Né à Villevieille au sein d’une famille aimante, fils aîné de deux aubergistes, Law n’avait pas à se plaindre de sa petite existence. Il menait une vie tranquille, ponctuée de fréquentes disputes avec sa sœur Erena de deux ans sa cadette. Il était rare qu’une journée passe sans que ces deux-là ne s’emportent et ne s’énervent après l’autre, mais cela faisait partie de leur quotidien, et leurs parents en avaient l’habitude désormais, si bien qu’ils n’essayaient même plus qu’ils s’entendent bien. Ils intervenaient seulement à chaque fois pour éviter que leurs deux enfants ne ravagent l’auberge en se courant après.
C’était là tout le problème de Law : à la différence de sa sœur qui était beaucoup plus responsable que lui, il préférait aller passer tout son temps au port, grimpant agilement sur les toits pour observer la multitude de navires amarrés et la foule de passants aux origines aussi diverses que variées. Il était d’une nature rêveuse, et rester enfermé dans cette auberge lui déplaisait fortement. Il aurait préféré prendre la mer, et aller arpenter le monde plutôt de demeurer à Villevieille.
A l’auberge, même s’il était censé aider ses parents – ceux-ci lui avaient appris à lire, à écrire, et à compter dans ce but, même si cette éducation était assez sommaire – il passait tout son temps avec les clients, spécialement ceux qu’ils devinaient être des marins. Il allait écouter leurs histoires, buvant leurs paroles comme eux buvaient leur rhum. Sa sœur le rappelait souvent à l’ordre, lui disant que des clients attendaient d’être servis et qu’il ne devait pas rester là à ne rien faire, mais il s’en moquait. Les mots d’Erena ne l’atteignaient pas, même si parfois il n’avait d’autre choix que d’obtempérer.
Il chercha à mettre un peu d’excitation dans son quotidien, et transgresser la loi lui paraissait la meilleure solution pour cela. Cette idée lui était venue après avoir aperçu un habile voleur qui faisait les poches des passants sans se faire remarquer, et en plus, cela lui permettrait d’amasser un peu d’argent pour ses projets. Il souhaitait plus que tout prendre la mer, qu’importe ce qu’en pensait sa famille, mais il voulait avant ça se préparer un minimum, et cela passait par la collecte de fonds. Quoi qu’il en soit, il faisait d’une pierre deux coups.
Petit à petit, il gagna de l’expérience dans ce domaine, et délester les passants de leur bourse devenait de plus en plus aisé pour lui. Transgresser la loi était d’ailleurs grisant, c’était une sensation qu’il appréciait beaucoup : ce sentiment de danger, de prudence dont il devait faire preuve, être aux aguets pour prendre la poudre d’escampette le plus rapidement possible s’il se faisait repérer. Il eut bien quelques ratés, ce moment gênant où le voleur est pris la main dans le sac, mais sa connaissance de la ville lui permettait de toujours s’en sortir. A chaque fois, il allait vers le port et se fondait dans la masse, disparaissant ainsi pour ensuite se faufiler jusqu’à des petites ruelles et ainsi regagner l’auberge tranquillement.
Cependant sa sœur ne tarda pas à comprendre ce qu’il faisait, engendrant de nouvelles disputes entre eux deux. Elle s’évertuait à le faire arrêter, trouvant toujours de nouveaux arguments pour essayer de le convaincre, sans que cela ne fonctionne réellement. Mais étrangement, elle ne dit rien à leurs parents, ce qui étonna Law.

