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[Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam]

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Talla




Personnage
Age du personnage: 21 ans
Surnom: La pucelle
Métier/Titre(s): Septa

Talla
« La Face Cachée de Corcolline »

Copyright : Walda & Luna
Citation : « Il faut savoir s'instruire dans la gaieté. Le savoir triste est un savoir mort. L'intelligence est joie. »
Pseudo : Jul'
Corbeaux : 210
à Westeros depuis : 23/10/2013
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MessageSujet: [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] Icon_minitime19.07.16 8:35


Samwell ☸ Talla

298 – Lune 7 – Semaine 3 – Jour 1

Mon enfant, ma soeur,



Songe à la douceur


Lord Randyll était de plus en plus dur avec Samwell ces derniers temps, Talla l’avait bien remarqué, aussi fut-elle surprise lorsqu’il l’emmena à la chasse. C’était un honneur qu’il réservait habituellement à Dickon, bien meilleur cavalier et bien meilleur chasseur, somme toute, bien meilleur fils que ne l’était son ainé aux yeux du Sire de Corcolline. D’ailleurs, à voir la mine de son frère en ce beau matin ensoleillé, elle était persuadée qu’il se serait bien passé de cet honneur, mais l’on obéissait à Lord Randyll ou il vous en cuisait. Talla, elle aussi le savait et n’avait jamais osé refuser de l’accompagner où il souhaitait qu’elle se montre en société pour trouver un époux malgré sa timidité et le nouvel échec qui s’en suivrait et lui vaudrait mépris, méchancetés et, si l’homme était particulièrement de mauvaise humeur, une ou deux baffes dont ses joues se souviendraient longtemps. A la table seigneuriale ou l’ensemble de la famille Tarly partageait le petit déjeuner, elle tenta de lui glisser un sourire pour lui remonter le moral. Dickon aussi boudait, il n’avait pas été invité et prenait cela pour un affront, à tort ou à raison, quand à Visenya, la jeune enfant ne put s’empêcher d’enchérir.

__ Père, je croyais que vous ne vouliez plus chasser avec Samwell ? »

Randyll bougonna.

__ Il faut qu’il apprenne. »

Des années qu’il répétait ça, des années qu’il essayait de lui inculquer sa façon de penser à grand coup d’entrainements intensifs, de parties de chasse obligatoires ou de ceinturon. La manière forte, Randyll ne connaissait que ça. Mais depuis que son second fils était en âge de le suivre et de lui faire honneur en tout ce que Samwell lui faisait honte, tout comme Leyïa pour Talla, il délaissait ses deux ainées pour leurs cadets avec une joie affichée et de nombreuses remontrances en prime. Cela l’assurait plus encore dans ses méthodes et dans sa manière d’être et ainsi tout le monde pouvait en profiter pour rabaisser Sam et Talla. Mais la pucelle de Corcolline n’était pas dupe, ce soudain revirement de situation cachait quelque chose d’autre…

Elle les regarda s’éloigner à cheval et quitter Corcolline avant de retourner à ses livres, son père absent, elle pouvait s’y consacrer corps et âme. Néanmoins, elle redescendit en hâte, en entendant les chevaux de retour dans la cour. Elle était vêtue de la même robe verte simple et pudique qu’elle portait au matin, elle l’avait faite elle-même, sans fioriture ni ornements. Elle se présenta sur le perron en haut de l’escalier qui menait aux portes du château et sut au regard de Samwell que la matinée avait été aussi catastrophique qu'escomptée, peut-être pire encore. Son père lui, semblait satisfait et se rendit monta les escaliers quatre à quatre avec six beaux lièvres qu’il jeta à une servante avant de passer les portes. C’était d’autant plus étrange…

Talla attendit son frère, lui prit la main et l’emmena en silence dans sa chambre en la lui serrant fort pour tenter de le réconforter. Une fois à ‘labri des regards et des oreilles indiscrètes, elle lui demanda en l’invitant à s’assoir avec elle sur son lit.

__ Que c’est-il passé ? »

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MessageSujet: Re: [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] Icon_minitime27.07.16 23:19

De bon matin, toute la famille se réunit comme à son habitude autour de la grande table, près de l'âtre. Les servants nous apportent rapidement de quoi nous sustenter. J'apprends assez tôt que Père désire que je l'accompagne à l'une de ces fameuses traques au gibier.

