même un regard vers son époux. Se délectant de son humiliation la plus totale et du simple fait que cette championne lui fut conseillé par le prince lui-même.