Sa vie prit un nouveau tournant alors qu’il se faisait attraper la main dans le sac par la personne dont il essayait de subtiliser la bourse. Il avait une quinzaine d’années à ce moment-là. Cet homme qui l’avait surpris en train de lui faire les poches lui tenait fermement le poignet pour l’empêcher de fuir mais il demeurait silencieux, l’observant impassiblement. Avant qu’il n’éclate de rire et qu’il ne déclare qu’il l’aimait bien. Law ne comprit pas très bien ce qu’il se passait, mais il se trouva à le suivre jusqu’à une taverne. C’était de toute manière le plus sage à faire, car si cet homme n’avait pas encore crié « Au vol ! », il pouvait toujours le faire. Et puis, instinctivement, il souhaitait le suivre, l’écouter, discuter avec lui.
Axell était son nom, et c’était un Braavien qui avait pris la mer depuis plusieurs années pour mener quelques affaires et Law comprit bien que ces affaires n’étaient pas très légales – et pour cause, il œuvrait dans la contrebande. Il était en ville pour quelques temps et la manière dont l’adolescent avait tenté de lui faire les poches l’avait bien amusé, ce pourquoi il lui avait demandé de venir avec lui dans cette taverne. Ils se trouvèrent à discuter toute la nuit car mine de rien, cet Axell était un marin qui avait tout un tas d’histoires passionnantes à raconter et qu’il voulait entendre.
Ils se revirent les jours suivants, et Axell continuait de lui parler des cités qu’il avait visitées, des rencontres insolites qu’il avait pu faire tandis que Law l’écoutait avec toute l’attention dont il était capable. Cependant le moment du départ finit par arriver, bien trop vite au goût de l’adolescent mais le contrebandier arborait un étrange sourire, ce sourire de la personne qui a une idée particulière derrière la tête.
Il lui proposa de rejoindre son équipage et de partir avec eux sur les mers : le sang de Law ne fit qu’un tour et il accepta aussitôt. C’était l’occasion rêvée pour lui d’accomplir enfin ses rêves et voyager avec Axell ne le dérangerait pas.
Il gagna le navire à la nuit tombée, après être repassé à l’auberge récupérer un sac où il avait fourré ses affaires les plus essentielles, et il avait aussi laissé une lettre à l’intention de ses parents pour leur expliquer les raisons de son départ. Il ne tenait pas à leur dire adieu de vive voix et de toute façon, il était sûr qu’ils auraient tenté de l’empêcher de partir. Cependant, il crut bien que tout allait s’effondrer lorsqu’il croisa sa sœur en sortant, même celle-ci l’observa simplement avec un sourire doux, lui souhaitant bonne chance pour le futur. Cela l’étonne, mais il la reconnut bien vite lorsqu’elle le menaça de le tuer elle-même s’il venait à mourir en mer.

Son rêve se réalisait donc enfin, il était désormais membre de l’équipage de La Rose d’Airain, le navire d’Axell avec ce nom un peu particulier, parce que le contrebandier était un dragueur invétéré. Officiellement, il s’agissait d’un bateau marchand qui, de manière absolument illégale, œuvrait dans la contrebande. L’équipage voguait de port en port, accomplissant donc leurs livraisons dans le secret. Au cours des années qui suivirent, Law se rendit dans plus de villes qu’il n’aurait pu l’imaginer, allant de Fort-Levant jusqu'à la lointaine cité de Qarth, en passant par Lancehélion et Volantis, ou encore la Baie des Serfs. Partout où il y avait un port le navire s’amarrait.
Pendant ces mêmes années, Axell fit de lui un membre compétent de l’équipage, lui apprenant à se battre, que ce soit au corps-à-corps ou avec une lame entre les mains. Cet apprentissage était essentiel, surtout lorsqu’ils décidaient d’aller aborder un navire aux cales remplies d’or et de marchandises précieuses. C’est d’ailleurs au cours de l’une de ces parties de piraterie que Law récupéra ses poignards en bon acier, des armes qu’il n’aurait autrement pas pu se procurer.
Le contrebandier lui enseigna aussi la navigation et il y prit très vite de l’intérêt jusqu’à s’en passionner. Rapidement, l’élève dépassa le maître car il cherchait sans cesse de nouvelles connaissances à ce sujet dans des livres à chaque fois qu’ils amarraient dans une ville.
Avec le temps, et la mort du précédent second au cours d’un abordage, il devint le second de La Rose d’Airain, ce qui l’étonna de prime abord, car il n’était pas le plus ancien membre de l’équipage, et de loin, mais personne ne s’opposa à la décision du capitaine car tous savaient que Law était un homme de confiance, doué et qui dégageait une aura qui amène au respect. De plus, il était indéniablement meilleur navigateur que leur capitaine, et ça ce n’était pas négligeable.