Partir à la chasse ne m'a jamais enthousiasmé. Je trouve qu'il s'agit là d'une activité barbare. Pauvres bêtes... Certes, il faut bien manger, mais j'ai horreur d'assister à la mort de ces animaux. Ce jour ne présage rien de bon. J'ignore pour quelle raison Père s’obstine-t-il à m'emmener avec lui, sachant pertinemment que je ne maîtrise ni l'archerie, ni la cavalerie.

L'ambiance est plus que morose. Tous savent manifestement que la journée sera difficile, pour moi. Je ne peux ouvrir la bouche, sauf peut-être pour avaler difficilement le plat qui me fait face. Une boule d'angoisse bloque ma gorge, tandis que mon estomac commence à se nouer sous la pression grandissante. Père est certainement en train de me jauger de son regard si sévère... Je n'ose le regarder.


- Aujourd'hui, je te donne une énième chance de me prouver ta valeur. Ne me déçois pas, Samwell.

Les mots ne sortent pas. Je me contente d'hocher la tête, apeuré. En coin, je peux percevoir le sourire réconfortant de Talla, ce qui a le don de me réchauffer le cœur, sans pour autant atténuer cette appréhension qui m'habite alors. Quelle humiliation vais-je subir aujourd'hui? De toutes manières, j'ai tellement été rabaissé par le passé, et ce devant tout Corcolline, qu'à présent, je me suis résigné à accepter la triste vérité; je suis un incapable.

Mon frère est frustré de ne pas participer à cette expédition. Après tout, même s'il n'est que le cadet, il reste bien meilleur que moi, en tous points. Père eut mieux fait de l'amener lui, ainsi il n'aurait risqué de rentrer bredouille. Je le jalouse quelque peu, d'être né avec tant d'aisance et de facilité, quand moi je n'ai hérité que de maladresse et d'impotence. Je me questionne souvent sur les raisons de mon sort. Peut-être qu'un miracle adviendra et que ma flèche touchera sa cible...? Quand bien même s'agirait-il d'un miracle, il ne se reproduirait jamais et Père aurait tôt fait de me reconsidérer comme son éternel fils indigne. Je n'ai d'autres choix que de me résigner à en baver, une fois de plus.

Lorsque le petit déjeuner est terminé, je pars me préparer aussi vite que je le peux. Père déteste attendre. En réalité, il déteste beaucoup de choses. Le maître d'armes me confie arc et carquois, puis un palefrenier m'aide à grimper difficilement en selle. J'ai honte de faire subir aux chevaux le fardeau que je suis.

Ainsi, nous partons vers la forêt. Je tente de maîtriser ma monture, mais celle-ci ne daigne écouter mes instructions, préférant s'arrêter régulièrement brouter par-ci par-là, ce qui agace le reste du groupe.


- Sois plus ferme avec ce cheval. Je te l'ai déjà dit! hurle mon père.

J'aimerais bien, mais je ne suis pas crédible, comme cavalier. Même les chevaux le ressentent. Ma voix ne porte pas.

Lorsque nous descendons de selle, je devrais me réjouir, seulement maintenant vient l'heure du pistage et de la furtivité. Autant dire que passer inaperçu relève du défi avec mon gabarit. Le silence est d'or et désormais, nous allons devoir communiquer par la gestuelle. Pendant que nous progressons à pas de loups dans les bosquets, nous encochons nos flèches, parés à tirer à la moindre apparition.

Aux abords d'une clairière, nous apercevons de nombreux lièvres, occupés à flâner dans les herbes. Père me jette un regard observateur, avant de me lancer un geste de la main.

Je tente de mettre en pratique ce que l'on m'a appris et tout en fermant un œil, je bande la corde de mon arc. Le tout est de bien viser et pour ce faire, il faut estimer justement la distance. Je tire malhabilement et ma flèche heurte un rocher, ce qui provoque la fuite de nos proies. Fort heureusement, certaines se dirigent vers nous et mes compagnons parviennent à en abattre quelques unes.


- Imbécile, ils ont failli nous échapper par ta faute !