Actuellement, sa vie connut un autre tournant majeur, et il se serait bien passé de celui-là. Alors qu’ils étaient de passage à Blancport, ils rencontrèrent quelques problèmes avec la garde et leur couverture fut compromise. En tant que contrebandiers, ils durent quitter la ville à toute hâte pour éviter de perdre leur liberté mais, même encore aujourd’hui il ne sait trop comment cela s’est passé, il ne réussit pas à rejoindre le bateau et il fut arrêté. Il ignore quelle erreur il a pu commettre pour se faire attraper, ou alors celle-ci est trop évidente qu’il ne l’aperçoit pas.
Quoiqu’il en soit, en tant que criminel, le choix se présenta à lui : le Mur, ou perdre ses mains. Il ne mit pas longtemps à se décider, même si, à ses yeux, les deux se valaient. Néanmoins, avec ses deux mains, il pourrait toujours tenter de fuir et de rallier son équipage.
Law se retrouva donc au Mur, et même s'il n'éprouvait pas vraiment de sympathie pour les hommes de la Garde de Nuit, il exprima sans détour la gratitude qu'il éprouvait pour le recruteur lorsque celui-ci lui rendit l'intégralité de ses affaires une fois arrivés à Châteaunoir. Ce dernier avait eu l'instant de les récupérer auprès de ses geôliers, et de cela il ne le remercierait jamais assez, même s'il ne le montrait pas. Mine de rien, il tenait beaucoup à ses poignards qui, en quelque sorte, lui rappelaient ses voyages sur les mers, et il en valait de même pour ses cartes et son matériel de navigation. Etudier, ou dessiner ses propres cartes lorsqu'il aurait du temps lui permettrait de penser à autre chose que sa situation plutôt catastrophique à ses yeux. Et cela lui permettrait aussi de réfléchir à un plan pour se sortir de cette galère, car il projette bien de quitter le Mur avant de prononcer ses vœux.

Depuis son plus jeune âge, et c’est sans doute pour cela que transgresser la loi lui est si grisant, Law n’a jamais trop apprécié l’autorité, préférant se sentir libre comme l’air, et il n’aime guère recevoir des ordres. Il le fait d’ailleurs remarquer, même si pour autant il est assez rare de le voir s’y opposer franchement. Il finira par obtempérer à contre cœur, surtout lorsqu’il n’a pas vraiment le choix, ou alors il refusera calmement d’obéir, continuant sa précédent activité sans la moindre gêne. La liberté est pour lui très importante, elle est sa ligne de conduite, la sacro-sainte valeur qu’il s’efforce de suivre coûte que coûte. Il déteste se sentir enchaîné ou enfermé, il préfère de loin se sentir capable de faire ce dont il a envie. C’est pour cela qu’il a pris la mer, car voguer sur les flots, c’est la possibilité d’aller là où il le souhaite, de suivre la loi en étant un honnête commerçant, ou de la transgresser en œuvrant dans la contrebande ou dans la piraterie.

Il est d’un naturel très calme, toujours à garder son sang-froid, qu’importe la situation : le voir s’énerver, ou simplement hausser la voix contre quelqu’un est rarissime chez lui car il fait davantage dans la subtilité. Law, c’est un manipulateur, quelqu’un de réfléchi qui n’agit jamais sans avoir une idée précise derrière la tête. Ce sourire mesquin qu’il arbore la plupart du temps empêche de savoir ce qu’il pense réellement, donne l’impression qu’il est toujours en train de préparer un mauvais coup, et est assez détestable à force. De plus, il faut ajouter à cela son côté provocateur, car il trouve cela amusant de voir les autres s’énerver pour pas grand-chose. Oui, parfois il agit dans l’unique but de faire sortir une personne de ses gonds.

Pourtant, son équipage le reconnaît comme un homme de confiance, car, en effet, une fois cette apparence calculatrice et provocatrice dépassée, il se révèle être une personne sur laquelle on peut compter, même s’il est assez renfermé. Il garde ses pensées et ressentis pour lui-même, n’étant pas dans ses habitudes de s’ouvrir aux autres et de parler de ses problèmes personnels. Et, de fait, il ne tient pas à connaître ceux d’autrui et il se révèle être de mauvais réconfort, même si, involontairement, il peut être de bons conseils à travers ses boutades. Il ne faut pas non plus prendre ses provocations au pied de la lettre, celles-ci ne sont jamais réellement agressives : ce n’est pas parce qu’il se plaît à provoquer quelqu’un qu’il le déteste automatiquement, preuve en est qu’il lance très souvent des piques à ses proches.