Père fulmine, il s'approche de moi et me saisit par le col. Je ressens alors toute sa rage, lorsqu'il me crache dans l'oreille;

- Ecoute moi bien, fillette, tu ne mérites pas d'être l'héritier de mes terres. Demain, tu vas prendre le noir et décamper au Nord, jusqu'au Mur. Si tu ne le fais pas, il y aura une autre partie de chasse, et à ce moment là, il t'arrivera un accident. Un accident mortel. Il ne me resterait plus qu'à le dire à ta mère. Rien ne me ferait plus plaisir.

C'en est trop, je lâche de nombreuses larmes et gémissements, protégeant mon visage à l'aide de mes bras, de peur qu'il ne me frappe. Ma frayeur est telle que je ne peux contenir ma vessie. Il relâche son emprise, souriant telle une vipère. Je le répugne, c'est évident.

Nous rentrons jusqu'à Corcolline. Je me sens brisé. Que vais-je devenir?

Talla m'attendait. Elle a remarqué que quelque chose s'était mal passé. Sans un mot, nous montons jusqu'à sa chambre. Elle m'interroge ensuite sur cette matinée. Comment lui dire? La nouvelle est difficile à expliquer.


- Ma très chère sœur, je vais devoir partir. Père ne veut plus de moi, ici. Il dit que je suis indigne de ses titres. Je n'ai d'autre choix que de m'enrôler dans la garde de nuit. Sinon...

Je n'ai pas besoin d'en dire plus, elle a comprit. Elle sait très bien de quoi Lord Randyll Tarly est capable. Je regarde Talla. Mes yeux sont gorgés de larmes. J'ai mal, très mal.

- Tu vas tellement me manquer.

Je me saisis de sa main, et la serre vigoureusement. Quelque part, je cherche à l'aide. Je suis terrifié.

- Ma place n'est pas las-bas... Que vais-je faire...?

Mes sanglots s'amplifient. Je me fonds dans les bras de Talla. Je m'y sens bien. Ma sœur aînée a toujours su me réconforter, et partager mes secrets. Je ne veux pas partir. Je ne veux pas la quitter...


Spoiler:




Dernière édition par Samwell Tarly le 28.07.16 15:36, édité 1 fois
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Talla




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MessageSujet: Re: [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] Icon_minitime28.07.16 15:34


Samwell ☸ Talla

298 – Lune 7 – Semaine 3 – Jour 1


Samwell n’était pas le seul incapable de Corcolline, Talla aussi faisait partie de la liste de Lord Randyll. Deux aînés fort décevants, l’un incapable de se montrer un homme, un digne héritier de la Maison Tarly et l’autre, incapable de faire ce pourquoi elle était née, se marier et ainsi offrir une belle alliance au Seigneur des Marches. Le premier était gras comme un goret et se montrait ridicule sur la lice d’entrainement, que ce soit à cheval à pied, avec une épée ou un arc. La seconde ne brillait pas en société, ni par sa beauté, ni par son discernement, ni par sa conversation, ni par ses atours et il n’allait pas tarder le moment ou son seigneur et père l’emmènerait dans un septuaire pour y perdre son nom et devenir Septa puisqu’elle aimait tant jouer les Jouvencelles effarouchées. Ingrate, ingrats, tous les deux, être si bien né et lui faire ça, à lui, le Sire de Corcolline. Heureusement, les cadets rattrapaient le tire, que ce soit Dickon en tant qu’héritier ou Leyïa en tant que jeune fille.

Pourtant si l’un et l’autre préféraient les livres et les plantes, l’histoire et les sciences à tout ce que leur père attendait de dignes Tarly. S’ils ressemblaient plus à des pédales douces de Hightower qu’aux enfants du commandant de l’avant-garde du Bief, ils n’étaient pas véritablement incapables pour autant. Certes, aux yeux de Randyll, ils ne correspondaient pas l’idée qu’ils se faisaient de ce que devaient être ses enfants, mais à eux deux réunis, ils avaient plus de connaissances et d’intelligence que toute la Maisonnée réunie. Excepté bien-sûr ce pauvre Mestre qui leur avait tout enseigné sans savoir ce à quoi il les destinait et sans imaginer que la connaissance puisse être ainsi méprisée et bafouée au sein de cette famille et qui regrettait autant d’avoir été envoyé ici servir le Sire de Corcolline que d’avoir su passionner les deux ainés dès leur plus tendre enfance avec es enseignements.

Pauvre Sam, aussi à l’aise sur un cheval que Talla, les chevaux sentent leur manque total de confiance en eux et n’obéissent pas, eux qui ont tant l’habitude d’être mené à la baguette par Lord Randyll et ses hommes qui, pour lui plaire, font comme lui. Une main de fer dans un gantelet de fer, le velours c’est pour les donzelles, et encore, point trop n’en faut.

Talla s’attendait au pire, mais elle ignorait encore ce qu’était le pire, même si le fait de voir Samwell rentrer sans un seul bleu lui semblait aussi étrange que tout le reste, l’enchaînement des évènements depuis le matin. Elle en eut le souffle coupé, l’idée que son frère dusse partir pour le Mur n’arrivait pas à s’imprimer dans son esprit. Ses lèvres bougeaient mais aucun son ne sortait, on pouvait comprendre, néanmoins :

__ Ca n’est pas possible, ça n’est pas possible, ça n’est pas possible, ça n’est pas possible… »[/b][/color]

Puis, elle fondit en larmes et serra son frère dans ses bras en pleurant. Non sa place n’était pas là-bas, mais ici, c’était peut-être pire encore. Qu’allait-il faire, elle l’ignorait, elle n’avait pas de réponse, ni même de questions à vrai dire, juste un grand vide, un gouffre de chagrin et d’horreur qui remplaçaient son cœur. Ainsi c’était cela, toute cette mascarade, humilier Samwell une dernière fois avant de le jeter dehors. Ainsi c’était cela, Lord Randyll Tarly, un homme qui pouvait tuer ses enfants s’ils n’étaient pas comme il voulait. Ainsi c’était cela, la vie de son frère et, probablement, très bientôt, la sienne…

Talla faisait non de la tête, toujours blottie dans les bras de son frère. Elle ne voulait pas y croire, mais leur père avait prouvé maintes et maintes fois que la pitié n’était pas un sentiment qu’il pouvait éprouver. Elle le savait au fond de son âme, de toutes ses tripes, sans vouloir le dire à haute voix, il mettrait ses menaces à exécution sans aucun regret si Sam n’obtempérait pas. Elle aurait aimé être d’un plus grand réconfort, être plus forte, mais elle ne pouvait pas, pas en cet instant où elle perdait son frère, non seulement parce qu’elle ne voulait pas le voir partir, mais aussi parce qu’il n’était pas fait pour aller au Mur. Il allait se faire tuer en moins de deux… mais elle ne pouvait pas lui dire ça. Elle ne pouvait pas lui dire ça, elle devait lui dire autre chose, même si c’était un mensonge. Alors elle s’écarta, le prenant par les épaules, sourit malgré les larmes qu’elle essuya du revers de la manche avant de reposer sa main sur l’épaule de son frère et de lui dire quelque chose avec des trémolos dans la voix. Le chagrin pouvait masque le mensonge… peut-être. Mais en cherchant ses mots, elle se rendit compte qu’elle n’aurait peut-être pas à mentir…

__ Père ne sait pas ce qu’il perd, mais moi oui, tu vas me manquer, tu me manqueras toujours et quoi qu’il en dise tu seras toujours mon frère. Tu vas y aller, tu vas devenir Frère Juré de la Garde de Nuit et tu trouveras au Mur ce que tu n’auras jamais ici : une famille, des compagnons. Ils t’aideront et tu les aideras, à ta manière, car tu n’es pas un incapable, tu es un homme cultivé et intelligent, et si certains ici n’aiment pas cela, là-bas, ils sauront apprécier tes connaissances. Ta place est à Corcolline, mais cela ne vaut pas le coup d’y rester, tu mérites mieux. Si je pouvais, je tiendrais tête à père, mais je crains qu’il ne te laisse même pas la chance de partir s’il savait que tu m’as tout dit, je ne m’y risquerais pas. Nous sommes seuls ici Sam, nous ne pouvons pas lutter contre le Seigneur Randyll Tarly, mais nous pouvons peut-être trouver ailleurs, dans ce qu’il nous force à accepter, une voie pour une meilleure vie, même si pour cela nous devons abandonner nos noms et notre héritage. »

La grande brune déposa un baiser sur le front de Samwell et lui sourit.