Law n’est pas non plus une personne qui se prend la tête : il apprécie les choses à leur juste valeur, en particulier les choses les plus simples comme un lever de soleil, le vent qui glisse sur sa peau, l'odeur de la mer. En rejoignant le Mur, il s’est rendu compte à quel point il avait raison : ce sont les choses les plus simples, celles dont la présence semble acquise et auxquelles on ne fait plus attention, qui manquent le plus rapidement lorsqu'elles sont absentes.

Dans la même lignée, il est assez direct et il n’aime pas vraiment parler pour ne rien dire : il préfère aller à l’essentiel plutôt que de tourner autour du pot pendant un temps incalculable. De plus, à part de l’équipage de La Rose d’Airain et de lui-même, il ne préoccupe de rien d’autre, pas même des conflits globaux qui sévissent à travers les Sept Couronnes. Le trône de fer ? Il se moque bien de savoir qui a son cul assis dessus. Tant qu’il peut continuer de voguer sur les flots, cela lui importe peu de savoir quels nobliaux sont en train de s’entretuer pour un peu plus de pouvoir. Il préfère, et sans hésitation, sa petite vie tranquille de navigateur même si celle-ci est actuellement mise à mal.

Law se montre rapidement passionné par les choses qui l’intéressent, à en perdre la notion du temps : il pourrait passer des heures à contempler la mer, sans rien faire d’autre, ou le nez plongé dans ses cartes. C’est comme s’il se trouvait déconnecté de la réalité et il est assez difficile de le rappeler sur la terme ferme du réel. Peut-être est-ce un refuge pour lui, nul ne saurait dire, mais si une chose est sûre, c'est qu'il tolère difficilement de pas pouvoir assouvir ses passions.

De taille moyenne avec ses 1m73, quoiqu’un peu petit comme aimait le railler son capitaine, Law est le genre d’homme à savoir passer inaperçu quand il le faut, se fondant dans la foule sans trop de difficulté. Une aptitude qui lui est bien utile lorsque ses mauvaises habitudes reprennent le dessus et qu’il laisse traîner ses mains dans les poches des passants pour leur subtiliser leur bourse. Sa carrure athlétique, due aux nombreuses années qu’il a passées sur un navire, s’associe parfaitement avec sa taille, et ne laisse pas entr’apercevoir une once de graisse, mais le tout est dissimulé par son habituelle tenue de cuir teintée de rouge, et désormais, depuis qu’il a gagné le Nord, par d’épaisses fourrures pour se protéger du froid. Sa démarche reste néanmoins aérienne, ayant l’habitude de grimper les cordages du navire.
Son visage attire néanmoins davantage l’attention : son teint légèrement hâlé témoigne de ses voyages en mer à travers le monde, ses yeux gris captivent qui les regarde et ils s’attardent sur le moindre petit élément de son environnement, son éternel sourire mesquin qu’il arbore sans retenue. Ses cheveux châtain clair, abimés par le sel marin, sont rasés sur les côtés, couvrant donc le haut de son crâne avec désordre, et ils forment une longue tresse maintenue par quelques attaches de cuir, partant du haut de l’arrière de sa tête, et descendant jusqu’au milieu de son dos. On lui a un jour fait la remarque que cette coiffure était similaire à celle des dothrakis, à la différence près qu’il ne se coupera pas les cheveux s’il vient à perdre un combat et qu’il ne porte pas non plus de clochettes.
Ses traits qui assument sans difficulté son âge sont aussi marqués par sa barbe brune qui lui parcoure le bas des joues et le dessous de son menton, ainsi que sa moustache qu’il entretient de manière à ce qu’elle ne soit pas trop touffue.
Sa nature sournoise le pousse aussi à dissimuler ses armes, cachant donc ses deux poignards dans son dos, couverts par sa veste. A part lorsqu’il porte aussi sa hachette, il semble ainsi désarmé, une technique qu’il aime bien employer pour faire baisser la garde de l’ennemi.