__ Je t’aime Samwell Tarly, je t’aime trop pour que tu meurs si loin de moi... »

Elle le reprit dans ses bras et malgré tous ses efforts, ne put s'empêcher de se remettre à pleurer.

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MessageSujet: Re: [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] [Marches de Dorne] Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur [Sam] Icon_minitime29.07.16 2:10

Les moments que je traverse avec ma sœur sont douloureux. Douloureux car je sais que dès le lendemain, nous ne nous reverrons sans doute plus jamais. Comment avaler cette probabilité étouffante? Impossible. De nombreux souvenirs traversent mon esprit. Je repense aux nombreux bons moments passés avec Talla, et malgré les larmes amères qui perlent le long de mes grasses joues, je parviens à retrouver un semblant de quiétude. Depuis ma tendre enfance, j'ai toujours cherché mon aînée, car elle a toujours été la seule en qui je pouvais avoir réellement confiance. Sans elle... Je n'ose imaginer ce qu'il serait advenu de moi. Moralement, je n'aurais jamais tenu le coup. Ses paroles sont encore une fois sources de gentillesse et de bienfaisance. Elle a toujours su me consoler. Comment Père peut-il renier cet ange qui transpire la bonté? Cet homme n'a toujours eu que du fumier dans les yeux.

- Tu le crois sincèrement? On raconte que les membres de la garde de nuit sont pour la plupart des bandits sans vergogne qui ont pris le noir pour échapper à la mort ou à la mutilation. Je ne désire d'aucune manière me retrouver parmi toute cette vermine, Talla... Ils verront bien que je ne leur serai d'aucune utilité. Et tout recommencera. Je suis sûr que personne ne voudra être l'ami d'un gros pourceau...

Je tremble à l'idée de cette nouvelle vie. Une multitude de questions abondent, mais je ne puis y trouver de réponses. Dans si peu de temps, je me retrouverai plus seul que jamais, confronté à un regrettable destin.

- Et puis, j'ai lu de nombreux ouvrages concernant les traditions du Mur. Il me faudra prononcer mes vœux. Toi qui penses qu'une famille toute fraîche m'attend las-bas, sais-tu qu'il me sera à tout jamais interdit d'engendrer quelque descendance ? J'espère pour Père que Dickon lui offrira de nombreux petits-fils, pour perpétrer le nom des Tarly. Oh, je n'en doute pas, il sera certainement fort habile en la matière, après tout, pourquoi s'inquiéter...?

La nervosité me rend bavard. Cela est aussi dû à la présence de Talla qui me détend. L'envie de tout déballer me gagne peu à peu.

- Voilà longtemps que j'ai perdu toute dignité. Je m'apprête bientôt à perdre mon identité... Je ne t'oublierai pas, sache-le. Mes pensées t'accompagneront sans cesse.

Un léger silence plane. Je pose mes yeux sur le visage de ma sœur, dans le but de m'imprégner de ses traits, alors affaissés de chagrin. Mon avenir semble désormais tracé. Qu'en est-il du sien?

- Resterons-nous en contact? Je ne peux me résoudre à t'effacer de mon existence comme si nous ne nous étions jamais connus. Je refuse !

Pour montrer ma colère, je tape du poing sur le matelas. La tête entre les mains, je suis perdu. Il faut que j'aille de l'avant, je ne peux laisser la faiblesse m'envahir et laisser Père me détruire de la sorte. Je dois lever la tête et serrer les dents. Transpercé d'une soudaine conviction, c'est à mon tour de rassurer Talla.

- Ne t'en fais pas, je serai un digne frère juré. Je ferai tout mon possible pour progresser et protéger le Royaume des menaces extérieures.

Un léger sourire vint contredire mon regard attristé. Mon cœur est en miette, mais je me surprends à penser qu'un nouveau départ est peut-être opportun à une vie meilleure. Ma sœur, la voix de la sagesse...



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Samwell ☸ Talla


Mmm dit comme ça, c’était nettement moins honorable effectivement et Sam n’avait pas tort, mais c’était là l’avis de leur père, bon et de la majorité des seigneurs du Sud. Néanmoins, la Garde de Nuit n’avait pas toujours été ainsi et il y avait encore, probablement, quelques volontaires qui avaient choisi de porter le noir pour protéger le Royaume.

__ Pour la plupart oui, mais pas tous, le Lord Commandant n’est pas un criminel et le Mestre non plus, ils sauront voir eux. Il te sera probablement difficile de te faire des amis, mais ceux que tu te feras n’en seront que plus sincères. Il te sera certainement difficile de te faire au climat et aux entrainements, mais tu as bien réussi à grandir à Corcolline jusqu’ici. Il y fait moins froid, je te l’accorde, mais ne vas pas me dire que les entrainements de père ou du Maître d’arme sont de tout repos, ni que les hommes contre qui tu t’es entrainé jusqu’ici t’ont fait le moindre cadeau. Tu es tombé, maintes et maintes fois, tu as eu bien des bleus et des plaies, je le sais pour les avoir parfois soignées, mais tu t’es toujours relevé, tu as toujours fait face. »

Ca n’était pas totalement vrai, ou en tout cas pas si héroïque dans la réalité que dans les mots de Talla, mais il avait tout de même survécu à tout cela, et elle voulait lui donner la force de continuer à survivre, même au Mur. Son frère, son très cher frère qu’elle ne reverrait plus jamais. Une pensée lui traversa l’esprit : il allait mourir au Mur. Oui, comme tout le monde me direz-vous, mais il risquait d’y passer assez vite, elle le savait. Elle le savait mais elle n’avait pas la force de se le dire clairement, elle préférait rêver que Sam s’en sortirait, elle ne pouvait pas se l’avouer, se le figurer. Non, elle ne pouvait pas garder cette sordide idée en tête si non elle allait s’écrouler et cela ne l’aiderait pas. Elle a chassa après avoir senti sa gorge se nouer et les larmes monter à nouveau, elle serra son frère dans ses bras une fois de plus pour se souvenir et ferma fort les yeux pour ne plus voir ce qui allait lui arriver.

Les larmes aux yeux, Talla s’écarta à nouveau, posant une main sur la joue rebondie de son frère, elle sourit et murmura :

__ Je sais. » Je suis tellement désolée mon Sam « Mes pensées t’accompagnerons aussi, partout où tu iras. »

Comment pouvait-elle le contredire, elle n’en avait pas la force cette fois. Pas que cette identité que leur avait donnée leur naissance, Tarly, ne leur ait jamais fait tellement de bien, mais au moins ils n’avaient jamais eu à souffrir de la faim ou du froid. La mort paressait si loin, et désormais si proche pour Sam.

__ Je… je ne sais pas. »

Une lueur d’espoir, s’écrire, souvent, malgré la distance, se parler. Mais était-ce raisonnable ? Que dirait père s’il voyait arriver ici des missives venant du Mur sans aucun doute possible sur leur auteur ? Qu’importe ce qu’il dirait, Sam serait trop loin pour qu’il puisse lui faire quoi que ce soit, et si elle se prenait une branlé, cela valait bien des nouvelles de son frère.

__ Oui, nous restons en contacte mon frère. Qu’importe père, qu’importe sa sentence, je refuse d’obéir cette fois, je refuse de te voir partir sans espoir et de te laisser disparaitre ainsi de mon existence. Tu es et restera mon frère, quoi que puisse en dire père. »

Talla se prit à sourire aux derniers mots de Sam, peut-être était-elle parvenue à lui faire reprendre un peu de poil de la bête pour ce qui s‘annonçait comme une terrible épreuve. C’était une bonne chose, un tout petit peu de courage lui serait fort utile.

__ J’en suis sûre. »

Elle se leva et se mit à fouiller dans ses affaires, elle devait bien avoir des tissus noirs chauds dont elle pourrait faire une cape ou un bon surcot pour Sam… Talla aimait coudre c’était là son unique talent manuel, autant qu’il serve à son cher frère. Après avoir vidé une malle sur le sol, elle entama la seconde, elle y trouva un velours noir et un peu de fourrure et même une robe en laine qu’elle posa sur le lit avec un grand sourire.

Pour Sam il fallait beaucoup de tissu, mais cela elle le savait mieux que quiconque, ça n’était pas la première fois qu’elle lui confectionnait un vêtement. Si elle s’y mettait dès à présent et travaillait toute la nuit, elle aurait terminé au matin. Cela lui changerait les idées…

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